Sujets similaires
Derniers sujets
Sujets les plus vus
Sujets les plus actifs
Meilleurs posteurs
Sphinx | ||||
Syfou | ||||
Daûphin_zz_47 | ||||
Droit_De_l'Homme | ||||
abdelmalek | ||||
rakane | ||||
ZIGHOUD15 | ||||
col.chibani | ||||
fennec dz | ||||
ZIGHOUD |
Ceux qui commencent le plus de sujets
Syfou | ||||
Sphinx | ||||
Daûphin_zz_47 | ||||
Droit_De_l'Homme | ||||
ZIGHOUD15 | ||||
elmaknine | ||||
matriochkas | ||||
col.chibani | ||||
ZIGHOUD | ||||
Rahim Damon |
Connexion
Propagande du choc des civilisations
3 participants
algeriedrs :: Zones de conflits dans le monde :: Conflits, tensions, guerre et terrorisme :: Guerre médiatique: Désinformation, manipulation, propagande...
Page 1 sur 1
Propagande du choc des civilisations
Propagande et barbaries
http://agoravox.fr
Alex Jones : la fabrication du terrorisme pour inciter à la guerre et à la domination impériale des USA
[url]
Alex Jones : La Terreur Fabriquée [VOSTFR] par la-matrice_org[/url]
Kate et William ... Voici ceux qui menacent le mariage (PHOTOS)
http://www.adobuzz.com/news/30335-mariage-kate-william-menaces-terrosristes-securite-photos.html
Je crains que le discours sur le choc des civilisations que j’appellerais bien choc des barbaries ne nous prépare une extension de la guerre en Irak ou Afghanistan au nom de la démocratie, de la liberté, - un nouveau mensonge.
Barbarie, civilisation
Le président de la République française, dans les pas de BUSCH a relancé le débat sur la civilisation, bien sûr les incivilisés étant « les autres »…pas n’importe lesquels.
Mes premières surprises sur la civilisation datent d’un voyage en pays maya, où nous avions un guide français insistant à chaque instant à l’apport en termes de civilisation de l’Europe chrétienne aux amérindiens. Brûler les « cortex » ( les écrits mayas sur leur mode de vie leurs croyances, leurs savoirs) par les prêtres aux ordres faisait partie sans doute de la civilisation. A mon retour j’ai beaucoup lu sur la conquête, sur l’accueil chaleureux des indiens et sur les abominables tortures que leur infligèrent les Portugais et les Espagnols : des hommes attachés au dessus d’un feu pour être brûlés à petit feu, la soldatesque civilisée indisposée par leurs hurlements de souffrance leur coinçant dans la bouche de gros cailloux. J’ai aussi visité aux Canaries des églises avec des croix immenses en argent massif : la civilisation pilla ces peuples réputés barbares.
D’ailleurs étaient ils des hommes ? Cela faisait débat. Les chrétiens ont décrété depuis longtemps que les hommes seuls avaient une âme….et au temps de la conquête, les indiens d’Amérique étaient considérés sans âme. Ce qui n’explique pas pourquoi on aurait ainsi fait souffrir sadiquement des « animaux. »
Mon idée est que les civilisés étaient alors les indiens et les barbares les conquérants.
Cela a-t- il tellement changé ? Qui sont aujourd’hui les barbares ?
Ils ne se ressemblent pas forcément, sauf dans leur facilité de violence.
Il est très imprudent de désigner un pays, bien que la violence d’Etat puisse exister. Les prises d’otages ne sont pas plus violentes que les fusillades de manifestants (la Tunisie, 35 morts hier, pas deux), ou que l’excision des filles par millions en Afrique et par centaines en France, ou que les mitraillages d’enfants (Israël), sans oublier les assassinats hexagonaux avec ou sans viols. Pourquoi hiérarchiser les barbaries, en banaliser certaines mais mettre les autres à la une ? Les victimes sont parfaitement semblables, innocentes.
Ce qui surprend est le choix des assassinats à mettre en vedette par les médias ou les dirigeants politiques. Les victimes peuvent devenir des instruments de propagande. Comme si on préparait des assassinats massifs….mais on les appellera guerres comme pour l’Irak.
Les sauvages, les barbares sont parmi nous autant que chez les autres, et j’y mettrais bien les armées et leurs chefs, dès lors qu’elles sortent de la défense des frontières reconnues du pays.
Il y a une convergence dans les manipulations de l’opinion publique :
Le débat sur la mise à mort des animaux ne rebondit pas par hasard. La droite de l’extrémisme catholique cible (articles, affiches) la nourriture rituelle musulmane ou juive, s’inquiète de la souffrance des bœufs à l’abattoir hallal ou cascher, mais pas de celle des taureaux dans l’arène, à la mort précédée de tortures publiques, ni la souffrance des gibiers de la chasse à courre, d’abord livrés aux chiens, ni les victimes de la chasse au fusil qui, souvent seulement blessés, vont mourir cachés dans de grandes souffrances.
Rien non plus sur la mise à mort des poissons dans la pêche industrielle ou la cuisson de crustacés vivants.
Cette campagne est pour moi méprisable car partiale, raciste même, ciblant deux religions qui concurrencent la leur, - eux les traditionalistes catholiques et réactionnaires.
La République laïque devrait appliquer partout son interdiction de faire souffrir les animaux. Avec des passe droits maintenus, elle ouvre la voie à de telles campagnes hypocrites qui ont comme seul avantage de peindre l’état d’esprit de leurs auteurs.
Je sais que de l’autre côté, d’autres extrémistes utilisent les mêmes méthodes pour stigmatiser barbares les Américains ou les Français.
Avec les échanges permis par Internet, chacun peut réfléchir à une solution, qui est l’expression d’une pensée, pour contrebalancer ces propagandes intégristes d’un bord ou d’un autre. Résister ensemble c’est peut être en finir avec l’idée de camps barbares et de camps humanistes… je n’ose même plus parler de civilisés ! On ne va quand même pas laisser les intégristes chrétiens ou musulmans faire dégénérer la guerre en IRAK en guerre mondiale au nom de la liberté ou de la démocratie ! On ne va pas gober ces nouveaux mensonges.
http://agoravox.fr
Alex Jones : la fabrication du terrorisme pour inciter à la guerre et à la domination impériale des USA
[url]
Alex Jones : La Terreur Fabriquée [VOSTFR] par la-matrice_org[/url]
Kate et William ... Voici ceux qui menacent le mariage (PHOTOS)
L'organisation Musulmans contre les croisades menace même de gâcher la fête... Découvrez-les sur Purefans News by Adobuzz.
Si toute l'Angleterre - voire le monde entier - s'apprête à fêter le mariage de Kate et William, Scotland Yard est pour sa part plus concentrée que jamais. La faute à "ceux qui voudraient frapper un grand coup en matière terroriste" explique un ancien haut placé de la police locale sur SkyNews.
Sans aller jusqu'aux actes terroristes, l'organisation « Musulmans contre les croisades » menace quant à elle de manifester et de gâcher le mariage de Kate et William. La raison ? "Le Prince William, l'un des plus ardents défenseurs de l'impérialisme britannique, souhaite organiser une cérémonie de mariage extravagante aux frais des contribuables (...) Le jour dont la nation rêve depuis si longtemps risque de virer au cauchemar".
Des déclarations qui font froid dans le dos à désormais moins de deux jours du mariage de Kate et William...
http://www.adobuzz.com/news/30335-mariage-kate-william-menaces-terrosristes-securite-photos.html
Syfou- Adminstrateur
-
Nombre de messages : 5687
Age : 41
Emploi/loisirs : Les souvenirs s'envolent aussitot la la porte ouverte .
Humeur : Bien / H.M.D / Toujours.
Date d'inscription : 11/01/2010
Localisation : Dans un autre repère !
Re: Propagande du choc des civilisations
Égypte: la stratégie du chaos
Agnès Gruda:La Presse
Que s'est-il passé exactement dimanche, au Caire, près de la tour de la télévision nationale? Selon la version officielle, un affrontement entre des voyous et des manifestants chrétiens a dégénéré au point de forcer l'armée à intervenir. Dans le feu de l'action, il y a eu 24 morts et plus de 300 blessés.
Mais cette version ne correspond pas à ce que rapportent les témoins de cette explosion de violence, de loin la pire depuis la chute du président Hosni Moubarak, il y a huit mois.
Parmi ces témoins, il y a Lobna Darwish, jeune femme de 25 ans qui a marché avec des milliers de manifestants du quartier chrétien de Shoubra jusqu'à la télévision nationale, dimanche après-midi. Dans la foule, il y avait surtout des chrétiens, qui protestaient contre la destruction récente d'une église, mais aussi plusieurs «vétérans» de la place Tahrir. «Il y avait des grands-parents, des enfants, et personne n'était armé», raconte Lobna Darwish, que j'ai jointe par téléphone, hier.
«Environ 15 minutes avant d'arriver devant la télévision nationale, la police militaire a commencé à nous tirer dessus», indique l'étudiante en sociologie qui a alors couru se réfugier dans une autre rue, où elle a débouché sur une scène d'horreur. «J'ai vu des blindés qui zigzaguaient, ils roulaient comme des fous, en ciblant des gens, c'était terrifiant.» Dans le chaos, Lobna a vu trois manifestants blessés par balle, un jeune homme écrasé par un blindé...
À un moment de la soirée, la télévision nationale a appelé la population à voler au secours de l'armée, supposément attaquée par des chrétiens. C'est là, selon Lobna, que des civils armés d'épées et de bâtons sont apparus dans les rues pour s'en prendre aux manifestants.
Lobna avait déjà vu la police militaire réprimer des manifestations dans l'Égypte post-Moubarak. Mais jamais avec une telle violence, ni avec un tel souci de mise en scène, qui n'est pas sans rappeler le fameux «mercredi des chameaux», journée où le régime d'Hosni Moubarak avait déployé ses baltagueyas, ou voyous rémunérés, pour se positionner comme l'ultime rempart contre le chaos.
Selon Lobna, le but de la manoeuvre est clair: après avoir pris le relais du régime déchu, théoriquement de façon provisoire, l'armée refuse de céder la place.
Lobna Darwish n'est pas la seule à penser que les autorités militaires s'accrochent au pouvoir. Et que leur stratégie est calquée sur celle employée pendant des décennies par le président déchu: profiter de tensions interconfessionnelles pour justifier la méthode forte.
On n'a pas besoin d'être paranoïaque pour deviner que derrière les événements de dimanche se profile une stratégie: celle d'un régime de transition qui n'a plus envie de passer la main. Au cours des dernières semaines, le Conseil suprême des forces armées a multiplié les initiatives en ce sens, explique le magazine The Atlantic, dans un article très éclairant. L'état d'urgence vient d'être prolongé pour une année, les procès militaires contre des civils se multiplient, la Loi électorale a été modifiée en faveur de candidats proches de l'ancien régime, la censure a été rétablie...
«Tous ces gestes montrent que la junte militaire croit pouvoir imposer des mesures aussi sévères [...] que les méthodes utilisées par Moubarak», affirme The Atlantic. Et puis, il y a cette entente signée entre les autorités et les principaux partis politiques ouvrant la porte au report de l'élection présidentielle jusqu'en... 2013!
«Ce qui se passe en Égypte en ce moment, ce ne sont pas tant des affrontements entre des musulmans et des chrétiens qu'une tentative de provoquer le chaos et le mécontentement», a écrit le premier ministre Essam Sharaf sur sa page Facebook.
Cela ne signifie pas que les tensions interconfessionnelles sont inexistantes. Les salafistes, islamistes ultraradicaux, ne se gênent pas pour cibler les églises coptes. Mais les autorités militaires ne font pas trop de zèle pour les en empêcher. Le scénario n'est pas nouveau. Le spectre d'une guerre civile, c'est si utile quand on veut garder le pouvoir.
Source:cyberpresse.ca
Sphinx- Adminstrateur
-
Nombre de messages : 8044
Age : 38
Emploi/loisirs : Mat
Humeur : Peu importe.
Date d'inscription : 19/12/2008
Localisation : S.B.A
Re: Propagande du choc des civilisations
Le premier choc des civilisations
LES DEBATS DE L'OBS. Le XVIe siècle est le temps de la première mondialisation, d'Asie en Amérique. L'historien Serge Gruzinski nous explique la rencontre de ces mondes, indispensable pour comprendre «l'invention de l'Occident» et la globalisation d'aujourd'hui.
Le Nouvel Observateur Votre nouveau livre, «l'Aigle et le Dragon», est le récit de la première mondialisation au XVIe siècle par les Ibériques, c'est-à-dire les Espagnols et les Portugais, qui pour la première fois se déploient à l'est comme à l'ouest sur la scène planétaire, en Asie et en Amérique. Est-ce vraiment la première mondialisation?
Serge Gruzinski Il ne faut pas oublier la première mondialisation, certes incomplète, musulmane. Quand l'ambassadeur portugais Tomé Pires arrive à Canton en 1520, il y découvre de grandes mosquées. L'Islam, par les marchands et les routes de la soie, avait depuis longtemps pénétré la Chine. En tant qu'historien je me suis toujours demandé si l'antagonisme entre l'Occident et l'Islam ne vient pas de ce moment-là, quand les musulmans du XVIe siècle, pionniers de la mondialisation, ont eu le sentiment d'avoir été dépossédés. Eux qui étaient partout, en Afrique, en Asie centrale et en Chine, n'ont pu résister à la grande offensive ibérico-chrétienne.
Les musulmans ont été désespérés de n'avoir pas découvert l'Amérique. Il est vrai que ni le Coran ni la science arabe n'en ont jamais rien dit. De plus, très vite le Nouveau Monde allait être totalement christianisé et échapper à toute influence musulmane pendant des siècles. C'est donc au début du XVIe siècle que les Européens catholiques vont damer le pion du monde musulman et intervenir aux quatre coins de la planète.
Comment le désenclavement de la planète par les Ibériques, grâce à la révolution maritime de Magellan puis la découverte de l'Amérique, s'est-il transformé en première mondialisation?
Ce sont certes les voies maritimes découvertes par Vasco de Gama et Magellan et les grands bateaux construits à Séville ou à Lisbonne qui ont permis cette première expansion planétaire. Mais cela n'explique pas tout. Quand les Espagnols envoient Magellan vers l'inconnu, cela veut dire qu'il y a des financiers européens qui ont l'audace folle d'investir des sommes gigantesques à l'autre bout du globe pour des profits très hypothétiques. Et cela s'est répété sans arrêt au cours du XVIe siècle.
C'est vrai, il fallait des bateaux, mais avant tout des capitaux. A Séville, on rêvait des épices des Moluques! Ce premier désenclavement planétaire est d'ordre financier. Il eut pour origine un pari et une prise de risque maximale motivés par une soif de richesses. Mais cette audace n'était pas seulement liée à la cupidité ou au désir prédateur, elle était aussi d'ordre religieux. Il y avait une double démarche. Celle de faire main basse sur le «pétrole» de l'époque, c'est-à-dire les épices - recherchées autant pour la conservation alimentaire, le goût, voire la pharmacopée -, mais aussi de réaliser, grâce aux conquêtes, le rêve inouï de l'établissement d'une monarchie chrétienne universelle.
En Europe s'élaborent à cette époque une «conscience-monde» et le projet de christianiser la planète entière. Les Ibériques ont pour rêve de prendre en charge religieusement toute l'humanité, de la sauver, de la civiliser, de l'inscrire dans leur histoire et, au passage, de la faire travailler au service du monarque universel, à savoir Charles Quint. Marchands, soldats, marins et missionnaires marchent ensemble. Les théologiens disent: il n'y a qu'une seule humanité. Les hommes doivent donc tous commercer les uns avec les autres. Il n'y a aucune limite possible au commerce mondial. Les Ibériques se battaient donc pour la double liberté planétaire de circulation et de prédication. C'est l'idée très moderne que l'homme européen a le droit de circuler, de commercer et de prêcher la foi chrétienne partout.
Dès 1517, via l'ambassade de Tomé Pires, les Portugais envisagent très sérieusement de conquérir la Chine. Ce fut un fiasco et la guerre de Chine n'aura pas lieu...
C'est vrai, la Chine a été à cette époque la cible des Portugais avec un réel désir de conquête. Pour mille raisons, que j'explique dans mon livre, cela n'a pas marché. Mais il est fascinant de constater - et c'est tout l'intérêt de l'histoire «simultanée» ou «globale» que je tente de faire - que dans le même siècle les Ibériques ratent la Chine qu'ils ont fortement convoitée et réussissent l'Amérique, alors que Hernán Cortés n'avait aucun mandat de Charles Quint pour conquérir le Mexique et a agi de sa propre initiative, en rebelle! D'un côté, un projet de conquête programmé qui a échoué, de l'autre, un non-projet qui, par accident et grâce à l'audace de Cortés, fut une réussite totale, puisque tout le Nouveau Monde fut colonisé et christianisé.
Une des réponses de cette double histoire, c'est que les Chinois n'éprouvaient aucun intérêt ni attirance pour l'étranger, qu'il soit européen ou mongol, qui était considéré par définition comme un barbare devant impérativement faire allégeance à l'Empire céleste. Par l'intermédiaire de leur bureaucratie tentaculaire et xénophobe, les Chinois se sont constitués de formidables défenses immunitaires contre les Portugais.
En revanche, l'empereur aztèque Moctezuma est tombé dans le piège de sa curiosité envers l'«autre» castillan, le conquistador, arrivé par bateau de nulle part. Moctezuma a accordé une place à l'étranger et cela lui fut fatal. Dans la conquête du Mexique par Cortés, ce ne furent pas les chevaux, les canons et quelques milliers d'hommes qui vinrent à bout d'un Empire, certes divisé, de 20 millions d'Amérindiens, mais bien l'ouverture à l'autre, à l'étranger, ange ou démon peu importe, de la part de l'empereur mexicain. A tous les sens du mot, les Mexicains n'avaient aucune défense immunitaire contre l'envahisseur inattendu, alors que les Chinois, portés par leur sentiment de supériorité et d'indifférence à l'endroit de l'autre, avaient développé depuis des millénaires des défenses très efficaces, puisqu'ils ne furent jamais colonisés.
Dépourvus d'empire cuirassé et d'armure bactériologique, les Mexicains ne parviendront jamais à se débarrasser de leurs «visiteurs». Les Ibériques permirent ainsi à deux mondes qui s'ignoraient, le chinois et le mexicain, d'être connectés. Ironie de l'histoire, au XVIIIe siècle, c'est l'argent extrait du Nouveau Monde vendu par les Espagnols contre de coûteuses marchandises asiatiques qui assura le formidable développement de la Chine.
Le sous-titre de votre livre est «Démesure européenne et mondialisation au XVIe siècle». Quelle est l'explication de cette démesure qui a permis de relier les quatre parties du monde entre elles?
L'historien ne peut pas tout expliquer. La Shoah ne s'explique pas. La démesure européenne de cette époque, justifiée au nom de Dieu, et la frénésie de conquête ont bien sûr quelque chose de monstrueux. Cette démesure a provoqué la destruction des civilisations amérindiennes, puis la traite de masse des esclaves d'un continent à l'autre. Le bilan est effroyable.
Ce sont de vieux archaïsmes religieux et culturels - le messianisme, l'eschatologie, le millénarisme... - bref, ces anciens schémas bibliques ou médiévaux qui ont forgé le projet ibérique de se projeter dans le monde pour que Charles Quint devienne l'empereur chrétien universel. Le philosophe Peter Sloterdijk a écrit fort justement à propos du XVIe siècle: «Les temps modernes sont l'ère du monstrueux créé par l'homme.» Oui, au XVIe siècle, cette démesure est bien européenne: ce sont les Ibériques qui visitent l'Amérique et la Chine, jamais le contraire.
Autre surprise de l'histoire: Colomb, Magellan et Cortés croient découvrir l'Asie mais vont sans le savoir inventer l'Occident...
C'est pourquoi les Espagnols nommeront très longtemps le Nouveau Monde les Indes occidentales, qu'ils considéraient comme l'avant-poste, grâce à l'océan Pacifique, des Indes orientales. Aujourd'hui encore les indigènes du continent, de la Patagonie au Canada, sont pour nous des Indiens. L'Amérique a commencé par être un accident et un obstacle dans la course des Espagnols vers l'Orient. L'Amérique progressivement dérivera vers l'est et nouera des liens privilégiés avec le Vieux Monde européen.
L'ensemble donnera naissance à l'Occident, concept que seule une histoire globale peut valablement expliquer. L'invention de l'Occident est en effet indissociable de l'échec ibérique face à la Chine. C'est la résistance de la Chine qui a délimité les contours de l'Occident.
Propos recueillis par Gilles Anquetil
Source: "le Nouvel Observateur" du 9 février 2012.
LES DEBATS DE L'OBS. Le XVIe siècle est le temps de la première mondialisation, d'Asie en Amérique. L'historien Serge Gruzinski nous explique la rencontre de ces mondes, indispensable pour comprendre «l'invention de l'Occident» et la globalisation d'aujourd'hui.
Le Nouvel Observateur Votre nouveau livre, «l'Aigle et le Dragon», est le récit de la première mondialisation au XVIe siècle par les Ibériques, c'est-à-dire les Espagnols et les Portugais, qui pour la première fois se déploient à l'est comme à l'ouest sur la scène planétaire, en Asie et en Amérique. Est-ce vraiment la première mondialisation?
Serge Gruzinski Il ne faut pas oublier la première mondialisation, certes incomplète, musulmane. Quand l'ambassadeur portugais Tomé Pires arrive à Canton en 1520, il y découvre de grandes mosquées. L'Islam, par les marchands et les routes de la soie, avait depuis longtemps pénétré la Chine. En tant qu'historien je me suis toujours demandé si l'antagonisme entre l'Occident et l'Islam ne vient pas de ce moment-là, quand les musulmans du XVIe siècle, pionniers de la mondialisation, ont eu le sentiment d'avoir été dépossédés. Eux qui étaient partout, en Afrique, en Asie centrale et en Chine, n'ont pu résister à la grande offensive ibérico-chrétienne.
Les musulmans ont été désespérés de n'avoir pas découvert l'Amérique. Il est vrai que ni le Coran ni la science arabe n'en ont jamais rien dit. De plus, très vite le Nouveau Monde allait être totalement christianisé et échapper à toute influence musulmane pendant des siècles. C'est donc au début du XVIe siècle que les Européens catholiques vont damer le pion du monde musulman et intervenir aux quatre coins de la planète.
Comment le désenclavement de la planète par les Ibériques, grâce à la révolution maritime de Magellan puis la découverte de l'Amérique, s'est-il transformé en première mondialisation?
Ce sont certes les voies maritimes découvertes par Vasco de Gama et Magellan et les grands bateaux construits à Séville ou à Lisbonne qui ont permis cette première expansion planétaire. Mais cela n'explique pas tout. Quand les Espagnols envoient Magellan vers l'inconnu, cela veut dire qu'il y a des financiers européens qui ont l'audace folle d'investir des sommes gigantesques à l'autre bout du globe pour des profits très hypothétiques. Et cela s'est répété sans arrêt au cours du XVIe siècle.
C'est vrai, il fallait des bateaux, mais avant tout des capitaux. A Séville, on rêvait des épices des Moluques! Ce premier désenclavement planétaire est d'ordre financier. Il eut pour origine un pari et une prise de risque maximale motivés par une soif de richesses. Mais cette audace n'était pas seulement liée à la cupidité ou au désir prédateur, elle était aussi d'ordre religieux. Il y avait une double démarche. Celle de faire main basse sur le «pétrole» de l'époque, c'est-à-dire les épices - recherchées autant pour la conservation alimentaire, le goût, voire la pharmacopée -, mais aussi de réaliser, grâce aux conquêtes, le rêve inouï de l'établissement d'une monarchie chrétienne universelle.
En Europe s'élaborent à cette époque une «conscience-monde» et le projet de christianiser la planète entière. Les Ibériques ont pour rêve de prendre en charge religieusement toute l'humanité, de la sauver, de la civiliser, de l'inscrire dans leur histoire et, au passage, de la faire travailler au service du monarque universel, à savoir Charles Quint. Marchands, soldats, marins et missionnaires marchent ensemble. Les théologiens disent: il n'y a qu'une seule humanité. Les hommes doivent donc tous commercer les uns avec les autres. Il n'y a aucune limite possible au commerce mondial. Les Ibériques se battaient donc pour la double liberté planétaire de circulation et de prédication. C'est l'idée très moderne que l'homme européen a le droit de circuler, de commercer et de prêcher la foi chrétienne partout.
Dès 1517, via l'ambassade de Tomé Pires, les Portugais envisagent très sérieusement de conquérir la Chine. Ce fut un fiasco et la guerre de Chine n'aura pas lieu...
C'est vrai, la Chine a été à cette époque la cible des Portugais avec un réel désir de conquête. Pour mille raisons, que j'explique dans mon livre, cela n'a pas marché. Mais il est fascinant de constater - et c'est tout l'intérêt de l'histoire «simultanée» ou «globale» que je tente de faire - que dans le même siècle les Ibériques ratent la Chine qu'ils ont fortement convoitée et réussissent l'Amérique, alors que Hernán Cortés n'avait aucun mandat de Charles Quint pour conquérir le Mexique et a agi de sa propre initiative, en rebelle! D'un côté, un projet de conquête programmé qui a échoué, de l'autre, un non-projet qui, par accident et grâce à l'audace de Cortés, fut une réussite totale, puisque tout le Nouveau Monde fut colonisé et christianisé.
Une des réponses de cette double histoire, c'est que les Chinois n'éprouvaient aucun intérêt ni attirance pour l'étranger, qu'il soit européen ou mongol, qui était considéré par définition comme un barbare devant impérativement faire allégeance à l'Empire céleste. Par l'intermédiaire de leur bureaucratie tentaculaire et xénophobe, les Chinois se sont constitués de formidables défenses immunitaires contre les Portugais.
En revanche, l'empereur aztèque Moctezuma est tombé dans le piège de sa curiosité envers l'«autre» castillan, le conquistador, arrivé par bateau de nulle part. Moctezuma a accordé une place à l'étranger et cela lui fut fatal. Dans la conquête du Mexique par Cortés, ce ne furent pas les chevaux, les canons et quelques milliers d'hommes qui vinrent à bout d'un Empire, certes divisé, de 20 millions d'Amérindiens, mais bien l'ouverture à l'autre, à l'étranger, ange ou démon peu importe, de la part de l'empereur mexicain. A tous les sens du mot, les Mexicains n'avaient aucune défense immunitaire contre l'envahisseur inattendu, alors que les Chinois, portés par leur sentiment de supériorité et d'indifférence à l'endroit de l'autre, avaient développé depuis des millénaires des défenses très efficaces, puisqu'ils ne furent jamais colonisés.
Dépourvus d'empire cuirassé et d'armure bactériologique, les Mexicains ne parviendront jamais à se débarrasser de leurs «visiteurs». Les Ibériques permirent ainsi à deux mondes qui s'ignoraient, le chinois et le mexicain, d'être connectés. Ironie de l'histoire, au XVIIIe siècle, c'est l'argent extrait du Nouveau Monde vendu par les Espagnols contre de coûteuses marchandises asiatiques qui assura le formidable développement de la Chine.
Le sous-titre de votre livre est «Démesure européenne et mondialisation au XVIe siècle». Quelle est l'explication de cette démesure qui a permis de relier les quatre parties du monde entre elles?
L'historien ne peut pas tout expliquer. La Shoah ne s'explique pas. La démesure européenne de cette époque, justifiée au nom de Dieu, et la frénésie de conquête ont bien sûr quelque chose de monstrueux. Cette démesure a provoqué la destruction des civilisations amérindiennes, puis la traite de masse des esclaves d'un continent à l'autre. Le bilan est effroyable.
Ce sont de vieux archaïsmes religieux et culturels - le messianisme, l'eschatologie, le millénarisme... - bref, ces anciens schémas bibliques ou médiévaux qui ont forgé le projet ibérique de se projeter dans le monde pour que Charles Quint devienne l'empereur chrétien universel. Le philosophe Peter Sloterdijk a écrit fort justement à propos du XVIe siècle: «Les temps modernes sont l'ère du monstrueux créé par l'homme.» Oui, au XVIe siècle, cette démesure est bien européenne: ce sont les Ibériques qui visitent l'Amérique et la Chine, jamais le contraire.
Autre surprise de l'histoire: Colomb, Magellan et Cortés croient découvrir l'Asie mais vont sans le savoir inventer l'Occident...
C'est pourquoi les Espagnols nommeront très longtemps le Nouveau Monde les Indes occidentales, qu'ils considéraient comme l'avant-poste, grâce à l'océan Pacifique, des Indes orientales. Aujourd'hui encore les indigènes du continent, de la Patagonie au Canada, sont pour nous des Indiens. L'Amérique a commencé par être un accident et un obstacle dans la course des Espagnols vers l'Orient. L'Amérique progressivement dérivera vers l'est et nouera des liens privilégiés avec le Vieux Monde européen.
L'ensemble donnera naissance à l'Occident, concept que seule une histoire globale peut valablement expliquer. L'invention de l'Occident est en effet indissociable de l'échec ibérique face à la Chine. C'est la résistance de la Chine qui a délimité les contours de l'Occident.
Propos recueillis par Gilles Anquetil
Source: "le Nouvel Observateur" du 9 février 2012.
Daûphin_zz_47- Adm
-
Nombre de messages : 2215
Age : 42
Date d'inscription : 06/08/2010
Localisation : tlc
algeriedrs :: Zones de conflits dans le monde :: Conflits, tensions, guerre et terrorisme :: Guerre médiatique: Désinformation, manipulation, propagande...
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Mer 29 Nov - 18:51 par ZIGHOUD15
» Direction de la Sécurité Intérieure (D.S.I)
Mar 7 Mar - 19:34 par ZIGHOUD15
» National security2 of Algéria
Lun 20 Fév - 15:04 par ZIGHOUD15
» Les exercices militaires russo-biélorusse
Mer 28 Sep - 16:45 par ZIGHOUD15
» nouvelle grille de lecture du monde
Sam 20 Aoû - 18:47 par ZIGHOUD15
» Lobbyisme et démocratie
Sam 19 Mar - 9:19 par ZIGHOUD15
» La fin des « guerres à bon marché » pour les États-Unis
Jeu 10 Mar - 14:04 par ZIGHOUD15
» BRICS
Jeu 10 Mar - 13:58 par ZIGHOUD15
» LA MATRICE DU TERRORISME
Ven 10 Sep - 20:41 par ZIGHOUD15
» Dhû-l-Qarnayn ou le bicornu ....
Sam 21 Aoû - 22:46 par ZIGHOUD15
» Définition et conception ?!
Lun 21 Juin - 17:39 par abdelmalek
» Gendarmerie Nationale
Sam 19 Juin - 12:12 par abdelmalek
» Département du Renseignement et de la Sécurité (DRS)
Mer 16 Juin - 10:31 par abdelmalek
» إنتخابات الجزائر الجددة
Mar 24 Sep - 1:02 par Sphinx
» Zouaves ! qui sont ?
Dim 22 Sep - 22:22 par Sphinx
» Les alliés locaux de la colonisation algérienne
Mar 25 Juin - 22:18 par Sphinx
» Carthage et l'occident ...
Ven 21 Juin - 21:38 par Sphinx
» الأمير عبد القاد ر بن محي الدین
Lun 17 Juin - 23:35 par Sphinx
» Wilaya 5 historique en Oranies ( 1954/1962 )
Sam 6 Oct - 19:16 par Sphinx
» dépenses militaires mondiales
Dim 6 Mai - 16:38 par ZIGHOUD15
» algerian barkhane la citadelle
Ven 27 Avr - 16:27 par ZIGHOUD15
» cabale
Mer 25 Avr - 16:06 par ZIGHOUD15
» L'emir Abdelkader et le monde antique ....
Lun 4 Déc - 20:26 par Sphinx