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Doctrine militaire russe
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Doctrine militaire russe
Armée russe : une doctrine militaire pour toutes les situations
Les Forces armées russes doivent être dotées en 2009 d’une nouvelle doctrine militaire, élaborée en tenant compte des réalités du monde moderne et des objectifs fixés par la stratégie de sécurité nationale et la conception de la politique extérieure de la Russie.
Une doctrine militaire, c’est, au fond, un ensemble de thèses déterminant les objectifs de l’édification militaire, la préparation du pays et de l’armée à la guerre et, enfin, les moyens et les formes de conduite de la guerre. Ces thèses dépendent du régime politique, de la forme de gouvernement, du développement économique et technologique, ainsi que de l’idée que les auteurs de la doctrine se font du caractère de la guerre attendue.
La question de la création d’une doctrine militaire unique dans notre pays, en tant que document distinct, a été posée pour la première fois après la révolution d’Octobre 1917. La doctrine militaire soviétique est un document extrêmement curieux, dont les modifications ont suivi les modifications des thèses idéologiques de l’Etat. Ainsi, par exemple, les futures guerres ont été vues pendant longtemps comme des guerres de classe entre le monde de l’impérialisme et le premier pays socialiste au monde. De grands espoirs ont été fondés sur l’aide du prolétariat international. On considérait que la lutte de l’Armée Rouge irait de pair avec des insurrections et des guerres civiles sur l’arrière de l’ennemi.
On commença à renoncer à ces thèses avant même la Grande Guerre patriotique (1941-1945) : la guerre avec la Finlande avait déjà montré leurs défauts, et la Seconde Guerre mondiale fit table rase de la théorie des guerres de classe. Cependant, la doctrine militaire soviétique avait bien pressenti le caractère de la future guerre - une guerre motorisée, de manoeuvre, visant à mener des offensives décisives en profondeur, un rôle extrêmement important étant dévolu aux forces aériennes. Les auteurs de la doctrine avaient prévu, à juste titre, le rôle et l’importance de l’arrière dans la future guerre, ce qui permit, sans perdre de temps, de procéder à une mobilisation de l’ensemble de l’industrie et de l’économie, en fournissant le potentiel nécessaire pour mener les combats.
Après la Seconde Guerre mondiale, la doctrine militaire de l’URSS, tout comme celle des autres grandes puissances, commença à être édifiée en tenant compte d’un nouveau facteur, qui bouleversa réellement toutes les représentations précédentes des guerres : l’arme nucléaire. On considérait que si une guerre devait débuter, elle revêtirait immanquablement le caractère d’une guerre de missiles nucléaires et conduirait inévitablement à la faillite du capitalisme. On pensait que la guerre nucléaire supprimerait les frontières entre le front et l’arrière, et que le théâtre des opérations militaires s’étendrait aux territoires de tous les pays impliqués dans les combats. La frappe nucléaire viserait non seulement les armées combattantes, mais avant tout les centres industriels et autres éléments vitaux de l’infrastructure. Bientôt, avec le développement des potentiels nucléaires, on inclut également au nombre des objectifs prioritaires les moyens de frappe nucléaire de l’adversaire. Cependant, on commença de surévaluer les missiles nucléaires au détriment des armes conventionnelles.
De fait, au milieu des années 60, la guerre nucléaire était considérée comme impossible. Toutefois, les événements qui ont suivi ont montré qu’il n’en était pas ainsi. Les nouvelles rédactions de la doctrine admettaient la possibilité de conflits sans le recours à l’arme nucléaire, ou avec un recours limité à celle-ci. On supposait toutefois que tous ces conflits seraient de grande ampleur, et que l’adversaire, c’étaient les armées régulières des pays occidentaux. Un rôle considérable était dévolu au système de sécurité collective, incarné par la structure de l’Organisation du Traité de Varsovie.
Au final, le conflit afghan, où l’adversaire de l’URSS était incarné par des formations armées irrégulières, fut dans une grande mesure une surprise : l’armée ne disposait ni d’une structure adaptée à cette guerre, ni d’un armement optimal, ni d’une tactique. Il fallut prendre la mesure de tout cela directement pendant les opérations militaires.
La dernière doctrine soviétique, adoptée en 1987, revêtait un caractère défensif fortement marqué. On y avait renoncé au terme d’"adversaire probable", et l’URSS confirmait les engagements contractés précédemment par ses dirigeants de ne pas entreprendre en premier des opérations militaires, et de ne pas recourir en premier à l’arme nucléaire.
Mais l’URSS devait disparaître peu après. La Fédération de Russie, devenue son héritière, dut redéfinir sa place dans le monde et élaborer une doctrine militaire.
Dans sa doctrine de 1993, la Russie déclara également qu’elle n’avait pas d’adversaire désigné, et qu’elle prenait l’engagement de ne pas utiliser la force militaire, excepté pour sa propre défense. L’arme nucléaire était considérée non pas comme un moyen de conduire des opérations militaires, mais comme un moyen politique de dissuasion. En ce qui concerne le potentiel militaire, le principe de "suffisance raisonnable" fut adopté, le potentiel devant être maintenu à un niveau correspondant aux menaces existantes.
L’évolution ultérieure des événements a nécessité de revoir plusieurs thèses de cette doctrine. Il a été annoncé, notamment, que l’arme nucléaire pouvait être utilisée pour repousser une agression, y compris si celle-ci était menée en utilisant des armements conventionnels.
La doctrine considère comme les plus probables les guerres locales et régionales, tout en faisant état d’une diminution de la probabilité d’une guerre de grande ampleur, y compris nucléaire.
En partant de l’expérience de ces dernières années et du développement supposé des événements, on peut penser qu’effectivement ce sont les guerres locales et régionales qui sont les plus probables. Mais, dans le même temps, la probabilité d’une guerre de grande ampleur peut brusquement augmenter avec l’apparition de nouveaux facteurs déstabilisants, telle la rupture de la parité nucléaire. Le déploiement d’un système ABM américain capable, à terme, dans le contexte d’une diminution des arsenaux nucléaires, de porter une première frappe non sanctionnée (autrement dit, suivie d’une frappe de riposte occasionnant des dommages minimes, voire nuls), peut être considéré comme un tel facteur.
On peut penser que la nouvelle doctrine militaire de la Russie, tout en continuant de mettre l’accent sur les conflits locaux et régionaux, considérés comme étant les plus probables dans les prochaines années, attirera l’attention sur la probabilité accrue d’un conflit nucléaire de grande ampleur dans le contexte d’une déstabilisation, et qu’elle placera la création d’un système ABM au nombre des menaces extérieures.
Par ailleurs, les conflits locaux et régionaux peuvent également prendre, dans un proche avenir, le caractère de conflits nucléaires. C’est ce à quoi concourt l’augmentation progressive du nombre des pays détenteurs de l’arme nucléaire et des technologies nécessaires à sa création. Le perfectionnement de l’arme nucléaire, qui la rend plus facilement "utilisable" dans des opérations militaires réelles, apparaît lui aussi comme un élément d’importance. C’est pourquoi le maintien par la Russie de son potentiel nucléaire et des moyens d’agir sur le potentiel nucléaire de l’adversaire lors d’éventuelles opérations militaires sera l’un de ses principaux objectifs pour garantir sa sécurité militaire. Cela implique la nécessité de maintenir des forces armées de qualité, capables de mener des opérations militaires dans tous les domaines et de frapper des cibles à n’importe quelle distance.
Par Ilia Kramnik, RIA Novosti
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Re: Doctrine militaire russe
Dans le même temps, la Russie doit disposer d’une "machine militaire" lui permettant de mener des actions dans le cadre d’opérations de maintien de la paix et de conflits locaux et régionaux, car leur probabilité, comme le montrent les événements de ces dernières années, ne cesse de croître.
La modernisation des missiles RS-20 Voevoda
Les missiles RS 20B et RS 20V (SS-18 selon la classification de l’OTAN) doivent être modernisés, de même que d’autres éléments de l’arsenal nucléaire stratégique. Cette tâche est à réaliser dans les 10 à 15 ans à venir.
Le prolongement de la durée du service des vieux missiles qui équipent toujours l’armée russe implique leur réparation et une certaine modernisation, ce qui nécessite des essais. En cas de succès, la durée du service de tels ou tels missiles se prolonge.
Les missiles RS 20B et RS 20V, soit 15A18B et 15A-18M, R-36M UTTH et R-36M2, sont les premiers candidats au prolongement de la durée du service, ce qui s’explique par toute une série de raisons : du perfectionnement technologique permettant à ces missiles de rester en service bien plus longtemps que prévu à la puissance combative. Chaque missile de ce type porte 10 charges de 750 kilotonnes chacune, c’est pourquoi il mérite à juste raison aussi bien l’appellation russe Voevoda que le nom redoutable de Satan qui lui a été attribué par l’OTAN : le SS-18 Satan.
Les troupes balistiques stratégiques russes sont dotées actuellement de 75 missiles R-36M UTTH/R-36M2 portant, au total, 750 charges. Le prolongement de la durée de leur service jusqu’à 30 ans permettra de conserver le groupement de ces missiles au moins jusqu’au milieu de la prochaine décennie. Les R-36M2 plus récents pourront servir jusqu’à la fin des années 2010.
Théoriquement, cette mesure permettra d’améliorer la situation et d’accorder un temps supplémentaire pour la production de nouveaux missiles intercontinentaux balistiques, y compris lourds, capables de remplacer ensuite les missiles Voevoda, comme l’a déclaré Nikolaï Solovtsov, commandant en chef des Troupes balistiques stratégiques russes. Si un nouveau missile est mis au point, on pourra constater que la Russie a su combler toutes les lacunes dans la structure de ces troupes : l’ICBM léger doté de 1 à 3 charges RS-12M2 Topol-M, le missile moyen à six charges RS-24 "Yars", enfin, le missile lourd, successeur potentiel du Voevoda.
Cependant, tous ces plans peuvent échouer, si certaines questions restent sans réponses. Premièrement, il s’agit de la situation concernant les Voevoda. Ces missiles ont été construits à l’usine Ioujmach de Dniepropetrovsk (sud de l’Ukraine) qui produit également les pièces nécessaires pour leur modernisation et le prolongement de leur service. Compte tenu des rapports complexes actuels entre la Russie et l’Ukraine, qui peut garantir les livraisons régulières de ces pièces de Dnieproperovsk et, par conséquent, la combativité des divisions dotées de missiles Voevoda ?
La mise au point d’un nouveau vecteur est nécessaire. L’usine Ioujmach a toujours construit des missiles lourds pour les Troupes balistiques stratégiques russes. Une question se pose : quelle usine et quel bureau d’études russes peuvent la remplacer ? La liste des bureaux d’études est courte. Quant aux capacités de production, la construction de missiles d’un nouveau projet nécessitera une extension considérable des capacités des usines existantes. Qui plus est, cette extension doit être assurée dans de brefs délais car la durée de vie des missiles Voevoda n’est pas illimitée.
Par Ilya Kramnik, RIA Novosti
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