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Guerre de la Triple Alliance

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Message par Daûphin_zz_47 Ven 10 Déc - 10:09

La guerre de la Triple Alliance, au sens strict, a opposé du 1er mai 1865, date du Traité, au 1er mars 1870, une coalition, composée du Brésil, de l’Argentine et de l’Uruguay, au Paraguay. Cette guerre a commencé entre le Paraguay et le Brésil le 12 novembre 1864, les deux autres "Alliés" ne se liguant qu'au début 1865. C'est pourquoi les dates "1864-70" sont souvent données. Ce conflit a été provoqué par la crainte du Paraguay d'un renversement de l'équilibre entre les quatre pays du bassin du Rio de la Plata à la suite du soutien du Brésil au renversement d'un gouvernement uruguayen allié par un "parti" hostile. Il a servi ensuite au deux principaux Alliés, le Brésil et l'Argentine, à régler à leur profit les litiges territoriaux portant sur des superficies considérables qui les opposaient au Paraguay depuis l'éviction de la Couronne d'Espagne de la région (années "1810"). La population paraguayenne a été réduite à moins de la moitié, voire à moins du tiers, avec un déséquilibre inouï à l'ère moderne entre femmes et hommes (probablement de 4 à 3 pour 1).

Les thèses sur les causes réelles

Les interprétations les plus fréquentes des causes de ce conflit sont au nombre de deux.

Les historiens paraguayens, les "révisionnistes" argentins ou certains Brésiliens affirment que l'objectif de la guerre fut la destruction de la puissance industrielle naissante du Paraguay, qui attirait les investissements britanniques et les détournait, en partie, des autres pays. Cette interprétation n'est apparue que dans les années "1920" sous l'influence diffuse de la IIIe Internationale et reprise par le renversement du discours de la "classe politique" paraguayenne sur le président Francisco Solano Lopez et ses prédécesseurs sous l'influence de l'historien lui-même virant à 180°, Juan O'Leary ("Los Legionarios". Ed. de Indias. Asuncion, 1930): désormais, la période 1811-1870 n'était plus celui des tyrans sanguinaires, mais celui des pères et garants de la Nation. En fait, elle rend essentielle la pensée dominante imposée par la Grande-Bretagne aux élites argentines et brésiliennes : le libéralisme commercial et économique refusé par les trois premiers gouvernants du pays. Le Paraguay ne détournait nullement les capitaux étrangers à son profit, il les refusait et contrôlait étroitement le commerce extérieur(Voir thèse F. Chartrain, p. 101). Les buts de guerre inscrits dans le Traité de la Triple Alliance du 1er mai 1865 entérinent l'existence de ce mobile, mais aussi, peut-être surtout, celui du règlement au détriment du Paraguay des conflits territoriaux qui l'oppposaient à l'Argentine et au Brésil. Une recherche plus récente du brésilien Francisco Doratioto : "Maldita Guerra. Nova historia da Guerra do Paraguai". Companhia das Letras. En espagnol : "Maldita Guerra. Nueva historia de la Guerra del Paraguay". Emece editores), corroborant la version des historiens nord-américains, impute la responsabilité du conflit au dictateur du Paraguay, Francisco Solano Lopez , mais souligne le contexte des données géopolitiques dans la région . Cette thèse n'a rien de neuf, elle est la position de la coalition de 1865, reprise par les hommes politiques paraguayens eux-mêmes jusqu'aux années "1930". Elle se fonde sur le fait, incontestable, que les hostilités contre le Brésil ont été engagées par le Paraguay, qui a ensuite pénétré sur le territoire de l'Argentine qui lui refusait le passage lorsqu'il a voulu porter le conflit dans l'Uruguay envahi par le Brésil. Elle ne tient pas assez compte ni du passé ni du contexte : c'est comme accuser la France et la Grande-Bretagne d'avoir déclenché la IIe Guerre Mondiale en déclarant la guerre à l'Allemagne en 1939.

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Message par Daûphin_zz_47 Ven 10 Déc - 10:14

Souveraineté territoriale et intérêts économiques

1° : Les problèmes de souveraineté territoriale. Les indépendances latino-américaines sont intervenues sans tracé certain des frontières, avec d'immenses zones "blanches" ou "floues", ce qui a entraîné des développements de la théorie juridique ancienne de "l'Uti possidetis juris", les revendications se fondant sur la possession effective, d'où une course à l'occupation, souvent cahotante, compte tenu des moyens réduits des États par rapport aux superficies en cause et son résumé dans la revue des cahiers hispaniques et luso-brésiliens "Caravelle" n°14, 1970, Université de Toulouse - CNRS).Le problème territorial a été le fondement essentiel des grandes guerres sudaméricaines (Guerre du Pacifique - Chili contre Pérou et Bolivie, Guerre du Chaco - Bolivie et Paraguay), et de conflits moins connus (Equateur-Pérou, Colombie-Vénézuela, Brésil et tous ses voisins, etc.), dont certains toujours non résolus (Equateur-Pérou, Bolivie-Chili, par exemple). Après l'accession à l'indépendance, les frontières entre Argentine, Brésil, Uruguay et Paraguay étaient contestées.

L'Argentine avait dû se résoudre à reconnaître l'indépendance du Paraguay, état stable, autarcique en matière économique et en plein essor industriel après les gouvernements du dictateur Francia (stabilité et autarcie) et de Carlos Antonio López (développement économique autonome), prolongée par son fils Francisco Solano Lopez pendant ses deux ans de présidence avant le déclenchement de la Guerre. Il était en communication directe mais lointaine avec l'Uruguay par une "zone floue" dans la région nord-est de la province d'Entre Rios, l'actuelle province argentine de Misiones. Le Paraguay et l'Argentine revendiquaient ce territoire mais aussi la région située à l'ouest du fleuve Paraguay entre Asuncion et le confluent du rio Bermejo ; le Brésil et le Paraguay revendiquaient une zone étendue au nord et au nord-est de la région orientale paraguayenne, le Brésil et l'Argentine conservaient des ambitions sur l'Uruguay, les uruguayens refusaient l'annexion aussi bien par le Brésil que par l'Argentine et des Uruguayens constestaient la frontière avec le Rio Grande do Sul brésilien.

L'Uruguay (zone historiquement incluse dans le Vice-Royaume espagnol du Rio de la Plata, fut annexé par le Portugal puis le Brésil (indépendant en 1822) pendant sept ans. Le Portugal établit et le Brésil maintint la "province Cisplatina" (1821-1827). L'Uruguay (République Orientale d'Uruguay) a retrouvé l'indépendance grâce aux soulèvements contre l'occupant et à la Grande-Bretagne dont la politique favorisait l'émiettement des anciennes terres de la Couronne d'Espagne (1828). l'Argentine, se voulant l'héritière du Vice Royaume tenta, de son côté, d'empêcher la "sécession". (Sur les campagnes d'opinion contre le Paraguay depuis l'Indépendance, voir notamment: Alfred Demersay :"Le docteur Francia, dictateur du Paraguay", Typo H. Plon, Paris, 1856, extrait de la Biographie Universelle Michaud, tome XIV - BNF; Charles Quentin : "Le Paraguay", Garnier, Paris, 1865; Hipolito Sanchez Quell : "La diplomacia paraguaya de Mayo a Cerro Cora", editorial Kraft, Buenos Aires,3e édition sans date, bibliothèques IHEAL Paris; George Frederick Masterman :"Seven eventful years in Paraguay", Sampson Low, son and Martson, Londres, 1865 - BNF; Charles A. Washburn : "The history of Paraguay. With notes of personal observations and reminiscences of diplomacy under difficulties", Lee and Shepard Publishers, New York, 1871 - BNF, etc. Voir bibliographie thèse F. Chartrain).

2° : Les intérêts économiques. Avant même que la Grande-Bretagne se soit délivrée des guerres napoléoniennes, elle s'affirmait comme la puissance dominante dans le Rio de la Plata. Son but n'était pas territorial mais économique, par l'imposition de l'ouverture à son commerce et à ses capitaux. Le Paraguay venait, dans ses préoccupations, loin derrière l'Argentine et le Brésil, mais n'y était pas absent. Le comportement de certains de ses ressortissants, forts de l'appui de leurs diplomates postés surtout à Buenos Aires, dès la dictature de Francia (voir entre autres J.P. et W.P. Robertson : "Four years in Paraguay", Carey and harted, Philadelphia, 1838 et "Francia's reign of terror",John Murray, Lonfres, 1838; Peter Scchmitt :"Las relaciones diplomaticas entre el Paraguay y potencias europeas" 1840-1870", Anuario del Instituto paraguayo de investigaciones histotivas, volume 3, 1958 ;Hipolito Sanchez Quell :"La diplomacia paraguaya de Mayo a Cerro Cora", ed. Fraft, Buenos Aires, 3e ed., sans date), l'affaire Cansttat en 1859 mentionnée, correspondaient à une politique mondiale délibérée : "par la guerre de l'opium et le traité de Nankin (1839-1842) ...impose à la Chine... l'ouverture au commerce européen de cinq ports chinois." (J. Rudel et A.J. Tudesq : 1789-1848. Collection d'Histoire Louis Girard. Bordad. Paris, 1961, p. 476), fort bien résumé par le président des Etats-Unis J.Q. Adams : "L'obligation morale des échanges commerciaux entre les nations se fonde entièrement, exclusivement, sur le précepte chrétien d'aimer son prochain comme soi-même..." (Cité chez H. Magdoff - "L'âge de l'impéralisme".

Maspero, Paris 1970, p. 167). C'est ce que l'on retrouve dans les objectifs des Paraguayens exilés ou implantés en Argentine, proclamés déjà le 17 décembre 1857 par un groupe qui se retrouvera dans la "Asociacion paraguaya" fondée le 19 décembre 1864 et ainsi nommée trois jours plus tard, et l'organisation de la "Légion paraguaya" qui prendra les armes contre son propre pays : instauration d'un régime libéral consacrant les libertés individuelles, la liberté de commerce, etc (Voir : J.B. Aguinaga :"La Asociacion paraguaya", page 24 ou les "Notas biograficas de Manuel Pedro de Pena", 1858). Le lien avec l'article X du Traité de la Triple Alliance est clair. La destruction du capitalisme d'Etat paraguayen et l'arrivée des intérêts "libéraux" paraguayens, argentins et anglais suivront la défaite. Toutefois, si l'influence des idées diffusées par la Grande-Bretagne n'était pas absente et si ces idées avaient été adoptées par les gouvernements "Alliés", elles n'ont sans doute fait qu'apporter un argument de plus à l'occasion donnée de résoudre les litiges territoriaux. Cette infuence se retrouvera chez les Paraguayens qui s'engageront dans la guerre contre leur pays.

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Message par Daûphin_zz_47 Ven 10 Déc - 10:26

"Casus belli"

Solano Lopez, considérant le lourd passé marqué par les tentatives d'empiéter sur la souveraineté du Paraguay de la part de l'Argentine (expédition de Belgrano lors de l'Indépandance, fermeture du Parana par Rosas jusqu'a la fin de son gouvernement en 1852, refus du Parlement argentin de reconnaître cette indépendance en 1855, etc.), de la Grande Bretagne (affaire "Cansttat", tentative d'arraisonnement de son navire, le "Tacuari" dans le Rio de la Plata, 1859), des Etats-Unis (affaire du consul Hopkins : intervention de la marine de 1860 : voir Pablo Max Ynsfran, "La expedicion norteamericana contra el Paraguay (1858-1859)".

Edicion Guarania, Mexico-Buenos Aires 1954.), et du Brésil (intervention de la marine de 1855 à la suite d'un conflit dans la région nord-est du Paraguay), a agi sur appel du gouvernement ami uruguayen en péril, proche de son renversement par le Brésil. Très inquiet de la pression brésilienne sur le gouvernement ami de Berro, le Paraguay adresse au Brésil une note le 30 août 1864, réitérée le 3 septembre suivant, énonçant que la mise en cause de l'équilibre politique et diplomatique dans le Rio de la Plata était inacceptable et que s'il advenait, le Paraguay interviendrait, précisant qu'il agirait motu propio (Efraim Cardoso : "Paraguay independiente", Salvar ed., Barcelona, 1949, page 197) Le 12 octobre, le Brésil envahissait l'Uruguay, le 12 novembre le Paraguay arraisonnait le cargo brélisien Marques de Olinda sur le fleuve Parana.
Le 14 janvier 1865, le Paraguay demandait à l'Argentine l'autorisation de traverser son territoire pour porter la guerre en Uruguay. Sans réponse, il pénétra dans la région de Corrientes. Le 9 février l'Argentine officialisait son refus, le 4 avril le Paraguay lui déclarait la guerre. Pendant ce temps, le Brésil permettait à son allié Flores de renverser le gouvernement uruguayen, lequel signa avec lui le Protocole de Villa Union le 20 février 1865, par lequel l'Uruguay se rangeait à ses côtés dans la Guerre. Les trois pays signent alors le Traité secret de la triple Alliance le 1er mai 1865, qui ne sera rendu public que par une indiscrétion à Londres, en 1866.

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Message par Daûphin_zz_47 Ven 10 Déc - 10:31

Renversements politiques : du Brésil en Uruguay à la Triple Alliance

La situation dans le Rio de la Plata depuis les indépendances était très complexe, faite de renversements d'alliances, d'anciens ennemis s'alliant, d'ancien alliés s'affrontant. La zone où la Guerre trouve sa source est l'actuel Uruguay et la région frontière de ce pays avec le Rio Grande do Sul brésilien. En Uruguay même, les alliances étaient changeantes, il arriva que deux gouvernements fussent proclamés en même temps et les conflits étaient incessants, l'Argentine et le Brésil n'étant jamais innocents.

L'Argentine revendiquait la "Banda Oriental" de l'ancien Vice-Royaume du Rio de la Plata dont elle se voulait l'héritière, mais ne détenait que des moyens limités en raison des guerres intérieures, notamment entre "unitaristes" et "fédéralistes". Le Portugal puis son héritier le Brésil, avait toujours repoussé ses frontières depuis le XVIe siècle, empiétant très largenment sur les terres espagnoles. La limite entre Rio Grande do Sul et Uruguay n'était pas fixée. Le Brésil, profitant de la faiblesse argentine, annexa la "Banda Oriental" en "province Cisplatina" de 1821 à 1827, et fut chassée par les Uruguayens appuyés par l'Argentine. Deux factions se dessinèrent, les "blancs", dits aussi "Conservateurs", et les "rouges" ("colorados"), dits "Libéraux". Les deux groupes n'étaient pas toujours homogènes, des sous-groupes se formaient.

A la veille de la Guerre de la Triple Alliance, le Brésil reprit activement sa politique de contrôle de l'Uruguay. Il abandonna le gouvernement "blanco" qu'il soutenait depuis des années mais qui ne faisait rien pour empêcher ses concitoyens de procéder à des coups de main au Rio Grande do Sul, au profit des colorados conduits par Venancio Flores, chef de guerre expérimenté, qui avait aidé l'unitariste argentin Bartolomeu Mitre contre les fédéralistes. Ami du "caudillo" du Rio Grande do Sul Antonio Souza Netto, lequel s'enrichissait avec le trafic de bétail de la zone frontière, ils s'entendirent pour que Flores propose au Brésil de l'appuyer pour renverser les "blancs", contre l'engagement qu'une fois au pouvoir il accepterait les réclamations du Brésil pour les dommages causés par les Uruguayens.

Le Brésil accepta, changea d'alliance et appuya Flores, après avoir contacté Mitre dont il souhait la neutralité bienveillante. Or, Mitre avait une dette envers Flores qui l'avait aidé, et était loin de contrôler l'Argentine. Il est probable que les deux pays s'entendirent dès lors pour préserver l'indépendance de l'Uruguay, les deux renonçant à l'annexer, sous la pression amicale de la Grande-Bretagne. Peut-être l'Argentine obtint-elle du Brésil l'assurance qu'il ne toucherait pas au Paraguay au-delà de frontières que l'on retrouvera définies en ce sens dans le Traité de la Triple Alliance. La flotte brésilienne surveilla les ports de l'Uruguay et des unités de son armée se tinrent prêtes au cas où Flores ne parviendrait pas rapidement à ses fins. La position du Brésil était éclaircie. La nouvelle situation créée en dehors de l'Uruguay était la suivante : 1°, en ce qui concerne l'Argentine, les unitaristes de Mitre s'en trouvaient renforcés face aux fédéralistes conduits par Urquiza, qui avait été battu à Pavon en 1861, sans que la victoire eût été convainquante. Urquiza s'était retiré dans sa province d'Entre Rios, jouxtant le Paraguay au nord par une région revendiquées plus ou moins par ce pays et par l'Argentine, aujourd'hui en gros la province argentine de Misiones. 2°, le Paraguay était enclavé dans les terres et son ouverture sur le monde passait par l'Argentine, c'est-à-dire par le fleuve Parana.

Il avait de bonnes relations avec les "blancos" d'Uruguay, pays dont l'accès était libre pour lui, mais éloigné selon les moyens de transport de l'époque, la région de Misiones n'étant réellement contrôlée par aucun pays. Les présidents argentins hostiles, tel Rosas, avaient déjà fermé le fleuve par le passé. Mitre pouvait fermer le fleuve, mais, pensait le président paraguayen, ne pourrait remonter jusqu'au Paraguay en raison de l'amitié jusqu'alors jamais démentie d'Urquiza qu'il avait soutenu par le passé. Renverser le gouvernement ami de Montevideo représentait une sérieuse menace, compte tenu des tentatives répétées de l'Argentine, du Brésil, mais aussi de la Grande-Bretagne et des Etats-Unis, de contester par les armes son indépendance (Argentine), de contrôler sa région frontière nord-est (Brésil), de le forcer à s'ouvrir à leurs intérêts économiques (Grande-Bretagne et Etats-Unis, mais ceux-ci étaient paralysés par la Guerre de Sécession).

Le Paraguay se retrouvait donc face à un renversement d'alliance en Uruguay, le Brésil lâchant les "blancos" pour les "colorados", un modus vivendi probable de l'Argentine et du Brésil sur l'Uruguay, une domination relative de l'Argentine par les unitaristes qui avaient toujours contesté l'indépendance du pays concédée par les prédécesseurs des fédéralistes et confirmée par ces derniers. Enfin, mais on ne le saura qu'après le déclenchement de la guerre avec le seul Brésil, Urquiza, après avoir prétendu apporter son soutien au Paraguay dans sa demande à Mitre de passer sur le territoire argentin pour se rendre en Uruguay, s'en lava les mains. Le Paraguay se retrouva isolé.

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Message par Daûphin_zz_47 Ven 10 Déc - 10:51

La guerre

Début des hostilités

Lopez réagit dès décembre 1864. Le Paraguay ferma le fleuve Paraguay au trafic brésilien et fit aborder un navire brésilien qui transportait le président du Mato Grosso dans sa province. Il rompit les relations diplomatiques avec le Brésil, et lança des coups de main sur plusieurs fortins brésiliens isolés du Sud du Mato Grosso, qui rapporta un butin militaire.

Lopez voulait intervenir dans la guerre civile qui se déclenchait en Uruguay entre pro et anti-brésiliens. Ses troupes devaient passer par la région argentine d'Entre Ríos, toujours en partie revendiqué par le Paraguay, et dont l'homme fort était Juan Bautista Urquiza. Le président paraguayen lui demanda l'autorisation de traversée pour ses troupes. Urquiza le renvoya sur Bartolomé Mitre. Celui-ci ne refusa pas expressément, mais soumit sa réponse à une décision officielle du gouvernement qu'il dominait, décision négative du 9 février 1865, ce qui eut pour effet de faire perdre du temps à Solano Lopez dans la conduite des hostilités. Lorsqu'il finit par intervenir sans autorisation, cela fournit un casus belli à l'Argentine pour s’engager dans la guerre. En avril 1865, en effet, les Paraguayens occupèrent Corrientes, préparant une avancée vers leurs alliés uruguayens, qui venaient d'être défaits par le gouvernement pro-brésilien et les armées brésiliennes. Le nouveau gouvernement uruguayen imposé par le Brésil et proche de Mitre referma le piège sur le Paraguay : une triple alliance fut formalisée par le traité du 1er mai 1865 ; l'un de ses principaux buts de guerre était de contraindre le Paraguay à accepter les frontières selon les termes revendiqués par le Brésil et l'Argentine (article XVI). Cela revenait à faire renoncer définitivement le Paraguay au sud, à ce qui constitue aujourd'hui la province de Misiones et une partie de Corrientes (aujourd'hui la province de Formosa), et, au nord et nord-est, au profit du Brésil, à une région étendue au sud du Mato Grosso et au nord de Guaira.

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De la défaite au massacre

Francisco Solano Lopez entreprit une première action judicieuse et victorieuse en attaquant, en fin 1864, les fortins brésiliens situés au sud du Mato Grosso et prit Corumba. Cette ville sera reprise, mais il n'abandonnera ce front qu'en 1867 en raison des défaites subies dans le sud du Paraguay. L'envoi, début 1865, de deux colonnes vers l'Uruguay fut sa grande erreur stratégique, aux conséquences désastreuses. Il s'éloignait de ses bases sans les moyens logistiques qu'une telle entreprise aurait exigée, avec un commandement tétanisé par la peur de toute initiative. En effet, Solano Lopez accusa de trahison un commandant qui, dubitatifs sur la validité de l'objectif, demanda confirmation de ses ordres. Il sera arrêté et plus tard exécuté. Solano Lopez perdra une dizaine de milliers d'hommes. Les effectifs limités mais aguerris de Flores jouèrent un rôle essentiel dans cette défaite. Au début de la guerre, le Brésil ne disposait que d'un avantage considérable, avec une flotte très supérieure en nombre et en marins entraînés. Cependant, une de ses divisions navales fut attaquée par la seule flotille paraguayenne, qui fut vaincue (bataille navale de Riachuelo, juin 1865). Cette fois-ci, le commandant (Meza), portait la responsabilité de la défaite pour n'avoir pas respeté les instructions de Solano Lopez. L'opération était audacieuse mais réunissait de bonnes conditions pour être couronnée de succès. Le Brésil, s'il avait été battu, n'en n'aurait pas moins fini par dominer le fleuve. Désormais, il pouvait confiner les armées paraguayennes sur leur territoire et acheminer des renforts. Les Alliés se renforçaient, le déséquilibre des armées se résorbait. La suite de la guerre se passa sur le territoire paraguayen depuis le confluent du Paraguay et du Parana, l'avance de ceux qui étaient devenus des Alliée, commandés par Mitre, se révélant laborieuse. Il faudra deux ans et demie après Riachuelo pour atteindre la capitale (1er janvier 1868). Les armées furent durement atteintes par le choléra et y perdirent plusieurs dizaine de milliers d'hommes. La retraite progressive des armées paraguayennes fut généralement bien menée. Elle remporta une unique victoire, brillante, à Curupayty (1866), obtenue par Diaz (20.000 Alliés dont plus de cinq mille périrent). Un seul des chefs militaires de premier rang chez les Alliés se révéla bon stratège, le brésilien marquis de Caxias. Mitre devant quitter le Paraguay en raison des désordres affectant l'Argentine, dut abandonner le commandement (1867) et Flores fut contraint de quitter le théâtre des opérations pour la même raison. Il trouvera la mort en Uruguay en 1868. L'essentiel de l'effort de guerre reposa encore plus sur le Brésil. Désigné comme commandant en chef à la place de Mitre, le marquis (plus tard "duc") de Caxias, parvint à occuper la capitale le 1er janvier 1868 (où il rejoignit son armée le 5 janvier). La victoire avait été facilitée par le contrôle du fleuve par sa marine, qui lui avait permis de prendre l'armée paraguayenne à revers. Le 13, il renonça à son poste, estimant que la guerre n'avait plus de raison d'être. Mitre n'était pas non plus favorable à une poursuite du conflit. L'Empereur Pedro II en jugea autrement. Le Comte d'Eu, Français, son gendre, nouveau commandant en chef - mais argentins et uruguayens ne participèrent que très marginalement à cette dernière phase - pourchassa Solano Lopez pour s'en saisir. Ce dernier avait proclamé qu'il ne se rendrait jamais et avait rejeté les offres de cesser les combats. Après plus de deux ans, il mourut les armes à la main, le 1er mars 1870 à Cerro Cora, ayant entraîné dans sa retraite désespérée des militaires et des civils enrôlés très jeunes. La population du Paraguay avait en majeure partie péri, nombreux furent ceux qui s'éparpillèrent dans la campagne et la forêt, et le pays "utile" s'en trouva dévasté.

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Message par Daûphin_zz_47 Ven 10 Déc - 11:12

Interprétations et controverse
Fin de la guerre

Du côté paraguayen ont joué à la fois la peur de Solano Lopez (mais il n'était pas très difficile pour le soldat de base de déserter, compte tenu du terrain et des caractéristiques des enrôlés), la révérence du peuple envers le chef quelqu'en soit le titre depuis la fondation d'Asuncion au XVIe siècle, le rejet ancien des Brésiliens enfoui dans la mémoire collective avec les rafles esclavagistes des Bandeirantes, et enfin, plus récent, le rejet des étrangers en général depuis Francia.

On peut s'étonner qu'il ait fallu deux ans pour aller d'Asuncion à Cerro Cora. Relisons ce qu'écrivait le général argentin Belgrano, vaincu par une armée paraguayenne mal équipée de 600 fusils en 1811, à son retour à Buenos Aires :"...ils (les paraguayens) avaient travaillé pour venir m'attaquer d'une manière incroyable, vainquant l'impossible qu'on ne peut croire qu'en le voyant; des marais formidables, la rivière à la nage, des bois nombreux et impénétrables : tout n'a rien été pour eux, car leur enthousiasme a tout balayé.

Quoi d'étonnant si femmes, enfants jusqu'aux vieux, aux écclesiastiques et tous ceux qui se disent enfants du Paraguay sont aussi enthousiastes pour leur Patrie ?" ("Communication écrite de Belgrano à la Junte de Buenos Aires du 14 mars 1811", citée dans Blas Garay, op. cit. pages 100-101).

Pour comprendre l'état d'esprit des paraguayens de l'époque de la Guerre de la Triple Alliance, lisons un des auteurs scandalisés par ce pays : "le peuple du Paraguay ne subit pas la tyrannie, mais s'y complait et l'aime, le joug ne lui pèse pas, il ne désire pas entrer en communication avec les autres Nations, il ne comprend même pas que la situation politique et économique qui lui est faite est anormale et il n'en demande pas d'autre" (Charles Quentin : "Le Paraguay", Garnier, Paris, 1865, p. 7).

Traduisons : le peuple paraguayen, loin des intrigues de Cour autour de Solano Lopez, était viscéralement patriote et considérait vivre un quotidien satisfaisant, contrairement à ses voisins affectés par les luttes locales incessantes. Après la Guerre, le comportement de la "classe politique" paraguayenne se calqua sur celui des autres pays issus de la Couronne d'Espagne : la seule différence consiste en la montée progressive du poids des militaires, qui deviendra décisif après la Guerre du Chaco (1932-35).

Guerre civile


Contrairement à ce qui a pu être écrit, il n'y a pas eu de guerre civile à cette époque: l'opposition paraguayenne à Solano Lopez, limitée à une fraction très réduite de la population avait, en effet, été physiquement éliminée par le dictateur, devenu d'une brutalité mortifère sans limite avec la défaite. Un complot, dangereux ou non pour son pouvoir, en 1868 (conspiration dite "de San Fernando" et ses ramifications), qui réunissait ceux qui s'interrogeaient sur l'intérêt de poursuivre la retraite armée, a donné lieu à une répression cruelle portant sur quelques dizaines d'individus importants du régime, du clergé - qui dépendait de lui - et des membres de sa famille. Il n'existait au sein des forces alliées, qu'une "Légion paraguayenne" de quelques dizaines d'hommes, composée essentiellement d'exilés en Argentine, appartenant à des familles aisées ou "intellectuelles", qui se placèrent pour prendre les rênes du pouvoir une fois la guerre achevée.

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Message par Daûphin_zz_47 Ven 10 Déc - 11:19

Pertes

Les chiffres des pertes sont terribles et sans précédent, proportionnellement à la population initiale du Paraguay, à l'ère moderne, et font que quelques-uns dénoncent une guerre d'extermination (à prétexte nationaliste et avec une certaine dimension raciale, la population paraguayenne étant composée de métis "criollos"-indiens et d'indiens, les "criollos purs" étant concentrés dans la "classe dirigeante" ou y prétendant).

Ce dernier aspect n'a probablement été que le résultat "collatéral" de l'obstination du commandant en chef Allié, le comte d'Eu, avec l'accord de l'Empereur brésilien Pedro II, de capturer Solano Lopez. Les troupes Alliées dans leur composante se voulant "blanche" même si le métissage n'y était pas absent (les troupes brésiliennes, elles, comprenaient une forte proportion d'esclaves noirs), considéraient les indiens comme des individus à exterminer (extermination des Charrua et des Guaranis en Uruguay, "conquête du Désert", la version argentine du Far West menée à son terme par Rocas dans le dernier quart du XIXe siècle).

On ne peut oublier les dizaines de milliers de femmes et d'enfants, et d'hommes civils et militaires, parmi ces derniers des Argentins, Brésiliens et Uruyayens, qui furent terrassés par le choléra. Ce fut en tout cas une catastrophe démographique pour le Paraguay qui perdit une grande partie de ses habitants, quelques-uns la chiffrant à deux tiers, surtout du sexe masculin, passant - mais les bases des estimations sont extrêmement fragmentaires - de l'ordre probablement d'entre 600.000 et 800.000 habitants avant la guerre à 221.079 habitants selon un recencement de 1871, résultat douteux compte tenu des moyens de recencement de l'époque et de la dispersion de la population survivante, de nombreux adolescents et hommes ayant sans doute préféré disparaître dans la campagne et les forêts.Les estimations de la population paraguayenne avant la guerre vont de 300.000 habitants en 1864 (Cecilio Baez : "Le Paraguay, son évolution historique et sa situation actuelle", Alcan, Paris 1927) , à 1.337.439 habitants, chiffre absurdement précis (baron Alfred M. de Gratry : "La République du Paraguay", Librairie Européenne de C. Muquart, Bruxelles, 1862 - BNF). Une estimation était hasardeuse : les frontières n'étaient pas fixées et les paysans et petits éleveurs passaient d'une zone à l'autre, des zones immenses n'étaient pas contrôlées, des indiens n'étaient pas intégrés (F. Chartrain cite, page 134 de sa thèse, 14 sources différentes dont 9 entre 525.000 et 800.000 habitants et tente un calcul à partir d'indices vraisemblables : le recensement de 1797 donnait 97.480 habitants pour la zone contrôlée effectivement depuis Asuncion, incluant les rives du fleuve Paraguay, Villarica, San Pedro et Concepcion.

A partir de diverses hypothèses et des effectifs de l'armée de 1864 qui n'enrôlait pas encore les adolescents, environ 60.000 hommes, il parvient autour de 700 à 800.000 habitants. En retenant 700.000 habitants, dont 50% du sexe féminin, resteraient 350.000 hommes, dont 50% en âge de porter les armes, soit 175.000, ce qui ferait un taux de militaires très élevé de 34%, ce qui ressemble plus à l'addition d'une armée de métier et d'une milice identifiée par le pouvoir).

Le recencement très incertain de 1871 a été l'occasion des affirmations les plus fantaisistes. Il répartit la population de 221 079 survivants entre 106 254 femmes, 86 079 enfants et 28 746 hommes. On ne connaît pas le sexe des enfants, mais au pire il restait 1 habitant de sexe masculin pour trois de sexe féminin. La mêm source ajoute qu'à la date de son ouvrage (1962), il restait 1 homme pour 5 femmes (page 178), ce qui est absurde, le rééquilibrage, quelqu'ait été la proportion en 1871, étant acquis au bout de cinquante à soixante-dix ans (l'espérance de vie étant alors courte). Le recensement de 1962 donne 49.5% d'hommes et 50.5% de femmes, proportions usuelles (Censo de poblacion y vivienda 1962, Ministerio de Hacienda, 1966).

Règlement de la guerre

Occupé jusqu'en 1876 par ses voisins, le territoire du Paraguay aurait été selon les "révisionnistes" amputé de 140 000 km2, annexés par le Brésil et l'Argentine qui se seraient entendus pour briser son essor économique et lui imposer le libre échange voulu par les l'idéologie dominante diffusée Britanniques. Cette superficie correspond aux revendications paraguayennes et brésiliennes d'un côté, Paraguayennes et Argentine de l'autre; l'occupation effective des parties était beaucoup plus modeste. Quant à l'ouverture du pays, elle a bien été imposée et ses effets ont été désastreux, mais cela n'a probablement été qu'une conséquence collatérale de la volonté de régler la question des frontières. Enfin, le Paraguay devra, conformément à ce qui était disposé dans le Traité de la Triple Alliance, payer de lourds dommages de guerre, essentiellement au Brésil, ce qui achèvera de l'affaiblir.

Sur ces deux thèmes, le traité de la Triple Alliance est explicite : si l'article VII proclamait que la guerre n'était pas dirigée contre le peuple paraguayen mais contre son tyran, les Alliés prévoyaient le paiement des dépenses de la guerre alors que le tyran aurait été défait (article XIV), l'article VIII prévoyait le respect de l'intégrité territoriale du Paraguay, mais sous condition que ce territoire soit défini préalablement par les vainqueurs : article XVI ; et l'article X prévoyait que les concessions et privilèges économiques qu'obtiendraient les Alliés seraient dues aux autres. L'ouverture économique forcée du pays était donc bien un but de guerre.

L'article XVI exposait "... afin que les discussions et les guerres que les questions de frontières entraînent soient évitées, il est établi que les Alliés exigeront du Gouvernement du Paraguay qu'il signe des traités définitifs de frontières avec les gouvernements respectifs sur les bases suivantes : La République argentine sera séparée du Paraguay par les fleuves Parana et Paraguay jusqu'à Bahia Negra, où elle rencontrera le Brésil. Le Brésil sera séparé du Paraguay par le Parana depuis les chutes de Guaira jusqu'à l'Iguazu, par la Cordillère de Mbaracayu et l'Amambay puis par la rivière Apa". Ce qui voulait dire, en ce qui concerne l'Argentine, l'abandon des revendications sur l'actuelle province de Misiones et une partie de Corrientes à l'est du Parana et sur le Chaco argentin entre les rivières Pilcomayo et Bermejo (deux affluents du Paraguay venant de l'ouest).

L'Argentine imposait l'acquisition d'un nouveau territoire, le Chaco Boreal, ce qui provoqua la protestation de la Bolivie. Cette exigence restera lettre morte, l'Argentine faisant machine arrière et soutenant même une demande d'arbitrage du Paraguay sur le sud du Chaco Boreal au président des Etats-Unis Rutherford Hayes, décision favorable au Paraguay rendue en 1878. Le reste de la région lui reviendra à la suite de la Guerre du Chaco contre la Bolivie (1932-35), l'Argentine ne faisant pas valoir de droits (Voir F. Chartrain : "Causes de la Guerre du Chaco. Eléments de jugement". Revue Caravelle,page 103 - Université de Toulouse - CNRS n°14,1970). L'imposition de l'ouverture économique du pays a été, elle, bien réelle, et le pays est devenu une colonie économique des intérêts anglo-argentins surtout, progressivement brésiliens beaucoup plus tard.

Le pays de Francia et des Lopez devait son développement, incontestable par rapport à celui de ses voisins, précisément à son protectionnisme ombrageux, ce qui n'a rien d'original : il en est allé de même des États-Unis au XIXe siècle. Les témoignages d'Européens de l'époque attestent que la quasi-totalité de la population était alphabétisée, que pauvreté n'y était pas misère, que le pays disposait de voies ferrées, de chantiers navals, etc.

Si le déclenchement de la guerre a été matériellement le fait de Solano Lopez, lequel était un dictateur sans aucun doute tenté par les exploits militaires, contrairement à son père Carlos Lopez, ses raisons d'agir étaient fondées sur des menaces vraisemblables. Le traité de la Triple Alliance n'a fait que formaliser ce qui s'envisageait depuis longtemps au Brésil et en Argentine et, pour cette dernière, depuis l'indépendance. L'Uruguay pro-Alliés ne joua en réalité qu'un rôle de comparse.

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