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Géopolitique de la russie

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Sphinx
Syfou
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Personne à contacter Géopolitique de la russie

Message par Syfou Mer 31 Mar - 17:02

La mer Caspienne se trouve à la croisée de l’Orient et de l’Occident. C’est par elle que différents peuples guerriers riverains effectuaient dès l’antiquité de nombreuses campagnes pour parvenir dans les pays caspiens de la soie et dans les déserts et oasis transcaspiens. Les multiples expéditions scientifiques explorèrent les richesses poissonneuses de la mer et des sous-sols, dont notamment le pétrole des bandes côtières maritimes. En plus de leur importance matérielle, les « feux » du naphte s’associèrent historiquement à la spiritualité religieuse du Zoroastrisme, ancienne religion des peuples caspiens, en particulier des Perses. Le pétrole deviendra finalement la source principale de convoitise de la mer et des territoires adjacents.

Nous nous intéresserons principalement aux quatre pays riverains de la Caspienne. Dans cette étude, nous focaliserons notre attention sur les plus importants événements historiques et politiques qui ont eu lieu dans la région et qui sont relatifs à l’histoire de la Russie, de sa première apparition sur les eaux de cette mer jusqu’à nos jours.

Pendant plusieurs millénaires, de nombreuses civilisations se formèrent autour de la Caspienne. Seulement deux d’entre elles ont subsisté jusqu’à nos jours : la russe et l’iranienne. D’ailleurs, cette dernière est la seule qui, dès l’antiquité, fut continuellement liée à l’histoire de la Caspienne et de la région. Jusqu’à la moitié du 16e siècle, cette mer était persano-turanienne. Après la prise d’Astrakhan (1556), les Russes s’interposèrent entre ces deux mondes.

Or, les premiers contacts des anciens Russes (Rous) avec les peuples habitants les bords de la Caspienne, notamment le territoire de l’actuel Azerbaïdjan, remontent au Moyen Âge. Les marchands russes leur rendirent souvent visite dès le 9e siècle. Grâce à la situation géographique de la région située au carrefour des voies des caravanes, ces visites sont vite devenues régulières et se sont développées sans interruption durant les siècles suivants, excepté pendant la période de la domination tatare en Russie (13e - 15e siècles). Au 15e siècle, on voit apparaître les premiers contacts diplomatiques entre la Moscovie et le Chirvan.

Avant Pierre le Grand, les relations entre les pays caspiens et la Russie avaient un caractère essentiellement économiques, hormis au 10e siècle quand eurent lieu plusieurs campagnes militaires. Sous le règne du premier empereur russe, la Russie effectua une véritable percée en direction de la Caspienne. C’est ainsi que les empires persan et russe devinrent voisins pour deux siècles et demi. La campagne persane de Pierre le Grand (1722-1723) fut couronnée par la reconquête d’une partie de la Caspienne persane. Néanmoins, un projet d’occupation de ces régions existait bien avant . L’avancée russe fut préparée par une longue période expansionniste vers le Caucase durant le 16e et le début du 17e siècles. Ainsi, à partir du 18e siècle, la dimension militaire apparut dans les relations russo-caspiennes. Mais la Perse ne fut pas évincée d’un coup de l’extrémité sud de la Caspienne.

Le 19e siècle commença par l’imposition de la présence de la Russie sur la mer et sur son littoral occidental et se termina par l’annexion de la côte orientale en laissant à la Perse une petite portion au sud. Bien que les parts occupées fussent inégales, la Caspienne se transforma en une mer russo-persane. C’est également au 19e siècle que le pétrole de l’Apchéron devint un enjeu important qui marquera toute la période ultérieure jusqu’à nos jours. Enfin, c’est à cette époque que furent paraphés les premiers traités concernant la Caspienne et le destin de la région qui sera désormais liée à l’Empire et au peuple russes.

Cependant, la Russie et la Perse ne furent pas les seules puissances présentes dans la région. Ancrée en Inde, l’Angleterre tentait à la fois de stopper l’expansion russe et de se fixer dans la partie sud du bassin caspien. Une autre puissance, l’Empire ottoman, essaya vainement de s’approcher de la Caspienne. La Première Guerre mondiale, les révolutions russes, la Guerre civile et l’intervention étrangère des deux premières décennies du 20e siècle rendirent extrêmement compliquée la situation politique sur les deux rives de la Caspienne. La Russie soviétique nouvellement constituée réussit à défendre toute la région caspienne russe et à faire entrer les républiques riveraines dans le cadre de l’Union soviétique.

C’est Lénine qui abolit le régime de la mer, établi entre l’Empire russe et la Perse depuis un siècle. L’Union soviétique a succédé à la Russie tsariste, tandis que la Perse est devenue une monarchie constitutionnelle. Ainsi la mer resta toujours sous la co-souveraineté absolue des deux États sans toutefois être partagée entre eux.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, le pétrole de la Caspienne et l’artère de transport stratégique Volga-Caspienne jouèrent un rôle décisif dans le grand tournant de la « Grande Guerre patriotique » et dans la défaite des Allemands.

Dès 1991, la région caspienne a connu des bouleversements considérables. À l’issue de la dissolution de l’URSS, le nombre d’États riverains est passé de deux à cinq : la Russie, l’Iran, le Kazakhstan, l’Azerbaïdjan et le Turkménistan. Aucune région de l’ex-espace soviétique ne fut autant convoitée que la région caspienne. De même, aucun plan d’eau ne suscita tant de questions et ne révéla tant de problèmes que la Caspienne.

Bien avant le démembrement de l’URSS, la Caspienne avait de nombreux problèmes de type politique, économique, écologique, hydrologique et autres. À l’époque post-soviétique, tous ces problèmes se sont accrus : négocier à deux était une tâche beaucoup plus facile que négocier à cinq. Avec des actions souvent unilatérales, chaque État tente de tirer à lui le profit. En l’absence d’une réelle coopération et d’une intégration régionales, chacun d’entre eux déclarait ses droits sans tenir compte de ceux de ses voisins.

L’enjeu principal de la Caspienne consiste dans ses réserves considérables de ressources énergétiques. La région est « en passe de devenir une nouvelle super-puissance pétrolière et gazière » . Compte tenu de l’importance primordiale des hydrocarbures à l’échelle planétaire, sur le plan aussi bien économique que stratégique, la mainmise sur les richesses énergétiques caspiennes, de leur extraction à leur commercialisation, provoque une lutte géopolitique sans merci. La rivalité se déroule entre le triangle classique : producteurs, consommateurs et transitaires des hydrocarbures. Pour la Russie, l’enjeu stratégique de la Caspienne autour de laquelle s’est réalisée l’expansion territoriale séculaire de l’Empire russe est toujours important. Sur le terrain elle s’est d’emblée heurtée aux États-Unis et à l’Europe occidentale, à l’Iran et à la Turquie et essaye de reconfigurer sa conduite par rapport à cette région dans les nouvelles circonstances géopolitiques.

Du point de vue juridique, la pratique conventionnelle, exclusivement bilatérale, de ces trois derniers siècles, n’a guère traité les eaux de la mer fermée comme des eaux internationales. La Russie et l’Iran n’ont jamais procédé à une délimitation complète de la Caspienne, aussi bien de sa surface aquatique que de ses sous-sols. Les lacunes et les non dits juridiques se sont fait sentir après le démembrement de l’Union soviétique avec un nombre de pays riverains augmenté. Dès lors, la Caspienne s’est trouvée au centre des rivalités des puissances.

Les nouveaux États indépendants se sont mis à prospecter les fonds marins dans le but de découvrir de nouveaux gisements d’hydrocarbures susceptibles de réanimer leurs économies nationales en pleine crise. Quant aux deux anciens maîtres, ils ont été progressivement évincés vers les flancs sud (l’Iran) et nord-ouest (la Russie) de la mer. Le retrait de la Russie se fait toujours sentir dans les trois États issus de l’Union soviétique. Il a eu et a un impact, directement ou indirectement, sur les politiques aussi bien intérieures qu’extérieures de ces pays.

Enfin, le destin des populations russes coincées involontairement dans les trois nouveaux pays riverains (le Kazakhstan, l’Azerbaïdjan, le Turkménistan) constitue un autre facteur d’importance nationale pour la Russie. À la veille de la dissolution de l’URSS, le Kazakhstan abritait la deuxième plus grande diaspora russe au monde (environ 6 millions de personnes) après celle de l’Ukraine. La dérive autoritaire et la pérennité des régimes sont liées, entre autres, au poids des communautés russes sur place. Dans le même sens, la Russie a été évincée des pays caspiens où le pourcentage de Russes était moins important.

Les populations russes se retrouvent face à des choix difficiles entre adaptation et intégration aux sociétés nationales locales et émigration. L’existence de ces communautés et leur comportement se répercutent, d’une part, sur le niveau des relations bilatérales entre la Russie et les trois anciennes républiques soviétiques, de l’autre, sur les politiques intérieures des pays respectifs, en devenant ainsi un facteur géopolitique.
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Personne à contacter Re: Géopolitique de la russie

Message par Syfou Mer 31 Mar - 17:06

« Les attentats de Moscou sont l’œuvre des services spéciaux américains et britanniques », selon Vladimir Jirinovski

« Ces deux attentats dans le métro de Moscou s’inscrivent directement dans un plan contre la Russie, élaboré à Londres par les services spéciaux britanniques et étasuniens », a indiqué Vladimir Jirinovski, président du Parti libéral-démocrate de Russie et ancien membre du Comité de sécurité de l’État (KGB), lors d’un entretien auprès de l’agence de presse RusNovosti.


« Les commanditaires de ces attentats, même si les exécutants sont vraisemblablement des terroristes islamistes, sont les ennemis géopolitique de la Russie », a dit M. Jirinovski aux journalistes.

« Ces attaques font partie d’une campagne globale qui vise a déstabiliser notre pays, dont l’objectif final consiste, à terme, de remettre en question l’existence même du statut de l’État de Russie », a-t-il encore ajouté.

Cette vision des attaques du métro de Moscou est également partagée par certains experts politiques russes. En particulier le directeur adjoint du Centre d’analyse de la gestion publique, Maksim Vilisov, qui estime que « le dispositif d’accord sur un nouveau traité de désarmement coïncide étrangement avec l’attaque terroriste ». Les États-Unis et la Russie sont en effet parvenu vendredi dernier à un accord sur un nouveau traité de désarmement START, prévoyant de limiter à 1.550 le nombre d’ogives nucléaires détenues par chacun des deux pays, soit 30 % de moins que la limite haute du traité de Moscou. Ce nouvel accord devrait normalement être signé le 8 avril à Prague par les présidents Dimitri Medvedev et Barack Obama.

« Nous pouvons supposer que cet acte terroriste est l’œuvre de forces qui ne s’intéressent pas à la signature de ce traité », à conclu M. Vilisov.

Sources : RusNovosti et Kavkaz Center
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Personne à contacter Re: Géopolitique de la russie

Message par Sphinx Dim 18 Avr - 23:58

Geopolitique des ressources - céréales : La Russie remporte la course au blé devant les Etats-Unis

Pour la première fois de son histoire, la production russe de blé va dépasser celle des Etats-Unis sur la campagne 2009-2010. Pour la Russie, cette performance est le premier résultat d'une stratégie agricole renforcée.

C'était l'un des volets de la rivalité entre les Etats-Unis et l'URSS pendant la guerre froide. La course à la production agricole entre les deux pays revient sur le devant de la scène, 19 ans après la chute de l'URSS. En effet, pour la première fois de son histoire, la Russie atteint son objectif: dépasser les Etats-Unis en termes de production de blé. D'après les chiffres du département américain de l'agriculture (USDA), la Russie devrait produire, sur la campagne 2009-2010, près de 61,700 millions de tonnes contre 60,314 millions pour les Etats-Unis. L'écart est léger mais assez significatif pour donner une dimension historique à l'événement.

«La Russie va se satisfaire de cette revanche après s'être fait dépasser par les Etats-Unis en tant que premier producteur mondial de gaz en 2009», explique Arnaud Dubien, spécialiste de la Russie à l'Iris. Mais pour les observateurs, la nouvelle relève presque de l'anecdote au regard des objectifs à long terme que se donne la Russie. «La vulnérabilité alimentaire est une question sensible pour la Russie. Il est question de sécurité stratégique», note Arnaud Dubien.

Le regain d'intérêt de l'administration russe pour le secteur agricole témoigne bien de l'enjeu stratégique. L'agriculture avait été abandonnée par le gouvernement à la suite de la chute de l'URSS. L'effondrement de la production était telle que le pays a du obtenir une aide alimentaire de l'Union européenne fin 1998. En 2005 la prise de conscience s'opère. Vladimir Poutine fait de l'agriculture un pilier du développement de son pays. Deux ans plus tard, il lance un plan quinquennal basé sur des crédits aux fermiers, et doté de 551 milliards de roubles (13,7 milliards d'euros). Les oligarques sont appelés à contribution. Vladimir Potanine, cofondateur du géant Norilsk Nickel, est l'un d'entre eux.

Le successeur de Vladimir Poutine, poursuit sur cette lancée. Lors d'un forum à Saint-Pétersbourg le 5 juin 2009, Dmitri Medvedev a replacé le blé «au centre de la vie». «En mettant en œuvre des méthodes intensives dans l'agriculture, en en utilisant les bonnes techniques de culture du blé et en portant le rendement à 24 quintaux à l'hectare, nous pouvons produire 112 à 115 millions de tonnes de blé par an. Et jusqu'à 133 à 136 millions de tonne en mettant en exploitation des surfaces cultivables supplémentaires», a-t-il expliqué.

Pour les analystes du marché du blé, ces objectifs ne surprennent pas. «La Russie est déjà le quatrième plus gros producteur. En 2010, le pays devrait être le troisième exportateur, tout juste derrière l'UE», prévoit Nicolas Fragneau gérant d'Amundi Funds Global Agriculture. Actuellement, l'Union européenne occupe la première place sur le podium des producteurs (138,143 millions de tonnes) devant la Chine (114,500) et l'Inde (80,680).

Gros producteur, la Russie souffre encore d'une position moins affirmée à l'exportation. Mais le gouvernement russe est à l'oeuvre pour y remédier. «La Russie construit des ports, des silos pour stocker. Elle est en train de régler tous ses problèmes d'infrastructures. Déjà, depuis le 1er juillet 2009, début de l'actuelle campagne, ses exportations atteignent 12 millions de tonne», constate Michel Portier, gérant d'Agritel. Ces investissements sont évalués par le gouvernement russe à une fourchette de 50 à 100 millions de dollars d'ici 2011.

Les Etats-Unis et l'UE voient d'un œil peu rassurant le développement de la Russie sur le marché. Le pays de Dmitri Medvedev leur grignote déjà du terrain dans leurs chasses gardées naturelles, notamment l'Egypte, premier importateur au monde de blé. «La Russie a remporté l'essentiel du marché avec 420.000 tonnes vendues depuis notre précédent état des lieux», constatait amèrement FranceAgrimer dans son rapport mensuel de février dernier. Le marché asiatique est aussi ciblé par la Russie avec pour objectif la construction d' «un couloir oriental de développement».

Alors que FranceAgrimer fait état d'une «concurrence toujours agressive», les analystes dressent leurs constats : «le blé russe est moins cher car il y a moins de charges. Le seul moyen pour l'UE est d'être aussi compétitive parce qu'il va falloir compter sur les russes», tranche Michel Portier. De leurs côtés, les fermiers américains régissent à la concurrence en privilégiant d'autres cultures. Le dernier rapport d'emblavement de l'USDA montre que les Etats-Unis devraient semer moins de blé (-9%) et davantage de maïs (+3%) et de graines de soja (+1%) cette année comparé à l'an dernier.

La Russie, confortée par son potentiel inexploité, n'est pas prête à en rester là. Le pays est doté de 40% du tchernozioms mondial, ces terres noires très grasses et très fertiles. «20 millions d'hectares, inutilisés depuis 1991 pourraient être réintroduits dans la production», annonçait Dmitri Medvedev l'an dernier. Selon Arnaud Dubien, «avec l'arrivée de dirigeants proches de Moscou, comme en Ukraine, un cartel de blé post soviétique pourrait se constituer, avec en plus le Kazakhstan. Il pourrait alors devenir le grenier du monde ».

Source : Le Figaro
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Personne à contacter Re: Géopolitique de la russie

Message par Sphinx Jeu 29 Avr - 23:32

Les intérêts de la Russie sont liés à l'Arctique (Poutine)

Géopolitique de la russie 18657910

La sécurité et les intérêts géopolitiques de la Russie sont liés à l'Arctique, a déclaré le ministre Vladimir Poutine lors d'un déplacement récent sur la Terre d'Alexandra, île de l'archipel François-Joseph (océan Arctique).

"Des bases navales russes se trouvent en Arctique, des itinéraires de notre aviation à long rayon d'action y passent. N'oublions pas les intérêts économiques, dont la production de minéraux utiles. (Le gisement gazier géant) Chtokman se trouve à 300 km du littoral de la mer de Barents", a indiqué le premier ministre cité par son service de presse et la Société géographique de Russie.

La Russie se propose de déployer dix postes des Situations d'urgence et d'observation météorologique le long de la Voie maritime du Nord (voie navigable le long du littoral des mers arctiques inaugurée dans les années 1930, ndlr), a annoncé le premier ministre.

Au cours de ce déplacement, M.Poutine s'est rendu au poste-frontière le plus au nord de la Russie dans le cadre d'une expédition scientifique et a assisté à un exercice conjoint du ministère des Situations d'urgence et du Service de protection des frontières.

Ce poste-frontière a été inauguré en 1981. La cité a été radicalement modernisée en 2008: un ensemble de 5.000 mètres carrés qui accueille des postes de commandement, des logements, un réfectoire et un gymnase a vu alors le jour. De nombreux garde-frontières y vivent avec leurs familles.

fr.rian.ru
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Personne à contacter Re: Géopolitique de la russie

Message par Syfou Ven 21 Mai - 16:50

Un entretien avec Alexandre Douguine

Alexandre Douguine, je doute que mes lecteurs ne vous connaissent pas et renvoie sinon à vos écrits et à la biographie complète de Métapedia à votre sujet. Néanmoins pouvez vous présenter et synthétiser votre combat politique et géopolitique jusqu’à ce jour ?

Je suis né le 7 janvier 1962 à Moscou, dans une famille de militaires. Mon père était officier et mère médecin. Au début des années 80 en étant dissident et ayant l’aversion pour le système communiste en peine décadence, j’ai fait connaissance des petits groupes traditionalistes et des cercles politico-littéraires de Moscou, où participaient le romancier Youri Mamleev, qui émigrera par la suite aux Etats-Unis, le poète Evgueni Golovine et l’islamiste Gueydar Djemal, fondateur en 1991 du Parti de la renaissance islamique. C’est aussi à cette époque que j’ai découvert les écrits d’Evola, de Guénon, de Coomaraswamy et de bien d’autres auteurs (en 1981, j’ai traduit en russe le livre de Julius Evola Impérialisme païen, qui sera diffusé clandestinement en samizdat).

Après la désintégration du système soviétique, au début des années 1990, j’ai crée l’association Arctogaia et le Centre d’études méta stratégiques, après les revues Milyi Angel et Elementy, qui paraîtront jusqu’en 1998-99. Mes idées ont été influencées a partir des années 80 par la Nouvelle Droite européenne et au premier lieu par Alain de Benoist que je tiens en plus grand estime jusqu’à présent. Je le considère un des meilleurs intellectuels français actuels – peut être même le meilleur.

Dernièrement je m’intéresse beaucoup à la philosophie de Martin Heidegger, à la sociologie de M.Mauss, L.Dumont, P.Sorokin et surtout à Gilbert Durand (récemment découvert par Alain de Benoist), mais également à l’anthropologie de G.Dumézil et de Claude Levy-Strauss. J’ai écrit plusieurs textes sur l’économie – entre autres sur les idées de Friedrich List, sur Schumpeter et F.Brodel.

A l’Université de l’Etat de Moscou, j’ai donné des cours de la Postphilosophie étudiant la philosophie de la postmodernité etc. Maintenant je suis professeur à la faculté sociologique et dispense les cours de Sociologie structurelle (sur la base des idées durandiennes sur l’imaginaire)

Si j’étais obligé de définir mes positions philosophiques je les décrirais comme appartenant au « traditionalisme ».

Au premier lieu, je suis le disciple de René Guenon et de Julius Evola.

Dans la grande publique en Russie et dans quelques autres pays (Turquie, Serbie, le monde arabe etc) mes écrits géopolitiques sont très connus.

Mon idée est simple: il faut combattre l’impérialisme américain, le monde unipolaire et l’universalisme des valeurs libérales, marchandes et technocrate. Comme Alternative cela devrait être l’organisation du monde multipolaire comme ensemble de grandes espaces – chacun avec ses systèmes des valeurs propres – sans aucun préjugés.

Pour réaliser ce projet il faut créer le projet eurasien – commun pour l’Europe et la Russie mais avec les alliances stratégiques avec d’autres forces et cultures qui rejettent le mondialisme américain et la dictature libérale planétaire. L’eurasisme que je défends c’est le pluralisme absolu des valeurs.

Les bruits ont courus que vous seriez en quelque sorte un « conseiller » (plus ou moins proche) de Vladimir Vladimirovitch Poutine. Pouvez vous le confirmer ? Et est ce que cela a changé depuis la présidence Medvedev ?

Je travaille avec les gens qui sont assez proches de Poutine et de Medvedev. Je crois que pour l’instant Medvedev suit la même direction que Poutine.

La Russie semble sortir d’une longue hibernation et se préparer a être un acteur de premier plan. Pensez vous que ce pays est les moyens de surmonter les défis en cours ? (démographie, santé, provocations militaires occidentales, immigration très forte.. etc etc). Comment jugez vous la situation en Russie en 2009, avec la crise financière mondiale ?

L’histoire est ouverte. Personne ne connais l’avenir. Je crois que la Russie va a entrer dans la période cruciale de son histoire. La crise va avoir un grand impact sur l’économie russe qui reste, hélas, libérale.

Mais cela va peut être guérir les illusion du pouvoir quant a l’efficacité des préceptes libéraux.

L’unilatéralisme totalitaire décrété en 1991 par l’Amérique semble être arrivé a son terme. On assiste à une sorte de renaissance de grands espaces auto-centrés en Asie (Chine, Inde), dans le monde musulman (Turquie, union panafricaine ..), en Eurasie (Russie ..), en Amérique du sud (Brésil, Vénézuela ..), pensez vous que l’on doive s’en réjouir et pourquoi ?

Je voudrais que cela soit ainsi, mais il est trop tôt pour fêter la victoire. Un jour les États Unis tomberont mais pas maintenant. Je crois qu’ils vont faire LA guerre – Une Troisième Guerre mondiale pure et dure – qui causera d’immenses peines a l’humanité. Les États Unis ne peuvent plus gouverner le monde c’est sur, mais ils ne peuvent pas non plus se résigner – Cela serait pour eux une catastrophe. Leur seule solution – essayer de transposer leur problèmes sur les autres. Ca veut dire la guerre. Sans la fin previsible.

L’Europe semble totalement absente de cette renaissance géopolitique, tellement elle est inféodée au parapluie Américain, quelle est votre opinion sur l’Union Européenne et sur la place que devrait avoir l’Europe dans le monde, et avec avec la Russie ?

Je crois que il y a deux Europe. L’Europe continentale (Franco-Allemande) et l’Europe atlantiste (Nouvelle Europe inclue). Ces deux Europes sont géopolitiquemet opposées en tout. Cela explique le blocage. Avec Sarkozy et Merkel la position des forces continentales est devenu plus faible. Je n’ai aucune recette pour l’Europe. C’est l’affaire des européens – quoi choisir.

Pour beaucoup de Français la Russie est un modèle pour sa capacité à proposer un contre modèle civilisationnel, autre que le modèle libéral anglo-saxon et capitaliste. Cela dépasse le clivage droite-gauche, et réunit autant des communistes que des gaullistes historiques ou encore des nationalistes. Des voix s’élèvent même pour que la France intègre l’organisation de la coopération de Shanghai et quitte l’OTAN.

Pourtant au même moment, l’administration Sarkosy semble jouer sur deux tableaux : l’adoucissement avec la Russie (cf avec la guerre en Georgie) tout en réintégrant le commandement armé de l’OTAN ! Jugez vous cette double orientation crédible, et quel en est d’après vous le sens profond ?

Le la juge non crédible et contradictoire.

Quant a la Russie il est un peu naïf de croire que notre économie fonctionne bien. Il manque chez nous le secteur réel et le développement des technologies nouvelles. La Russie a besoin de l’Europe comme l’Europe a besoin de la Russie pour avoir des économies mutuelles garanties par les ressources nécessaires et l’accès aux technologies nouvelles.

Pour les Européens, les grandes inquiétudes du futur sont le plausible leadership économique Chinois et l’explosion démographique des populations musulmanes, notamment à l’intérieur de l’Europe. Comment estimez vous compatible / incompatible ces deux éléments ? Il apparaît que le sujet de l’Islam, ou celui des « relations » avec la Chine par exemple n’est pas abordé de la même façon en Europe et en Russie.
On a les mêmes soucis géopolitiques. Mais on doit commencer par hiérarchiser les dangers.

Premièrement il faut se débarrasser des américains et de la dictature de la pensée unique, et seulement après s’occuper des chinois et de musulmans. Ils faut proposer aux musulmans le modèle de l’intégration dans la culture européenne mais pour cela il faut garder – parfois sauver – cette culture-la. Les chinois sont très sympathiques quand ils vivent en Chine.

Mais pour régler cette affaire de contrôle des vagues migratoires il est de nouveau – nécessaire de se débarrasser des mondialistes, libéraux et des atlantistes. Ce cercle vicieux ne peut être brisé qu’en commençant par la lutte antiaméricaine. Les musulmans et les chinois sont des défis secondaires. C’est pareil que cela soit pour l’Europe et pour la Russie.

L’amérique de Obama « semble » vouloir faire la paix avec le monde entier, j’ai lu son programme, celui ci est pourtant largement plus offensif que celui de McCain notamment en Afghanistan/Pakistan pour poursuivre la lutte contre les « Talibans ». Comment jugez vous cette élection et quels changements peux on attendre d’après vous dans les relations avec la Russie ?

Vous avez raison. Obama dépend du consortium politique et géopolitique américain. Donc il n’est pas libre de faire quoi que ce soit. Il va faire la guerre exactement comme le ferait Mac Cain.
C’est la logique des lois géopolitiques et non les opinions personnelles qui comptent dans les affaires réelles globales.

Le pentagone semblait vouloir aspirer l’Ukraine dans l’OTAN (après l’échec Georgien) et installer sa flotte dans la mer noire. Ajouté aux remous politiques en cours et aux échéances électorales proches en Ukraine, peut on d’après vous imaginer un « conflit » proche dans ce pays et une scission en deux ou trois entités, a la manière yougoslave ?

En Ukraine habitent au moins deux peuples avec des orientations géopolitiques, stratégiques, culturelles et religieuses contraires. Il n’y a pas un peuple ukrainien. C’est l’appellation générale basée sur le critère territorial – les Ukrainiens ce sont littéralement « les habitants d’Ukraine » (en slave, ça veut dire « provence »).

Ethniquement on les appelle « malorossy » — « petits russes » littérairement. La langue ukrainienne a été créée artificiellement dans XIX siècle par les Polonais qui ont stylisé plusieurs dialectes « malorosses » avec les formes artificielles et assez affreuses imitant maladroitement le Polonais. En créant ce monstre linguistique, on a L’Ukraine actuelle est profondément divisée. L’élite politique est orange, orientée envers OTAN, l’UE et se base sur l’appui des habitants de l’Ouest ukrainien. Cette zone n’entre pas dans l’espace eurasien, il faut le reconnaître. Mais cette élite orange veut imposer sa volonté sur les masses de l’Est où la population se considère russe, rejette l’UE et l’OTAN et veut exister dans le grand espace commun avec les Russes de la Russie. Cette masse forme le second peuple (ou le premier) de l’Ukraine. Ce peuple est chrétien orthodoxe, malorosse (petit-russe) ou velikorosse (grand-russe), il consiste pour la plupart en des descendants des cosaques, et s’identifie à l’Empire eurasien. Ce peuple vote régulièrement pour le « Parti des régions » et en faveur de Yanoukovitch. La carte électorale de l’Ukraine montre comment ce pays est devisé en deux parts.

Dans le cas de l’Ukraine les eurasistes russes et ukrainiens agissent en logique avec leur vision du monde. Nous sommes contre l’Etat-Nation ukrainien parce qu’il est pro-américain, atlantiste et anti-eurasien. Mais aussi parce que le régime du néo-nazisme orange c’est une des parts du « système à tuer les peuples ».

C’est le peuple de l’Ukraine de l’Est et de Crimée qui est maintenant en danger d’être oppressé, épuré et anéanti.

L’agitation est également grande autour de l’arctique, cette zone énergétique essentielle. Récemment, les pays de l’OTAN ont organisé des manoeuvres militaires à grande échelle en Norvège (7.000 soldats de 12 pays) pour simuler une invasion de l’arctique et une sécurisation des champs pétroliers. Pensez vous que l’arctique puisse devenir la zone de conflit essentielle du 21ième siècle comme le pensent certains spécialistes en géopolitiques ?

Je pense que l’Artique devient la place centrale de la stratégie d ‘encerclement de la Russie – pour des raison stratégiques et pour la raison des ressources naturelles.

Pensez vous plausible, ou souhaitable une alliance de l’hémisphère nord (amerique- europe – russie), comme l’a évoqué Dmitri Rogozine récemment pour parer à une éventuelle anarchie dans l’hémisphère « sud » ?

Je considère Rogozine comme atlantiste, opportuniste et neo-nazi antisémite. Il discrédite l’idée nationale russe et travaille toujours pour les américains. Il participait en Kiev à la révolution orange au cote des oligarques Berezovski et ses valets (tel Belkovsky).

Comment voyez vous la situation mondiale en disons 2020 ? Et la Russie (alors que le Kremlin a développé ce fameux plan 2020) ?

Le plan 2020 ne vaut rien. Il n’existe pas. Je crois qu’au Kremlin maintenant prévalent les idées tactiques.

Donc j’attends la guerre et je crois que dans les prochaines années la situation changera trop pour faire quelques prévisions que ce soit.

Le 24 mars dernier, c’était l’anniversaire des bombardements de 1999 sur la Serbie, que vous inspire cet évènement ?

La haine contre les américains et la solidarité avec le peuple serbe héroïque qui a eu assez de dignité de lancer ce « défi » au monstre américain.

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Personne à contacter Re: Géopolitique de la russie

Message par Syfou Lun 28 Juin - 22:39

Des nouvelles de Moscou

Docteur en histoire des sciences et en science politique, longtemps directeur du Centre d’expertises géopolitiques de la Douma, Alexandre Douguine est titulaire de la chaire de géopolitique à l’Université Lermontov de Moscou. Théoricien le plus connu du néo-eurasisme, il est réputé avoir une grande influence dans les milieux politiques et militaires russes. Ces textes et livres, dont deux, ont été publié en français chez Avatar Editions.

Christian Bouchet : Merci d’accepter de répondre à nos questions. Il y a tant d’événements politiques et géopolitiques sur lesquels nous aimerions avoir votre éclairage, qu’il est difficile pour nous de commencer…



Le 29 mars dernier, la ville de Moscou a été victime de deux explosions terroristes dans des stations de métro. En Occident, la piste des islamiste du Caucase a été la seule privilégiée par les grands médias, cependant, certaines voix discordantes ont affirmé qu’il s’agissait d’actions « sous faux drapeaux » et que les initiateurs de ces attentats pourraient bien être les services secrets géorgiens voire la CIA. Qu’en savez-vous et qu’en pensez-vous ?

Alexandre Douguine : La participation des islamistes à ces attentats est presque certaine et Doku Umarov en a revendiqué la responsabilité. Il existe, en effet, dans le Caucase du Nord – au Daghestan, en Ingouchie et en Tchétchènie – de petits groupes islamistes qui mènent toujours une lutte armée contre la Russie.

Dans le même temps, il est aussi certain que les services secrets géorgiens, qui veulent se venger de la défaite de leur pays en Ossétie du Sud et en Abkhazie, sont de plus en plus impliqués dans le soutien à ces guérillas islamistes.

De surcroît, aux États-Unis, avec Barack Obama et les démocrates au pouvoir, les partisans de Zbigniew Brzezinski sont de nouveaux influents. Et ceux-ci sont favorables à un soutien aux rebelles islamistes en Russie afin de déstabiliser la Fédération de Russie et de la rendre plus dépendante de l’Occident.

Cela étant posé, on peut donc, de manière plus ou moins schématique, résumer la situation ainsi : les attentats de Moscou ont, de toute vraisemblance, été commis par des islamistes avec l’appui de la Géorgie et à l’incitation de Washington.

CB : Le gouvernement issu de la révolution orange dite des tulipes vient de tomber au Kirghizstan, le gouvernement orangé Ukrainien, vient de connaître un cuisant échec électoral. Il semble que les gouvernements issus des révolutions de couleurs soient tous bien mal en point. Est-ce exact et est-ce bien général ? Est-ce que l’on peut-on considérer que cela participe à un changement général d’orientation dans les républiques issues de l’éclatement de l’Union Soviétique ?

AD : Ce qui s’est produit au Kirghizstan est la conséquence de rapports de force géopolitiques et domestiques.

Il est évident que la Russie et les États-Unis ont chacun intérêt à contrôler le gouvernement en place à Bichkek. Washington dépend beaucoup de la base de Manas pour ses avions militaires qui interviennent en Afghanistan. Moscou veut contrôler cette base pour que Bichkek n’acquiert pas trop de la liberté.

Cependant, je ne crois pas que derrière les émeutes on puisse discerner la main des Russes ou des Américains. Bakiev avait échoué dans la réorganisation de son pays et dans la consolidation de la société. Il était haïe par une partie importante des Kirghizes et il y avait assez de raisons liées à sa politique intérieures pour que les émeutes éclatent.

Rosa Otumbaeva qui vient de lui succéder est, tout à la fois, libérale, pro-russe et pro-américaine. Actuellement, elle recherche l’appui de Poutine, mais nul ne sait comment elle va se comporter ensuite, ni si elle va être de taille à conserver le pouvoir longtemps.

Par ailleurs, le Kirghizstan est divisé en deux régions, l’une septentrionale et l’autre méridionale. Dans la seconde, il y a beaucoup d’islamistes et l’ethnies ouïgours y est importante. Bakiev qui en est issu s’y est réfugié avant de s’exiler en Biélorussie. Donc il n’est pas à exclure qu’une guerre civile entre le Sud et le Nord puisse, à terme, éclater.

En ce qui concerne les autres républiques ex-soviétiques, il faut remarquer une chose importante : c’est la Russie et non pas les États-Unis qui garantie l’intégrité de ces pays. Si leurs dirigeants sympathisent avec Moscou ils n’ont pas de problèmes de séparatisme. C’est le cas du Kazakhstan, de l’Arménie, de la Biélorussie. Par contre, les pays dont les dirigeants sont hostile à la Russie – comme la Moldavie, la Géorgie, l’Ukraine à l’époque de Yuschenko ou l’Azerbaïdjan – sont menacés par le séparatisme. Il suffit qu’ils modifient leur attitude vis-à-vis de Moscou pour que leurs ennuies cessent. Aujourd’hui, il n’y a que Saakachvili qui refuse de comprendre cela et de lutter contre Moscou. C’est ce qui explique que l’intégrité de la Géorgie soit encore menacée, alors que l’Ossétie et l’Abkhazie ont déjà déclaré leur indépendance, par le sécessionnisne de la Mingrélie, de la Svanetie et de la Djavakhétie arménienne.

Je crois que l’inefficacité des révolutions de couleur est maintenant prouvée. Elles n’ont pas réussi à mettre en place des gouvernements stable. De ce point de vue, je crois que la Russie a gagné la lutte d’influence dans l’espace post-soviétique.

CB : Le discours de Vladimir Poutine à Katyn avait-il un sens particulier au niveau géopolitique ? Si tel était le cas, est-ce que l’accident d’avion qui a causé la mort de président de la République de Pologne est de nature à modifier les rapports entre Moscou et Varsovie ?

AD : Concernant Katyn, Poutine avait déjà admis la culpabilité russe. Il n’a fait que se répéter. De son côté, Lech Kaczynsky voulait utiliser l’occasion donnée par l’anniversaire de l’événement pour criminaliser une fois de plus les Russes et les Soviétiques. Pour lui, c’était un prétexte symbolique de la plus grande importance. Symboliquement aussi on ne pouvait pas imaginer un événement démontrant mieux à la majorité des Russe que les Polonais utilisaient les faits du passé dans un but russophobe.

Alors que Poutine s’y était résigné ce sont les forces de la justice immanente qui ont fait leur apparition dans cet extraordinaire accident d’avion. Celui qui voulait humilier encore une fois les Russes est mort par sa propre faute. En même temps dans l’avion tous les représentants de la russophobie la plus extrême qui voyageaient avec Kaczynsky ont été tués. C’est extraordinaire !

J’exclue totalement que Moscou puisse être impliqué dans l’accident. C’est absolument impossible. La réalité, c’est que la justice immanente a été plus forte que la volonté des dirigeants de la Russie qui sont plutôt favorables à un compromis avec l’Occident.

Quant à ce que cela modifie les rapports entre la Pologne et la Russie, c’est possible et cela ne pourra que les améliorer. Encore une fois c’est la justice immanente…

CB : Le 26 mars dernier c’était le dixième anniversaire de l’accession au pouvoir de Vladimir Poutine. Comment analysez-vous cette décennie ? On avance parfois qu’il y aurait des désaccords entre Vladimir Poutine et Dimitri Medvedev. Est-ce exact et si oui, sur quoi portent-ils ?

AD : Personne ne le sait exactement. Il y a les images et il y a la réalité. Les images donnent à penser que Medvedev est plutôt libéral et que Poutine est plutôt patriote. Mais tout cela n’est pas formellement organisé et les experts se demandent s’il s’agit de différences réelles ou si c’est uniquement du spectacle pour rassurer les Américains.

Il est clair que les États-Unis sont en faveur de Medvedev mais on ne peut pas dire où finit le jeux et où commence la réalité. Poutine seul est légitime aux yeux des masses, et cela à la fois en tant qu’homme et en tant qu’incarnation d’une politique favorable au retour de la Grande Russie.

Quant à juger la décennie de Vladimir Poutine, j’avoue que je suis un peu désenchanté. Poutine a fait, immédiatement après son arrivée au pouvoir, des choses excellentes. Il a sauvé la Russie de l’abîme et maintenu son intégrité.

Tous ce qui a été fait dans les premières années, en 2000-2001, était magnifique et prometteur. Après cela, il a arrêté ses reformes de type eurasistes et il s’est abouché avec des libéraux et l’Occident. Le pire s’est produit suite au 11 septembre, quand il a décidé de soutenir les Américains en Afghanistan. Ce fut une erreur grave. Certes, il a continué de mener une politique plus au moins correcte mais le rythme de ses actions a commencé à poser des problèmes aux patriotes. Le fait de proposer le libéral Medvedev pour lui succéder n’a pas été compris par ceux-ci. On attend que Poutine revienne au pouvoir en 2012, mais certains craignent déjà qu’une fois de plus il ne fasse rien de décisif.

Son bilan est positif mais l’interrègne de Medvedev soulève des question et les doutes quant à ses projets futurs. Il n’a rien changé au climat culturel de la Russie, il n’a pas résolu les graves problèmes sociaux. Il a toléré les libéraux et il n’a pas proposé de recettes alternatives contre la crise. Il n’a pas lutté effectivement contre la corruption. Il s’est comporté plus comme un pragmatique que comme un patriote convaincu.

On sens les premiers indices de désenchantement vis-à-vis de Poutine dans la population, mais dans le même temps, on est face à une absence totale d’alternative, ce qui rend la situation difficile et l’avenir opaque.

CB : On vient d’apprendre que le géant russe du pétrole Lukoïl a stoppé son commerce avec l’Iran, y compris les fournitures d’essence à partir de ses terminaux au Moyen-Orient ainsi que le transport de brut depuis la mer Caspienne jusqu’au port iranien de Neka. Cela n’est sans doute pas une décision neutre… Quelle est donc la position réelle de Moscou dans le dossier du nucléaire iranien ?

AD : Moscou hésite entre un appui ferme à l’Iran et un soutien aux pressions de l’Occident. La Russie veut jouer le rôle d’un pays neutre qui apaise les occidentaux, mais qui s’écarte aussi de l’Iran quand il tente de se doter d’une bombe nucléaire d’une manière trop hâtive. Moscou ne voit pas Téhéran – même doté d’une bombe nucléaire – comme un danger mais il ne veut tout simplement pas être entraîné par l’Iran dans sa confrontation avec l’Occident. Ce sont là des fluctuations et non pas des changements de cours.

CB : 2010, sera l’année croisée Franco-Russe. On a, en France, l’impression que Nicolas Sarkozy revient aux fondamentaux de la diplomatie traditionnelle française et entame une rupture géostratégique avec l’atlantisme de ses débuts. Qu’en pense-t-on à Moscou et qu’attend le Kremlin de l’Élysée ?

AD : Bien sur, cette évolution ne peut qu’être appréciée et acceptée d’une manière très favorable.

Il y a ce qui est contingent et ce qui est fondamental. Il y a la logique de l’espace politique, de la géopolitique, dont on ne peut pas se débarrasser. Cette logique oblige la France à défendre les intérêts de l’Europe continentale et à mener une politique tellurocratique. Elle peut s’écarter de ce cours mais elle ne pas s’en libérer sans risque d’être délégitimisée.

J’espère que votre président persistera dans sa nouvelle orientation et que les relations russo-françaises redeviendront de plus en plus chaleureuse ainsi qu’elles l’étaient à l’époque de Jacques Chirac.

CB : Pour conclure, une question sensible en Europe : celle de l’intégration de la Turquie dans l’Union européenne. Qu’en pense-t-on au Kremlin et vous même qu’en pensez-vous en tant que géopoliticien ?

AD : Le Kremlin est absolument opposé à l’entrée de la Turquie dans l’Union européenne parce que la Russie veut développer des relations stratégique avec une Turquie qui s’éloigne de plus en plus des États-Unis. Les patriotes turques eux-mêmes sont hostile au fait que leur pays intègre l’UE. Quant à moi, je partage la position du Kremlin et des masses patriotiques turques qui craignent de perdre leur identité nationale et culturelle en rejoignant l’Union européenne.


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Personne à contacter Re: Géopolitique de la russie

Message par Syfou Lun 28 Juin - 22:50

CONTRADICTION Neutral VOIR DESSOUS:

L’avenir de l’Europe, c’est la Russie !

« Nul doute déjà, que la fin de « la guerre froide » a marqué la fin d’une étape plus longue du développement international – 400-500 ans, durant lesquels la civilisation européenne a dominé dans le monde. L’Occident historique s’est toujours propulsé a la pointe de cette domination ».

« La nouvelle étape est parfois définie comme « post-américaine ». Mais, certes, ce n’est pas le « monde d’après les USA » et d’autant plus sans les USA. C’est un monde, où, à la suite de la montée d’autres centres globaux de la force et de l’influence, l’importance relative du rôle de l’Amérique se réduit, comme cela avait déjà eu lieu au cours des dernières décennies dans l’économie et le commerce globaux. Le leadership est un tout autre problème, avant tout celui de l’obtention de l’entente parmi les partenaires, de la capacité d’être premier, mais parmi ses égaux ».

« Pour définir le contenu de l’ordre mondial en formation, on avance aussi les termes comme multipolaire, polycentrique, non-polaire ».

« Nous ne partageons pas les craintes, que la reconfiguration actuelle qui se passe dans le monde mène inévitablement « au chaos et à l’anarchie ». On observe le processus naturel de la formation d’une nouvelle architecture internationale – tant politique, que financière et économique, qui répondrait aux réalités nouvelles ».

« La Russie se voit comme une partie de la civilisation européenne, qui possède les racines chrétiennes communes ».

« Le dur modèle anglo-saxon du développement socio-économique présente de nouveau des ratés, comme dans les années 20 du ХХe siècle, l’Occident avait pour beaucoup créé l’architecture financière et économique globale a son image. Et actuellement, ou l’on est en présence du déplacement reconnu par tous de la force financière et économique vers les nouvelles économies en croissance rapide comme la Chine, l’Inde, la Russie, le Brésil, il devient évident que ce système n’est pas adéquat aux réalités nouvelles. Au fond, on a besoin d’une base financière et économique, qui correspondait au polycentrisme du monde contemporain ».

Plus d’un an après ses propos tenus par Sergei Lavrov (en juin 2008) un seul constat s’impose, la crise financière les a totalement confirmés. A l’aurore de cet automne 2009, l’occident s’apprête à sortir de l’histoire par la petite porte, après avoir transmis ses métastases à l’humanité toute entière. Dans ce monde en re-configuration, il est bon se demander quelle est la place que les peuples du continent Européen entendent jouer.

A l’heure ou les lignes de fractures sont de plus en plus illisibles, il est bon de rappeler que la seule chance de survie des peuples Européens survivent est de sortir de l’ornière atlantiste suicidaire et de développer une collaboration poussée et intégré avec la fédération de Russie, afin que ce binôme « Euro-Russe » contribue à maintenir la paix sur le Heartland, au sein de ce nouveau monde multipolaire et polycentrique.

Dans un monde polycentrique et multipolaire, l’unité Européenne est inévitable

Loin de l’idéalisme politique de comptoir, la réalité du monde de demain passe par l’économie et la démographie. La baisse d’influence de l’Amérique se traduit également par une augmentation de l’influence de nombres d’autres acteurs (BRIIC, monde arabo-musulman riche en énergie et en capital humain ..). La population de la planète atteint aujourd’hui 6,5 milliards d’habitants et devrait dépasser les 9 milliards en 2050. L’Europe, qui compte aujourd’hui 728 millions d’habitants (dont 1/3 hors de l’UE) devrait voir sa population tomber à entre 564 millions et 632 millions d’habitants, soit représenter entre 7 et 8% de la population mondiale et moins de 20% du PIB soit à peu près autant que la Chine seule (!). La France pour prendre un exemple devrait compter elle 70 millions d’habitants en 2050, soit 0,8% de la population mondiale, un habitant sur trois ayant plus de 60 ans (!) et la moitié la plus jeune de sa population étant à cet moment la d’origine extra-européene, principalement Afro-maghrébine.

Dans ce contexte, et malgré les discours percutants de personnalités crédibles et intéressantes (Nicolas Dupont Aignant, Paul Marie Couteaux ou Jean Pierre Chevènement pour ne citer qu’eux) la sortie de l’UE et le retour au « souverainisme » national est probablement la dernière des solutions à envisager. L’UE est certes imparfaite à 99% mais elle est imparfaite en ce qu’elle est dirigée par Bruxelles, qui est une officine du « parti américain » qui traite l’Europe en colonie américaine.

Pire les Américains (qui souhaitent avant tout maintenir leur position dominante et défendre leurs intérêts) ne souhaitent pas une Europe unie et puissante, apte à ne pas les suivre dans leurs offensives militaires illégales ou même à s’y opposer, diplomatiquement, voir militairement. C’est la raison pour laquelle les Américains font « tout » pour rentrer leur cheval de Troie (Turque) dans l’Europe, afin d’y semer la discorde et de déstabiliser un ensemble homogène en création. N’oublions pas enfin que la Turquie, seconde armée de l’OTAN, est avec Israël le pion de l’Amérique au proche orient, et que celle-ci occupe militairement l’Europe (Chypre).

C’est la raison pour laquelle les Américains ont tout fait pour dissuader De Gaulle d’obtenir l’indépendance nucléaire et de sortir du commandement intégré de l’OTAN. Parce qu’une France indépendante, prélude à une Europe indépendante pouvait entraîner la pire des situations envisageables pour les stratèges US, perdre l’avantage pris à la fin de la guerre (l’occupation de l’Europe de l’ouest) et donc la main mise sur la façade « ouest » du heartland.

C’est également la raison pour laquelle certains stratèges du « parti américain » en Europe ont parfaitement compris l’intérêt a appuyer les « refus » de l’UE en soutenant des partis « anti UE » et Europhobes comme ce fus ouvertement le cas en Irlande avec le candidat Libertas par exemple. Plus récemment, le Bruxellophobe Philippe de Villiers a lui aussi rejoint le parti Atlantiste de Nicolas Sarkozy, l’UMP, pourtant ouvertement Europhile et après que celui ci ai fait rejoindre à la France le commandement intégré de l’OTAN.

La perte de souveraineté des pays Européens est un processus qui a traversé deux stades principaux.

– Le premier est celui de la fin des empires, issu du traité de Westphalie et qui prône l’identité nationale (l’état nation) comme identité première. Cette ‘nationisation’ des identités Européennes a crée les conditions de la guerre de 30 ans qui a ravagé notre continent dans la première moitié du 20ième siècle. Curieux hasard, le traité de Westphalie mettait lui également fin à une guerre civile européenne de 30 ans.

– Le second stade est celui de la régio-fragmentation. Ce processus que l’on nous affirme comme éminemment politico-progressiste (les régions seraient le stade ultime de l’intégration politique européenne) est en fait le résultat d’un processus politique extérieur volontaire afin d’affaiblir l’Europe en la morcelant en entité qui de par leur petite taille n’ont plus aucune autonomie économique ni de souveraineté militaire. Cela a été particulièrement le cas pour l’est de l’Europe comme en Tchécoslovaquie, en Yougoslavie ou en URSS, pour des raisons évidentes : ces nations ne « baignant » dans le bain Occidental que depuis peu elles étaient suspectes de réticence à l’alignement euro-atlantique.

Quoi alors de plus étonnant que les partis Européens les plus éminemment régionalistes soient les partis les plus européistes et les actifs en faveur de l’extension de l’OTAN et de l’intégration euro-atlantique. Ces mêmes « lignes » politiques sont partagées par les commissaires de Bruxelles, agents zélés des intérêts Américains en Europe.

Evidemment cette Europe de Bruxelles est évidemment l’inverse de l’Europe puissante et indépendante que nous voulons. L’union Européenne charnelle et réelle (et non légale) est néanmoins le seul objectif à défendre pour que les Européens maîtrisent leur destin et redeviennent acteur et non seulement spectateurs. Hors le monde de demain ne sera probablement pas un monde plus « ouvert » que celui que nous connaissons, ce sera plausiblement un monde d’affrontements, de conflits de blocs, de territoires, de zones et de civilisations. Dans ce monde de tension croissante, la clef pour l’Europe est de se doter d’une structure de défense qui lui appartienne et lui permette de protéger ses intérêts et ses citoyens. En ce sens, les propositions du président Medvedev sur la nécessité de créer une structure de sécurité Pan-Européenne (remplaçant l’OTAN) sont un défi réellement intéressant pour l’Europe.

Dans un monde polycentrique et multipolaire, sortir de l’OTAN et créer une défense continentale non atlantique

L’OTAN est une alliance militaire constituée en 1949 pour faire face à l’URSS mais aussi au risque futur d’une nouvelle situation pour l’Europe comme celle-ci avait connu avec l’Allemagne. Rapidement, cette alliance sous la coupe des Anglo-Saxons entraîna la constitution d’une alliance concurrente dans l’autre bloc (soviétique) en 1955 : « le pacte de Varsovie ». Cette double alliance scinda le monde en deux blocs rivaux jusqu’en 1958, lorsque la France de De Gaulle décida de quitter le bloc anglo-saxon et de développer son propre programme nucléaire. En 1966, la France quitte le commandement de l’OTAN, et le siège de l’OTAN est déplacé de Paris à Bruxelles, ce qui est toujours le cas aujourd’hui, Bruxelles hébergeant donc et les institutions Européennes, et celles de l’OTAN. Retour dans le giron moins de 30 ans plus tard puisqu’en 1995, le président Français Chirac entama les négociations de retour au sein du commandement intégré de l’OTAN, retour avalisé et effectué par le président Nicolas Sarkozy le 17 mars 2009.

Il convient dès lors de se demander quelles sont les raisons de ce retour de la France en tant qu’acteur essentiel au sein de l’OTAN. Celle-ci n’a en effet aujourd’hui que deux fonctions principales, qui sont les deux dans le pur intérêt de l’Amérique mais vont totalement à l’encontre des intérêts Européens.

Tout d’abord elle est devenue une arme de conquête du heartland Eurasien par l’Amérique et en ce sens, son extension à l’est, vers les frontières de la Russie, passe par l’adhésion de nations nouvelles (nouvelle Europe) pour des motifs erronés, qui sont la crainte historique d’un impérialisme Russe qui n’existe pas mais que les stratèges américains entretiennent parfaitement.

Sous couvert d’entrée dans le « partenariat euro-atlantique », l’OTAN s’installe directement dans le cœur de l’Europe afin de pousser la Russie dans ses retranchements orientaux et de diviser une nouvelle fois l’Europe en installant ses bases militaires devant la frontière Russe. C’est le but réel de la campagne de Serbie (la Serbie étant un pion Russe dans la logique du Pentagone) avec la base Bondsteel mais également de la révolution orchestrée en Ukraine, le but étant d’installer une base Américaine en Crimée, en lieu et place de la base Russe actuelle.

Depuis le 11/09/2001 également, l’OTAN s’est transformée en « armée » de croisés au yeux du monde musulman, les mêmes stratèges tentant de nous persuader que l’OTAN est un rempart contre l’islamisme agressif et terroriste. Pourtant nul besoin d’être savant pour comprendre que la campagne d’Irak et celle d’Afghanistan, si elles devaient être gagnées (ce qui ne sera vraisemblablement pas le cas) ne vaincraient pas le « terrorisme Islamique ». L’Islamisme est aujourd’hui utilisé comme bouclier et paravent pour justifier des objectifs géopolitiques bien antérieurs. Ne suspecte t’on pas que l’attaque de l’Afghanistan ait été justifié par le 11/09 mais planifiée bien avant et que son but réel soit l’implantation de troupes US au cœur de l’Eurasie ? Peut on sans rire croire que l’Irak baathiste de Saddam Hussein ai été un des vecteurs du terrorisme islamique mondial, ou plutôt visée pour ses puits de pétrole ?

Les guerres de domination de l’empire Américain sont des guerres pour la maîtrise des ressources naturelles, qui sont concentrées (hormis en Arctique) entre la péninsule Arabe, l’Irak, l’Iran, le golfe Persique, le sud Russie (Caucase) et l’Afghanistan. Hors ces conflits énergétiques déclenchés sur des faux motifs ne sont pas ceux de l’Europe. Pire ils sont susceptibles d’entraîner l’Europe dans des tensions ethniquo-religieuses sur « son » territoire. La désintégration de la Yougoslavie nous a montré à quel point une structure de sécurité était essentielle pour maintenir son harmonie et faire face aux déstabilisations de l’extérieur.

L’affaire récente du Kosovo a parfaitement démontré à quel point l’Europe sert de tête de pont aux américains pour « attaquer » et « conquérir » l’Eurasie, et donc la Russie tout en créant des tensions entre peuples Européens et surtout avec la Russie, à qui « l’avertissement » Serbe était adressé. Point d’orgue de cette politique de conquête, le vote du Silk road strategy Act par le congrès US en 1999 destiné à « favoriser l’indépendance des pays du Caucase et d’Asie centrale et à créer un pont terrestre détournant le commerce de ces pays avec l’ouest (qui passe actuellement par le territoire russe) vers le trajet de l’antique Route de la Soie aboutissant aux ports turcs, donc à un pays de l’OTAN. L’oléoduc BTC qui passe par la Georgie s’inscrit dans cette stratégie et explique en partie le développement de l’assistance militaire à la Géorgie depuis l’arrivée au pouvoir de Mikhaïl Saakachvili.

Dans un monde polycentrique et multipolaire, éviter la désintégration continentale

Toujours en 1999, malgré l’attaque de la Serbie, et après 10 ans d’effondrement total, la prise de pouvoir de Vladimir Poutine va redresser la Russie et replacer celle ci sur le devant de la scène politique mondiale. L’Europe ayant basculé vers l’OTAN (participation des nations européennes à l’agression contre la Serbie), la Russie, la Chine et les nations musulmanes d’Asie centrale créent en 2001 l’Organisation de Shanghai ainsi que l’OSTC en 2002. Ces alliances militaires eurasiatique et inter-religieuses ayant pour but de répondre au double encerclement Russe et Chinois par l’armée Américaine et à défendre le pré-carré régional eurasiatique. Comme le disait Zbigniew Brezinski : « La stratégie eurasiatique des Etats Unis a suscité en réaction un rapprochement entre la Russie et la Chine. Les deux puissances continentales sont en train de construire une véritable alliance militaire face à la coalition anglo-saxonne et à ses alliés. »

Cette offensive Américaine vers l’est (de Berlin à Kiev) s’est matérialisée en deux étapes essentielles, de 1996 à 2009.

– En 1996 est créé l’organisation GUUAM qui regroupe Géorgie, Uzbékistan , Ukraine, Azerbaïdjan et Moldavie. Ces nations désirent à l’époque « sortir » du Giron post soviétique après la chute du mur et dans un contexte d’effondrement de l’état Russe. Il n’est pas surprenant que ces nations aient des positions géographiques stratégiques et par conséquent aient été victimes des révolutions de couleur financées par les ONG proches de la CIA (révolution orange, des tulipes, des roses et récemment en Moldavie après les élections) ainsi que des changements de régimes pro Occidentaux liés. Symbole de la « couleur » de cette association, les membres observateurs sont la Turquie et la Lettonie (!). Néanmoins ces régimes renversés n’ont pas obtenu les résultats escomptés par leur supporters (intégration dans l’OTAN et l’UE, amélioration du niveau de vie ..) mais au contraire ont entraîné une dégradation de la situation économique et aucune intégration dans le système euro-atlantique. C’est la raison pour laquelle le départ de l’Ouzbékistan en 2005 et l’absence de réalisation concrète de l’organisation l’ont mise en sommeil politique et qu’en mai 2006, le politologue azerbaïdjanais Zardust Alizadé exprimait encore ses doutes quant aux « perspectives de développement de l’alliance, et l’obtention de résultats pratiques ».

– Aujourd’hui, la seconde étape se matérialise agressivement via l’apparition d’un nouveau front, que l’on peut appeler le GUA (Georgie, Ukraine, Arctique).

En Géorgie : l’incapacité politique du président a incité les stratèges Américains à lancer une opération militaire en août 2008, celle-ci ayant néanmoins échoué puisque l’armée Russe a répondu avec force et a « libéré » les territoires d’Ossétie et d’Abkhazie. Ce conflit est le premier conflit de la Russie avec l’Amérique hors des frontières Russes (la précédente étant la déstabilisation Wahhabite en Tchétchénie, fomentée en grande partie par la CIA).

En Ukraine les récents conflits gaziers témoignent des tensions grandissantes et un observateur éclairé jugeait récemment que « un conflit limité, sous le prétexte d’un litige territorial, devrait éclater entraînant une rupture des fournitures de gaz pour une période plus ou moins lingue, les crises gazières sont provoquées afin d’entraîner les consommateurs européens à une telle coupure ».

L’arctique nécessitant un développement propre, j’incite mes lecteurs à lire mes précédents articles à ce sujet et à consulter le blog de « zebrastationpolaire » à ce sujet.

Ces manœuvres d’encerclement, d’endiguement et de déstabilisation ont divers objectifs :

– Contrôler les pourtours des mers noire, caspienne et baltique, zone essentielles et de transit entre l’orient et l’occident.

– Maîtriser les futurs corridors énergétiques, notamment via un projet de construction d’oléo- et gazoducs contournant la Russie mais reliant les régions de la Caspienne, de la mer Noire et de la Mer Baltique.

– Etendre l’influence de l’OTAN le plus à l’est, au cœur de l’Eurasie afin de réduire la sphère d’influence de la Russie (sur son étranger proche) mais surtout en Europe et empêcher un éventuel développement de l’influence Chinoise vers l’Asie centrale.

Évidemment un lecteur non averti me dira que les russes et les américains n’ont cessé de s’affronter depuis 1945 et que globalement, ce n’est pas l’affaire de l’Europe et des Européens. Hors c’est précisément l’inverse…

Dans un monde polycentrique et multipolaire, l’alliance Euro-Russe, clef de voûte de la paix sur le continent

Les conséquences sus cités sont absolument dramatiques pour l’Europe. Elles ont pour conséquences de nous couper de la Russie sur un plan civilisationnel, géopolitique, politique et énergétique ou encore de créer un nouveau mur en Europe, non plus à Berlin mais au cœur de l’Ukraine, en séparant l’Ouest (ensemble sous influence Américaine) de l’Est (ensemble sous influence Russe). Plus prosaïquement, cette ligne de fracture coupe « presque » l’Europe orthodoxe de l’Europe catholico-protestante, reprenant la vision des civilisations séparées de S. Hungtinton dans son ouvrage « le choc des civilisations ». Enfin il est à noter que la Chine, acteur géopolitique et économique majeur, juge probablement l’Europe (via l’OTAN) co-responsable de la situation d’encerclement total qu’elle subit, que ce soit à l’ouest (ring centro-asiatique) et à l’est (dans le pacifique devant ses côtes). Cette rupture avec deux acteurs essentiels que sont la Russie (le pays le plus grand du monde) et la Chine (le pays le plus peuple du monde) sont doublement graves. En cas de tension croissante entre l’OTAN et l’OCS, la France et les pays d’Europe Occidentale seraient en conflit avec une organisation qui regroupe presque un homme sur trois dans le monde, couvrent 32,3 millions de km² et comprend au niveau des ressources énergétiques 20 % des ressources mondiales de pétrole, 38 % du gaz naturel, 40 % du charbon, et 50 % de l’uranium.

Cette stratégie de séparation de la Russie et de l’Europe de l’ouest et du centre a en outre comme conséquence de « limiter » l’Europe dans un micro territoire encastré à l’ouest du continent et de la couper des possibilités immenses que lui offriraient un partenariat avec la Russie.

– L’Europe à besoin de la Russie au niveau énergétique car la Russie dispose des réserves de gaz et de pétrole dont l’Europe à besoin. La Russie est un fournisseur stable comme le prouve sa relation avec la Turquie qui ne souffre elle d’aucun problème d’approvisionnement (il faut rappeler que les coupures d’approvisionnement lors de la guerre du gaz avec l’Ukraine étaient dus à cette dernière mais que les « médias » ont curieusement désignés la Russie comme coupable). La question énergétique est essentielle car l’Europe sous commandement Américain se voit proposer des alternatives à hauts risques, comme celui de remplacer la Russie par la Turquie (pays de l’OTAN candidat à l’UE !) comme fournisseur énergétique (Nabucco au lieu de south stream) ou encore de participer à des conflits pour l’énergie (Irak) dont elle pourrait se passer.

– L’Europe a besoin du fabuleux potentiel que représente la Russie, tant le potentiel humain avec ses 140 millions d’habitants, que géographique avec ses 17 millions de Km² et le débouché sur le pacifique. Elle deviendrait ainsi un acteur de premier plan notamment avec le monde asiatique, qui en en plein développement.

– La Russie à également besoin de l’Europe et des Européens, tant pour l’acheminement de ses matières premières que pour ses technologies ou son capital humain, qu’elle pourrait utiliser afin de combler le dépeuplement à l’est de l’oural. Enfin et surtout, elle a besoin de l’Europe comme d’un allié naturel, complémentaire car issu de la même civilisation.

En effet cette unité Euro-Russe (seule garante de paix et d’indépendance pour les peuples du continent) n’est pas seulement vitale, elle est souhaitable car les Européens d’Occident ou de Russie appartiennent avant tout à la même civilisation.

Comme le disait récemment Natalia Narotchnitskaïa lors d’un colloque à Paris : « La vraie coopération entre la Russie et l’Europe pourrait cependant donner un nouvel élan à notre continent à l’aube du troisième millénaire. Les grandes cultures romano-germanique et russe-orthodoxe partagent un seul et même fondement apostolique, chrétien et spirituel. Les Européens, qu’ils soient Occidentaux ou Russes, ont donné au monde les plus grands exemples de la spiritualité latine et orthodoxe ».

Voilà pourquoi l’avenir de l’Europe, c’est la Russie.

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Message par abdelmalek Mar 29 Juin - 15:08

de gaulle avait dit que l'europe va du sud jusqu'a oural,je pense que la geopolitique pour ce 21 eme siecles montre la monté de la chine l'inde le pakistan ? ,le bresil ect... en petit; les frontiéres vont changer de ligne chez les arabes quelques pays africains.
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Message par Rémi Dim 18 Juil - 19:50

Sacrée démonstration Syfou ! Même si je ne vois pas les Etats Unis derrière chaque mauvais coup, le concept du Heartland et le principe d'opposer les forces en présence pour éviter l'émergence d'un grand rival est bien illustré.

Peut être mon aversion pour Poutine et consorts ne m'ont pas permis d'envisager ce scénario, mais je trouve assez pertinent de rechercher une union avec ce grand voisin, ce qui pourrait heureusement contrarier le scénario que j'expose en "géostratégie"

En ce qui concerne l'Otan, je n'ai jamais été fan de cette organisation dominée militairement et politiquement par les Etats Unis, je préfère les Casques bleus ou mieux une force européenne.

Je crois que les citoyens doivent s'interesser à l'Europe, se montrer exigeants en matière de choix sociaux, budgétaires, et surtout politiques afin de marquer leur préférences pour une Europe socio-démocrate, laïque, ouverte aux immigrants mais ferme dans la défense de ses interêts. Comme tu le dis, l'Europe n'a pas la même logique que les USA, et doit s'en démarquer, n'en déplaise à la Grande Bretagne

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Message par fennec dz Mer 7 Sep - 0:23

Révoltes arabes : diplomatie 2.0 ?
Géopolitique de la russie Syria

Alors que les évènements en Libye ont visiblement définitivement basculé avec
la chute du leader libyen Mouammar Kadhafi, tous les regards sont désormais
braqués sur la Syrie de Bachar el-Assad. Durant les sept premiers mois de
l’année 2011, face au printemps, puis à l’été arabe, la diplomatie russe a
souvent semblé hésitante alors que de nombreux observateurs s’attendaient à des
positions tranchées, dans la continuité d’une certaine ligne diplomatique bien
éprouvée.

Bien au contraire, la Russie a eu une position attentiste et prudente, dans
laquelle il n’a pas été facile de discerner une quelconque ligne directrice.
L’affaire libyenne a même provoqué un début de confusion dans la diplomatie
russe : en effet, le Premier ministre russe, en mars dernier, avait assimilé
l’opération militaire occidentale en Libye a une croisade alors que le président
avait déclaré, dès le lendemain, que le terme de croisade était inadapté et
inacceptable. Nombre de spécialistes et observateurs, à ce moment là, ont
imaginé que c’était le début des hostilités entre les deux hommes en vue de
l’élection présidentielle russe de 2012, mais également l’apparition au grand
jour de deux courants d’idées qui pourraient s’affronter, au cœur du pouvoir
russe. Le jour suivant, le porte-parole du Kremlin avait affirmé que les propos
du président Medvedev n’étaient pas destinés au Premier ministre mais qu’il
s’agissait d’une réponse à une déclaration du guide libyen qui avait aussi
accusé les occidentaux de mener une croisade contre son pays.

Pour autant, l’absence d’utilisation du droit de veto par la Russie, au
moment de la résolution 1973 de l’ONU est un fait concret, qui a été interprété
comme un replacement diplomatique de la Russie. Aujourd’hui, alors que la Syrie,
considérée comme proche de Moscou, est face à une situation chaotique, et que
certains leaders politiques ont déjà affirmé que le pays est le suivant sur la
liste, que pourrait-il se passer ? Quelle pourrait être la position de la Russie
en cas de vote d’une résolution de l’ONU contre le régime syrien ? Plus
globalement, quelles conclusions peut-on tirer des prises de position
diplomatiques russes récentes à propos des évènements dans le monde arabe ?

Tout d’abord il faut écarter ce mythe selon lequel il y aurait une liste
d’États autoritaires destinés à subir des révolutions démocratiques inévitables,
certaines de renverser les pouvoirs en place. Le mécanisme des révolutions
organisées (révolutions de couleurs) qui ont eu lieu en Eurasie, puis plus
récemment en Tunisie ou en Egypte par exemple, n’a pas réussi partout. Un
certain nombre d’États politiquement et économiquement solides n’ont pas
succombé aux manifestations de masse et aux désordres organisés, que l’on pense
à la Russie, à la Biélorussie, à l’Iran, au Venezuela ou encore à la Chine. Par
ailleurs, il faut remarquer que les révolutions qui ont eu lieu en Tunisie et en
Egypte ont rapidement débouché sur des problèmes économiques importants et n’ont
pas encore livré de résultats clairs en matière de gains démocratiques. Mais les
évènements en Libye ou en Syrie n’ont plus rien à voir avec ces mécanismes de
tentatives de révoltes non violentes. Il s’agit de rebellions organisées,
militarisées (par plusieurs puissances occidentales dans le cas de la Libye), et
basées sur des oppositions tribales, ethniques, ou religieuses. La diversité des
situations a fait que la Russie n’est pas le seul État à faire preuve de
prudence face aux évènements qui secouent le monde arabe.

La Russie avait voté la résolution 1970 de l’ONU (embargo sur les armes).
Elle était opposée au vote de la résolution 1973, mais s’est abstenue plutôt que
de faire veto. En agissant ainsi, la Russie ne s’est pas du tout isolée comme
l’a très bien noté l’analyste Eugene Ivanov. Au contraire, elle a rejoint un
groupe d’abstentionnistes, composé de la Chine, l’Allemagne, le Brésil mais
également l’Inde. Une ligne BRIC[S] élargie à l’Allemagne, moteur de l’Europe.
Cette coïncidence entre les positions de la Russie et de l’Allemagne est un fait
nouveau et intéressant, surtout au moment ou la France s’alignait sur les
positions anglo-saxonnes et guerroyait aux cotés de l’Angleterre, puis de
l’OTAN.

Bien sur la personnalité du guide libyen, indéfendable sur la scène
internationale, a surement incité les États qui étaient opposés à l’intervention
militaire, comme la Russie ou la Chine, à ne pas prendre position plus
fermement. Pour la Russie, la perte financière potentielle sur les contrats
engagés avec le gouvernement Kadhafi n’a visiblement pas justifié de froisser
une partie de la communauté internationale avec laquelle la Russie est en
négociation sur des sujets très sensibles, comme l’entrée dans l’OMC ou le
bouclier anti-missiles en Europe. En outre, les représentants de l’opposition
libyenne viennent d’affirmer qu’ils envisageaient de coopérer avec les pays
industrialisés, y compris la Russie et la Chine, au nom de la renaissance et du
redressement de la Libye.

La Syrie est sans doute un autre cas de figure. Pendant le mois d’août, la
Russie et la Chine se sont opposées au vote de la résolution proposée par le
Conseil des droits de l’homme. Mieux la Russie est à l’origine d’une nouvelle
résolution, soutenue par le groupe BRIC[S], ce qui montre qu’elle entend ne pas
être écartée du dossier syrien. Aujourd’hui, la ligne officielle russe est celle
du soutien au pouvoir syrien. Ce soutien de la Russie à la Syrie est interprété
de diverses manières. Fidélité à un allié de longue date, ou désir d’éviter une
déstabilisation de la région, Liban et Israël compris.

Pour autant, en Libye comme en Syrie, la Russie a envoyé ses représentants
discuter des le début avec l’opposition. Toujours pendant le mois d’août, le
président russe a fermement incité le leader syrien à réformer le système
politique du pays, emboitant ainsi le pas à la Turquie (un allié de longue date
de la Syrie et de la Russie) mais aussi à la Ligue Arabe, qui a également
fermement condamné la répression excessive des manifestations. Cet alignement
sur les prises de position de la Ligue Arabe montre que Moscou est sorti du
dogmatisme postsoviétique de défense systématique des leaders historiques, en
étant prête à collaborer avec une certaine ligne médiane et modérée, représentée
par la Ligue Arabe.

Traduction de cette récente politique pragmatique développée par les
autorités russes dans la région : La turbine de la centrale nucléaire de
Bouchehr (construite par la Russie) en Iran a été testée avec succès mardi 23
août. Dans le même temps ou presque, Téhéran a affirmé soutenir l’initiative
russe de relance des négociations entre l’Iran et les grandes puissances du
groupe 5+1 sur le programme nucléaire controversé de Téhéran, négociations
pourtant dans l’impasse depuis de nombreux mois.

Alexandre Latsa
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Message par Droit_De_l'Homme Mer 21 Sep - 16:18

La Russie est prête à soutenir toute résolution sur la Syrie excluant les sanctions et l’ingérence armée

Géopolitique de la russie 4RIA-764279-Preview

La Russie est prête à soutenir toute résolution sur la Syrie excluant les sanctions et une ingérence armée, a déclaré le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov à la 66ème session de l’Assemblée Générale de l’ONU à New York.

Selon le ministre, Moscou décline le scénario libyen et l’emploi des forces à l’égard de la Syrie. L’essentiel consiste à mettre fin à la violence de part et d’autre et à engager le dialogue entre le gouvernement et l’opposition.

Le problème syrien est parmi les essentiels à l’ordre du jour de l’entretien ayant eu lieu lundi 19 septembre de Sergueï Lavrov avec la secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton. Les diplomates ont envisagé pendant plus de quatre heures l’avenir de Damas, de l’Etat palestinien ainsi que l’adhésion de la Russie à l’OMC et la coopération dans la défense antimissile. Les parties n’ont pas réussi à s’entendre. Il est convenu, vu la position de Washington, de reporter la réunion du Quartette pour le Proche-Orient avec la participation de la Russie, des Etats-Unis, de l’UE et de l’ONU. Elle aurait dû être convoquée dans le cadre de l’Assemblée générale mais les Etats-Unis ont décidé de persuader la Russie de voter contre la reconnaissance de l’Etat palestinien indépendant. Ils n’y ont pas réussi, Moscou ayant reconnu l’Etat palestinien à la fin des années 1980. Dit Sergueï Lavrov :

Pour le moment le Quartette ne se réunira pas mais l’entretien avec Hillary Clinton confirme que les Etats-Unis déclinent l’examen du problème palestinien au Conseil de Sécurité et à l’Assemblée Générale. A notre avis, il est inadmissible de priver l’Etat palestinien de droit de s’adresser à l’Assemblée Générale pour qu’elle se prononce concernant le message qui sera adressé vendredi 23 septembre lors d’un entretien du Secrétaire Général de l’ONU Ban Ki-moon avec le leader palestinien Mahmud Abbas.

La Libye a suscité des débats non moins acharnés. Les délégués au mini-sommet consacré à la Libye ont envisagé les perspectives du pays. Le mini-sommet a réuni plus d’une centaine de délégués haut placés dont 60 ont souhaité formuler leurs initiatives. Plusieurs d’entre eux n’ont pas réussi à prendre la parole, notamment la Russie représentée par Mikhaïl Bogdanov. Or, toutes les initiatives ont été prises en considération dans la déclaration finale signée par le Secrétaire Général de l’ONU.

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Message par Syfou Jeu 13 Déc - 22:55

La Russie doit renforcer son rôle géopolitique (Poutine)

Géopolitique de la russie 196907996

La Russie doit renforcer son rôle géopolitique, a déclaré mercredi le président russe Vladimir Poutine lors de son intervention annuelle devant le parlement.
"La Russie ne doit pas se contenter de conserver son rôle géopolitique, elle doit le renforcer. Elle doit être attirante pour ses voisins et partenaires. C'est important pour nous-mêmes. Je tiens à souligner que cela se rapporte à notre économie, à notre culture, à notre science et à notre éducation, ainsi qu'à notre diplomatie, particulièrement à notre capacité à organiser une action collective sur la scène internationale", a indiqué le chef de l'Etat.

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