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Crise économique mondiale

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Personne à contacter Crise économique mondiale

Message par Sphinx Sam 5 Juin - 2:22

Quatre articles pour comprendre la crise économique

Vingt ans après la chute du mur de Berlin, une grave crise économique ébranle le monde occidental sorti vainqueur de sa confrontation avec le camp socialiste. Dans le même temps émergent de nouvelles puissances, de la Chine au Brésil, en passant par la Russie et l’Inde.

Essayer de déchiffrer les grandes lignes d’évolution du siècle qui commence, c’est ce à quoi Le Monde diplomatique s’emploie depuis des décennies. En particulier, notre mensuel a suivi de près toutes les crises qui ont frappé le système capitaliste : celle de la dette latino-américaine des années 1970, celles qu’ont connues la Russie et l’Asie au milieu des années 1990, celle de la « nouvelle économie » en 2000…

Quatre articles, parus au cours des dernières décennies, rendent compte de ces soubresauts. Nous vous les offrons sur notre site Internet. Ils sont tirés de notre nouveau DVD-ROM, qui reprend 40 années d’archives, soit 480 numéros du journal, et plus de 400 cartes. Un outil indispensable pour les étudiants, les enseignants et tous ceux qui ne peuvent se contenter d’une information-Kleenex.

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Personne à contacter Re: Crise économique mondiale

Message par Sphinx Sam 5 Juin - 2:25

Fortune et infortunes de la « nouvelle économie »

Une entreprise qui commercialise ses produits à travers Internet, un homme d’affaires qui surveille l’évolution des cours boursiers par le biais de son téléphone portable, une multinationale qui utilise la toile pour tous les types de communications entre ses filiales, voilà quelques illustrations de ce nouveau paradigme de notre temps que devient, semble-t-il, la « nouvelle économie » .

Définir cette dernière revient, comme le notent Bernard Maître et Grégoire Aladjidi dans un ouvrage qui fait désormais référence , à « préciser ses trois éléments fondateurs : une matière première, une source d’énergie, un moyen de transport » . Ainsi, l’information, le plus souvent sous forme numérique, est la matière première de la « nouvelle économie » . L’énergie indispensable pour « traiter, transformer, organiser » cette matière première est, non pas l’électricité, mais « l’électronique, et tout particulièrement l’industrie des semi-conducteurs » . Enfin, les « réseaux numériques au centre desquels Internet joue un rôle déterminant » constituent l’indispensable moyen de transport destiné à acheminer l’information sous toutes ses formes, y compris le son et l’image. C’est le 6 décembre 1996 que le concept de « nouvelle économie » s’impose au grand public, avec la « une » de l’hebdomadaire américain Business Week, qui s’extasiait alors sur un véritable miracle : « Depuis début 1995, le marché a progressé d’un retentissant 65 %. Le marché est-il fou ? Pas vraiment. » Et de souligner « l’émergence d’une nouvelle économie bâtie sur les marchés globaux et la révolution informatique. Depuis le début des années 80, et de manière accélérée au cours des dernières années, l’économie américaine a engagé une restructuration fondamentale. Les investissements dans les ordinateurs et les télécommunications pèsent pour un tiers de la croissance. De l’Internet à la télévision, de nouvelles entreprises apparaissent quasiment du jour au lendemain pour tirer profit des technologies d’avant-garde » .

Le vocable, qui définirait une économie fluidifiée par les réseaux électroniques, a fait florès. Au-delà de la montée en puissance des nouvelles technologies de l’information, il définit désormais un véritable projet de société, une économie des temps nouveaux, censée permettre d’en finir avec l’alternance des cycles de croissance et de récession. Grâce à une productivité soutenue, c’est un réel potentiel de croissance, combinant faible inflation et faible chômage avec des taux d’investissement et d’expansion records, qui provoqueraient l’enchaînement vertueux d’une « hypercroissance » sans précédent dans l’histoire. Mais, comme le souligne magistralement Anton Brender dans Le Nouvel Age de l’économie américaine , l’expansion record de l’économie des Etats-Unis depuis dix ans découle avant tout d’une habile stratégie micro-économique, qui se déploie dans un environnement exceptionnellement libéral, de plus en plus flexible et déréglementé.

Au dire de ses thuriféraires, cette « nouvelle économie » sans inflation voit la croissance remplacer le profit comme concept central des entreprises. Le client y détiendrait désormais tout le pouvoir, au détriment du fournisseur. La concurrence y devient universelle, notamment sur Internet. La « nouvelle économie » est globale, elle privilégie les objets immatériels comme par exemple l’information, et elle est intensément interconnectée. Informatique, mondialisation et flexibilité seraient donc au cœur d’une troisième révolution industrielle : les systèmes en réseau sont capables de produire en fonction des exigences particulières de chaque client et démultiplient donc le marché potentiel.

Cette vulgate s’est faite doxa dans l’ensemble des pays industrialisés. Comme en témoigne, entre mille discours similaires, cette intervention de M. Bruno Vanryb, président du fabricant français de logiciels BVRP Software : « La “nouvelle économie”, c’est plus de tout : plus de finance et de Bourse, de concurrence, d’équipes, de croissance, de service, et moins de temps et de distance. Les entreprises de la nouvelle économie connaissent en effet des croissances de 200 %, 300 %, voire 600 % par an. Dès qu’un produit apparaît, les concurrents arrivent au bout de deux ou trois mois. Plus de finance et de Bourse : les entreprises peuvent lever des capitaux en Bourse, et utiliser ces fonds pour faire des acquisitions. C’est aussi un accélérateur de croissance : on peut multiplier plus rapidement son chiffre d’affaires et sa présence sur le marché. Plus de service : si on vend des abonnements, on doit satisfaire les abonnés, et le modèle économique peut donc être remis en cause chaque mois. Plus d’équipe : les salariés représentent un vrai “team”. Ils sont associés à la richesse de l’entreprise avec les stock-options. C’est cette équipe qui développe l’entreprise, et plus seulement un dirigeant. Internet est un “booster”, un accélérateur. La nouvelle économie existait avant son arrivée, mais Internet permet désormais à de jeunes start-up d’être performantes très rapidement, à l’échelle mondiale . »

Pour Manuel Castells, l’un de ses « gourous » , la « nouvelle économie » restructure le capitalisme. Elle est l’aboutissement d’un mouvement lancé il y a vingt ans. Les nouvelles technologies favorisent notamment l’expansion du commerce électronique, l’automatisation des ordres de production et d’approvisionnement et le recours massif à la sous-traitance. Une évolution de fond qui s’accompagne d’une restructuration du marché du travail.

Aux Etats-Unis, le goulet d’étranglement sur le marché de l’emploi est surmonté par une politique d’immigration ouverte, avec l’importation massive de travailleurs qualifiés. « Pour consolider la nouvelle économie, les Etats-Unis ont tout intérêt à développer une véritable politique d’immigration à destination notamment de jeunes diplômés. Nous vivons une occasion unique de densifier le capital humain de notre pays » , déclare ainsi Gary S. Becker, Prix Nobel d’économie en 1992.
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Message par Sphinx Sam 5 Juin - 2:27

Le poids gigantesque des entreprises

Mais la « nouvelle économie » , c’est aussi pour ses laudateurs l’empowerment – une manière de donner vie à plus d’initiative individuelle. Manuel Castells prédit ainsi l’avènement d’un « capitalisme individualisé et décentralisé » : « Avec Internet, tous les gens peuvent devenir des capitalistes individuels. Le modèle de la Silicon Valley préfigure ce mouvement : la majeure partie de la rémunération s’effectue sous la forme de stock-options, de parts de l’entreprise. L’employé se sent davantage actionnaire que salarié. Et, s’il revend ses parts, il peut ensuite se lancer dans de nouveaux investissements d’autant plus facilement qu’Internet lui permet de déplacer son argent en ligne, d’une entreprise à l’autre . »

Nombreux sont ceux qui restent prudents quant à cette nouvelle révolution industrielle. Directeur de l’Internet Policy Project à l’Aspen Institute, M. Andrew Shapiro stigmatise ainsi cet enthousiasme débordant : « Il faut regarder au-delà des indicateurs que les champions de la “nouvelle économie” mettent en avant en affirmant qu’il s’agit d’une économie postindustrielle tirée par l’information. Tout cela est vrai. Cela va-t-il pour autant provoquer une prospérité mondiale sans précédent ? Le résultat, c’est aussi la création d’une sphère où le gouvernement est affaibli, où le pouvoir individuel croît un tout petit peu, et où le poids des entreprises, qui dictent la législation et la réglementation, est gigantesque . »

Comme en écho, M. André Gauron, économiste et ancien conseiller de Pierre Bérégovoy, met l’accent sur une dimension le plus souvent occultée dans le débat sur la « nouvelle économie » : « Son principal défaut tient au caractère exclusivement technologique de l’approche. Car, ce faisant, on rate l’essentiel : ce qu’il y a de nouveau dans les technologies de l’information, ce n’est pas la technologie numérique, mais la transformation en marchandise de tout un pan de l’activité humaine : la communication. L’invention du téléphone, de la radio, du disque, de la télévision, a amorcé ce processus tout au long du siècle. La nouveauté ne tient pas seulement dans leur convergence, elle réside dans la mise en boîte et la réduction à l’état de marchandise de toute communication. En s’emparant de celle-ci, le marché se saisit d’une relation proprement humaine. Il repousse sa frontière interne et s’empare d’un territoire immense, jusqu’ici vierge, ou presque, de toute relation monétaire . »

L’autre grande critique que nombre d’experts formulent à l’égard de la « nouvelle économie » réside dans les risques que les sociétés s’en réclamant font courir à l’économie réelle. Depuis 1997, une véritable bulle spéculative boursière a vu le jour concernant les sociétés d’Internet. Encore loin d’être rentables, affichant parfois des pertes records, ces dernières connaissent pourtant des niveaux de valorisation importants en Bourse. Dans l’histoire économique, c’est bien la première fois que, à une large échelle, des sociétés cotées voient leurs cours connaître des progressions parfois supérieures à 100 % en quelques semaines alors que leurs performances économiques sont négatives.

« Ces sociétés offrent aux investisseurs des promesses de gains pour les années à venir. Nous partons tous du principe que, parmi elles, il y a le Microsoft de demain. Mais ne nous cachons pas la réalité, des dizaines d’entreprises vont disparaître et des millions de dollars d’épargne vont partir en fumée » , explique un analyste de Goldman Sachs. D’autant que, c’est un fait avéré, les classes moyennes américaines n’épargnent donc plus et consomment sur la base de leurs gains virtuels à la Bourse. Mais, si les cours de la Bourse venaient à chuter massivement et durablement, comme l’hypothèse semble pouvoir en être admise depuis le mini-krach d’avril 2000, l’actuelle progression de la consommation américaine serait rapidement entravée. Confrontés à leur endettement, les ménages mettraient un terme à leur boulimie de consommation, en pénalisant du même coup les économies du reste du monde industrialisé. C’est dans ce contexte que nombre d’économistes se préoccupent de plus en plus fortement depuis l’automne 1999 d’un possible retour de l’inflation. A trois reprises déjà, dans le courant de l’année 1999, M. Alan Greenspan, président de la Réserve fédérale américaine (Fed), a été contraint de relever le taux d’intérêt pour tenter de prévenir toute dérive des prix. Les risques de dérapage se multiplient à mesure que le croissance gagne l’Europe, l’Asie et l’Amérique latine. Les investisseurs peuvent être tentés d’y placer leurs capitaux, ce qui entraînera une chute du dollar et réveillera l’inflation. L’hypothèque pèse de plus en plus lourdement sur des marchés et des places financières fragilisés et déstabilisés par les incertitudes qui menacent désormais l’avenir et la fiabilité des valeurs-phares de la « nouvelle économie » .

« D’un point de vue boursier, cette situation est sans précédent, souligne Mme Catherine Mann, de l’Institut des économies internationales à Washington. On voit débarquer du jour au lendemain des start-up dont les actions s’envolent alors qu’elles n’ont généré que très peu de richesses. Du coup, elles peuvent aussi bien disparaître en quelques mois, ce qui ne fait qu’aggraver le climat d’instabilité des places financières. »

« Je pense que les cycles économiques existent toujours. Si les investisseurs ne sont pas préparés à cela, s’ils ont les yeux rivés sur les changements structurels, ils vont souffrir » , déclarait au Monde, le 21 avril 2000, M. Stephen Roach, économiste en chef de la Banque Morgan Stanley Dean Witter. Pour lui, la transformation de l’économie ancienne (par opposition à la « nouvelle économie » ) reste menacée par un regain d’inflation.

Mais, tandis que la santé insolente de l’économie américaine commence à susciter le doute et à ébranler l’ensemble des bourses mondiales, une étude de l’Association nationale des économistes américains (Nabe), publiée le 19 avril 2000, souligne que les entreprises américaines ont bel et bien engagé une profonde mutation de leurs structures, modèles économiques et stratégies pour répondre à la concurrence accrue d’Internet.
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Message par Sphinx Sam 5 Juin - 2:31

Un danger pour la vie privée

Portant sur 107 entreprises, l’étude établit qu’un quart des sondés ont déjà effectué des changements dans l’organisation interne de leurs services. Et que 19 % d’entre eux ont radicalement modifié leurs projets économiques. De surcroît, 24 % des entreprises interrogées ont d’ores et déjà restructuré leurs pratiques de vente et revu leurs procédés de commercialisation pour faire face à la montée en puissance du commerce électronique. Près d’un tiers des chefs d’entreprise interrogés estiment qu’Internet les a rendus « beaucoup plus » compétitifs, et 43 % « un peu plus » . Une entreprise sur cinq utilise Internet pour ses achats et ses ventes, et une sur cinq a l’intention de le faire sous peu. Enfin, un peu plus d’un tiers des entreprises affirment que le réseau des réseaux les a aidées à améliorer leur chiffre de ventes, et 47 % leur volume.

Si l’année 1999 restera dans l’histoire comme celle où Internet a envahi l’économie américaine, l’analyse de Kevin Kelly, auteur du livre New Rules for the New Economy (« Nouvelles règles pour la nouvelle économie » ), selon laquelle la « nouvelle économie » ne se substituerait pas à l’ancienne mais s’y grefferait par infiltration progressive des strates inférieures, semble bien en passe de s’accomplir.

Mais d’autres enjeux affleurent. A y regarder de près, le développement de la « nouvelle économie » apparaît souvent comme incompatible avec la protection de la vie privée. Des milliers d’informations concernant l’individu circulent sur le réseau, sont vendues et échangées, le plus souvent sans que les personnes concernées le sachent et sans que les gouvernements s’en préoccupent sérieusement. Enfin, la vitesse de propagation de la « net-économie » est loin d’être la même dans le monde.

Alors que les pays du Nord investissent des milliards de dollars en infrastructures (fibre optique, téléphonie mobile, généralisation de l’outil informatique dans les écoles et administrations, etc.), ceux du Sud, faute de crédits, restent à la traîne. Après avoir raté la révolution industrielle, ils risquent de perdre toute chance de se raccrocher à l’économie mondiale.


Par:Akram B. Ellyas et Marc Laimé.
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Message par Sphinx Sam 5 Juin - 2:57

Des chocs asiatiques à la dévaluation du rouble

La crise menace les digues de l’économie mondiale

Cinq mois après avoir été limogé, M. Victor Tchernomyrdine retrouve son poste de premier ministre. Annoncée par M. Boris Eltsine, cette décision, quelques jours après celle de laisser flotter le rouble, atteint de plein fouet la crédibilité du président russe. Elle touche aussi le Fonds monétaire international, qui avait accordé un nouveau prêt à Moscou en juillet, faisant preuve d’une mansuétude contrastant avec la brutalité qu’il avait manifestée dans ses rapports avec les pays d’Asie. La dévaluation de fait du rouble entraîne des faillites bancaires, qui risquent de précipiter la dépression de l’économie russe. Du même coup, la crise se rapproche de l’Europe.

Lors de sa déposition, le 21 juillet 1998, devant le sous-comité sur les questions bancaires du Sénat des Etats-Unis, M. Alan Greenspan, président de la Réserve fédérale américaine (Fed), a lancé une nouvelle mise en garde contre le « caractère irréaliste » du niveau du prix des actions à Wall Street et des projections des analystes boursiers quant au rendement escompté des titres. Confronté à une hausse de 60 % de la valeur de ces derniers en dix-huit mois et au refus des marchés d’entendre raison, M. Greenspan a laissé percer son fatalisme : « L’histoire nous enseigne qu’il y aura une correction significative des cours, car l’histoire est ponctuée de contractions périodiques, et je n’ai aucun doute, étant donné la nature humaine, que cela se produira encore, et encore, et encore. » Et, cette fois, il a reçu l’appui du président de la Banque fédérale allemande, M. Hans Tietmeyer . Car l’onde de choc de la crise asiatique, loin de se résorber, s’amplifie.

Voici un peu plus d’un an que les dévaluations forcées des monnaies thaïlandaise et indonésienne ouvraient la voie à une crise économique et financière fulgurante, qui, en moins de six mois, a ravagé quatre pays (la Corée du Sud, la Malaisie, l’Indonésie et la Thaïlande) et touché pratiquement l’ensemble des économies de la région . L’un des trois pôles de la mondialisation - celui qui avait servi pendant dix ans de vitrine à la « nouvelle » économie capitaliste « libéralisée » et « déréglementée », mais surtout d’exutoire pour le trop-plein de capitaux des pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) - en sort très sérieusement atteint. Les ravages s’étendent, à mesure que les conséquences des décisions préconisées ou imposées par le Fonds monétaire international (FMI) se concrétisent.

En Asie orientale, la crise a déjà provoqué la fermeture de centaines de sites de production, grands et petits, donc la mise au rancart d’une quantité importante de capital physique. Elle est surtout à l’origine d’un effondrement des bases sociales et des mécanismes institutionnels de l’activité économique. En Indonésie et en Thaïlande, elle a déjà plongé des dizaines de millions de personnes dans une profonde misère. Celle-ci gagne la Corée et même le Japon .

Dans le même temps, pourtant, le cours des actions flambait dans les Bourses des pays occidentaux. L’un des fondements de la hausse est un élément « subjectif » sur lequel tous les observateurs s’accordent, même s’ils divergent sur son ampleur : l’euphorie associée à la « bulle » financière mondiale sur les marchés des actions, dont Wall Street est à la fois la tête de file et le pivot.

Selon la Banque mondiale, quelque 110 milliards de dollars ont fui les quatre pays asiatiques les plus atteints. La conjoncture de baisse des taux d’intérêt aussi bien que de hausse boursière débridée était directement associée à cet afflux massif de liquidités qui a trouvé refuge dans les grandes places financières occidentales, venant conforter l’euphorie des « nouveaux investisseurs » des classes moyennes supérieures. Tandis que les souffrances humaines s’accroissent brutalement en Asie, certains osent même parler, y compris en France, du « bon côté » de la crise !

C’est aux Etats-Unis que se situe l’épicentre des soubresauts qui se préparent et qui peuvent provoquer des chocs d’une ampleur et d’une valeur symbolique telles qu’aucune partie de l’économie mondiale ne puisse s’en protéger. En raison du caractère hautement hiérarchisé de la finance, c’est à New York et à Chicago que se trouve le verrou décisif de la contagion boursière mondiale. Le cours des actions à Wall Street est évidemment fonction, pour une large part, de l’état de l’économie américaine, qui joue un rôle central. Mais cette économie est aussi l’une des plus sensibles à ce qui se passe ailleurs dans le monde. Et d’abord en Asie, où tous s’accordent maintenant pour dire que « la crise n’est pas finie », ni dans ses dimensions proprement régionales ni comme point de départ d’un engrenage de récession et de déflation. Car l’Asie est en train de passer d’une récession à une dépression caractérisée.

Il faut ici expliquer ce qui sépare les deux notions. On parle de récession lorsque demeurent intactes les relations économiques et sociales qui sous-tendent les composantes de la demande effective dans un pays donné. Dans ce cas une récupération cyclique peut, à terme, être attendue de la reprise de la consommation privée et de l’investissement, ou bien d’interventions publiques de relance. Il y a, en revanche, dépression lorsque la chute de la production et celle des échanges se cumulent à un point tel que les fondements sociaux de l’activité économique sont entamés. A ce stade, il devient impossible de prévoir un renversement de tendance et difficile, sinon inutile, d’engager des actions classiques de relance.

Telle est la situation que connaissent actuellement beaucoup de pays d’Asie, de sorte que la région tout entière est menacée. On reconnaît aussi une dépression à l’écroulement des principaux fondements institutionnels, non seulement de l’accumulation du capital, mais de l’activité économique élémentaire comme telle.

Quels sont ces mécanismes cumulatifs qui ont porté atteinte de façon grave à la demande en Asie orientale ? La brutale contraction bancaire et le recul des dépenses publiques qui ont immédiatement suivi l’effondrement des marchés et du système financier, résultant de la dévaluation du baht thaïlandais et de la roupie indonésienne, puis des autres monnaies de la région, présentent, en première analyse, des similitudes avec ce qui s’est passé après la dévaluation du peso au début de la crise mexicaine de l’hiver 1994-1995 .

Mais plusieurs traits ont donné sa spécificité à l’engrenage asiatique : le caractère principalement privé de l’endettement extérieur auprès des banques internationales ; l’interconnexion d’économies dépendantes des marchés extérieurs ; l’incapacité du Japon, du fait de ses propres difficultés, à jouer auprès des pays les premiers touchés - la Thaïlande ou l’Indonésie - le rôle de prêteur en dernier ressort tenu par les Etats-Unis à l’égard du Mexique ; l’entrée en crise de la Corée et du Japon, pays industriels exportateurs majeurs, mais aussi principaux clients pour les livraisons des pays voisins.

Premier élément de la transition vers la dépression : l’imbrication étroite d’économies construites sur le modèle de la « croissance tirée par les exportations » et qui ont donc besoin des autres comme débouché. En 1997, plus de 50 % des échanges de la Thaïlande, de l’Indonésie, de la Malaisie et des Philippines, mais aussi de la Chine étaient intrarégionaux, dont environ la moitié avec le Japon. Le pourcentage est un peu inférieur dans le cas de la Corée, mais les livraisons de celle-ci sont d’un niveau qualitativement plus élevé. Les capacités de production des conglomérats coréens, les chaebols, ont été mises en place dans la perspective d’une continuation de la croissance régionale aux mêmes rythmes que ceux du début de la décennie.

La simultanéité de la chute des monnaies et du rabougrissement des marchés dans chacun des pays touchés a tué dans l’œuf l’effet classique de relance attendu des dévaluations, ouvrant ainsi la voie à la déflation. Au cours des six premiers mois de 1998, la Thaïlande a accru ses exportations de 25 % en volume, mais avec des recettes en baisse du fait de la dégringolade des prix des produits vendus. Dans le même temps, ses importations ont reculé d’un montant équivalent. Toute la région est touchée par une logique déflationniste dont les retombées « mécaniques » s’ajoutent aux stratégies délibérées de concurrence par les prix.

Dans des économies fondées sur le maintien d’une forte inégalité de revenus, l’effondrement des marchés extérieurs ne peut pas être compensé par la consommation intérieure. Au contraire, le rétrécissement des débouchés étrangers va contribuer à la contraction accélérée de la demande interne, les profits industriels et les maigres revenus liés à l’emploi salarié disparaissant au fur et à mesure que les exportations reculent.

En élevant l’économie au rang de sphère autonome qui aurait vocation à régir la société tout entière, le néolibéralisme a tenté de l’abstraire de ses soubassements politiques et sociaux. Il a posé les relations de marché comme « naturelles », et une fois qu’elles étaient apparemment acquises dans un pays ou dans une région, il les considérait pérennes.

Cette forme de cécité, propre à une pensée consciemment ou inconsciemment totalitaire, permet de comprendre comment les « experts » de la Banque mondiale ont pu, début 1997 encore, placer l’Indonésie du règne déclinant du président Suharto au premier rang des pays connaissant un développement particulièrement réussi.

Le FMI a fait preuve de la même cécité dans son acharnement à imposer à des Etats en cessation de paiement l’adoption de politiques macro-économiques brutales accentuant les effets récessionnistes et débouchant sur la dépression. Beaucoup d’observateurs l’ont accusé d’accentuer le mouvement de récession, mais il s’agit là d’une critique superficielle - c’est pourquoi elle a été reprise par des néolibéraux de premier plan, comme M. Jeffrey Sachs . Le comportement du FMI en Asie est révélateur d’une vision du monde également partagée par tous ceux qui échafaudent dans l’ombre les institutions d’une dictature douce du capital, celle dont s’est fait l’apôtre M. Renato Ruggiero, directeur général de l’OMC, en qualifiant l’Accord multilatéral sur l’investissement (AMI) de pilier de la « constitution de l’économie globalisée pour le XXIe siècle
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Message par Sphinx Sam 5 Juin - 3:01

Flambées politiques

Une révolte étudiante et des émeutes populaires d’une force suffisante pour faire tomber la dictature de M. Suharto ne pouvaient pas faire partie des paramètres de l’action du FMI, pas plus que le chaos social qui s’étend de jour en jour en Indonésie. Sans doute la réaction de la classe ouvrière coréenne et de ses syndicats indépendants était-elle attendue, mais non le large appui social dont leur mouvement bénéficie, ni l’ampleur du sentiment antiaméricain qui s’est emparé de la Corée.

Ces flambées politiques sont devenues partie intégrante d’une propagation des déséquilibres asiatiques avec leurs épisodes financiers et boursiers brutaux vers le reste de l’économie mondiale. Dans les mois qui viennent, aucun pays de la région, pas même la Chine, en dépit de la main de fer du Parti communiste, ne peut s’estimer à l’abri de mouvements sociaux violents.

Lorsqu’existe un immense foyer non éteint, les phases passagères de relative tranquillité financière et boursière donnent une impression trompeuse, à laquelle s’accrochent ceux qui veulent à tout prix rassurer l’opinion publique. Dans la sphère de la production et des échanges (la si mal nommée « sphère réelle »), les mécanismes de contagion internationale de la crise restent actifs. Lentement, mais inexorablement, ils empruntent la voie de la baisse des prix des matières premières et des produits industriels, ainsi que celle de l’aggravation de la concurrence . Ils viennent, « vague après vague, tester les digues de l’économie globale », jusqu’à ce que les attaques spéculatives et les stratégies d’arbitrages financiers occupent le devant de la scène.

Tout le monde sait parfaitement où se trouvent les digues les plus faibles : en Russie et au Brésil bien sûr, mais aussi en Asie même, à Hongkong, à Singapour, et surtout en Chine. De ce gigantesque pays, on ne connaît pas la situation exacte, ni la marge de manœuvre dont dispose la direction politique. Mais, du point de vue américain, c’est le Japon qui constitue le maillon le plus critique du système des relations économiques internationales. L’archipel a subi de plein fouet la crise de ses voisins alors qu’il récupérait lentement d’une précédente rechute de la situation de récession larvée qu’il connaît depuis 1991. Dans les années 90, il a fortement orienté son économie vers l’Asie. En 1997, la région a absorbé 41 % de ses exportations et 23 % de ses flux d’investissement.

L’effondrement des échanges régionaux l’a touché au même titre que les pays voisins où la cessation de paiement de fait des banques et des entreprises est venue ajouter quelque 250 milliards de dollars de créances douteuses aux 550 milliards déjà provisionnés dans les bilans des banques nippones. En 1998, la croissance du Japon sera négative (l’estimation actuelle étant - 1,5 %), de sorte que le pays se trouve en situation de récession . C’est pourtant à lui que l’on demande de monter en première ligne pour colmater les digues.

Les Etats-Unis et, au-delà d’eux, les membres européens du G 7 attendent - ou font mine d’attendre - que Tokyo procède à une réactivation de la demande intérieure. Et ce sur une échelle et avec une rapidité suffisantes pour relever fortement le cours du yen, mais aussi soutenir la demande extérieure dont les pays exportateurs de la région ont si fortement besoin. Il est donc demandé au nouveau premier ministre, M. Keizo Obuchi, à la fois de baisser les impôts et de faire repartir l’économie sans compter sur une reprise régionale qui sera très longue à venir. C’est effectivement ce qu’il a annoncé le 7 août 1998 - sans toutefois convaincre - dans son discours de politique générale devant la Diète : près de 7 000 milliards de yens (49 milliards de dollars) de réductions fiscales, 10 000 milliards de yens (70 milliards de dollars) de plan de relance, et l’abandon de la loi d’austérité budgétaire.

Il faudrait ensuite que le Japon finance un gigantesque programme de rachat aux banques de leurs créances irrécupérables - ce qui suppose de mobiliser un minimum de... 300 milliards de dollars. Dans l’immédiat, M. Obuchi propose de faire voter à l’automne six lois sur les « banques relais » qui permettraient la mise en faillite « propre » des établissements financiers non viables. Pour ce faire, les fonds publics seront mis à contribution à hauteur de 13 000 milliards de yens (92 milliards de dollars) . Une fois de plus, en situation d’urgence, les recettes les plus décriées par la pensée officielle sont donc bonnes à servir !

Voilà de quoi corroborer les propos fatalistes de M. Alan Greenspan à propos du krach à venir à Wall Street. Sauf que le problème n’a rien à voir avec la « nature humaine », mais bien avec l’aiguillon du profit et avec les mécanismes qui, en système capitaliste, autorisent la formation de montants élevés de capital purement fictif (12). Il est donc impossible d’en dire plus que le président de la Réserve fédérale quant au moment exact, aux causes immédiates ou à l’ampleur de la « correction » annoncée. Celle-ci pourrait être déclenchée par un mouvement de contagion boursière venu d’ailleurs, la place de Hongkong étant la principale candidate. Ou bien, après la récente dévaluation de 7 % du dong vietnamien, par la vraisemblable dévaluation du yuan chinois.

La grande nervosité qui commence à gagner Wall Street s’est traduite par le « trou d’air » qui a secoué les opérateurs le 4 août, avec une baisse de 299 points, soit 3,4 % en une seule séance.

Un choc boursier en provenance d’Asie ou d’Amérique latine, avec des effets de contagion semblables à ceux qui se sont produits les 27 et 28 octobre dernier, ne peut pas être exclu. Mais, dans l’immédiat, Washington se préoccupe d’abord des conséquences, tant sur le taux de change que sur ses propres marchés boursiers fortement surévalués, d’une dégradation de la balance des paiements. Un recul de 26 milliards de dollars des exportations américaines vers l’Asie a été enregistré en mai 1998, qui a fortement contribué au déficit mensuel record de la balance commerciale : presque 16 milliards de dollars. Le statut de devise refuge du dollar permet de penser que les investisseurs étrangers y regarderont à deux fois avant de se mettre à spéculer sur une baisse du billet vert. Les Etats-Unis se soucient aussi de la conjoncture américaine proprement dite, où les effets « réels » de propagation de la crise asiatique vont se combiner avec l’épuisement de la croissance interne, de même qu’avec les contrecoups boursiers imprévisibles du « Monicagate ».

Euphorie aveugle à Wall Street

Pour l’instant, la demande intérieure américaine reste forte. Elle est tirée par la consommation privée, notamment en direction du secteur des services où, en juin 1998, l’emploi a encore augmenté de 215 000 postes et où les heures ouvrées se sont accrues de 2,4 %, ainsi que par la construction de logements stimulée par la baisse des taux d’intérêt. En revanche, la chute de la demande extérieure a commencé à devenir sensible. Dans le secteur manufacturier, l’effet externe commence à l’emporter sur l’effet interne : en mai 1998, l’indice de la production industrielle a reculé de 0,6 %. La situation est particulièrement difficile pour les industriels de l’informatique, notamment les fabricants de semi-conducteurs et d’ordinateurs, dont une partie importante du chiffre d’affaires est réalisée, depuis dix ans, sous forme d’exportations vers l’Asie.

Dans le secteur automobile, pour les groupes américains, l’enjeu est la défense des parts de leur propre marché interne. La grève qui vient de se terminer à General Motors constituait une réponse à la volonté de la direction de diminuer l’emploi, de réduire très fortement le nombre de contrats de travail stables et de délocaliser le maximum de tâches vers les usines à très bas coûts de main-d’œuvre situées au Mexique . Ce durcissement patronal s’explique en partie par la concurrence accrue des groupes automobiles japonais et coréens, pour lesquels le marché des Etats-Unis offre la seule possibilité de limiter les pertes subies en Asie.

M. Alan Greenspan se trouve dans la situation du berger qui a crié au loup si longtemps que les opérateurs et les investisseurs ne l’écoutent plus. L’onde de choc venue d’Asie est venue compliquer sa tâche en rendant presque impossible le maniement de l’arme de la hausse des taux d’intérêt : cette dernière aurait certes permis de réduire les disponibilités en liquidités à bon marché des spéculateurs et de donner un coup de frein à Wall Street, mais elle aurait également pu occasionner une panique sur des marchés boursiers dépendants et vulnérables comme celui de Sao Paulo, voire ceux de Singapour et de Hongkong. Plus la Réserve fédérale tarde à utiliser cette arme, plus les risques sont grands que sa passivité constitue le facteur déclenchant d’une « correction » que personne n’est sûr de pouvoir contrôler.

François Chesnais
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Message par Sphinx Sam 5 Juin - 3:05

Sur les décombres de l’économie reaganienne

Le « coup de massue qui rend lucide » ... La chute de 22,6 % de l’indice Dow Jones, entraînant l’« évaporation » de 1 000 milliards de dollars à Wall Street, le « lundi noir » 19 octobre, puis les mouvements d’accordéon ultérieurs des cours des valeurs sur les grandes places financières ont eu l’effet pédagogique dont l’aphorisme chinois crédite l’usage vigoureux du gros bâton : la « reaganomie », dont un des articles de foi était la déréglementation dans tous les domaines, et en particulier à la Bourse, ne s’en relève pas.

Alors que, pour qui voulait les voir, les indicateurs d’une prochaine crise financière - dont le symptôme majeur était le divorce entre l’économie réelle et l’économie de spéculation - clignotaient depuis longtemps , l’euphorie régnait jusqu’à ces dernières semaines chez les analystes et « experts » des grands médias français . Comment d’ailleurs auraient-ils pu avoir un avis divergent de celui du directeur du Trésor en personne, M. Jean-Claude Trichet, qui déclarait le 21 septembre « Je crois à la hausse » . Ancien directeur du cabinet de M. Edouard Balladur, M. Trichet avait peut-être alors eu le privilège de lire les épreuves de l’ouvrage que son ministre vient de publier, et s’était-il inspiré de quelques-unes des fortes maximes qu’il contient, dont celle-ci : « Contrairement à une opinion trop répandue, la Bourse, loin d’être un jeu de hasard, constitue une activité rentable, indispensable au progrès, productrice par elle-même de richesse . »

Dès le lendemain du 19 octobre, changement de cap. Une recherche fébrile permet enfin de « découvrir » les causes de l’effondrement : ce sont justement les résultats de la politique économique du président américain dont M. Jacques Chirac - ambitionnant à l’époque de devenir le « Reagan français » - avait fait son modèle avant les élections de 1986. Au risque de lasser le lecteur, rappelons quelques-uns des « succès » de sept ans de reaganomie : augmentation de 800 % du déficit commercial, de 300 % du déficit budgétaire, de plus de 200 % de la dette fédérale et chute du dollar, la facture de ces gigantesques dysfonctionnements étant, en quelque sorte, transmise pour paiement aux partenaires de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), et en premier lieu à la RFA et au Japon sommés de baisser leurs taux d’intérêt et de servir de locomotives de la relance.

L’obligation de maintenir des taux d’intérêt élevés pour garantir la persistance des flux financiers vers la pompe aspirante des déficits américains a, en effet, entraîné la mise en oeuvre par les grands pays industrialisés et par le Fonds monétaire international (FMI) de politiques déflationnistes se traduisant par une double compression de la demande interne (salaires) et externe (pouvoir d’achat des pays en voie de développement), et conduisant à une stagnation de la croissance industrielle dans les pays avancés de même qu’à une impossibilité quasi mathématique pour les pays débiteurs du tiers monde de faire face à leur endettement.

Dans ce climat général de régression on notait une brillante exception : l’envolée des marchés boursiers également baptisée « révolution de l’argent » ou triomphe de l’« innovation financière » qui au passage, aurait dû susciter chez les gouvernants et observateurs patentés une curiosité au moins égale à celle dont ils font aujourd’hui preuve à l’égard de l’onde de choc qui frappe les places financières. Onde de choc, d’ailleurs, plutôt que krach, car on se trouve visiblement au point de départ d’un processus plutôt qu’à son terme. Mais, tout argent étant bon à prendre, nul ne s’interrogeait sur la signification des fantastiques plus-values boursières ni sur le caractère aberrant d’un système qui avait permis aux transactions de change de représenter en 1987 vingt fois le volume du commerce international (contre six fois en 1979).

La déréglementation boursière, sur le modèle de Wall Street, avait gagné les autres places internationales, M. Edouard Balladur s’efforçant de lever les derniers obstacles qui empêchent encore la Bourse de Paris de rejoindre la foire mondiale à la spéculation qui – grâce à la télé-informatique et aux décalages horaires – fonctionne 24 heures sur 24.

Ce qui permet d’ailleurs aujourd’hui à certains de rendre... les ordinateurs responsables de l’effet d’amplification des tendances à la baisse. Comme si les logiciels permettant de réaliser dans l’instant les opérations d’arbitrage programmées sur ordinateur (program-trading) à partir des écarts, sur différents marchés, des prix des actions et des contrats à terme d’instruments financiers (futures) n’avaient pas été écrits par des hommes, à partir d’un cahier des charges fixé par les opérateurs boursiers qui croyaient avoir découvert la martingale dont rêvent les joueurs de casino... Mais « c’est un jeu sans risque, affirmait récemment l’un des responsables de Wells Fargo Investment Advisors, dont les opérations de program trading approchent les 3 milliards de dollars. Il faudrait un effondrement du système financier pour qu’un risque important soit ressenti » .

Fonctionnant en quelque sorte en lévitation au dessous de la base productive – que tout le monde finissait par oublier – la frénésie de spéculation se développait sans entraves. Celles des entreprises françaises dont les dirigeants ne figuraient pas parmi les amis de M Balladur – et n’avaient donc pas été conviés à participer aux « noyaux durs » des sociétés privatisées - jugeaient autrement plus rentable d’utiliser leurs « trésors de guerre » à des fins purement spéculatives plutôt que d’investir dans la recherche ou le développement. Mais c’est à la Bourse de New-York que le phénomène prenait les proportions les plus spectaculaires : car le marché des titres y recouvre non seulement les actions et obligations classiques, mais pratiquement tout ce qui peut s’acheter et se vendre : besoins et excédents de trésorerie, comptes débiteurs d’un organisme de cartes de crédit, contrats de location de parc informatique, portefeuilles de crédits automobile et créances du tiers-monde à des taux très inférieurs à leur valeur nominale .

Les opérations les plus significatives sont cependant celles qui visent au rachat ou aux fusions d’entreprises. On est de plus en plus loin des offres publiques d’achat (OPA) classiques ou un groupe souhaite prendre le contrôle d’un autre pour des raisons de rationalisation ou de synergie industrielles. L’enjeu n’est plus là : il s’agit de gagner de l’argent - beaucoup d’argent à l’occasion d’une OPA, qu’elle soit ou non réussie. Et pour cela, tous les moyens sont bons, en particulier l’utilisation frauduleuse d’informations confidentielles pour acheter ou vendre des titres au moment opportun. Ce que l’on appelle le délit d’initiés (insider trading) dont Frederic F. Clairmonte analyse ci-dessous les mécanismes.

Un délit très répandu, et qui constitue l’outil de travail privilégié d’une nouvelle race de financiers, les arbitragistes et prédateurs (raiders) , dont quelques-uns se trouvent actuellement derrière les barreaux. Le délit d’initiés, puni seulement dans quelques pays, loin de constituer l’excroissance cancéreuse d’un système fondamentalement sain, apparaît comme l’illustration, à peine caricaturale, d’un système financier qui a, depuis longtemps, perdu tout point de repère, qu’il soit éthique ou même simplement rationnel.

Bernard Cassen
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Message par Sphinx Sam 5 Juin - 3:12

Une crise économique aggravée par la rigidité du système politique

Rumeurs non fondées de coup d’État ou d’attentats contre les principaux dirigeants, poids écrasant de la dette extérieure qui se monte à près de 80 milliards de dollars, fuite de capitaux, perte de crédibilité d’un régime réputé pour sa force et sa stabilité : pour la première fois, tout contribuait à la fin du mois d’août 1982 à faire douter de la solidité du système mexicain. Le président de la République, son gouvernement et la classe politique étaient contraints à agir.

La nationalisation des banques et l’établissement d’un contrôle des changes généralisé, annoncés le 1er septembre par M. Lopez Portillo, n’avaient été prévus par personne. Tout simplement parce qu’ils bouleversent les structures et le mode de fonctionnement du capitalisme mexicain et vont à l’encontre des habitudes d’une bonne partie de la population.

La prééminence du capital financier et l’ouverture croissante en direction des États-Unis sont des caractéristiques essentielles de l’économie mexicaine. Or ce sont précisément ces deux grandes orientations que visent les décrets présidentiels du 1er septembre. D’où l’onde de choc qu’ils ont provoquée dans l’industrie où toutes les grandes banques mexicaines détenaient de fortes participations tandis que, de leur côté, la majorité des entreprises de premier rang se trouvaient imbriquées dans des associations plus ou moins étroites avec les banques Nationaliser les banques, c’était s’attaquer au secteur hégémonique du capitalisme au Mexique et renverser une tendance historique, dont la dernière grande manifestation, en 1977, avait été la décision d’autoriser la fusion de tous les services en une seule institution appelée "banque multiple" : le gouvernement du président Lopez Portillo avait alors provoqué un véritable "boom" qui allait entraîner, avec une augmentation des ressources, une concentration et une canalisation plus aisée des fonds en direction de l’industrie. On pouvait difficilement s’attendre que celui qui avait fait les beaux jours des financiers locaux se retourne contre eux en les expropriant.

L’établissement du contrôle des changes – pratique courante dans beaucoup de pays d’Amérique latine – n’est pas un revirement moindre de la part d’un gouvernement qui avait encouragé l’ouverture vers l’extérieur en essayant, notamment, de supprimer le système des permis d’importation préalables.

Le voisinage avec les États-Unis et l’intensité des échanges entre les deux pays pèsent lourdement sur l’économie mexicaine. Celle-ci est devenue, en 1981, le troisième partenaire commercial des États-Unis (après le Canada et le Japon) qui ont absorbé cette année-là 52 % des exportations du Mexique et lui ont fourni à eux seuls 64 % de ses importations. Les trois quarts des investissements étrangers, les trois quarts des touristes sont d’origine américaine. Et encore, les statistiques ne suffisent-elles pas à rendre compte de l’étroitesse des liens économiques qui se tissent aussi à des échelons plus modestes.

Les 3000 kilomètres de la frontière nord du Mexique présentent un phénomène unique au monde par son importance : près de dix millions de personnes travaillent et consomment dans une économie qui n’est ni mexicaine ni américaine mais... frontalière. De même, de l’autre côté, dix millions de citoyens américains, d’immigrés mexicains légaux ou illégaux et d’hispano-américains font, eux aussi, partie d’une zone économique à cheval entre deux pays totalement différents.

Les uns vivent au Sud et achètent au Nord. D’autres vendent au Nord ce qu’ils font produire dans le Sud, dans plus de six cents maquiladoras (littéralement : usines de sous-traitance). Ceux du Nord viennent le samedi passer du bon temps au Sud et boire la tequila ou le whisky, beaucoup moins coûteux que chez eux. Ceux du Sud se font soigner, s’habillent et vont se divertir au Nord pendant les week-ends et les jours fériés. Personne ne sait – ni n’ose même imaginer – ce que signifierait un contrôle des changes strict dans de telles conditions...

Cause importante de sortie de devises, le tourisme mexicain aux États-Unis est devenu, depuis deux ou trois ans, un véritable phénomène de masse. Un million de nouveaux passeports ont été délivrés en 1981, dont un grand nombre pour des familles entières. Ce chiffre est à considérer indépendamment de celui des frontaliers, qui n’ont pas besoin de ce document tant qu’ils restent dans la zone frontalière. Deux autres habitudes mexicaines sont de véritables fléaux pour l’économie du pays : les achats massifs de marchandises de toute sorte (en contrebande de fait) aux États-Unis et l’exportation tout aussi massive de capitaux qui vont se concentrer dans l’immobilier et dans des comptes en banques de l’autre côté de la frontière.

Dans le passé, seules les classes les plus aisées pouvaient se permettre de s’habiller, de se faire soigner ou de s’acheter des appareils électroniques au Nord. Mais, depuis deux ou trois ans, la surévaluation du peso, le boom économique et la très mauvaise qualité des produits locaux ont poussé un nombre croissant de Mexicains (qui se chiffrent en millions) à « acheter américain ». En 1981, le poste « erreurs et omissions » de la balance des paiements, qui rend compte - bien que de façon déformée - de la contrebande, a enregistré une sortie nette de 5,5 milliards de dollars. Ce chiffre devient à son tour presque insignifiant quand on le compare au volume des sorties de capitaux. En se fondant sur un échantillon - et non une étude exhaustive, – le président Lopez Portillo a déclaré dans son discours du 1er septembre que les Mexicains avaient, au cours des dernières années, déposé 14 milliards de dollars dans des comptes en banque aux États-Unis, qu’ils avaient acheté des biens immobiliers pour une valeur de 31 milliards de dollars dont 9 seulement étaient déjà payés, le reste s’ajoutant à la dette globale du pays. Enfin, au Mexique même, les résidents détiennent plus de 12 milliards de dollars dans des comptes spéciaux en dollars que l’on appelle maintenant les « mexodollars ». Le total de ces sorties s’élève à 20 % du produit national brut. Il ne s’agit plus de fuite ponctuelle de capitaux, mais d’un véritable exode structurel de la richesse nationale.

Le contrôle des changes généralisé devrait mettre un terme, au moins provisoire, à cette saignée de devises, mais il heurte de front des habitudes et des pratiques bien ancrées. Inconcevable antérieurement, parce que trop draconien et de toute manière inopérant dans une économie mexicaine en marche, il est soudain devenu un impératif, comme la nationalisation des banques, du fait de la crise économique, politique et même psychologique que vivait le pays.
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Message par Sphinx Sam 5 Juin - 3:14

La baisse des revenus pétroliers

La gravité de cette crise s’explique en fait par la combinaison d’une série de facteurs tant internes qu’externes. Les facteurs externes sont bien connus : au milieu de 1981, chute des prix du pétrole qui fournit normalement 75 % des devises provenant des exportations ; hausse brutale des taux d’intérêt portant à plus de 11 milliards de dollars le service de la dette en 1982 ; récession américaine imputable aux décisions économiques de l’administration Reagan ; méfiance croissante – et justifiée – des petites banques devant les renouvellements (roll over) des crédits à court terme accordés à un prêteur trop endetté et dont la capacité de remboursement devenait sujette à caution. Sans doute, en l’absence de ces éléments extérieurs, la crise mexicaine n’aurait-elle pas été si dramatique. Les erreurs commises par le gouvernement n’ont fait qu’aggraver la situation.

En premier lieu, les dirigeants n’ont pas su trouver de réponse adaptée aux problèmes posés par la chute des cours du pétrole et par la baisse de la demande. En juin 1981, le peso était déjà surévalué : la parité du dollar était fixée à 26 pesos, alors qu’elle aurait dû se situer aux environs de 33-35. Pourtant, le gouvernement s’est refusé à accélérer le dérapage de 1 peso par mois, désormais devenu insuffisant. Le résultat a été une fuite de capitaux entraînant une première dévaluation de 60 % en février 1982, suivie d’une seconde de 68 % en août de la même année.

Le président Lopez Portillo n’a pas non plus jugé bon de réajuster le taux de croissance pour tenir compte de la chute des revenus pétroliers. Les incidents accompagnant la baisse du prix du brut mexicain, sa remontée, puis sa rechute ont contribué à faire perdre des clients. Le manque à gagner total se situe entre 5 et 7 milliards de dollars pour 1981. Au lieu de réduire les dépenses (ce qui aurait entraîné une réduction de deux ou trois points du taux de croissance de 8,1 %), le gouvernement s’est lancé à la recherche de financements à court terme. Un an plus tard, le refus de renouvellement de ces crédits signifié par les institutions financières internationales entraînait une crise de liquidités insurmontable : il semble que, à la fin du mois d’août 1982, les réserves de la Banque centrale étaient tombées à 600 millions de dollars, soit le montant de deux semaines d’importations.

Des raisons d’ordre politique, inhérentes au fonctionnement du système, ont de fait empêché que soient prises à temps les mesures économiques nécessaires. En effet, c’était précisément au cours de l’été 1981 que le processus de sélection du successeur de M. Lopez Portillo arrivait à son terme. Or les principaux collaborateurs du président sortant avaient tout intérêt à présenter des rapports aussi optimistes que possible.

Juin, juillet, août 1981 : trois mois critiques pour l’économie, trois mois de luttes intestines pour le pouvoir et suivis de quinze mois de transition politique entre deux équipes. Même dans la meilleure des conjonctures, un tel vide ne pouvait manquer de produire des effets pernicieux. A cela s’est ajouté un élément personnel, mais d’une grande importance en raison de l’extrême concentration des pouvoirs dans les mains du président de la République mexicaine : il semble bien que, après le sommet de Cancun d’octobre 1981, censé marquer la reprise du dialogue Nord-Sud, M. Lopez Portillo ait eu tendance à ne plus vouloir exercer un pouvoir que son successeur, M. de la Madrid, ne pouvait encore prendre. A défaut d’une opposition politique consistante et d’un mouvement ouvrier indépendant, capables de présenter une solution de rechange crédible, le pays allait à la dérive.

Survint alors la panique du mois d’août 1982, faite de rumeurs invraisemblables, de spéculation des puissants contre le peso et d’achats massifs de dollars par de larges secteurs de la population trop vite enrichis pour avoir pu acquérir un comportement économique moderne. La corruption atteignant des niveaux inhabituels, même pour le Mexique, c’est la confiance dans le système qui commençait à s’effondrer. Il fallait donc frapper un grand coup et les options étaient réduites. Outre les mesures finalement retenues, les seuls autres choix possibles auraient été soit la suspension unilatérale des paiements - la dette externe est évaluée à près de 80 milliards de dollars, - avec les conséquences dramatiques que l’on peut imaginer sur l’ensemble du système financier international, soit la publication des noms des principaux sacadolares qui avaient exporté 35 milliards de dollars, au risque toutefois de mettre en cause plusieurs personnalités parmi les plus importantes du pays... Nationaliser les banques et imposer un contrôle des changes généralisé comportait certes des inconvénients majeurs ; ces mesures furent cependant jugées préférables à l’absence de reprise en main..

L’un des premiers effets a été une vive repolarisation de la société que le gouvernement s’est immédiatement employé à freiner. L’opposition prévisible des banquiers a été brisée en recourant à la vieille tactique mexicaine de la menace de répression et de la division plutôt qu’à la mobilisation de la population. Les anciens magnats ont été avertis que toute conspiration d’envergure serait sévèrement punie, mais, en même temps, pour se concilier les faveurs d’une partie de la bourgeoisie, le gouvernement a affirmé que l’État n’avait pas l’intention de conserver les participations des banques dans l’industrie, le commerce et les services. A cet égard, la nationalisation du système bancaire ne constitue donc nullement un pas vers le socialisme.

Si le mouvement ouvrier est à nouveau apparu comme l’un des piliers du régime, le programme d’austérité draconienne, officieusement décidé en accord avec le Fonds monétaire international, à la veille du 1er septembre, a été ajourné. Mais l’« aide » du F.M.I. est généralement considérée comme tout aussi nécessaire aujourd’hui qu’hier. Le problème est de savoir qui signera l’accord, du président Lopez Portillo ou de M. Miguel de la Madrid qui lui succédera le 1er décembre 1982.

La nationalisation des banques est désormais irréversible, et le futur président le sait bien. Toute la question est de lui donner un contenu : le nouveau système fonctionnera-t-il selon des critères purement commerciaux, ou bien deviendra-t-il l’instrument d’une nouvelle politique économique ?

Il semblerait que, mise à part une certaine réorientation en faveur de l’agriculture et du logement, M. de la Madrid s’apprête à emprunter la première des deux voies. Le contrôle des changes, lui, doit être compris comme une mesure technique et temporaire, même si le retour à la liberté totale apparaît peu probable. Jugé trop rigide, onéreux et bureaucratique ; le système mis en place le 1er septembre devrait être allégé par la prochaine administration. La nationalisation des banques apparaîtrait alors comme l’instrument permettant d’éviter à la fois la fuite massive des capitaux et un contrôle des changes trop ambitieux pour être viable à plus long terme.

Jorge G. Castaneda
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Personne à contacter Re: Crise économique mondiale

Message par fennec dz Mar 21 Juin - 10:58

Secret à la Fed

La sortie récente de documents montrant que la Réserve Fédérale avait prêté des dizaines, voire des centaines de milliards de dollars à des banques étrangères en 2008 et en 2009, a soulevé de nouvelles interrogations sur la présidence de Ben Bernanke à la FED.

Ces prêts étaient peut-être ou peut-être pas la bonne chose à faire à ce moment-là, étant donné la crise financière. Mais cela s’est fait en secret et la seule raison pour laquelle nous disposons maintenant de cette information est parce que Bloomberg News et Fox Business News [les deux principales chaînes d’information financière aux Etats-Unis] ont remporté une bataille judiciaire de deux ans, en utilisant le Freedom Information Act pour obtenir la communication de ces documents.

L’excuse officielle à propos de ce secret est que, au moment où ces prêts ont été accordés, les organismes de crédit pouvaient subir des « ruées bancaires » si leurs prêts avaient été rendus publics. Cela se discute, mais il n’y a aucune excuse pour avoir gardé cette information secrète pendant des années après que la crise fut passée.

Ce secret a été maintenu pour éviter d’avoir à rendre des comptes politiques, pas pour des raisons de stabilité financière. Ce genre de pratique est celui que l’on attend des gouvernements autoritaires, pas du gouvernement d’une république démocratique.

La responsabilité est vraiment le problème essentiel à la FED – s’il y avait quelque responsabilité significative, Ben Bernanke ne serait jamais devenu son président en 2006 et il n’aurait sûrement pas gardé son job après l’effondrement économique.

Bernanke était un des gouverneurs de la Réserve Fédérale, en 2002, lorsque la bulle immobilière avait déjà été identifiée par mon collègue Dean Baker. Bernanke n’avait pas conscience de cette bulle, alors qu’elle continuait à s’étendre, pour atteindre 8.000 milliards de dollars en 2006, avant son éclatement qui a provoqué la pire récession depuis la Grande Dépression [de 1929].

Bernanke aurait dû être au courant de l’analyse de Baker, qui observait l’évolution des prix de l’immobilier depuis la fin de la deuxième guerre mondiale et, en particulier, son envolée record de 70% – après ajustement sur l’inflation – entre 1996 et 2006. Avant l’éclatement de cette bulle, Baker était devenu, pour le New York Times, la source la plus citée concernant le marché immobilier. L’économiste Robert Schiller a pris la suite avec une analyse des données des prix de l’immobilier sur cent ans et arriva à la même conclusion – qu’il s’agissait d’une bulle qui finirait inévitablement par éclater. Il était également fréquemment cité dans les principaux médias.

Baker démontrait clairement que cette envolée des prix [immobiliers] ne pouvait s’expliquer que par une bulle des actifs – et que les autres explications attribuant cette bulle à la démographie, aux restrictions de construction ou à d’autres changements dans la demande ou l’offre n’étaient pas cohérentes avec ces données. Ce n’était pas une science d’une grande complexité hermétique pour un économiste du niveau de Bernanke. Celui-ci est très versé dans l’histoire économique, y compris celle de la Grande Dépression.

Pourtant, aussi tard qu’en juillet 2005, Bernanke a été directement interrogé sur la question de savoir s’il y avait une bulle immobilière et, il a répondu : « Je ne sais pas si les prix sont exactement ce qu’ils devraient être, mais je pense qu’il est juste de dire que beaucoup de ce qui se passe est soutenu par la force de l’économie. »

En mai 2007, juste sept mois avant que la Grande Récession ne commence, Bernanke déclarait : « … nous ne nous attendons pas à de grandes retombées du marché des subprimes sur le reste de l’économie ou sur le système financier. La vaste majorité des crédits hypothécaires, y compris même les crédits hypothécaires subprimes, continuent d’enregistrer de bonnes performances. »

Par conséquent, Bernanke a raté la plus grande bulle d’actifs dans l’histoire des Etats-Unis et il a ensuite échoué à anticiper la destruction inévitable que son éclatement provoquerait sur l’ensemble de l’économie. Ceci est analogue à l’affirmation des régulateurs nucléaires japonais, selon lesquels la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi était sûre et protégée de tout tsunami.

Le problème concernant la récompense de l’incompétence et de l’échec dans les hautes fonctions est que même un système financier bien régulé – que nous sommes toujours très loin d’atteindre – ne peut servir l’intérêt du public si les régulateurs en chef ne font pas leur boulot. Le secret, l’absence de responsabilité et l’incompétence sont les armes de destruction massive de l’économie […]. Exclamation

Mark Weisbrot
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