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Sociolinguistique Urbaine française
algeriedrs :: Socialisation et l’apprentissage de la vie en société :: Culture individuelle et culture collective :: Sociolinguistique Urbaine dans le monde
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Sociolinguistique Urbaine française
Rappel du premier message :
Titi parisien
Terme désuet désignant une personne originaire ou vivant à Paris, au parlé argotique.
Vie du titi parisien
Les années 1950
Le titi parisien est originaire de Paris ou a migré dans son jeune âge. Il passe son enfance sur les boulevards, passe son certificat d'études et entre très tôt en apprentissage. Parfois il s'engage politiquement par le biais du syndicat de son travail (Parti communiste). André Tollet en est un parfait exemple.
Accoutrement
Le titi parisien se remarque par un accoutrement particulier : une casquette mise de travers, un foulard de couleur voyante autour du cou, une veste ou un boléro, une chemise blanche, un pantalon parfois trop grand retenu par une ceinture, et une cigarette à la bouche. Il est nu-pieds ou ses chaussures sont bien abîmées. Cet accoutrement s'oppose à celui des zazous.
Langage
Le titi parisien a un langage bien particulier. Il parle argot.
Arts
Littérature
Victor Hugo a dépeint un titi parisien dans Les Misérables avec le personnage de Gavroche.
Cinéma
Michel Audiard a souvent utilisé cette typologie de personnage dans ses dialogues.
André Pousse au cinéma incarna souvent ce genre de personnage.
Le Ballon rouge d' Albert Lamorisse Les aventures d'un jeune garçon de Ménilmontant.
Le Fabuleux Destin d'Amélie Poulain de Jean-Pierre Jeunet reflète l'esprit du titi parisien.
Musique
Le chanteur Renaud en est un parfait exemple, notamment avec certaines chansons comme Laisse béton.
Arts plastiques
Eugène Delacroix a peint le titi parisien Gavroche dans La Liberté guidant le peuple.
Francisque Poulbot a peint pendant de nombreuses années, des titis parisiens .
Photographie
Robert Doisneau a photographié des titis parisiens.
Articles connexes
Gavroche
Francisque Poulbot
Renaud
Helno
Wikipedia
Titi parisien
Terme désuet désignant une personne originaire ou vivant à Paris, au parlé argotique.
Vie du titi parisien
Les années 1950
Le titi parisien est originaire de Paris ou a migré dans son jeune âge. Il passe son enfance sur les boulevards, passe son certificat d'études et entre très tôt en apprentissage. Parfois il s'engage politiquement par le biais du syndicat de son travail (Parti communiste). André Tollet en est un parfait exemple.
Accoutrement
Le titi parisien se remarque par un accoutrement particulier : une casquette mise de travers, un foulard de couleur voyante autour du cou, une veste ou un boléro, une chemise blanche, un pantalon parfois trop grand retenu par une ceinture, et une cigarette à la bouche. Il est nu-pieds ou ses chaussures sont bien abîmées. Cet accoutrement s'oppose à celui des zazous.
Langage
Le titi parisien a un langage bien particulier. Il parle argot.
Arts
Littérature
Victor Hugo a dépeint un titi parisien dans Les Misérables avec le personnage de Gavroche.
Cinéma
Michel Audiard a souvent utilisé cette typologie de personnage dans ses dialogues.
André Pousse au cinéma incarna souvent ce genre de personnage.
Le Ballon rouge d' Albert Lamorisse Les aventures d'un jeune garçon de Ménilmontant.
Le Fabuleux Destin d'Amélie Poulain de Jean-Pierre Jeunet reflète l'esprit du titi parisien.
Musique
Le chanteur Renaud en est un parfait exemple, notamment avec certaines chansons comme Laisse béton.
Arts plastiques
Eugène Delacroix a peint le titi parisien Gavroche dans La Liberté guidant le peuple.
Francisque Poulbot a peint pendant de nombreuses années, des titis parisiens .
Photographie
Robert Doisneau a photographié des titis parisiens.
Articles connexes
Gavroche
Francisque Poulbot
Renaud
Helno
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Dernière édition par Syfou le Sam 1 Jan - 11:07, édité 2 fois
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Re: Sociolinguistique Urbaine française
La langue des banlieues reflet d'une fracture linguistique
Le «parler jeune des banlieues» n'est pas un langage dégradé du français qui aurait vocation à se généraliser à toute la société. Il relève d'un code interne à un milieu destiné à marquer provisoirement sa différence.
« Ma meuf, quand j'lui dis que j'sors avec des potes, elle bad-trippe grave. » Traduction : « Ma copine, quand je lui dis que je sors avec les copains, elle s'inquiète beaucoup. »
Tout le monde connaît désormais l'usage des mots « meuf » (femme, fille), « keuf » (flic), « keum » (mec), ou même les « remps » (parents). De même le superlatif « grave », qui peut signifier beaucoup, très (« Putain, tu me prends grave la tête ! »), mais peut aussi s'employer pour désigner une personne étrange ou bizarre, plutôt « zarbi » (« Il est grave ! »). Moins connue est l'expression « bad-tripper » qui signifie « flipper », c'est-à-dire angoisser (« Arrête ton bad-trip ! » qui veut dire « T'inquiète pas ! »).
Le « langage des cités » amuse, fascine et inquiète. Il amuse et fascine par son inventivité, sa drôlerie. Témoin : « Il est trop mystique le prof de français, il vient à l'école en vélo ! », le mot « mystique » désignant ici une personne au comportement étrange, différent, atypique (synonyme aussi de space, déjanté...) . Cet attrait pour l'exotisme du « parler jeune » explique le succès des dictionnaires de la cité , leur introduction folklorisante dans les émissions de télévision, leur usage décalé dans d'autres milieux (« Il est zarbi ce gars ! » entendu dans une salle de rédaction d'une revue de sciences humaines...). Il y aurait même certains linguistes qui idéaliseraient leur objet d'étude, comme le font parfois les ethnologues à l'égard des populations étudiées.
Mais le langage des cités inquiète aussi. On se soucie notamment de la pauvreté et de l'agressivité du vocabulaire employé (« Putain, y m'bat les couilles, ce bâtard », qui choque dans la bouche d'une adolescente de 13 ans). Certains défenseurs de la langue craignent que celle des cités n'en vienne à contaminer la langue française au point de l'appauvrir (les « Ça l'fait ! », « C'est ouf ! », « Putain ! » se sont largement diffusés et entrent peu à peu dans les dictionnaires). Enfin, certains craignent qu'une partie de la jeunesse en vienne à s'enfermer dans un ghetto linguistique. Qu'en est-il vraiment ?
Recherches autour du parler jeune
La langue des cités ou du parler jeune est l'un des objets d'étude favoris de la sociolinguistique urbaine. Les premiers travaux ont été ceux de William Labov, l'un des fondateurs de la sociolinguistique. A la fin des années 60, il fut le premier à s'intéresser au langage argotique (le « slang ») des jeunes new-yorkais du Bronx et de Harlem. A l'époque déjà, on craignait que ce langage atteste d'un appauvrissement de la langue et soit pour les jeunes un handicap socioculturel insurmontable. W. Labov montra alors que le langage des quartiers new-yorkais ne saurait être tenu pour une déformation ou une simplification de l'anglo-américain « correct ». Les changements grammaticaux repérés étaient cohérents entre eux et attestaient d'une variation de la langue officielle et non d'un appauvrissement de l'anglais parlé au sud de Manhattan.
Par la suite, l'étude du « parler urbain » et de ses variations va connaître un essor important. C'est surtout le vocabulaire qui va faire l'objet des études des linguistes, notamment l'invention des nouveaux mots. Parmi les procédés de construction les plus courants, il y a le verlan qui consiste à inverser l'ordre des syllabes (caillera, keufs, feuj) de mots tronqués : on parle d'apocope lorsque la fin du mot est supprimée (assoc pour association) et d'aphérèse lorsque c'est le début qui disparaît (blème pour problème) ; autre procédé courant : l'emprunt aux langues étrangères, qu'il s'agisse de l'anglais (gun, sniffer, bitch qui signifie salope), de l'arabe (un kif), du vieil argot français (clope, sape). L'usage des métaphores est particulièrement prisé. Les seins deviennent ainsi des airbags et une très belle fille une bombe ou, par extension, une mururoa. Une fille peut aussi être désignée comme une belette, une rate, une gazelle, etc. La resufixation consiste à ajouter un suffixe transformant ainsi con en connard ou connasse, crad en crados... On note aussi la réhabilitation de mots en voie de disparition comme « bouffon », « bâtard », le retour d'expressions désuètes et anciennes telles que « moyenner » qui veut dire négocier ou marchander (« J'ai moyenné un bon prix pour la mob. »). Parfois un mot « chic », comme « charmant », est introduit subrepticement (« Sa meuf, elle est grave charmante ! »).
Code secret et we code
On peut s'interroger sur les raisons qui poussent à la création de parlers spécifiques, de langages différents. Contre-culture ? Manifestation d'un jeu gratuit ? Affirmation de soi ? Création inconsciente d'un dialecte local ?
La plupart des spécialistes s'accordent à penser que le parler jeune n'est pas simplement un langage déformé et dévoyé du français ordinaire. Il fonctionne à la fois comme un code secret et une marque identitaire. Code secret : dans Les Céfrans parlent aux Français, deux jeunes enseignants de collège avaient proposé à leurs élèves de rédiger un dictionnaire des mots de la cité. Première réaction d'une élève : « Mais alors, nos parents, ils vont comprendre tout ce qu'on dit ? » La collégienne révélait ainsi que le parler jeune fonctionnait comme un code interne destiné à protéger certains secrets. Ce fut naguère le cas de l'argot, langue de marginaux qui cherchaient à se dissimuler . Le parler jeune permet de parler entre soi, à l'insu des parents, des professeurs, des policiers. Il permet de se moquer de quelqu'un dans le métro sans qu'il comprenne. C'est un jeu très pratiqué par les enfants dans les cours de récréation.
Il est aussi un marqueur identitaire : il vise à se distinguer. Au même titre que la façon de s'habiller, la façon de parler est une marque de distinction. De ce fait, lorsque certaines expressions se diffusent largement et deviennent courantes, elles sont remplacées par d'autres .
Le parler des cités relève donc comme un « we code », selon la formule du linguiste John J. Gumperz : il a pour fonction explicite de se distinguer du « they code » (le parler légitime). Mais le principe de différenciation s'efface vite dans la mesure où la ville entraîne une tendance à la rapide diffusion des innovations. Comme le notait Louis-Jean Calvet dans Les Voix de la ville, deux logiques inverses travaillent les parlers urbains : une tendance à la différenciation contrebalancée par une tendance à la normalisation. C'est d'ailleurs un processus général qui marque toutes les modes : dès qu'un signe original de distinction, établi pour se démarquer, a tendance à se diffuser (par mimétisme), il perd de son originalité ; ce signe une fois propagé, les initiateurs de la mode doivent inventer de nouveaux signes de démarcation. Voilà d'ailleurs pourquoi les inquiétudes sur la contamination de la langue dominante par le parler des cités sont infondées.
Certains linguistes parlent de « diglossie » pour caractériser la langue des jeunes. La diglossie, qui se distingue du multilinguisme, se manifeste par la coexistence de deux langues ayant chacune une fonction différente. On peut supposer que le parler jeune n'est utilisé qu'au sein d'un groupe de pairs, mais qu'ils savent s'en défaire dans d'autres contextes : le travail, l'école, la famille... On dit « mes parents » à l'école et « mes remps » avec les copains. A chaque lieu son langage. En faveur de cette diglossie, on peut remarquer que le parler jeune est justement propre à une génération et que, devenus adultes, les adolescents savent en général s'en défaire.
Mais, à l'inverse, certains linguistes s'inquiètent qu'à cause de la prégnance du parler jeune dans les cités, certains en viennent à ne plus savoir parler le français « correct ». Jean-Pierre Goudaillier, professeur à la Sorbonne et auteur de Comment tu tchatches !, craint quant à lui qu'une véritable fracture linguistique vienne se superpose à la fracture sociale et enferme les jeunes des cités dans une sorte de ghetto culturel.
Par:Jean-François Dortier
**http://www.scienceshumaines.com**
« Tu flippes ta race, bâtard ! » Sur le langage des cités
Le «parler jeune des banlieues» n'est pas un langage dégradé du français qui aurait vocation à se généraliser à toute la société. Il relève d'un code interne à un milieu destiné à marquer provisoirement sa différence.
« Ma meuf, quand j'lui dis que j'sors avec des potes, elle bad-trippe grave. » Traduction : « Ma copine, quand je lui dis que je sors avec les copains, elle s'inquiète beaucoup. »
Tout le monde connaît désormais l'usage des mots « meuf » (femme, fille), « keuf » (flic), « keum » (mec), ou même les « remps » (parents). De même le superlatif « grave », qui peut signifier beaucoup, très (« Putain, tu me prends grave la tête ! »), mais peut aussi s'employer pour désigner une personne étrange ou bizarre, plutôt « zarbi » (« Il est grave ! »). Moins connue est l'expression « bad-tripper » qui signifie « flipper », c'est-à-dire angoisser (« Arrête ton bad-trip ! » qui veut dire « T'inquiète pas ! »).
Le « langage des cités » amuse, fascine et inquiète. Il amuse et fascine par son inventivité, sa drôlerie. Témoin : « Il est trop mystique le prof de français, il vient à l'école en vélo ! », le mot « mystique » désignant ici une personne au comportement étrange, différent, atypique (synonyme aussi de space, déjanté...) . Cet attrait pour l'exotisme du « parler jeune » explique le succès des dictionnaires de la cité , leur introduction folklorisante dans les émissions de télévision, leur usage décalé dans d'autres milieux (« Il est zarbi ce gars ! » entendu dans une salle de rédaction d'une revue de sciences humaines...). Il y aurait même certains linguistes qui idéaliseraient leur objet d'étude, comme le font parfois les ethnologues à l'égard des populations étudiées.
Mais le langage des cités inquiète aussi. On se soucie notamment de la pauvreté et de l'agressivité du vocabulaire employé (« Putain, y m'bat les couilles, ce bâtard », qui choque dans la bouche d'une adolescente de 13 ans). Certains défenseurs de la langue craignent que celle des cités n'en vienne à contaminer la langue française au point de l'appauvrir (les « Ça l'fait ! », « C'est ouf ! », « Putain ! » se sont largement diffusés et entrent peu à peu dans les dictionnaires). Enfin, certains craignent qu'une partie de la jeunesse en vienne à s'enfermer dans un ghetto linguistique. Qu'en est-il vraiment ?
Recherches autour du parler jeune
La langue des cités ou du parler jeune est l'un des objets d'étude favoris de la sociolinguistique urbaine. Les premiers travaux ont été ceux de William Labov, l'un des fondateurs de la sociolinguistique. A la fin des années 60, il fut le premier à s'intéresser au langage argotique (le « slang ») des jeunes new-yorkais du Bronx et de Harlem. A l'époque déjà, on craignait que ce langage atteste d'un appauvrissement de la langue et soit pour les jeunes un handicap socioculturel insurmontable. W. Labov montra alors que le langage des quartiers new-yorkais ne saurait être tenu pour une déformation ou une simplification de l'anglo-américain « correct ». Les changements grammaticaux repérés étaient cohérents entre eux et attestaient d'une variation de la langue officielle et non d'un appauvrissement de l'anglais parlé au sud de Manhattan.
Par la suite, l'étude du « parler urbain » et de ses variations va connaître un essor important. C'est surtout le vocabulaire qui va faire l'objet des études des linguistes, notamment l'invention des nouveaux mots. Parmi les procédés de construction les plus courants, il y a le verlan qui consiste à inverser l'ordre des syllabes (caillera, keufs, feuj) de mots tronqués : on parle d'apocope lorsque la fin du mot est supprimée (assoc pour association) et d'aphérèse lorsque c'est le début qui disparaît (blème pour problème) ; autre procédé courant : l'emprunt aux langues étrangères, qu'il s'agisse de l'anglais (gun, sniffer, bitch qui signifie salope), de l'arabe (un kif), du vieil argot français (clope, sape). L'usage des métaphores est particulièrement prisé. Les seins deviennent ainsi des airbags et une très belle fille une bombe ou, par extension, une mururoa. Une fille peut aussi être désignée comme une belette, une rate, une gazelle, etc. La resufixation consiste à ajouter un suffixe transformant ainsi con en connard ou connasse, crad en crados... On note aussi la réhabilitation de mots en voie de disparition comme « bouffon », « bâtard », le retour d'expressions désuètes et anciennes telles que « moyenner » qui veut dire négocier ou marchander (« J'ai moyenné un bon prix pour la mob. »). Parfois un mot « chic », comme « charmant », est introduit subrepticement (« Sa meuf, elle est grave charmante ! »).
Code secret et we code
On peut s'interroger sur les raisons qui poussent à la création de parlers spécifiques, de langages différents. Contre-culture ? Manifestation d'un jeu gratuit ? Affirmation de soi ? Création inconsciente d'un dialecte local ?
La plupart des spécialistes s'accordent à penser que le parler jeune n'est pas simplement un langage déformé et dévoyé du français ordinaire. Il fonctionne à la fois comme un code secret et une marque identitaire. Code secret : dans Les Céfrans parlent aux Français, deux jeunes enseignants de collège avaient proposé à leurs élèves de rédiger un dictionnaire des mots de la cité. Première réaction d'une élève : « Mais alors, nos parents, ils vont comprendre tout ce qu'on dit ? » La collégienne révélait ainsi que le parler jeune fonctionnait comme un code interne destiné à protéger certains secrets. Ce fut naguère le cas de l'argot, langue de marginaux qui cherchaient à se dissimuler . Le parler jeune permet de parler entre soi, à l'insu des parents, des professeurs, des policiers. Il permet de se moquer de quelqu'un dans le métro sans qu'il comprenne. C'est un jeu très pratiqué par les enfants dans les cours de récréation.
Il est aussi un marqueur identitaire : il vise à se distinguer. Au même titre que la façon de s'habiller, la façon de parler est une marque de distinction. De ce fait, lorsque certaines expressions se diffusent largement et deviennent courantes, elles sont remplacées par d'autres .
Le parler des cités relève donc comme un « we code », selon la formule du linguiste John J. Gumperz : il a pour fonction explicite de se distinguer du « they code » (le parler légitime). Mais le principe de différenciation s'efface vite dans la mesure où la ville entraîne une tendance à la rapide diffusion des innovations. Comme le notait Louis-Jean Calvet dans Les Voix de la ville, deux logiques inverses travaillent les parlers urbains : une tendance à la différenciation contrebalancée par une tendance à la normalisation. C'est d'ailleurs un processus général qui marque toutes les modes : dès qu'un signe original de distinction, établi pour se démarquer, a tendance à se diffuser (par mimétisme), il perd de son originalité ; ce signe une fois propagé, les initiateurs de la mode doivent inventer de nouveaux signes de démarcation. Voilà d'ailleurs pourquoi les inquiétudes sur la contamination de la langue dominante par le parler des cités sont infondées.
Certains linguistes parlent de « diglossie » pour caractériser la langue des jeunes. La diglossie, qui se distingue du multilinguisme, se manifeste par la coexistence de deux langues ayant chacune une fonction différente. On peut supposer que le parler jeune n'est utilisé qu'au sein d'un groupe de pairs, mais qu'ils savent s'en défaire dans d'autres contextes : le travail, l'école, la famille... On dit « mes parents » à l'école et « mes remps » avec les copains. A chaque lieu son langage. En faveur de cette diglossie, on peut remarquer que le parler jeune est justement propre à une génération et que, devenus adultes, les adolescents savent en général s'en défaire.
Mais, à l'inverse, certains linguistes s'inquiètent qu'à cause de la prégnance du parler jeune dans les cités, certains en viennent à ne plus savoir parler le français « correct ». Jean-Pierre Goudaillier, professeur à la Sorbonne et auteur de Comment tu tchatches !, craint quant à lui qu'une véritable fracture linguistique vienne se superpose à la fracture sociale et enferme les jeunes des cités dans une sorte de ghetto culturel.
Par:Jean-François Dortier
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Re: Sociolinguistique Urbaine française
Le Francais Dans le Village Global
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