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Chronologie de la révolution Algérienne
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algeriedrs :: Histoire et actualité Algérienne :: Histoire de l'Algérie :: Evènements Durant la Période Coloniale
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Chronologie de la révolution Algérienne
LA GUERRE D’ALGERIE
23 Mars 1954 Naissance du Comité Révolutionnaire d'unité et d'action, le groupe des 22.
1 Nov 1954 Déclenchement de la lutte de libération Nationale .
Déc 1954 Messali Hadj annonce la création du Mouvement National Algérien.
Mai 1955 Dissolution du Mouvement pour le Triomphe des Libertés Démocratiques.
Juin 1955 Belounis annonce la création de l'aile militaire du Mouvement National Algérien.
20 Août 1955 Attaques FLN/ALN dans le Nord Constantinois.
20 Août 1955 Instauration de l'état d'urgence.
24 Fév 1956 Ferhat Abbas rallie le F.L.N. au Caire.
20 Août 1956 Congrès de la Soummam et création du Conseil National de la Révolution Algérienne (C.N.RA) et du Comité de Coordination et d'Exécution (C.C.E.).
22 Oct1956 Interception et détournement de l'avion qui transportait à Tunis les chefs du Front de Libération National, et leur arrestation. Ils furent arrêtés.
Janvier 1957 Le Général Massu prend le commandement des opérations militaires en Algérie.
23 Jan1957 Grève des huit jours à l'appel du Front de Libération National. La grève s'est répandue à toutes les couches sociales.
23 Fév 1957 Les troupes parachutistes arrêtent Larbi Ben M'Hidi. Il est assassiné le 4 mars 57
28 Mai 1957 Evénements de Melouza : le massacre de 300 personnes dans une opération du Front de Libération National qui visait les partisans du Mouvement National Algérien.
29 Mars 1958 Création du Gouvernement Provisoire de la République Algérienne. Le Président fut Ferhat Abbas.
19 Juillet 1959 Arrestation du syndicaliste Aissat Idir qui s'éteint sous la torture.
18 Jan 1960 Après trois (3) mois de rencontre et et présence de dix colonels, conclusion d'un accord visant la création d'un Gouvernement provisoire (1er. Remaniement ) ( 17 Décembre 1959 - 18 Janvier 1960 Tripoli).
11-13 Fév1960 Premier essai nucléaire français au Sahara (Regane).
11-13 Déc 1960 De Gaulle en visite en Algérie. Manifestations populaires
revendiquant l’indépendance des dizaines de morts et des centaines de blessés.
Déc 1960 L'assemblée des nations unies approuve une recommandation qui vise à l'autodétermination.
22 Fév 1961 Début des négociations officielles à Lausanne.
Février 1961 Naissance de l'0rganisation de l'Armée Secrète (O.A.S.) Le "Putsch des généraux" échoue en Algérie.
20 Mai 1961 Début des négociations d'Evian.
9 Août 1961 Remaniement au Gouvernement Provisoire, Ben Youcef Ben Khedda préside le Conseil.
13 Juin 1961 Arrêt des négociations d'Evian à cause de la question du Sahara.
Août Sep 1961 L'0rganisation Armée Secrète (O.A.S.) commet une série d 'assassinats et attentats à la bombe. Le Général Salan prend la tête de l'organisation.
17 Oct 1961 Grande manifestation de masse de la communauté immigrée , plus de 150 morts.
20 Sep 1961 Création en France du Conseil National de la Résistance sur l'initiative du général Salan et Gordy.
4-5 Mars 1962 Opération " Rock and Roll " : plus d'une centaine d'attentats à la bombe et assassinats contre l'administration, les civils et les innocents revendiqués par l'0rganisation de l'Armée Secrète (O.A.S.)
7-18 Mars 1962 Reprise des négociations d'Evian.
18 Mars 1962 Signature des accords d'Evian par Krim Belkacem, Vice-Président du Gouvernement Provisoire et par des ministres français
19 Mars 1962 Cessez-le-feu en Algérie .
7 Avril 1962 Installation de l'Exécutif Provisoire
1 Juillet 1962 Le peuple Algérien plébiscite son indépendance.
5 Juillet 1962 Déclaration de l'Indépendance de l’Algérie, la course au pouvoir commence entre le groupe de Tlemcen constitué par Ahmed Ben Bella et le Colonel Houari Boumediène
22 Juillet 1962 Constitution du Bureau Politique à Tlemcen .
Dernière édition par sphinx le Dim 11 Mar - 23:25, édité 3 fois
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Re: Chronologie de la révolution Algérienne
Algérie fichier militaire des généraux top secret
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Re: Chronologie de la révolution Algérienne
La crise de l’été 1962 : La "2ème mort" du congrès de la Soummam
La vulgate résume la profonde crise de l’été 1962, qui mit devant un péril mortel la République algérienne à peine née, par la formule lapidaire : l’Affaire des Wilayas.
Si les conseils des six Wilayas ont effectivement joué un rôle, en apparence, de premier plan, ils n’ont, en fait, été que les instruments d’une partie de roulette russe à laquelle se livraient, pour le pouvoir évidemment, l’état-major général (EMG), autrement désigné par le nom générique « Armée des frontières », et des hommes forts de la direction de la guerre de Libération, entre autres ceux que la presse appelait « les trois B ». Le GPRA pas plus que le CNRA, instances dirigeantes, n’ont pas résisté au jeu des alliances. Ces deux institutions « légales » ayant été vidées de leur sens par la réunion de Tripoli de mai-juin 1962 et de leur contenu par le jeu des alliances et mésalliances auquel se sont livrés ses membres adoubés par cooptation. Les événements de cet été meurtrier peuvent, à juste titre, être considérés comme la « deuxièmemort » du Congrès de La Soummam qui voulait prendre la précaution d’assurer « la primauté du politique sur le militaire » et « la primauté de l’intérieur sur l’extérieur ». Tout n’a pas commencé en 1962. Ce n’était qu’un acte, pas le dernier malheureusement, d’une tragédie dont l’auteur demeure le hasard des hommes et des événements.
27 mai 1962 : Le CNRA se réunit à Tripoli (Libye) pour, en principe, entériner les termes des accords d’Evian. L’ordre du jour est rapidement débordé. A la hâte, la conférence adopte, après amendements, un programme de gouvernement préalablement élaboré à Hammamet (Tunisie) par un groupe de travail composite, présidé par Ben Bella, constitué de jeunes intellectuels, à la voilure décisionnelle limitée, qui n’avaient, hélas ! d’autre pouvoir que celui de leur incontestable talent. Ce document que l’histoire retient sous le nom de programme ou parfois charte de Tripoli établit le régime socialiste comme modèle de développement et impose le parti unique comme système politique. L’atmosphère est tendue. Les premières alliances, parfois « curieuses », se dessinent dès qu’il s’est agi de la composition du bureau politique. Boudiaf libéré des prisons de France refusera d’ailleurs d’en faire partie et quittera la réunion. Les débats se déroulent en termes crus, aux limites de l’irrévérence. Les luttes pour le pouvoir s’exacerbent. La politique est aux vestiaires. L’irrespect dans la pochette. Les ambitions éclatent au grand jour. Nourrie de compromis, animée par le sempiternel esprit de la cooptation, la crise prévisible, comme une colère contenue, sous incubation durant (à tout le moins) toute la période que couvrait le conflit armé, fait voler en éclats la cohésion spécieuse et les apparences de fraternité. Les héros sont nus. Durant tout l’été qui allait suivre, ils offriront, au peuple, qui attend le retour de ses enfants prodiges, un spectacle déchirant.
7 juin : Toujours à Tripoli, Ben Khedda, président du GPRA, est vertement tancé. Son action est critiquée. Ben Bella, jusqu’en mars, le plus célèbre des prisonniers de France qui goûte aux premiers mois de liberté, s’en prend à l’ancien centraliste, dissident du MTLD, en des termes que tous les témoins jugent grossiers et licencieux. Se sentant déjà vaincu, dès les premières passes d’armes, le deuxième président de l’histoire politique de l’Algérie quitte les travaux du congrès du CNRA. La réunion, qui devait être celle des retrouvailles et de la fraternité recouvrée, capote. Après une violente altercation entre Ben Bella et le colonel Salah Boubnider, la séance est suspendue et les assises avec. La direction, qui se voulait jusque-là collégiale et consensuelle, explose. Le FLN implose. Un chassé croisé sans équivalent dans toute l’histoire, va suivre l’échec politique de la capitale libyenne. Comme un vol de perdrix, éclaté et bruyant, les membres du CNRA vont se répandre dans les capitales des pays arabes et même chez l’ancien ennemi après l’indépendance, pour s’assurer alliances et appuis divers nécessaires à la conquête d’un pouvoir qui semble, à tous, comme à portée de main.
La vulgate résume la profonde crise de l’été 1962, qui mit devant un péril mortel la République algérienne à peine née, par la formule lapidaire : l’Affaire des Wilayas.
Si les conseils des six Wilayas ont effectivement joué un rôle, en apparence, de premier plan, ils n’ont, en fait, été que les instruments d’une partie de roulette russe à laquelle se livraient, pour le pouvoir évidemment, l’état-major général (EMG), autrement désigné par le nom générique « Armée des frontières », et des hommes forts de la direction de la guerre de Libération, entre autres ceux que la presse appelait « les trois B ». Le GPRA pas plus que le CNRA, instances dirigeantes, n’ont pas résisté au jeu des alliances. Ces deux institutions « légales » ayant été vidées de leur sens par la réunion de Tripoli de mai-juin 1962 et de leur contenu par le jeu des alliances et mésalliances auquel se sont livrés ses membres adoubés par cooptation. Les événements de cet été meurtrier peuvent, à juste titre, être considérés comme la « deuxièmemort » du Congrès de La Soummam qui voulait prendre la précaution d’assurer « la primauté du politique sur le militaire » et « la primauté de l’intérieur sur l’extérieur ». Tout n’a pas commencé en 1962. Ce n’était qu’un acte, pas le dernier malheureusement, d’une tragédie dont l’auteur demeure le hasard des hommes et des événements.
27 mai 1962 : Le CNRA se réunit à Tripoli (Libye) pour, en principe, entériner les termes des accords d’Evian. L’ordre du jour est rapidement débordé. A la hâte, la conférence adopte, après amendements, un programme de gouvernement préalablement élaboré à Hammamet (Tunisie) par un groupe de travail composite, présidé par Ben Bella, constitué de jeunes intellectuels, à la voilure décisionnelle limitée, qui n’avaient, hélas ! d’autre pouvoir que celui de leur incontestable talent. Ce document que l’histoire retient sous le nom de programme ou parfois charte de Tripoli établit le régime socialiste comme modèle de développement et impose le parti unique comme système politique. L’atmosphère est tendue. Les premières alliances, parfois « curieuses », se dessinent dès qu’il s’est agi de la composition du bureau politique. Boudiaf libéré des prisons de France refusera d’ailleurs d’en faire partie et quittera la réunion. Les débats se déroulent en termes crus, aux limites de l’irrévérence. Les luttes pour le pouvoir s’exacerbent. La politique est aux vestiaires. L’irrespect dans la pochette. Les ambitions éclatent au grand jour. Nourrie de compromis, animée par le sempiternel esprit de la cooptation, la crise prévisible, comme une colère contenue, sous incubation durant (à tout le moins) toute la période que couvrait le conflit armé, fait voler en éclats la cohésion spécieuse et les apparences de fraternité. Les héros sont nus. Durant tout l’été qui allait suivre, ils offriront, au peuple, qui attend le retour de ses enfants prodiges, un spectacle déchirant.
7 juin : Toujours à Tripoli, Ben Khedda, président du GPRA, est vertement tancé. Son action est critiquée. Ben Bella, jusqu’en mars, le plus célèbre des prisonniers de France qui goûte aux premiers mois de liberté, s’en prend à l’ancien centraliste, dissident du MTLD, en des termes que tous les témoins jugent grossiers et licencieux. Se sentant déjà vaincu, dès les premières passes d’armes, le deuxième président de l’histoire politique de l’Algérie quitte les travaux du congrès du CNRA. La réunion, qui devait être celle des retrouvailles et de la fraternité recouvrée, capote. Après une violente altercation entre Ben Bella et le colonel Salah Boubnider, la séance est suspendue et les assises avec. La direction, qui se voulait jusque-là collégiale et consensuelle, explose. Le FLN implose. Un chassé croisé sans équivalent dans toute l’histoire, va suivre l’échec politique de la capitale libyenne. Comme un vol de perdrix, éclaté et bruyant, les membres du CNRA vont se répandre dans les capitales des pays arabes et même chez l’ancien ennemi après l’indépendance, pour s’assurer alliances et appuis divers nécessaires à la conquête d’un pouvoir qui semble, à tous, comme à portée de main.
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Re: Chronologie de la révolution Algérienne
24 au 25 juin : Deux semaines après la débâcle de Tripoli, en Algérie, après permission des pouvoirs français, les accords d’Evian ne les y autorisant pas avant le référendum, débarquent Krim Belkacem, membre du puissant triumvirat que l’on appelait les trois « B » (avec Boussouf, Ben Tobbal) et Mohamed Boudiaf. Ils seraient les inspirateurs de la démarche des responsables des Wilayas II, III, IV, de la Zone autonome d’Alger et de délégués de la Fédération de France auprès du GPRA à Tunis, qui se réunissent à Zemmoura (Wilaya III) pour « examiner la crise entre le GPRA et l’état-major général (EMG) ». A l’issue de la rencontre, ils créent un « comité interwilayas ». Ils condamnent « la rébellion » de EMG, alors dirigé par le colonel Houari Boumediène, assisté par les commandants Ali Mendjeli et Kaïd Ahmed, le quatrième membre, en l’occurrence le commandant Azzedine, ne figurant plus, étant rentré à Alger, avec un ordre de mission du GPRA pour organiser la lutte contre l’OAS. Il siégera lors de cette réunion en qualité de chef de la Zone autonome d’Alger (ZAA). Le comité nouvellement créé demande au GPRA de dénoncer l’EMG. Ils appellent les Wilayas I, V et VI à se rallier à leur action. Mais ces derniers ont d’autres projets, ils rejoignent l’état-major.
27 juin : Une délégation du comité interwilayas né à Zemmoura se rend à Tunis où elle est reçue par quatre ministres du gouvernement provisoire. Les délégués présentent leurs doléances et leurs exigences, notamment la dissolution de l’état-major et l’arrestation de ses membres. La réunion est houleuse, elle se termine par le retrait de Mohamed Khider, un autre parmi les cinq de l’avion piraté par les autorités françaises le 22 octobre 1956 et détenu en France jusqu’au lendemain des accords d’Evian. Ben Bella quitte discrètement Tunis pour Le Caire après une brève escale à Tripoli à bord d’un avion égyptien. 30 juin : Suite aux exigences du conseil interwilayas, le GPRA annonce à Tunis la décision de décapiter EMG et dégrade le colonel Boumediène ainsi que les commandants Mendjeli et Slimane (Kaïd Ahmed). Boumediène quitte Ghardimaou pour se rendre en Wilaya I commandée par Tahar Z’biri.
1er juillet : Le référendum consacre l’Algérie indépendante par 99, 72 % de « oui » (5 994 000 sur 6 034 000 votants et 530 000 abstentions). Ignorant avec une superbe remarquable les affrontements entre les factions et leurs représentants, le peuple algérien se consacre entièrement à sa joie et à ses peines en ces jours uniques dans son histoire. Un hymne, un emblème, ces centaines et centaines et centaines de milliers de morts et puis un mot. Plus doux que le miel qui coulera au paradis, plus blanc que le lait des rivières de l’Eden : Algérie... Ce jour-là, seule la petite histoire, mais alors la toute petite, aura retenu que Ben Bella avait désapprouvé la décision du GPRA de « dégrader » les officiers de l’EMG.
2 juillet : Dans les villes et les campagnes, dans les dunes, dans les montagnes, le colonisé mutant en citoyen ne cesse pas de métamorphoser ses peines en joie et de libérer dans un cri immense ses souffrances avalées de 132 ans de domination, sans doute la plus humiliante que puisse vouloir un homme pour un autre homme. Ce jour-là aussi, l’état-major du « front ouest » (Oujda) s’est déclaré solidaire du colonel Boumediène et de l’EMG.
3 juillet : Proclamation officielle de l’indépendance de l’Algérie. La France reconnaît l’Etat algérien. L’ancienne puissance occupante remet tous les pouvoirs au chef de l’Exécutif provisoire, Abderahmane Farès. Jean-Marcel Jeanneney est désigné comme premier ambassadeur de France en Algérie. Le GPRA, affaibli par la terrible crise qui secoue le landernau politique algérien, fait son entrée à Alger sans Ben Bella (au Caire) et Khider (à Rabat). La voix fluette du président Ben Khedda, les chants patriotiques que déversent les haut-parleurs sur la foule en délire cachent mal les tourments qui menacent le pays. Les premières unités de l’ALN, stationnées au Maroc et en Tunisie, franchissent les frontières conformément aux accords d’Evian.
4 juillet : Moment hautement symbolique s’il en est, pour la première fois le GPRA, contesté par Ben Bella, qui se trouve toujours auprès de Gamal Abdenasser au Caire, et l’EMG désormais dans les frontières intérieures, se réunit à Alger, capitale du jeune Etat algérien.
27 juin : Une délégation du comité interwilayas né à Zemmoura se rend à Tunis où elle est reçue par quatre ministres du gouvernement provisoire. Les délégués présentent leurs doléances et leurs exigences, notamment la dissolution de l’état-major et l’arrestation de ses membres. La réunion est houleuse, elle se termine par le retrait de Mohamed Khider, un autre parmi les cinq de l’avion piraté par les autorités françaises le 22 octobre 1956 et détenu en France jusqu’au lendemain des accords d’Evian. Ben Bella quitte discrètement Tunis pour Le Caire après une brève escale à Tripoli à bord d’un avion égyptien. 30 juin : Suite aux exigences du conseil interwilayas, le GPRA annonce à Tunis la décision de décapiter EMG et dégrade le colonel Boumediène ainsi que les commandants Mendjeli et Slimane (Kaïd Ahmed). Boumediène quitte Ghardimaou pour se rendre en Wilaya I commandée par Tahar Z’biri.
1er juillet : Le référendum consacre l’Algérie indépendante par 99, 72 % de « oui » (5 994 000 sur 6 034 000 votants et 530 000 abstentions). Ignorant avec une superbe remarquable les affrontements entre les factions et leurs représentants, le peuple algérien se consacre entièrement à sa joie et à ses peines en ces jours uniques dans son histoire. Un hymne, un emblème, ces centaines et centaines et centaines de milliers de morts et puis un mot. Plus doux que le miel qui coulera au paradis, plus blanc que le lait des rivières de l’Eden : Algérie... Ce jour-là, seule la petite histoire, mais alors la toute petite, aura retenu que Ben Bella avait désapprouvé la décision du GPRA de « dégrader » les officiers de l’EMG.
2 juillet : Dans les villes et les campagnes, dans les dunes, dans les montagnes, le colonisé mutant en citoyen ne cesse pas de métamorphoser ses peines en joie et de libérer dans un cri immense ses souffrances avalées de 132 ans de domination, sans doute la plus humiliante que puisse vouloir un homme pour un autre homme. Ce jour-là aussi, l’état-major du « front ouest » (Oujda) s’est déclaré solidaire du colonel Boumediène et de l’EMG.
3 juillet : Proclamation officielle de l’indépendance de l’Algérie. La France reconnaît l’Etat algérien. L’ancienne puissance occupante remet tous les pouvoirs au chef de l’Exécutif provisoire, Abderahmane Farès. Jean-Marcel Jeanneney est désigné comme premier ambassadeur de France en Algérie. Le GPRA, affaibli par la terrible crise qui secoue le landernau politique algérien, fait son entrée à Alger sans Ben Bella (au Caire) et Khider (à Rabat). La voix fluette du président Ben Khedda, les chants patriotiques que déversent les haut-parleurs sur la foule en délire cachent mal les tourments qui menacent le pays. Les premières unités de l’ALN, stationnées au Maroc et en Tunisie, franchissent les frontières conformément aux accords d’Evian.
4 juillet : Moment hautement symbolique s’il en est, pour la première fois le GPRA, contesté par Ben Bella, qui se trouve toujours auprès de Gamal Abdenasser au Caire, et l’EMG désormais dans les frontières intérieures, se réunit à Alger, capitale du jeune Etat algérien.
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Re: Chronologie de la révolution Algérienne
5 juillet : Nul ne comprendra pourquoi le GPRA prend la décision de mettre fin aux manifestations populaires et ordonne la reprise du travail.
6 juillet : Dans un entretien avec un journal cairote, Ben Bella accuse le GPRA « d’agissements contre-révolutionnaires » et réclame une réunion urgente du CNRA.
7 juillet : Plusieurs démarches sont entreprises pour essayer de désamorcer la crise entre Ben Bella et le GPRA.
9 juillet : Le comité interwilayas tente d’apaiser la situation et lance des appels à qui veut bien les entendre, chacun étant arc-bouté sur ses positions, cherchant plutôt à en renforcer les défenses, à éviter l’affrontement. Il propose en outre la création d’une nouvelle direction. M’Hamed Yazid, habile communicateur et redoutable diplomate, accompagné de Rabah Bitat, membre du « groupe des six » qui ont décidé du déclenchement du 1er Novembre, sont dépêchés à Rabat pour y rencontrer Ben Bella, Mohand Ou El Hadj (wilaya III) et le colonel Hassan (Youssef Khatib de la Wilaya IV) se joignent à eux. Les entretiens sont infructueux.
11 juillet : Le conseil de la Wilaya IV empêche Ben Khedda, président du GPRA, de tenir un meeting à Blida. Tandis qu’à l’ouest du pays, Ben Bella entre à Tlemcen où il s’établit.
12 juillet : Ben Bella arrive à Oran avec Ahmed Francis et Ahmed Boumendjel, tous deux anciens proches de Ferhat Abbès au sein de l’Union démocratique pour le manifeste algérien (UDMA).
16 juillet : Boumediène ainsi que d’autres membres du CNRA rejoignent Ben Bella à Tlemcen. Ferhat Abbès, premier président du GPRA, écarté le 27 août 1961, futur premier président de l’Assemblée nationale constituante (ANC), rallie les partisans de Ben Bella, tout en désapprouvant le principe de parti unique retenu par le programme de Tripoli.
17 au 22 juillet : Réunion de toutes les wilayas à El Asnam (Chlef). Aucun accord de sortie de crise n’a été dégagé.
19 juillet : Nasser, (Egypte), le roi Idriss 1er (Libye), Sékou Touré (Guinée) et Modibo Keita (Mali) offrent leur médiation entre le groupe d’Alger et celui de Tlemcen. C’est un échec malgré la volonté de conciliation du GPRA.
22 juillet : Ahmed Boumendjel, porte-parole du « groupe de Tlemcen », annonce que Ben Bella et ses alliés ont constitué un bureau politique (BP) « chargé de prendre en main les destinées de l’Algérie ». Le BP est composé de MM. Ben Bella, Aït Ahmed, Boudiaf, Mohammedi Saïd, Bitat, Khider et Hadj Ben Alla. On notera que les cinq compagnons de cellule de Ben Bella figurent dans cette institution. Toutefois, Aït Ahmed et Boudiaf refusent d’y figurer.
23 juillet : Ayant décliné l’offre du « groupe de Tlemcen », Boudiaf et Aït Ahmed se retirent à Tizi Ouzou. Ils décident de contrer leur ancien camarade de détention ainsi que ses alliés. Ils leur prêtent « l’intention d’instaurer une dictature en Algérie ». De son côté le GPRA adhère au principe du bureau politique sous condition de son acceptation par le CNRA.
24 juillet : Attentive aux événements qui se déroulent dans son ancienne colonie, la France menace d’intervenir « si la situation s’aggravait... pour protéger ses nationaux ».
25 juillet : Malgré les engagements de Ben Bella auprès du colonel Boubnider, le commandant Larbi Berredjem de la Wilaya II rejoint le camp des partisans de Ben Bella et prend le contrôle de la ville de Constantine. Il y a des affrontements, on y dénombre des morts. Boubnider et Ben Tobbal sont arrêtés. Boudiaf appelle les Algériens à s’organiser pour « faire échec au coup de force ».
27 juillet : Krim Belkacem et Boudiaf s’installent à Tizi Ouzou d’où ils appellent à la création d’un « comité de liaison et de défense de la Révolution » dont le siège serait dans la capitale du Djurdjura. Ainsi, après Alger et Tlemcen, voilà que Tizi Ouzou, à son tour, devient une troisième « Baïkonour » pour l’accession au pouvoir. La Wilaya IV refuse de se joindre à ce qui est désormais le « groupe de Tizi Ouzou ». Deux jours après son arrestation à Constantine, Ben Tobbal est libéré et il gagne Alger d’où il envoie un signal on ne peut plus clair à Ben Bella. Il déclare en effet : « Le GPRA avait donné son accord sur la composition du bureau politique et Mohammedi Saïd était parti à Tlemcen en émissaire... Un bureau politique, c’est mieux que le vide politique. » De leur côté, Saâd Dahlab et Hocine Aït Ahmed, qui n’appartiennent encore à aucun groupe, quittent le GPRA et l’Algérie. On relèvera également, à Alger, des entretiens entre Khider, cheville ouvrière du « groupe de Tlemcen », et Ben Khedda, stoïque président du GPRA lequel n’est plus que l’ombre de lui-même, Ben Tobbal, se joint à eux.
28 juillet : Ben Khedda demande une réunion du CNRA. Les fils ne sont pas coupés, aussi Khider rencontre Krim Belkacem et dans ce tourbillon frénétique qui s’est emparé des dirigeants de la guerre de libération naît l’espoir d’un compromis entre les différentes factions. L’issue pacifique de ces dangereuses tractations semble, en effet, proche.
6 juillet : Dans un entretien avec un journal cairote, Ben Bella accuse le GPRA « d’agissements contre-révolutionnaires » et réclame une réunion urgente du CNRA.
7 juillet : Plusieurs démarches sont entreprises pour essayer de désamorcer la crise entre Ben Bella et le GPRA.
9 juillet : Le comité interwilayas tente d’apaiser la situation et lance des appels à qui veut bien les entendre, chacun étant arc-bouté sur ses positions, cherchant plutôt à en renforcer les défenses, à éviter l’affrontement. Il propose en outre la création d’une nouvelle direction. M’Hamed Yazid, habile communicateur et redoutable diplomate, accompagné de Rabah Bitat, membre du « groupe des six » qui ont décidé du déclenchement du 1er Novembre, sont dépêchés à Rabat pour y rencontrer Ben Bella, Mohand Ou El Hadj (wilaya III) et le colonel Hassan (Youssef Khatib de la Wilaya IV) se joignent à eux. Les entretiens sont infructueux.
11 juillet : Le conseil de la Wilaya IV empêche Ben Khedda, président du GPRA, de tenir un meeting à Blida. Tandis qu’à l’ouest du pays, Ben Bella entre à Tlemcen où il s’établit.
12 juillet : Ben Bella arrive à Oran avec Ahmed Francis et Ahmed Boumendjel, tous deux anciens proches de Ferhat Abbès au sein de l’Union démocratique pour le manifeste algérien (UDMA).
16 juillet : Boumediène ainsi que d’autres membres du CNRA rejoignent Ben Bella à Tlemcen. Ferhat Abbès, premier président du GPRA, écarté le 27 août 1961, futur premier président de l’Assemblée nationale constituante (ANC), rallie les partisans de Ben Bella, tout en désapprouvant le principe de parti unique retenu par le programme de Tripoli.
17 au 22 juillet : Réunion de toutes les wilayas à El Asnam (Chlef). Aucun accord de sortie de crise n’a été dégagé.
19 juillet : Nasser, (Egypte), le roi Idriss 1er (Libye), Sékou Touré (Guinée) et Modibo Keita (Mali) offrent leur médiation entre le groupe d’Alger et celui de Tlemcen. C’est un échec malgré la volonté de conciliation du GPRA.
22 juillet : Ahmed Boumendjel, porte-parole du « groupe de Tlemcen », annonce que Ben Bella et ses alliés ont constitué un bureau politique (BP) « chargé de prendre en main les destinées de l’Algérie ». Le BP est composé de MM. Ben Bella, Aït Ahmed, Boudiaf, Mohammedi Saïd, Bitat, Khider et Hadj Ben Alla. On notera que les cinq compagnons de cellule de Ben Bella figurent dans cette institution. Toutefois, Aït Ahmed et Boudiaf refusent d’y figurer.
23 juillet : Ayant décliné l’offre du « groupe de Tlemcen », Boudiaf et Aït Ahmed se retirent à Tizi Ouzou. Ils décident de contrer leur ancien camarade de détention ainsi que ses alliés. Ils leur prêtent « l’intention d’instaurer une dictature en Algérie ». De son côté le GPRA adhère au principe du bureau politique sous condition de son acceptation par le CNRA.
24 juillet : Attentive aux événements qui se déroulent dans son ancienne colonie, la France menace d’intervenir « si la situation s’aggravait... pour protéger ses nationaux ».
25 juillet : Malgré les engagements de Ben Bella auprès du colonel Boubnider, le commandant Larbi Berredjem de la Wilaya II rejoint le camp des partisans de Ben Bella et prend le contrôle de la ville de Constantine. Il y a des affrontements, on y dénombre des morts. Boubnider et Ben Tobbal sont arrêtés. Boudiaf appelle les Algériens à s’organiser pour « faire échec au coup de force ».
27 juillet : Krim Belkacem et Boudiaf s’installent à Tizi Ouzou d’où ils appellent à la création d’un « comité de liaison et de défense de la Révolution » dont le siège serait dans la capitale du Djurdjura. Ainsi, après Alger et Tlemcen, voilà que Tizi Ouzou, à son tour, devient une troisième « Baïkonour » pour l’accession au pouvoir. La Wilaya IV refuse de se joindre à ce qui est désormais le « groupe de Tizi Ouzou ». Deux jours après son arrestation à Constantine, Ben Tobbal est libéré et il gagne Alger d’où il envoie un signal on ne peut plus clair à Ben Bella. Il déclare en effet : « Le GPRA avait donné son accord sur la composition du bureau politique et Mohammedi Saïd était parti à Tlemcen en émissaire... Un bureau politique, c’est mieux que le vide politique. » De leur côté, Saâd Dahlab et Hocine Aït Ahmed, qui n’appartiennent encore à aucun groupe, quittent le GPRA et l’Algérie. On relèvera également, à Alger, des entretiens entre Khider, cheville ouvrière du « groupe de Tlemcen », et Ben Khedda, stoïque président du GPRA lequel n’est plus que l’ombre de lui-même, Ben Tobbal, se joint à eux.
28 juillet : Ben Khedda demande une réunion du CNRA. Les fils ne sont pas coupés, aussi Khider rencontre Krim Belkacem et dans ce tourbillon frénétique qui s’est emparé des dirigeants de la guerre de libération naît l’espoir d’un compromis entre les différentes factions. L’issue pacifique de ces dangereuses tractations semble, en effet, proche.
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Re: Chronologie de la révolution Algérienne
29 juillet : Brutalement, la Wilaya IV prend le contrôle de la capitale qui relevait jusque-là de la Zone autonome d’Alger. Khider se rend à Paris pour y chercher l’appui et l’alliance des dirigeants de la Fédération de France. Boussouf et Ben Tobbal se rendent à Tunis.
30 juillet : On annonce une rencontre entre Khider, Krim et Boudiaf. Mais ce dernier est enlevé par des éléments de la, Wilaya I à M’sila. A Alger, sur décision du conseil de la Wilaya IV, le commandant Azzedine, chef de la Zone autonome d’Alger, est placé en résidence surveillée alors que son adjoint le commandant Omar Oussedik est arrêté. A Tizi Ouzou, l’avocat Me Bouzida annonce la création du comité de liaison pour « la défense de la Révolution » préconisé par Boudiaf et Krim.
1er août : Sur intervention du BP, Boudiaf est libéré. Il regagne Alger accompagné de Rabah Bitat. Il y rencontre Khider en présence de Krim et du colonel Mohand Ou El Hadj.
2 août : Un compromis intervient entre Boudiaf, Krim et le colonel Mohand Ou El Hadj (Wilaya III) d’une part et Khider et Bitat d’une autre. L’accord stipule que « le BP est reconnu à titre provisoire » et est chargé de préparer les élections à l’Assemblée nationale constituante. Sa durée de vie est d’un mois. Le CNRA doit se réunir un mois après les élections afin de réexaminer la composition du BP.
3 août : Ben Bella fait son entrée à Alger avec le BP auquel s’est joint Boudiaf. Aït Ahmed refuse d’y siéger.
4 août : Le BP procède à la répartition des attributions de ses membres. Khider est désigné comme secrétaire général et chargé de l’information et des finances. Ben Bella est responsable de la coordination avec l’Exécutif provisoire. Boudiaf est à l’orientation et aux affaires extérieures tandis que Hadj Ben Alla se voit confier les affaires militaires. Mohammedi Saïd est à l’éducation et à la santé publique. Bitat, enfin, est à l’organisation du parti et des groupements nationaux. Pour ce qui les concerne, Dahlab et Aït Ahmed sont à Genève. Boussouf et Ben Tobbal sont à Tunis. Krim est en Kabylie. Le grand absent de ce casting est Ben Khedda qui se trouve à Alger, mais isolé, il est exclu de la distribution des rôles. Tout comme le CNRA, le GPRA a été sacrifié sur l’autel des idiosyncrasies des personnalités composant le personnel politique légitimé par la guerre. Désormais et jusqu’à nouvel ordre, le BP sera le prête-nom du deus ex machina qui gérera les affaires politiques de l’Etat algérien naissant.
6 août : Ben Bella se rend à Constantine pour procéder à la conversion de l’armée et à la séparation entre le FLN et l’ALN.
8 août : Le BP proclame qu’il exerce tous les pouvoirs détenus jusqu’alors par le GPRA.
10 août : Confronté au refus des Wilayas III et IV de s’autodissoudre, Khider prononce au nom du BP une allocution dans laquelle il affirme que « la conversion de l’ALN présente un caractère d’urgence incontestable ».
13 août : Après consultation des conseils de Wilaya, le BP annonce la formation d’un « comité national chargé d’organiser le parti ».
19 août : Publication des listes des candidats aux élections de l’Assemblée nationale constituante, prévues pour le 2 septembre. La Wilaya IV met ses troupes en état d’alerte.
20 août : Khider, secrétaire national du BP, annonce la création de « comités électoraux » et de « comités de vigilance ».
22 août : Les partisans du BP manifestent à Alger contre les éléments de la Wilaya IV aux cris de « l’armée dans les casernes ».
23 août : Courte est l’accalmie, ténus les espoirs d’un règlement « fraternel ». En effet, une fusillade à La Casbah d’Alger. La Wilaya IV, qui entend faire valoir son autorité sur ce qu’elle considère comme son territoire, instaure la censure à la radio et les journaux, interdit les déclarations du BP et organise des manifestations.
24 août : Les Wilayas III et IV annoncent que leurs conseils respectifs resteront en place jusqu’à la constitution d’un « Etat algérien élu légalement ». La ZAA continue de se livrer à une guerre de communiqués autour de l’autorité dans la capitale.
25 août : Khider annonce qu’en raison de « l’obstruction » de la Wilaya IV, le BP ne peut plus exercer ses responsabilités. Sur décision unilatérale, il ajourne les élections du 2 septembre. Le conseil de la Wilaya III s’insurge contre cette mesure. Boudiaf démissionne du BP.
27 août : L’escalade ne connaît pas de bémol. Des membres du BP sont arrêtés sur décision du Conseil de la Wilaya IV. Ce dernier considère que la création d’un « comité FLN d’Alger » est en violation de l’accord du 2 août, aux termes duquel les prérogatives du BP provisoire se limitent à la préparation des élections et de la réunion du CNRA. Les Wilayas I, II, V et VI ainsi que l’EMG apportent leur soutien au BP. Les conseils des Wilayas III et IV déclarent qu’ils « feront face à toute agression ». 28 août : Veillée d’armes à Sétif. Les commandants des Wilayas I, II, V et VI se réunissent dans la capitale des Hauts-Plateaux.
30 juillet : On annonce une rencontre entre Khider, Krim et Boudiaf. Mais ce dernier est enlevé par des éléments de la, Wilaya I à M’sila. A Alger, sur décision du conseil de la Wilaya IV, le commandant Azzedine, chef de la Zone autonome d’Alger, est placé en résidence surveillée alors que son adjoint le commandant Omar Oussedik est arrêté. A Tizi Ouzou, l’avocat Me Bouzida annonce la création du comité de liaison pour « la défense de la Révolution » préconisé par Boudiaf et Krim.
1er août : Sur intervention du BP, Boudiaf est libéré. Il regagne Alger accompagné de Rabah Bitat. Il y rencontre Khider en présence de Krim et du colonel Mohand Ou El Hadj.
2 août : Un compromis intervient entre Boudiaf, Krim et le colonel Mohand Ou El Hadj (Wilaya III) d’une part et Khider et Bitat d’une autre. L’accord stipule que « le BP est reconnu à titre provisoire » et est chargé de préparer les élections à l’Assemblée nationale constituante. Sa durée de vie est d’un mois. Le CNRA doit se réunir un mois après les élections afin de réexaminer la composition du BP.
3 août : Ben Bella fait son entrée à Alger avec le BP auquel s’est joint Boudiaf. Aït Ahmed refuse d’y siéger.
4 août : Le BP procède à la répartition des attributions de ses membres. Khider est désigné comme secrétaire général et chargé de l’information et des finances. Ben Bella est responsable de la coordination avec l’Exécutif provisoire. Boudiaf est à l’orientation et aux affaires extérieures tandis que Hadj Ben Alla se voit confier les affaires militaires. Mohammedi Saïd est à l’éducation et à la santé publique. Bitat, enfin, est à l’organisation du parti et des groupements nationaux. Pour ce qui les concerne, Dahlab et Aït Ahmed sont à Genève. Boussouf et Ben Tobbal sont à Tunis. Krim est en Kabylie. Le grand absent de ce casting est Ben Khedda qui se trouve à Alger, mais isolé, il est exclu de la distribution des rôles. Tout comme le CNRA, le GPRA a été sacrifié sur l’autel des idiosyncrasies des personnalités composant le personnel politique légitimé par la guerre. Désormais et jusqu’à nouvel ordre, le BP sera le prête-nom du deus ex machina qui gérera les affaires politiques de l’Etat algérien naissant.
6 août : Ben Bella se rend à Constantine pour procéder à la conversion de l’armée et à la séparation entre le FLN et l’ALN.
8 août : Le BP proclame qu’il exerce tous les pouvoirs détenus jusqu’alors par le GPRA.
10 août : Confronté au refus des Wilayas III et IV de s’autodissoudre, Khider prononce au nom du BP une allocution dans laquelle il affirme que « la conversion de l’ALN présente un caractère d’urgence incontestable ».
13 août : Après consultation des conseils de Wilaya, le BP annonce la formation d’un « comité national chargé d’organiser le parti ».
19 août : Publication des listes des candidats aux élections de l’Assemblée nationale constituante, prévues pour le 2 septembre. La Wilaya IV met ses troupes en état d’alerte.
20 août : Khider, secrétaire national du BP, annonce la création de « comités électoraux » et de « comités de vigilance ».
22 août : Les partisans du BP manifestent à Alger contre les éléments de la Wilaya IV aux cris de « l’armée dans les casernes ».
23 août : Courte est l’accalmie, ténus les espoirs d’un règlement « fraternel ». En effet, une fusillade à La Casbah d’Alger. La Wilaya IV, qui entend faire valoir son autorité sur ce qu’elle considère comme son territoire, instaure la censure à la radio et les journaux, interdit les déclarations du BP et organise des manifestations.
24 août : Les Wilayas III et IV annoncent que leurs conseils respectifs resteront en place jusqu’à la constitution d’un « Etat algérien élu légalement ». La ZAA continue de se livrer à une guerre de communiqués autour de l’autorité dans la capitale.
25 août : Khider annonce qu’en raison de « l’obstruction » de la Wilaya IV, le BP ne peut plus exercer ses responsabilités. Sur décision unilatérale, il ajourne les élections du 2 septembre. Le conseil de la Wilaya III s’insurge contre cette mesure. Boudiaf démissionne du BP.
27 août : L’escalade ne connaît pas de bémol. Des membres du BP sont arrêtés sur décision du Conseil de la Wilaya IV. Ce dernier considère que la création d’un « comité FLN d’Alger » est en violation de l’accord du 2 août, aux termes duquel les prérogatives du BP provisoire se limitent à la préparation des élections et de la réunion du CNRA. Les Wilayas I, II, V et VI ainsi que l’EMG apportent leur soutien au BP. Les conseils des Wilayas III et IV déclarent qu’ils « feront face à toute agression ». 28 août : Veillée d’armes à Sétif. Les commandants des Wilayas I, II, V et VI se réunissent dans la capitale des Hauts-Plateaux.
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Re: Chronologie de la révolution Algérienne
29 août : De violents affrontements ont lieu à la Casbah d’Alger entre des partisans du BP et de la Wilaya IV. L’insécurité s’installe. Enlèvements, perquisitions, racket. De nouveau, la France menace d’intervenir pour « protéger ses ressortissants ». Encore présentes sur le territoire de la jeune République, les troupes françaises opèrent un mouvement dans la région d’Alger. L’UGTA appelle à la grève générale. A Alger et à travers tout le pays, le peuple, celui du 1er novembre 1954, du 11 décembre 1960, du 8 mai 1945 - le peuple qui sait mourir utilement, descend dans la rue aux cris de « Sebaâ sinin barakat ! » (« sept ans ça suffit ! »).
30 août : Le BP fait intervenir « ses forces » pour « rétablir l’ordre à Alger ». 1er septembre : Meeting à Alger, à la Maison du peuple, contre « la guerre civile ».
3 au 5 septembre : Tandis que Bitat et Khider se sont réfugiés à l’ambassade d’Egypte, Ben Bella gagne Oran et donne l’ordre aux troupes de l’EMG qu’on appellera aussi l’armée des frontières, qui le soutiennent, de marcher sur Alger. Des affrontements violents entre djounoud de la Wilaya IV et ceux de l’EMG provoquent plusieurs centaines, voire plus d’un millier de morts dans les régions de Boghari, Sidi Aïssa, Sour El Ghozlane, Chlef.
5 septembre : A la demande du colonel Mohand Ou El Hadj de la Wilaya III, un accord intervient entre le BP et les Wilayas III et IV. Il prévoit la démilitarisation de la capitale et l’organisation d’élections à brefs délais.
6 septembre : Une fois de plus, la population descend dans la rue et exige l’arrêt du conflit fratricide. Ben Bella et les chefs de la Wilaya IV se rendent sur les lieux pour arrêter les combats.
9 septembre : Ben Bella et l’armée des frontières commandée par Boumediène entrent dans Alger. Les élections sont fixées au 20 septembre.
13 septembre : Publication d’une nouvelle liste des candidats à l’Assemblée nationale constituante. Ben Khedda et Boussouf n’y figurent plus.
20 septembre : Les électeurs algériens sont appelés à « ratifier » la liste des candidats à l’Assemblée qui leur est soumise. Des listes uniques sont imposées. On y dénombre 196 candidats dont 16 Européens. On relève des combats sporadiques entre éléments de la Wilaya IV et forces favorables au BP. Ben Bella déclare que « la démocratie est un luxe que l’Algérie ne peut encore s’offrir ».
24 septembre : Khider affirme admettre les partis politiques « à condition qu’ils œuvrent dans le cadre de la Constitution ».
25 septembre : Ferhat Abbas est élu président de l’Assemblée nationale constituante par 155 voix contre 36 blancs ou nuls, proclame la naissance de la République algérienne démocratique et Populaire. Par 141 voix sur 189, Ben Bella est désigné pour former le premier gouvernement. L’Exécutif provisoire remet ses pouvoirs au président de l’Assemblée constituante.
28 septembre : Ben Bella présente son gouvernement à l’Assemblée. Il prend pour « programme provisoire » la Charte de Tripoli, dont il avait supervisé les travaux. Boudiaf crée le Parti de la révolution socialiste (PRS). Il relève l’illégitimité du BP de Ben Bella.
29 septembre : Ben Bella est investi par l’Assemblée constituante comme premier président du Conseil des ministres de l’Algérie indépendante.
8 octobre : L’Algérie devient le 109e Etat de l’Organisation des Nations unies.
Par Boukhalfa Amazit, El Watan
30 août : Le BP fait intervenir « ses forces » pour « rétablir l’ordre à Alger ». 1er septembre : Meeting à Alger, à la Maison du peuple, contre « la guerre civile ».
3 au 5 septembre : Tandis que Bitat et Khider se sont réfugiés à l’ambassade d’Egypte, Ben Bella gagne Oran et donne l’ordre aux troupes de l’EMG qu’on appellera aussi l’armée des frontières, qui le soutiennent, de marcher sur Alger. Des affrontements violents entre djounoud de la Wilaya IV et ceux de l’EMG provoquent plusieurs centaines, voire plus d’un millier de morts dans les régions de Boghari, Sidi Aïssa, Sour El Ghozlane, Chlef.
5 septembre : A la demande du colonel Mohand Ou El Hadj de la Wilaya III, un accord intervient entre le BP et les Wilayas III et IV. Il prévoit la démilitarisation de la capitale et l’organisation d’élections à brefs délais.
6 septembre : Une fois de plus, la population descend dans la rue et exige l’arrêt du conflit fratricide. Ben Bella et les chefs de la Wilaya IV se rendent sur les lieux pour arrêter les combats.
9 septembre : Ben Bella et l’armée des frontières commandée par Boumediène entrent dans Alger. Les élections sont fixées au 20 septembre.
13 septembre : Publication d’une nouvelle liste des candidats à l’Assemblée nationale constituante. Ben Khedda et Boussouf n’y figurent plus.
20 septembre : Les électeurs algériens sont appelés à « ratifier » la liste des candidats à l’Assemblée qui leur est soumise. Des listes uniques sont imposées. On y dénombre 196 candidats dont 16 Européens. On relève des combats sporadiques entre éléments de la Wilaya IV et forces favorables au BP. Ben Bella déclare que « la démocratie est un luxe que l’Algérie ne peut encore s’offrir ».
24 septembre : Khider affirme admettre les partis politiques « à condition qu’ils œuvrent dans le cadre de la Constitution ».
25 septembre : Ferhat Abbas est élu président de l’Assemblée nationale constituante par 155 voix contre 36 blancs ou nuls, proclame la naissance de la République algérienne démocratique et Populaire. Par 141 voix sur 189, Ben Bella est désigné pour former le premier gouvernement. L’Exécutif provisoire remet ses pouvoirs au président de l’Assemblée constituante.
28 septembre : Ben Bella présente son gouvernement à l’Assemblée. Il prend pour « programme provisoire » la Charte de Tripoli, dont il avait supervisé les travaux. Boudiaf crée le Parti de la révolution socialiste (PRS). Il relève l’illégitimité du BP de Ben Bella.
29 septembre : Ben Bella est investi par l’Assemblée constituante comme premier président du Conseil des ministres de l’Algérie indépendante.
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Re: Chronologie de la révolution Algérienne
Un "rôle primordial" dans la crise de l'été 1962
L'état-major général de l'Armée de libération nationale (EMG-ALN) a réussi à organiser les katibate des wilayas (historiques) et les ériger en une armée qui a joué un "rôle primordial" dans la crise de l'été 1962, a estimé hier, à Alger le journaliste Mohamed Abbès. "L'EMG, né dans la crise du Gouvernement provisoire de la révolution algérienne (GPRA), a réussi à organiser les katibate des wilayas, les transformant en une armée disciplinée qui a joué un rôle de premier plan dans la crise de l'été 1962", a affirmé M. Abbès, spécialisé dans les questions liées à la guerre de libération nationale. S'exprimant lors d'une conférence animée au siège du quotidien El Moudjahid à l'occasion du cinquantenaire de la création de l'EMG, l'orateur a indiqué que l'EMG est venu après la dissolution du commandement des opérations militaires (Est et Ouest) et les sanctions ayant été infligées aux membres de ce commandement, à sa tête Mohammedi Saïd. "La création de l'EMG était aussi le résultat d'une décision du GPRA et faisait suite à la réunion des 10 colonels en Tunisie", a-t-il précisé, dans une rétrospective des événements ayant entouré la création de l'EMG. Evoquant le congrès de la Soummam (20 août 1956), l'ancien membre de l'EMG, Azzedine Zerari (dit commandant Azzedine), a souligné que cette instance n'était pas prévue au départ. C'est dans ce cadre qu'il a indiqué que l'EMG — qui comptait également dans ses rangs Houari Boumediene, Ali Mendjeli et Kaïd Ahmed — a été mis en place pendant la crise du GPRA et les "tiraillements" qui caractérisaient, selon lui, la Révolution vers la fin des années 1950. Il a relevé, à ce sujet, que la réunion des 10 colonels, qui devait initialement regrouper 13 colonels, dont Si M'hamed Bouguerra, qui a refusé de se rendre en Tunisie, et les colonels Amirouche et Si el-Haouès, tombés au champ d'honneur avant leur arrivée à destination, a duré 100 jours. Le commandant Azzedine a estimé, d'autre part, que la création de l'EMG s'inscrivait dans le sillage des négociations pour l'indépendance du pays, considérant que son avènement "n'est pas étranger à la lutte pour la prise du pouvoir". Il a indiqué, dans ce contexte, que l'EMG a joué le "principal rôle" dans la prise du pouvoir, suite à la crise de l'été 1962, affirmant que "la thèse consistant à dire qu'il y avait une crise entre les wilayas de l'ALN de l'intérieur est erronée". "Les tiraillements et les luttes ont été importés de l'extérieur, après la réunion avortée de Tripoli", a encore estimé le commandant Azzedine, reconnaissant, toutefois, que "L'EMG a su organiser les unités de l'ALN stationnées à l'extérieur".
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Re: Chronologie de la révolution Algérienne
Congrès de La Soummam
Le Congrès de la Soummam déterminant pour la réussite de la révolution Algérienne, organisé principalement par Abane Ramdane et Larbi Ben M'hidi. Les partisans du Congrès de la Soummam étaient Krim Belkacem, Omar Ouamrane, Si M'hamed de son vrai nom Bougarra, Si Sadek, Azzedine, Si Lakhdar, Ali Khodja, Ali Mellah, etc, a eu lieu le 20 août 1956 aux villages Ighbane et Ifri dans la commune d'Ouzellaguen. Mais , il y aura des divergences de points de vue de la part des absents du congrès (les représentants de l'Ouest algérien, de l'Aurès et du Sud algérien) et les organisateurs en majorité Kabyle , ce qui va provoquer une lutte interne entre les chefs du F.L.N. en Tunisie et à l'intérieure de l'Algérie
« La primauté du politique sur le militaire » constitua l'un des fondements du Congrès. Il y a eu une administration qui gère le civil ( mariage, régler les conflits personnels, enregistrement des naissances, collecte d'impôt, etc). Chaque assemblée populaire était élu sous la supervision du Front de libération nationale (Algérie) .
Après le Congrès de la Soummam, L'Algérie a été divisée en six Wilayas ou État-major.
Une Wilaya est divisée en quatre Zones. Chaque zone est divisée en quatre région. La région est divisée en quatre secteurs. Elle possède une Katiba de 120 hommes armés.
Chaque secteur dispose de 40 mousseblins. Chaque division est contrôlée par un comité formé:
un responsable politico-militaire
un adjoint politique
un adjoint militaire
un responsable du renseignement et de la liaison
un service de santé et d'intendance
Le Congrès de la Soummam déterminant pour la réussite de la révolution Algérienne, organisé principalement par Abane Ramdane et Larbi Ben M'hidi. Les partisans du Congrès de la Soummam étaient Krim Belkacem, Omar Ouamrane, Si M'hamed de son vrai nom Bougarra, Si Sadek, Azzedine, Si Lakhdar, Ali Khodja, Ali Mellah, etc, a eu lieu le 20 août 1956 aux villages Ighbane et Ifri dans la commune d'Ouzellaguen. Mais , il y aura des divergences de points de vue de la part des absents du congrès (les représentants de l'Ouest algérien, de l'Aurès et du Sud algérien) et les organisateurs en majorité Kabyle , ce qui va provoquer une lutte interne entre les chefs du F.L.N. en Tunisie et à l'intérieure de l'Algérie
« La primauté du politique sur le militaire » constitua l'un des fondements du Congrès. Il y a eu une administration qui gère le civil ( mariage, régler les conflits personnels, enregistrement des naissances, collecte d'impôt, etc). Chaque assemblée populaire était élu sous la supervision du Front de libération nationale (Algérie) .
Après le Congrès de la Soummam, L'Algérie a été divisée en six Wilayas ou État-major.
Une Wilaya est divisée en quatre Zones. Chaque zone est divisée en quatre région. La région est divisée en quatre secteurs. Elle possède une Katiba de 120 hommes armés.
Chaque secteur dispose de 40 mousseblins. Chaque division est contrôlée par un comité formé:
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Re: Chronologie de la révolution Algérienne
Plate forme de la Soummam
« PLATE FORME DE LA SOUMMAM POUR ASSURER LE TRIOMPHE DE LA REVOLUTION ALGERIENNE, DANS LA LUTTE POUR L’INDEPENDANCE NATIONALE INTRODUCTION Les extraits de la présente plate-forme d’action du FRONT DE LIBERATION NATIONALE ont pour objet de définir, d’une façon générale, la position du FLN, à une étape déterminante de la Révolution Algérienne. Elle est divisée en trois parties : I) La situation politique actuelle. II) Les perspectives générales. III) Les moyens d’actions et de propagande.
I) LA SITUATION POLITIQUE ACTUELLE
A) L’ESSOR IMPETUEUX DE LA REVOLUTION ALGERIENNE L’Algérie, depuis deux ans, combat avec héroïsme pour l’indépendance nationale. La révolution patriotique et anticolonialiste est en marche. Elle force l’admiration de l’opinion mondiale. a. La Résistance armée. En une période relativement courte, l’Armée de Libération Nationale, localisée dans l’Aurès et la Kabylie, a subi avec succès l’épreuve du feu. Elle a triomphé de la compagne d’encerclement et d’anéantissement menée par une armée puissante, moderne, au service du régime colonialiste d’un des plus grands Etats du monde. Malgré la pénurie provisoire d’armement, elle a développé les opérations de guérillas, de harcèlement, de sabotage, s’étendant aujourd’hui à l’ensemble du territoire national. Elle a consolidé sans cesse ses positions en améliorant sa tactique, sa technique, son efficacité. Elle a su passer rapidement de la guérilla au niveau de la guerre partielle. Elle a su combiner harmonieusement les méthodes éprouvées des guerres anti-colonialistes avec les formes les plus classiques en les adoptant intelligemment aux particularités du pays. Elle a déjà fourni la preuve suffisante, maintenant que son organisation militaire est unifiée, qu’elle possède la science de la stratégie d’une guerre englobant l’ensemble de l’Algérie.
L’Armée de Libération Nationale se bat pour une cause juste.
Elle groupe des patriotes, des volontaires, des combattants décidés à lutter avec abnégation jusqu’à la délivrance de la patrie martyre.
Elle s’est renforcée par le sursaut patriotique d’officiers, de sous-officiers et de soldats de carrière ou du contingent, désertant en masse avec armes et bagages les rangs de l’armée française.
Pour la première fois dans les annales militaires, la France ne peut plus compter sur le « loyalisme » des troupes algériennes. Elle est obligée de les transférer en France et en Allemagne.
Les Harkas de goumiers, recrutés parmi les chômeurs souvent trompés sur la nature du « travail » pour lequel ils étaient appelés, disparaissent dans le maquis. Certaines sont désarmées et dissoutes par les autorités mécontentes.
Les réserves humaines de l’ALN sont inépuisables. Elle est souvent obligée de refuser l’enrôlement des Algériens jeunes et vieux, des villes et campagnes, impatients de mériter l’honneur d’être soldats de leur « Armée ».
Elle bénéficie pleinement de l’amour du peuple algérien, de son soutien enthousiaste, de sa solidarité agissante, morale et matérielle, totale et indéfectible.
Les officiers supérieurs, les commandants de zones, les commissaires politiques, les cadres et soldats de l’Armée de Libération Nationale sont honorés comme des héros nationaux, glorifiés dans des chants populaires qui ont déjà pénétré aussi bien dans l’humble gourbi que la misérable Khaïma, la ghorfa des casbahs comme le salon des villas.
Telles sont les raisons essentielles du « miracle algérien » : l’ALN tenant en échec la force colossale de l’armée colonialiste française, renforcée par les divisions « atomiques » prélevées sur les forces de l’OTAN.
Voilà pourquoi en dépit des incessants renforts, jugés aussitôt insuffisants, malgré le quadrillage ou autre technique aussi inopérante que les déluges de feu, les généraux français sont obligés de reconnaître que la solution militaire est impossible pour résoudre le problème algérien.
Nous devons signaler particulièrement la formation de nombreux maquis urbains qui, d’ores et déjà, constituent une seconde armée sans uniforme.
Les groupes armés dans les villes et villages se sont notamment signalés par des attentats contre les commissariats de police, les postes de gendarmerie, les sabotages de bâtiments publics, les incendies, la suppression de gradés de la police, de mouchards, de traîtres.
Ce qui affaiblit d’une façon considérable l’armature militaire et policière de l’ennemi colonialiste, augmente la dispersion de ses forces sur l’ensemble du sol national, mais aussi accentue la détérioration du moral des troupes, maintenus dans un état d’énervement et de fatigue par la nécessité de rester sur un qui-vive angoissant.
C’est un fait indéniable que l’action de l’ALN a bouleversé le climat politique en Algérie.
Elle a provoqué un choc psychologique qui a libéré le peuple de sa torpeur de la peur, de son scepticisme.
Elle a permis au peuple algérien une nouvelle prise de conscience de sa dignité nationale.
Elle a également déterminé une union psycho-politique de tous les Algériens, cette unanimité nationale qui féconde la lutte armée et rend inéluctable la victoire de la liberté.
b. Une organisation politique efficace.
Le FRONT DE LIBERATION NATIONALE, malgré son activité clandestine, est devenu aujourd’hui l’unique organisation véritablement nationale. Son influence est incontestable et incontestée sur tout le territoire algérien.
En effet, dans un délai extrêmement court, le FLN a réussi le tour de force de supplanter tous les partis politiques existants depuis des dizaines d’années.
Cela n’est pas le fruit du hasard. C’est le résultat de la réunion des conditions indispensables suivantes :
1°) Le bannissement du pouvoir personnel et l’instauration du principe de la direction collective composée d’hommes propres, honnêtes, imperméables à la corruption, courageux, insensibles au danger, à la prison ou à la peur de la mort.
2°) La doctrine est claire. Le but à atteindre, c’est l’indépendance nationale. Le moyen, c’est la révolution par la destruction du régime colonialiste.
3°) L’union du peuple est réalisée dans la lutte contre l’ennemi commun, sans sectarisme :
Le FLN affirmait au début de la Révolution que « la libération de l’Algérie sera l’œuvre de TOUS les Algériens et non pas celle d’une fraction du peuple algérien, quelle que soit son importance ». C’est pourquoi le FLN tiendra compte dans sa lutte de toutes les forces anti-colonialistes, même si elles échappent à son contrôle.
4°) La condamnation définitive du culte de la personnalité, la lutte ouverte contre les aventuriers, les mouchards, les valets de l’administration, indicateurs ou policiers. D’où la capacité du FLN à déjouer les manœuvres politiques et les traquenards de l’appareil policier français.
Cela ne saurait signifier que toutes les difficultés seraient complètement effacées.
Notre action politique a été handicapée au départ pour les raisons ci-après :
1°) L’insuffisance numérique des cadres et des moyens matériels et financiers.
2°) La nécessité d’un long et dur travail de clarification politique, d’explication patiente et persévérante pour surmonter une grave crise de croissance.
3°) L’impératif stratégique de SUBORDONNER TOUT AU FRONT DE LA LUTTE ARMEE.
Cette faiblesse, normale et inévitable au début, est déjà corrigée, après la période où il se contentait de lancer uniquement des mots d’ordre de résistance à l’impérialisme, on a assisté à une réelle apparition du FLN sur le plan de la lutte politique.
Ce redressement fut marqué par la grève d’anniversaire du 1er novembre 1955, considérée comme l’événement décisif, tant par son aspect spectaculaire et positif que par son caractère profond, preuve de la « prise en main » de toutes les couches de la population.
Jamais, de mémoire d’Algérie, aucune organisation politique n’avait obtenu une grève aussi grandiose dans les villes et villages du pays.
D’autre part, le succès de la non-coopération politique lancée par le FLN est non moins probant. La cascade de démissions des élus patriotes suivie de celles des élus administratifs ont imposé au gouvernement français la non-prorogation du mandat des députés du Palais Bourbon, la dissolution de l’Assemblée Algérienne. Les conseils généraux et municipaux et les djemaa ont disparu, vide accentué et amplifié par la démission de nombreux fonctionnaires et auxiliaires de l’autorité coloniale, caïds, chefs de fraction, gardes champêtres. Faute de candidatures ou de remplaçants, l’administration française est disloquée; son armature considérée comme insuffisante ne trouve aucun appui parmi le peuple; dans presque toutes les régions elle coexiste avec l’autorité du FLN.
Cette lente mais profonde désagrégation de l’administration française a permis la naissance puis le développement d’une dualité de pouvoir. Déjà fonctionne une administration révolutionnaire avec des djemaa clandestines et des organismes s’occupant du ravitaillement, de perception d’impôts, de la justice, du recrutement de moudjahidine, des services de sécurité et de renseignements. L’administration du FLN prendra un nouveau virage avec l’institution des assemblées du peuple qui seront élues par les populations rurales avant le deuxième anniversaire de notre révolution.
Le sens politique du FLN s’est vérifié d’une façon éclatante par l’adhésion massive des paysages pour lesquels la conquête de l’indépendance nationale signifie en même temps la réforme agraire qui leur assurera la possession des terres qu’ils fécondent de leur labeur.
Cela se traduit par l’éclosion d’un climat insurrectionnel qui s’est étendu avec rapidité et une forme variée à tout le pays.
La présence d’éléments citadins, politiquement mûrs et expérimentés, sous la direction lucide du FLN, a permis la politisation des régions retardataires. L’apport des étudiants a été d’une grande utilité, notamment dans les domaines politiques, administratif et sanitaire.
Ce qui est certain, c’est que la Révolution Algérienne vient de dépasser avec honneur une première étape historique.
C’est une réalité vivante ayant triomphé du pari stupide du colonialisme français prétendant la détruite en quelques mois.
C’est une révolution organisée et non une révolte anarchique.
C’est une lutte nationale pour détruire le régime anarchique de la colonisation et non une guerre religieuse. C’est une marche en avant dans le sens historique de l’humanité et non un retour vers le socialisme.
C’est en fin la lutte pour la renaissance d’un Etat Algérien sous la forme d’une république démocratique et sociale et non la restauration d’une monarchie ou d’une théocratie révolues.
c. La faillite des anciennes formations politiques.
La Révolution Algérienne a accéléré la maturité politique du peuple algérien. Elle lui a montré, à la lumière de l’expérience décisive du combat libérateur, l’impuissance du réformisme et la stérilité du charlatanisme contre-révolutionnaire.
La faillite des vieux partis a éclaté au grand jour.
Les groupements divers ont été disloqués. Les militants de base ont rejoint le FLN. L’UDMA dissoute et les Oulama se sont alignés courageusement sur les positions du FLN ; l’UGEMA groupant tous les universitaires et lycéens, a proclamé par la voix de son congrès unanime le même sentiment.
Le Comité central du M.T.L.D. a complètement disparu en tant que regroupement ex-dirigeants et en tant que tendance politique.
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Re: Chronologie de la révolution Algérienne
Le Messalisme en déroute
L e M.N.A., en dépit de la démagogie et de la surenchère, n’a pas réussi à surmonter la crise mortelle du M.T.L.D. Il conservait une assise organique seulement en France du fait de la présence de Messali en exil, de l’ignorance totale des émigrés de la réalité algérienne.
C’est de là que partaient les mots d’ordre, les fonds et les hommes en vue de la création en Algérie de groupes armés ou de maquis dissidents, destinés non à la participation à la lutte contre l’ennemi exécré des opérations de provocation et à saboter par le défaitisme, le désordre et l’assassinat, la Révolution Algérienne et ses dirigeants militaires et politiques.
L’activité sporadique et brève du M.N.A. s’était manifestée publiquement, dans les rares villes telles Alger, comme une secte contre-révolutionnaire dans des opérations de division (campagne antimozabite), de gangstérisme(racket de commerçants), de confusion et de mensonges (Messali, soi-disant créateur et chef de l’Armée de Libération Nationale).
Le messalisme a perdu sa valeur de courant politique. Il est devenu de plus en plus un état d’âme qui s’étiole chaque jour.
Il est particulièrement significatif que les derniers admirateurs et défenseurs de Messali soient précisément les journalistes et intellectuels proches de la présidence du gouvernement français. Ils prétendent dénoncer l’ingratitude du peuple algérien qui ne reconnaîtrait plus «les mérites exceptionnels de Messali, le créateur, il y a trente ans, du nationalisme algérien ».
La psychologie de Messali s’apparente à la conviction insensée du coq de la fable qui ne se contente pas de constater l’aurore, mais proclame « qu’il fait lever le soleil ».
Le nationalisme Algérien dont Messali revendique effrontément l’initiative est un phénomène de caractère universel, résultat d’une évolution naturelle suivie par tous les peuples sortant de leur léthargie.
Le soleil se lève sans que le coq soit pour quelque chose, comme la Révolution Algérienne triomphe sans que Messali y ait aucun mérite.
Cette apologie du messalisme dans la presse française était un indice sérieux de la préparation psychologique d’un climat artificiel favorable à une manœuvre de grande envergure contre la Révolution Algérienne.
C’est la division, arme classique du colonialisme.
Le gouvernement français a tenté en vain d’opposer au FLN des groupements modérés, voire le groupe des «61». Ne pouvant plus compter sur les Sayah ou Farès, le béni-oui-ouisme étant discrédité d’une façon définitive et sans retour, le colonialisme français espérait utiliser le chef du MNA dans son ultime manœuvre diabolique pour tenter de voler au peuple algérien sa victoire.
Dans cette perspective, Messali représente, en raison de son orgueil et de son manque de scrupules, l’instrument parfait pour la politique impérialiste.
Ce n’est dons pas par hasard que Jacques Soustelle pouvait affirmer en novembre 1956 au professeur Massignon : « Messali est ma dernière carte ».
Le ministre résidant Lacoste ne se gêne pas pour confier à la presse colonialiste algérienne sa satisfaction de voir le MNA s’efforcer uniquement d’affaiblir le FLN.
L’hebdomadaire socialiste «Demain», dévoilant les divergences tactiques divisant les gouvernants français, pouvait écrire que certains ministres étaient disposés, pour empêcher le renforcement du FLN à accorder à Messali sa liberté totale, «le seul problème étant de protéger la vie du leader algérien».
Quand on se rappelle que Messali s’est livré à une violente attaque contre les pays arabes, ce qui ne peut que réjouir les Soustelle, Lacoste et Borgeaud, son déplacement d’Angoulême à Belle-Isle justifie la thèse du journal «Demain».
Lorsque la vie de Messali est si précieuse pour le colonialisme français, faut-il s’étonner de le voir glisser vers la trahison consciente.
Le Communisme Absent
Le P.C.A., malgré son passage dans l’illégalité et la publicité tapageuse dont la presse colonialiste l’a gratifié pour justifier la collusion imaginaire avec la Résistance Algérienne, n’a pas réussi à jouer un rôle qui mériterait d’être signalé.
La direction communiste, bureaucratique, sans aucun contact avec le peuple, n’a pas été capable d’analyser correctement la situation révolutionnaire. C’est pourquoi elle a condamné le «terrorisme» et ordonné dès les premiers mois de l’insurrection aux militants des Aurès, venus à Alger chercher des directives, DE NE PAS PRENDRE LES ARMES.
La sujétion au P.C.F. a pris le caractère d’un Béni-oui-ouisme avec le silence qui a suivi le vote des pouvoirs spéciaux.
Non seulement les communistes algériens n’ont pas eu suffisamment de courage pour dénoncer cette attitude opportuniste du groupe parlementaire, mais ils n’ont pas soufflé mot sur l’abandon de l’action concrète contre la guerre d’Algérie : manifestations contre les renforts de troupes, grèves de transports, de la marine marchande, des ports et des docks, contre le matériel de guerre.
Le P.C.A. a disparu en tant qu’organisation sérieuse à cause surtout de la prépondérance en son sein d’éléments européens dont l’ébranlement des convictions nationales algériennes artificielles a fait éclater les contradictions face à la résistance armée.
Cette absence d’homogénéité et la politique incohérente qui en résulte ont pour origine fondamentale la confusion et la croyance en l’impossibilité de la libération nationale de l’Algérie avant le triomphe de la révolution prolétarienne en France.
Cette idéologie qui tourne le dos à la réalité est une réminiscence des conceptions de la S.F.I.O., favorable à la politique d’assimilation passive et opportuniste.
Niant le caractère révolutionnaire de la paysannerie et des fellahs algériens en particulier, elle prétend défendre la classe ouvrière algérienne contre le danger problématique de tomber sous la domination directe de la «bourgeoisie arabe», comme si l’indépendance nationale de l’Algérie devait suivre forcément le chemin des Révolutions manquées, voire de faire marche arrière vers un quelconque féodalisme.
La C.G.T., subissant l’influence communiste, se trouve dans une situation analogue et tourne à vide sans pouvoir énoncer et appliquer le moindre mot d’ordre d’action.
La passivité générale du mouvement ouvrier organisé, aggravée dans une certaine mesure par l’attitude néfaste des syndicats F.O. et C.F.T.C., n’est pas la conséquence du manque de combattivité des travailleurs des bras croisés, les directives de Paris.
Les dockers d’Alger en ont donné la preuve en participant à la grève politique anniversaire du 1er novembre 1956.
Nombreux furent les travailleurs qui ont compris que cette journée d’action patriotique aurait revêtu un caractère d’unanimité nationale, plus démonstrative, plus dynamique, plus féconde, si les organisations ouvrières avaient été entraînées intelligemment dans la lutte générale par une véritable centrale syndicale nationale. Cette appréciation juste se trouve entièrement confirmée dans les succès complets de la grève générale patriotique du 5 juillet 1956.
Voila pourquoi les travailleurs algériens ont salué la naissance de l’U.G.T.A., dont le développement continu est irrésistible, comme l’expression de leur désir impatient de prendre une part plus active à la destruction du colonialisme, responsable du régime de misère, de chômage, d’émigration et d’indignité humaine.
Cette extension du sentiment national, en même temps que son passage à niveau qualificatif plus élevé, n’a manqué de réduire, comme une peau de chagrin, la base de masse du P.C.A., déjà rétrécie par la perte des éléments européens hésitants et instables.
On assiste cependant à certaines initiatives émanant à titre individuel de certains communistes s’efforçant de s’infiltrer dans les rangs du F.L.N. et de l’A.L.N. Il est possible qu’il s’agisse là de sursauts individuels pour retourner à une saine conception de la libération nationale.
Il est certain que le P.C.A. essaiera dans l’avenir d’exploiter ces « placements » dans le but de cacher son isolement total et son absence dans le combat historique de la Révolution Algérienne.
B) LA STRATEGIE IMPERIALISTE FRANCAISE.
La Révolution Algérienne, détruisant impitoyablement tous les pronostics colonialistes et faussement optimistes, continue de se développer avec une vigueur exceptionnelle, dans une phase ascendante de longue portée.
Elle ébranle et ruine ce qui reste de l’empire colonial français en déclin.
Les gouvernements successifs de Paris sont en proie à une crise politique sans précédant. Obligés de lâcher les colonies d’Asie, ils croient pouvoir conserver celles d’Afrique. Ne pouvant faire face au « pourrissement » de l’Afrique du Nord, ils ont lâché du lest en Tunisie et au Maroc pour tenter de garder l’Algérie.
a) La leçon des expériences tunisiennes et marocaines.
Cette politique sans perspectives réalistes s’est traduite notamment par la succession rapide de défaites morales dans tous les secteurs :
Mécontentement en France, grèves ouvrières, révoltes de commerçants, agitation chez les paysans, déficit budgétaire, inflation, sous-production, marasme économique, question algérienne à l’ONU, abandon de la Sarre en Allemagne.
La poussée révolutionnaire nord-africaine, malgré l’absence d’une stratégie politique commune en raison de la faiblesse organique de ce qu’a été le Comité de Libération du Maghreb, a acculé le colonialisme français à improviser une tactique défense hâtive, bouleversant tous les plans de la répression esclavagiste traditionnelle.
Les conventions franco-tunisiennes qui devaient jouer le rôle de barrage néo-colonialiste ont été dépassées sous la pression conjuguée du mécontentement populaire et des coups portés à l’impérialisme dans les trois pays frères.
Le rythme de l’évolution de la crise marocaine, l’entrée en lutte armée des montagnards venant renforcer la résistance citadine, et surtout la pression de la révolution algérienne ont été parmi les facteurs les plus déterminants du revirement de l’attitude officielle française et de l’indépendance marocaine.
Le brusque changement de méthode du gouvernement colonialiste abandonnant l’immobilisme pour s’engager dans la recherche d’une solution rapide était dicté d’abord par des raisons de caractère stratégique.
L e M.N.A., en dépit de la démagogie et de la surenchère, n’a pas réussi à surmonter la crise mortelle du M.T.L.D. Il conservait une assise organique seulement en France du fait de la présence de Messali en exil, de l’ignorance totale des émigrés de la réalité algérienne.
C’est de là que partaient les mots d’ordre, les fonds et les hommes en vue de la création en Algérie de groupes armés ou de maquis dissidents, destinés non à la participation à la lutte contre l’ennemi exécré des opérations de provocation et à saboter par le défaitisme, le désordre et l’assassinat, la Révolution Algérienne et ses dirigeants militaires et politiques.
L’activité sporadique et brève du M.N.A. s’était manifestée publiquement, dans les rares villes telles Alger, comme une secte contre-révolutionnaire dans des opérations de division (campagne antimozabite), de gangstérisme(racket de commerçants), de confusion et de mensonges (Messali, soi-disant créateur et chef de l’Armée de Libération Nationale).
Le messalisme a perdu sa valeur de courant politique. Il est devenu de plus en plus un état d’âme qui s’étiole chaque jour.
Il est particulièrement significatif que les derniers admirateurs et défenseurs de Messali soient précisément les journalistes et intellectuels proches de la présidence du gouvernement français. Ils prétendent dénoncer l’ingratitude du peuple algérien qui ne reconnaîtrait plus «les mérites exceptionnels de Messali, le créateur, il y a trente ans, du nationalisme algérien ».
La psychologie de Messali s’apparente à la conviction insensée du coq de la fable qui ne se contente pas de constater l’aurore, mais proclame « qu’il fait lever le soleil ».
Le nationalisme Algérien dont Messali revendique effrontément l’initiative est un phénomène de caractère universel, résultat d’une évolution naturelle suivie par tous les peuples sortant de leur léthargie.
Le soleil se lève sans que le coq soit pour quelque chose, comme la Révolution Algérienne triomphe sans que Messali y ait aucun mérite.
Cette apologie du messalisme dans la presse française était un indice sérieux de la préparation psychologique d’un climat artificiel favorable à une manœuvre de grande envergure contre la Révolution Algérienne.
C’est la division, arme classique du colonialisme.
Le gouvernement français a tenté en vain d’opposer au FLN des groupements modérés, voire le groupe des «61». Ne pouvant plus compter sur les Sayah ou Farès, le béni-oui-ouisme étant discrédité d’une façon définitive et sans retour, le colonialisme français espérait utiliser le chef du MNA dans son ultime manœuvre diabolique pour tenter de voler au peuple algérien sa victoire.
Dans cette perspective, Messali représente, en raison de son orgueil et de son manque de scrupules, l’instrument parfait pour la politique impérialiste.
Ce n’est dons pas par hasard que Jacques Soustelle pouvait affirmer en novembre 1956 au professeur Massignon : « Messali est ma dernière carte ».
Le ministre résidant Lacoste ne se gêne pas pour confier à la presse colonialiste algérienne sa satisfaction de voir le MNA s’efforcer uniquement d’affaiblir le FLN.
L’hebdomadaire socialiste «Demain», dévoilant les divergences tactiques divisant les gouvernants français, pouvait écrire que certains ministres étaient disposés, pour empêcher le renforcement du FLN à accorder à Messali sa liberté totale, «le seul problème étant de protéger la vie du leader algérien».
Quand on se rappelle que Messali s’est livré à une violente attaque contre les pays arabes, ce qui ne peut que réjouir les Soustelle, Lacoste et Borgeaud, son déplacement d’Angoulême à Belle-Isle justifie la thèse du journal «Demain».
Lorsque la vie de Messali est si précieuse pour le colonialisme français, faut-il s’étonner de le voir glisser vers la trahison consciente.
Le Communisme Absent
Le P.C.A., malgré son passage dans l’illégalité et la publicité tapageuse dont la presse colonialiste l’a gratifié pour justifier la collusion imaginaire avec la Résistance Algérienne, n’a pas réussi à jouer un rôle qui mériterait d’être signalé.
La direction communiste, bureaucratique, sans aucun contact avec le peuple, n’a pas été capable d’analyser correctement la situation révolutionnaire. C’est pourquoi elle a condamné le «terrorisme» et ordonné dès les premiers mois de l’insurrection aux militants des Aurès, venus à Alger chercher des directives, DE NE PAS PRENDRE LES ARMES.
La sujétion au P.C.F. a pris le caractère d’un Béni-oui-ouisme avec le silence qui a suivi le vote des pouvoirs spéciaux.
Non seulement les communistes algériens n’ont pas eu suffisamment de courage pour dénoncer cette attitude opportuniste du groupe parlementaire, mais ils n’ont pas soufflé mot sur l’abandon de l’action concrète contre la guerre d’Algérie : manifestations contre les renforts de troupes, grèves de transports, de la marine marchande, des ports et des docks, contre le matériel de guerre.
Le P.C.A. a disparu en tant qu’organisation sérieuse à cause surtout de la prépondérance en son sein d’éléments européens dont l’ébranlement des convictions nationales algériennes artificielles a fait éclater les contradictions face à la résistance armée.
Cette absence d’homogénéité et la politique incohérente qui en résulte ont pour origine fondamentale la confusion et la croyance en l’impossibilité de la libération nationale de l’Algérie avant le triomphe de la révolution prolétarienne en France.
Cette idéologie qui tourne le dos à la réalité est une réminiscence des conceptions de la S.F.I.O., favorable à la politique d’assimilation passive et opportuniste.
Niant le caractère révolutionnaire de la paysannerie et des fellahs algériens en particulier, elle prétend défendre la classe ouvrière algérienne contre le danger problématique de tomber sous la domination directe de la «bourgeoisie arabe», comme si l’indépendance nationale de l’Algérie devait suivre forcément le chemin des Révolutions manquées, voire de faire marche arrière vers un quelconque féodalisme.
La C.G.T., subissant l’influence communiste, se trouve dans une situation analogue et tourne à vide sans pouvoir énoncer et appliquer le moindre mot d’ordre d’action.
La passivité générale du mouvement ouvrier organisé, aggravée dans une certaine mesure par l’attitude néfaste des syndicats F.O. et C.F.T.C., n’est pas la conséquence du manque de combattivité des travailleurs des bras croisés, les directives de Paris.
Les dockers d’Alger en ont donné la preuve en participant à la grève politique anniversaire du 1er novembre 1956.
Nombreux furent les travailleurs qui ont compris que cette journée d’action patriotique aurait revêtu un caractère d’unanimité nationale, plus démonstrative, plus dynamique, plus féconde, si les organisations ouvrières avaient été entraînées intelligemment dans la lutte générale par une véritable centrale syndicale nationale. Cette appréciation juste se trouve entièrement confirmée dans les succès complets de la grève générale patriotique du 5 juillet 1956.
Voila pourquoi les travailleurs algériens ont salué la naissance de l’U.G.T.A., dont le développement continu est irrésistible, comme l’expression de leur désir impatient de prendre une part plus active à la destruction du colonialisme, responsable du régime de misère, de chômage, d’émigration et d’indignité humaine.
Cette extension du sentiment national, en même temps que son passage à niveau qualificatif plus élevé, n’a manqué de réduire, comme une peau de chagrin, la base de masse du P.C.A., déjà rétrécie par la perte des éléments européens hésitants et instables.
On assiste cependant à certaines initiatives émanant à titre individuel de certains communistes s’efforçant de s’infiltrer dans les rangs du F.L.N. et de l’A.L.N. Il est possible qu’il s’agisse là de sursauts individuels pour retourner à une saine conception de la libération nationale.
Il est certain que le P.C.A. essaiera dans l’avenir d’exploiter ces « placements » dans le but de cacher son isolement total et son absence dans le combat historique de la Révolution Algérienne.
B) LA STRATEGIE IMPERIALISTE FRANCAISE.
La Révolution Algérienne, détruisant impitoyablement tous les pronostics colonialistes et faussement optimistes, continue de se développer avec une vigueur exceptionnelle, dans une phase ascendante de longue portée.
Elle ébranle et ruine ce qui reste de l’empire colonial français en déclin.
Les gouvernements successifs de Paris sont en proie à une crise politique sans précédant. Obligés de lâcher les colonies d’Asie, ils croient pouvoir conserver celles d’Afrique. Ne pouvant faire face au « pourrissement » de l’Afrique du Nord, ils ont lâché du lest en Tunisie et au Maroc pour tenter de garder l’Algérie.
a) La leçon des expériences tunisiennes et marocaines.
Cette politique sans perspectives réalistes s’est traduite notamment par la succession rapide de défaites morales dans tous les secteurs :
Mécontentement en France, grèves ouvrières, révoltes de commerçants, agitation chez les paysans, déficit budgétaire, inflation, sous-production, marasme économique, question algérienne à l’ONU, abandon de la Sarre en Allemagne.
La poussée révolutionnaire nord-africaine, malgré l’absence d’une stratégie politique commune en raison de la faiblesse organique de ce qu’a été le Comité de Libération du Maghreb, a acculé le colonialisme français à improviser une tactique défense hâtive, bouleversant tous les plans de la répression esclavagiste traditionnelle.
Les conventions franco-tunisiennes qui devaient jouer le rôle de barrage néo-colonialiste ont été dépassées sous la pression conjuguée du mécontentement populaire et des coups portés à l’impérialisme dans les trois pays frères.
Le rythme de l’évolution de la crise marocaine, l’entrée en lutte armée des montagnards venant renforcer la résistance citadine, et surtout la pression de la révolution algérienne ont été parmi les facteurs les plus déterminants du revirement de l’attitude officielle française et de l’indépendance marocaine.
Le brusque changement de méthode du gouvernement colonialiste abandonnant l’immobilisme pour s’engager dans la recherche d’une solution rapide était dicté d’abord par des raisons de caractère stratégique.
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Re: Chronologie de la révolution Algérienne
Il s’agissait :
1°) D’empêcher la constitution d’un véritable second front, en mettant fin à l’unification de la lutte armée au RIFF et en ALGERIE.
2°) D’achever de briser l’unité de combat des trois pays d’Afrique du Nord.
3°) D’isoler la Révolution Algérienne dont le caractère populaire la rendait nettement plus dangereuse.
Tous les calculs ont été voués à l’échec. Les négociations menées séparément avaient pour but de tenter de duper ou de corrompre certains dirigeants des pays frères en les poussant à abandonner consciemment ou inconsciemment le terrain réel de la lutte révolutionnaire jusqu’au bout.
La situation politique nord-africaine est caractérisée par le fait que le problème algérien se trouve encastré dans les problèmes marocain et tunisien pour n’en faire qu’un seul.
En effet, sans l’indépendance de l’Algérie, celle du Maroc et de la Tunisie est un leurre.
Les Tunisiens et les Marocains n’ont pas oublié que la conquête de leurs pays respectifs par la France a suivi la conquête de l’ALGERIE.
Les peuples du MAGHREB sont aujourd’hui convaincus par l’expérience que la lutte en ordre dispersé contre l’ennemi commun n’a pas d’autre issue que la défaite pour tous, chacun pouvant être écrasé séparément.
C’est une aberration de l’esprit que de croire que le Maroc et la Tunisie pouvaient jouir d’une indépendance réelle alors que l’Algérie restera sous le joug colonial.
Les gouvernants colonialistes, experts en hypocrisie diplomatique, reprenant d’une main ce qu’ils cèdent de l’autre, ne ma, queront pas de songer à la reconquête de ces pays dès la conjoncture internationale leur semblera favorable.
D’ailleurs, il est important de souligner que les leaders marocains et tunisiens formulent dans des déclarations récentes et renouvelées des points de vue rejoignant l’appréciation du FLN.
b) La politique algérienne du gouvernement.
Le gouvernement à direction socialiste dès le 6 février, après la manifestation ultra colonialiste d’Alger, a abandonné les promesses électorales du Front républicain : Ramener la paix en Algérie par la négociation, renvoyer dans leurs foyers les soldats du contingent, briser les « féodalités » administratives et financières, libérer les prisonniers politiques, fermer les camps de concentration.
Si, avant la démission de Mendès-France, celui-ci représentait au gouvernement la tendance à la négociation face à la tendance opposée, animée furieusement par Bourgès-Maunoury et Lacoste, aujourd’hui, c’est la politique Lacoste qui fait l’unanimité. C’est la guerre à outrance qui a pour but chimérique de tenter d’isoler le maquis du peuple par l’extermination.
Devant cet objectif accepté par l’unanimité du gouvernement et la presque totalité du parlement français, il ne peut exister aucune divergence, sauf quand cette politique d’extermination dite «de pacification » aura échouée. Il est clair que les buts politiques déclarés à nouveau par Guy Mollet ne servent qu’à camoufler l’entreprise réelle qui veut être le nettoyage, par le vide, de toutes nos forces vives.
L’offensive militaire est doublée d’une offensive politique condamnée, d’avance, à un échec.
La «reconnaissance de la personnalité algérienne» reste une formule vague sans contenu réel, concret, précis. La solution politique exprimée d’une façon schématique n’avait au début d’autres supports que deux idées-forces : celle de la consultation des Algériens par des élections libres et celle du cessez-le-feu. Les réformes fragmentaires et dérisoires étaient proclamées dans l’indifférence générale : provisoirement pas de représentation parlementaire au Palais Bourbon, dissolution de l’Assemblée algérienne, épuration timide de la police, remplacement de «trois» hauts fonctionnaires, augmentation des salaires agricoles, accès des musulmans à la fonction publique et à certains postes de directions, réforme agraire, élections au collège unique. Aujourd’hui le gouvernement Guy Mollet annonce l’existence de 6 ou 7 projets de statuts pour l’Algérie, dont la ligne générale serait la création de deux assemblées, la première législative, la seconde économique, avec un gouvernement composé de ministres ou de commissaires et présidé d’office par un ministre du gouvernement français.
Cela démontre d’une part l’évolution, grâce à notre combat, de l’opinion publique en France, et d’autre part le rêve insensé des gouvernants français de croire que nous accepterions un compromis honteux de ce genre.
La tentative d’isoler les maquis de la solidarité du peuple algérien, préconisée par Naegelen sur le plan intérieur, devait être complétée par la tentative d’isoler la Révolution Algérienne de la solidarité des peuples anti-colonialistes, engagée par Pineau sur le plan extérieur.
Le FLN déjouera comme par le passé les plans futurs de l’adversaire.
Nous mentionnerons l’appréciation sur la situation internationale dans la troisième partie.
II) LES PERSPECTIVES POLITIQUES
La preuve est faite que la Révolution Algérienne n’est pas une révolte de caractère anarchique, localisée, sans coordination, sans direction politique, vouée à l’échec.
La preuve est faite qu’il s’agit au contraire d’une véritable révolution organisée nationale et populaire, centralisée, guidée par un état-major capable de la conduire jusqu’à la victoire finale.
La preuve est faite que le gouvernement français, convaincu de l’impossibilité d’une solution militaire, est obligé de rechercher une solution politique.
Voilà pourquoi le FLN, inversement, doit se pénétrer de ce principe :
La négociation suit la lutte à outrance contre un ennemi impitoyable, elle ne la précède jamais.
Notre position à cet égard est fonction de trois considérations essentielles pour bénéficier du rapport des forces :
1°) Avoir une doctrine politique claire ;
2°) Développer la lutte armée d’une façon incessante jusqu’à l’insurrection générale ;
3°) Engager une action politique d’une grande envergure.
A) POURQUOI NOUS COMBATTONS !
La Révolution Algérienne a la mission historique de détruire de façon définitive et sans retour le régime colonial odieux, décadent, obstacle au progrès et à la paix.
I. Les buts de guerre ;
II. Le cessez-le-feu ;
III. Négociations pour la paix.
I. Les buts de guerre
Les buts de guerre, c’est le point final de la guerre à partir duquel se réalisent les buts de paix. Les buts de guerre, c’est la situation à laquelle on accule l’ennemi pour lui faire accepter nos buts de paix. Ce peut être la victoire militaire ou bien la recherche d’un cessez-le-feu ou d’un Armistice en vue de négociations. Il ressort que, vu notre situation, nos buts de guerre sont politico-militaires. Ce sont :
1°) L’affaiblissement total de l’Armée française, pour lui rendre impossible une victoire par les armes ;
2°) La détérioration sur une grande échelle de l’économie colonialiste par le sabotage, pour rendre impossible l’administration normale du pays ;
3°) La perturbation au maximum de la situation en France sur le plan économique et social, pour rendre impossible la continuation de la guerre;
4°) L’isolement politique(de la France) en Algérie et dans le monde ;
5°) Donner à l’insurrection un développement tel qu’il la rend conforme au droit international(personnalisation de l’armée, pouvoir politique reconnaissable, respect des lois de la guerre, administration normale de zones libérées par l’ALN) ;
6°) Soutenir constamment le peuple devant les efforts d’extermination des Français.
II. Cessez- le-feu
Conditions
a) Politiques :
1°) Reconnaissance de la Nation Algérienne indivisible.
Cette clause est destinée à faire disparaître la fiction colonialiste de « Algérie française ».
2°) Reconnaissance de l’indépendance de l’Algérie et de sa souveraineté dans tous les domaines, jusque et y compris la défense nationale et la diplomatie.
3°) Libération de tous les Algériens et Algériennes emprisonnés, internés ou exilés en raison de leur activité patriotique avant et après l’insurrection nationale du 1er novembre 1954.
4°) Reconnaissance du FLN comme une seule organisation représentant le peuple algérien et seule habilitée en vue de toute négociation. En contre-partie, le FLN est garant et responsable du cessez-le-feu au nom du peuple algérien.
b) Militaires
Les conditions militaires seront précisées ultérieurement.
III. Négociations pour la paix
1°) Les conditions sur le cessez- le- feu étant remplies, l’interlocuteur valable et exclusif pour l’Algérie demeure le FLN. Toutes les questions ayant trait à la représentativité du peuple algérien sont du ressort exclusif du FLN (gouvernement, élections, etc….). Aucune ingérence de ce fait de la part du gouvernement français n’est admise.
2°) Les négociations se font sur la base de l’indépendance (diplomatie et défense nationale incluses).
3°) Fixation des points de discussions :
- Limites du territoire algérien(limites actuelles y compris le Sahara algérien) ;
- Minorité française(sur la base de l’option entre : citoyenneté algérienne ou étrangère - pas de régime préférentiel - pas de double citoyenneté algérienne et française) ;
- Biens français: de l’Etat français, des citoyens français ;
- Transfert des compétences(administration) ;
- Formes d’assistance et de coopération françaises dans les domaines économiques, monétaire, social, culturel, etc.…. ;
- Autres points.
Dans une deuxième phase, les négociations sont menées par un gouvernement chargé de préciser le contenu des têtes de chapitre. Ce gouvernement est issu d’une assemblée constituante, elle-même issue d’élections générales.
1°) D’empêcher la constitution d’un véritable second front, en mettant fin à l’unification de la lutte armée au RIFF et en ALGERIE.
2°) D’achever de briser l’unité de combat des trois pays d’Afrique du Nord.
3°) D’isoler la Révolution Algérienne dont le caractère populaire la rendait nettement plus dangereuse.
Tous les calculs ont été voués à l’échec. Les négociations menées séparément avaient pour but de tenter de duper ou de corrompre certains dirigeants des pays frères en les poussant à abandonner consciemment ou inconsciemment le terrain réel de la lutte révolutionnaire jusqu’au bout.
La situation politique nord-africaine est caractérisée par le fait que le problème algérien se trouve encastré dans les problèmes marocain et tunisien pour n’en faire qu’un seul.
En effet, sans l’indépendance de l’Algérie, celle du Maroc et de la Tunisie est un leurre.
Les Tunisiens et les Marocains n’ont pas oublié que la conquête de leurs pays respectifs par la France a suivi la conquête de l’ALGERIE.
Les peuples du MAGHREB sont aujourd’hui convaincus par l’expérience que la lutte en ordre dispersé contre l’ennemi commun n’a pas d’autre issue que la défaite pour tous, chacun pouvant être écrasé séparément.
C’est une aberration de l’esprit que de croire que le Maroc et la Tunisie pouvaient jouir d’une indépendance réelle alors que l’Algérie restera sous le joug colonial.
Les gouvernants colonialistes, experts en hypocrisie diplomatique, reprenant d’une main ce qu’ils cèdent de l’autre, ne ma, queront pas de songer à la reconquête de ces pays dès la conjoncture internationale leur semblera favorable.
D’ailleurs, il est important de souligner que les leaders marocains et tunisiens formulent dans des déclarations récentes et renouvelées des points de vue rejoignant l’appréciation du FLN.
b) La politique algérienne du gouvernement.
Le gouvernement à direction socialiste dès le 6 février, après la manifestation ultra colonialiste d’Alger, a abandonné les promesses électorales du Front républicain : Ramener la paix en Algérie par la négociation, renvoyer dans leurs foyers les soldats du contingent, briser les « féodalités » administratives et financières, libérer les prisonniers politiques, fermer les camps de concentration.
Si, avant la démission de Mendès-France, celui-ci représentait au gouvernement la tendance à la négociation face à la tendance opposée, animée furieusement par Bourgès-Maunoury et Lacoste, aujourd’hui, c’est la politique Lacoste qui fait l’unanimité. C’est la guerre à outrance qui a pour but chimérique de tenter d’isoler le maquis du peuple par l’extermination.
Devant cet objectif accepté par l’unanimité du gouvernement et la presque totalité du parlement français, il ne peut exister aucune divergence, sauf quand cette politique d’extermination dite «de pacification » aura échouée. Il est clair que les buts politiques déclarés à nouveau par Guy Mollet ne servent qu’à camoufler l’entreprise réelle qui veut être le nettoyage, par le vide, de toutes nos forces vives.
L’offensive militaire est doublée d’une offensive politique condamnée, d’avance, à un échec.
La «reconnaissance de la personnalité algérienne» reste une formule vague sans contenu réel, concret, précis. La solution politique exprimée d’une façon schématique n’avait au début d’autres supports que deux idées-forces : celle de la consultation des Algériens par des élections libres et celle du cessez-le-feu. Les réformes fragmentaires et dérisoires étaient proclamées dans l’indifférence générale : provisoirement pas de représentation parlementaire au Palais Bourbon, dissolution de l’Assemblée algérienne, épuration timide de la police, remplacement de «trois» hauts fonctionnaires, augmentation des salaires agricoles, accès des musulmans à la fonction publique et à certains postes de directions, réforme agraire, élections au collège unique. Aujourd’hui le gouvernement Guy Mollet annonce l’existence de 6 ou 7 projets de statuts pour l’Algérie, dont la ligne générale serait la création de deux assemblées, la première législative, la seconde économique, avec un gouvernement composé de ministres ou de commissaires et présidé d’office par un ministre du gouvernement français.
Cela démontre d’une part l’évolution, grâce à notre combat, de l’opinion publique en France, et d’autre part le rêve insensé des gouvernants français de croire que nous accepterions un compromis honteux de ce genre.
La tentative d’isoler les maquis de la solidarité du peuple algérien, préconisée par Naegelen sur le plan intérieur, devait être complétée par la tentative d’isoler la Révolution Algérienne de la solidarité des peuples anti-colonialistes, engagée par Pineau sur le plan extérieur.
Le FLN déjouera comme par le passé les plans futurs de l’adversaire.
Nous mentionnerons l’appréciation sur la situation internationale dans la troisième partie.
II) LES PERSPECTIVES POLITIQUES
La preuve est faite que la Révolution Algérienne n’est pas une révolte de caractère anarchique, localisée, sans coordination, sans direction politique, vouée à l’échec.
La preuve est faite qu’il s’agit au contraire d’une véritable révolution organisée nationale et populaire, centralisée, guidée par un état-major capable de la conduire jusqu’à la victoire finale.
La preuve est faite que le gouvernement français, convaincu de l’impossibilité d’une solution militaire, est obligé de rechercher une solution politique.
Voilà pourquoi le FLN, inversement, doit se pénétrer de ce principe :
La négociation suit la lutte à outrance contre un ennemi impitoyable, elle ne la précède jamais.
Notre position à cet égard est fonction de trois considérations essentielles pour bénéficier du rapport des forces :
1°) Avoir une doctrine politique claire ;
2°) Développer la lutte armée d’une façon incessante jusqu’à l’insurrection générale ;
3°) Engager une action politique d’une grande envergure.
A) POURQUOI NOUS COMBATTONS !
La Révolution Algérienne a la mission historique de détruire de façon définitive et sans retour le régime colonial odieux, décadent, obstacle au progrès et à la paix.
I. Les buts de guerre ;
II. Le cessez-le-feu ;
III. Négociations pour la paix.
I. Les buts de guerre
Les buts de guerre, c’est le point final de la guerre à partir duquel se réalisent les buts de paix. Les buts de guerre, c’est la situation à laquelle on accule l’ennemi pour lui faire accepter nos buts de paix. Ce peut être la victoire militaire ou bien la recherche d’un cessez-le-feu ou d’un Armistice en vue de négociations. Il ressort que, vu notre situation, nos buts de guerre sont politico-militaires. Ce sont :
1°) L’affaiblissement total de l’Armée française, pour lui rendre impossible une victoire par les armes ;
2°) La détérioration sur une grande échelle de l’économie colonialiste par le sabotage, pour rendre impossible l’administration normale du pays ;
3°) La perturbation au maximum de la situation en France sur le plan économique et social, pour rendre impossible la continuation de la guerre;
4°) L’isolement politique(de la France) en Algérie et dans le monde ;
5°) Donner à l’insurrection un développement tel qu’il la rend conforme au droit international(personnalisation de l’armée, pouvoir politique reconnaissable, respect des lois de la guerre, administration normale de zones libérées par l’ALN) ;
6°) Soutenir constamment le peuple devant les efforts d’extermination des Français.
II. Cessez- le-feu
Conditions
a) Politiques :
1°) Reconnaissance de la Nation Algérienne indivisible.
Cette clause est destinée à faire disparaître la fiction colonialiste de « Algérie française ».
2°) Reconnaissance de l’indépendance de l’Algérie et de sa souveraineté dans tous les domaines, jusque et y compris la défense nationale et la diplomatie.
3°) Libération de tous les Algériens et Algériennes emprisonnés, internés ou exilés en raison de leur activité patriotique avant et après l’insurrection nationale du 1er novembre 1954.
4°) Reconnaissance du FLN comme une seule organisation représentant le peuple algérien et seule habilitée en vue de toute négociation. En contre-partie, le FLN est garant et responsable du cessez-le-feu au nom du peuple algérien.
b) Militaires
Les conditions militaires seront précisées ultérieurement.
III. Négociations pour la paix
1°) Les conditions sur le cessez- le- feu étant remplies, l’interlocuteur valable et exclusif pour l’Algérie demeure le FLN. Toutes les questions ayant trait à la représentativité du peuple algérien sont du ressort exclusif du FLN (gouvernement, élections, etc….). Aucune ingérence de ce fait de la part du gouvernement français n’est admise.
2°) Les négociations se font sur la base de l’indépendance (diplomatie et défense nationale incluses).
3°) Fixation des points de discussions :
- Limites du territoire algérien(limites actuelles y compris le Sahara algérien) ;
- Minorité française(sur la base de l’option entre : citoyenneté algérienne ou étrangère - pas de régime préférentiel - pas de double citoyenneté algérienne et française) ;
- Biens français: de l’Etat français, des citoyens français ;
- Transfert des compétences(administration) ;
- Formes d’assistance et de coopération françaises dans les domaines économiques, monétaire, social, culturel, etc.…. ;
- Autres points.
Dans une deuxième phase, les négociations sont menées par un gouvernement chargé de préciser le contenu des têtes de chapitre. Ce gouvernement est issu d’une assemblée constituante, elle-même issue d’élections générales.
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Re: Chronologie de la révolution Algérienne
La Fédération Nord-africaine
L’Algérie libre et indépendante, brisant le colonialisme racial fondé sur l’arbitraire colonial, développera sur des bases nouvelles l’unité et la fraternité de la Nation Algérienne dont la renaissance fera rayonner sa resplendissante originalité.
Mais les Algériens ne laisseront jamais leur culte de la Patrie, sentiment noble et généreux, dégénérer en un nationalisme chauvin, étroit et aveugle.
C’est pourquoi ils sont en même temps des Nord-Africains sincères attachés, avec passion et clairvoyance, à la solidarité naturelle et nécessaire des trois pays du Maghreb.
L’Afrique du Nord est un TOUT par : La géographie, l’histoire, la langue, la civilisation, le devenir.
Cette solidarité doit donc se traduire naturellement dans la création d’une Fédération des trois Etats nord-africains.
Les trois peuples frères ont intérêt pour le commencement à organiser une défense commune, une orientation et une action diplomatique communes, la liberté des échanges, un plan commun et rational d’équipement et d’industrialisation, une politique monétaire, l’enseignement et l’échange concerté des cadres techniques, les échanges culturels, l’exploitation en commun de nos sous-sols et de nos régions sahariennes respectives.
Les tâches nouvelles du FLN pour préparer l’insurrection générale.
L’éventualité de l’ouverture des négociations pour la Paix ne doit en aucun cas donner naissance à une griserie du succès, entraînant inévitablement un dangereux relâchement de la vigilance et la démobilisation des énergies qui pourrait ébranler la cohésion politique du peuple.
Au contraire, le stade actuel de la révolution algérienne exige la poursuite acharnée de la lutte armée, la consolidation des positions, le développement des forces militaires et politiques de la Résistance.
L’ouverture des négociations et leur conduite à bonne fin sont conditionnées d’abord par le rapport des forces en présence.
C’est pourquoi, sans désemparer, il faut travailler avec ensemble et précision pour transformer l’Algérie en un camp retranché, inexpugnable. Telle est la tâche que doivent remplir avec honneur et sans délai le FLN et son Armée de Libération Nationale.
Dans ce but, reste valable plus que jamais le mot d’ordre fondamental :
Tout pour le Front de la Lutte Armée.
Tout pour obtenir une victoire décisive.
L’indépendance de l’Algérie n’est plus la revendication politique, le rêve qui a longtemps bercé le peuple algérien courbé sous le joug de la domination française.
C’est aujourd’hui un but immédiat qui se rapproche à une allure vertigineuse pour devenir, très bientôt, une lumineuse réalité.
Le FLN marche à pas de géants pour dominer la situation sur le plan militaire, politique et diplomatique.
Objets nouveaux : préparer dès maintenant, d’une façon systématique, l’insurrection générale, inséparable de la libération nationale.
a) Affaiblir l’armature militaire, policière, administrative et politique du colonialisme ;
b) Porter une grande attention, et d’une manière ininterrompue, aux côtés techniques de la question, notamment l’acheminement du maximum de moyens matériels ;
c) Consolider et élever la synchronisation de l’action politico-militaire.
Faire face aux inévitables manœuvres de division, de divergence ou d’isolement lancé par l’ennemi, par une contre-offensive intelligente et vigoureuse basée sur l’amélioration et le renforcement de la Révolution populaire libératrice.
a) Cimenter l’union nationale anti-impérialiste ;
b) S’appuyer d’une façon plus particulière sur les couches sociales les plus nombreuses, les plus pauvres, les plus révolutionnaires, fellahs, ouvriers agricoles ;
c) Convaincre avec patiente et persévérance les éléments retardataires, encourager les hésitants, les faibles, les modérés, éclairer les inconscients ;
d) Isoler les ultra-colonialistes en recherchant l’alliance des éléments libéraux, d’origine européenne ou juive, même si leur action est encore timide ou neutraliste.
Sur le plan extérieur, rechercher le maximum de soutien matériel, moral et psychologique.
a) Augmenter le soutien de l’opinion publique ;
b) Développer l’aide diplomatique en gagnant à la cause algérienne les gouvernements des pays neutralisés par la France ou insuffisamment informés sur le caractère national de la guerre d’Algérie.
III) MOYENS D’ACTION ET DE PROPAGANDE
Les perspectives politiques générales tracées précédemment mettent en relief la valeur et la variété des moyens d’action que le FLN doit engager pour assurer la victoire complète du noble combat pour l’indépendance de la patrie martyre.
Nous allons en préciser les grandes lignes sur le plan algérien, nord-africain, français et étranger.
1°) Comment organiser et diriger des millions d’hommes dans un gigantesque combat .
L’union psyco-politique du peuple algérien forgée et consolidée dans la lutte armée est aujourd’hui une réalité historique.
Cette union nationale, patriotique, anticolonialiste, constitue la base fondamentale de la principale force politique et militaire de la Résistance.
Il convient de la maintenir intacte, inentamée, dynamique, en évitant parfois les fautes impardonnables de sectarisme ou d’opportunisme, pouvant favoriser les manœuvres diaboliques de l’ennemi.
Le meilleur moyen d’y parvenir, c’est de maintenir le FLN comme guide unique de la Révolution Algérienne ; cette condition ne doit pas être interpréter comme un sentiment de vanité égoïste ou un esprit de suffisance aussi dangereux que méprisable.
C’est l’expression d’un principe révolutionnaire : réaliser l’unité de commandement dans un état-major qui a déjà donné les preuves de sa capacité, de sa clairvoyance, de sa fidélité à la cause du peuple algérien.
Il ne faut jamais oublier que, jusqu’au déclenchement de la Révolution, la force de l’impérialisme français ne résidait pas seulement dans sa puissance militaire et policière, mais aussi dans la faiblesse du pays dominé, divisé, mal préparé à la lutte organisée, et surtout, pendant une longue période, de l‘insuffisance politique des dirigeants des diverses fractions du mouvement anti-colonialiste.
L’existence d’un FLN puissant, prolongeant ses racines profondes dans toutes les couches du peuple, est une des garanties indispensables.
a) Installer organiquement le FLN dans tout le pays, dans chaque ville, village, mechta, quartier, entreprise, ferme, université, collège, etc.. ;
b) Politiser le maquis ;
c) Avoir une politique de cadres formés politiquement, éprouvés, veillant au respect de la structure de l’organisation, vigilants, capables d’initiatives ;
d) Répondre avec rapidité et clarté à tous les mensonges, dénoncer les provocations, populariser les mots d’ordre du FLN en éditant une littérature abondante, variée touchant les secteurs même les plus restreints.
Multiplier les centres de propagande avec machines à écrire, papier, ronéo(reproduction des documents nationaux et édition de bulletins ou tracts locaux).
Editer brochure sur la Révolution et bulletin intérieur pour directives et conseils aux cadres.
Bien se pénétrer de ce principe : La propagande n’est pas l’agitation qui se caractérise par la violence verbale, souvent stérile et sans lendemain. En ce moment ou le peuple algérien est mûr pour l’action armée positive et féconde, le langage du FLN doit traduire sa maturité en prenant la forme sérieusement, mesurée et nuancée sans manquer pour cela de la fermeté, de la franchise et de la flamme révolutionnaire.
Chaque tract, déclaration, interview ou proclamation du FLN a aujourd’hui une résonance internationale. C’est pourquoi nous devons agir avec un réel esprit de responsabilité qui fasse honneur au prestige mondial de l’Algérie en marche vers la liberté et l’indépendance.
L’Algérie libre et indépendante, brisant le colonialisme racial fondé sur l’arbitraire colonial, développera sur des bases nouvelles l’unité et la fraternité de la Nation Algérienne dont la renaissance fera rayonner sa resplendissante originalité.
Mais les Algériens ne laisseront jamais leur culte de la Patrie, sentiment noble et généreux, dégénérer en un nationalisme chauvin, étroit et aveugle.
C’est pourquoi ils sont en même temps des Nord-Africains sincères attachés, avec passion et clairvoyance, à la solidarité naturelle et nécessaire des trois pays du Maghreb.
L’Afrique du Nord est un TOUT par : La géographie, l’histoire, la langue, la civilisation, le devenir.
Cette solidarité doit donc se traduire naturellement dans la création d’une Fédération des trois Etats nord-africains.
Les trois peuples frères ont intérêt pour le commencement à organiser une défense commune, une orientation et une action diplomatique communes, la liberté des échanges, un plan commun et rational d’équipement et d’industrialisation, une politique monétaire, l’enseignement et l’échange concerté des cadres techniques, les échanges culturels, l’exploitation en commun de nos sous-sols et de nos régions sahariennes respectives.
Les tâches nouvelles du FLN pour préparer l’insurrection générale.
L’éventualité de l’ouverture des négociations pour la Paix ne doit en aucun cas donner naissance à une griserie du succès, entraînant inévitablement un dangereux relâchement de la vigilance et la démobilisation des énergies qui pourrait ébranler la cohésion politique du peuple.
Au contraire, le stade actuel de la révolution algérienne exige la poursuite acharnée de la lutte armée, la consolidation des positions, le développement des forces militaires et politiques de la Résistance.
L’ouverture des négociations et leur conduite à bonne fin sont conditionnées d’abord par le rapport des forces en présence.
C’est pourquoi, sans désemparer, il faut travailler avec ensemble et précision pour transformer l’Algérie en un camp retranché, inexpugnable. Telle est la tâche que doivent remplir avec honneur et sans délai le FLN et son Armée de Libération Nationale.
Dans ce but, reste valable plus que jamais le mot d’ordre fondamental :
Tout pour le Front de la Lutte Armée.
Tout pour obtenir une victoire décisive.
L’indépendance de l’Algérie n’est plus la revendication politique, le rêve qui a longtemps bercé le peuple algérien courbé sous le joug de la domination française.
C’est aujourd’hui un but immédiat qui se rapproche à une allure vertigineuse pour devenir, très bientôt, une lumineuse réalité.
Le FLN marche à pas de géants pour dominer la situation sur le plan militaire, politique et diplomatique.
Objets nouveaux : préparer dès maintenant, d’une façon systématique, l’insurrection générale, inséparable de la libération nationale.
a) Affaiblir l’armature militaire, policière, administrative et politique du colonialisme ;
b) Porter une grande attention, et d’une manière ininterrompue, aux côtés techniques de la question, notamment l’acheminement du maximum de moyens matériels ;
c) Consolider et élever la synchronisation de l’action politico-militaire.
Faire face aux inévitables manœuvres de division, de divergence ou d’isolement lancé par l’ennemi, par une contre-offensive intelligente et vigoureuse basée sur l’amélioration et le renforcement de la Révolution populaire libératrice.
a) Cimenter l’union nationale anti-impérialiste ;
b) S’appuyer d’une façon plus particulière sur les couches sociales les plus nombreuses, les plus pauvres, les plus révolutionnaires, fellahs, ouvriers agricoles ;
c) Convaincre avec patiente et persévérance les éléments retardataires, encourager les hésitants, les faibles, les modérés, éclairer les inconscients ;
d) Isoler les ultra-colonialistes en recherchant l’alliance des éléments libéraux, d’origine européenne ou juive, même si leur action est encore timide ou neutraliste.
Sur le plan extérieur, rechercher le maximum de soutien matériel, moral et psychologique.
a) Augmenter le soutien de l’opinion publique ;
b) Développer l’aide diplomatique en gagnant à la cause algérienne les gouvernements des pays neutralisés par la France ou insuffisamment informés sur le caractère national de la guerre d’Algérie.
III) MOYENS D’ACTION ET DE PROPAGANDE
Les perspectives politiques générales tracées précédemment mettent en relief la valeur et la variété des moyens d’action que le FLN doit engager pour assurer la victoire complète du noble combat pour l’indépendance de la patrie martyre.
Nous allons en préciser les grandes lignes sur le plan algérien, nord-africain, français et étranger.
1°) Comment organiser et diriger des millions d’hommes dans un gigantesque combat .
L’union psyco-politique du peuple algérien forgée et consolidée dans la lutte armée est aujourd’hui une réalité historique.
Cette union nationale, patriotique, anticolonialiste, constitue la base fondamentale de la principale force politique et militaire de la Résistance.
Il convient de la maintenir intacte, inentamée, dynamique, en évitant parfois les fautes impardonnables de sectarisme ou d’opportunisme, pouvant favoriser les manœuvres diaboliques de l’ennemi.
Le meilleur moyen d’y parvenir, c’est de maintenir le FLN comme guide unique de la Révolution Algérienne ; cette condition ne doit pas être interpréter comme un sentiment de vanité égoïste ou un esprit de suffisance aussi dangereux que méprisable.
C’est l’expression d’un principe révolutionnaire : réaliser l’unité de commandement dans un état-major qui a déjà donné les preuves de sa capacité, de sa clairvoyance, de sa fidélité à la cause du peuple algérien.
Il ne faut jamais oublier que, jusqu’au déclenchement de la Révolution, la force de l’impérialisme français ne résidait pas seulement dans sa puissance militaire et policière, mais aussi dans la faiblesse du pays dominé, divisé, mal préparé à la lutte organisée, et surtout, pendant une longue période, de l‘insuffisance politique des dirigeants des diverses fractions du mouvement anti-colonialiste.
L’existence d’un FLN puissant, prolongeant ses racines profondes dans toutes les couches du peuple, est une des garanties indispensables.
a) Installer organiquement le FLN dans tout le pays, dans chaque ville, village, mechta, quartier, entreprise, ferme, université, collège, etc.. ;
b) Politiser le maquis ;
c) Avoir une politique de cadres formés politiquement, éprouvés, veillant au respect de la structure de l’organisation, vigilants, capables d’initiatives ;
d) Répondre avec rapidité et clarté à tous les mensonges, dénoncer les provocations, populariser les mots d’ordre du FLN en éditant une littérature abondante, variée touchant les secteurs même les plus restreints.
Multiplier les centres de propagande avec machines à écrire, papier, ronéo(reproduction des documents nationaux et édition de bulletins ou tracts locaux).
Editer brochure sur la Révolution et bulletin intérieur pour directives et conseils aux cadres.
Bien se pénétrer de ce principe : La propagande n’est pas l’agitation qui se caractérise par la violence verbale, souvent stérile et sans lendemain. En ce moment ou le peuple algérien est mûr pour l’action armée positive et féconde, le langage du FLN doit traduire sa maturité en prenant la forme sérieusement, mesurée et nuancée sans manquer pour cela de la fermeté, de la franchise et de la flamme révolutionnaire.
Chaque tract, déclaration, interview ou proclamation du FLN a aujourd’hui une résonance internationale. C’est pourquoi nous devons agir avec un réel esprit de responsabilité qui fasse honneur au prestige mondial de l’Algérie en marche vers la liberté et l’indépendance.
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Re: Chronologie de la révolution Algérienne
2°) Clarifier le climat politique
Pour conserver juste l’orientation de la Résistance tout entière, dressée pour détruire l’ennemi séculaire, nous devons balayer tous les obstacles et tous les écrans sur notre chemin par les éléments conscients ou inconscients d’une action néfaste, condamnés par l’expérience.
3°) Transformer le torrent populaire en énergie créatrice
Le FLN doit être capable de canaliser les immenses vagues qui soulèvent l’enthousiasme patriotique de la nation. La puissance irrésistible de la colère populaire ne doit pas se perdre comme la force extraordinaire du torrent qui s’évanouit dans les sables.
Pour la transformer en énergie créatrice le FLN a entrepris un colossal travail de brassage de millions d’hommes.
Il s’agit d’être présent partout.
Il faut organiser sous des formes multiples, souvent complexes, toutes les branches de l’activité humaine.
A) Le Mouvement Paysan
La participation massive de la population des fellahs, khammès et ouvriers agricoles à la Révolution, la proportion dominante qu’elle représente dans les moudjahidine ou moussebiline de l’Armée de Libération Nationale ont profondément marqué le caractère de la Résistance algérienne.
Pour en mesurer l’importance exceptionnelle, il suffit d’examiner le revirement spectaculaire de la politique agraire colonialiste.
Alors que cette politique était basée essentiellement sur le vol des terres (habous, arch, melk) les expropriations s’étant poursuivies jusqu’en 1945-46, le gouvernement français préconise aujourd’hui la réforme agraire. Il ne recule pas devant la promesse de distribuer une partie des terres d’irrigation, en mettant en application la loi Martin restée lettre morte à la suite du veto personnel d’un haut fonctionnaire au service de la grosse colonisation. Lacoste lui-même ose envisager, dans ce cas, une mesure révolutionnaire : l’expropriation d’une partie des grands domaines.
Par souci d’équilibre, pour apaiser la furieuse opposition des gros colons, le gouvernement français a décidé la réforme du Khammessat. C’est là une mesure trompeuse tendant à faire croire à l’existence d’une rivalité intestine entre fellahs et Khammés, alors que le métayage a déjà évolué naturellement vers un processus plus équitable, sans l’intervention officielle, pour se transformer généralement en « chourka benés » ou l’association par moitié.
Ce changement de tactique traduit le profond désarroi du colonialisme voulant tenter de tromper la paysannerie pour la détacher de la Révolution.
Cette manœuvre grossière de dernière heure ne dupera pas les fellahs qui ont déjà mis en échec la vielle chimère des «affaires indigènes» séparant artificiellement les Algériens en Berbères et Arabes hostiles.
Car la population paysanne est profondément convaincue que sa soif de terre ne pourra être satisfaite que par la victoire de l’indépendance nationale.
La véritable réforme patriotique de la misère des campagnes, est inséparable de la destruction totale du régime colonial.
Le FLN doit s’engager dans cette politique juste, légitime et sociale. Elle aura pour conséquence :
a) La haine irréductible à l’endroit du colonialisme français, de son administration, de son armée, de sa police et des traîtres collaborateurs.
b) La constitution de réserves humaines inépuisables pour l’ALN et la Résistance ;
c) L’extension de l’insécurité dans les campagnes(sabotages, incendies de fermes, destruction des tabacoops et des vinicoops, symboles de la présence colonialiste) ;
d) La création des conditions pour la consolidation et l’organisation de nouvelles zones libérées.
B) Le Mouvement Ouvrier
La classe ouvrière peut et doit apporter une contribution plus dynamique pouvant conditionner l’évolution rapide de la Révolution, sa puissance et son succès final.
Le FLN salue la création de l’U.G.T.A. comme l’expression d’une saine réaction des travailleurs contre l’influence paralysante des dirigeants de la C.G.T., de F.O. et de la C.F.T.C..
L’U.G.T.A. aide la population salariée à sortir du brouillard de la confusion et de l’attentisme.
Le gouvernement socialiste français et la direction néo-colonialiste de F.O. sont inquiets de l’affiliation internationale de l’U.G.T.A. à la C.I.S.L., dont l’aide à l’U.G.T.A. et à la Centrale marocaine a été positive dans divers domaines nationaux et extérieurs.
La naissance et le développement de l’U.G.T.A. ont eu en effet un profond retentissement. Son existence a provoqué immédiatement un violent remous au sein de la C.G.T, abandonnée en masse par les travailleurs. Les dirigeants communistes ont essayé vainement de retenir les cadres les plus conscients en essayant de retrouver sous les cendres l’esprit de l’ancienne C.G.T.U. dont le mot d’ordre de l’indépendance de l’Algérie fut enterré au lendemain de l’unité syndicale en 1935.
Mais pour devenir une centrale nationale, il ne suffit pas à la filiale de la C.G.T. parisienne de modifier le titre, ni de changer la couleur de la carte, ni même de couper un cordon ombilical atrophié.
Pour s’adapter aux fonctions nouvelles du mouvement ouvrier ayant déjà atteint l’âge adulte, il ne suffisait pas à l’U.G.S.A. de changer de forme ou d’aspect extérieur. Quiconque observe les velléités communistes, ne peut manquer de retrouver le rythme et la méthode colonialistes, qui ont présidé à la transformation des délégations financières en la bâtarde Assemblée Algérienne.
L’accession de certains militants à des postes de direction syndicale rappelle singulièrement la promotion symbolique de certains élus-administratifs.
Dans les deux cas, il aurait fallu changer le but, la nature et le contenu du Foyer civique et du Palais Carnot.
L’incapacité de la direction du P.C.A. sur le plan politique ne pouvait que se traduire sur le plan syndical et entraîner la même faillite.
L’U.G.T.A. est le reflet de la profonde transformation qui s’est produite dans le mouvement ouvrier, à la suite d’une longue évolution et surtout après le bouleversement révolutionnaire provoqué par la lutte pour l’indépendance nationale.
La nouvelle centrale algérienne diffère des autres organisations C.G.T.F.O. et C.F.T.C. dans tous les domaines, notamment par l’absence de tutelle, le choix de l’état-major, la structure rationnelle, l’orientation juste et la solidarité fraternelle en Algérie, en Afrique du Nord et dans le monde entier.
1°) Le caractère national se traduit non seulement par une indépendance organique, détruisant les contradictions inhérentes à une tutelle étrangère, mais aussi par une liberté totale dans la défense des travailleurs dont les intérêts vitaux se confondent avec ceux de toute la nation algérienne.
2°) La direction est formée non par des éléments issus d’une minorité ethnique n’ayant jamais subi l’oppression coloniale, toujours enclins au paternalisme, mais par des patriotes dont la conscience nationale aiguise la combattivité contre la double pression de l’exploitation sociale et de la haine raciale.
3°) La « colonne vertébrale » est constituée non par une aristocratie ouvrière(fonctionnaires et cheminots) mais par les couches les plus nombreuses et les plus exploitées(dockers, mineurs, ouvriers agricoles, véritables parias jusqu’ici abandonnés honteusement à la merci des seigneurs de la vigne.
4°) Le souffle révolutionnaire purifie le climat syndical non seulement en chassant l’esprit néo-colonialiste et le chauvinisme national qu’il engendre, mais en créant les conditions pour l’épanouissement d’une fraternité ouvrière, imperméable au racisme.
5°) L’action syndicale, maintenue longtemps dans le cadre étroit des revendications économiques et sociales, isolée de la perspective générale, est devenue non un frein dans la lutte anti-colonialiste mais un accélérateur dans le combat pour la liberté et la justice sociale ;
6°) La population laborieuse algérienne, jugée jusqu’ici comme mineure ne méritant pas l’émancipation, est appelée, non à occuper un rang subalterne dans le mouvement social français, mais à coopérer brillamment avec le mouvement ouvrier nord-africain et international ;
7°) L’U.G.S.A. -C.G.T-, se verra inévitablement contrainte de se dissoudre à l’exemple des organisations similaires de Tunisie et du Maroc pour céder entièrement la place à l’U.G.T.A., centrale nationale authentique et unique, groupant tous les travailleurs algériens sans distinction.
Le FLN ne doit pas négliger le rôle politique qu’il peut jouer pour aider et compléter l’action syndicale indépendante de l’U.G.T.A. en vue de sa consolidation et de son renforcement.
Les militants FLN doivent être parmi les plus dévoués, les plus actifs, toujours soucieux de respecter les règles démocratiques selon la tradition en honneur dans le mouvement ouvrier libre.
Pas de schématisme: tenir compte de chaque situation concrète et adapter les formes d’actions aux conditions particulières, objectives de chaque corporation.
- Développer l’esprit de combattivité en organisant sans retard l’action revendicative sous une forme souple et variée selon les conditions concrètes du moment(arrêt de travail limité, grèves locales, corporatives, de solidarité) ;
- Entraîner dans l’action, les travailleurs européens ;
- Concrétiser la sympathie pour l’ALN en transformant en action de soutien la résistance : souscriptions, fournitures aux combattants, actes de sabotage, grèves de solidarité, grèves politiques.
Pour conserver juste l’orientation de la Résistance tout entière, dressée pour détruire l’ennemi séculaire, nous devons balayer tous les obstacles et tous les écrans sur notre chemin par les éléments conscients ou inconscients d’une action néfaste, condamnés par l’expérience.
3°) Transformer le torrent populaire en énergie créatrice
Le FLN doit être capable de canaliser les immenses vagues qui soulèvent l’enthousiasme patriotique de la nation. La puissance irrésistible de la colère populaire ne doit pas se perdre comme la force extraordinaire du torrent qui s’évanouit dans les sables.
Pour la transformer en énergie créatrice le FLN a entrepris un colossal travail de brassage de millions d’hommes.
Il s’agit d’être présent partout.
Il faut organiser sous des formes multiples, souvent complexes, toutes les branches de l’activité humaine.
A) Le Mouvement Paysan
La participation massive de la population des fellahs, khammès et ouvriers agricoles à la Révolution, la proportion dominante qu’elle représente dans les moudjahidine ou moussebiline de l’Armée de Libération Nationale ont profondément marqué le caractère de la Résistance algérienne.
Pour en mesurer l’importance exceptionnelle, il suffit d’examiner le revirement spectaculaire de la politique agraire colonialiste.
Alors que cette politique était basée essentiellement sur le vol des terres (habous, arch, melk) les expropriations s’étant poursuivies jusqu’en 1945-46, le gouvernement français préconise aujourd’hui la réforme agraire. Il ne recule pas devant la promesse de distribuer une partie des terres d’irrigation, en mettant en application la loi Martin restée lettre morte à la suite du veto personnel d’un haut fonctionnaire au service de la grosse colonisation. Lacoste lui-même ose envisager, dans ce cas, une mesure révolutionnaire : l’expropriation d’une partie des grands domaines.
Par souci d’équilibre, pour apaiser la furieuse opposition des gros colons, le gouvernement français a décidé la réforme du Khammessat. C’est là une mesure trompeuse tendant à faire croire à l’existence d’une rivalité intestine entre fellahs et Khammés, alors que le métayage a déjà évolué naturellement vers un processus plus équitable, sans l’intervention officielle, pour se transformer généralement en « chourka benés » ou l’association par moitié.
Ce changement de tactique traduit le profond désarroi du colonialisme voulant tenter de tromper la paysannerie pour la détacher de la Révolution.
Cette manœuvre grossière de dernière heure ne dupera pas les fellahs qui ont déjà mis en échec la vielle chimère des «affaires indigènes» séparant artificiellement les Algériens en Berbères et Arabes hostiles.
Car la population paysanne est profondément convaincue que sa soif de terre ne pourra être satisfaite que par la victoire de l’indépendance nationale.
La véritable réforme patriotique de la misère des campagnes, est inséparable de la destruction totale du régime colonial.
Le FLN doit s’engager dans cette politique juste, légitime et sociale. Elle aura pour conséquence :
a) La haine irréductible à l’endroit du colonialisme français, de son administration, de son armée, de sa police et des traîtres collaborateurs.
b) La constitution de réserves humaines inépuisables pour l’ALN et la Résistance ;
c) L’extension de l’insécurité dans les campagnes(sabotages, incendies de fermes, destruction des tabacoops et des vinicoops, symboles de la présence colonialiste) ;
d) La création des conditions pour la consolidation et l’organisation de nouvelles zones libérées.
B) Le Mouvement Ouvrier
La classe ouvrière peut et doit apporter une contribution plus dynamique pouvant conditionner l’évolution rapide de la Révolution, sa puissance et son succès final.
Le FLN salue la création de l’U.G.T.A. comme l’expression d’une saine réaction des travailleurs contre l’influence paralysante des dirigeants de la C.G.T., de F.O. et de la C.F.T.C..
L’U.G.T.A. aide la population salariée à sortir du brouillard de la confusion et de l’attentisme.
Le gouvernement socialiste français et la direction néo-colonialiste de F.O. sont inquiets de l’affiliation internationale de l’U.G.T.A. à la C.I.S.L., dont l’aide à l’U.G.T.A. et à la Centrale marocaine a été positive dans divers domaines nationaux et extérieurs.
La naissance et le développement de l’U.G.T.A. ont eu en effet un profond retentissement. Son existence a provoqué immédiatement un violent remous au sein de la C.G.T, abandonnée en masse par les travailleurs. Les dirigeants communistes ont essayé vainement de retenir les cadres les plus conscients en essayant de retrouver sous les cendres l’esprit de l’ancienne C.G.T.U. dont le mot d’ordre de l’indépendance de l’Algérie fut enterré au lendemain de l’unité syndicale en 1935.
Mais pour devenir une centrale nationale, il ne suffit pas à la filiale de la C.G.T. parisienne de modifier le titre, ni de changer la couleur de la carte, ni même de couper un cordon ombilical atrophié.
Pour s’adapter aux fonctions nouvelles du mouvement ouvrier ayant déjà atteint l’âge adulte, il ne suffisait pas à l’U.G.S.A. de changer de forme ou d’aspect extérieur. Quiconque observe les velléités communistes, ne peut manquer de retrouver le rythme et la méthode colonialistes, qui ont présidé à la transformation des délégations financières en la bâtarde Assemblée Algérienne.
L’accession de certains militants à des postes de direction syndicale rappelle singulièrement la promotion symbolique de certains élus-administratifs.
Dans les deux cas, il aurait fallu changer le but, la nature et le contenu du Foyer civique et du Palais Carnot.
L’incapacité de la direction du P.C.A. sur le plan politique ne pouvait que se traduire sur le plan syndical et entraîner la même faillite.
L’U.G.T.A. est le reflet de la profonde transformation qui s’est produite dans le mouvement ouvrier, à la suite d’une longue évolution et surtout après le bouleversement révolutionnaire provoqué par la lutte pour l’indépendance nationale.
La nouvelle centrale algérienne diffère des autres organisations C.G.T.F.O. et C.F.T.C. dans tous les domaines, notamment par l’absence de tutelle, le choix de l’état-major, la structure rationnelle, l’orientation juste et la solidarité fraternelle en Algérie, en Afrique du Nord et dans le monde entier.
1°) Le caractère national se traduit non seulement par une indépendance organique, détruisant les contradictions inhérentes à une tutelle étrangère, mais aussi par une liberté totale dans la défense des travailleurs dont les intérêts vitaux se confondent avec ceux de toute la nation algérienne.
2°) La direction est formée non par des éléments issus d’une minorité ethnique n’ayant jamais subi l’oppression coloniale, toujours enclins au paternalisme, mais par des patriotes dont la conscience nationale aiguise la combattivité contre la double pression de l’exploitation sociale et de la haine raciale.
3°) La « colonne vertébrale » est constituée non par une aristocratie ouvrière(fonctionnaires et cheminots) mais par les couches les plus nombreuses et les plus exploitées(dockers, mineurs, ouvriers agricoles, véritables parias jusqu’ici abandonnés honteusement à la merci des seigneurs de la vigne.
4°) Le souffle révolutionnaire purifie le climat syndical non seulement en chassant l’esprit néo-colonialiste et le chauvinisme national qu’il engendre, mais en créant les conditions pour l’épanouissement d’une fraternité ouvrière, imperméable au racisme.
5°) L’action syndicale, maintenue longtemps dans le cadre étroit des revendications économiques et sociales, isolée de la perspective générale, est devenue non un frein dans la lutte anti-colonialiste mais un accélérateur dans le combat pour la liberté et la justice sociale ;
6°) La population laborieuse algérienne, jugée jusqu’ici comme mineure ne méritant pas l’émancipation, est appelée, non à occuper un rang subalterne dans le mouvement social français, mais à coopérer brillamment avec le mouvement ouvrier nord-africain et international ;
7°) L’U.G.S.A. -C.G.T-, se verra inévitablement contrainte de se dissoudre à l’exemple des organisations similaires de Tunisie et du Maroc pour céder entièrement la place à l’U.G.T.A., centrale nationale authentique et unique, groupant tous les travailleurs algériens sans distinction.
Le FLN ne doit pas négliger le rôle politique qu’il peut jouer pour aider et compléter l’action syndicale indépendante de l’U.G.T.A. en vue de sa consolidation et de son renforcement.
Les militants FLN doivent être parmi les plus dévoués, les plus actifs, toujours soucieux de respecter les règles démocratiques selon la tradition en honneur dans le mouvement ouvrier libre.
Pas de schématisme: tenir compte de chaque situation concrète et adapter les formes d’actions aux conditions particulières, objectives de chaque corporation.
- Développer l’esprit de combattivité en organisant sans retard l’action revendicative sous une forme souple et variée selon les conditions concrètes du moment(arrêt de travail limité, grèves locales, corporatives, de solidarité) ;
- Entraîner dans l’action, les travailleurs européens ;
- Concrétiser la sympathie pour l’ALN en transformant en action de soutien la résistance : souscriptions, fournitures aux combattants, actes de sabotage, grèves de solidarité, grèves politiques.
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Re: Chronologie de la révolution Algérienne
C) Le Mouvement des Jeunes
La jeunesse algérienne a les qualités naturelles de dynamisme, de dévouement et d’héroïsme.
De plus, elle se caractérise par un fait rare. Très nombreuse, elle représente près de la moitié de la population totale, en raison d’un développement démographique exceptionnel.
En outre, elle possède une qualité originale ; la maturité précoce. En raison de la misère, de l’oppression coloniale, elle passe rapidement de l’enfance à l’âge adulte ; la période de l’adolescence est singulièrement réduite.
Elle suit avec passion, avec le mépris de la peur et la mort, l’organisation révolutionnaire qui peut la conduire à la conquête de son pur idéal de liberté.
La Révolution Algérienne, les exploits de l’ALN et l’action clandestine du FLN répondent à sa témérité que nourrit le plus noble sentiment patriotique.
C’est donc pour le FLN un levier inflexible d’une puissance et d’une résistance formidables.
D) Intellectuels et Professions Libérales
Le ralliement des intellectuels à la patrie algérienne, le fait que la «francisation » n’a pas réussi à étouffer leur conscience nationale, la rupture avec les positions idéalistes individualistes ou réformistes, sont les preuves d’une saine orientation politique.
1°) Former des comités d’action des intellectuels patriotiques :
a) Propagande : indépendance de l’Algérie ;
b) Contacts avec les libéraux français ;
c) Souscriptions.
Le FLN devra assigner aux étudiants et étudiantes, d’une manière rationnelle, des tâches précises dans les domaines ou ils peuvent rendre le mieux : politique, administratif, culturel, sanitaire, économique, etc…
2°) Organiser des services de santé :
a) Chirurgiens, médecins, pharmaciens en liaison avec les hospitaliers(internes et infirmiers) ;
b) Soins, médicaments, pansements ;
c) Infirmiers de campagne, traitement des malades et convalescents.
E) Commerçants et Artisans
A côté du syndicat commercial algérien, dominé par le monopoleur Schiaffino, maître des chambres de commerce et le mouvement Poujade raciste et colonial-fasciste, se trouvait le vide constitué par l’absence d’une véritable Centrale commerciale et artisanale, dirigée par des patriotes pour assurer la défense de l’économie algérienne.
L’U.G.C.A. prendra donc une place importante à côté de l’organisation ouvrière sœur, l’U.G.T.A.
Le FLN doit l’aider à se développer rapidement en créant les conditions politiques les plus favorables :
1°) Lutte contre les impôts.
2°) Boycott des grossistes colonialistes, poujadistes, apportant un soutien actif à la guerre impérialiste.
F) Mouvement des Femmes
D’immenses possibilités existent et sont de plus en plus nombreuses dans ce domaine.
Nous saluons avec émotion, avec admiration, l’exaltant courage révolutionnaire des jeunes filles et des jeunes femmes, des épouses et des mères ; de toutes nos sœurs « moudjahidates » qui participent activement, et parfois les armes à la main, à la lutte sacrée pour la libération de la Patrie.
Chacun sait que les Algériens ont chaque fois participé activement aux insurrections nombreuses et renouvelées qui ont dressé, depuis 1830, l’Algérie contre l’occupation française.
Les explosions principales de 1864 des Ouled Sidi Cheikh du Sud Oranais, de 1871 en Kabylie, de 1916 dans les Aurès et la région de Mascara ont illustré à jamais l’ardent patriotisme, allant jusqu’au sacrifice suprême, de la femme algérienne.
Celle-ci est aujourd’hui convaincue que la Révolution actuelle aboutira inexorablement à la conquête de l’indépendance.
L’exemple récent de la jeune fille kabyle qui repousse une demande en mariage, parce que n’émanant pas d’un maquisard illustre d’une façon magnifique le moral sublime qui anime les Algériennes.
Il est donc possible d’organiser dans ce domaine, avec des méthodes originales propres aux mœurs du pays, un redoutable et efficace moyen de combat.
a) Soutien moral des combattants et des résistants ;
b) Renseignements, liaisons, ravitaillement, refuges ;
c) Aide aux familles et enfants de maquisards, de prisonniers ou d’internés.
4°) L a recherche des alliances.
Pour libérer leur patrie enchaînée, les Algériens comptent d’abord sur eux-mêmes.
L’action politique, comme la science militaire, enseignement qu’il ne faut négliger aucun facteur, même apparemment peu important, pour assurer la victoire.
L’action politique le FLN a entrepris avec succès la mobilisation de toutes les énergies nationales. Mais il ne laissera pas l’ennemi colonialiste s’appuyer sur la totalité de la minorité ethnique en Algérie, dresser contre nous l’opinion en France et nous priver de la solidarité internationale.
A) Les Libéraux Algériens
A la différence de la Tunisie et du Maroc la minorité ethnique d’origine européenne a une importance numérique dont il faut tenir compte. Elle est renforcée par une immigration permanente jouissant d’une aide officielle et fournissant au régime colonial une fraction importante de ses soutiens les plus farouches, les plus obstinés, les plus racistes.
Mais en raison de ses privilèges inégaux, du rôle qu’elle joue dans la hiérarchie économique, administrative et politique du système colonialiste, la population d’origine européenne ne constitue pas un bloc indissoluble autour de la grosse colonisation dirigeante.
L’esprit de race supérieure est général. Mais il se manifeste sous des aspects nuancés, allant de la frénésie du type « sudiste » à l’hypocrisie paternaliste.
Le colonialisme français, maître tout-puissant de l’administration algérienne, de la police, du monopole de la presse, de la radio, s’est montré souvent capable d’exercer une pression psychologique pouvant cristalliser l’opinion publique autour d’une idée-force réactionnaire.
Le départ de Soustelle et la manifestation du 6 février ont été les preuves d’une grande habilité dans l’art de la provocation et du complot.
Le résultat fut la capitulation du chef du gouvernement français.
Pour atteindre son but, le colonialisme organisa la panique. Il accusa le gouvernement d’abandonner la minorité ethnique non-musulman à la « barbarie arabe », à la « guerre sainte », à un Saint-Barthélemy plus immonde.
Le slogan fabriqué par le maître chanteur Reygasse et diffusé par le bourreau Benquet-Crevaux, l’odieuse image « la valise ou le cercueil » semblent aujourd’hui anodins.
Les anciens partis nationalistes n’ont pas toujours accordé à cette question l’importance qu’elle mérite. Ne prêtant d’attention que pour l’opinion musulmane, ils ont négligé souvent de relever comme il convient des déclarations maladroites de certains charlatans ignorés, apportant en fait de l’eau au moulin de l’ennemi principal.
Actuellement, la contre-offensive est encore faible. La presse libérale de France ne put enrayer totalement le poison colonialiste. Les moyens d’expression du FLN sont insuffisants.
Heureusement la Résistance Algérienne n’a pas fait de faute majeure pouvant justifier les calomnies de la presse colonialiste du service psychologique de l’armée colonialiste, convaincu de mensonges flagrants par les témoignages de journalistes français et étrangers.
Voilà pourquoi le bloc colonialiste et raciste, sans fissure le 6 février, commence à se désagréger. La panique a cédé la place peu à peu à un sentiment plus réaliste. La solution militaire devant rétablir le statu-quo est un mirage évident. La question dominante aujourd’hui, c’est le retour à une paix négociée : quelle est la place qui sera faite à ceux qui considèrent l’Algérie comme patrie toujours généreuse même après la disparition du règne de Borgeaud ?.
Des tendances diverses apparaissent.
1°) Le neutralisme est le courant le plus important. Il exprime le souhait de laisser les ultra-colonialistes défendre leurs privilèges menacés par les nationalistes « extrémistes ».
2°) Les partisans d’une solution « intermédiaire » : la négociation pour « une communauté algérienne à égale distance entre le colonialisme français et le rétrograde impérialiste arabe » par la création d’une double nationalité ;
3°) La tendance la plus audacieuse accepte l’indépendance de l’Algérie et la nationalité algérienne, à la condition de s’opposer à l’ingérence américaine, anglaise et égyptienne.
Cette analyse est sommaire. Elle n’a d’autre but que de souligner la différenciation qui s’opère dans le large éventuel de l’opinion publique européenne.
Ce serait donc une erreur impardonnable que de mettre dans le « même sac » tous les Algériens d’origine européenne ou juive.
Comme il serait impardonnable de nourrir l’illusion de pouvoir les gagner entièrement à la cause de la libération nationale.
L’objectif à atteindre, c’est l’isolement de l’ennemi colonialiste qui opprime le peuple algérien.
Le FLN doit donc s’efforcer d’accentuer l’évolution de ce phénomène psychologique en neutralisant une fraction importante de la population européenne.
La Révolution Algérienne n’a pas pour but de « jeter à la mer » les Algériens d’origine européenne, mais de détruire le joug colonial inhumain.
La Révolution Algérienne n’est pas une guerre civile, ni une guerre de religion.
La Révolution Algérienne veut conquérir l’indépendance nationale pour installer une république démocratique et sociale garantissant une véritable égalité entre tous les citoyens d’une même patrie, sans discrimination.
B) La Minorité Juive
Ce principe fondamental, admis par la morale universelle, favorise la naissance dans l’opinion israélite d’un espoir dans le maintien d’une cohabitation pacifique millénaire.
D’abord, la minorité juive a été particulièrement sensible à la campagne de démoralisation du colonialisme. Des représentants de leur communauté ont proclamé au congrès mondial juif de Londres leur attachement à la citoyenneté française, les mettant au-dessus de leurs compatriotes musulmans.
Mais le déchaînement de la haine antisémite qui a suivi les manifestations colonialo-fascistes ont provoqué un trouble profond qui fait place à une saine réaction d’auto-défense.
Le premier réflexe fut de se préserver, du danger d’être pris entre deux feux. Il se manifeste par la condamnation des Juifs, membres du « 8 novembre » et du mouvement poujadiste, dont l’activité trop voyante pouvait engendrer le mécontentement vindicatif contre toute la communauté.
La correction inflexible de la Résistance Algérienne, réservant tous ses coups au colonialisme, apparut aux plus inquiets comme une qualité chevaleresque d’une noble colère des faibles contre les tyrans.
Des intellectuels, des étudiants, des commerçants prirent l’initiative de susciter un mouvement d’opinion pour se désolidariser des gros colons et des anti-juifs.
Ceux-là n’avaient pas la mémoire courte. Ils n’ont pas oublié l’infâme souvenir du régime de Vichy. Pendant quatre ans, 185 lois, décrets ou ordonnances les ont privés de leurs droits, chassés des administrations et des universités, spoliés de leurs immeubles et de leurs fonds de commerce, dépouillés de leurs bijoux.
Leurs coreligionnaires de France étaient frappés d’une amende collective d’un millard. Ils étaient traqués, arrêtés, internés au camp de Drancy et envoyés par wagons plombés en Pologne ou beaucoup périrent dans les fours crématoires.
Au lendemain de la libération de la France, la communauté juive algérienne retrouva rapidement ses droits et ses biens grâce à l’appui des élus musulmans, malgré l’hostilité de l’administration pétainiste.
Aura-t-elle la naïveté de croire que la victoire des ultra-colonialistes, qui sont précisément les mêmes qui l’ont persécuté, naguère, ne ramènera pas le même malheur ?
Les Algériens d’origine juive n’ont pas encore surmonté leur trouble de conscience, ni choisi de quel côté se diriger.
Espérons qu’ils suivront en grand nombre le chemin de ceux qui ont répondu à l’appel de la patrie généreuse, donné leur amitié à la Révolution en revendiquant déjà avec fierté, leur nationalité algérienne.
Cette option est basée sur l’expérience, le bon sens et la clairvoyance.
En dépit du silence du Grand Rabbin d’Alger, contrastant avec l’attitude réconfortante de l’Archevêque se dressant courageusement et publiquement contre le courant et condamnant l’injustice coloniale, l’immense majorité des Algériens s’est gardée de considérer la communauté juive, comme passée définitivement dans le champ ennemi.
Le FLN a étouffé dans l’œuf des provocations nombreuses préparées par les spécialistes du gouvernement général. En dehors du châtiment individuel infligé aux policiers et contre-terroristes responsables de crimes contre la population innocente, l’Algérie a été préservée de tout progrom. Le boycottage des commerçants juifs, devant suivre le boycottage des Mozabites a été enrayé même d’exploser.
Voilà pourquoi, le conflit arabo-israélien n’a pas eu, en Algérie, de répercussions graves, ce qui aurait comblé le vœu des ennemis du peuple algérien.
Sans puiser dans l’histoire de notre pays les preuves de tolérance religieuse, de collaboration dans les plus hauts postes de l’Etat, de cohabitation sincère, la Révolution Algérienne a montré par les actes, qu’elle mérite la confiance de la minorité juive pour lui garantir sa part de bonheur dans l’Algérie indépendante.
En effet, la disparition du régime colonial, qui s’est servi de la minorité juive comme tampon pour atténuer les chocs anti-impérialistes, ne signifie pas forcément sa paupérisation.
C’est une hypothèse absurde que de s’imaginer que« l’Algérie ne serait rien sans la France ».
La prospérité économique des peuples affranchie est évidente.
Le revenu national, plus important, assurera à tous les Algériens une vie plus confortable.
Tenant compte de ce qui précède, le FLN recommande :
1°) Encourager et aider à la formation de comités et mouvements de libéraux algériens, même ceux ayant au départ des objectifs limités :
a) Comité d’action contre la guerre d’Algérie ;
b) Comité pour la négociation et la paix ;
c) Comité pour la nationalité algérienne ;
d) Comité de soutien des victimes de la répression ;
e) Comité d’études du problème algérien ;
f) Comité pour la défense des libertés démocratiques ;
g) Comité pour le désarmement des milices civiles ;
h) Comité d’aide aux ouvriers agricoles(parrainage des syndicats, soutien des grèves, défense des enfants et des femmes exploités).
2°) Intensifier la propagande auprès des rappelés et des soldats du contingent :
a) Envoi de livres, revues, journaux, tracts anti-colonialistes ;
b) Comité d’accueil des permissionnaires ;
c) Théâtre : pièces exaltant la lutte patriotique pour l’indépendance.
3°) Multiplier les comités de femmes de mobilisés pour exiger le rappel de leurs maris.
C) L’Action du FLN en France
1°) Développer l’appui de l’opinion libérale
L’analyse de l’éventail politique chez les libéraux en Algérie peut être valable pour saisir les nuances de l’opinion publique en France, sujette à des fluctuations rapides en raison de la sensibilité populaire.
Il est certain que le FLN attache une certaine importance à l’aide que peut apporter à la justice cause de la Résistance Algérienne la partie éclairée du peuple français, insuffisamment informé des horreurs indicibles perpétrées en son nom.
Nous apprécions la contribution des représentants du mouvement libéral français tendant à faire triompher la solution politique, pour éviter une effusion de sang inutile.
La Fédération FLN en France, dont la direction est aujourd’hui renforcée à Paris, a une tâche politique de premier plan pour annuler l’effet négatif de la pression réactionnaire et colonialiste.
1°) Contacts politiques avec les organisations, mouvements et comités contre la guerre coloniale.
- Presse, meetings, manifestations et grèves contre le départ des soldats, la manutention et le transport du matériel de guerre.
2°) Soutien financier par la solidarité aux résistants et aux combattants pour la liberté.
2°) Organiser l’émigration algérienne
La population algérienne émigrée en France est un capital précieux en raison de son importance numérique, de son caractère jeune et combatif, de son potentiel politique.
La tâche du FLN est d’autant plus importante pour mobiliser la totalité de ces forces qu’elle nécessite, en même temps, la lutte à outrance contre les tentatives de survivance du messalisme.
1°) Eclairer l’opinion publique française et étrangère en donnant informations, articles de journaux et revues. Grouper à cet effet les militants expérimentés, les intellectuels et les étudiants.
2°) Dénoncer d’une façon infatigable et patiente la faillite du messalisme comme courant politique, sa compromission avec les milieux proches du gouvernement français ce qui explique l’orientation dirigée non contre le colonialisme, mais contre le FLN et l’ALN.
D) La Solidarité Nord-Africaine
L’intransigeance révolutionnaire du FLN, la poursuite farouche de la lutte armée par l’ALN, l’unanimité nationale du peuple algérien soudée par l’idéal d’indépendance nationale, ont mis en échec les plans colonialistes.
Les gouvernements tunisien et marocain ont en particulier(sous la pression des peuples frères), pris nettement position sur ce problème qui conditionne l’équilibre nord-africain.
Le FLN doit encourager :
1°) La coordination de l’action gouvernementale des deux pays du Maghreb, dans le but de faire pression sur le gouvernement français : action diplomatique ;
2°) L’unification de l’action politique par la création d’un comité de coordination des partis frères nationaux avec le FLN ;
a) Création de comités populaires de soutien de la Résistance Algérienne ;
b) Intervention multiforme dans tous les secteurs ;
3°) La liaison permanente avec les Algériens résidant au Maroc et en Tunisie(action concrète auprès de l’opinion publique, de la presse et du gouvernement) ;
4°) La solidarité des Centrales Ouvrières U.G.T.T, U.M.T.,U.G.T.A.;
5°) L’entraide des trois unions estudiantines.
6°) La coordination de l’action des trois centrales économiques.
4°) L’Algérie devant le monde.
La diplomatie française a entrepris sur le plan international un travail interne pour obtenir partout oÙ c’est possible, ne serait-ce que très provisoirement, une aide morale et matérielle ou une neutralité bienveillante et passive. Les seuls résultats plus ou moins positifs sont les déclarations gênées, arrachées aux représentants des Etats–Unis, de l’Angleterre et de l’O.T.A.N.
Mais la presse mondiale, notamment la presse américaine, condamne impitoyablement les crimes de guerre, plus particulièrement la légion et les paras, le génocide des vieillards, des femmes, des enfants, le massacre des intellectuels et des civils innocents, la torture des emprisonnés politiques, la multiplication des camps de concentration, l’exécution d’otages.
Elle exige du colonialisme français, la reconnaissance solennelle du droit du peuple algérien à disposer librement de son sort.
La lutte gigantesque engagée par l’Armée de Libération Nationale, son invincibilité garantie par l’adhésion unanime de la nation algérienne à l’idéal de liberté, ont sorti le problème algérien du cadre français dans lequel l’impérialisme l’a tenu jusqu’alors prisonnier.
La conférence de Bandoeng et surtout la 10ème session de l’O.N.U. ont en particulièrement le mérite historique de détruire la fiction juridique de « l’Algérie française ».
L’invasion et l’occupation d’un pays par une armée étrangère ne sauraient en aucun cas modifier la nationalité de ses habitants. Les Algériens n’ont jamais accepté la « francisation », d’autant plus que cette « étiquette » ne les a jamais empêchés d’être dans leur patrie moins libres et moins considérés que les étrangers.
La langue arabe, langue nationale de l’immense majorité, a été systématiquement étouffée. Son enseignement supérieur a disparu dès la conquête par la dispersion des maîtres et des élèves, la fermeture des universités, la destruction des bibliothèques, le vol des donations pieuses.
La religion islamique est bafouée, son personnel est domestiqué, choisi et payé par l’administration colonialiste.
L’impérialisme français a combattu le mouvement progressiste des Oulémas pour donner son appui total au maraboutisme, domestiqué par la corruption de certains chefs de confréries.
Combien apparaît dégradante le malhonnêteté des Bidault, Lacoste, Soustelle et du Cardinal Feltin lorsqu’ils tentent de tromper l’opinion publique française et étrangère en définissant la Résistance Algérienne comme un mouvement religieux fanatique au service du panislamisme.
La ligne de démarcation de la Révolution ne passe pas entre les communautés religieuses qui peuplent l’Algérie, mais entre d’une part, les partisans de la liberté, de la justice, de la dignité humaine et d’autre part, les colonialistes et leurs soutiens, quelle que soit leur religion ou leur condition sociale.
La meilleure des preuves n’est-elle pas le châtiment suprême infligé à des traîtres officiants du culte, dans l’enceinte même des mosquées.
Par contre, grâce à la maturité politique du peuple algérien et à la sage et lucide direction du Front de Libération Nationale, les provocations traditionnelles et renouvelées du colonialisme : pogroms, troubles anti-chrétiens, xénophobie, ont été déjouées et étouffées dans l’œuf.
La Révolution Algérienne, malgré les calomnies de la propagande colonialiste, est un combat patriotique, dont la base est incontestablement de caractère national, politique et social.
Elle n’est inféodée ni au Caire, ni à Londres, ni à Moscou, ni à Washington.
Elle s’inscrit dans le cours normal de l’évolution historique de l’humanité qui n’admet plus l’existence de nations captives.
Voilà pourquoi l’indépendance de l’Algérie martyre est devenue une affaire internationale et le problème-clé de l’Afrique du Nord.
De nouveau, l’affaire algérienne sera posée devant l’O.N.U. par les pays afro-asiatiques.
Si, lors de la dernière session de l’Assemblée Générale de l’O.N.U., on constata chez ces pays amis le souci tactique exagérément conciliateur, allant jusqu’à retirer de l’ordre du jour la discussion de l’affaire algérienne, il n’en est pas de même aujourd’hui car les promesses de la France n’ont nullement été tenues.
Ce manque de hardiesse était déterminé par l’attitude des pays arabes en général et de l’Egypte en particulier. Leur soutien à la lutte du peuple algérien demeurait limité ; il était assujetti aux fluctuations de leur diplomatie. La France exerçait une pression particulière sur lr Moyen-Orient en monnayant son aide économique et militaire et son opposition au Pacte de Bagdad. Elle avait notamment essayé de peser de toutes ses forces pour paralyser les armes psychologiques et morales dont le FLN dispose.
L’attitude des pays non arabes du bloc afro-asiatique était conditionnée, semble-t-il, par le souci d’une part de ne jamais dépasser celle des pays arabes, par le désir d’autre part de jouer un rôle déterminant dans des problèmes tels que ceux désarmement et de la coexistence pacifique.
Ainsi l’internationalisation du problème algérien dans sa phase actuelle a renforcé la prise de conscience universelle sur l’urgence du règlement d’un conflit armé pouvant affecter le bassin méditerranéen et l’Afrique, le Moyen-Orient et le monde entier.
Comment Diriger Notre Activité internationale ?
Nos contacts avec les dirigeants des pays frères n’ont jamais été autre chose que des contacts d’alliés et non d’instruments.
Nous devons veiller d’une façon systématique à conserver intacte l’indépendance de la Révolution Algérienne. Il convient de réduire à néant la calomnie lancée par le gouvernement français, sa diplomatie, sa grande presse pour nous présenter, n’ayant pas de racines dans la Nation Algérienne captive.
1°) Provoquer chez les gouvernements du Congrès de Bandoeng, en plus de l’intervention à l’O.N.U., des pressions diplomatiques, voire économiques directes sur la France ;
2°) Rechercher l’appui des peuples d’Europe, y compris les pays nordiques et les démocraties populaires ainsi que les pays d’Amérique Latine ;
3°) S’appuyer sur l’émigration arabe dans les pays de l’Amérique Latine.
Dans ce but, le FLN a renforcé la Délégation algérienne en mission à l’extérieur. Il devra avoir :
a) Bureau permanent auprès de l’ONU et aux USA ;
b) Délégation dans les pays d’Asie ;
c) Délégations itinérantes pour la visite des capitales et la participation aux rassemblements mondiaux culturels, estudiantins, syndicaux, etc ;
d) Propagande écrite crée par nos propres moyens ; bureau de presse, éditions de rapports, documents par la photo et le film.
La jeunesse algérienne a les qualités naturelles de dynamisme, de dévouement et d’héroïsme.
De plus, elle se caractérise par un fait rare. Très nombreuse, elle représente près de la moitié de la population totale, en raison d’un développement démographique exceptionnel.
En outre, elle possède une qualité originale ; la maturité précoce. En raison de la misère, de l’oppression coloniale, elle passe rapidement de l’enfance à l’âge adulte ; la période de l’adolescence est singulièrement réduite.
Elle suit avec passion, avec le mépris de la peur et la mort, l’organisation révolutionnaire qui peut la conduire à la conquête de son pur idéal de liberté.
La Révolution Algérienne, les exploits de l’ALN et l’action clandestine du FLN répondent à sa témérité que nourrit le plus noble sentiment patriotique.
C’est donc pour le FLN un levier inflexible d’une puissance et d’une résistance formidables.
D) Intellectuels et Professions Libérales
Le ralliement des intellectuels à la patrie algérienne, le fait que la «francisation » n’a pas réussi à étouffer leur conscience nationale, la rupture avec les positions idéalistes individualistes ou réformistes, sont les preuves d’une saine orientation politique.
1°) Former des comités d’action des intellectuels patriotiques :
a) Propagande : indépendance de l’Algérie ;
b) Contacts avec les libéraux français ;
c) Souscriptions.
Le FLN devra assigner aux étudiants et étudiantes, d’une manière rationnelle, des tâches précises dans les domaines ou ils peuvent rendre le mieux : politique, administratif, culturel, sanitaire, économique, etc…
2°) Organiser des services de santé :
a) Chirurgiens, médecins, pharmaciens en liaison avec les hospitaliers(internes et infirmiers) ;
b) Soins, médicaments, pansements ;
c) Infirmiers de campagne, traitement des malades et convalescents.
E) Commerçants et Artisans
A côté du syndicat commercial algérien, dominé par le monopoleur Schiaffino, maître des chambres de commerce et le mouvement Poujade raciste et colonial-fasciste, se trouvait le vide constitué par l’absence d’une véritable Centrale commerciale et artisanale, dirigée par des patriotes pour assurer la défense de l’économie algérienne.
L’U.G.C.A. prendra donc une place importante à côté de l’organisation ouvrière sœur, l’U.G.T.A.
Le FLN doit l’aider à se développer rapidement en créant les conditions politiques les plus favorables :
1°) Lutte contre les impôts.
2°) Boycott des grossistes colonialistes, poujadistes, apportant un soutien actif à la guerre impérialiste.
F) Mouvement des Femmes
D’immenses possibilités existent et sont de plus en plus nombreuses dans ce domaine.
Nous saluons avec émotion, avec admiration, l’exaltant courage révolutionnaire des jeunes filles et des jeunes femmes, des épouses et des mères ; de toutes nos sœurs « moudjahidates » qui participent activement, et parfois les armes à la main, à la lutte sacrée pour la libération de la Patrie.
Chacun sait que les Algériens ont chaque fois participé activement aux insurrections nombreuses et renouvelées qui ont dressé, depuis 1830, l’Algérie contre l’occupation française.
Les explosions principales de 1864 des Ouled Sidi Cheikh du Sud Oranais, de 1871 en Kabylie, de 1916 dans les Aurès et la région de Mascara ont illustré à jamais l’ardent patriotisme, allant jusqu’au sacrifice suprême, de la femme algérienne.
Celle-ci est aujourd’hui convaincue que la Révolution actuelle aboutira inexorablement à la conquête de l’indépendance.
L’exemple récent de la jeune fille kabyle qui repousse une demande en mariage, parce que n’émanant pas d’un maquisard illustre d’une façon magnifique le moral sublime qui anime les Algériennes.
Il est donc possible d’organiser dans ce domaine, avec des méthodes originales propres aux mœurs du pays, un redoutable et efficace moyen de combat.
a) Soutien moral des combattants et des résistants ;
b) Renseignements, liaisons, ravitaillement, refuges ;
c) Aide aux familles et enfants de maquisards, de prisonniers ou d’internés.
4°) L a recherche des alliances.
Pour libérer leur patrie enchaînée, les Algériens comptent d’abord sur eux-mêmes.
L’action politique, comme la science militaire, enseignement qu’il ne faut négliger aucun facteur, même apparemment peu important, pour assurer la victoire.
L’action politique le FLN a entrepris avec succès la mobilisation de toutes les énergies nationales. Mais il ne laissera pas l’ennemi colonialiste s’appuyer sur la totalité de la minorité ethnique en Algérie, dresser contre nous l’opinion en France et nous priver de la solidarité internationale.
A) Les Libéraux Algériens
A la différence de la Tunisie et du Maroc la minorité ethnique d’origine européenne a une importance numérique dont il faut tenir compte. Elle est renforcée par une immigration permanente jouissant d’une aide officielle et fournissant au régime colonial une fraction importante de ses soutiens les plus farouches, les plus obstinés, les plus racistes.
Mais en raison de ses privilèges inégaux, du rôle qu’elle joue dans la hiérarchie économique, administrative et politique du système colonialiste, la population d’origine européenne ne constitue pas un bloc indissoluble autour de la grosse colonisation dirigeante.
L’esprit de race supérieure est général. Mais il se manifeste sous des aspects nuancés, allant de la frénésie du type « sudiste » à l’hypocrisie paternaliste.
Le colonialisme français, maître tout-puissant de l’administration algérienne, de la police, du monopole de la presse, de la radio, s’est montré souvent capable d’exercer une pression psychologique pouvant cristalliser l’opinion publique autour d’une idée-force réactionnaire.
Le départ de Soustelle et la manifestation du 6 février ont été les preuves d’une grande habilité dans l’art de la provocation et du complot.
Le résultat fut la capitulation du chef du gouvernement français.
Pour atteindre son but, le colonialisme organisa la panique. Il accusa le gouvernement d’abandonner la minorité ethnique non-musulman à la « barbarie arabe », à la « guerre sainte », à un Saint-Barthélemy plus immonde.
Le slogan fabriqué par le maître chanteur Reygasse et diffusé par le bourreau Benquet-Crevaux, l’odieuse image « la valise ou le cercueil » semblent aujourd’hui anodins.
Les anciens partis nationalistes n’ont pas toujours accordé à cette question l’importance qu’elle mérite. Ne prêtant d’attention que pour l’opinion musulmane, ils ont négligé souvent de relever comme il convient des déclarations maladroites de certains charlatans ignorés, apportant en fait de l’eau au moulin de l’ennemi principal.
Actuellement, la contre-offensive est encore faible. La presse libérale de France ne put enrayer totalement le poison colonialiste. Les moyens d’expression du FLN sont insuffisants.
Heureusement la Résistance Algérienne n’a pas fait de faute majeure pouvant justifier les calomnies de la presse colonialiste du service psychologique de l’armée colonialiste, convaincu de mensonges flagrants par les témoignages de journalistes français et étrangers.
Voilà pourquoi le bloc colonialiste et raciste, sans fissure le 6 février, commence à se désagréger. La panique a cédé la place peu à peu à un sentiment plus réaliste. La solution militaire devant rétablir le statu-quo est un mirage évident. La question dominante aujourd’hui, c’est le retour à une paix négociée : quelle est la place qui sera faite à ceux qui considèrent l’Algérie comme patrie toujours généreuse même après la disparition du règne de Borgeaud ?.
Des tendances diverses apparaissent.
1°) Le neutralisme est le courant le plus important. Il exprime le souhait de laisser les ultra-colonialistes défendre leurs privilèges menacés par les nationalistes « extrémistes ».
2°) Les partisans d’une solution « intermédiaire » : la négociation pour « une communauté algérienne à égale distance entre le colonialisme français et le rétrograde impérialiste arabe » par la création d’une double nationalité ;
3°) La tendance la plus audacieuse accepte l’indépendance de l’Algérie et la nationalité algérienne, à la condition de s’opposer à l’ingérence américaine, anglaise et égyptienne.
Cette analyse est sommaire. Elle n’a d’autre but que de souligner la différenciation qui s’opère dans le large éventuel de l’opinion publique européenne.
Ce serait donc une erreur impardonnable que de mettre dans le « même sac » tous les Algériens d’origine européenne ou juive.
Comme il serait impardonnable de nourrir l’illusion de pouvoir les gagner entièrement à la cause de la libération nationale.
L’objectif à atteindre, c’est l’isolement de l’ennemi colonialiste qui opprime le peuple algérien.
Le FLN doit donc s’efforcer d’accentuer l’évolution de ce phénomène psychologique en neutralisant une fraction importante de la population européenne.
La Révolution Algérienne n’a pas pour but de « jeter à la mer » les Algériens d’origine européenne, mais de détruire le joug colonial inhumain.
La Révolution Algérienne n’est pas une guerre civile, ni une guerre de religion.
La Révolution Algérienne veut conquérir l’indépendance nationale pour installer une république démocratique et sociale garantissant une véritable égalité entre tous les citoyens d’une même patrie, sans discrimination.
B) La Minorité Juive
Ce principe fondamental, admis par la morale universelle, favorise la naissance dans l’opinion israélite d’un espoir dans le maintien d’une cohabitation pacifique millénaire.
D’abord, la minorité juive a été particulièrement sensible à la campagne de démoralisation du colonialisme. Des représentants de leur communauté ont proclamé au congrès mondial juif de Londres leur attachement à la citoyenneté française, les mettant au-dessus de leurs compatriotes musulmans.
Mais le déchaînement de la haine antisémite qui a suivi les manifestations colonialo-fascistes ont provoqué un trouble profond qui fait place à une saine réaction d’auto-défense.
Le premier réflexe fut de se préserver, du danger d’être pris entre deux feux. Il se manifeste par la condamnation des Juifs, membres du « 8 novembre » et du mouvement poujadiste, dont l’activité trop voyante pouvait engendrer le mécontentement vindicatif contre toute la communauté.
La correction inflexible de la Résistance Algérienne, réservant tous ses coups au colonialisme, apparut aux plus inquiets comme une qualité chevaleresque d’une noble colère des faibles contre les tyrans.
Des intellectuels, des étudiants, des commerçants prirent l’initiative de susciter un mouvement d’opinion pour se désolidariser des gros colons et des anti-juifs.
Ceux-là n’avaient pas la mémoire courte. Ils n’ont pas oublié l’infâme souvenir du régime de Vichy. Pendant quatre ans, 185 lois, décrets ou ordonnances les ont privés de leurs droits, chassés des administrations et des universités, spoliés de leurs immeubles et de leurs fonds de commerce, dépouillés de leurs bijoux.
Leurs coreligionnaires de France étaient frappés d’une amende collective d’un millard. Ils étaient traqués, arrêtés, internés au camp de Drancy et envoyés par wagons plombés en Pologne ou beaucoup périrent dans les fours crématoires.
Au lendemain de la libération de la France, la communauté juive algérienne retrouva rapidement ses droits et ses biens grâce à l’appui des élus musulmans, malgré l’hostilité de l’administration pétainiste.
Aura-t-elle la naïveté de croire que la victoire des ultra-colonialistes, qui sont précisément les mêmes qui l’ont persécuté, naguère, ne ramènera pas le même malheur ?
Les Algériens d’origine juive n’ont pas encore surmonté leur trouble de conscience, ni choisi de quel côté se diriger.
Espérons qu’ils suivront en grand nombre le chemin de ceux qui ont répondu à l’appel de la patrie généreuse, donné leur amitié à la Révolution en revendiquant déjà avec fierté, leur nationalité algérienne.
Cette option est basée sur l’expérience, le bon sens et la clairvoyance.
En dépit du silence du Grand Rabbin d’Alger, contrastant avec l’attitude réconfortante de l’Archevêque se dressant courageusement et publiquement contre le courant et condamnant l’injustice coloniale, l’immense majorité des Algériens s’est gardée de considérer la communauté juive, comme passée définitivement dans le champ ennemi.
Le FLN a étouffé dans l’œuf des provocations nombreuses préparées par les spécialistes du gouvernement général. En dehors du châtiment individuel infligé aux policiers et contre-terroristes responsables de crimes contre la population innocente, l’Algérie a été préservée de tout progrom. Le boycottage des commerçants juifs, devant suivre le boycottage des Mozabites a été enrayé même d’exploser.
Voilà pourquoi, le conflit arabo-israélien n’a pas eu, en Algérie, de répercussions graves, ce qui aurait comblé le vœu des ennemis du peuple algérien.
Sans puiser dans l’histoire de notre pays les preuves de tolérance religieuse, de collaboration dans les plus hauts postes de l’Etat, de cohabitation sincère, la Révolution Algérienne a montré par les actes, qu’elle mérite la confiance de la minorité juive pour lui garantir sa part de bonheur dans l’Algérie indépendante.
En effet, la disparition du régime colonial, qui s’est servi de la minorité juive comme tampon pour atténuer les chocs anti-impérialistes, ne signifie pas forcément sa paupérisation.
C’est une hypothèse absurde que de s’imaginer que« l’Algérie ne serait rien sans la France ».
La prospérité économique des peuples affranchie est évidente.
Le revenu national, plus important, assurera à tous les Algériens une vie plus confortable.
Tenant compte de ce qui précède, le FLN recommande :
1°) Encourager et aider à la formation de comités et mouvements de libéraux algériens, même ceux ayant au départ des objectifs limités :
a) Comité d’action contre la guerre d’Algérie ;
b) Comité pour la négociation et la paix ;
c) Comité pour la nationalité algérienne ;
d) Comité de soutien des victimes de la répression ;
e) Comité d’études du problème algérien ;
f) Comité pour la défense des libertés démocratiques ;
g) Comité pour le désarmement des milices civiles ;
h) Comité d’aide aux ouvriers agricoles(parrainage des syndicats, soutien des grèves, défense des enfants et des femmes exploités).
2°) Intensifier la propagande auprès des rappelés et des soldats du contingent :
a) Envoi de livres, revues, journaux, tracts anti-colonialistes ;
b) Comité d’accueil des permissionnaires ;
c) Théâtre : pièces exaltant la lutte patriotique pour l’indépendance.
3°) Multiplier les comités de femmes de mobilisés pour exiger le rappel de leurs maris.
C) L’Action du FLN en France
1°) Développer l’appui de l’opinion libérale
L’analyse de l’éventail politique chez les libéraux en Algérie peut être valable pour saisir les nuances de l’opinion publique en France, sujette à des fluctuations rapides en raison de la sensibilité populaire.
Il est certain que le FLN attache une certaine importance à l’aide que peut apporter à la justice cause de la Résistance Algérienne la partie éclairée du peuple français, insuffisamment informé des horreurs indicibles perpétrées en son nom.
Nous apprécions la contribution des représentants du mouvement libéral français tendant à faire triompher la solution politique, pour éviter une effusion de sang inutile.
La Fédération FLN en France, dont la direction est aujourd’hui renforcée à Paris, a une tâche politique de premier plan pour annuler l’effet négatif de la pression réactionnaire et colonialiste.
1°) Contacts politiques avec les organisations, mouvements et comités contre la guerre coloniale.
- Presse, meetings, manifestations et grèves contre le départ des soldats, la manutention et le transport du matériel de guerre.
2°) Soutien financier par la solidarité aux résistants et aux combattants pour la liberté.
2°) Organiser l’émigration algérienne
La population algérienne émigrée en France est un capital précieux en raison de son importance numérique, de son caractère jeune et combatif, de son potentiel politique.
La tâche du FLN est d’autant plus importante pour mobiliser la totalité de ces forces qu’elle nécessite, en même temps, la lutte à outrance contre les tentatives de survivance du messalisme.
1°) Eclairer l’opinion publique française et étrangère en donnant informations, articles de journaux et revues. Grouper à cet effet les militants expérimentés, les intellectuels et les étudiants.
2°) Dénoncer d’une façon infatigable et patiente la faillite du messalisme comme courant politique, sa compromission avec les milieux proches du gouvernement français ce qui explique l’orientation dirigée non contre le colonialisme, mais contre le FLN et l’ALN.
D) La Solidarité Nord-Africaine
L’intransigeance révolutionnaire du FLN, la poursuite farouche de la lutte armée par l’ALN, l’unanimité nationale du peuple algérien soudée par l’idéal d’indépendance nationale, ont mis en échec les plans colonialistes.
Les gouvernements tunisien et marocain ont en particulier(sous la pression des peuples frères), pris nettement position sur ce problème qui conditionne l’équilibre nord-africain.
Le FLN doit encourager :
1°) La coordination de l’action gouvernementale des deux pays du Maghreb, dans le but de faire pression sur le gouvernement français : action diplomatique ;
2°) L’unification de l’action politique par la création d’un comité de coordination des partis frères nationaux avec le FLN ;
a) Création de comités populaires de soutien de la Résistance Algérienne ;
b) Intervention multiforme dans tous les secteurs ;
3°) La liaison permanente avec les Algériens résidant au Maroc et en Tunisie(action concrète auprès de l’opinion publique, de la presse et du gouvernement) ;
4°) La solidarité des Centrales Ouvrières U.G.T.T, U.M.T.,U.G.T.A.;
5°) L’entraide des trois unions estudiantines.
6°) La coordination de l’action des trois centrales économiques.
4°) L’Algérie devant le monde.
La diplomatie française a entrepris sur le plan international un travail interne pour obtenir partout oÙ c’est possible, ne serait-ce que très provisoirement, une aide morale et matérielle ou une neutralité bienveillante et passive. Les seuls résultats plus ou moins positifs sont les déclarations gênées, arrachées aux représentants des Etats–Unis, de l’Angleterre et de l’O.T.A.N.
Mais la presse mondiale, notamment la presse américaine, condamne impitoyablement les crimes de guerre, plus particulièrement la légion et les paras, le génocide des vieillards, des femmes, des enfants, le massacre des intellectuels et des civils innocents, la torture des emprisonnés politiques, la multiplication des camps de concentration, l’exécution d’otages.
Elle exige du colonialisme français, la reconnaissance solennelle du droit du peuple algérien à disposer librement de son sort.
La lutte gigantesque engagée par l’Armée de Libération Nationale, son invincibilité garantie par l’adhésion unanime de la nation algérienne à l’idéal de liberté, ont sorti le problème algérien du cadre français dans lequel l’impérialisme l’a tenu jusqu’alors prisonnier.
La conférence de Bandoeng et surtout la 10ème session de l’O.N.U. ont en particulièrement le mérite historique de détruire la fiction juridique de « l’Algérie française ».
L’invasion et l’occupation d’un pays par une armée étrangère ne sauraient en aucun cas modifier la nationalité de ses habitants. Les Algériens n’ont jamais accepté la « francisation », d’autant plus que cette « étiquette » ne les a jamais empêchés d’être dans leur patrie moins libres et moins considérés que les étrangers.
La langue arabe, langue nationale de l’immense majorité, a été systématiquement étouffée. Son enseignement supérieur a disparu dès la conquête par la dispersion des maîtres et des élèves, la fermeture des universités, la destruction des bibliothèques, le vol des donations pieuses.
La religion islamique est bafouée, son personnel est domestiqué, choisi et payé par l’administration colonialiste.
L’impérialisme français a combattu le mouvement progressiste des Oulémas pour donner son appui total au maraboutisme, domestiqué par la corruption de certains chefs de confréries.
Combien apparaît dégradante le malhonnêteté des Bidault, Lacoste, Soustelle et du Cardinal Feltin lorsqu’ils tentent de tromper l’opinion publique française et étrangère en définissant la Résistance Algérienne comme un mouvement religieux fanatique au service du panislamisme.
La ligne de démarcation de la Révolution ne passe pas entre les communautés religieuses qui peuplent l’Algérie, mais entre d’une part, les partisans de la liberté, de la justice, de la dignité humaine et d’autre part, les colonialistes et leurs soutiens, quelle que soit leur religion ou leur condition sociale.
La meilleure des preuves n’est-elle pas le châtiment suprême infligé à des traîtres officiants du culte, dans l’enceinte même des mosquées.
Par contre, grâce à la maturité politique du peuple algérien et à la sage et lucide direction du Front de Libération Nationale, les provocations traditionnelles et renouvelées du colonialisme : pogroms, troubles anti-chrétiens, xénophobie, ont été déjouées et étouffées dans l’œuf.
La Révolution Algérienne, malgré les calomnies de la propagande colonialiste, est un combat patriotique, dont la base est incontestablement de caractère national, politique et social.
Elle n’est inféodée ni au Caire, ni à Londres, ni à Moscou, ni à Washington.
Elle s’inscrit dans le cours normal de l’évolution historique de l’humanité qui n’admet plus l’existence de nations captives.
Voilà pourquoi l’indépendance de l’Algérie martyre est devenue une affaire internationale et le problème-clé de l’Afrique du Nord.
De nouveau, l’affaire algérienne sera posée devant l’O.N.U. par les pays afro-asiatiques.
Si, lors de la dernière session de l’Assemblée Générale de l’O.N.U., on constata chez ces pays amis le souci tactique exagérément conciliateur, allant jusqu’à retirer de l’ordre du jour la discussion de l’affaire algérienne, il n’en est pas de même aujourd’hui car les promesses de la France n’ont nullement été tenues.
Ce manque de hardiesse était déterminé par l’attitude des pays arabes en général et de l’Egypte en particulier. Leur soutien à la lutte du peuple algérien demeurait limité ; il était assujetti aux fluctuations de leur diplomatie. La France exerçait une pression particulière sur lr Moyen-Orient en monnayant son aide économique et militaire et son opposition au Pacte de Bagdad. Elle avait notamment essayé de peser de toutes ses forces pour paralyser les armes psychologiques et morales dont le FLN dispose.
L’attitude des pays non arabes du bloc afro-asiatique était conditionnée, semble-t-il, par le souci d’une part de ne jamais dépasser celle des pays arabes, par le désir d’autre part de jouer un rôle déterminant dans des problèmes tels que ceux désarmement et de la coexistence pacifique.
Ainsi l’internationalisation du problème algérien dans sa phase actuelle a renforcé la prise de conscience universelle sur l’urgence du règlement d’un conflit armé pouvant affecter le bassin méditerranéen et l’Afrique, le Moyen-Orient et le monde entier.
Comment Diriger Notre Activité internationale ?
Nos contacts avec les dirigeants des pays frères n’ont jamais été autre chose que des contacts d’alliés et non d’instruments.
Nous devons veiller d’une façon systématique à conserver intacte l’indépendance de la Révolution Algérienne. Il convient de réduire à néant la calomnie lancée par le gouvernement français, sa diplomatie, sa grande presse pour nous présenter, n’ayant pas de racines dans la Nation Algérienne captive.
1°) Provoquer chez les gouvernements du Congrès de Bandoeng, en plus de l’intervention à l’O.N.U., des pressions diplomatiques, voire économiques directes sur la France ;
2°) Rechercher l’appui des peuples d’Europe, y compris les pays nordiques et les démocraties populaires ainsi que les pays d’Amérique Latine ;
3°) S’appuyer sur l’émigration arabe dans les pays de l’Amérique Latine.
Dans ce but, le FLN a renforcé la Délégation algérienne en mission à l’extérieur. Il devra avoir :
a) Bureau permanent auprès de l’ONU et aux USA ;
b) Délégation dans les pays d’Asie ;
c) Délégations itinérantes pour la visite des capitales et la participation aux rassemblements mondiaux culturels, estudiantins, syndicaux, etc ;
d) Propagande écrite crée par nos propres moyens ; bureau de presse, éditions de rapports, documents par la photo et le film.
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Date d'inscription : 19/12/2008
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Re: Chronologie de la révolution Algérienne
Conclusion
Il y a dix an, au lendemain de la fin de la deuxième guerre mondiale, une formidable explosion a ébranlé l’impérialisme.
L’irrésistible mouvement de libération nationale, longtemps comprimé, secoua les peuples captifs. Une réaction en chaîne entraîna les pays colonisés, l’un après l’autre, dans la conquête d’un avenir flamboyant de liberté et de bonheur..
En cette courte période, dis huit nations sont sorties des ténèbres de l’esclavage colonial et ont pris place au soleil de l’indépendance nationale.
Les peuples de Syrie et du Liban, du Viet-Nam et du Fezzan ont brisé les barreaux de leurs cellules et réussi à quitter l’immense prison du colonialisme français.
Les trois peuples du Maghreb ont manifesté à leur tour leur volonté et leur capacité de prendre leur place dans le concert des nations libres.
La révolution Algérienne du 1er Novembre 1954 est sur la bonne voie.
La lutte sera encore difficile, âpre, cruelle.
Mais sous la ferme direction du FRONT DE LIBERATION NATIONALE, la victoire couronnera la longue lutte armée menée par le peuple algérien indompté.
La date humiliante du 5 juillet 1830 sera effacée avec la disparition de l’odieux régime colonial.
Le moment est proche où le peuple algérien recueillera les doux fruits de son douloureux sacrifice et de son courage sublime.
L’INDEPENDANCE DE LA PATRIE SUR LAQUELLE FLOTTERA SOUVERAINEMENT LE DRAPEAU NATIONAL ALGERIEN. »
wikipedia
Il y a dix an, au lendemain de la fin de la deuxième guerre mondiale, une formidable explosion a ébranlé l’impérialisme.
L’irrésistible mouvement de libération nationale, longtemps comprimé, secoua les peuples captifs. Une réaction en chaîne entraîna les pays colonisés, l’un après l’autre, dans la conquête d’un avenir flamboyant de liberté et de bonheur..
En cette courte période, dis huit nations sont sorties des ténèbres de l’esclavage colonial et ont pris place au soleil de l’indépendance nationale.
Les peuples de Syrie et du Liban, du Viet-Nam et du Fezzan ont brisé les barreaux de leurs cellules et réussi à quitter l’immense prison du colonialisme français.
Les trois peuples du Maghreb ont manifesté à leur tour leur volonté et leur capacité de prendre leur place dans le concert des nations libres.
La révolution Algérienne du 1er Novembre 1954 est sur la bonne voie.
La lutte sera encore difficile, âpre, cruelle.
Mais sous la ferme direction du FRONT DE LIBERATION NATIONALE, la victoire couronnera la longue lutte armée menée par le peuple algérien indompté.
La date humiliante du 5 juillet 1830 sera effacée avec la disparition de l’odieux régime colonial.
Le moment est proche où le peuple algérien recueillera les doux fruits de son douloureux sacrifice et de son courage sublime.
L’INDEPENDANCE DE LA PATRIE SUR LAQUELLE FLOTTERA SOUVERAINEMENT LE DRAPEAU NATIONAL ALGERIEN. »
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Re: Chronologie de la révolution Algérienne
Complot « contre-révolutionnaire »
Bleuite
Le terme « Bleuite » désigne une opération de manipulation montée par les services secrets français pendant la guerre d'Algérie, à partir de 1957-1958. Elle consistait à dresser des listes de prétendus collaborateurs de l'armée française et à les faire parvenir jusqu'aux chefs des combattants de l'Armée de libération nationale.(ALN) pour y susciter des purges internes.
Le capitaine Léger chef du GRE et l'auteur du germe de la « bleuite » qui a eu des conséquences ravageuses dans toute la wilaya III.
Mécanisme
Ces listes étaient acheminées par différents biais, notamment :
Envois d'Algériens « retournés »
Diffusions de rumeurs dans les villages
Listes laissées sur le corps de rebelles abattus
Pour comprendre comment le virus de la suspicion (que l'on baptisera plus tard la bleuite) a pu pénétrer la Révolution algérienne, il faut revenir à la bataille d'Alger.
D'anciens membres des réseaux de Yacef Saadi qui avaient décidé de travailler avec les parachutistes français. C'était une idée du capitaine Paul-Alain Léger, parachutiste, agent du SDECE et chef du GRE (Groupe de renseignements et d'exploitation) Il avait proposé au colonel Godard de retourner d'anciens compagnons de Yacef :
Quand un élément du FLN est identifié et arrêté, il est interrogé, torturé, compromis et piégé. On lui offre de changer de camp. Brisé et retourné, il rejoint l'équipe habillée de Bleu de chauffe, d'où le nom de « Bleuite » ou le « complot bleu ». Le rôle de ces « bleus de chauffe » était de dénoncer leurs anciens camarades des réseaux clandestins, mais aussi de tenter de retourner la population en faveur des Français. Ils circulaient ainsi dans la Casbah bavardant avec tous ceux qui voulaient bien leur adresser la parole, essayant de reconnaître dans la foule les hommes avec qui ils avaient été en contact. Mais leur rôle principal restait, bien sûr, la pénétration des réseaux FLN encore existants.
Cette opération d'intoxication fut à l'origine d'une campagne de purges dévastatrices dans toutes les wilayas, qui causa plus de pertes à l'ALN et au FLN que les combats eux-mêmes, et provoqua le ralliement de nombreux combattants affolés, en particulier dans la wilaya III dirigée par le colonel Amirouche. Le principe du cloisonnement dans l'ALN et le devoir de réserve des principaux concernés aggravent la situation.
Bleuite
Le terme « Bleuite » désigne une opération de manipulation montée par les services secrets français pendant la guerre d'Algérie, à partir de 1957-1958. Elle consistait à dresser des listes de prétendus collaborateurs de l'armée française et à les faire parvenir jusqu'aux chefs des combattants de l'Armée de libération nationale.(ALN) pour y susciter des purges internes.
Le capitaine Léger chef du GRE et l'auteur du germe de la « bleuite » qui a eu des conséquences ravageuses dans toute la wilaya III.
Mécanisme
Ces listes étaient acheminées par différents biais, notamment :
Envois d'Algériens « retournés »
Diffusions de rumeurs dans les villages
Listes laissées sur le corps de rebelles abattus
Pour comprendre comment le virus de la suspicion (que l'on baptisera plus tard la bleuite) a pu pénétrer la Révolution algérienne, il faut revenir à la bataille d'Alger.
D'anciens membres des réseaux de Yacef Saadi qui avaient décidé de travailler avec les parachutistes français. C'était une idée du capitaine Paul-Alain Léger, parachutiste, agent du SDECE et chef du GRE (Groupe de renseignements et d'exploitation) Il avait proposé au colonel Godard de retourner d'anciens compagnons de Yacef :
Quand un élément du FLN est identifié et arrêté, il est interrogé, torturé, compromis et piégé. On lui offre de changer de camp. Brisé et retourné, il rejoint l'équipe habillée de Bleu de chauffe, d'où le nom de « Bleuite » ou le « complot bleu ». Le rôle de ces « bleus de chauffe » était de dénoncer leurs anciens camarades des réseaux clandestins, mais aussi de tenter de retourner la population en faveur des Français. Ils circulaient ainsi dans la Casbah bavardant avec tous ceux qui voulaient bien leur adresser la parole, essayant de reconnaître dans la foule les hommes avec qui ils avaient été en contact. Mais leur rôle principal restait, bien sûr, la pénétration des réseaux FLN encore existants.
Cette opération d'intoxication fut à l'origine d'une campagne de purges dévastatrices dans toutes les wilayas, qui causa plus de pertes à l'ALN et au FLN que les combats eux-mêmes, et provoqua le ralliement de nombreux combattants affolés, en particulier dans la wilaya III dirigée par le colonel Amirouche. Le principe du cloisonnement dans l'ALN et le devoir de réserve des principaux concernés aggravent la situation.
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Re: Chronologie de la révolution Algérienne
Infiltrations des réseaux FLN de la Zone Autonome d'Alger
Arrestation de Yacef Saadi
En septembre 1957, Houria, une militante du FLN, est dénoncée par son mari qui souhaitait s'en débarasser. Arrêtée, elle accepte de collaborer avec les services du capitaine Léger.
Houria est mise en contact avec un militant capturé, Hacène Ghendriche alias " Zerrouk ", chef de la région 3 de la zone d’Alger, retourné et secrètement passé au GRE du capitaine Léger. " Zerrouk " envoie Houria se cacher chez sa femme, où elle observe un homme toujours accompagné d'une petite fille de 5 ans ; suivi, cet homme guide les Français vers son domicile, n° 4 rue Caton dans la Casbah.
Le 23 septembre, les gendarmes d’Alger arrêtent un homme nommé Djamel qui, interrogé, prétend avoir rencontré le chef de la ZAA Yacef Saadi à la rue Caton. Le recoupement conduit le capitaine Léger à penser que Yacef Saadi loge dans cette rue. Dès le lendemain, la rue est bouclée par les paras du 1er REP sous le commandement du colonel Jean Pierre et les « bleus de chauffe » du capitaine Léger ; l'immeuble est fouillé, et Yacef Saadi y est arrêté en compagnie de Zohra Drif.
Quand les « Bleus » sont obligés d'organiser des attentats dans Alger
L'infiltration des « Bleus » dans les réseaux FLN permet au capitaine Léger de contrôler le
courrier échangé entre Alger et les wilayas. C'est ainsi qu'il apprend qu'une nouvelle équipe de combattants algériens va être désignée afin de remplacer celle qui vient d'être démantelée en automne 1957 et montrer ainsi à ses partisans que la rébellion n'est pas morte.
Le jeu est compliqué, certes, et extrêmement dangereux pour certains de ses hommes qui, se faisant passer pour le FLN, ont le courage, malgré des risques inouïs, d'aller jusqu'en Kabylie pour témoigner de la réalité des contacts et de la « sincérité révolutionnaire » des courriers. Cette manœuvre nécessite non seulement une parfaite connaissance de l'organisation adverse, mais aussi une grande expérience de la psychologie de ses responsables. Un des agents du GRE jouera le rôle de chef du réseau terroriste et, à ce titre, recevra pour ses hommes les armes et les explosifs destinés aux actions à venir.
Le lieutenant Kamel, responsable de la zone 1 de la wilaya III (Kabylie ouest) prend contact avec Safi et Hani, qui restent la seule autorité FLN à Alger ayant échappé à l'anéantissement des réseaux - et pour cause! - puisque, retournés par le capitaine Léger, ils obéissent aux instructions que les Français leur donnent.
Amirouche l'informe donc qu'il veut lui envoyer un lot d'armes d'origine tchèque pour préparer de attentas qui devraient êtres perpètres au moment des fêtes de Noël. Le 12 novembre, Kamel signe à Hani un ordre de mission l'habilitant, au nom de la wilaya III, à représenter le FLN et l'ALN au sein de la zone autonome d'Alger. Dans la réalité, par ce document, le capitaine Léger devenait le véritable patron du FLN à Alger. La manipulation devient chaque jour de plus en plus délicate. Léger récupère dans un premier temps la petite cargaison d'armes composée de 10 pistolets mitrailleurs tchèques, de 20 pistolets automatiques et d'un lot de grenades. Le 10 décembre 1957, Hani monte au maquis afin d'assister en personne au conseil de la wilaya 3 présidé par Amirouche. De retour à Alger, il rend aussitôt compte de sa mission au capitaine Léger.
Les évènements se précipitent chaque jour un peu plus. Les chefs de la wilaya 3 s'impatientent. Ils ne comprennent pas l'inaction d'Alger. Les messages envoyés à la ZAA sont de plus en plus impératifs, il faut que les bombes explosent, que des attentats aient lieu. Kamel écrit « Les Algérois veulent entendre les explosions de vos grenades qui sont pour eux le signe incontestable que le cœur de la capitale bat encore. »
L'état-major de guerre a communiqué l'ordre suivant : « À Alger, ordonnons recrudescences des attentats avant l'ONU. C'est formel. Vous commencerez avant le 30. »
Léger essaye toujours de temporiser. En attendant, il expédie en retour une lettre qu'il veut pleine d'anxiété : « Le maquis ne se rend pas compte des énormes difficultés auxquelles l'organisation doit faire face à Alger. L'enthousiasme des débuts n'existe plus. Le danger d'infiltration par les « Bleus » est trop important pour être négligé! Les enquêtes demandent beaucoup de temps pour déterminer la bonne foi des militants trop souvent apeurés. »
Hani est nouveau convoqué fin décembre 1957 au PC de la wilaya 3. Kamel lui ordonne de passer à l'action et lui annonce qu'il va bientôt pouvoir disposer d'une cargaison de bombes particulièrement meurtrières, confectionnées avec des corps d'obus de mortiers de 60 mm et de 81 mm, et que celles-ci l'attendent à Tizi-Ouzou.
Le renseignement est très intéressant : le capitaine Léger lance un commando sur Tizi-Ouzou. Les hommes récupèrent rapidement les bombes préparées et font prisonniers le lieutenant Houcine, responsable politique de la zone 1, et le lieutenant Sabri, officier de renseignements.
Léger redoute que la wilaya 3 ne mette sur pied à Alger une organisation parallèle qui lui échapperait. Dans tel cas, tout serait à refaire. Mieux vaut donc organiser quelques attentats mineurs plutôt que de revenir aux jours dramatiques où des bombes explosaient au milieu de la foule. Il sait bien que la presse va sauter sur l'évènement et en fera ses gros titres et assurera une propagande efficace qui comblera d'aise les hommes de la wilaya III.
Le 1er janvier 1958, comme pour montrer la précarité de la situation, une grenade explose au début de la soirée dans l'escalier du 21 rue Émile-Maupas. Cet attentat rappelle les Algérois à la réalité. Dans la Casbah, le téléphone arabe colporte la nouvelle à la vitesse de l'éclair. « Les frères sont revenus et ont attaqué la base des « Bleus ». Tout le monde ignore que le lanceur de grenade n'est autre que le capitaine Léger. Celui-ci, en accord avec le colonel Godard, organise quelques actions ponctuelles destinées à faire du bruit sans qu'il y ait de victimes. Godard avait donné ce conseil à son adjoint, avant de le quitter : « Tâchez de ne pas faire trop de dégâts. N'y allez pas plus fort que les « fels » eux-mêmes! »
Le supplice de l'« hélicoptère »
Hacène Mahyouze avait trouvé le plein emploi des belles qualités qu'il avait cultivées pendant la Seconde Guerre mondiale, avait mis en route un terrible engrenage dans la wilaya III : les tortures en chaine avaient donné des résultats inespérés. Avec son adjoint Ajaoud Rachid, assistés d'un groupe de montagnards persuadés de purifier la révolution, ils faisaient régner dans chaque zone une atmosphère de suspicion oppressante. Dés août 1958, Mahyouze avait établi un épais dossier bourré de « preuves » contre une cinquantaine de cadres qui avaient tous avoués leurs rapports avec les services spécieux français. Chacun, quel que fût son grade, avait été interrogé par Mahyouze qui leur avait appliqué le supplice de l'« hélicoptère » : l'homme nu avait les pieds et les main liés et réunis par une corde que l'on accrochait à une branche. Le corps en arc de cercle était ensuite hissé à cinquante centimètres du sol, puis chargé de quarante ou cinquante kilos de pierres. Mahyouze plaçait ensuite sous le corps oscillant un Kanoun, une sorte de barbecue sur lequel un djoundi (soldat) versait de l'eau froide. L'homme, les muscles brisés, les os craquants, respirait cette vapeur brûlante qui attaquait soit le visage et les poumons, soit le bas-ventre. Personne n'y résistait. « Avec qui travaillais-tu ? » répétait sans cesse Mahyouze. Et l'homme donnait les noms de ses plus proches compagnons. La terreur était telle que personne n'avait plus confiance en son voisin. Il suffisait que le nom du maquisard soit prononcé par deux ou trois hommes « interrogés » pour qu'il soit lui-même inculpé et interrogé à son tour. Six suspects sur dix succombent au cours des interrogations. Il y eut des centaines, sinon des milliers de victimes pour la plupart innocentes des faits qui leurs étaient reprochés.
Bilan des pertes imputées à la « bleuite »
Pour la wilaya III (Kabylie)
Pour l'ensemble de l'année 1958, les estimations concernant le nombre des liquidations varient entre 2 000 et 6 000 - chiffre donné par Mohamed Benyahia et statistiquement impossible. Amirouche emporta avec lui en mars 1959 un décompte partiel qui faisait état, sur 542 personnes jugées, de 54 libérés, 152 condamnés à mort et 336 décédés au cours des interrogations, dont 30 officiers, soit 488 décès. Le document était vraisemblablement destiné à minimiser l'ampleur des purges auprès du GPRA. Selon Yves Courrière : « les exécutions ne cessèrent que quelques jours avant l'opération « Jumelles ». » En 1959 ! Hacène Mahyouze avait fourni à Amirouche plus de 3 000 condamnations à mort ! 3 000 jeunes gens dont presque tous avaient au moins leur certificat d'études. » Les Français ont donné le chiffre de 1 200 mais ils ont aussi fourni celui de 2 000 ou de 4 000 ! Selon les évaluations, la saignée représenta donc de 6 % à 25 % de l'effectif de la wilaya III.
Parmi les victimes de la purge dans la wilaya III, plusieurs dizaines d'officiers haut gradés, des ex-médecins-chef, des pharmaciens, des ex-étudiants et aspirants sanitaires, des cadres de l'UGTA, des lycéens du collège de Ben Aknoun, plusieurs bacheliers, des techniciens radio, un jeune metteur en scène de 27 ans et une équipe de scénaristes. D'après la déclaration d'un lieutenant politique, A.K. « rallié » près de Bougaa (ex-Lafayette) le 6 avril 1958 pour échapper à la mort, à cette date « le massacre d'intellectuels dur[ait] depuis seize mois ». Pourtant, revenu en juillet 1957 en Kabylie après une absence à l'étranger de six mois, Amirouche aurait bien constaté une dégradation, concomitante de l'arrivée massive des jeunes gens instruits venus au maquis après la grève des étudiants décrétée fin mai 1956, des citadins débarqués d'Alger après la grève de huit jours pendant la bataille d'Alger, et d'anciens MTLD reconvertis MNA, mais sa confiance dans les lettrés n'aurait pas été entamée : pendant le premier trimestre 1958, il avait procédé à une révision des cadres de sa wilaya qui aurait promu des jeunes gens instruits et compétents. Et au printemps 1958, encore, il serait entouré d'un brain-trust d'intellectuels dont il demandait l'avis et auxquels il promettait qu'ils seraient dans l'Algérie future. Il s'ensuivit un mécontentement chez les illettrés qui rongèrent leur frein. Amirouche lui-même en aurait conçu du regret et de la jalousie qui s'accusèrent avec la montée des soupçons suscités par les intoxications manigancées par le capitaine Léger.
Le Deuxième Bureau français constatait : « Il est matériellement impossible à l'adversaire de remplacer toutes ces pertes par du personnel de même valeur. Sans tenir compte du facteur moral, la baisse du potentiel en valeur intrinsèque des cadres de l'Organisation politico-administrative est certaine. »
Amirouche lui-même aurait déclaré que 20 % des exécutés étaient innocents, mais il se serait défendu en ces termes :
« En tuant les deux tiers des Algériens, ce serait un beau résultat si l'on savait que l'autre tiers vivrait libre »
Pour les autres wilayas
- Wilaya I : 2 000 morts
- Wilaya II : 500 morts
- Wilaya IV : 1 500 morts
- Wilaya V : 500 morts
- Wilaya VI : 4 000 morts
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Arrestation de Yacef Saadi
En septembre 1957, Houria, une militante du FLN, est dénoncée par son mari qui souhaitait s'en débarasser. Arrêtée, elle accepte de collaborer avec les services du capitaine Léger.
Houria est mise en contact avec un militant capturé, Hacène Ghendriche alias " Zerrouk ", chef de la région 3 de la zone d’Alger, retourné et secrètement passé au GRE du capitaine Léger. " Zerrouk " envoie Houria se cacher chez sa femme, où elle observe un homme toujours accompagné d'une petite fille de 5 ans ; suivi, cet homme guide les Français vers son domicile, n° 4 rue Caton dans la Casbah.
Le 23 septembre, les gendarmes d’Alger arrêtent un homme nommé Djamel qui, interrogé, prétend avoir rencontré le chef de la ZAA Yacef Saadi à la rue Caton. Le recoupement conduit le capitaine Léger à penser que Yacef Saadi loge dans cette rue. Dès le lendemain, la rue est bouclée par les paras du 1er REP sous le commandement du colonel Jean Pierre et les « bleus de chauffe » du capitaine Léger ; l'immeuble est fouillé, et Yacef Saadi y est arrêté en compagnie de Zohra Drif.
Quand les « Bleus » sont obligés d'organiser des attentats dans Alger
L'infiltration des « Bleus » dans les réseaux FLN permet au capitaine Léger de contrôler le
courrier échangé entre Alger et les wilayas. C'est ainsi qu'il apprend qu'une nouvelle équipe de combattants algériens va être désignée afin de remplacer celle qui vient d'être démantelée en automne 1957 et montrer ainsi à ses partisans que la rébellion n'est pas morte.
Le jeu est compliqué, certes, et extrêmement dangereux pour certains de ses hommes qui, se faisant passer pour le FLN, ont le courage, malgré des risques inouïs, d'aller jusqu'en Kabylie pour témoigner de la réalité des contacts et de la « sincérité révolutionnaire » des courriers. Cette manœuvre nécessite non seulement une parfaite connaissance de l'organisation adverse, mais aussi une grande expérience de la psychologie de ses responsables. Un des agents du GRE jouera le rôle de chef du réseau terroriste et, à ce titre, recevra pour ses hommes les armes et les explosifs destinés aux actions à venir.
Le lieutenant Kamel, responsable de la zone 1 de la wilaya III (Kabylie ouest) prend contact avec Safi et Hani, qui restent la seule autorité FLN à Alger ayant échappé à l'anéantissement des réseaux - et pour cause! - puisque, retournés par le capitaine Léger, ils obéissent aux instructions que les Français leur donnent.
Amirouche l'informe donc qu'il veut lui envoyer un lot d'armes d'origine tchèque pour préparer de attentas qui devraient êtres perpètres au moment des fêtes de Noël. Le 12 novembre, Kamel signe à Hani un ordre de mission l'habilitant, au nom de la wilaya III, à représenter le FLN et l'ALN au sein de la zone autonome d'Alger. Dans la réalité, par ce document, le capitaine Léger devenait le véritable patron du FLN à Alger. La manipulation devient chaque jour de plus en plus délicate. Léger récupère dans un premier temps la petite cargaison d'armes composée de 10 pistolets mitrailleurs tchèques, de 20 pistolets automatiques et d'un lot de grenades. Le 10 décembre 1957, Hani monte au maquis afin d'assister en personne au conseil de la wilaya 3 présidé par Amirouche. De retour à Alger, il rend aussitôt compte de sa mission au capitaine Léger.
Les évènements se précipitent chaque jour un peu plus. Les chefs de la wilaya 3 s'impatientent. Ils ne comprennent pas l'inaction d'Alger. Les messages envoyés à la ZAA sont de plus en plus impératifs, il faut que les bombes explosent, que des attentats aient lieu. Kamel écrit « Les Algérois veulent entendre les explosions de vos grenades qui sont pour eux le signe incontestable que le cœur de la capitale bat encore. »
L'état-major de guerre a communiqué l'ordre suivant : « À Alger, ordonnons recrudescences des attentats avant l'ONU. C'est formel. Vous commencerez avant le 30. »
Léger essaye toujours de temporiser. En attendant, il expédie en retour une lettre qu'il veut pleine d'anxiété : « Le maquis ne se rend pas compte des énormes difficultés auxquelles l'organisation doit faire face à Alger. L'enthousiasme des débuts n'existe plus. Le danger d'infiltration par les « Bleus » est trop important pour être négligé! Les enquêtes demandent beaucoup de temps pour déterminer la bonne foi des militants trop souvent apeurés. »
Hani est nouveau convoqué fin décembre 1957 au PC de la wilaya 3. Kamel lui ordonne de passer à l'action et lui annonce qu'il va bientôt pouvoir disposer d'une cargaison de bombes particulièrement meurtrières, confectionnées avec des corps d'obus de mortiers de 60 mm et de 81 mm, et que celles-ci l'attendent à Tizi-Ouzou.
Le renseignement est très intéressant : le capitaine Léger lance un commando sur Tizi-Ouzou. Les hommes récupèrent rapidement les bombes préparées et font prisonniers le lieutenant Houcine, responsable politique de la zone 1, et le lieutenant Sabri, officier de renseignements.
Léger redoute que la wilaya 3 ne mette sur pied à Alger une organisation parallèle qui lui échapperait. Dans tel cas, tout serait à refaire. Mieux vaut donc organiser quelques attentats mineurs plutôt que de revenir aux jours dramatiques où des bombes explosaient au milieu de la foule. Il sait bien que la presse va sauter sur l'évènement et en fera ses gros titres et assurera une propagande efficace qui comblera d'aise les hommes de la wilaya III.
Le 1er janvier 1958, comme pour montrer la précarité de la situation, une grenade explose au début de la soirée dans l'escalier du 21 rue Émile-Maupas. Cet attentat rappelle les Algérois à la réalité. Dans la Casbah, le téléphone arabe colporte la nouvelle à la vitesse de l'éclair. « Les frères sont revenus et ont attaqué la base des « Bleus ». Tout le monde ignore que le lanceur de grenade n'est autre que le capitaine Léger. Celui-ci, en accord avec le colonel Godard, organise quelques actions ponctuelles destinées à faire du bruit sans qu'il y ait de victimes. Godard avait donné ce conseil à son adjoint, avant de le quitter : « Tâchez de ne pas faire trop de dégâts. N'y allez pas plus fort que les « fels » eux-mêmes! »
Le supplice de l'« hélicoptère »
Hacène Mahyouze avait trouvé le plein emploi des belles qualités qu'il avait cultivées pendant la Seconde Guerre mondiale, avait mis en route un terrible engrenage dans la wilaya III : les tortures en chaine avaient donné des résultats inespérés. Avec son adjoint Ajaoud Rachid, assistés d'un groupe de montagnards persuadés de purifier la révolution, ils faisaient régner dans chaque zone une atmosphère de suspicion oppressante. Dés août 1958, Mahyouze avait établi un épais dossier bourré de « preuves » contre une cinquantaine de cadres qui avaient tous avoués leurs rapports avec les services spécieux français. Chacun, quel que fût son grade, avait été interrogé par Mahyouze qui leur avait appliqué le supplice de l'« hélicoptère » : l'homme nu avait les pieds et les main liés et réunis par une corde que l'on accrochait à une branche. Le corps en arc de cercle était ensuite hissé à cinquante centimètres du sol, puis chargé de quarante ou cinquante kilos de pierres. Mahyouze plaçait ensuite sous le corps oscillant un Kanoun, une sorte de barbecue sur lequel un djoundi (soldat) versait de l'eau froide. L'homme, les muscles brisés, les os craquants, respirait cette vapeur brûlante qui attaquait soit le visage et les poumons, soit le bas-ventre. Personne n'y résistait. « Avec qui travaillais-tu ? » répétait sans cesse Mahyouze. Et l'homme donnait les noms de ses plus proches compagnons. La terreur était telle que personne n'avait plus confiance en son voisin. Il suffisait que le nom du maquisard soit prononcé par deux ou trois hommes « interrogés » pour qu'il soit lui-même inculpé et interrogé à son tour. Six suspects sur dix succombent au cours des interrogations. Il y eut des centaines, sinon des milliers de victimes pour la plupart innocentes des faits qui leurs étaient reprochés.
Bilan des pertes imputées à la « bleuite »
Pour la wilaya III (Kabylie)
Pour l'ensemble de l'année 1958, les estimations concernant le nombre des liquidations varient entre 2 000 et 6 000 - chiffre donné par Mohamed Benyahia et statistiquement impossible. Amirouche emporta avec lui en mars 1959 un décompte partiel qui faisait état, sur 542 personnes jugées, de 54 libérés, 152 condamnés à mort et 336 décédés au cours des interrogations, dont 30 officiers, soit 488 décès. Le document était vraisemblablement destiné à minimiser l'ampleur des purges auprès du GPRA. Selon Yves Courrière : « les exécutions ne cessèrent que quelques jours avant l'opération « Jumelles ». » En 1959 ! Hacène Mahyouze avait fourni à Amirouche plus de 3 000 condamnations à mort ! 3 000 jeunes gens dont presque tous avaient au moins leur certificat d'études. » Les Français ont donné le chiffre de 1 200 mais ils ont aussi fourni celui de 2 000 ou de 4 000 ! Selon les évaluations, la saignée représenta donc de 6 % à 25 % de l'effectif de la wilaya III.
Parmi les victimes de la purge dans la wilaya III, plusieurs dizaines d'officiers haut gradés, des ex-médecins-chef, des pharmaciens, des ex-étudiants et aspirants sanitaires, des cadres de l'UGTA, des lycéens du collège de Ben Aknoun, plusieurs bacheliers, des techniciens radio, un jeune metteur en scène de 27 ans et une équipe de scénaristes. D'après la déclaration d'un lieutenant politique, A.K. « rallié » près de Bougaa (ex-Lafayette) le 6 avril 1958 pour échapper à la mort, à cette date « le massacre d'intellectuels dur[ait] depuis seize mois ». Pourtant, revenu en juillet 1957 en Kabylie après une absence à l'étranger de six mois, Amirouche aurait bien constaté une dégradation, concomitante de l'arrivée massive des jeunes gens instruits venus au maquis après la grève des étudiants décrétée fin mai 1956, des citadins débarqués d'Alger après la grève de huit jours pendant la bataille d'Alger, et d'anciens MTLD reconvertis MNA, mais sa confiance dans les lettrés n'aurait pas été entamée : pendant le premier trimestre 1958, il avait procédé à une révision des cadres de sa wilaya qui aurait promu des jeunes gens instruits et compétents. Et au printemps 1958, encore, il serait entouré d'un brain-trust d'intellectuels dont il demandait l'avis et auxquels il promettait qu'ils seraient dans l'Algérie future. Il s'ensuivit un mécontentement chez les illettrés qui rongèrent leur frein. Amirouche lui-même en aurait conçu du regret et de la jalousie qui s'accusèrent avec la montée des soupçons suscités par les intoxications manigancées par le capitaine Léger.
Le Deuxième Bureau français constatait : « Il est matériellement impossible à l'adversaire de remplacer toutes ces pertes par du personnel de même valeur. Sans tenir compte du facteur moral, la baisse du potentiel en valeur intrinsèque des cadres de l'Organisation politico-administrative est certaine. »
Amirouche lui-même aurait déclaré que 20 % des exécutés étaient innocents, mais il se serait défendu en ces termes :
« En tuant les deux tiers des Algériens, ce serait un beau résultat si l'on savait que l'autre tiers vivrait libre »
Pour les autres wilayas
- Wilaya I : 2 000 morts
- Wilaya II : 500 morts
- Wilaya IV : 1 500 morts
- Wilaya V : 500 morts
- Wilaya VI : 4 000 morts
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Re: Chronologie de la révolution Algérienne
L’insertion internationale du FLN algérien, 1954-1962 (1982)
Fort de quelques centaines de combattants le 1er novembre 1954, le FLN algérien est devenu en un peu moins de huit ans un État, membre à part entière de la communauté internationale. Succès remarquable, qui a inspiré nombre d’autres mouvements de libération nationale, mais est resté inégalé. Pour en comprendre les raisons, il convient d’examiner quels moyens s’est donnée l’action extérieure du FLN et quels objectifs elle a visés.
Tirant la leçon d’un siècle et quart de résistances et de révoltes condamnées par leur isolement, le FLN a d’emblée attaché une égale importance à l’organisation de l’insurrection et à la recherche d’aides extérieures : « le Front de Libération Nationale aura deux tâches essentielles à mener de front et simultanément : une action intérieure tant sur le plan politique que sur le plan de l’action propre et une action extérieure en vue de faire du problème algérien une réalité pour le monde entier avec l’appui de tous nos alliés naturels », annonçait la Proclamation du 1er novembre 1954 .
C’est pourquoi les neuf « chefs historiques » du Front se répartirent en deux groupes d’importance égale : « l’intérieur », partagé en cinq zones commandées par Ben Boulaïd, Didouche, Krim, Bitat, Ben M’Hidi, et « l’extérieur » représenté par les trois anciens délégués du MTLD au Caire, Khider, Aït-Ahmed et Ben Bella, auxquels vint se joindre Boudiaf, chargé par « l’intérieur » de coordonner l’ensemble.
Très tôt, et jusqu’à la fin de la guerre, les combattants de l’intérieur ont remis en cause l’égalité de statut de l’extérieur qui ne leur semblait pas justifiée par des résultats tangibles, en armes et en munitions. Les émissaires qu’ils y envoyaient pour exposer leurs doléances y restaient le plus souvent, sans pouvoir leur remédier durablement. En août 1956, le Congrès de la Soummam, représentant la majorité des six « wilayas » de l’intérieur, brisa la direction collégiale des neuf chefs historiques en proclamant le principe de la « primauté de l’intérieur sur l’extérieur ». Il se constitua en Conseil national de la Révolution algérienne (CNRA) pour désigner un Comité de Coordination et d’Exécution (CCE) de cinq membres siégeant à Alger : Abane, Ben M’Hidi, Krim, Ben Khedda et Saad Dahlab. Minoritaires dans le CNRA, les chefs de la « délégation extérieure » étaient réduits à un rôle de représentation.
Mais, à partir de 1957, la fuite vers l’extérieur du CCE lui-même entraîna le renversement des principes de la Soummam : le CNRA, réuni au Caire, en août 1957, proclama l’égalité de l’intérieur et de l’extérieur. En fait, l’installation à l’extérieur de la direction politique et militaire de l’insurrection entraîna une subordination de l’intérieur que celui-ci supporta de plus en plus mal. L’aggravation de son isolement par les barrages électrifiés et minés de l’armée française y fit grandir, de 1958 à 1960, le ressentiment des combattants contre les « planqués » de l’extérieur, habilement entretenu par la propagande adverse visant les « rebelles de palaces ».
Pourtant, l’extérieur fut toujours plus qu’un simple appareil diplomatique : l’action extérieure ne fut jamais l’apanage d’un corps de spécialistes. Les premiers chefs de la « délégation » du FLN au Caire étaient des « révolutionnaires », militants complets formés à la clandestinité dans le PPA-MTLD ou dans son « Organisation spéciale » (OS) paramilitaire. Ils parcouraient le monde à la recherche de toutes les formes d’aides (armes, argent, propagande, appui diplomatique). L’arrivée au Caire d’éléments plus « politiques », issus de la tendance « centraliste » du MTLD ou de l’UDMA de Ferhat Abbas, ne semble pas avoir mis fin à cette polyvalence .
En octobre 1956, la délégation extérieure possédait huit bureaux au Caire, à Damas, Tunis, Beyrouth, Bagdad, Karachi, Djakarta et New-York, d’où partaient des délégations itinérantes, grâce aux fonds et aux faux papiers fournis par les États arabes .
Fort de quelques centaines de combattants le 1er novembre 1954, le FLN algérien est devenu en un peu moins de huit ans un État, membre à part entière de la communauté internationale. Succès remarquable, qui a inspiré nombre d’autres mouvements de libération nationale, mais est resté inégalé. Pour en comprendre les raisons, il convient d’examiner quels moyens s’est donnée l’action extérieure du FLN et quels objectifs elle a visés.
Tirant la leçon d’un siècle et quart de résistances et de révoltes condamnées par leur isolement, le FLN a d’emblée attaché une égale importance à l’organisation de l’insurrection et à la recherche d’aides extérieures : « le Front de Libération Nationale aura deux tâches essentielles à mener de front et simultanément : une action intérieure tant sur le plan politique que sur le plan de l’action propre et une action extérieure en vue de faire du problème algérien une réalité pour le monde entier avec l’appui de tous nos alliés naturels », annonçait la Proclamation du 1er novembre 1954 .
C’est pourquoi les neuf « chefs historiques » du Front se répartirent en deux groupes d’importance égale : « l’intérieur », partagé en cinq zones commandées par Ben Boulaïd, Didouche, Krim, Bitat, Ben M’Hidi, et « l’extérieur » représenté par les trois anciens délégués du MTLD au Caire, Khider, Aït-Ahmed et Ben Bella, auxquels vint se joindre Boudiaf, chargé par « l’intérieur » de coordonner l’ensemble.
Très tôt, et jusqu’à la fin de la guerre, les combattants de l’intérieur ont remis en cause l’égalité de statut de l’extérieur qui ne leur semblait pas justifiée par des résultats tangibles, en armes et en munitions. Les émissaires qu’ils y envoyaient pour exposer leurs doléances y restaient le plus souvent, sans pouvoir leur remédier durablement. En août 1956, le Congrès de la Soummam, représentant la majorité des six « wilayas » de l’intérieur, brisa la direction collégiale des neuf chefs historiques en proclamant le principe de la « primauté de l’intérieur sur l’extérieur ». Il se constitua en Conseil national de la Révolution algérienne (CNRA) pour désigner un Comité de Coordination et d’Exécution (CCE) de cinq membres siégeant à Alger : Abane, Ben M’Hidi, Krim, Ben Khedda et Saad Dahlab. Minoritaires dans le CNRA, les chefs de la « délégation extérieure » étaient réduits à un rôle de représentation.
Mais, à partir de 1957, la fuite vers l’extérieur du CCE lui-même entraîna le renversement des principes de la Soummam : le CNRA, réuni au Caire, en août 1957, proclama l’égalité de l’intérieur et de l’extérieur. En fait, l’installation à l’extérieur de la direction politique et militaire de l’insurrection entraîna une subordination de l’intérieur que celui-ci supporta de plus en plus mal. L’aggravation de son isolement par les barrages électrifiés et minés de l’armée française y fit grandir, de 1958 à 1960, le ressentiment des combattants contre les « planqués » de l’extérieur, habilement entretenu par la propagande adverse visant les « rebelles de palaces ».
Pourtant, l’extérieur fut toujours plus qu’un simple appareil diplomatique : l’action extérieure ne fut jamais l’apanage d’un corps de spécialistes. Les premiers chefs de la « délégation » du FLN au Caire étaient des « révolutionnaires », militants complets formés à la clandestinité dans le PPA-MTLD ou dans son « Organisation spéciale » (OS) paramilitaire. Ils parcouraient le monde à la recherche de toutes les formes d’aides (armes, argent, propagande, appui diplomatique). L’arrivée au Caire d’éléments plus « politiques », issus de la tendance « centraliste » du MTLD ou de l’UDMA de Ferhat Abbas, ne semble pas avoir mis fin à cette polyvalence .
En octobre 1956, la délégation extérieure possédait huit bureaux au Caire, à Damas, Tunis, Beyrouth, Bagdad, Karachi, Djakarta et New-York, d’où partaient des délégations itinérantes, grâce aux fonds et aux faux papiers fournis par les États arabes .
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