Tension sociale en Grèce

décembre 2005
Une semaine de tension sociale en Grèce
La loi de privatisation des entreprises d’État se heurte à la mobilisation syndicale.

Depuis le début de la semaine le mouvement social est remonté d’un cran en Grèce. Mercredi une grève générale de 24 heures à l’appel des grandes confédérations syndicales a été lancée dans les secteurs public et privé, notamment les transports aériens, maritimes et ferroviaires. Les deux compagnies grecques, Olympic Airlines et Aegean Airlines, n’ont assuré qu’un vol par destination, annulant une centaine de ceux prévus. L’arrêt de travail s’est étendu aux écoles, administrations, banques, hôpitaux et aux entreprises d’utilité publique (Deko), dont la Poste, Électricité de Grèce et OTE, l’opérateur national de télécommunications.

Le mot d’ordre de grève, massivement suivi, avait été lancé par la puissante Confédération générale des travailleurs grecs (GSEE) et la Fédération des fonctionnaires (Adedy), qui protestent contre le projet de budget pour 2006 et le projet de réforme des entreprises du secteur public. Les syndicats reprochent au gouvernement de droite d’imposer « la rigueur et l’austérité » et de s’attaquer aux avantages acquis par le biais des privatisations. Ils réclament en outre des mesures contre le chômage et les licenciements.

Deux rassemblements distincts ont été organisés mercredi à Athènes, l’un par le front syndical PAME, proche du Parti communiste (KKE), et l’autre par les dirigeants socialistes de la GSEE et de l’Adedy. Les premiers ont défilé en demandant un salaire minimum de 1 300 euros, une retraite minimum de 1 050 euros et la semaine de 35 heures, tandis que les seconds proclamaient leur opposition aux privatisations et au budget d’Alogoskoufis (ministre de l’Économie), projet selon eux « bon pour la poubelle ». Hier, pour la deuxième journée consécutive, les secteurs des Deko et des transports publics, y compris le métro, poursuivaient leur mouvement contre la loi controversée, dont la majorité de droite a adopté le principe mercredi soir, afin d’enclencher le processus de privatisation progressive de ces entreprises et, en corollaire, de liquidation des droits sociaux reconnus aux travailleurs du public.

Une partie de bras de fer s’est engagée avec le ministre de l’Économie. Ce dernier considère nécessaires ces réformes, lesquelles concrétiseraient le choix politique sur lequel le gouvernement d’Athènes s’est engagé auprès de la Commission européenne. Sétait définitivement adopté, le projet gouvernemental n’en aurait pas pour autant fini. Les syndicats sont bien décidés d’aller jusqu’au bout pour obtenir gain de cause. Ils vont déposer un recours auprès du Conseil constitutionnel en contestant la conformité de la nouvelle loi au regard des textes européens et des conventions internationales en ce domaine.