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Géographie électorale des États-Unis

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Personne à contacter Géographie électorale des États-Unis

Message par Sphinx Mer 2 Déc - 11:51

Après huit années d’une administration Bush dont le bilan est, à de nombreux égards, fort critiquable, les Américains sont à la veille d’une élection présidentielle cruciale pour les Etats-Unis, mais aussi pour le reste du monde, qui suit du coup avec une grande attention la campagne électorale américaine. Nous allons tenter de définir et d’analyser les enjeux de ces élections, à travers une approche géographique qui nous conduira à une meilleure compréhension de ce pays à la fois si proche et si lointain. En conclusion nous essaierons d’évaluer les chances de succès des deux candidats.

Aux Etats-Unis, tout comme en Europe, l’« Obamania » est très forte. Si Barack Obama est généralement donné comme favori dans les sondages, il faut attendre les résultats du 4 novembre pour connaître l’identité du 44ème président des Etats-Unis. Le succès de Barack Obama n’est pas assuré.

À certains égards, l’Obamania européenne est une surprise pour les Etats-Unis. Beaucoup d’Américains n’ont pris conscience de cette Obamania qu’à l’occasion de la visite du candidat démocrate à Berlin (fin juillet) où de nombreux Allemands agitaient des drapeaux US. Pour les Américains, cet engouement et cette popularité après huit années d’administration Bush et de montée de l’anti-américanisme dans le monde furent une révélation.

Le contexte démographique des élections : la question de la « diversité ethnique »

La question « raciale » est assurément une clef des élections présidentielles. Pour en saisir la complexité, il faut clarifier les quatre traits qui caractérisent la population américaine :

un métissage croissant de la population : en 2000 est apparue une catégorie statistique nouvelle, dite des « multiraciaux », qui prend une place de plus en plus importante ;
une diminution du poids relatif des « blancs » non hispaniques : cette catégorie représente aujourd’hui les 2/3 de la population ; cette part est en déclin et, en 2042, cette catégorie de population devrait être minoritaire ;
une croissance très importante de la communauté hispanique : cette communauté, en accroissement rapide et régulier, représente aujourd’hui près de 15% de la population ;
une quasi stabilité de la communauté noire (environ 12,8%).

L’état de Californie (le plus peuplé des Etats-Unis avec environ 38 millions d’habitants) est précurseur dans ces évolutions. Le cas californien peut en effet être considéré comme emblématique des évolutions en cours de la population américaine. La composition de la population de cet état se répartit comme suit :

La communauté des « blancs non hispaniques » représente 43% de la population ;
Les hispaniques 36% ;
Les Asiatiques 12-13%.

Cette diversité ethnique trouve ses origines dans les lois de 1965 (libéralisation de l’immigration). Elles ont tout d’abord accéléré l’immigration en provenance d’Amérique latine. Ensuite, au cours des décennies 1970 et 1980, les immigrations en provenance d’Asie puis d’Afrique (à un moindre niveau) se sont fortement développées, alors que l’immigration en provenance d’Europe diminuait pour atteindre un niveau peu important (15% aujourd’hui).

Plus précisément, en ce qui concerne la communauté afro-américaine, à laquelle Barack Obama appartient, il convient de rappeler qu’elle n’est pas homogène. Elle se sub-divise en fait en deux grandes catégories :
la communauté historique, issue de l’esclavage : largement la plus nombreuse, dotée d’un sentiment communautaire très fort, cette communauté est pour partie exclue du « rêve américain » et vit en marge de la société américaine. C’est dans cette catégorie de la population que se trouvent des situations de grande précarité, comme le traduisent nombre d’indicateurs statistiques (taux de chômage et d’emprisonnement très élevés) ;
la communauté issue de l’immigration récente : cette communauté partage en revanche le « rêve américain » et réussit à s’insérer dans la société américaine ; Barack Obama est le fruit de cette immigration récente. Parmi les pays appartenant au monde industriel développé, les Etats-Unis peuvent sans doute être considérés comme le pays le moins raciste, tout au moins institutionnellement, car la réglementation n’empêche pas des comportements individuels fortement marqués par le racisme.

.../...
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Message par Sphinx Mer 2 Déc - 11:59

La géographie électorale et sa représentation cartographique

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Carte 1 - Election 2004 par états : vote Républicain (rouge) et vote Démocrate (bleu)
Lecture : la majorité de la population des états a voté Républicain (rouge), Démocrate (bleu)


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Cartogramme 1 - Election 2004 par états : vote Républicain (rouge) et vote Démocrate (bleu)
Lecture : le cartogramme tient compte du poids démographique des états ayant voté Républicain ou Démocrate


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Carte 2 - Election 2004 par comtés : vote Républicain (rouge) versus vote Démocrate (bleu)
Lecture : la majorité de la population des comtés a voté Républicain (rouge), Démocrate (bleu)


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Cartogramme 2 - Election 2004 par comtés : vote Républicain (rouge) versus vote Démocrate (bleu)
Lecture : le cartogramme tient compte du poids démographique des comtés ayant voté Républicain ou Démocrate.

Source : Michael Gastner, Cosma Shalizi, and Mark Newman (University of Michigan)
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Personne à contacter Re: Géographie électorale des États-Unis

Message par Sphinx Mer 2 Déc - 12:02

Avant de commenter ces cartes, deux rappels sont nécessaires :
Il faut d’abord souligner l’hyper-médiatisation des binômes dominants : John McCain et Sarah Palin pour le parti Républicain, Barack Obama et Joe Biden pour le parti Démocrate. Cette hyper-médiatisation ne doit pas faire oublier que d’autres candidats, d’autres partis, font également campagne, même s’ils n’ont aucune chance d’être élus ;
Il faut ensuite rappeler qu’il s’agit d’une élection au suffrage universel indirect à un tour. Dans chaque état les électeurs votent pour une liste de « grands électeurs » qui ont été désignés par les partis. La liste gagnante prend tous les postes, dans la mesure où il n’y a pas de panachage. Ces grands électeurs votent ensuite pour le président (le seuil pour accéder à cette fonction est de 270 voix).

Ce système électoral donne une image quelque peu « caricaturale » de la géographique électorale des Etats-Unis. Sur la carte 1, nous observons une Amérique divisée en deux : une Amérique Démocrate, celle de la côte Est, de la côte Ouest et des états des Grands Lacs, et une Amérique Républicaine, localisée au centre du pays dans les Grande Plaines, les Rocheuses et le Sud. L’Amérique serait ainsi divisée en deux avec une opposition radicale qui donne au final l’impression d’une hégémonie républicaine.

Trois remarques s’imposent pour pondérer cette grille de lecture des deux Amériques.
La prise en compte du poids démographique des états (cartogramme 1) donne une représentation cartographique plus nuancée concernant le poids et la répartition du vote Démocrate ;
L’interprétation des résultats des élections par comtés et non par états (carte 2 et cartogramme 2) permet une lecture plus fine du vote américain. Nous aboutissons finalement à une cartographie très complexe où des comtés Républicains et des comtés Démocrates sont totalement imbriqués ;
Une autre forme de représentation cartographique est possible, où la bascule des pourcentages pris en compte lors de la cartographie n’est plus 50%, mais le pourcentage exact des votes obtenus par chaque parti dans chaque comté. Ainsi 52% dans un camp et 48% dans l’autre donnera une nuance de bleu et de rouge : le pourpre. C’est ce que l’on appelle le principe de l’Amérique « pourpre » où le vote américain n’est pas aussi tranché, et où au contraire la réalité apparaît comme étant extrêmement complexe et nuancée.


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Cartogramme 3 - Election 2004 par comtés : l’Amérique pourpre (pondération vote Républicain combiné au vote Démocrate)
Source : Michael Gastner, Cosma Shalizi, and Mark Newman (University of Michigan)
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Personne à contacter Re: Géographie électorale des États-Unis

Message par Sphinx Mer 2 Déc - 14:29

L’enjeu pour les candidats à l’élection de novembre 2008 consiste à gagner dans les états susceptibles de basculer d’un camp à l’autre. Stratégiques pour l’issue des élections du 4 novembre, ces états sont appelés les « swinging states » ; ils font l’objet de beaucoup d’attentions et d’investissements de la part des candidats. Selon les derniers sondages, 7 états seraient indécis : Nevada, Missouri, Indiana, Ohio, Virginie occidentale, Caroline du Nord et Floride.

Qui sont les candidats ?

Les parcours personnels de Barack Obama et de John McCain expliquent leurs orientations politiques et permettent d’anticiper sur l’après 4 novembre.

John McCain, 72 ans, est issu d’une famille de militaires ; combattant au Viet Nam où il a été fait prisonnier durant 4 ans, il fait figure de héros national qui incarne la grandeur militaire des Etats-Unis. Au début des années 1980, il s’engage dans une carrière politique, et en 1987 il est élu sénateur de l’Arizona. Ami de John Kerry (candidat Démocrate de 2004 et vétéran du Viet Nam lui aussi), ils ont travaillé ensemble, au Sénat, sur un certain nombre de dossiers. John McCain incarne l’Amérique « blanche » traditionnelle. S’il essaie de se démarquer de Georges W. Bush, il a tout de même du mal à convaincre quant à sa capacité à marquer une profonde rupture.

Barack Obama, 47 ans, sénateur de l’Illinois, est métis d’un père Kenyan et d’une mère Américaine blanche. Entre 1967 et 1971, il vit en Indonésie (après le divorce de ses parents), fréquentant alors des musulmans. De cette période de sa vie, il garde une perception et une image du monde islamique beaucoup plus nuancée que celle d’autres personnalités politiques américaines. Il fait des études en sciences politiques et en relations internationales en Californie et à New-York, puis trouve un emploi à Chicago dans un grand cabinet financier où il aurait pu faire carrière. Très rapidement il choisit de devenir « organisateur communautaire » dans un ghetto noir de Chicago où il entre en contact avec les milieux chrétiens. En 1987, il reprend ses études à Harvard et, de retour à Chicago, il travaille comme avocat pour les droits civiques et enseigne à l’Université de Chicago. En 1989 il rencontre sa future épouse (Michelle Robinson), avocate elle-même, qui le pousse vers une carrière politique. En 1996, il est élu sénateur au Parlement de l’Illinois, puis en 2004 sénateur de l’Illinois à Washington.

Barack Obama incarne une Amérique métis, mais aussi une Amérique jeune. Aux yeux de beaucoup d’Américains, il incarne l’espoir et l’avenir de l’Amérique. Doté d’une expérience multinationale et multiculturelle, Barack Obama a les compétences nécessaires pour s’adresser à plusieurs publics. Sa grande force politique repose sur le fait qu’il n’effraie pas les électeurs blancs (il ne se présente pas comme un héritier de la communauté noire historique) et que, en même temps, grâce à son parcours professionnel, comme acteur social dans les quartiers pauvres du sud de Chicago, il se concilie le soutien de la communauté noire historique d’où, qui plus est, est issue son épouse.

Quelles sont les chances de Barack Obama... Et pourquoi lui ?

Barack Obama est le favori des sondages qui le donnent gagnant ;
Il est le « préféré » des européens ; il incarne ce fameux « rêve américain » auquel les Européens ont encore envie de croire : 86% des Français et 73% des Européens le plébiscitent ;
Il a su mobiliser beaucoup plus de financements que son adversaire durant la campagne, ce qui tend à signifier que les Américains « parient » préférentiellement sur lui ;
Il a su rallier le soutien d’un certain nombre de membres du parti Républicain, le plus éminent étant Colin Powell.
Toutefois la bataille électorale n’est pas gagnée et de nombreux analystes évoquent l’« effet Bradley ». Cette notion renvoie à l’élection du maire de Los Angeles en 1982 ; Tom Bradley, candidat-sénateur de la Californie, alors donné gagnant dans les sondages, est finalement battu. L’effet Bradley fait référence concrètement à des décalages de comportements entre les déclarations d’intentions de votes et le choix final des électeurs dans l’isoloir.
Même si la force politique d’Obama tient dans son discours à coloration universelle, il part avec un handicap électoral important : des enquêtes de sociologues américains ont montré que 20% de l’électorat blanc ne votera jamais pour un candidat noir.
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Personne à contacter Re: Géographie électorale des États-Unis

Message par Sphinx Mer 2 Déc - 14:31

Les programmes comparés et les enjeux des élections

1. Pour l’Amérique


Barack Obama propose une réorientation de la politique fédérale vers une politique keynésienne au sens strict, avec un renouvellement de l’intervention de la puissance publique dans un certain nombre de domaines comme l’éducation, la santé et les infrastructures. Il propose aussi une réforme de la fiscalité qui risque de peser lourdement sur les revenus du capital mais qui permettrait d’alléger la charge fiscale qui pèse sur les épaules des plus pauvres et surtout sur les classes moyennes.

Si John McCain est élu, nous pouvons nous attendre à une certaine continuité de la politique de George W. Bush avec des recettes néo libérales classiques : allègements de la charge fiscale pour les entreprises et les ménages, afin de stimuler les investissements et la consommation dans le but de relancer la machine économique.

2. Pour l’Europe

Au vu de l’« Obamania européenne », le journal Allemand Der Spiegel avait posé en juin dernier une question intéressante « Obama aime-t-il l’Europe ? ». Il n’est pas certain qu’Obama ressente beaucoup d’affinités pour l’Europe. Il la considère sans doute comme un partenaire parmi d’autres. Un partenaire certes important dans la mesure où existent historiquement des relations politiques, culturelles et économiques extrêmement fortes entre les Etats-Unis et l’Europe. Mais sans doute ce partenariat ne serait-il pas particulièrement privilégié. Cette situation va dans le sens d’un processus déjà engagé de détachement transatlantique. En dépit des liens culturels, économiques et politiques qui restent très solides entre l’Europe et les Etats-Unis, l’élection de Barack Obama viendrait couronner le délitement progressif du lien transatlantique et le basculement des Etats-Unis vers la zone asiatique.

Avec John McCain les relations transatlantiques continueraient certainement à être privilégiées et nous pouvons espérer des relations apaisées avec l’Europe, suite aux désaccords profonds qui marquent les relations entre une partie de l’Europe et les Etats-Unis depuis l’intervention de Washington en Irak en 2003.

3. Pour le reste du Monde

Les priorités de John McCain sont assez proches de celles du camp Républicain en général et de George W. Bush : renforcer la prééminence des Etats-Unis, étendre les accords de libre-échange, apaiser les relations internationales dans le Monde. Toutefois concernant la politique étrangère, nous pouvons supposer que John McCain privilégierait le « Hard power » : une domination dure qui passe par une hégémonie économique et militaire des Etats-Unis.

Barack Obama proposerait une politique fondée sur plus de multiculturalisme tout en souhaitant renforcer l’influence américaine dans le Monde et diffuser la démocratie et l’économie de marché. Il est prêt à engager un dialogue sans condition préalable avec les « états voyous » ; il affiche vis-à-vis de l’Irak une volonté de désengagement total des USA. Son approche politique est fondée sur le « Soft power » c’est-à-dire une domination du Monde qui passerait par l’adhésion à un projet politique global et des outils de domination à caractère culturels et politiques.
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Message par Sphinx Mer 2 Déc - 14:40

DÉBAT

1. Michel Poinard (Géographe) : Qu’en est-il des vice-présidents ?

Frédéric Leriche : Le choix des vice-présidents est politique et ils ont un rôle de rééquilibrage dans les tandems. En incarnant une certaine forme d’agressivité, Sarah Palin est la « carte dynamisme et jeunesse » de John McCain. Joe Biden dont on redoute les prises de paroles, représente la « carte de l’expérience » ; ce choix de Barack Obama vise à rassurer l’électorat blanc.

2. : Votre exposé montre une Amérique en pleine évolution et un candidat président qui se présente comme une figure de la modernité et de l’avenir. En revanche, vous n’avez jamais évoqué (et c’était certainement voulu) la crise financière. Ne pensez-vous pas que si d’aventure Obama est élu, il devra son succès à cette débâcle financière ? les nationalisations "en urgence" des établissements bancaires par Bush, n’ont-elles pas fait passer au 2° plan la guerre en Irak et les problèmes de mœurs comme l’avortement ou la question « gay » ?

F.L. : J’ai laissé volontairement la crise financière de côté. C’est en effet une clef fondamentale de ces élections mais ce n’est pas la seule. La question raciale me semble tout aussi importante et je l’ai déjà évoquée. Que le camp Républicain soit en partie associé à cette débâcle financière va à l’encontre de John McCain ; toutefois il essaie de jouer la carte de la rupture et de tenir un discours clair revendiquant une politique différente de G.W. Bush. Je ne suis pas convaincu que si John McCain était élu sa politique serait aussi pragmatique que la politique que Bush est en train de mettre en place dans la mesure où le programme Républicain est basé sur l’allègement de la fiscalité avec un désengagement de l’Etat vis-à-vis de l’économie.

3. Jean-Christian Tulet (Animateur des Cafés géographiques). Ne surestime-t-on pas le poids des minorités ? Les hispaniques détiennent-ils tous la citoyenneté américaine ? Sont-ils inscrits sur les listes électorales ? Quelle est la proportion de ceux qui ont le droit de voter ?

F.L. : Il faudrait connaître le taux d’abstention général de la population américaine et effectuer le même calcul selon les catégories ethniques. Les taux d’abstentions sont parfois très élevés ; chez les hispaniques, immigrés depuis peu, un certain nombre ne sont pas citoyens américains ou bien même ayant accédé à la citoyenneté n’ont pas fait la démarche de s’inscrire pour voter.

Il convient en effet de nuancer le poids des minorités ethniques ; d’une part, elles ne comportent pas forcément des « votants » (et leur vote reste aléatoire) et d’autre part, les trajectoires sociales de beaucoup de membres de ces minorités les conduisent de manière disproportionnée en « prison ». Politiquement ces communautés pèsent peu dans les résultats électoraux. Cependant, lors des élections de 2000 ces abstentionnistes ont joué un rôle important (voire déterminant) en Floride lorsque le vote a basculé du côté de Bush plutôt que d’Al Gore.

4. Gabriel Weissberg (Animateur des Cafés géographiques) : Les expressions « communauté noire » ou « communauté islamique » sont une commodité de langage qu’il conviendrait de nuancer. Il serait préférable d’utiliser systématiquement le pluriel. Dans la communauté hispanique, les cubains immigrés installés à Miami ne votent pas de la même manière que ceux qui ont franchi récemment la frontière. De même, dans la communauté afro-américaine très hétérogène, les votes varient en fonction du niveau d’insertion et de réussite sociale.

5. Il semblerait que les « blancs » n’ont plus peur du vote « noir », mais Obama fera-t-il le plein du vote « noir » ?

F. L. : L’adhésion des différentes communautés « noires » au vote Obama a été estimée à 80%.

6. Pascal Michel (Animateur des Cafés géographiques) : Lors de la dernière élection, la question des religions était largement posée dans les débats et notamment par George W. Bush. Aujourd’hui les communautés religieuses sont beaucoup moins présentes dans la campagne. Qu’en est-il en réalité ?

F.L. : On assiste à une campagne électorale intéressante où les débats et les enjeux apparaissent plus pertinents. Les thèmes mis habituellement en avant par le parti Républicain comme l’avortement, la question religieuse, la famille et la nation sont passés au second plan et c’est certainement ce qui montre que le camp Démocrate a mieux conduit sa campagne que d’habitude. La qualité du débat politique pour la campagne électorale repose sur un concours de circonstance : on sort de huit années d’administration Bush, l’Amérique subit une lourde crise économique, elle découvre un candidat au parcours atypique ; autant d’éléments associés qui feront qu’en définitive le parti Démocrate emportera certainement ces élections (c’est mon point de vue).

7. Gabriel Weissberg : Néanmoins dans les dernières semaines de la campagne électorale, on a vu apparaître des textes accusant Obama d’être musulman et de s’en cacher !

F.L. : Ce sont là des stratégies de campagne sous forme d’attaques personnelles. Je voudrais citer Barack Obama : « Les Républicains ne savent pas gouverner mais ils savent faire campagne ! » On peut espérer que les Démocrates feront la démonstration cette fois-ci qu’ils seront à la hauteur des enjeux, y compris dans la course à la présidence et dans la capacité à bien gouverner.
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Personne à contacter Re: Géographie électorale des États-Unis

Message par Sphinx Mer 2 Déc - 14:42

8. Vous avez évoqué l’engouement suscité par cette campagne électorale et les sommes énormes récoltées par Obama : n’est-ce pas, au niveau local, une forme de nouvelle dynamique ? Dans plusieurs états on a vu des comités de soutien d’Obama structurant les régions, les comtés et les villes américaines. Obama souhaitant conduire une politique locale beaucoup plus proche des gens n’est-ce pas une nouvelle géopolitique, une nouvelle géographie électorale aux Etats-Unis ?

F.L. : Il suffirait pour le candidat Démocrate de mobiliser quelques pourcentages de « jeunes » récemment inscrits qui pourraient se rendre mardi prochain aux urnes. Cette situation nouvelle suffirait pour emporter la différence.

9. On a évoqué les espoirs de tous les désenchantés qui avaient cessé de voter et qui maintenant se mobilisent autour d’Obama. Que se passerait-il si Barack Obama perdait ?

F.L. : Que se passerait-il si John McCain l’emportait ? Certains problèmes seraient gérés d’une manière un peu moins multilatérale que Barack Obama ; John McCain reprendrait les grandes recettes néolibérales qui, d’une certaine manière, ont montré leurs limites. Des ouvrages d’économie, de Robert Reich et de Paul Krugman en particulier, indiquent qu’en 2005 l’écart des richesses entre les riches et les pauvres, est le même qu’en 1929 ! Une politique idéologique, régie par des grands principes néolibéraux, telle que celle que John McCain souhaiterait mettre en œuvre, s’avérerait très risquée.

10. Les candidats secondaires sont-ils susceptibles de « voler des voix » à Barack Obama ?

F.L. : Certes ils risquent de « voler des voix » à Barack Obama mais ce sera sans grande conséquence puisque ce sera le vainqueur par état qui remportera l’élection ; il n’y a pas de panachage possible. Il peut arriver qu’un grand électeur d’un état à coloration Républicaine donne sa voix au candidat Démocrate. Mais cette situation est extrêmement rare !

11. En reprenant cet exemple si les votes exprimés ne sont pas démocrates, la totalité des voix se porte sur les grands électeurs républicains ce qui risque de faire élire automatiquement John McCain ?

F.L. : Le système électoral américain renforce la bipolarisation ; cela étant, en dépit des deux parties dominantes, certaines voix politiques marginales réussissent à s’exprimer. Voir le cas de Ralph Nader ; il existe dans le paysage politique et pèse sur les orientations et les programmes des candidats bien qu’il ait peu de chances à gagner l’électorat entier d’un état.

12. Pascal Michel : En 2000, Ralph Nader a fait basculer le résultat vers George W. Bush au dépens d’Al Gore ! Une cinquantaine de petits candidats peuvent encore peser dans l’élection. En 2000 ce fut le cas.

13. Qu’en est-il des anciens électeurs d’Hillary Clinton ? Vont-ils se reporter sur Obama ?

F.L. : Hillary Clinton a été très claire sur sa défaite et sur son adhésion à la candidature de Barack Obama. On peut envisager raisonnablement un report des voix.

14. Le nombre des « grands électeurs » dépend de la population de chaque état : les statistiques démographiques sont-elles mises à jour chaque quatre an ? Et si oui, vu que les états très peuplés comme la Californie et ceux de la côte Est gagnent des électeurs, le candidat Démocrate n’est-il pas avantagé ? Qu’en est-il des machines à voter qui avaient fait polémique en 2000 ? Ont-elles été mises au placard ou bien ont-elles été améliorées ?

F.L. : il y a des révisions de recensement de population. Certains états sont à peu près stabilisés comme le Montana et le Wyoming dont la population a baissé depuis les années 1981 (c’est exceptionnel) car la norme va vers un accroissement démographique avec des rythmes différents. Mardi prochain les Américains ne voteront pas uniquement pour élire un Président. C’est toute une machinerie électorale qui se met en place avec des votes pour les Grands Electeurs, pour une partie du Congrès, etc Concernant les machines à voter on peut supposer que si les américains ont fait ce choix d’équipements, c’est qu’ils ont estimé qu’il était fiable.

15. Bernard Charlery de la Masselière (Président des Cafés géographiques) : La carte 1 et le cartogramme 1 donnent une image simple de l’électorat américain. A l’inverse lorsqu’on se situe au niveau des comtés (cartogramme 2) on obtient une carte beaucoup plus complexe où les plages rouges (Républicain) et bleues (Démocrate) sont étroitement imbriquées. Comment interpréter cette carte et expliquer ces espaces d’émiettement ? Longent-ils le Mississipi ? Correspondent-ils aux villes ? Quels sont les éléments qui déterminent ce fin panachage et ces oppositions entre Républicain et Démocrate ?

F.L. : Le cartogramme 2 ne peut s’interpréter qu’au niveau des états. Les états plutôt urbains autour des Grands Lacs et les états côtiers (le Texas excepté) avec des grandes métropoles sur la côte ouest présentent une coloration plutôt Démocrate. En conduisant la même analyse à l’échelle locale des comtés, la cartographie donne les mêmes résultats : à une forte urbanisation correspondent des comtés Démocrates alors que les comtés ruraux apparaissent plutôt Républicains. Néanmoins il est nécessaire d’intégrer des termes de pondération avec la coloration. En mêlant le rouge et le bleu, on obtiendrait une carte « pourpre ». On ne peut pas trancher radicalement en opposant une ville Démocrate à une campagne qui voterait Républicain. La ligne de fracture dépend de critères plus complexes. En se penchant sur la carte du Texas qui est Républicain on cherche vainement les villes qui seraient Démocrates ! L’opposition rural/urbain est beaucoup plus complexe ; un travail sur le terrain est indispensable pour décrypter les motivations du choix chez les électeurs.
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Personne à contacter Re: Géographie électorale des États-Unis

Message par Sphinx Mer 2 Déc - 14:42

16. Gabriel Weissberg : Sur le site de l’Université de Michigan vous trouverez d’autres éléments électoraux et en particulier une carte qui souligne l’absence d’adéquation entre les votes et le degré de dynamisme démographique des états américains. C’est assez surprenant de superposer ces deux cartes et de constater que finalement les variations de population n’expliquent pas forcément le vote au niveau des états.

17. Pascal Michel : Qu’en est-il de l’aura des Etats-Unis à travers le Monde ? Avant l’arrivée de Bush au pouvoir, l’Amérique apparaissait comme une super puissance et maintenant l’Amérique est en recul. En recul sur les deux guerres qu’elle a conduites au Moyen-Orient, en recul en Amérique latine et dernièrement en recul économique. Le nouveau Président sera-t-il toujours à la tête de la plus grande puissance du Monde ?

F.L. : Sans ambiguïté, aujourd’hui oui. On verra dans 30 ans si je tiendrai le même discours, la situation aura sans doute évolué d’ici là assez nettement. Aujourd’hui les Etats-Unis sont la première puissance dans le Monde. Il existe une bibliographie considérable sur cette question. Pour ma part, je trouve que le livre le plus pertinent est celui d’Emmanuel Todd qui développe une thèse intéressante prétendant « qu’il n’y a pas d’empire américain » mais un état extrêmement puissant doué d’une aura considérable qui a su tisser une multitude de réseaux à travers le Monde. C’est sur ces réseaux financiers et marchands que les Etats-Unis ont assis leur puissance. On évoque souvent le déficit commercial des Etats-Unis pour conclure sur une puissance industrielle en déclin. Ce n’est pas totalement faux mais 40% du déficit commercial américain provient des flux inter établissements au sein d’entreprises américaines qui ont des filiales à l’étranger. Il s’agit de la circulation de marchandises à l’étranger mais à l’intérieur de la sphère capitalistique américaine. Certes l’économie américaine est en crise, l’industrie américaine est sur le déclin mais je ne suis pas convaincu que le capitalisme américain soit en difficulté concurrentielle.

18. Gabriel Weissberg : Pour apporter un éclairage complémentaire sur cette question, je prends le point de vue de l’autre côté du Pacifique. Que la Chine soit devenue « l’Atelier du Monde » n’est pas une très bonne nouvelle, y compris pour la Chine elle-même. Un jeu complexe se déroule où les deux partenaires se tiennent l’un l’autre. Aujourd’hui la Chine soutient les Etats-Unis en achetant des Bons du Trésor et en puisant dans ces stocks commerciaux, mais l’Amérique « tient » aussi la Chine. Si d’aventure les consommateurs américains décidaient de réduire leurs importations de produits chinois, les excédents commerciaux de la Chine fondraient dangereusement.

19. En 2004 les médias avaient diffusé une carte indiquant les intentions de vote des différents pays du Monde en faveur de Kerry ou de Bush ; à l’époque la grande majorité des états du Monde s’étaient déclarée pour John Kerry. Il semble évident que cela avait joué en défaveur de Kerry. Est-ce que « l’Obamania » qui se développe actuellement ne jouera pas en défaveur d’Obama ? Y-a-t-il des pays qui soutiendraient plutôt la candidature de McCain ?

F.L. : J’ignore si des pays sont favorables à John McCain. Je ne pense pas que la popularité d’Obama à l’étranger puisse avoir un effet négatif sur l’électorat des Etats-Unis. Que les Français ou les Allemands préfèrent Obama a peu d’importance pour les électeurs américains. Ce qui compte c’est d’avoir un candidat capable de trouver des solutions aux problèmes du quotidien. Des sondages réalisés aux Etats-Unis montrent que le seul domaine d’intervention où la confiance des américains irait vers John McCain est la fiscalité. Concrètement les Américains font confiance à McCain pour réduire les impôts, mais pour trouver les solutions aux problèmes auxquels sont confrontés les Américains, c’est Obama qui presque dans tous les cas arrive en tête.

20. Gabriel Weissberg : Y aura-t-il réorientation de la politique étrangère américaine ?

F.L. : Si McCain est élu, probablement pas, dans les grandes lignes. Les objectifs d’Obama restent de défendre dans le Monde une certaine idée des Etats-Unis et d’étendre un certain modèle qui a parfaitement réussi chez eux. L’un des buts consiste à renforcer l’influence des Etats-Unis dans le monde et de maintenir certaines orientations de la politique extérieure américaine comme la sécurisation de l’approvisionnement pétrolier. Seule la manière dont cette politique serait conduite changerait, mais sur le fond les grandes lignes sont identiques. Par ailleurs certains traits culturels américains sont communs aux Républicains et aux Démocrates comme la volonté de diffuser la démocratie ou l’économie de marché dans le monde. Ce sont des principes généraux auxquels les deux candidats adhèrent.

21. Deux questions : l’une sur la médiatisation de la campagne et les sondages d’opinions et l’autre sur la politique étrangère. En France à quelques jours des élections on arrête de publier les sondages : est-ce qu’on procède de même aux USA ou bien considère-t-on que ces publications n’ont aucune influence sur le vote des électeurs ? Les relations diplomatiques entre la Russie et les Etats-Unis seront-elles différentes suivant le candidat qui sera élu ?

F.L. : Si Obama remporte les élections, les relations avec la Russie seront certainement plus cordiales et moins conflictuelles mais John McCain est aussi capable d’être un habile diplomate. La politique étrangère développée par Obama reposera largement sur une approche multilatérale prenant en compte l’émergence de grandes puissances régionales pouvant servir de relais pour asseoir la paix dans le Monde et pour diffuser les grands principes généraux de la politique américaine. Alors que John McCain aurait probablement une approche bilatérale, nettement plus dominatrice. Au sujet des sondages d’opinions, je ne peux vous répondre ; il se peut que leur absence pourrait être considérée comme une entrave à la liberté d’expression de la presse.

22. Jean-Christian Tulet : Sans faire de la prospective mais en regardant le personnel politique qui entoure les candidats, ne peut-on pas préjuger des orientations nouvelles ? Les conseillers d’Obama viennent-ils de l’héritage de Clinton ? Y en a-t-il de nouveaux ?

F.L. : L’équipe gouvernementale d’Obama présentera sans doute un renouvellement important. Quant aux équipes de Clinton elles remontent à 8 ans au moins et les premières équipes 16 ans !!
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Personne à contacter Re: Géographie électorale des États-Unis

Message par Sphinx Mer 2 Déc - 14:49

23. Gabriel Weissberg : Concernant la politique extérieure américaine à l’égard de certaines régions du Monde, il n’est pas exclu qu’il y ait une évolution importante de cette politique étrangère et plus particulièrement en Afrique. Du fait de son héritage culturel il est probable que Barack Obama, président, conduira une politique bienveillante à l’égard de l’Afrique. C’est un pari sur l’avenir que je fais mais c’est une hypothèse que l’on ne peut pas exclure.

24. : Les citoyens américains ne semblent pas influencés par « l’Obamania » européenne, ce qui est dans l’ordre des choses ; quand on vote, tout ce qui est de l’ordre de l’état du monde ou des relations internationales passe au second plan. Mais il me semble que nous Européens et plus particulièrement en France, on est de plus en plus concernés par les élections américaines et par le poids de l’Amérique sur l’état du Monde.

F.L. : Assurément on est conscient que les enjeux de cette élection ne relèvent pas que de la politique interne américaine.

25. Jean-Marc Pinet (Vice-président des Cafés géographiques à Toulouse) : J’ai l’impression que la nouvelle géographie électorale n’est pas la seule affaire des Etats-Unis, mais qu’elle est devenue quasiment planétaire. En outre, nos comportements de Français et d’Européens, avec la médiatisation qui les accompagne, doivent certainement influer sur ce qui se passe aux Etats-Unis, ce qui n’était pas le cas il y a une cinquantaine d’années.

F.L. : Il faudrait demander à des citoyens américains pour connaître la part de prise en compte concrète de l’opinion publique internationale.

26. : L’élection d’Obama signe-t-elle vraiment une élection « carrefour » ?

F.L. : On a toujours le sentiment de vivre un « moment historique », il convient de se méfier de ces impressions. Toutefois je pense qu’aujourd’hui les Etats-Unis vivent une situation politique tout à fait particulière. Ce qui se passe actuellement est assez emblématique d’une évolution de fond et c’est la raison pour laquelle j’ai insisté sur la question raciale plus que sur les crises économique et financière. Barack Obama est un candidat « noir » qui sera probablement à la tête de la première puissance du monde. Là effectivement, 40 ans après l’assassinat de Martin Luther King, on peut considérer ce fait comme un événement historique. On assiste à une transformation en profondeur de la société américaine.

7. : Je voudrais connaître votre point de vue sur la défaite d’Hillary Clinton aux primaires ? Comment l’expliquez-vous ?

F.L. : Je crois qu’Obama a incarné chez les démocrates un souffle d’espoir qu’Hillary Clinton ne représentait plus. Elle a un passé qui est surtout celui de son mari et au regard de la volonté de rupture et de changement qui se manifeste aux Etats-Unis, Hillary Clinton n’était pas la bonne personne. Certes son discours était moderne mais elle n’incarnait pas suffisamment le désir de changement. En outre par rapport à certaines questions précises comme l’engagement des Etats-Unis dans le conflit d’Irak sa position n’était pas la même que celle d’Obama et de ce point de vue là elle a certainement été identifiée chez certains démocrates comme plus conservatrice que son adversaire.

Compte rendu : Marie-Rose Gonne-Daudé (relu et amendé par Frédéric Leriche

PS (12/12/2008) : Barack Obama, lors des élections du 4 novembre qui ont eu lieu quelques jours après ce Café Géographique, a finalement été élu président des Etats-Unis. La représentation cartographique des résultats atteste de la progression du parti démocrate (voir les cartogrammes 1 et 4). Quant à elle, la comparaison des cartogrammes 5 et 3 renforce l’idée selon laquelle l’opposition en deux Amériques (Républicaine versus Démocrate) ne reflète pas la réalité électorale.

http://www.cafe-geo.net
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Personne à contacter Re: Géographie électorale des États-Unis

Message par Sphinx Lun 15 Fév - 1:56

Géographie électorale des primaires du 4 mars (2) : Ohio, Rhode Island

L'Ohio et la Rust Belt (D. Ahntholz, NYtimes)

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Après le Texas, InBlogWeTrust revient sur la géographie électorale des deux autres États clés de ce 4 mars: l'Ohio et le Rhode Island
L’imaginaire du Texas est fait de rodéos, de santiags et de barons du pétrole. Les billets verts pleuvent, et si l’ancien État-frontier ne s’est pas vraiment adouci, il s’est du moins considérablement enrichi depuis l’ère Reagan.

L’Ohio n’est pas si glamour : ses industries lourdes (fonderies, aciéries) ou automobiles sont en crise ; les villes se sont vidées et le chômage a fait son apparition dans une région autrefois prospère. L’Ohio est au cœur de cette Rust Belt (ceinture de la rouille) qui entoure les Grands Lacs, parsemées des vestiges d’un passé glorieux au temps des Carnegie et des Rockefeller. La récente crise des subprime n’a rien arrangé : l’endettement des ménages s’est aggravé, et nombreux sont ceux qui, ne pouvant honorer leurs traites, ont du abandonner leur maison.

Quand ils se déplacent dans l’État, les hommes politiques aiment parler dépression et économie et en rajoutent dans le misérabilisme, au risque d’irriter les habitants : en 2004, John Kerry en visite à Youngstown s’était fait photographier devant une usine décrépite alors qu’à deux pas se trouvait un complexe de bureaux flambant neuf… Pourtant tout l’État n’est pas touché par la crise : la ville de Cincinnati reste (relativement) prospère, celle de Cleveland semble revivre après des années de déprime, Columbus bénéficie de son université…
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Comme le Texas, l’Ohio est un État divers : on y trouve des couloirs industriels (le long du lac Michigan ou la Mahoning Valley) et leurs cortèges de villes en crise (Gary, Youngstown, Akron voire Cleveland), des régions plus dynamiques comme Cincinnati (siège de Procter & Gamble), des plaines agricoles (maïs, soja et fromage -- 1er État producteur de Swiss cheese !).

On y rencontre surtout une forte proportion de classes populaires blanches, travaillant dans l’industrie et fortement syndicalisées, caractéristiques de cette working class censément acquise à Hillary Clinton. Mais voilà, ici aussi, Barack Obama semble rattraper son retard, qui est passé de près de vingt à quatre points en moins d’un mois. Les deux candidats feraient même jeu égal (45 %) selon un sondage récent (Reuters/CSpan/Zogby).

L’état étant un « must win » pour Clinton, la compétition y est féroce et les attaques se multiplient. Une vidéo de Clinton jouait sur les peurs de l’électorat et présentait Hillary comme la mieux armée pour répondre aux défis d’un monde dangereux ? Obama répond avec sa version parodique. Jugez plutôt :
C’est à qui sera le plus opposé à l’ALENA (Traité de Libre Echange de l’Atlantique Nord) mis en œuvre sous la présidence de Bill Clinton et qui n’a guère fait qu’accélérer les délocalisations en Ohio. Barack Obama y serait farouchement opposé et tance sa rivale, qui rabat la faute sur son mari, qui lui dénonce l’administration Bush (père). La lutte fait rage, les 141 délégués en jeu doivent se sentir désirés.

Chez les républicains, John McCain est assuré d’une victoire tranquille et peu fatigante : il possède trente points d’avance dans quasiment tous les sondages. Il en profite pour tirer sur Obama -- en qui il voit son prochain rival dans la course à la présidence -- et pour mettre en avant son passé militaire et son statut de héros américain.

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