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Géographie électorale du Ghana

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Personne à contacter Géographie électorale du Ghana

Message par Syfou Lun 25 Oct - 3:33

Elections 2008 au Ghana : esquisse de géographie électorale, entre permanences et recompositions

Les élections de 2008 au Ghana reflètent la bonne santé démocratique d’un pays qui a fait le choix d’une alternance politique modèle. Deux tendances modèlent la géographie électorale qui en est issue : un maintien des bastions ethno-régionaux des deux partis dominants, et un basculement de quatre régions du Sud dans l’opposition qui témoigne de recompositions complexes à l’échelle infrarégionale sur une base essentiellement socio-économique.

Le Ghana jouit aujourd’hui sur la scène africaine d’une image très positive qui conduit les observateurs internationaux à l’ériger en modèle. Les récentes élections qui se sont déroulées de manière démocratique ont souligné la « bonne gouvernance » d’un Etat qui semble cumuler les motifs de satisfaction. En premier lieu, le retour à une croissance économique supérieure à 6% après une phase difficile au début des années 2000 marquée par la mise en place de l’Initiative en faveur des Pays Pauvres Très Endettées sous l’égide de la Banque Mondiale et du FMI. Cet état de grâce s’accompagne d’un rayonnement accru en Afrique qui a culminé avec l’organisation de la très symbolique Coupe Africaine des Nations (football) début 2008. Les cours de l’or et du cacao, les deux principales richesses du pays1 sont en hausse, mais le problème d’une transformation sur place de ces matières premières reste entier. Le vaste mouvement de privatisation des entreprises ghanéennes a notamment concerné l’Ashanti Goldfields, principale société minière du pays. Le Ghana devra également faire face dans un futur proche au développement de l’industrie pétrolière, riche de promesses mais qui fait planer une menace de déstabilisation sur le pays. Enfin d’autres aspects viennent ternir une image par trop idéalisée : le Ghana tend à devenir une étape du trafic de drogue organisé depuis le Nigeria, le chômage et la précarité (logement, accès à l’eau…) qui touchent une large part de la population (le Ghana compte 22 millions d’habitants), en particulier dans les villes, restent une préoccupation majeure. Enfin, la crise énergétique due à la baisse irrémédiable du niveau du Lac Volta provoque de fréquentes coupures de courant, alors que l’immense barrage d’Akosombo, construction prestigieuse des débuts de l’indépendance, assurait la production d’électricité pour l’ensemble du Ghana et en partie pour les pays voisins.

Le 3 janvier 2009, la commission électorale ghanéenne déclarait John Atta-Mills, leader du principal parti d’opposition (le National Democratic Congress), vainqueur de l’élection présidentielle qui l’opposait à Nana Akufo-Addo, candidat du parti au pouvoir depuis 2000 (le National People’s Party). A peine plus de 20 000 voix sur 9 millions de suffrages exprimés séparaient Atta-Mills, crédité de 50,23 % des suffrages, d’Akufo-Addo qui avait récolté 49,77 % des voix. Dès le premier tour au début du mois de décembre, à l’occasion duquel les Ghanéens élisaient également leurs députés, le pays pouvait s’enorgueillir de renouveler par des élections modèles une image de démocratie africaine exemplaire cultivée depuis l’avènement du multipartisme en 1992. Cette élection très disputée, avec un taux de participation élevé (70 %) débouchant sur l’alternance à la Présidence et au Parlement renforce le prestige ghanéen à l’heure où la Guinée fournit à nouveau l’image de la confusion et de l’arbitraire associée aux successions politiques africaines.

Il s’agit ici de proposer quelques clés pour une interprétation de ces élections en termes géographiques. Le succès de la démocratisation ghanéenne va de pair avec celui d’une construction nationale qui permet le dépassement des clivages ethniques et/​ou régionaux même si ceux-ci restent prégnants. Nous reviendrons sur le contexte de cette alternance politique avant de souligner le maintien des bastions électoraux des deux principaux partis tout en y apportant des nuances, pour finalement tenter d’interpréter le basculement de quatre régions du Sud en faveur du parti d’opposition (voir les cartes jointes présentant les résultats du deuxième tour de l’élection présidentielle ainsi que ceux des élections législatives).

Une alternance exemplaire (ou presque)

Les élections opposaient d’une part le parti au pouvoir depuis huit ans, le National People’s Party (NPP) du président sortant John Kufuor, et d’autre part le National Democratic Congress (NDC) fondé par le charismatique Jerry Rawlings, auteur de deux coups d’Etat en 1979 puis en 1981 et qui resta au pouvoir jusqu’en 2000. D’un côté le président de la maturité politique du Ghana, « géant débonnaire »2 libéral qui avait réussi à hisser le pays à un niveau de croissance de 6 % par an et à faire du Ghana le pays le moins corrompu d’Afrique de l’Ouest, élu en 2007 Président de l’Union Africaine. De l’autre le révolutionnaire populiste, chantre autoritaire de la moralisation de la politique ghanéenne qui avait accompagné le pays sur la voie de la démocratisation en 1992 et qui préside toujours aux destinées du NDC par l’intermédiaire d’un John Atta-Mills faisant parfois figure de marionnette. La place des autres partis d’opposition est restée négligeable lors de ces élections dans le cadre d’un système politique fondamentalement bipartite3 : les six candidats issus de petits partis n’ont au total rassemblé que 3% des suffrages lors du premier tour des présidentielles et n’ont obtenu que 7 sièges (sur 230) aux législatives. L’alternance en faveur du NDC après huit ans d’exercice du pouvoir par le NPP apparaît comme le signe d’une indiscutable bonne santé démocratique.

La structuration bipartite de la vie politique ghanéenne rejoint en partie les grands clivages régionaux et ethniques qui composent la toile de fond des rendez-vous électoraux. Le Ghana se caractérise en effet par une opposition relativement nette entre un Ghana méridional « utile » où se concentrent hommes (notamment autour des deux métropoles que sont Accra et Kumasi qui regroupent respectivement 1,6 et 1,1 millions d’habitants) et ressources (mines d’or, plantations de cacao), marqué par la prédominance du groupe ethnique Akan (qui représente 44% de la population nationale) et par le poids des religions chrétiennes, et les régions du Nord et de l’Est réputées délaissées, marquées par un plus grand morcellement ethnique et pour le Nord par la présence de l’Islam. Si l’opposition entre les deux grands partis reste politique, entre un NPP aux options économiques libérales favorisant plutôt les classes moyennes et supérieures urbaines et un NDC axé sur la critique du capitalisme et la défense des oubliés de la croissance, dénonçant la corruption supposée des dirigeants du parti adverse, l’arrière-plan ethnique et régionaliste n’est pas absent. En effet, le NPP, identifié comme un parti ashanti, recueille traditionnellement un maximum de suffrages dans les régions du Sud et en particulier dans l’Ashanti Region. A l’inverse le NDC l’emporte largement dans les trois régions du Nord ainsi que dans la Volta Region, région à dominante ewe dont est originaire Jerry Rawlings.

Les programmes électoraux des deux candidats, quoique assez similaires dans l’identification des problèmes et des principaux enjeux et dans le caractère excessivement ambitieux des actions programmées, se distinguent par des nuances significatives. Le parti de John Kufuor s’appuie sur les succès de huit ans passés au pouvoir parmi lesquels on peut souligner le respect de la démocratie, la redynamisation de l’économie sur des bases libérales, de notables réalisations en termes d’infrastructures (notamment réfection d’importants tronçons routiers : Accra-Kumasi, Tema-Aflao…) et la mise en place du National Health Insurance Scheme qui permet d’assurer des soins médicaux pour un coût modique aux 11 millions de Ghanéens qui sont enregistrés. Le NPP se propose de continuer sur sa lancée pour faire du Ghana à moyen terme « le premier Lion africain capable de rivaliser avec les Tigres asiatiques » et projette de dépasser le million de tonnes de cacao par an. La réponse au problème de l’emploi est d’essence libérale : c’est la croissance continue de l’économie et du secteur privé qui y pourvoira. Le NPP se montre également plus préoccupé par les politiques d’intégration régionale et continentale ainsi que par la diaspora ghanéenne à l’étranger. Le parti d’opposition en revanche fonde son programme sur la dénonciation du libéralisme et sur la critique d’une croissance qui ne profite pas à la masse des plus vulnérables. Le NDC rappelle également les graves problèmes de distribution d’eau et d’électricité ainsi que de gestion des déchets qui touchent au quotidien les populations urbaines. La solution aux difficultés sociales doit reposer sur des entreprises publiques et sur une planification de l’économie. Le NDC projette la mise en place de grands chantiers publics permettant de créer des emplois et de lutter contre le déficit de logements dans les villes. Il prend le parti des marginalisés et de la jeunesse et met un fort accent sur les priorités que constituent la santé, l’éducation et plus largement l’amélioration des services publics. John Atta-Mills insiste plus que son concurrent sur l’exigence de transparence dans le domaine des industries extractives. Enfin les deux candidats partagent aussi des positions plus rhétoriques sur la décentralisation, la réduction des disparités entre Nord et Sud du pays ou encore la lutte contre le trafic de drogue.

Carte 1 – Résultat du deuxième tour de l’élection présidentielle au Ghana (2008)

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Personne à contacter Re: Géographie électorale du Ghana

Message par Syfou Lun 25 Oct - 3:45

C’est précisément dans les deux régions-bastions (Ashanti Region pour le NPP et Volta Region pour le NDC) que se sont concentrés le plus d’incidents au cours des élections de décembre. En effet, si l’on y regarde de plus près le processus électoral n’a pas été entièrement dénué de brutalité contrairement à ce qui est ressorti des comptes-rendus enthousiastes de la presse internationale. Plusieurs types de fraudes ont été constatés dans ces régions telles que la saisie inopinée d’urnes, le double vote de certains inscrits, voire des violences physiques. Le NPP a porté plainte auprès de la Commission Electorale, dénonçant des cas de violences et d’intimidations contre ses observateurs électoraux dans la Volta Region, mais cela n’a pas abouti à faire invalider le scrutin. Il convient donc à présent de revenir sur le statut de ces fiefs électoraux dans la vie politique ghanéenne.

Le maintien des bastions électoraux du Parapluie et de l’Eléphant

Les régions-bastions du NPP (symbolisé par l’éléphant) et du NDC (symbolisé par le parapluie) ont à nouveau démontré leur fidélité aux deux grands partis ghanéens. Nana Akufo-Addo l’emporte dans 36 circonscriptions de l’Ashanti Region sur 39 et recueille plus de 80% des suffrages dans 15 d’entre elles, et le NPP obtient 34 sièges au Parlement4. Le parti de l’éléphant l’emporte également dans l’Eastern Region mais les autres régions du Sud se dérobent, nous y reviendrons plus loin. Quant à la Volta Region, elle confirme son statut de « Banque Mondiale du NDC » conformément à son surnom, car c’est là que le parti trouve ses soutiens les plus solides. John Atta-Mills est victorieux dans toutes les circonscriptions sans exception et recueille 86% des suffrages, son parti remportant 21 sièges de députés sur 22. Les régions du Nord (Northern, Upper East et Upper West Regions) donnent également une large avance au parti du parapluie aux législatives comme aux présidentielles (plus de 60 % de suffrages favorables).

Il faut pourtant apporter quelques nuances à ce tableau très contrasté. A plus grande échelle, des gradients se dessinent et permettent de préciser les facteurs géographiques, sociaux, identitaires qui guident le vote en faveur de tel ou tel parti. Ce jeu d’échelles est particulièrement sensible dans la Volta Region, située à l’Est du Ghana entre le lac Volta et la frontière togolaise. A l’échelle régionale, une série de caractères spécifiques contribuent à l’individualiser au sein de l’ensemble national, en particulier le poids de l’ethnie Ewe qui représente près de 70 % de la population régionale, et un caractère périphérique historiquement marqué par un rattachement tardif au territoire national.

Ce profil contribue à expliquer un vote majoritaire en faveur de l’opposition qui doit être interprété en termes plus régionalistes qu’ethniques dans la mesure où ce parti recueille lors des consultations électorales plus de 80% des suffrages, soit une proportion supérieure à celle des Ewes dans la population6. Pourtant le plébiscite en faveur du NDC n’est pas aussi unanime lorsqu’on observe les résultats des élections à une échelle plus fine : alors que les districts du Sud de la région ont tous voté à plus de 80% en faveur du parapluie lors des présidentielles, les districts du Nord8 ont témoigné de moins d’enthousiasme avec des votes plutôt situés autour de 60-70% de suffrages favorables.

Cette nuance dans la géographie du vote recoupe une opposition entre les districts du Nord marqués par un niveau de développement plus faible, une plus grande mixité ethnique et une part plus importante des musulmans et la partie sud de la région qui appartient à la catégorie des « périphéries nationales » définies par Igue caractérisées par un important dynamisme économique fondé sur des liens de solidarité entre populations vivant de part et d’autre d’une frontière internationale.

Carte 2 – Les élections législatives au Ghana (2008)

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Le Sud semble ainsi jouer le rôle d’un « noyau identitaire » pour la Volta Region, structuré autour de l’ethnie Ewe et guidant le développement économique comme les options politiques régionales.

Le basculement de quatre régions « sudistes » : éléments d’interprétation

Les régions-bastions ayant montré leur soutien infaillible aux deux grands partis, l’élection s’est jouée sur le choix de régions qui sont apparues comme stratégiques : la région d’Accra (la capitale), la Central Region, Western Region et la Brong-Ahafo Region qui avaient penché en faveur de l’éléphant lors des élections précédentes ont cette fois-ci accordé une majorité à l’opposition. 54 % des électeurs ont voté en faveur de John Atta-Mills dans la Greater Accra Region qui a également donné 18 sièges de députés au NDC contre 11 en 2004 et seulement 5 en 2000. Quant à la Central Region, elle a accordé 52 % des suffrages au candidat de l’opposition et permis au NDC de récolter 11 sièges au Parlement contre seulement 2 en 2004. La Western Region, après avoir donné une légère avance au candidat du NPP au premier tour de la présidentielle, a finalement opté pour John Atta-Mills a 52 %, et élu 11 députés NDC. Enfin la Brong-Ahafo Region est restée fidèle au NPP lors des législatives en lui accordant 16 députés contre seulement 8 pour le NDC, mais elle a tout de même accordé une courte majorité au NDC au deuxième tour de la présidentielle. Dans cette région, une circonscription a focalisé l’attention du public : celle de Tain, où le vote a dû être reporté de quelques jours sur demande du député sortant de la circonscription qui suspectait le vol de 1 820 bulletins favorables au parti au pouvoir. « Tain the kingmaker » (« Tain la faiseuse de roi ») a fait les gros titres de la presse : en effet, cette circonscription compte 53 000 inscrits et apparaissait comme susceptible de déterminer l’issue du vote à l’échelle nationale dans la mesure où seulement 23 000 voix séparaient les deux candidats. En fait la victoire du NDC y était prévisible, et le NPP a d’ailleurs boycotté l’élection en signe de protestation. Au-delà de l’anecdote, il faut tout d’abord souligner que le partage relativement plus équitable des voix entre les deux partis dans ces quatre régions est le signe d’un apprentissage démocratique où la ligne directrice des différentes formations politiques ne se résume pas à la défense d’intérêts ethno-régionaux.

Mais l’interprétation d’un tel basculement est cependant complexe : nous nous limiterons à évoquer quelques pistes qui mériteraient d’être approfondies par un travail de terrain systématique. La complexité de l’analyse résulte en partie du rôle ambigu joué par les villes dans cette élection. Les villes avaient en effet jusqu’à présent accordé leur suffrage au libéral NPP qui était d’ailleurs plutôt identifié comme un parti citadin. Ce vote urbain en faveur du parti de l’éléphant se retrouve lors des élections de 2008 dans la Western Region où les circonscriptions de l’agglomération bicéphale de Sekondi-Takoradi (3e ensemble urbain du pays avec 300 000 habitants) ont majoritairement voté en faveur de Nana Akufo-Addo. Pourtant les régions métropolitaines ont plus souvent joué des surprises au NPP. Les zongos, ces quartiers urbains des villes du Sud habités par des migrants à majorité musulmane venus du Nord étaient d’ores et déjà traditionnellement acquis au parti du parapluie. On a pu l’observer à Kumasi, deuxième ville du pays et capitale de l’Ashanti Region, où l’une des rares circonscriptions à avoir voté en faveur de l’opposition est celle d’Asawase, quartier du centre à la population composée essentiellement d’ « étrangers ». Mais si un tel vote reste anecdotique dans la capitale du royaume ashanti, cela a pris les dimensions d’un ressentiment plus généralisé à l’égard du NPP dans le Grand Accra. P. Nugent écrivait à propos des élections de 2004 : « si le NPP ne regagne pas la confiance des populations urbaines, il risque d’essuyer un sérieux revers en 2008 »10. Or c’est bien ce qui s’est produit, le NDC ayant emporté des victoires dans plusieurs quartiers populaires de la capitale tels qu’Abokobi ou Ayawaso East. Les facteurs ayant motivé le vote ne sont donc ici ni régionalistes ni ethniques mais plutôt sociaux : le vote en faveur du NDC était bien celui des oubliés de la croissance.

Conclusion

Ce rapide panorama de la géographie électorale ghanéenne à l’issue des élections de décembre 2008 permet de mettre en évidence la complexité des déterminants du vote qui associent des facteurs politiques, régionaux, ethniques et socio-économiques tout en soulignant l’intérêt d’une analyse géographique attentive aux articulations d’échelles, des blocs suprarégionaux (Nord versus Sud) au quartier de ville en passant par l’échelon régional. Le caractère exemplaire de ces élections qui ont partout forcé l’admiration, le Ghana le doit à un accent volontariste mis sur l’unité nationale qui s’est traduit dès l’Indépendance par le refus d’une constitution fédérale (par opposition au Kenya ou au Nigeria) et qui aujourd’hui encore nécessite d’être constamment réaffirmé. Cependant il ne s’agit pas de dresser un portrait idéalisé de la démocratie ghanéenne : des difficultés restent à surmonter, au premier rang desquelles le mécontentement social de classes urbaines paupérisées qui ont cherché dans ces élections un moyen de se faire entendre.

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