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Géopolitique des populations du Sahel

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Personne à contacter Géopolitique des populations du Sahel

Message par Sphinx Jeu 10 Juin - 0:34

La presse algérienne révèle que « Les circuits du Tassili du Hoggar sont interdits aux agences de tourisme de Tamanrasset… les services de sécurité ont reconduit manu militari des touristes et leurs accompagnateurs… Des touristes en bivouac ont été carrément embarqués à bord d’hélicoptère, débarqués à Tamanrasset, et abandonnés sans aucune explication. »

En réalité, un vent de panique s’est emparé des autorités après une interception de communication de téléphones satellitaires concernant une « commande de kidnapping ».

Ce qui devait arriver arriva. La persistance d’une insécurité chronique généralisée au Sahel a fini par remonter de nouveau au Sahara qui a déjà connu le retentissant épisode de février 2003 où 32 touristes avaient été enlevés entre Djanet et Illizi.



La géopolitique des populations du Sahel

Le Sahel est la bande semi désertique prolongeant le Sahara des cinq pays d’Afrique du Nord (Maroc, Algérie, Tunisie, Libye, Egypte) aux cinq Etats subsahariens : Mauritanie, Mali, Niger, Tchad, Soudan. Ces pays du Sahel, créés de toutes pièces par la décolonisation sont considérés, en droit international, comme des États, mais n’ont jamais été des Nations.

Cet ensemble de cinq pays ne compte que 80 millions d’habitants en 2008 sur un espace de 7,323 millions de km2, soit moins de 11 habitants/km2. Cette densité est trois fois inférieure à la moyenne de l’Afrique (32 hab/km2), et cinq fois inférieure à la moyenne du Monde (49 hab/km2). Ce peuplement est encore très inégal selon l’occupation territoriale, avec une dominante du nomadisme, allant jusqu’à moins d’un hab/km2.

De telles configurations de peuplement et de surfaces désertiques expliquent les difficultés de souveraineté et de gouvernance sur ces vastes territoires. Aucun des cinq Etats n’a ni la volonté, ni les moyens budgétaires et logistiques d’y déployer un maillage territorial permettant d’exercer l’administration et la sécurité. Il est donc inévitable que des groupes locaux ethniques, « héritiers légitimes » de leurs territoires, en prennent le contrôle, et se rebellent contre le pouvoir central.

L’exemple le plus significatif est celui du Mali. On distingue 23 ethnies réparties en cinq principaux groupes : mandingue (Bambara, Soninké, Malinké, Bozo), pulsar (Peul, Toucouleur), voltaïque (Bobo, Sénoufo, Minianka), saharien (Maure, Touareg) et Songhaï. Les 9/10 de la population, noirs sédentaires, se concentrent dans le sud du pays, le Mali utile en termes de potentialités agricoles. Mais deux tiers du territoire malien sont revendiqués par les Touaregs qui n’ont jamais accepté le pouvoir noir de Bamako.

Le Niger est un territoire tripolaire composé à l’ouest des Djerma-Shongaï, 22% de la population, au centre et à l’est des Haoussas, 56%, et au nord des Touaregs, environ 10% qui revendiquent les trois quart du territoire. Comme au Mali, la rébellion permanente des Touaregs atteste de la fragilité chronique de l’État nigérien.

Du caractère transfrontalier de nombreuses ethnies, à l’exemple de l’ethnie zaghawae transfrontalière entre le Tchad et le Soudan, il en résulte que les territoires des pays voisins sont utilisés comme lieux de replis lors des conflits. Ainsi, le Soudan a-t-il servi de lieu de repli pour des groupes rebelles du Tchad, comme le Tchad l’est pour des groupes du Soudan. Le Sahara algérien et libyen est utilisé comme lieu de repli par les rebelles touaregs du Niger et du Mali, qui considèrent aussi ces régions comme leur espace vital.

Avant la colonisation, il existait des frontières naturelles entre les populations blanches d’Afrique du Nord et les royaumes noirs sub-sahariens. Elles s’étendaient des fleuves Sénégal et Niger jusqu’au Lac Tchad. Le dogme intangible des frontières coloniales a bouleversé profondément les équilibres géo-démographiques du Sahel.

La réunion de l’OUA d’Addis Abeba en Mai 1963 et la conférence des chefs d’Etat du Caire en juillet 1964 ont entériné le statu quo des frontières issues de l’époque coloniale. En fait, ces frontières se substituèrent aux limites administratives établies par la France, lors de la création de l’Organisation Commune des Régions Sahariennes (OCRS), le 10 janvier 1957.

« L’esprit qui a présidé à l’élaboration de l’OCRS dévoile une conception ethnique du territoire dont un des objectifs était de créer une barrière politique définissant une « chasse gardée française » susceptible d’éviter des contacts entre une Algérie qui avait engagé une guerre pour acquérir son indépendance et une Afrique noire traversée par l’opinion des leaders indépendantistes… Cette barrière ethnico-politique pouvait se dresser en jouant sur une série d’oppositions classiques telles que nomades et sédentaires, Touaregs/Arabes, Touaregs/populations noires et bien sûr Blancs/Noirs. À l’évidence, cette conception ethnico-territoriale, voire cette « arme ethnique » utilisée par les services français, ne pouvait qu’exacerber les relations interethniques déjà tendues. »
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Personne à contacter Re: Géopolitique des populations du Sahel

Message par Sphinx Jeu 10 Juin - 0:39

La mystification coloniale du problème touareg

La France coloniale présente en Afrique noire, notamment au Sénégal depuis le 17è siècle, et en Afrique du Nord depuis l’invasion de l’Algérie en 1830, voulait faire la jonction de son empire colonial entre le Nord et le Sud, mais s’était heurtée à ces populations mystérieuses de nomades du Sahara surgissant de nulle part.

Après plusieurs missions de géographes explorateurs comme Henry Duveyrier (1840-1892), une première incursion militaire menée par le colonel Paul Flatters en 1881 dans le Hoggar fut massacrée par les Touaregs.

Il a ensuite fallu attendre 1902 et la fameuse bataille de Tit pour entamer le début de la conquête du Sahara. Les livres d’histoire citent souvent cette « glorieuse victoire de l’armée française », en prenant bien soin d’occulter qu’il n’y avait en fait qu’un seul français dans cette expédition, le lieutenant Cottenest alors que la centaine de combattants étaient tous des algériens Chaâmbas de la région de Ouargla, rivaux héréditaires des touaregs dans les rezzous. Ce fut le début d’une abondante littérature de mystification coloniale qui a toujours fait croire à une supériorité militaire française, une pacification du Sahara et à la soumission des Touaregs devenus « amis des français ».

Pourtant, le Comte Henry-Marie de la Croix de Castries, explorateur et historien de l’Afrique du Nord où il fut affecté en 1873 aux Affaires indigènes, avouait son admiration de « la vie de ces grands chefs bédouins, si proche de celles des temps bibliques. Ce jeune lieutenant se sentait tout pénétré d’inspirations orientales « qui de cette vie arabe lui causa l’impression la plus profonde et la plus durable, de la foi sereine, active et méritoire de ces musulmans convaincus. »

Il relatait aussi la sévère leçon d’humilité que lui donnait l’exemple de ses cavaliers d’escorte, mettant pied à terre pour prier Dieu. « Je m’éloignai ; j’aurais voulu rentrer sous terre ! Je voyais les amples burnous s’incliner à la fois dans un geste superbe aux prostrations rituelles ; j’entendais l’invocation : Allahou Akbar ! Dieu est le plus grand ! Et cet attribut de la divinité prenait dans mon esprit un sens que toutes les démonstrations métaphysiques des théodicées n’avaient jamais réussi à lui donner. J’étais en proie à un malaise indicible, fait de honte et de colère. Je sentais que dans ce moment de prière, ces cavaliers arabes, si serviles tout à l’heure, avaient conscience qu’ils reprenaient sur moi leur supériorité. »

Le Sahara, présenté par les colons comme une frontière déserte infranchissable a en fait toujours été une zone peuplée, reliée par des pistes, des points d’eau et des oasis. Le chameau y était présent depuis l’Antiquité et les traces des nomades transsahariens remontent aux peintures rupestres. Les populations des rives nord et sud du Sahara n’ont jamais été séparées.

« L’installation du père De Foucauld à Tamanrasset ne relève pas seulement d’un souci mystique de solitude, mais de raisons proprement patriotiques et militaires. Le massif montagneux du Hoggar est le centre géographique de la vaste zone désertique qui s’étend du versant sud de l’Atlas, au nord, jusqu’aux bassins du Niger et du Tchad au sud, et de l’océan Atlantique à l’ouest ; jusqu’à la Tripolitaine à l’est. Cette forteresse est au carrefour des pistes qui mènent aux ports méditerranéens l’or, l’ivoire, les esclaves importés d’Afrique noire. Les agiles Touaregs du Hoggar fondaient à l’improviste sur les lourds convois chargés de marchandises ou se faisaient grassement payer pour les protéger ».

Les cités touarègues de la boucle du fleuve Niger (Tombouctou, Gao, Agadez, Tahoua) ont été reliées depuis plusieurs siècles aux cités du grand Maghreb (Marrakech, Fez, Tlemcen, Tihert, Cirta, Ouargla, Biskra, Kairouan,…). Chaque année, les pèlerins transitaient par ces villes pour leur voyage à La Mecque, en passant par la Tripolitaine, le Fezzan, le Tibesti et l’Egypte. Au XVe siècle, la ville mythique Tombouctou comptait environ 100.000 habitants (30.000 aujourd’hui), dont 25.000 étudiants qui fréquentaient la célèbre université.

Une délégation touareg qui rencontra à Biskra le général de la Roque en 1890, lui confirmera l’étendue de leur territoire : « Partout où nous allons nous nous heurtons à vous… du Sud tunisien aux portes de Ghadamès,…au Nezfaoua et dans le Sahara jusqu’à Figuig, nous vous trouvons partout ; avec vous ces contrées là nous sont fermées et nous sommes comme murés chez nous. » En cette fin de siècle, les Kel Ahagar et Kel Ajjer se retrouvent encerclés, privés de leurs débouchés au Sud comme au Nord.

Occultant et bafouant l’histoire millénaire des populations sahariennes, la France a tenté d’imposer au Sahara le triptyque colonial des 3 C défini par David Livingstone : Civilisation, Christianisme, Commerce. Mais malgré tous leurs efforts, Charles de Foucauld et les missionnaires chrétiens n’ont jamais réussi à évangéliser, ni franciser un seul homme bleu.

Dans sa lettre du 29 Mai 1909 à Henry de Castries, Foucauld écrivait avec un étrange mélange de naïveté et de mépris : « Je vais reprendre mon travail quotidien : apprivoisement des Touaregs, des Indigènes de toute race, en tâchant de leur donner un commencement d’éducation intellectuelle et morale… Tout cela pour amener, Dieu sait quand, peut-être dans des siècles, au christianisme. Tous les esprits sont faits pour la vérité, mais pour les Musulmans, c’est affaire de très longue haleine. »

Même le tamasheq restera la langue dominante, tenant tête au français. Et à ce jour les pistes commerciales ancestrales restent toujours contrôlées par les touaregs.

La stratégie coloniale de diviser pour régner a complètement perturbé la perception géopolitique du problème touareg. En réalité, ce terme, devenu générique, englobe l’ensemble des tribus du Sahara et du Sahel qui parlent le tamasheq, de la même façon qu’on désigne par le terme arabe tous ceux qui parlent la langue arabe. Au fil des siècles et du nomadisme, le métissage tribal et l’assimilation culturelle ne permettent plus de distinguer touaregs et arabes, comme on le fait encore à tort entre les populations amazighophones et les berbères arabisés au Maghreb. Les Kountas, Berraber, Berrabich, Zenaga, Iguellad, Ansar, Chorfa, etc… d’origine arabo-berbères, qui nomadisaient des confins désertiques maghrébins jusqu’à Zinder, se sont au fil des siècles complètement fondus dans la culture touareg du désert (langue, mœurs, traditions, habillement, coutumes sociales et juridiques,…). Ils forment en réalité un seul peuple vivant en symbiose.

Depuis les indépendances, on constate une sédentarisation forcée des touaregs en Algérie et Libye, une marginalisation au Niger et une discrimination au Mali avec une seule alternative : l’exil ou les armes. Pourtant, rien au Sahara ni au Sahel ne peut se faire sans le consentement de ces chevaliers du désert.

Les frontières sahélo-sahariennes « géométriques » entre les 10 Etats, en plein désert, ont-elles un sens ? Elles ne sont qu’un fait accompli colonial, une contrainte exogène absurde, artificielle, handicapante. Le droit occidental colonial a imposé une « territorialité » en contradiction avec la nature de l’immensité de l’espace saharien et du mode vital et économique nomade et pastoral. Chez les populations nomades, la géographie politico-économique est mouvante selon la pluviométrie, les rapports de force tribaux et la liberté immuable de circuler. L’idée même d’une frontière fixe est un concept inexistant chez les peuples sahariens. En définitive, personne au Sahara n’a jamais considéré ces frontières théoriques et fictives. Ni les puissances coloniales, ni les Etats indépendants, ni les populations… ni les « nouveaux terroristes »

Le problème touareg renvoie à la complexité géographique de l’espace saharien, aux enjeux humains et économiques du nomadisme. Il pousse à s’interroger sur une nouvelle perception du principe de souveraineté partagé sur des déserts. Comme il est hors de question de marginaliser ou d’exterminer les Touaregs, comme le furent tragiquement les Indiens d’Amérique, la question fondamentale est celle de définir leur intégration et leur rôle dans cet immense espace saharien partagé entre ces 10 Etats. Cette problématique dépasse largement le cadre défini par les Accords de Tamanrasset en 1991 et d’Alger en 2006, qui n’ont en fait jamais été appliqués.

Le morcellement de l’espace touareg voulu par le colonisateur et perpétué par les Etats indépendants doit être abandonné au profit d’une intégration civilisationnelle, géographique, linguistique de cet espace selon un double système d’Etats fédéraux et de zones franches. Des personnalités africaines ont déjà prôné une « déconstruction » de cet héritage colonial des « cadres territoriaux existants, par la remise en question des frontières convenues et la création simultanée d’espaces mouvants ».

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Personne à contacter Re: Géopolitique des populations du Sahel

Message par Syfou Mar 21 Sep - 0:53

Le Sahel sous l’oeil du Pentagone

Washington s’est doté d’un nouveau commandement unifié, Africom, pour combattre la menace islamiste qui monte aux confins de l’Algérie et de l’Afrique noire.

Des bâtiments impersonnels, des bunkers où s’activent 1 300 hommes et femmes, militaires et civils : installé à Stuttgart, le nouvel état-major africain du Pentagone, Africom, semble très loin de l’Afrique mais ses spécialistes, placés sous le commandement du général William E.Ward, surveillent en permanence ce qui se passe aux confins du Maghreb et du Sahel, à des milliers de kilomètres de là.

Dans cette région courant sur près de 5 000 kilomètres, des plages de Mauritanie au Nil soudanais, de nouvelles menaces montent, défiant les intérêts occidentaux et la stabilité des États à coups d’attentats et d’assassinats.

Bernard Squarcini, directeur de la DCRI (Direction centrale du renseignement intérieur), le confirmait à la revue Politique internationale le mois dernier : « En quinze ans, malgré les efforts des différents services, malgré les progrès de la coopération internationale, l’islamisme militant a gagné de nouveaux pays : le nord du Mali (où se sont installées les katibates sahéliennes d’AQMI qui ont dû fuir Alger sous la pression militaire et policière), le Niger, la Mauritanie et, depuis peu, le Sénégal. Dans quinze ans, le danger sera peut-être descendu encore plus au sud… »

C’est dans cette région qu’AQMI (Al-Qaïda au Maghreb islamique, nom de guerre depuis 2007 de l’ancien Groupe salafiste pour la prédication et le combat) a tué, le 30 juin, 11 militaires et gardes nationaux algériens. C’est là aussi, dans le désert, qu’un de ses groupes détient depuis le 22 avril un otage français, Michel Germaneau, 78 ans. Ce cadre pétrolier à la retraite est menacé de mort si la France ne répond pas favorablement à un échange de prisonniers islamistes. Nicolas Sarkozy a cité ce dossier “brûlant” dans son interview télévisée du 12 juillet sur France 2.

Africom surveille de près la région et le général Ward ne cesse de s’y rendre. Diplômé de l’US Army War College et titulaire de plusieurs masters en sciences politiques, Ward a servi à la 82e division aéroportée. Ce soldat a posé son sac un peu partout, de la Bosnie à la Somalie en passant par Hawaii et l’Égypte, alternant les commandements opérationnels et les postes en état-major et en ambassade. Afro-Américain, il fut désigné en octobre 2007 pour mettre en place la stratégie américaine pour l’Afrique.

Jusqu’à cette date, l’Afrique dépendait d’Eucom (European Com mand), un des six états-majors régionaux se partageant le monde. Le principal et le plus connu est Centcom (Central Command), centre de commandement basé à Tampa (Floride) assurant la couverture de l’arc de crise, de l’Égypte au Pakistan, avec la gestion des deux guerres en cours (Irak, Afghanistan). « L’Afrique était du ressort d’Eucom parce que ses pays étaient d’anciennes colonies européennes », explique l’ambassadeur J. Anthony Holmes, adjoint du général Ward pour les affaires civilo-militaires.

Petite barbe blanche et lunettes cerclées d’acier, cet économiste a passé de longues années au Kenya, au Zimbabwe et au Burkina Faso, mais aussi en Asie et au Moyen- Orient : « L’attaque terroriste de Nairobi en 1998 et le 11 septembre 2001 ont changé la donne. Nous avons identifié un vrai problème de sécurité et compris qu’il fallait changer les choses. »

La création d’Africom ne se limite pas à une approche strictement militaire, poursuit Holmes : « Un certain nombre de pays africains et moi-même étions sceptiques. Nous craignions une trop grande militarisation de la politique étrangère de notre pays. Il était nécessaire d’intégrer l’économie, la santé, la gouvernance, le réchauffement climatique. Mais il fallait aussi être réaliste : sans la Défense, le budget des autres agences était bien trop faible pour un tel projet. » Lancé avec une enveloppe de 50 millions de dollars en 2007, Africom disposait l’an dernier d’un budget de 310 millions.

Les guerres successives des années 1990, la montée de l’islamisme et la prolifération des réseaux terroristes, le trafic de drogue en provenance d’Amérique du Sud et d’Asie par l’Afrique de l’Ouest et le Sahara ont fait comprendre aux Américains la nécessité de cette réorganisation pour mieux assurer leur sécurité et étendre leur influence dans cette partie du monde. Officiellement, il ne s’agit pas de contrer celle de la Chine. « La question n’est pas là », jure l’état-major d’Africom. Il n’en reste pas moins que cette vigilance active est un signal fort de Washington à Pékin.

Le commandement du général Ward gère près de 700 dossiers et activités sur le continent, des plus ambitieuses aux plus discrètes, de l’opération antiterroriste Enduring Freedom Trans Sahara, aux tâches d’instruction menées par des petites équipes de deux ou trois instructeurs, de la formation des gardes-côtes du Cap-Vert et de Sierra Leone à la lutte contre la pêche illégale et la piraterie maritime. « C’est une manière de contenir et de circonvenir le risque terroriste, explique Holmes. Notre action repose sur qua tre piliers : la résolution des conflits, l’accompagnement vers un processus démo cratique, le respect des droits de l’homme et la recherche de solutions économiques. »

L’opération Enduring Freedom Trans Sahara est menée dans le cadre d’un partenariat antiterroriste transsaharien. Ce programme comprend la lutte contre AQMI, en association avec dix pays de la région : Maroc, Algérie, Burkina Faso, Tchad, Mali, Mauritanie, Niger, Nigeria, Sénégal et Tunisie. À Stuttgart, les analystes de Ward ont identifié un risque principal dans les six prochains mois : la collusion entre les combattants somaliens du mouvement Al-Shabab et Al-Qaïda. Le nombre de “volontaires” étrangers aurait augmenté, avec une centaine de djihadistes venus d’Amérique du Nord, d’Europe, du Yémen, d’Afrique du Sud, partout où se trouve une forte diaspora somalienne. AQMI chercherait pendant ce temps à acquérir un important arsenal d’explosifs pour planifier des actions au Mali.

La formation, l’entraînement d’armées dont les structures ont éclaté, est l’autre priorité. C’est le cas au Rwanda, en Ouganda, au Liberia. Ces armées seront ensuite déployées sous les ordres de l’Union africaine, des Nations unies et des organisations régionales de sécurité. En Républi que démocratique du Congo (ex-Zaïre), Africom mobilise une quarantaine d’Américains sur le programme Olympic Chase, dont l’objectif est de former un ba taillon congolais (500 hommes).

Plus de la moitié des personnels employés pour Olympic Chase sont des contractors, des employés de sociétés militaires privées, ce qui témoigne des difficultés du Pentagone à mener de front les guerres d’Irak et d’Afghanistan tout en continuant à étendre et consolider ses zones d’influence.

Source : valeursactuelles.com
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Personne à contacter Re: Géopolitique des populations du Sahel

Message par Syfou Lun 25 Oct - 1:51

Mali : Le ventre mou du Sahel

Bien entendu, l’objectif final recherché par ces intérêts est de s’assurer une part appréciable de ce nouvel eldorado minier.Autrement dit, le Sahel est pris dans l’engrenage infernal d’une géopolitique compliquée qui risque à tout moment de précipiter toute la région dans le chaos. Une géopolitique dont les enjeux, ressort-il, sont perçus différemment dans la région.

Depuis l’enlèvement par Al Qaîda au Maghreb islamique (AQMI) de 7 employés d’Areva, dans le nord du Niger, le 15 septembre dernier, plus personne n’ose s’aventurer au Sahel. Même les humanitaires les plus téméraires ont décidé — sous la pression de la peur et de leur gouvernement — de plier bagages et de mettre une croix sur la région.

Cela le temps, du moins, que la situation se décante. Mais avant qui que ce soit d’autre, ce sont d’abord les populations autochtones qui sont les premières victimes de la terreur que tente d’y asseoir AQMI. Abou Zeïd et Mokhtar Belmokhtar, deux chefs terroristes tristement célèbres pour avoir exécuté de sang-froid deux Occidentaux en l’espace de deux années — le Britannique Edwin Dyers et le Français Michel Germaneau — semblent parvenus à leurs fins, à savoir isoler le Sahel du reste du monde et en faire un des principaux sanctuaires du terrorisme islamiste.

La multiplication des opérations terroristes sur le terrain a déjà contraint, en tout les cas, les agences de voyages à revoir de fond en comble leurs circuits, portant un coup sévère à la fragile industrie touristique dont dépend la survie de villes comme Tombouctou. Habituée à voir déferler à longueur d’année d’importantes vagues de touristes occidentaux, cette magnifique citée, fondée par les Touareg au XIIe siècle, devenue en l’espace d’un siècle le centre intellectuel le plus prestigieux du Moyen- Age africain, est aujourd’hui au bord de la crise de nerfs.

La raison ? Malgré l’ouverture de la saison touristique depuis déjà plusieurs jours, aucun étranger n’a encore montré son nez. Aucune réservation n’a également été faite dans les nombreux petits hôtels que compte la ville. Faute de clients, les artisans tout comme les restaurateurs se tournent les pouces et se regardent en chiens de faïence à longueur de journée. Ils ruminent leur colère en silence. Démoralisée et inquiète, toute la ville tourne au ralenti depuis trop longtemps. Tout le monde sait que si la machine touristique ne redémarre pas dans un mois ou deux, des dizaines de familles, déjà durement touchées par la pauvreté, seront obligées de quitter la région pour tenter de trouver de quoi subsister ailleurs. Et pour l’heure, la situation ne prête pas à l’optimisme.

La perle du désert n’a pourtant rien perdu de son éclat. Au contraire, grâce aux financements importants consentis par le gouvernement sud-africain, sous la présidence de Thabo Mbeki, pour sauvegarder son inestimable patrimoine culturel, Tombouctou a pour ainsi dire connu une véritable renaissance.

Ses principaux sites touristiques ainsi que ses mosquées historiques si atypiques sont sur le point d’être complètement rénovés. Toujours avec l’aide des Sud-Africains, les autorités tombouctoises ont réalisé le pari fou de réunir et de restaurer près de 40 000 manuscrits historiques datant du XIIe siècle et éparpillés aux quatre vents il y a encore peu de temps.

Trésor inestimable, ces documents, qui sont pour la plupart écrits en arabe ou en peul par des savants musulmans, contiennent un savoir qui couvre plusieurs domaines (astronomie, botanique, géographie, mathématiques, musique, etc.).

Jalousement conservés depuis des siècles comme des secrets de famille, ces manuscrits méritent à eux seuls le déplacement. Toutefois, tous ces efforts risquent, à terme, d’être réduits à néant si rien n’est entrepris pour redonner confiance aux touristes et, surtout, faire en sorte que AQMI n’impose pas sa loi dans la région.
L’émergence d’AQMI paraît avoir assombri, pour un temps, le ciel du Sahel. Le véritable test pour le Sahel sera toutefois le Festival du désert organisé chaque mois de janvier aux alentours de Tombouctou. Si à ce moment-là, les touristes ne viennent pas, la région ne s’en remettra pas avant longtemps.

«Il faut absolument faire quelque chose. La population ne peut pas être abandonnée à son sort de la sorte. Tout le monde vit ici du tourisme. Si les Occidentaux ne viennent pas, ce sera une catastrophe. La paupérisation a déjà atteint des proportions inquiétantes ici.

Sans les revenus du tourisme, je ne sais ce qu’il adviendra d’eux», lance sur un ton de désespoir Devon Reid, probablement la seule Occidentale à avoir pris la résolution de rester vivre dans le nord du Mali, après l’enlèvement des employés d’Areva. Arrivée, il y a peu, tout droit des Pays-Bas, pour aider les habitants de la région à lancer des micro-entreprises, elle soutient à cor et à cri que Tombouctou est une ville sûre et se dit convaincue que la menace d’Al Qaîda est exagérée. «Cela fait plusieurs jours que je vis ici.

Je ne comprends pas pourquoi on s’empresse de présenter la région comme un coupe-gorge, alors que ce n’est pas du tout le cas. La population est chaleureuse et accueillante. Je me sens en confiance», ajoute, la gorge nouée par l’émotion, cette Canadienne qui découvre pour la première fois le Sahel.

Les médias étrangers décriés

Les habitants de Tombouctou sont ainsi particulièrement remontés contre les autorités françaises, auxquelles il est reproché de faire fuir les touristes en présentant, régulièrement, les villes du nord du Mali comme étant à haut risque. «Pourquoi cet acharnement contre nous ? Ils oublient qu’il ne s’est jamais rien produit ici, à Tombouctou. Les étrangers qui y séjournent sont sous notre protection. Nous sommes responsables de leur sécurité. Nous n’avons aucun intérêt à ce qu’il leur arrive quelque chose», s’insurge Mahamane, un artisan bijoutier d’une quarantaine d’années rencontré non loin de la célèbre mosquée Djingareyber, mémoire encore vivante de l’âge d’or de Tombouctou.
Les Touareg se joignent également aux mécontent pour dénoncer l’amalgame aussi «insupportable» que «dangereux» qui revient de plus en plus souvent dans les articles de la presse française consacrés au Sahel et qui établissent un parallèle «inique» entre leurs tribus et les groupes d’AQMI. La tête et le visage entièrement couverts d’un chèche couleur sable, un vieux Targui au regard d’aigle, adossé au mur de terre cuite d’une baraque improvisée en épicerie, se dit «outré» par la représentation qui est faite d’eux en Occident depuis peu. Le doigt pointé vers le ciel, le sexagénaire jure d’une voix grave par les 333 saints que compte Tombouctou, que les siens n’ont rien à voir avec les terroristes d’AQMI. «Comment peut-on penser et dire une chose pareille ? Nous ne sommes ni des criminels ni des voleurs de poules. Si les Touareg avaient été du côté des terroristes, la région aurait plongé dans le chaos depuis longtemps», fulmine notre interlocuteur.

Contrairement à certaines idées reçues, les activités d’Abou Zeïd et sa bande ont aussi commencé à nuire aux affaires d’une certaine catégorie de contrebandiers. Il s’agit surtout de celle dont le «travail» consiste essentiellement à acheminer depuis la ville algérienne de Tamanrasset des produits de première nécessité (lait, café, thé, semoule, farine, etc.) et des médicaments. Des denrées pratiquement inexistantes sur les marchés maliens. Depuis l’attaque meurtrière menée contre un poste de garde-frontières, en septembre dernier, à Tin Zaouatine, par le groupe d’Abou Zeïd, l’armée algérienne a pratiquement verrouillé la frontière algéro-malienne. Plus rien n’entre ni ne sort aussi facilement qu’avant d’Algérie. «Avant que ces histoires de terrorisme ne commencent, j’avais l’habitude de faire la navette plusieurs fois par mois entre Tombouctou et Tamanrasset. Presque tout ce qu’on mange ici provient d’Algérie. Mais depuis peu, il est devenu très risqué de s’aventurer près de la frontière. D’un côté tu as l’armée algérienne qui est constamment sur le qui-vive et, de l’autre, tu risques de tomber sur des terroristes capables de tout pour te soutirer de l’argent. Cela devient trop risqué», témoigne Hammodan, un transporteur clandestin malien, rencontré à l’auberge du Désert de Tombouctou. A l’aise dans plusieurs langues, notre interlocuteur explique d’un ton grave mais néanmoins dans un bon français que «la situation risque d’être catastrophique pour les 32 000 habitants que compte Tombouctou si les affaires ne reprennent pas». «Cela surtout, poursuit-il, que les autorités centrales à Bamako ne se préoccupent pas trop de ce qui se passe ici.»

Le constat vaut malheureusement pour plusieurs autres villes. C’est le cas de Gao, Kidal et Abeibara qui ont déjà été secouées par de violentes rebellions de Touareg, par le passé. «Si ça continue, il n’y aura bientôt plus rien à manger. Voyez par vous-même, même pour les cours de nos enfants, c’est nous qui devons les financer», fait remarquer Hammodan, l’air soucieux. Le Nord est-il à ce point coupé du sud du Mali ? Notre transporteur n’a pas besoin de trop disserter pour montrer le déséquilibre qui caractérise les deux régions. Mais comme si la misère ne suffisait pas, il a fallu encore que le nord du Mali soit au centre des visées du terrorisme international et d’importants intérêts économiques.

ELWATAN

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Message par Syfou Ven 24 Déc - 23:06

Une géopolitique de l’invisible !

Géopolitique des populations du Sahel Les-to10

Malgré sa pauvreté manifeste, le Sahel s’érige aujourd’hui en hub énergétique mondial, de plus en plus convoité par les grandes puissances. Zone charnière entre l’Afrique subsaharienne et la Méditerranée, avec ses 80 millions d’habitants, ce vaste territoire de plus de 9 millions de km², difficilement contrôlable, est devenu un sanctuaire dédié à l’insécurité. Écologiquement et économiquement délabré et laissé pour compte, l’immensité du Sahel constitue un véritable Eldorado pour abriter les nouveaux terrorismes franchisés d’Al-Qaïda et des activités illicites et criminelles de tous bords
Au sein des pays du Sahel, la position géopolitique et géostratégique de la Mauritanie est d’autant plus cruciale que périlleuse. Longtemps considérée comme trait d’union entre l’Afrique occidentale et le Maghreb, la Mauritanie reste fortement tributaire des écarts disproportionnés entre la géographie de son histoire et l’histoire de sa géographie. Étant le plus grand portail du Sahel sur l’Atlantique avec ses 754 km de côtes, sa superficie surdimensionnée de plus d’un million de km², ses reliefs difficiles et accidentés, ses labyrinthes sahariens à faible densité humaine, la Mauritanie est par excellence le pays le plus fragile et le moins contrôlable de la région.
Pourtant, la Mauritanie officielle, au lendemain d’une longue et tumultueuse période d’exception, ne se résigne pas à faire la politique de ses moyens, quand bien même elle n’a pas les moyens de sa politique. Inévitablement, elle devient de plus en plus confrontée, eu égard à sa fragilité structurelle et conjoncturelle, aux menaces d’insécurités tous azimuts.
Dans ce contexte particulièrement incertain, l’ampleur des menaces au Sahel, la nécessité de faire une lecture habile de la donne internationale brouillée et le bon sens de voisinage stratégique, appellent les différents acteurs de la région à collaborer autrement. Afin de briser le cycle de la violence et éviter l’enracinement de l’insécurité au Sahel, des actions atypiques, concertées, minutieusement préparées et exécutées sont indispensables. L’instauration de nouveaux termes d’échange en matière de communication, de diplomatie, de coopération, de circulation des informations et des renseignements devient incontournable. Seule une perception partagée des intérêts et des menaces en commun, permettraient de dépasser des stratégies, jusqu’ici, circonscrites, qui se neutralisent ou se disputent, afin de pouvoir coordonner les efforts et ménager les moyens de lutte contre l’insécurité.
Avec l’émergence de la sécurité humaine au sens élargi du terme, une certaine vision étroite de la notion de sécurité a substantiellement changé. L’exigence de sécurité ne renvoi plus exclusivement à la protection de l’État, de ses symboles, de ses personnages et de sa souveraineté territoriale. Toutefois, l’obligation d’y intégrer convenablement la sécurité humaine passe nécessairement par une profonde reforme du secteur de sécurité. Il s’agit là d’un impératif pour assurer notamment, la protection des personnes et des populations qui ont besoin d’être mises à l’abri de la peur, de la maladie et des autres menaces physiques, morales ou politiques. Autant cette promesse constituerait une planche de secours pour un Sahel inachevé, elle demeure un défi majeur à relever par tous les acteurs de la région.
Les puzzles de la Seibâ
La terminologie du Sahel est profusément contrastée. Mot arabe qui signifie littéralement rivage, le Sahel désigne aujourd’hui exactement le contraire de son sens d’origine. A priori, le Sahel serait là où la régularité des conditions de l’écologie et du climat rend à nouveau la vie possible après le franchissement particulièrement pénible de l’immense désert saharien. De nos jours, le Sahel est antinomique de sa propre signification.
Déjà à l’époque médiévale, les géographes arabes distinguaient, en se référant aux grands empires sahéliens, entre deux notions, celle de "Bilad es Seibâ" ou pays de la dissidence et celle de "Bilad es Silm" ou pays de la paix. Entre ces deux repères géographiques, il y a eu toujours des espaces d’indécision socio-politiques et militaires. Historiquement, la plus grande partie du territoire du Sahel se composait de zones grises qui s’étendent sur plusieurs milliers de kilomètres. Il s’agit d’un espace mouvant où des puzzles de terroirs, pratiquement incernables et indécis, oscillaient selon les dispositions des rapports de forces conjoncturels, entre les différents centres de décision politico-militaires, plus ou moins stables et sédentarisés situés sur les confins de cette région.
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Personne à contacter Re: Géopolitique des populations du Sahel

Message par Syfou Ven 24 Déc - 23:09

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Les modes opératoires de gestion de l’espace sahélien n’avaient pas connu de changements véritables depuis des siècles. Les anciennes revendications territoriales, commerciales ou culturelles, notamment pour l’accès à l’eau, à la terre et aux ressources naturelles, s’imbriquent de nos jours, avec les nouvelles difficultés générées par la mondialisation des flux d’échanges planétaires. Les modes traditionnels d’exercice du pouvoir sur ces espaces charnières, sous-administrés et sous-défendus de tous les temps, se faisaient à travers des droits de passage, de protection et d’usufruits réclamés par les riverains. Affaiblis, voire neutralisés par la nouvelle notion de frontières, introduite par la colonisation, ces modalités s’avèrent aujourd’hui profitables à la pénétration et à la prolifération des groupes criminels avec autant de risques d’insécurité et de conflits dans cette région. En effet , ce fameux territoire du Sahel, vulnérable du fait même de sa géopolitique saharienne propice à la dilution des frontières et à la mobilité des personnes, des montures et des équipements, a été historiquement le théâtre éludé de nombreux flux ambulants : humains, marchands, financiers, culturels, religieux et militaire. Nonobstant, le champ sahélien n’obéit pas à un système de forces homogènes. Il reste incapable de s’autoréguler, de parvenir à une certaine stabilité autour d’un ultime point d’équilibre. Les altercations au Sahel évoquent les dissonances d’un orchestre sans chef. Dans cette vaste région débridée, allant de l’Atlantique à la Somalie et de la Méditerranée au Golfe de Guinée, l’évaluation des enjeux de sécurité à travers le prisme des flux dévoile les parcours transsahariens qui, loin d’être des terroirs hermétiques et compartimentés, se chevauchent et se recoupent pour créer une multitude d’équations géopolitiques intangibles. Il s’agit d’une zone dans laquelle les espaces lacunaires et les angles morts favorisent l’amplitude et l’imbrication des flux criminels de tous bords. Il serait vain alors, d’analyser séparément ces menaces tant elles sont étroitement juxtaposées et solidaires. L’insécurité, la criminalité organisée et le terrorisme ne peuvent être appréhendés sans les envisager comme un tout intégral. Du point de vue stratégique, d’importants changements géopolitiques sont survenus dans la région durant les dernières décennies. Des éléments nouveaux doivent être pris en compte pour mieux apprécier la situation des enjeux de stabilité au Sahel. Cette évolution concerne aussi bien les acteurs de la sécurité, la nature des menaces que la transformation de la notion même de sécurité.
État post-colonial et facteurs d’instabilité
La fragilité endogène du Sahel découle d’une profonde vulnérabilité des États post-coloniaux qui en composent le tissu. Espace tampon, mais surtout espace de contacts et d’échanges, le Sahel ne cesse de développer une conflictualité endémique de plus en plus difficilement contrôlable. Dans cette région, les facteurs déstabilisateurs sont nombreux et variés : la fragilité structurelle et conjoncturelle de ses États, l’extrême pauvreté de ses populations, la sécheresse et la dégradation de son milieu naturel, les luttes internes de pouvoir qui y gangrènent, la militarisation croissante de ses rapports sociopolitiques, la forte pression de sa démographique, les conflits régionaux, l’insécurité généralisée et les velléités étrangères, qui la transforment en espace de confrontation géopolitique permanente.
Un demi-siècle après leur indépendance, les États post-coloniaux demeurent incapables de parachever leurs autorités sur leurs propres territoires. Cette incapacité des États sahéliens à exercer leur principale fonction régalienne, constitue une problématique fondamentale qui alimente les risques de déstabilisation et de conflits armés dans cette région. Le délitement de tout État fragile le livre potentiellement à ses forces anarchiques intrinsèques et/ou à la domination extérieure. Étant un espace particulièrement sous-administré et mal géré, le Sahel souffre d’une mauvaise gouvernance chronique qui hypothèque dangereusement son avenir.
Les douze pays qui constituent officiellement la région du Sahel sont pratiquement classés, à un titre ou un autre, comme pays fragiles selon les critères de l’OCDE. Ce classement signifie que les systèmes de sécurité des pays concernés, sont incapables de jouer avec efficience le rôle majeur qui leur est dévolu. Ce rôle qui consiste à assurer la protection de la souveraineté, du territoire, des personnes et des populations des pays en question. Pire encore, dans certains contextes, les crises d’instabilité qui affectent périodiquement et/ou fréquemment ces pays, faisaient apparaître leurs systèmes de sécurité comme étant cause ou partie prenante dans les facteurs d’insécurité et d’instabilité qui menacent la démocratie, l’État de droit et la sécurité humaine dans lesdits pays. Seuls deux pays du Sahel sur douze avaient échappé à un coup d’État militaire en 45 ans ; seuls quatre pays membres de la CEDEAO sur 15 n’ont pas été affectés depuis 30 ans par un conflit violent aux frontières ou à l’intérieur.
La région du Sahel est souvent soumise à de nombreux soubresauts politiques, à des guerres civiles, des conflits frontaliers (Sénégal, Niger, Nigeria, Tchad, Soudan, Somalie) et des coups d’État : (Mauritanie- Août 2005 et Août 2008), (Guinée Bissau- Mars 2009 et Avril 2010) et (Niger- Février 2010). D’autre part, il y a aussi l’hyperstabilité de pouvoir (M. Campaoré au pouvoir depuis Octobre 1987 et M. Déby depuis Février 1991). Paradoxalement, la redistribution du pouvoir est souvent aussi déstabilisatrice et génératrice de frustrations et donc de conflits.
Au Sahel, l’insécurité revêt plusieurs facettes et s’affiche sous différents visages dans une région devenue un véritable Eldorado pour tous les trafics illicites de contrebande. Les flux de la criminalité organisée y ont trouvés largement leur place, soit en s’adossant aux circuits traditionnels des flux d’échange, soit en occupant les espaces laissés vacants par la relâche des États affaiblis. Allant du trafic des migrants clandestins, estimé entre 65.000 à 120.000 par an, à celui des armes légères avec environ 8 millions de pièces qui circulent en Afrique de l’Ouest, dont plus de 100.000 kalachnikovs au Sahel, en passant par celui des drogues, pour finir avec le terrorisme régional et international.
La criminalité organisée, y compris le terrorisme transsaharien, a été érigée en créneau porteur à travers une dynamique capitalistique en plein essor dans un environnement d’extrême pauvreté. Sachant qu’il existe principalement deux couloirs de trafic des drogues prohibées en Afrique, à savoir l’héroïne dans l’Est et la cocaïne dans l’Ouest, il est curieux que 0,2% seulement des quantités des drogues transitant par ce continent soient saisies chaque année.
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Personne à contacter Re: Géopolitique des populations du Sahel

Message par Syfou Ven 24 Déc - 23:13

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La jonction de ces deux circuits, qui se rejoignent dans le Sahara, permettent au gros lot d’emprunter, grâce aux complicités locales, de nouveaux itinéraires vers l’Europe à travers le Tchad, le Niger, le Mali et la Mauritanie. L’évolution du trafic de la drogue est impressionnante. Ainsi, entre 2004 et 2007, des saisies de 33 tonnes de cocaïne ont été effectuées en Guinée-Bissau, où résideraient quelques dizaines de narcotrafiquants colombiens. En 2006, des saisies importantes ont été enregistrées : 2 tonnes au Ghana, sur une seule opération, alors qu’en en 2007, 630 et 830 kg de cocaïne ont été saisis en Mauritanie, 5,5 tonnes saisies au Sénégal et, en 2008, 750 kg ont été saisis au Mali. L’évolution des flux des trafics illicites, particulièrement profitables en termes de chiffre d’affaires, est autant plus importante qu’elle reste intimement liée au phénomène de prolifération de la corruption à grande échelle dans les différents pays de la région. Symptôme de dysfonctionnement politique et économique des États sahéliens, cette pratique familière et répandue mine la bonne marche de l’ensemble des institutions des États sahéliens. La connivence entre les réseaux sociaux et familiaux avec les agents d’État affectés au contrôle des frontières, en particuliers policiers, douaniers, gendarmes, gardes-côtes et militaires, est souvent la pierre angulaire qui perpétue ces pratiques et fait prospérer les flux de la criminalité organisée sous toutes ses formes.
L’opacité et l’impunité font de la région du Sahel une zone où la pratique de la corruption pénalise sévèrement la croissance et empêche la redistribution des richesses. Transparency International a publié, en octobre dernier, son rapport 2010 sur la perception de la corruption dans 178 pays dans le monde. Les scores des pays sahéliens dans ce classement sont sans appel. Parmi les plus mauvais élèves de la planète on peut compter : la Mauritanie au 143ème rang, le Tchad 171ème, le Soudan 172ème, le Burkina Faso, le Sénégal, le Bénin et le Mali occupent respectivement les 98ème, 105ème, 110ème et 116ème rangs.

Au-delà de la cruauté des faits, des interprétations iconoclastes des actes dénaturés font ressortir que la corruption n’est pas forcément perçue par l’opinion publique dans cette région comme étant un délit, mais plutôt comme une façon de redistribuer autrement des revenus à large échelle. Les trafics illicites ne sont pas alors considérés comme des infractions majeures mais plutôt, elles deviennent une ressource de rente profitable là où il y a connexion avec des acteurs gouvernementaux.
Ainsi, la subtilité de la corrélation entre sécurité humaine, bonne gouvernance et développement durable n’est plus à démontrer. L’absence de sécurité hypothèque les efforts de développement et, réciproquement la fragilité socio-économique favorise les conflits et l’insécurité. Les crises liées à l’insécurité ont ralenti ou fait échouer les efforts de développement durable dans diverses régions du monde, notamment en Afrique subsaharienne. Au Sahel, où la plupart des pays se trouvent actuellement dans une dynamique de sortie de crise ou dans une situation de stabilisation et de reconstruction post-conflit, la sécurité constitue véritablement un défi majeur et un enjeu pour le développement durable de cette région.
Enjeux énergétiques et conflits d’intérêt
Dans un contexte géopolitique mondial marqué par la hausse continue des cours des hydrocarbures et une forte demande en la matière, les enjeux énergétiques sont plus que jamais au centre des conflits internationaux. Paradoxalement, le Sahel synonyme d’extrême pauvreté et de misère, devient de plus en plus un espace de confrontation géopolitique et géostratégique entre les différentes puissances régionales et internationales pour le contrôle des richesses naturelles, qu’il recèle : pétrole, gaz, or, phosphates, diamants, cuivre, fer, charbon, nickel, zinc, bauxite, uranium, plutonium, manganèse, cobalt, argent, chrome, étain, sels minéraux, eaux douces, poissons, crustacés, diversité biologique, cheptels de bétails, bois précieux, etc. Les revirements des enjeux énergétiques et les conflits d’intérêt dans la région du Sahel, particulièrement riche d’importantes réserves d’énergies fossiles et de gisements de minerais stratégiques attisent les appétits des puissances étrangères à trouver un prétexte pour s’y déployer. La France y est déjà bien avancée avec des troupes positionnées dans la région du Sahel ou à proximité. Elle dispose de quatre bases militaires permanentes : au Sénégal (1200 hommes), au Tchad (1250), en Côte d’Ivoire (2000), au Gabon (900) et à Djibouti (2900), en plus de sa présence limitée et non permanente dans d’autres pays de la sous région comme au Cameroun, en Mauritanie, au Burkina Faso et en Centre Afrique.
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Message par Syfou Ven 24 Déc - 23:19

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Concernant les États-Unis, bien que leur présence militaire officielle au Sahel n’existe pas encore, les câbles diplomatiques récemment dévoilés par WikiLeaks révèlent une autorisation "réticente" de survol accordée par les autorités algériennes à l’US Air Force pour des missions au Sahel contre l’Aqmi. Déjà, les États-Unis avaient lancé dès 2002 l’initiative Pan Sahel et organisent régulièrement les exercices militaires de type Flintlock avec les armées des pays du Sahel. En Décembre 2008, la Force tactique en Europe du Sud (SETAF) a été transformée en U.S Army Africa (Armée USA pour l’Afrique), qui est une composante du Commandement Africa (AfriCom) devenu opérationnel depuis octobre 2009. D’après des officiels US, cette transformation constitue une "nouvelle façon de regarder vers l’Afrique". Bien que la base de l’U.S Army Africa soit actuellement à Vicence en Italie, ce corps opérera sur le continent africain avec de petits groupes pour conduire des opérations de "réponse aux crises" en se servant de la 173ème Brigade aéroportée. Fruit de la reconnaissance américaine de l’importance stratégique croissante de l’Afrique, l’U.S. Army Africa continuera à s’agrandir dans le cadre de commandement des forces navales AfriCom.

Le commandement du fameux AfriCom ne trouvant pas encore de place pour s’installer en Afrique du Nord, l’US Army Corps of Engineers, vient de lancer en début de ce mois, un intriguant appel d’offres pour la construction d’un terrain d’aviation militaire dans un pays d’Afrique du Nord. Sans préciser le nom du pays dont il s’agit, l’objectif serait d’installer une base militaire aérienne américaine dans la région qui servira aux missions d’espionnage que le Pentagone envisage de lancer, officiellement, pour traquer les membres d’Al Qaïda au Sahel.
La Chine a également fait ses entrées économiques colossales dans la région du Sahel depuis quelques années déjà. La concurrence chinoise avec les autres pays est en expansion. La Chine est actuellement le second partenaire commercial de l’Afrique, après les États-Unis. Les investissements chinois sont en forte croissance même dans les pays traditionnellement liés aux USA. En Éthiopie, la China Exim Bank a investi récemment 170 millions de dollars pour la construction d’un complexe résidentiel de luxe à Addis Ababa, et une autre société chinoise, Setco, a annoncé la construction de la plus grande usine de pvc dans ce pays. Au Liberia, la China Union Investment Company a investi 2,6 milliards de dollars dans les mines de fer. Des sociétés chinoises ont effectué aussi de gros investissements qui dépassent 2 milliards de dollars par pays, dans les secteurs pétroliers au Nigeria et en Angola, jusque là dominés par les compagnies occidentales. Mais la concurrence chinoise aux États-Unis ne se limite pas au plan économique, Pékin soutient aussi certains gouvernements, comme ceux du Zimbabwe et du Soudan. En plus, elle fournit aussi des armes un peu partout en Afrique.
Israël est présente au Sahel elle aussi, l’Iran s’intéresse aux minerais stratégiques du Sahel, l’uranium notamment et, cherche à y réaliser des percées substantielles. La Russie, l’Inde et le Brésil seraient aussi déterminés à être de la partie. L’intensification de la présence économique et militaire des acteurs extérieurs et les conflits d’intérêt qui en découlent, contribuent à déstabiliser davantage les États fragiles et affaiblis dans la région de Sahel.
La richesse controversée du Sahel attise les convoitises des puissances étrangères désirant s’en assurer le contrôle. Une véritable géopolitique des tubes, sur fond de rivalités internationales croissantes, commence à se dessiner au Sahel. Les grands États de la planète s’activent depuis quelques années déjà pour organiser progressivement le désenclavement des richesses du Sahel afin de les acheminer ensuite vers les zones de consommation, en Asie via le Soudan, en Amérique via le Golfe de Guinée et vers l’Europe continentale à travers l’Atlantique, le Sahara et le Maghreb.
A partir de 2011, l’Afrique sub-saharienne serait susceptible de devenir pour les États-Unis une source d’énergie aussi importante que le Moyen-Orient, disposant de quelques 60 milliards de barils de réserves pétrolières avérées. Les experts s’attendent à ce que 1 sur 5 barils de pétrole entrant dans le circuit de l’économie mondiale proviendrait du golfe de Guinée, et que la part des importations américaines du pétrole africain passera de 20% en 2010 à 25% en 2015. Les investissements des compagnies pétrolières européennes et américaines sont en constante progression depuis 2000. ELF y puise près de 60% de sa production de pétrole. Total et Gazprom s’apprêtent à financer le projet de gazoduc transsaharien de 4000 km pour relier le Nigeria à l’Algérie d’ici à 2015.
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Message par Syfou Ven 24 Déc - 23:21

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L’attractivité du golfe de Guinée est de plus en plus grandissante depuis la mise en service, en 2003, de l’oléoduc Tchad-Cameroun qui relie les champs pétrolifères de Komé, dans le sud-ouest du Tchad au terminal maritime camerounais de Kribi, sur un parcours de 1.070 km. Ce pipeline qui draine 250.000 barils de pétrole par jour vers l’Atlantique, donnera accès à terme, aux champs pétroliers du Soudan, bien que l’exploitation du pétrole dans ce pays est fortement dominée par la Chine, dont le Soudan ne couvre pourtant que 4,5% de ses besoins en or noir. La China National Petroleum Company (CNPC) est le plus gros investisseur étranger au Soudan, avec quelque 5 milliards de dollars dans le développement de champs pétroliers. Depuis 1999, la Chine a investi au moins 15 milliards de dollars au Soudan. Elle possède 50% d’une raffinerie de pétrole, près de Khartoum, en partage avec le gouvernement soudanais. Le schéma des alliances sous régionales se recoupe curieusement avec celui des antagonismes politico-économiques entre la Chine, la France et les États-Unis pour le contrôle des ressources pétrolières dans beaucoup de pays de la région, comme au Soudan, au Tchad, au Niger et au Cameroun notamment. C’est au gré des intérêts croissants des puissances internationales que la tectonique des frontières conflictuelles sera de plus en plus récurrente dans la région du Sahel. La sécession du Sud Soudan apparaît aujourd’hui plus que jamais probable. Très probablement, cette région extrêmement riche en ressources naturelles, pétrole et gaz notamment, accédera à l’indépendance à l’issue du référendum du 9 janvier prochain. Ce résultat ne peut être fortuit, eu égard à l’appui occidental sans précédent qui a été méthodiquement apporté à tous les mouvements séparatistes dans ce pays, durant les quarante de dernières années.
La demande mondiale en pétrole et en gaz naturel étant appelée à doubler dans les vingt prochaines années, le Sahel pourrait alors jouer un rôle prépondérant de fournisseur d’énergie. Sans compter le potentiel d’Algérie en pétrole et en gaz, le Mali est troisième producteur d’or du continent, le Niger avec ses gisements d’uranium, qui le placent au second rang mondial, la récente entrée de la Côte-d’Ivoire, du Ghana, du Tchad et de la Mauritanie dans le groupe des pays producteurs de pétrole, confirme la tendance. La production du champ off-shore ghanéen est estimée à 120.000 barils/jour, celle de Côte-d’Ivoire à 80.000 barils/jour. C’est dans ce contexte, des stratégies de positionnement, de prise de contrôle, d’encerclement et de contre-encerclement que se définissent des enjeux géopolitiques, géostratégiques et géoéconomiques de la zone sahélienne.
Paradoxalement, l’abondance des ressources naturelles et l’importance de la position géostratégique de la région du Sahel vont de paire avec la fragilité de la plupart de ses États eu égard à leur instabilité et insécurité caractéristique. Avec une démographie galopante, qui devrait atteindre 100 millions d’habitants en 2020 et 150 millions en 2040, avec un taux d’illettrisme qui dépasse 54%, une pauvreté endémique qui touche au-delà de 50% des populations, une corruption généralisée, une conflictualité constante, le Sahel ne décolle pas. La conjugaison de l’ensemble de ces problèmes génère souvent des crises politiques et militaires ou des catastrophes alimentaires, des pénuries, des famines et des disettes récurrentes qui engendrent des déplacements massifs de populations en désordre sous formes de réfugiés et/ou de migrants clandestins. Le jeune cinéaste et musicien canadien d’origine sénégalaise Musa Dieng Kala, n’est pas le seul à se demander : "Dieu a-t-il quitté l’Afrique ?".
En conséquence, une grande partie les populations pauvres du Sahel, dépourvues de leurs droits à la sécurité humaine au sens élargi du terme, incluant la sécurité alimentaire, la sécurité sanitaire, l’accès à l’eau potable, etc., se retrouvent souvent contraints de prêter allégeance à des groupes criminels, rebelles et/ou terroristes soit pour bénéficier des retombées des trafics illicites ou pour obtenir une ultime protection. A cela s’ajoutent les effets pervers de la mise en place d’économies parallèles bâties sur la corruption et le racket, et enfin, la sanctuarisation de groupes terroristes délocalisés d’Al Qaida, Aqmi et Cie. Désormais, la connexion opérationnelle de ces réseaux et groupes terroristes est devenue réalité à travers leur alliance au Sahel : le fameux GSPC algérien devenu AQMI à partir de 2006, le Groupe islamique combattant marocain ou GICM, le GICL libyen et GICT tunisien, ainsi que d’autres petits groupuscules terroristes issu de divers pays sahéliens comme celui de Ansarou Allah Al Mourabitoune de Mauritanie, ceux du Mali, du Niger et du Nigeria. Ces groupes terroristes et ces réseaux mafieux sont en quête inlassable pour s’assurer une arrière base territoriale afin de perpétuer leurs activités transnationales.
Terrorismes franchisés et géopolitique des menaces
Au Sahel toutes les menaces d’insécurité s’entremêlent. L’islamisme combattant va de pair avec le terrorisme international, la piraterie et toutes sortes de trafics illicites. Les anciens réseaux et ceux récemment recréés s’imbriquent pour pérenniser et sécuriser le système de la criminalité internationale organisée en s’affranchissant des distances et des frontières. En pleine mutation, ces différents réseaux transfrontaliers bénéficient grandement des recettes des trafics pour acquérir de nouveau les moyens nécessaires pour pouvoir développer et continuer leurs activités criminelles.
C’est pourquoi, il ne peut y avoir de lutte anti-terroriste efficace sans lutte globale contre toutes les autres formes de criminalité, leur interdépendance étant désormais attestée. Il est connu que ces activités se nourrissent les unes des autres au sein d’une alliance objective entre crime organisé et terrorisme sahélien. Guidées principalement par leurs soucis de survivre et leurs intérêts convergents : les organisations criminelles profitent des actions violentes des organisations terroristes et des guérillas ou des rébellions, tandis que ces dernières bénéficient des financements que les activités criminelles sont en mesure de leur fournir.
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Message par Syfou Ven 24 Déc - 23:26

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Actuellement, la collaboration entre AQMI et les réseaux mafieux du Sahel se développe plutôt vers une forme de spécialisation de l’entreprise criminelle. Cette tendance a été révélée récemment lors du procès controversé d’Oumar Sahraoui en Mauritanie. Ce malien de souche Maure, ancien du Polisario, reconverti dans le trafic de drogue dans la région du Sahel, était le responsable de l’opération de la prise des otages espagnols en Mauritanie en 2009. Il avait affirmé qu’il agissait pour le compte d’AQMI. Par ailleurs, il existe d’autres hypothèses sur une éventuelle dérive narcotrafiquante signalée depuis quelques temps chez le Front Polisario et aussi chez certains leaders du Front Populaire de Libération de l’Azawad. Cette hypothèse rebondit actuellement dans l’actualité sahélienne, à l’occasion d’une série d’arrestations d’importants groupes de narcotrafiquants, opérées ces dernières semaines par les armées mauritanienne et malienne. Selon l’AFP, les six trafiquants de drogue internationaux sont issus des rangs du Polisario. Le chef du groupe, un certain Sultan Ould Bady, serait à la tête de l’un des trois plus gros réseaux qui organisent le trafic de drogues en direction de l’Europe en passant par la région du Sahel. Ould Bady, qui défraye la chronique présentement, serait également impliqué dans l’enlèvement et la revente de plusieurs ressortissants européens en faveur d’AQMI ces dernières années.
Infiltrés aussi bien par les services de renseignement des pays riverains comme par les intelligences internationales, la dynamique des réseaux terroristes s’imbrique avec les calculs géopolitiques des rivalités régionales extrêmement sensibles et complexes. Cette attitude alimente l’instrumentalisation de la sécurité comme enjeu majeur dans les rapports de force tout comme dans la gestion des conflits d’intérêts politiques, économiques, et stratégiques à l’échelle régionale. Les cas de figures sont nombreux et diversifiés, allant des subtiles controverses des relations bilatérales entre l’Algérie et la France, fortement marquées par le poids du passé colonial, aux instigations des conflits régionaux ajournés, dont la persistance constitue une source d’inquiétude supplémentaire pour la sécurité de toute la région, notamment, dans les cas du Sahara occidental et celui du mouvement indépendantiste touareg dans le Nord du Mali.
L’implication de la communauté internationale (ONU, G8, UE) dans le renforcement des capacités du système régional de sécurité au Sahel se heurte à plusieurs difficultés. Au delà des problèmes d’encrage juridique, institutionnel et politique, de manque de moyens financiers et logistiques, d’absence de réforme du secteur de sécurité, la coordination des efforts de lutte contre les menaces d’insécurité au Sahel prêtent souvent à une tentation d’internationalisation de la menace Al-Qaïda dans cette région par transposition du modèle afghan. Cette perspective est souvent assimilée à une sordide connivence avec des agendas néo-colonialistes dont les objectifs inavoués visent le contrôle par des puissances occidentales, les Américains et les Européens notamment, de la route de l’ouest des flux énergétiques notamment dans les nouveaux sites et réserves récemment découvert dans cette région, au détriment des autres puissances régionales ou internationales comme les Russes, les Chinois et les Brésiliens, etc. Avec l’émergence de la notion de sécurité humaine, qui a été initiée par la diplomatie canadienne à la fin du siècle dernier et adoptée par les Nations Unies à partir de 2004, la région du Sahel n’a cessé de consigner davantage de contre-performances sur son registre déjà épuisé.
Dans cette perspective, la problématique d’intégration de la sécurité humaine comme dimension incontournable dans toute approche pour contrer les flux d’insécurité au Sahel, devra contribuer utilement à renouveler les conceptions, les approches et les stratégies relatives globalement à la régulation de la sécurité dans la région. Deux catégories de changements s’avèrent alors indispensables à introduire dans ce schéma de réflexion. La première vise à améliorer les relations souvent brouillées et difficiles entre le gouvernement, la société civile et les institutions de sécurité. La seconde a pour objectif la refonte complète des institutions de sécurité en termes d’organisation, de recyclage, d’introduction et de réhabilitation de culture institutionnelle et de relations avec l’autorité civile sur conçues sur la base des valeurs démocratiques et humanistes fondées sur le profond respect des droits de l’Homme, de l’équité et de la justice. Toutefois, les mesures politico-militaires qui ont été décidées par différents pays du Sahel au cours des six derniers mois n’augurent pas de vision positive pour la régulation des problèmes insolubles d’insécurité dans un avenir proche. Grosso modo, le constat objectif fait que ces mesures sous-estiment gravement le poids réel des facteurs d’insécurité et compliqueraient en définitive toute stratégie de lutte commune contre la menace terroriste comme problème majeur d’insécurité dans cette région. Il s’agissait plutôt de démarches désarticulées et sectaires, souvent déterminées par les instincts de subtile méfiance et de sourde défiance qui divisent encore les gouvernements des pays de l’espace sahélien, alors que les sérieuses menaces d’insécurité dictent plutôt un schéma de réflexion collégial, non exclusif et confiant, afin de pouvoir dégager des actions profondément concertées pour être efficaces. Les mesures incohérentes concernent notamment : (a) L’instauration d’un comité d’état-major conjoint contre le terrorisme initié par quatre pays sahéliens qui sont l’Algérie, le Mali, la Mauritanie et Niger, lors de la réunion de Tamanrasset le 21 avril 2010 en excluant trois autres États nord-africains, (b) L’opération militaire isolée franco-mauritanienne menée le 22 juillet 2010 contre un camp AQMI au Mali pour libérer l’otage français Michel Germaneau et, (c) La réunion de Bamako tenue les 6 et 7 Août 2010 regroupant six États subsahariens à l’exclusion des États du Maghreb.
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Message par Syfou Ven 24 Déc - 23:28

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Sécurité humaine et perspectives d’avenir
En termes de réflexion prospective, la concertation et la coopération entre les différents acteurs sahéliens seraient indispensables pour lutter efficacement contre l’insécurité et pour inviter un développement durable dans la région du Sahel. Sachant qu’il n’y a pas de développement sans sécurité et pas de sécurité sans développement et, compte tenu de ses potentialités économiques, le développement durable et la stabilité au Sahel pourraient éventuellement trouver un nouvel élan à moyens termes. Tous les espoirs sont permis, toutefois, la condition sine qua non d’une telle évolution reste la volonté et le courage des décideurs politiques pour dépasser avant tout les pesanteurs locales et les schémas réducteurs de la petite histoire au profit des avantages de la grande géographie de leurs pays, pour mieux appréhender la thématique de la sécurité humaine suivant des paramètres d’intérêts économiques équitablement partagés.
Pour certains optimistes, la perspective d’intégration régionale, notamment le développement d’un marché commun à l’échelle régionale pourrait alors contribuer à atteindre un "Sahel nostrum" (à l’image de la "Mare nostrum" des Romains). La lutte contre le terrorisme et le crime organisé au Sahel ne saurait se concevoir sans dépasser relativement une certaine vision figée des notions formelles sur l’intangibilité des frontières, le fétichisme de la souveraineté nationale et la non-ingérence, car au-delà des légitimes préoccupations nationales de chaque pays, seules des grandes actions collégialement concertées pourraient éventuellement briser le cycle de la violence et éviter l’enracinement de l’insécurité dans cette ultra fragile région du Sahel. La persistance des conflits de la sous-région au cours des vingt dernières années a empêché les pays de se concentrer sur le développement et détourné les Organisations panafricaines comme l’Union africaine et la CDEAO de leur rôle initial de promotion de l’intégration économique régionale. Ces organisations se trouvent aujourd’hui plongées au cœur des problématiques de sécurité, de la gestion des conflits et du maintien de la paix. Pour mener à bien cette mission délicate, elles avaient développées un certains nombre de Mécanismes de prévention, de gestion, de règlement des conflits, de maintien de la paix et de la sécurité dont le schéma a été mis en place depuis la conférence d’Abuja en 1999.
Théoriquement, ces mécanismes permettent à l’UA et à la CEDEAO d’intervenir en cas de risques importants comme les désastres humanitaires, les menaces à la paix et à la sécurité de la sous-région, la lutte contre la circulation illicite des armes et la recrudescence de la criminalité transfrontalière. Toutefois, leur application, qui s’appuie sur un certain nombre de structures officielles comme la Conférence des chefs d’État, le Secrétariat exécutif et le Conseil de sécurité et de Médiation, se heurte souvent à des difficultés. Pour que l’apport, vivement souhaité au Sahel, de ces organisations soit efficace et durable, il aura toujours besoin d’être appuyé par une volonté politique, des moyens nécessaires et une redynamisation permanente.
Mauritanie : espoirs et risques d’enlisement
Dans le cas de la Mauritanie, les menaces d’insécurité au Sahel et leurs incidences directes se conjuguent avec la complexité de la condition géostratégique fragile de ce pays. Le résultat est un véritable engrenage de postures inquiétantes voire dangereuses.
Au lendemain de la sortie d’une longue série de périodes d’exception en cascades, la Mauritanie, qui reste fortement tributaire des écarts disproportionnés entre la géographie de son histoire et l’histoire de sa géographie, se trouve aujourd’hui inopportunément piégée au milieu d’un duel périlleux au Sahel entre les David et Goliath. Au terme d’un demi-siècle d’indépendance, la Mauritanie est de nouveau attrapée dans les feux croisés d’une bataille que se livrent des stratégies internationales et sous-régionales diamétralement opposées quand bien même elles sont subtilement convergentes. Les arrangements tactiques franco-américains conflueraient actuellement pour faire de la Mauritanie une pierre de lance dans leur lutte contre Al-Qaida dans la région du Sahel, alors que ce pays se trouve pleinement visé par la nouvelle stratégie de survie d’AQMI à travers sa descente dans l’espace saharo-sahélien. AQMI cherche obstinément à développer son action plus au Sud dans le cadre d’une approche qui lui permettrait de contrôler des réseaux de trafics illicites afin d’obtenir encore plus de fonds pour financer ses activités et, du coup, se mettre plus à l’abri de la poursuite qui le guète en milieu urbain. Actuellement, le recoupement des données disponibles permet de situer le tarif de base conventionnel pour la libération d’un otage à 5 millions d’euros. Certains spécialistes estiment que les enlèvements d’Occidentaux au Sahel ont rapporté aux terroristes, durant les dernières années, une recette de plus de 50 millions d’euros auxquels s’ajoute un montant de 100 millions d’euros collectés sous diverses formes.
Depuis plus d’une décennie, le no man’s land mauritanien est devenu un terrain d’accueil privilégié pour le potentiel de nocivité des différents réseaux terroristes et contrebandiers délocalisés dans la région du Sahel. Étant le plus grand portail atlantique du Sahel avec ses 754 km de côtes, sa superficie surdimensionnée de plus d’un million de km², ses reliefs difficiles et accidentés, ses labyrinthes désertiques à faible densité humaine, la Mauritanie est par excellence le pays sahélien le plus fragile et le moins contrôlable. Désormais, les lisières périphériques du Nord et du Nord-est de la Mauritanie, où les frontières avec ses voisins d’Algérie et du Mali se perdent immuablement dans l’immensité impitoyable du désert, offrent indiscutablement un véritable paradis pour toutes sortes de trafics illicites : armes, cigarettes, carburant, drogues, devises, etc.
Cependant, la Mauritanie est restée curieusement le maillon le plus faible de la région du Sahel, malgré son potentiel considérable de ressources naturelles, fer, cuivre, pétrole, gaz, or, poissons, crustacés et cheptels de bétail. Les statistiques de GlobalSecurity estiment que le budget annuel de dépenses militaires de la Mauritanie ne dépassait pas le montant de 19 millions de dollars US en 2005, contre 45 millions pour le Niger, 50 millions pour le Mali, 117 millions pour le Sénégal, 2,3 milliards de dollars US pour le Maroc et 3 milliards pour l’Algérie, au titre de la même année.
Certes la Mauritanie est héritière de l’empire des Almoravides, (en arabe al-Murābitūn), cette dynastie berbère, qui avait constitué le plus grand empire du Sahel, englobant l’Ouest du Sahara, la partie occidentale du Maghreb et une bonne partie de la péninsule Ibérique au XIe et XIIe siècles, après avoir repris Aoudaghost, principal comptoir commercial sahélien de l’empire du Ghana en 1054, fonder Marrakech et conquérir l’Espagne en 1086.
Durant plusieurs siècles, les anciennes Cités historiques de Mauritanie comme Ouadane, Tinigui, Chinguetti, Azougui, Tichit, Oualata, Combi Saleh etc., avaient brillées par leur inexorable pratique de commerce transsaharien florissant et leurs importantes positions géostratégiques et militaires. Au début du 20éme siècle, la Mauritanie avait attiré la convoitise des Français déjà installés à Saint-Louis, qui y voyaient un haut lieu stratégique pour contrôler les périphéries de leurs colonies en Afrique du Nord et en Afrique occidentale et pour neutraliser les mouvements nationalistes de résistance.
Toutefois, le statut géopolitique de la Mauritanie actuelle ainsi que son potentiel économique et militaire, ne font plus de la mémoire impériale de ce pays que l’ombre d’elle-même. Confrontée aux menaces d’insécurités tous azimuts, la logique des choses et le bon sens interpellent plutôt la Mauritanie à se résigner inévitablement à faire la politique de ses moyens quand bien même elle n’a pas les moyens de sa politique.
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Personne à contacter Re: Géopolitique des populations du Sahel

Message par Syfou Ven 24 Déc - 23:31

Fin...Une géopolitique de l’invisible !

Nonobstant, l’actuel gouvernement mauritanien semble avoir un autre point de vue sur cette question. Le volontarisme de plus en plus résolu de la Mauritanie pour aller en solo, à la Napoléonienne, dans la lutte contre les réseaux terroristes d’AQMI au Sahel, est autant contesté à l’intérieur comme à l’extérieur. Loin d’être un sujet d’unanimité au niveau national et, moins encore un sujet de concertation avec les pays voisins, l’implication de l’armée mauritanienne dans des opérations militaires en dehors du territoire national, notamment dans des missions conjointes doublées d’un appui de troupes d’élites françaises avec l’assistance de la technologie spatiale de surveillance américaine de l’OTAN, posent énormément de points d’interrogation sur la cohérence d’une telle démarche. Est-il concevable aujourd’hui que les armées africaines acceptent de jouer le rôle des "tirailleurs" comme à l’époque coloniale dans des dispositifs d’intervention rapide en Afrique ? Loin d’être de nature à rassurer sur l’avenir de la stabilité du pays, les récents événements ne font que dresser les axes divergents de ralliement classiques et de positionnement géopolitique dans la région et exacerber davantage les méfiances mutuelles des pays riverains.
Acteur et victime de l’ambivalence de sa propre politique étrangère, la Mauritanie a été l’un des pays sahéliens qui avaient accueilli des équipes spéciales de la US European Command (EUCOM) en 2004 dans le cadre de la guerre contre le terrorisme. L’objectif de cette mission portait sur la mise en œuvre des formations et entrainements internes du programme d’assistance de sécurité "Initiative Pan-Sahel", fournis par le département d’État américain à la Défense.
Cette même Mauritanie qui se permet de bousculer les velléités de l’Algérie voisine comme gendarme du Sahel, abrite plutôt discrètement, depuis plus d’un an, un détachement du Commandement des Opérations Spéciales Françaises (COS). La décision de l’Élysée de dépêcher cette formation d’élite en Mauritanie, qui a été prise apparemment dans la plus grande discrétion, rentre dans le cadre de la mise en place d’un plan d’aide militaire aux pays du Sahel. Le détachement d’une centaine d’hommes environ basé à Atar est chargé de la formation des GSI, ou Groupements spéciaux d’intervention de l’armée Mauritanienne impliqués dans les opérations récentes contre AQMI au Mali. Le détachement aurait participé également en juillet dernier à l’opération militaire franco-mauritanienne dans le Nord du Mali pour libérer l’otage français Michel Germaneau. A en croire certaines sources spécialisées, ce même détachement, qui a été récemment déployé à Ouagadougou, pour une éventuelle action contre AQMI au Mali, à la suite de l’enlèvement des Français au Niger, serait actuellement à pied d’œuvre pour intervenir en Côte d’Ivoire. N’empêche, l’idée de la formation des Groupes Spéciaux d’Intervention (GSI) pour la lutte contre le terrorisme au Sahel serait éventuellement élargie au Mali et au Niger.
D’un point de vue géostratégique, l’analyse des imbrications des données actuellement disponibles et leurs incidences potentielles sur l’aggravation des menaces d’insécurité et d’instabilité en Mauritanie fait ressortir indiscutablement des risques d’enlisement réels. De part et d’autre, les manœuvres en lice au Sahel, bien que initialement antinomiques, elles convergent néanmoins vers les mêmes objectifs. Épuisés, les réseaux d’AQMI et Cie, qui ont drôlement besoin d’acquérir une nouvelle légitimité symbolique au Sahel, rêvent sans doute d’une internationalisation rapide de la guerre contre eux. Cependant, la diabolisation d’AQMI pourrait aussi en faire l’arbre qui cache la forêt pour voiler les véritables enjeux de la confrontation. La menace terroriste au Sahel ne serait-t-elle pas délibérément amplifiée pour servir d’alibis aux interventions visant à prendre le contrôle exclusif des richesses de la région ?
Au cours de la prochaine décennie, la géopolitique du Sahel serait déterminante pour l’avenir de la stabilité de l’Afrique et celle de ses voisins Européens et Asiatiques notamment. En panne d’espérances, le Sahel, qui demeure à la croisée des chemins de tous les dangers, restera encore longtemps une zone sensible où se jouera une grande partie de l’avenir du monde.
http://www.agoravox.fr
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Personne à contacter Re: Géopolitique des populations du Sahel

Message par Daûphin_zz_47 Dim 13 Fév - 15:19

Géopolitique de l’Afrique sahélienne. L’auteur de Démographie politique. Les lois de la géopolitique des populations (Paris, Ellipses, 2007) présente ici une étude de cas consacrée au Sahel

La dynamique démographique naturelle

En effet, les cinq pays étudiés se caractérisent par une forte croissance démographique naturelle, partout supérieure à 2% par an, et même à 3% au Mali et au Niger, selon les estimations de l’année 2008, soit des taux nettement plus élevés que la moyenne mondiale (1,2%). Cette croissance démographie naturelle s’explique essentiellement par une fécondité élevée, allant de 4,5 enfants par femme au Soudan à 7,1 au Niger, soit des ordres de grandeur comparables à ceux de l’Afrique comme de l’Afrique subsaharienne.

Toutefois, les effets de la fécondité sur la croissance démographique sont limités par des taux encore très élevés de mortalité infantile, allant de 77 décès d’enfants de moins d’un an pour mille naissances en Mauritanie à 106 au Tchad. La mortalité maternelle est également très élevée. Quant au sida, sauf au Tchad, les estimations de personnes infectées sont inférieures aux moyennes de l’Afrique subsaharienne, sachant que les taux mondiaux les plus élevés se constatent toujours en Afrique australe. En conséquence, l’espérance de vie à la naissance est faible, parfois supérieure à la moyenne de l’Afrique subsaharienne (50 ans) comme en Mauritanie (60 ans), parfois inférieure, comme au Tchad (47 ans).

Bien entendu, ces chiffres peuvent varier globalement ou localement selon les pratiques hygiéniques, la qualité des réseaux sanitaires ou les effets mortifères des conflits civils. Néanmoins, il est clair que le Sahel ne se trouve que dans la première étape de la transition démographique , celle pendant laquelle les taux d’accroissement naturel sont les plus élevés.

Approcher la dynamique démographique nécessite d’examiner, outre la croissance naturelle, le solde migratoire.

La dimension géopolitique du système migratoire

Les estimations 2008 des taux d’accroissement migratoire des cinq pays n’indiquent pas de solde négatif, sauf au Mali. Mais ces taux ne mesurant qu’un solde, ils ne signifient nullement l’absence de mouvements migratoires. Par exemple, selon les données la Banque mondiale pour 2005, plus de 3% des Mauritaniens, soit plus de 100 000 personnes, auraient émigré vers quatre espaces géographiques. Le premier concerne des pays de l’Afrique occidentale, et plus particulièrement le Sénégal voisin, le Nigeria et la Gambie.

Le deuxième concerne l’Afrique centrale avec le Congo RDC. Les deux autres régions d’émigration sont l’une en Europe, principalement la France et l’Italie, l’autre en Amérique du Nord, les États-Unis pour l’essentiel.

Le Mali est le pays du Sahel à la plus forte tradition migratoire intracontinentale comme intercontinentale, et son nombre d’émigrés est estimé à 1,2 million, soit 9% de la population, alors que les immigrants y seraient moins de 50 000. Les commerçants sarakolé oeuvrent jusqu’en Afrique centrale et une importante migration, légale ou illégale, se dirige vers la France.

Selon les déclarations ministérielles françaises , le nombre d’immigrés maliens en situation irrégulière serait de 50 000 en France début 2009. Les principaux pays de l’émigration malienne sont dans l’ordre la Côte-d’Ivoire, le Burkina Faso, le Nigeria, la France, le Niger, le Gabon et le Sénégal .

Pour le Niger, la Banque mondiale estime à 438 000, en 2005, le nombre de personnes émigrées, soit 3% de la population, dans deux directions différentes principales. La première est dans un champ intrarégional, celui des pays de l’Afrique occidentale, la Côte d’Ivoire, le Burkina Faso, le Nigeria, le Tchad, le Bénin et le Togo. La seconde, supposant une migration intercontinentale, concerne la France et l’Italie. Le Niger est aussi un pays d’immigration, avec 124 000 résidant, la quasi-totalité relevant d’une nationalité d’un autre pays d’Afrique occidentale.

Les migrations s’expliquent par des logiques traditionnelles de liens avec des territoires appartenant au même espace géographique, mais aussi par les effets de certaines décisions géopolitiques. Par exemple, dans les années 1960, s’installe au Mali, avec Modibo Keita, un régime socialiste hostile à la propriété privée, alors que le voisin ivoirien conduit, sous la houlette d’Houphouët-Boigny, une politique efficace de développement .

Le régime crée le franc malien, monnaie du Mali entre le 1er juillet 1962 et le 1er juillet 1984, remplaçant le franc CFA pendant cette période. Il quitte de facto la zone franc, mais doit dévaluer en 1963 et 1967. L’échec cuisant de la politique économique gouvernementale pousse à l’émigration.

En outre, dans l’ensemble du Sahel, comme en Afrique en général, les gouvernements apparaissent favorables à l’émigration pour deux raisons. D’une part, elle apaise d’éventuels mécontentements grâce aux remises envoyées de l’étranger. D’autre part, elle éloigne une partie des générations de jeunes adultes moins présentes dans le pays pour manifester d’éventuels mécontentements vis-à-vis du pouvoir.

L’usage de l’émigration à des fins géopolitiques internes, même s’il n’est pas nécessairement systématisé comme dans le Cuba de Fidel Castro, se constate fréquemment.

La forte croissance démographique : un risque géopolitique ?

Même en faisant l’hypothèse de la poursuite des flux d’émigration et, sauf des conflits très meurtriers, des crises écologiques ou des crises alimentaires plus graves que celles constatées dans les décennies précédentes, comme lors de la grande sécheresse des années 1970, les pays du Sahel sont projetés en forte augmentation de la population. En effet, ils passeraient ensemble de 80 millions d’habitants en 2008 à 119 millions en 2025, soit une augmentation de 49%, puis à 187 millions en 2050, soit plus qu’un doublement en un peu plus de quatre décennies.

De tels pourcentages ne sont pas fondamentalement différents des ordres de grandeur moyens de la variante centrale des projections pour l’Afrique. De tels chiffres peuvent paraître élevés, mais ils signifieraient une densité de population encore faible, aux environs de 25 habitants/km2 en 2050. En outre, ils ne peuvent se concrétiser que si les taux de mortalité baissent, ce qui suppose deux conditions : d’une part, une amélioration de l’hygiène et des conditions sanitaires ; d’autre part, la capacité des populations à créer suffisamment de richesses pour se nourrir, sauf à être assistés par des agences internationales de l’Onu, par des ONG humanitaires, par des aides venant d’États du Nord, sans oublier les remises des émigrés.

Globalement, ces projections démographiques impliquent-elles des problèmes géopolitiques fondamentalement nouveaux ? La croissance démographique projetée pour la première moitié du XXIe siècle est tout simplement conforme à la logique de la transition démographique. Elle serait d’ailleurs beaucoup plus faible que celle enregistrée dans la seconde moitié du XXe siècle.

En effet, la population cumulée des cinq pays étudiés était estimée à 19 millions en 1950, selon les données de la division de la population de l’Onu, et son augmentation entre 1950 et 2008 est donc estimée à 322%. Les projections mettent en évidence une population jeune, mais ce phénomène est déjà présent en 2008.

Quant aux insuffisances de développement nuisibles à la qualité de la vie des populations, elles se constatent aussi déjà en 2008. En conséquence, au Sahel, comme dans d’autres régions, et sauf de fortes évolutions différentielles non prévues par les projections moyennes, les effets géopolitiques des paramètres démographiques s’expliquent davantage par des éléments structurels que par les variations démographiques.

Malnutrition et géopolitique

Une des plaies du sahel concerne la malnutrition, liée à des causes sous-jacentes, mais aussi sociopolitiques, socioculturelles et économiques . En particulier, la faim est aussi un enjeu géopolitique. Des gouvernements l’utilisent pour affaiblir des populations jugées comme ne faisant pas assez allégeance au pouvoir. D’autres s’en servent pour obtenir de subsides internationaux

Dans ce contexte, la malnutrition et les famines dont les médias font état s’expliquent par différentes raisons, et d’abord par les procédés agricoles les plus fréquemment utilisés. En effet, dans nombre de régions rurales, le Sahel en reste à une économie familiale d’autosubsistance, par nature très vulnérable aux aléas. En conséquence, les techniques agricoles sont inadaptées aux variations climatiques. Dans de nombreuses terres sahéliennes, la faible densité n’encourage pas l’utilisation de procédés à la fois plus performants et mieux respectueux d’un développement durable.

En outre, les famines sont, depuis la décolonisation, l’objet d’une utilisation politique de plus en plus fréquente. C’est ainsi que les spécialistes distinguent trois types de famines. D’abord, certaines famines réelles sont « niées » par des pouvoirs en place préférant laisser faire afin d’affaiblir une minorité jugée indésirable.

Ensuite, il faut malheureusement constater l’existence de famines « créées » par les gouvernants dans une région du pays. Il s’agit alors de capter l’attention et les aides internationales en affamant délibérément des populations dans quelques villages que l’on fait systématiquement visiter par les journalistes. Les autorités donnent à la communauté internationale un chiffre gonflé de soi-disant affamés afin d’obtenir des subsides permettant de renforcer ses moyens et son pouvoir.
En troisième lieu, le Sahel connaît des famines réelles, mais « exposées » de façon ostentatoire : les gouvernants souhaitent ainsi tirer profit de conditions défavorables (sécheresses, troubles civils...) pour mettre en avant les difficultés d’une population, afin d’obtenir une aide gonflée par la surestimation du nombre des personnes en difficulté .Ainsi, la malnutrition peut donc être aussi un marqueur géopolitique dans la mesure où elle est souvent le résultat d’une mauvaise gouvernance.

Enfin, il ne faudrait pas omettre les effets conflictuels de frontières étatiques récentes qui séparent des populations. L’organisation de la colonisation et de la décolonisation a créé des frontières là ou elles n’étaient pas matérialisées, et des zones de friction où il n’en existait guère. Il résulte de l’intangibilité des frontières que le Sahel, comme le reste de l’Afrique, se trouve traversé, depuis la décolonisation, beaucoup moins par des conflits internationaux que par des conflits internes aux pays compte tenu de cette intangibilité. Néanmoins, le Sahel a été le lieu de l’une des plus importantes remises en cause des frontières, la Libye ayant cherché à s’attribuer la bande d’Aozou, soit 100 000 km2 au nord du Tchad. Mais le conflit armé s’est terminé avec l’acceptation par la Libye de la décision de 1994 de la Cour internationale de La Haye.

En revanche, le Sahel subit l’un des conflits non résolus, celui de l’ex-Sahara espagnol qui est un handicap majeur pour la région. D’une part, il pénalise directement la Mauritanie dans ses échanges ou dans son rôle de transit de marchandises entre les Afrique subsaharienne et septentrionale, au moins dans la région occidentale. D’autre part, il engendre une double insuffisance d’intégration qui pénalise le Sahel. La première tient à la très faible intégration au sein de l’Union du Maghreb arabe, qui se répercute sur les territoires septentrionaux du Sahel dans son ensemble, comme sur les cinq pays du Sahel étudiés dans ce texte. La seconde vient de la quasi-absence d’une intégration transrégionale qui pourrait profiter au développement d’un vaste ensemble associant l’Union du Maghreb arabe et les pays du Sahel.

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