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Doctrine militaire française

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Personne à contacter Doctrine militaire française

Message par Syfou Lun 1 Nov - 2:44

La doctrine militaire française de 1871 à 1914 : considérations théoriques et matérielles

"Ça a débuté comme ça", dirait Céline dans son Voyage au bout de la nuit. En fait, pour ne plus prendre le risque de futurs désastres nationaux, il aura fallu à la France, suite à la défaite de 1871, une sérieuse remise en question sur l’efficacité de sa doctrine militaire et sur les moyens à prendre afin d'assurer sa défense. Malgré l'ampleur de ces décennies de réflexion militaire (tactique, stratégique et doctrinale), les batailles de 1914 ont bien failli provoquer un second cataclysme en moins de cinquante ans. Que s’était-il passé entre temps, dans les esprits des stratèges militaires de la République, pour qu’on assiste une seconde fois à une marche des Allemands sur Paris ? Bien entendu, le deuxième acte, du moins à court terme, fut victorieux mais à quel prix ! Près de 300.000 soldats avaient été tués à la fin de 1914 pour en arriver à quoi ? À donner l’impression à l’état-major qu’il avait vu juste dans sa conception stratégique.

Bien sûr, ce constat est quelque peu brutal et mérite que l'on y apporte des nuances. Le présent article se veut une étude sur la doctrine militaire française au cours des années qui ont précédé la Grande Guerre. En fait, nous tenterons de voir, à partir d’une réforme de la pensée militaire depuis 1871, comment l’état-major de l’armée française a modifié sa conception de la bataille, comment il a appliqué ses réformes sur le terrain et comment il les a inculquées au corps des officiers chargés de transmettre la nouvelle doctrine aux soldats.

I. L’humiliation de 1871 : genèse du problème

La paix de Francfort avait permis à Thiers et Favre de limiter en quelque sorte les dégâts, notamment en acceptant à contre-cœur la condition de Bismarck réclamant, comme lourd butin de guerre, la prise de l’Alsace-Lorraine en échange d’une évacuation du territoire. Humiliée. C’est une France humiliée qui émerge de la guerre contre la Prusse et ses alliés germaniques. Partie fière et confiante en juillet 1870, l’armée française fut pourtant surprise et battue en quelques semaines par un adversaire plus puissant qu'elle. Battue, l’armée l’était certes, mais le facteur de la surprise ne doit pas être négligé. En effet, si l’on compare les armées françaises et allemandes pendant "l'Année terrible", on s’aperçoit vite qu’il y a des différences fondamentales, au désavantage évident des Français. Ces constats serviront de fondement à la remise en question de la doctrine militaire par la nouvelle République. Voyons-les de plus près.

En premier lieu, l’armée de Napoléon III n’était pas prête pour faire la guerre. Compte-tenu de son système de recrutement et des difficultés de la mobilisation, elle ne pouvait aligner que 300.000 hommes au début du conflit, lesquels ne composaient en fait qu’une armée de métier. Pour les assister, la Garde Nationale mobilisée ne disposait pas même des capacités pour résister au moindre régiment de réserve allemand... En face, c’est une armée disciplinée de soldats conscrits, instruits et bien entraînés qui atteignait l'effectif d’un demi-million d’hommes ! Par ailleurs, la Prusse comptait sur l’utilisation massive de l’artillerie lourde (contre les places fortes en particulier) et préférait concentrer ses armées sur des points précis, plutôt que de les disperser. Ces deux principes compensaient largement les faiblesses du fusil Dreyse allemand, face à l’excellent Chassepot (modèle 1866) français.

Quant au corps des stratèges, les déficiences françaises étaient aussi profondes qu’au sein de l’armée active. Nous avons dit "corps des stratèges" (état-major), mais en fait il n’existe pas de manière permanente en 1870 ! Le chef de l’armée est l’empereur en personne, qui est assisté par des maréchaux et généraux formant une société fermée et peu encline à échanger entre ses membres des informations tactiques en pleine bataille... En campagne, les stratèges français n’avaient donc pas la possibilité d'élaborer ni d'appliquer une doctrine efficace. Ils n'avaient pas non plus le loisir de réfléchir sur le seuil de risques à faire courir aux soldats. Le résultat fut l’impossibilité de commander une grande quantité d’hommes. Lorsque la situation semblait grave, voire désespérée, c'est d'un véritable sacrifice de leurs hommes que de nombreux généraux faisaient dépendre le salut de leur armée (charges de cavalerie épiques, etc.). En Allemagne, c’était tout le contraire, en particulier sous l’influence de von Moltke qui avait pris la peine de structurer un état-major solide lequel avait en outre la chance de manœuvrer avec plus de liberté car il n’avait pas le roi "à sa table", contrairement à ce qui se passait en France.

II. L’Allemagne a von Clausewitz, la France Ardant du Picq

Le constat fut souvent établi que l’armée française de 1870-1871 n’avait pas les qualités offensives nécessaires qui auraient pu influencer le cours des événements. Dans le but de renverser cette situation, des stratèges avaient énoncé certaines doctrines, voire une "philosophie de guerre" qui somme toute avaient une chance d’être entendue de la part des généraux. En Allemagne, Carl von Clausewitz avait rédigé De la guerre, ouvrage de stratégie militaire qui donnait un fondement intellectuel à la réorganisation de l’armée prussienne dans les années 1860. Quant à la France, c’est le colonel Ardant du Picq (tué à la tête de son régiment en 1870) qui avait pensé au principe de "l’attaque à outrance", et ce dès 1870, dans son livre Études sur le combat. Du Picq avait une idée bien simple : attaquer à la limite maximale afin de briser les rangs ennemis devant une rangée de baïonnettes chauffées à blanc. Bien que certains critiques affirmèrent que le livre de du Picq fut assez radical, il n’empêche qu’il offrait une alternative à la doctrine défensive qui était dictée auparavant. Autrement dit, il était question d’un bouleversement complet dans la manière de penser et de voir la bataille. On peut également prétendre que dans le contexte revanchard qui suivit défaite, les idées de du Picq apparurent comme séduisantes et eurent une certaine facilité à s'imposer dans le corps des officiers de l’armée française. Bref, il fallait s’écarter du carcan défensif, de ce repli qui risquait de menacer la France à long terme.

La théorie de l’offensive à outrance avait dû, avant d'être adoptée par les officiers, être adoptée officiellement par l’état-major. Cela fut chose facile puisque les idées de du Picq avaient de nombreux partisans. En effet, un groupe d’officiers de haut rang, animé par le colonel Loiseau de Grandmaison et par le général Foch, transcrivit au tournant du siècle la nouvelle théorie dans les manuels destinés à la formation des futurs officiers. Tellement convaincu par cette doctrine qu'il avait fait sienne et renouvelée, de Grandmaison n’hésitait pas à affirmer qu'avec elle l’armée française avait retrouvé ses traditions militaires de jadis et qu’elle ne devait plus admettre aucun principe tactique contraire à l’offensive. La doctrine de du Picq faisait dire à Grandmaison que faire la guerre était en somme simple : il faut savoir où est l’ennemi, puis décider quoi faire ensuite. Le théoricien militaire chinois Sun Tzu, dans son Art de la guerre, disait également la même chose il y a de cela environ 2.500 ans !

III. La transition matérielle (1880-1905)

Entre 1880 et 1905 (dates approximatives il va de soi), l’armée française avait apporté une série d’améliorations à ses équipements. Cette optique matérielle faisait partie de l’aspect concret du renouvellement de la stratégie de l’armée. L’attaque "à outrance" n’était pas possible si l’armée ne disposait pas de moyens efficaces afin d’y parvenir. On en était bien conscient car il fallait changer l’image et la réputation du soldat qui avaient été quelque peu entachées par la défaite de 1870. Cependant, il y a un pas considérable à franchir entre la prise de conscience d’un problème et l’apport de solutions. Certains diront qu’en 1914 le fantassin français était un copie-conforme de son prédécesseur de 1870, mais permettons-nous d’y apporter des nuances, car il n’y a pas que des fantassins dans une armée.

En premier lieu, les "points négatifs". Certes, le soldat de 1914 portait toujours le pantalons rouge de garance avec la capote gris-bleue et le képi bicolore. A l'exception de certaines modifications de détail (les boutons, les cartouchières, etc.), l’uniforme n’avait pas vraiment évolué depuis la guerre précédente. Le sac à dos, la "garde-robe" du fantassin, par exemple, était un peu plus petit que celui du Second Empire, mais il était tout aussi mal adapté au combat moderne. En service depuis 1893, "l’as de carreau", comme on l’appelait, avait profondément déçu les soldats. Son premier défaut était le cirage noir dont il fallait l'enduire, afin de le rendre imperméable. Discipline oblige, le sac devait être constamment reluisant, sous peine de punition. Nous nous abstiendrons ici d’énumérer toutes les étapes que le soldat devait accomplir pour mettre son sac sur le dos parce qu’il s’agissait d’un véritable fardeau. Le même problème s’appliquait aux cartouchières, dont une avait été ajoutée dans le dos à la hauteur des reins pour compenser l'abandon de la traditionnelle giberne. À l’avant leur disposition pouvait nuire au fantassin lorsqu’il était couché au sol car elles lui compressait directement le ventre. Le soldat allemand avait six cartouchières d’un poids plus léger, favorisant la locomotion, et disposées d’une manière mieux équilibrée.

Du côté du fusil, l’armée française de 1870 avait une longueur d’avance, sinon deux, sur son adversaire allemand. En effet, le fusil Chassepot, adopté officiellement en 1866, tirait des balles dans un magasin et avait une cadence de tir et de portée deux fois supérieures à son homologue allemand le Dreyse. En 1886, le fusil Lebel (du nom de son concepteur, le colonel Lebel), de sa véritable appellation "fusil 1886 modifié 1893", était mis en service. D’un calibre assez élevé (8 mm), il pouvait contenir dix cartouches, dont huit étaient logées dans un magasin tubulaire situé sous le canon. En dépit de cette contenance, et à cause d'elle, ce fusil était lourd et son centre de gravité était déséquilibré vers l'avant. Déjà dépassé avant 1914 par ses homologues étrangers (le Lee-Enfield britannique ou le Mauser 1898 allemand par exemple), le Lebel constituait quand même une arme fiable aux mains d'un fantassin bien entraîné.

Dans un autre ordre d’idées, bon nombre d’historiens militaires considèrent qu’un des facteurs ayant influé sur la défaite française en 1870 fut l’artillerie et son utilisation. La Prusse utilisait un canon Krupp en acier, avec une rayure qui avait pour avantage d’accroître la rapidité du projectile, sa portée et sa précision, mais aussi d’éviter une surchauffe précaire. Ce canon se chargeait par la culasse et non par la bouche et chaque régiment disposait de trois pièces pour environ mille hommes. Dans ce domaine, la France accusait un retard considérable. Les 900 canons qu'elle avait à sa disposition (contre les 1.200 de l’ennemi), étaient essentiellement confectionnés en bronze (ils chauffent plus vite) et n'étaient pas rayés. En outre, la qualité des projectiles laissait à désirer. Précisons que le ratio est cette fois-ci de deux pièces pour mille hommes. Cet état de fait a conduit les responsables de l'artillerie française à revoir la qualité de leurs pièces.

Vers la fin du XIXe siècle le système du canon à frein hydraulique fit son apparition en France et dans d’autres pays. Ce sont les capitaines Émile Rimailho et Sainte-Claire Deville qui mirent au point le célèbre "75" (canon de 75 mm modèle 1897), la pièce que l'armée attendait depuis 1871. D’une portée trois fois supérieure à celles de ses concurrents de même calibre, le 75 était en quelque sorte la meilleure arme que possédait l’armée française en 1914. Les munitions tirées par ce canon étaient très variées : obus explosif, incendiaire, fumigène, à gaz, percutant, fusant, etc. Mais en dépit du remarquable progrès technique que représentait l'adoption du 75, l’artillerie française de 1914 présentait la même lacune que celle de 1870 : où sont les canons lourds ?

Le principe de l’attaque à outrance prévoyait bien sûr une offensive rapide et décisive avec le maximum de mobilité, tant pour l'infanterie que pour l’artillerie. Dans ce contexte, selon les considérations avancées par Joffre et ses théoriciens, les canons de gros calibre n’étaient pas adaptés à une guerre de mouvement. Le 75 seul devait suffire, grâce à la cadence élevée de son tir et à sa rapidité se déplacer pour suivre l’infanterie. Pendant les batailles de l'été 1914, l’artillerie lourde n’entrait pas dans les calculs de l’état-major français. Jusqu’en 1916 au moins, l’artillerie lourde est restée très "improvisée" et les vieux modèles des années 1880 (canons de Bange, etc.) étaient abondamment utilisés en 1914-1915.

IV. D’une stratégie à l’autre, ou les plans XV, XVI et XVII

Dans l’éventualité d’une autre guerre contre l’Allemagne, les généraux français avaient prévu une série de plans stratégiques, afin de préparer l'entrée en campagne. Précisons-le immédiatement, ces plans (auxquels ont accordait un nombre pour les distinguer) ne sont en fait que des indications de concentrations de troupes. En prenant exemple sur le Plan XVII (finalisé en 1914), dans lequel l’on considère qu’il convient de lancer une vigoureuse offensive en Alsace et en Lorraine, mais ce qui prime avant tout c’est la disposition des corps d’armées avant le début des opérations.

Au cours de l’été de 1910, le nouveau généralissime Victor Constant Michel reprit l'étude du Plan XVI, adopté en 1907-1908. Constatant que celui-ci comportait d’importantes négligences quant à l’éventualité d’une offensive allemande en Belgique, il décida de revoir le tout et soumit ses résultats en 1911 au ministre de la Guerre d’alors, le général Brun. Le principal changement doctrinal était que Michel prévoyait qu'en cas de guerre, l’Allemagne ferait pénétrer ses troupes très profondément en Belgique, et non superficiellement, en passant seulement par la Meuse et la Sambre, comme le prédisait le Plan XVI. L'historien Samuel R. Williamson Jr. a écrit à propos de cette modification : "The General (Michel) supported this assertion by pointing to the Anglo-German naval rivalry, to German ambitions to Antwerp (…)³". Permettons-nous d’ajouter également qu’une offensive en Belgique offrait à l’armée allemande un plus large espace pour manœuvrer contre les Français. Cela non plus n'avait pas échappé à Michel.

Concrètement, ce dernier proposait de revoir le Plan XVI, afin de concentrer près de 700.000 hommes tout au long de la frontière franco-belge (on est loin de l’Alsace-Lorraine !). On peut deviner que son intention était, dans un premier temps, d’offrir un maximum de résistance à une offensive allemande en Belgique dont il était certain de la réalisation. Il s'agissait également d'agir en plus étroite coordination avec les armées anglaises et belges. Quant au front partant de l’Alsace-Lorraine jusqu’à la frontière suisse, Michel prévoyait d'y placer 300.000 hommes. Comment alors l’armée française pouvait compter sur un million de soldats à la mobilisation ? La solution était de faire comme les Allemands, en utilisant les régiments de réserve au même titre que ceux de l’armée active. Les événements de 1914 prouvèrent que Michel avait vu juste, mais la principale opposition à son plan venait de Joffre, qui estimait que la minceur des effectifs en Alsace-Lorraine ouvrirait la porte de Paris aux Allemands.

Ce Plan XVI était l’intermédiaire des trois plans de guerre établis entre 1903 et 1914. Nous avons décidé de l’aborder en premier, afin de mieux saisir la réalité des plans XV et XVII. Le Plan XV prévoyait une stratégie tout autre et relevait d'une philosophie militaire différente. Le général Brugère en effet avait finalisé le Plan XV en 1903 dans l’optique d’une concentration très massive destinée à attaquer en Lorraine. Il refusait en ce sens de déplacer, en dépit des rapports transmis par ses officiers, quelques troupes vers le nord afin de contrer une offensive des Allemands en Belgique. Brugère croyait qu’une telle approche de l’ennemi affaiblirait son flanc en Lorraine et faciliterait l’avance française. Le seul argument susceptible de convaincre Brugère de déplacer des troupes vers le nord était la protection des places fortes autour de Verdun qui, comme on le pensait, constituaient un pivot efficace à de futurs orientations des déplacements stratégiques français, une fois l’assaut allemand amorcé. Le général Hagron, successeur de Brugère, modifia le plan XV en 1907, afin de fortifier Verdun une fois pour toute. Après tout, des troupes concentrées à Verdun prendraient autant de temps pour se rendre en Lorraine ou en Belgique en réaction aux intentions allemandes. Ensuite, la rapidité de la mobilisation française fournirait les troupes nécessaires afin de colmater le certain vide laissé autour de Verdun par le déplacement des premières troupes vers la Belgique ou la Lorraine. De ce Plan XV ressortait cependant une lacune que s’empressa de combler Michel dans son plan XVI : il n'y était pas tenu compte de la présence des forces britanniques dans la bataille. La conclusion finale des accords de l’Entente Cordiale (1908) facilita la tâche de Michel pour inclure des disposition pour l’armée britannique.

Comme on peut le comprendre, à la lumière des précédentes lignes, le Plan XVI était différent du Plan XV, mais les changements drastiques opérés par Michel lui coûtèrent son poste de généralissime en juillet 1911, au profit de Joffre. Le départ de Michel n’était pas étranger aux conflits que son Plan XVI avait suscités entre lui et le ministre de la Guerre d’alors, Adolphe Messimy. Ce dernier pensait que Michel n’avait pas l’étoffe d’un stratège et il le força à démissionner. Les principes d’offensive en Belgique et d'association des réserves à l’armée d’active ne concordaient pas avec la pensée du Ministère, ni avec celle du Conseil Supérieur de la Guerre. La nomination de Joffre avait, à notre sens, un objectif précis : réconcilier la pensée du nouveau généralissime (chef de l’armée rappelons-le) avec ces deux organismes. Le concepteur du futur Plan XVII voulait reprendre à son compte le principe de l’offensive à outrance en y ajoutant sa touche personnelle.

Entre Joffre et Michel régnait une certaine animosité. Les deux hommes ne s’entendaient sur à peu près aucun point de la stratégie militaire en général. Le seul point de concordance entre eux était que la Belgique faisait désormais partie des plans de bataille, mais l’importance de cet État dans la stratégie à adopter faisait l'objet de sensibles variations. Le général Joffre lança un programme bien particulier d’exercices et de manœuvres militaires afin de développer l’esprit tactique offensif de l’armée française. La conception de sa doctrine reposait sur les habilités des régiments à se déplacer en bonne coordination et d’utiliser la logistique et la cartographie à son plein potentiel. L’armée française, après l’épisode Michel, était revenue à ses traditions d’attaque "à outrance". Ce que Joffre, en ingénieur qu’il était, appliquait dans son Plan XVII consistait d’abord à remodeler l’utilisation de l’armée au combat. Citons un simple exemple : les rapports entre l’artillerie et l’infanterie devaient se limiter à l’intervention de l'une seulement pour supporter minimalement l’avance rapide de l'autre.

La personnalité de Joffre influa sur la conception du Plan XVII, puisque le général faisait à peu près ce qu’il voulait, tout en assurant le gouvernement de lui faire confiance, compte tenu de sa longue expérience militaire. Contrairement à Michel, Joffre était d’avis que la concentration de troupes n’assurait pas nécessairement que l’on puisse les manœuvrer à sa guise le moment venu. Stationnés près des frontières de l’Alsace et de la Lorraine, les gros des troupes françaises devaient presque improviser, dans le cadre global d’une offensive vers les provinces perdues. Ce Plan XVII était plus flexible que le XVI parce que Joffre tenait compte du fait qu’on ne pouvait guère fixer des armées sur des points précis longtemps à l’avance. Par ailleurs, Joffre considérait la présence de la Russie dans son plan. La structure de celui-ci et la vigueur de l’offensive en Alsace-Lorraine allaient de pair avec ce que devraient faire les Russes de leur côté. Le généralissime français avait étudié la question de la capacité de l’Allemagne à lutter sur deux fronts simultanément. Selon lui, elle ne disposait pas de ressources suffisantes pour tenir longtemps des deux côtés. Encore faut-il que la Russie et la France puissent coordonner leurs actions. Or, et en dépit de cette inconnue de taille, l’application du Plan XVII était dépendante de l’offensive russe dont les lignes étaient très vagues, ce qui affectait du coup la précision du Plan français...

Conclusion

"Ça a finit comme ça", nous permettrons-nous d’ajouter en guise de conclusion. À la fin de 1914, et même au delà, l’armée française encaissa de dures épreuves qui la saignèrent littéralement et faillirent provoquer à nouveau sa défaite. Les efforts des stratèges pour édifier une doctrine militaire cohérente et efficace avaient certes eu des effets bénéfiques, mais pas autant que l’on aurait désiré. Après la défaite de 1870-1871, le théoriciens militaires avaient répondu à un supposé manque d’agressivité de l’armée par des mesures extrêmes d’attaque "à outrance". Ces notions, qui nous paraissent aujourd’hui complètement démesurées (notamment face au feu des armes nouvelles), furent constamment perfectionnées au fil du temps. L’épisode du général Michel, en 1907-1911, ne fut qu'un intermède dans cette évolution.

Au point de vue matériel, l’armée française, comme la plupart des armées du monde, s’était engagée sur la voie de la modernité : nouveaux canons, nouveaux fusils, nouvelles mitrailleuses, etc. Pourtant, cette armée en voie de modernisation sensible, paraît aujourd'hui avoir été commandée par des esprits encore prisonniers de la mentalité du XIXe siècle. Grands déploiements, grandes manœuvres, la doctrine militaire française avait-elle vraiment évolué sur ce plan ? Elle n’était, à notre sens, guère différente de la pensée des autres pays en 1914, sauf que son adaptation à la réalité d’une guerre moderne de tranchées fut plus lente. Les Allemands comprirent plus rapidement l’avantage de rester sur une position défensive lorsque l’on se bat dans des tranchées, mais notre but n’est pas ici de faire le procès de qui que ce soit. En fait, le présent article cache essentiellement notre surprise de voir, qu’avec tant d’innovations techniques dans l’armement, la France n’a pas su mettre en place des concepts stratégiques à la hauteur de ce qu’elle avait perfectionné matériellement.


Par Carl Pépin

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Personne à contacter Re: Doctrine militaire française

Message par Syfou Lun 1 Nov - 2:59

L’influence de la doctrine militaire française sur l’évolution de l’armée roumaine (1878-1940)

Résumé
Cette étude analyse l’évolution de la doctrine militaire française et son influence sur les forces armées roumaines entre 1878 et 1940, période qui fut marquée par des événements marquants dans l’histoire commune des deux pays : indépendance de l’État de Roumanie gagnée en 1878 et rupture des relations franco-roumaines en 1940. À la fin du XIXe siècle et au début du XXe, la France a considérablement accru son influence en Roumanie, y compris dans le domaine militaire. En 1883, la Roumanie rejoint la Triple Alliance, composée de l’Allemagne, l’Autriche-Hongrie et l’Italie. Néanmoins, les autorités roumaines continuent à envoyer des étudiants et des officiers en France pour leur instruction. Après le début de la Première Guerre mondiale, les relations militaires franco-roumaines s’améliorent de façon non négligeable. Après l’entrée de la Roumanie en guerre, la coopération militaire entre la Roumanie et la France et, par conséquent, l’influence de la doctrine militaire française, sont à leur apogée. En octobre 1916, la mission militaire, menée par le général Berthelot, arrive en Roumanie. Pendant un an et demi, elle fournit un appui remarquable aux forces armées roumaines (instruction, directives pour la réorganisation des grandes unités, organisation d’opérations). Pendant l’entre-deux-guerres, les autorités roumaines adoptent officiellement la doctrine militaire française, fondement même de l’organisation et de l’instruction des forces armées roumaines. Cependant, la terrible défaite militaire de la France en mai-juin 1940 est suivie par le démantèlement des frontières roumaines en juin-septembre 1940.


Une idée fréquemment admise dans la culture roumaine est celle que la destinée européenne de la Roumaine s’est formée sous l’influence des cultures française et allemande. De la France, les Roumains ont pris l’esprit libéral, l’organisation institutionnelle (administration, presse, système d’enseignement, système juridique, etc.), l’art, la mode, etc. Alors que l’Allemagne leur a donné la monarchie, le conservatisme, les infrastructures économiques, etc. Cependant, les influences de ces deux cultures se sont matérialisées différemment dans l’espace roumain. L’influence allemande a eu un impact modéré sur la population, apparaissant seulement au niveau de certains groupes politiques, industriels, financiers ou commerciaux. Parallèlement, l’influence française est apparue, presque à toutes les époques, de façon saisissante. Elle a, de fait, touché toutes les couches de la population roumaine.

Ce paradigme, de la double influence française et allemande, existait aussi sur le plan militaire. Au cours des années 1821-1830, au moment de l’émancipation nationale et de la modernisation de la société roumaine, l’institution militaire roumaine s’ouvrait aux influences étrangères .

Les forces militaires roumaines, constituées en 1830, se sont développées et ont évolué sous une forte influence russe jusqu’à la révolution de 1848. Les deux principautés, la Moldavie et la Valachie, jouissaient de la protection de la Russie (souverain de fait) et de la suzeraineté de l’Empire ottoman (souverain de droit). Puis, l’échec de la révolution a été suivi par une courte période de sept ans (1849-1856) marquée par l’influence autrichienne. Avec la fin de la guerre de Crimée (1853-1856) et la consécration du traité de paix de Paris (1856), instituant la garantie commune des sept grandes puissances européennes, la France s’est adjugé le rôle prépondérant maintenu pendant toute la durée du règne d’Alexandre Jean Cuza (1859-1866).

Le début du règne du prince Charles Ier (1866), la guerre franco-allemande (1870-1871), la proclamation et la reconnaissance de l’indépendance (1877-1878) ont déterminé le changement du statut international de l’État roumain et l’orientation de sa politique extérieure. En 1883, la Roumanie a intégré la Triple Alliance, constituée de l’Allemagne, de l’Autriche-Hongrie et de l’Italie. Elle a adhéré à cette coalition jusqu’en 1914, ce qui a permis à Charles Ier, prince régnant (1866-1881) puis roi (1881-1914), d’initier un ambitieux programme de réformes. Même si ce processus de réforme a été marqué par des contradictions, qui ont parfois pris des formes violentes (la jacquerie de 1907 en est l’exemple le plus illustratif), les progrès enregistrés par la société ont été évidents.

Dans le domaine militaire, les trente ans qui se sont écoulés entre la guerre d’indépendance et la Première Guerre mondiale ont été marqués par la prépondérance de la doctrine prussienne. Le modèle prussien a, du reste, été totalement adopté à la fin des années 1870, comme le prouve le texte de loi « d’organisation du pouvoir armé » (1868). L’adoption de ce modèle au détriment du modèle français a eu, au fond, des raisons d’ordre pratique et non politique. Le système prussien était constitué d’un noyau de forces permanentes et d’éléments territoriaux, qui correspondait mieux aux réalités roumaines de l’époque : la Roumanie étant un petit État aux ressources matérielles et financières modestes. Par ailleurs, ce système était conforme aux traditions roumaines dont certaines remontaient au Moyen Âge. Dans ce contexte, peut-on parler d’une influence militaire française en Roumanie ?

La recherche historique a mis en évidence une réalité nuancée. Les relations franco-roumaines se sont peu développées au cours de cette période, la Roumanie sortant en grande partie de la sphère d’intérêt de la diplomatie française. Toutefois, la sympathie de l’opinion publique roumaine envers la France a été une réalité que les diplomates français accrédités en Roumanie ont constatée avec surprise dans les années 1912-1913. L’attaché militaire Ambroise Desprès soulignait en 1912 : « Elle (la Roumanie) est restée profondément française en ce qui concerne le goût et la culture, et les efforts de la rendre allemande semblent avoir échoué face à une mentalité très latine. » Les relations militaires ont connu une évolution identique. Néanmoins, beaucoup d’élèves et d’officiers roumains ont continué à fréquenter les écoles militaires françaises : Saint-Cyr, Fontainebleau, Saumur ainsi que l’École navale de Brest.

Au début du XXe siècle, les autorités militaires roumaines ont accéléré l’envoi d’officiers, particulièrement jeunes, pour des études ou des stages dans les armées allemande et austro-hongrois. Mais à la veille de la Première Guerre mondiale, il apparaissait que l’armée roumaine souffrait d’un manque d’unité doctrinal : les officiers supérieurs avaient été, dans une large mesure, formés par l’école française alors que les officiers de grades subalternes avaient adopté des méthodes et des conceptions allemandes et austro-hongroises . En conséquence, en 1908, le ministère de la Guerre roumain décidait de ne pas renouveler la convention avec l’Allemagne, qui assurait alors le cadre légal de la formation des officiers roumains. Dans les années 1910, les diplomates français en poste à Bucarest (l’ambassadeur Camille Jean Blondel et l’attaché militaire Ambroise Desprès) soulignait la nécessité d’intensifier l’influence française en Roumanie. Il en était de même pour certaines personnalités roumaines. C’est dans ce contexte qu’une « Alliance française » fut ouverte, en 1912, à Bucarest.

Au plan commercial, un accord fut signé le 21 février 1912 entre le gouvernement roumain et les usines Creusot pour la livraison de batteries d’artillerie (obusiers et canons de montagne) pour un montant de plus de 2 millions de francs. Cet accord était le fruit des efforts de Nicolae Filipescu, ministre de la Guerre, dont les sentiments francophiles étaient connus de l’attaché militaire Ambroise Desprès. Bien que les motifs de cette décision étaient d’ordre strictement pratique (le matériel français étant supérieur au matériel allemand), elle généra de sérieuses complications politiques. Dans les semaines qui suivirent, l’ambassadeur d’Allemagne à Bucarest, demanda des explications au roi Charles Ier. Ce dernier fut contraint de solliciter l’inspecteur général de l’artillerie pour qu’il élaborât un mémoire justificatif. Les arguments des spécialistes s’étant révélés solides, le roi Charles Ier maintint l’ordre d’achat mais cela n’empêcha pas la mutation du général Georgescu, inspecteur général de l’artillerie et président de la commission de spécialistes, à la tête du 5e corps d’armée à Constanţa 5. Pour l’attaché militaire Desprès, cet accord commercial, bien que modeste sur le plan financier, avait une signification politique particulière, car il était la première brèche dans le monopole du trust allemand Krupp dans l’équipement de l’armée roumaine.

Par ailleurs, les rapports de la Roumanie avec ses partenaires de la Triple Alliance, et notamment avec l’Autriche-Hongrie se durcirent à l’approche de la Première Guerre mondiale. La politique pratiquée par les gouvernements de Vienne et de Budapest (notamment) à l’encontre de la population roumaine, majoritaire dans la Transylvanie, le Banat et la Bucovine fut le facteur principal de cette involution des relations d’alliance. En outre, dans le même temps, la Roumanie commença à considérer la France comme une alliée éventuelle. Le 4 janvier 1913, à l’occasion d’une rencontre avec le président du Conseil français, Raymond Poincaré, le chef du parti conservateur roumain, Take Ionescu, laissait entendre que l’armée roumaine se trouverait, en cas de guerre, aux côtés de la France, si celle-ci soutenait les intérêts nationaux de la Roumanie.

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Message par Syfou Lun 1 Nov - 3:04

Le 3 août 1914, la Roumanie affirmait solennellement sa neutralité dans la guerre, ce qui confirmait sa volonté d’éloignement de la Triple Alliance 6. Et après la mort du roi Charles Ier à la fin du mois de septembre 1914, le nouveau monarque Ferdinand orientait le pays vers l’Entente. Disposée à satisfaire les doléances nationales des Roumains, la France était alors la plus concernée. Pendant les deux années que dura la neutralité (1914-1916), la coopération militaire se déroula parallèlement à la coopération politique. Le gouvernement roumain constitua une commission militaire auprès du haut commandement français, dirigée par le général Vasile Rudeanu, dont la mission principale consistait à acquérir l’armement, le matériel, les munitions et l’équipement nécessaires à l’armée roumaine. Cette commission, et tout particulièrement le général Vasile Rudeanu, joua un rôle important dans les négociations de planification stratégique en vue de l’entrée de la Roumanie dans la guerre .

Le 17 août 1916, le traité politique et la convention militaire entre la Roumanie et l’Entente étaient conclus. La France, la Grande-Bretagne, l’Italie et la Russie garantissaient l’intégrité territoriale de l’État roumain et son droit de réunir les territoires de la monarchie austro-hongroise où les Roumains étaient majoritaires. Le gouvernement roumain, pour sa part, s’obligeait à déclarer la guerre à l’Autriche-Hongrie au plus tard le 28 août 1916. Les deux parties s’engageaient à ne pas conclure de paix séparée : les grandes puissances signataires ayant accepté d’assurer à la Roumanie un traitement égal à la future conférence de paix. La convention militaire, signée par le Premier ministre Ion I.C. Brătianu et les attachés militaires des quatre grandes puissances accrédités à Bucarest, établissait le cadre de la coopération militaire entre la Roumanie et l’Entente.

L’engagement de la Roumanie dans la guerre faisait de la France sa principale alliée. Dans ce contexte, l’influence de la doctrine française sur l’armée roumaine devenait prédominante : la mission militaire française conduite par le général Henri Mathias Berthelot en fut la plus belle illustration . Son activité portait sur trois points : l’organisation et le déploiement des grandes unités roumaines dans les campagnes des années 1916 et 1917, l’activité de réorganisation de l’hiver 1917 et les rapports de commandement russo-roumains. Dès leur arrivée et selon l’ordre de jour n° 11 du 7/20 octobre 1916, signé par le roi Ferdinand, les officiers français entraient au Grand Quartier général et au Grand État-Major roumain comme conseillers ou devenaient instructeurs aux armées où ils devaient « diffuser dans les régiments d’infanterie et d’artillerie les techniques de la lutte moderne » . Quant au général Berthelot, le Premier ministre Ion I. C. Brătianu lui avait proposé de prendre le commandement du Grand État-Major roumain, mais il avait décliné l’offre, préférant conserver son statut de conseiller .

Le début de l’activité de la mission militaire française en Roumanie coïncidait avec une aggravation de la situation militaire sur le front roumain. Les troupes des Empires centraux avaient réussi à percer la barrière des Carpates méridionales d’abord au Jiu et puis dans la vallée de l’Olt. Simultanément, un groupement de forces allemandes et bulgares conduit par le général August von Mackensen avait passé le Danube à Zimnicea. Trois groupements ennemis avançaient ainsi vers l’est, la cible principale étant la capitale du pays. Face à cette situation, le général Berthelot se prononça en faveur d’une bataille d’ampleur dans la plaine roumaine afin de défendre Bucarest et, éventuellement, d’inverser le sort de la guerre. Dans un mémoire présenté au roi Ferdinand le 9/23 novembre 1916, le général Berthelot, estimait qu’il était préférable d’engager une opération d’envergure au lieu d’abandonner délibérément la « riche » Munténie. De plus, l’abandon de la capitale sans lutte aurait risqué de démoraliser l’armée et la population. L’intervention de Berthelot fut décisive dans l’organisation de la bataille de la plaine roumaine.

L’opération sur le Neajlov-Argeş, qui a marqué l’historiographie de la défense de Bucarest, s’est déroulée entre la fin novembre et le début décembre 1916. Elle est considérée comme une réplique de la bataille de la Marne (septembre 1914), à laquelle avait pris part le général Berthelot. Cependant, malgré une manœuvre ingénieuse, les conditions stratégiques défavorables dans lesquelles a été engagée la bataille, le refus d’intervention russe et certaines erreurs du commandement roumain, ont provoqué son échec. L’armée roumaine s’est retirée sur des alignements successifs et le front s’est stabilisé à la fin de l’année 1916 sur une ligne des Carpates orientales Siret inférieur – Danube, c’est-à-dire là où le général Alexeev avait prononcé son discours à l’occasion de sa première rencontre avec le général Berthelot .

La réorganisation de l’armée roumaine, qui eut lieu au début de l’année 1917, constitua une étape essentielle dans l’activité de la mission. Mission qui, conformément à ce qu’écrivit Constantin Kiriţescu, « a inscrit pour l’éternité la France dans le livre de la reconnaissance de notre peuple » . En février 1917, un grand nombre d’officiers et de techniciens de toutes les armes et de toutes les spécialités vinrent compléter son effectif : aviation, marine, service de santé, qui atteignit près de 1600 hommes, dont 430 officiers . Ces derniers furent repartis dans tous les commandements – Grand Quartier général, armées, corps d’armée, divisions, etc. De même, tous les régiments d’infanterie et d’artillerie et toutes les écoles possédèrent leurs professeurs ou instructeurs français . Le général Berthelot, avec son état-major, collabora directement avec le Grand Quartier général dans l’organisation de l’instruction et du ravitaillement de l’armée roumaine, dans l’élaboration des programmes de formation des cadres et des plans d’opérations . L’instruction fut complexe, joignant l’aspect théorique à l’aspect pratique (connaissance et maniement de l’armement dotant les grandes unités). En dépit des difficultés de toutes sortes (typhus exanthématique, problèmes rencontrés avec les Russes), la formation se déroula dans de bonnes conditions, comme le prouvaient les centaines de rapports envoyés par les officiers français à l’état-major de la mission et à son chef et où ils soulignaient les progrès remarquables des unités roumaines.

Le soutien accordé au processus de réorganisation répondait aussi aux intérêts français visant le renforcement du front oriental. Dans un rapport du général Berthelot daté du 8/21 juin 1917, on pouvait d’ailleurs lire que « tout l’effort entrepris en faveur de l’armée roumaine (...) est le meilleur support que l’on peut donner à tout le front oriental » .

Une fois finalisé le processus de réorganisation de l’armée, le général Berthelot sollicita le général Constantin Prezan, chef du Grand Quartier général Roumain, afin d’obtenir l’extension des compétences des officiers français attachés aux corps de troupe et affectés à la préparation des plans d’opérations. Le gouvernement roumain accepta. C’est ainsi que le chef de la mission et d’autres officiers de son état-major contribuèrent à l’élaboration du plan de campagne du commandement roumano-russe pour l’été 1917. Après plusieurs discussions, la décision d’engager la Ire armée roumaine en direction de Nămoloasa-Râmnicu Sărat, en même temps qu’une offensive secondaire de la IIe armée dans le secteur de Mărăşti, fut prise.
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Message par Syfou Lun 1 Nov - 3:10

Au cours de l’été 1917, toute la mission française se préoccupa de l’évolution des opérations de Mărăşeşti, Mărăşti et Oituz, le général Berthelot intervenant régulièrement pour combler certaines déficiences roumaines. Dans une lettre adressée, le 18 août 1917, au général Constantin Prezan, il précisait que la tendance à mettre toutes les troupes en ligne qu’au niveau des armées, en négligeant la constitution de certaines réserves fortes, persistait. De même, la désorganisation tactique des grandes unités perdurait, procédé qui avait provoqué les échecs de la campagne de 1916. En outre, Berthelot s’élevait contre l’utilisation des régiments de marche dans la lutte, en raison des pertes inutiles que cela générait : « envoyer les braves soldats à la mort, sans aucun bénéfice pour l’évolution des opérations » .

Le coup d’État bolchevique de Petrograd, ayant changé brusquement la situation sur tout le front oriental, donna une nouvelle dimension aux relations bilatérales. Afin de ne pas aggraver la situation de la France, le général Berthelot demanda expressément au gouvernement roumain de ne pas conclure l’armistice avec les Empires centraux . Selon l’opinion des alliés occidentaux, la signature de l’armistice par la Roumanie aurait permis au haut commandement allemand de retirer ses forces du front roumain et de les déplacer en France afin d’y obtenir la décision finale. Dans ce contexte, la mission militaire française élabora un plan de résistance visant à engager les troupes roumaines en Moldavie, dans un espace restreint, jusqu’à épuisement, avant de se retirer en Ukraine. Parallèlement, les occidentaux nourrissaient l’espoir de voir se former un État ukrainien qui se rallierait à l’Entente, espoir rapidement déçu . Ce plan, connu aussi sous le nom de « triangle de la mort », approuvé initialement par certains membres du gouvernement roumain, parmi lesquels Take Ionescu, Mihail Cantacuzino, Dimitrie Greceanu, se heurta à l’opposition énergique du Premier ministre roumain , qui affirmait : « La conscience ne me permet pas de donner à l’armée l’ordre de se battre et nous, le roi et le gouvernement, de nous enfuir. » Refusant la solution de la résistance totale, équivalant pratiquement à un suicide, la Roumanie conclut l’armistice de Focşani le 26 novembre/9 décembre 1917.

Le travail de la mission militaire française auprès de l’armée roumaine eut des répercussions sur les rapports franco-russes et, par là même, sur les rapports roumano-russes. L’arrivée des officiers français en Roumanie indisposa la Stavka (Grand Quartier général russe), comme put le percevoir le général Berthelot dès son accueil par le général Alexeev, à Moghilev 26. En conséquence, la Russie envoya le général Mikhaï Alexandrevitchi Beleav, un personnage de haut rang, ancien chef de l’état-major impérial, à Bucarest afin de diminuer l’influence française. Toutefois, le gouvernement de Petrograd ne se limita pas à de telles mesures et obtint de Paris que le général Berthelot fût rappelé. L’instabilité politique en Russie et le déclenchement des grandes opérations pour l’été 1917 sur le front roumain annulèrent finalement cette décision.

L’activité de la mission militaire française auprès de l’armée russe en fonction des besoins de l’armée roumaine se développa dans trois directions : interventions auprès du commandement russe pour la consolidation de la coopération sur le champ de bataille ; transit de matériel en provenance d’Angleterre et de France vers la Roumanie via la Russie ; établissement d’une zone de « réorganisation » de l’armée roumaine au début l’année 1917.

À l’automne 1916, la Stavka considéra que le front roumain présentait de grands désavantages et que la seule ligne défendable était celle du Siret inférieur, généralement appelé « La Porte de Focşani ». D’où l’inactivité non feinte des troupes russes dans la campagne de 1916, inquiétant et mécontentant les officiers français qui avaient sollicité plusieurs fois leur intervention. La bataille de Bucarest illustre bien le refus d’intervenir du commandement russe, bien qu’il eût la possibilité d’utiliser ses grandes unités dans la bataille . La situation se répéta, sur un autre plan, à l’été 1917, lorsque les troupes russes refusèrent de combattre en raison de l’état de désagrégation du pouvoir impérial . Et afin d’obtenir le concours russe, le général Berthelot s’était déplacé en personne en Russie, abordant les questions relatives à l’équipement de l’armée roumaine au plus haut niveau . Des officiers français basés à Iaţi avaient dû être envoyés en Russie pour tenter de localiser les trains de matériel immobilisés et de les diriger vers la Roumanie.

Après la fin de la campagne de 1916 et la retraite de l’armée, du gouvernement, du parlement et du roi à Iaţi, les autorités russes firent pression en vue de la réorganisation des forces militaires roumaines en Russie. Craignant les conséquences d’une telle réorganisation, le gouvernement roumain s’opposa à cette proposition. Grâce au travail du général Berthelot, qui s’était éloigné de la position du gouvernement français – favorable à cette réorganisation –, l’affaire put être réglée de manière positive et conformément aux intérêts de la Roumanie. Le 9 janvier 1917, Berthelot écrivait dans son journal : « Le Roi, le gouvernement, l’armée, doivent rester sur le sol roumain et ne peuvent pas aller s’installer en Russie. Il est certain qu’ils y seraient prisonniers de la politique russe et cette politique ne m’inspire aucune confiance. » Cette position aurait dû être appréciée, d’autant plus que le général Constantin Prezan, chef du Grand Quartier général avait été favorable au repli de l’armée roumaine en Russie, au moins dans un premier temps. Bien sûr, les positions du général Berthelot n’étaient pas au goût des autorités russes. Le 22 janvier 1917, au cours d’un entretien avec le général français, le général Gurko, qui avait remplacé le général Alexeev, lui confia qu’il était « plus roumain que les Roumains » . Formule qui restera dans l’historiographie.

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Message par Syfou Lun 1 Nov - 3:21

La mission française quitta la Roumanie début mars 1918 : au moment où les préliminaires de la paix de Buftea furent signés. L’activité des militaires français s’était circonscrite généralement à la mission d’organisation qui leur avait été attribuée sans qu’il fût question de subordonner l’armée roumaine à l’armée française. La présence de la mission militaire française sur le territoire roumain illustrait l’intégration de la Roumanie à l’Entente.

Les militaires français avaient lutté aux côtés des soldats et des officiers roumains : les pertes françaises avaient véritablement cimenté la coopération. Le 26 mars 1917 à Iaţi, aux funérailles de cinq membres de la mission, le Premier ministre roumain, Ion I. C. Brătianu déclarait: « La victoire que nous allons arracher ensemble va consacrer pour le futur les rapports qui nous unissent à la France par tant de grands et chers souvenirs, mais les souffrances et les épreuves au long desquelles cette victoire sera gagnée donnent à ces rapports toute leur valeur et créent entre nous et le peuple français une solidarité fraternelle que les générations futures se laisseront en héritage. » Après la Première Guerre mondiale et durant toute la période de l’entre-deux-guerres, la France fut le principal allié de la Roumanie, même si les deux pays n’étaient pas arrivés à la conclusion d’une convention militaire .

La coopération exceptionnelle entre l’armée roumaine et l’armée française dans les années 1916-1918 amena le ministère de la Guerre roumain et le Grand État-Major à adopter officiellement la doctrine française (17 mai 1924). Sur cette base, tous les textes d’instruction furent modifiés selon les textes règlementaires français. Le « règlement de combat des grandes unités » constitua la base de l’instruction des forces militaires roumaines jusqu’au déclenchement de la Deuxième Guerre mondiale.

Néanmoins, l’adoption de la doctrine militaire française généra des réactions contradictoires dans le corps des officiers. Le général Florea Ţenescu, chef du Grand État-Major de l’armée dans les années 1939-1940, estimait que dans une future guerre « la doctrine française serait la plus répandue ». D’autres théoriciens militaires, dont Ion Cernăianu, se prononcèrent pour l’adoption de la doctrine française, en raison de sa supériorité à la doctrine allemande lors de la Première Guerre mondiale. Mais nombreux furent ceux qui, dans les années 1930, optèrent pour la création d’une doctrine militaire nationale. Selon l’un d’eux, la doctrine française « était dominée par la guerre d’usure que nous n’avions pas pratiquée et qui n’était pas conforme à notre esprit » . Parmi ceux qui militèrent avec persévérance pour une doctrine militaire nationale, on peut mentionner les généraux Constantin N. Hârjeu, Ion Jitianu, Ioan Sichitiu, Alexandru Ioaniţiu, le colonel Constantin Sandovici, le lieutenant-colonel Mircea Tomescu. Le colonel Constantin Sandovici, par exemple, soulignait que : « Nous ne pourrons bientôt plus mettre le poivre de la doctrine française dans tous nos plats » . Il exigeait que l’instruction de l’armée roumaine et ses plans d’opérations fussent adaptés aux réalités roumaines et aux progrès techniques et tactiques apparus sur le plan international.

Malgré ces discussions et les efforts de quelques théoriciens militaires, il ne fut pas possible de créer une doctrine militaire proprement roumaine. L’instruction de la troupe et la formation des corps de commandement étaient basées sur les prescriptions de la doctrine française. Celle-ci s’était propagée dans l’armée roumaine grâce à la formation des officiers roumains au sein des écoles militaires françaises. En comparaison avec la période précédant la Première Guerre mondiale, c’était un changement important puisque le perfectionnement de la formation des officiers roumains avait cessé de se faire en Allemagne. Entre 1919 et 1939, 57 officiers suivirent les cours d’état-major à l’École supérieure de guerre de Paris . Un plus petit nombre étudia en Italie. Le contact avec les idées de ces pays et particulièrement de la France, leur avait été bénéfique. Beaucoup élaborèrent ensuite des études précieuses ou traduisirent des livres. Mais cette orientation fut un handicap pour la pensée militaire roumaine, qui eut certaines difficultés à poursuivre le développement des débats théoriques sur le plan international .

Pendant l’entre-deux-guerres, la France fut l’un des principaux fournisseurs de la Roumaine en armement et matériel de guerre. Les commandes portèrent sur l’achat de 160 canons longs (calibre 105 mm), 160 canons antichars (calibre 47 mm), avec les munitions afférentes (Schneider), 200 chars modèle 1935 de la firme Renault, du matériel d’aviation, des moyens de transport etc, 39. Au cours de la même période, la Roumanie réussit néanmoins à créer sa propre industrie de défense, capable de produire une partie de l’armement, des munitions et du matériel de guerre.

En conclusion, l’influence de la doctrine militaire française en Roumanie pour la période 1878-1940 ne fut pas continue. Dans les décennies qui suivirent la fin de la guerre d’indépendance roumaine, la France perdit beaucoup de son influence. Puis, entre 1910 et 1914, les rapports militaires entre les deux pays évoluèrent pour aboutir – notamment – à l’entrée en guerre de la Roumanie aux côtés de l’Entente. La coopération connut alors son niveau le plus élevé avec la présence de la mission militaire française, conduite par le général Henri Mathias Berthelot, sur le sol roumain. Durant l’entre-deux-guerres, l’influence de la doctrine militaire française prédomina en dépit de la sclérose du débat doctrinal français. Certains cadres militaires roumains tentèrent d’édifier une doctrine militaire sans, cependant, obtenir de résultats.

Historiquement, la France a toujours été pour la Roumanie un repère important du point de vue militaire. Sa contribution à la modernisation de l’armée roumaine, à l’accroissement du niveau de formation du corps des officiers, à l’équipement en matériel de guerre, a été essentielle.

Référence électronique
Petre Otu, « L’influence de la doctrine militaire française sur l’évolution de l’armée roumaine (1878-1940) » Revue historique des armées, 244 | 2006, [En ligne], mis en ligne le 24 novembre 2008. URL : http://rha.revues.org//index5862.html. Consulté le 01 novembre 2010.

Auteur
Petre Otu
Docteur en histoire, il est directeur adjoint de l’Institut d’études politiques de défenses et d’histoire militaire et président de la Commission roumaine d’histoire militaire. Petre Otu est l’auteur de communications scientifiques et d’articles, de manuels militaires et universitaires.

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Message par Syfou Lun 1 Nov - 3:26

Le monde arabe et la nouvelle doctrine militaire française

Le monde arabe représente l'arc de cercle que la France, par sa nouvelle doctrine militaire, a choisi de mettre dans sa ligne de mire.

n démocratie, la doctrine stratégique d'une armée s'est, toujours, conformée à l'idéologie politique qui la gouverne. Une sorte d'intendance vouée à suivre, inexorablement, le commandement. Et depuis que la France a basculé, après l'intronisation de ses gouvernants actuels, dans le camp atlantique, sa vieille, mais néanmoins brillante, doctrine militaire s'est trouvée, soudainement, obsolète.

Commence alors un branle-bas de combat général dans les instituts de recherche stratégique français pour concocter en urgence une doctrine d'échange. Une sur mesure qui prendra en considération les trois constantes idéologiques du commandant en chef : atlantisme, néo-conservatisme et sionisme. Les adeptes de la nuance apprécieront le nombre( trois) ainsi que l'ordre de présentation de de ces concepts, les autres, majoritaires, y trouveront de la redondance.


Quoi qu'il en soit la nouvelle doctrine fut, vite, trouvée. Et, à l'instar de son concepteur, le général Georgelin, elle est simple, voire simpliste, mais claire et limpide. En effet, l'ancien chef d'état-major des armées françaises dévoila dans un document non classifié, intitulé le concept de déploiement des forces, son principe de base qu'il appellera : le fondement du corpus conceptuel et doctrinal des interarmées. Il y justifie notamment la nouvelle approche française par l'obligation de prendre en considération les "trois inflexions majeures". Inflexions qu'on peut, après lecture attentive, résumer par : la mondialisation, la menace terroriste et l'Otan. Ce qui donne, en une phrase, rejoindre l'Otan pour lutter à l'échelle mondiale contre le terrorisme islamique. Le choc des civilisations y est, vous l'avez compris, à peine voilé.

Dans ce livre testament, le général, 5 étoiles, réputé pourtant proche de Chirac, prend à son compte tous les idéaux stratégiques néo-conservateurs.
C'est à peine que le grand moyen-orient, cher à Buch, n'y est pas prononcé.
Lisez-le dans le texte dévoilant la future zone de préoccupation de la dissuasion française : "l'évolution du contexte géostratégique dessinant un arc de cercle allant de l'océan Atlantique à l'océan Indien", autrement dit de la Mauritanie à l'Indonésie. Le supposé ennemi est désormais désigné.

Alors, en quoi cette nouvelle donne intéressera-elle le reste du monde? En tout, je serai tenté de dire. Tout d'abord, en région sub-saharienne, elle mettra fin à toute présence soutenue de l'armée française au delà de la zone d'opération indiquée. C'est-à-dire, en résultat immédiat, la fermeture des bases françaises au Sénégal au profit d'un nouveau type de présence plus léger et plus proche de la façade atlantico-méditerranéenne.
Le monde arabe, ensuite, par son simple emplacement géographique, a un rôle primordial à jouer dans la nouvelle doctrine stratégique française. Il représente, en effet, l'arc de cercle que la France a choisi de mettre dans sa ligne de mire. Un choix sans raison valable, car, en plus qu'il est la région la pus désarmée du monde, il correspond aux peuples historiquement amis de la France et ce depuis Charlemagne jusqu'à Chirac. Atlantisme, quand tu nous tiens!

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Message par Syfou Mar 23 Nov - 0:27

Au sommet de l'OTAN, Sarkozy désigne l'Iran comme principale menace de l'Alliance

'La menace, c'est L'Iran', a déclaré, samedi 20 novembre, à Lisbonne, le président Nicolas Sarkozy. A l'issue du sommet que l'OTAN tenait dans la capitale portugaise, le président français a clairement désigné Téhéran comme le pays qui menace le plus les pays de l'Alliance et a justifié de ce fait le projet de bouclier antimissile de l'Alliance, approuvé la veille. Le texte adopté vendredi ne mentionnait aucune menace précise, pour satisfaire notamment la Turquie, qui refusait toute allusion à l'Iran ou au Moyen-Orient.

'Si, un jour, un tir de missile survenait, il serait souhaitable qu'on puisse l'intercepter', a indiqué le président. Selon lui, le projet de l'OTAN correspond à ce que souhaitait Paris : il ne sera pas unilatéral, pas coûteux, pas hostile à la Russie, au contraire.

'TRAVAILLER AVEC LA RUSSIE'

Samedi après-midi, un Conseil OTAN-Russie devait évoquer la participation éventuelle de Moscou à ce projet, à l'égard duquel elle formule toujours une série de critiques et d'exigences. Les pronostics étaient que le président Dmitri Medvedev pourrait accepter le lancement d'une étude conjointe sur le dossier. Pour M. Sarkozy, il importe de 'travailler avec la Russie, dans le cadre d'une nouvelle relation apaisée et confiante'.

Le président a répété par ailleurs que l'approbation par Paris du projet de bouclier ne changerait rien au maintien de la dissuasion nucléaire française, ni à ses propres projets militaires. Elle compte d'ailleurs disposer d'ici à 2020 d'un satellite national d'alerte précoce qui pourra être 'articulé' avec le système antimissile de l'OTAN.

Quant au coût estimé du projet, compris dans une fourchette large de 80 à 150 millions d'euros, il n'assèchera pas les budgets européens de la défense, assure le président. Et la France maintiendra ses budgets militaires : '377 milliards sur 10 ans'.

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Message par Daûphin_zz_47 Mar 7 Déc - 20:35

Le monde arabe et la nouvelle doctrine militaire française

Le monde arabe représente l'arc de cercle que la France, par sa nouvelle doctrine militaire, a choisi de mettre dans sa ligne de mire.

n démocratie, la doctrine stratégique d'une armée s'est, toujours, conformée à l'idéologie politique qui la gouverne. Une sorte d'intendance vouée à suivre, inexorablement, le commandement. Et depuis que la France a basculé, après l'intronisation de ses gouvernants actuels, dans le camp atlantique, sa vieille, mais néanmoins brillante, doctrine militaire s'est trouvée, soudainement, obsolète.

Commence alors un branle-bas de combat général dans les instituts de recherche stratégique français pour concocter en urgence une doctrine d'échange. Une sur mesure qui prendra en considération les trois constantes idéologiques du commandant en chef : atlantisme, néo-conservatisme et sionisme. Les adeptes de la nuance apprécieront le nombre( trois) ainsi que l'ordre de présentation de de ces concepts, les autres, majoritaires, y trouveront de la redondance.

Quoi qu'il en soit la nouvelle doctrine fut, vite, trouvée. Et, à l'instar de son concepteur, le général Georgelin, elle est simple, voire simpliste, mais claire et limpide. En effet, l'ancien chef d'état-major des armées françaises dévoila dans un document non classifié, intitulé le concept de déploiement des forces, son principe de base qu'il appellera : le fondement du corpus conceptuel et doctrinal des interarmées. Il y justifie notamment la nouvelle approche française par l'obligation de prendre en considération les "trois inflexions majeures". Inflexions qu'on peut, après lecture attentive, résumer par : la mondialisation, la menace terroriste et l'Otan. Ce qui donne, en une phrase, rejoindre l'Otan pour lutter à l'échelle mondiale contre le terrorisme islamique. Le choc des civilisations y est, vous l'avez compris, à peine voilé.

Dans ce livre testament, le général, 5 étoiles, réputé pourtant proche de Chirac, prend à son compte tous les idéaux stratégiques néo-conservateurs.
C'est à peine que le grand moyen-orient, cher à Buch, n'y est pas prononcé.
Lisez-le dans le texte dévoilant la future zone de préoccupation de la dissuasion française : "l'évolution du contexte géostratégique dessinant un arc de cercle allant de l'océan Atlantique à l'océan Indien", autrement dit de la Mauritanie à l'Indonésie. Le supposé ennemi est désormais désigné.

Alors, en quoi cette nouvelle donne intéressera-elle le reste du monde? En tout, je serai tenté de dire. Tout d'abord, en région sub-saharienne, elle mettra fin à toute présence soutenue de l'armée française au delà de la zone d'opération indiquée. C'est-à-dire, en résultat immédiat, la fermeture des bases françaises au Sénégal au profit d'un nouveau type de présence plus léger et plus proche de la façade atlantico-méditerranéenne.
Le monde arabe, ensuite, par son simple emplacement géographique, a un rôle primordial à jouer dans la nouvelle doctrine stratégique française. Il représente, en effet, l'arc de cercle que la France a choisi de mettre dans sa ligne de mire. Un choix sans raison valable, car, en plus qu'il est la région la pus désarmée du monde, il correspond aux peuples historiquement amis de la France et ce depuis Charlemagne jusqu'à Chirac. Atlantisme, quand tu nous tiens!

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