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Décennie noire ou en Algérie

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Personne à contacter Décennie noire ou en Algérie

Message par Sphinx Ven 4 Déc - 11:10

Le Terrorisme en algérie (décennie noire ou encore décennie du terrorisme) opposa le gouvernement algérien, disposant de l’armée nationale populaire et divers groupes islamistes à partir de 1991.

On estime qu'elle coûta la vie à plus de 60 000 personnes[1], d'autres sources avancent le chiffre de 150 000 personnes[2]. Le conflit armé se termina par la victoire du gouvernement, suivi de la reddition de l'armée islamique du salut et la défaite en 2002 du groupe islamique armé (GIA). Cependant, des combats continuent toujours dans certains secteurs.

Le conflit commença en décembre 1991, quand le gouvernement annula brutalement les élections après les résultats du premier tour, anticipant une victoire du Front islamique du salut (FIS), craignant de perdre le pouvoir et que ce dernier mette en place une république islamique. Après l'interdiction du FIS et l'arrestation de milliers de ses membres, différents groupes de guérilla islamiste émergèrent rapidement et commencèrent une lutte armée contre le gouvernement et ses partisans. Ils se sont constitués en plusieurs groupes armés, dont les principaux sont le Mouvement islamique armé (MIA), basé dans les montagnes, et Groupe islamique armé (GIA), basé dans les villes. Les intégristes ont au commencement visé l'armée et la police, mais certains groupes s'attaquèrent rapidement aux civils. En 1994, tandis que des négociations entre le gouvernement et les dirigeants du FIS emprisonnés étaient à leur maximum, le GIA déclara la guerre au FIS et à ses partisans, alors que le MIA et divers plus petits groupes se regroupaient pour former l'Armée islamique du salut (AIS), loyale au FIS.

En 1995, les pourparlers échouèrent et une nouvelle élection eut lieu, remportée par le candidat de l'armée, le général Liamine Zéroual. Le conflit entre le GIA et l'AIS s'intensifia. Au cours des années suivantes, le GIA commit une série de massacres visant des villages entiers, avec un pic en 1997 autour des élections parlementaires, qui furent remportées par un parti nouvellement créé favorable à l'armée, le Rassemblement national démocratique (RND). L'AIS, soumise à des attaques des deux bords, opta en 1997 pour un cessez-le-feu unilatéral avec le gouvernement, alors que le GIA se déchirait suite à sa nouvelle politique de massacre. En 1999, l'élection d'un nouveau président, Abdelaziz Bouteflika fut suivie d'une nouvelle loi amnistiant la plupart des combattants, qui motiva un retour à la vie normale. La violence diminua sensiblement, avec la victoire du gouvernement. Les restes du GIA proprement dit avaient pratiquement disparu en 2002.

Cependant, un groupe dissident du GIA, le Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC), basé principalement à la périphérie de la Kabylie, fut constitué en 1998, se dissociant des massacres. Visant l'armée et la police pour la plupart, il rejeta l'amnistie et poursuivit son combat. À l'heure actuelle (en 2008), ses activités comparativement clairsemées sont les seuls combats persistant en Algérie. Cependant, une fin complète des violences n'est pas encore en vue surtout depuis que ce dernier a fait allégeance à Al-Qaida en 2006.

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Personne à contacter Re: Décennie noire ou en Algérie

Message par Syfou Mer 18 Aoû - 0:04

Algérie: décembre 1991 «Il fallait arrêter le processus électoral»

Entretien avec Ali Haroun

Le 27 décembre 1991, au soir du premier tour des élections législatives en Algérie,le fis arrive très largement en tête avec plus de 47% des suffrages exprimés. Le second tour prévu pour le 16 janvier n'aura pas lieu : il est annulé par le Haut Conseil de sécurité. L'Assemblée populaire nationale termine son mandat le 4 janvier et, le 11 janvier, le président Chadli démissionne. Pour assurer la continuité de l'Etat dans ce vide institutionnel, il est créé un Haut comité d'Etat (hce) composé de cinq membres : Mohamed Boudiaf, qui en assure la présidence, Ali Kafi, Tedjini Haddam, Khaled Nezzar et Ali Haroun qui a joué un rôle important dans la création de cette nouvelle instance comme dans le retour de Mohamed Boudiaf de son exil marocain.
Avocat, Ali Haroun a exercé de multiples responsabilités pendant la guerre d'Algérie notamment à la tête de la Fédération de France du fln et au début de l'indépendance en tant que député à la Constituante. En désaccord avec Ahmed Ben Bella, il quitte la scène politique fin 1963 pour rejoindre son cabinet où, presque trente ans plus tard (en 1991), Sid Ahmed Ghozali vient le chercher pour lui confier le poste de ministre des Droits de l'Homme. Dans l'entretien qu'il a accordé à Confluences, il donne son explication de cet épisode crucial de l'histoire contemporaine algérienne.

Les gouvernants de l’époque des législatives de décembre 1991, à la fois le gouvernement officiel et l’armée, avaient-ils conscience que ces élections allaient donner la victoire au fis ou y avait-t-il une incertitude ?

Ils devaient, me semble-t-il, en être conscients puisque le fis avait remporté les élections municipales en 1990. Il est évident que le parti qui détient les deux tiers ou les trois quarts des municipalités, dans un pays comme l’Algérie où l’administration influe sérieusement sur la sincérité du scrutin, est sûr de remporter les élections. Ne nous trompons pas ! Nous ne sommes pas encore arrivés au stade d’élections honnêtes, propres, claires et représentatives de l’opinion des électeurs. Je dirais même qu’il reste encore beaucoup à faire. Il est évident qu’à ce moment-là il paraissait donc aléatoire de procéder aux élections. Estimant que le pouvoir avait manipulé le découpage des circonscriptions de façon à assurer la victoire du fln, le fis avait ordonné la grève insurrectionnelle à la suite de quoi devait tomber le gouvernement Hamrouche le 4 juin 1991. Ainsi tout le monde était conscient et des dispositions de la loi électorale et du caractère déterminant de ces élections.
Sid Ahmed Ghozali, pressenti pour succéder à Hamrouche, m’avait consulté, comme plusieurs autres personnes. Le 18 ou le 19 juin 1991, il me proposa d’entrer au gouvernement. Eloigné de toute activité politique depuis 1964, je n’étais pas au courant des secrets des décideurs mais je me rendais très bien compte, comme simple citoyen, que si aucune mesure n’était prise, la majorité allait se prononcer en faveur du fis. En effet, beaucoup ont estimé que voter fis - le seul parti réellement structuré en dehors du fln, - c’était le moyen le plus sûr d’éliminer ce dernier, dont on subissait l’oppression depuis vingt-neuf ans. Lorsque le fis a poursuivi sa campagne électorale pendant l’été, on s’est rendu compte qu’il contrôlait toutes les mosquées et par là disposait de puissants moyens de pression sur les électeurs. Par exemple, il avait installé des micros dans tous les lieux de prière et tous les jours - donc pas seulement le vendredi - , et cinq fois par jour, au moment de la prière, de jeunes imams lançaient des appels à la mobilisation contre le fln, au djihad contre le pouvoir taghout, c’est-à-dire tyrannique.

Parmi les mesures retenues par le gouvernement pour réduire la pression, on avait envisagé l’interdiction d’utiliser les micros dans les mosquées, mais à l’époque une telle mesure paraissait pratiquement irréalisable. Le gouvernement semblait alors incapable de prendre une décision aussi simple que celle de supprimer les haut-parleurs ou d’obliger les gens à faire la prière à l’intérieur des lieux du culte et non dans les rues avoisinantes. Le fis s’était en effet arrogé le droit d’investir, le vendredi, tout accès aux mosquées bien avant l’heure du sermon. Des nattes étaient disposées dans les rues adjacentes et la circulation automobile et piétonnière pratiquement impossible. Ainsi, une voie de fait du fis l’emportait sur le pouvoir légal, la force primant le droit. Pour le fidèle, soucieux de sa sécurité personnelle, il ne restait qu’une solution que commandait la prudence : s’aligner sur les militants du fis et faire sa prière aux côtés des vainqueurs prévisibles. Or, dans un pays comme l’Algérie où le facteur religieux est déterminant, celui qui a prise sur la religion est certain de s’emparer du pouvoir politique.
Quand la grève insurrectionnelle éclata en juin et que Abbassi Madani se rendit auprès du Président Chadli, celui-ci promit que le découpage électoral serait rectifié et que les élections auraient certainement lieu. C’était là un engagement solennel du président de la République. Aussi faut-il rendre justice à Sid Ahmed Ghozali : son gouvernement n’a pas été formé pour savoir s’il était opportun ou non de préparer des élections, il a été constitué avec l’obligation de les organiser avant la fin de l’année.

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Personne à contacter Re: Décennie noire ou en Algérie

Message par Syfou Mer 18 Aoû - 0:07

Cela signifie donc que le pouvoir de l’époque a organisé des élections qu’il savait perdues d’avance ?

Le pouvoir n’avait plus les moyens d’agir autrement. Si le Président Chadli était revenu sur son engagement du mois de juin, on allait de nouveau vers de graves événements, comme la grève insurrectionnelle précédente, mais d’une plus grande ampleur. Même une partie des travailleurs lassés de l’obéissance inconditionnelle de l’ugta au fln avait adhéré au sit, le syndicat islamiste. Il semble aussi que les services de sécurité aient été quelque peu bernés par les agents du fis qui avaient infiltré tous les rouages de l’Etat. De plus, le scrutin uninominal à deux tours fit qu’une légère majorité de voix aboutit à une très grande majorité de sièges. Au scrutin proportionnel, l’Assemblée aurait été gérable. Sur treize millions d’électeurs environ, trois ont voté pour le fis. Et, à la proportionnelle, un rapport de trois sur treize n’aurait pas pu donner la majorité écrasante dont a bénéficié le parti intégriste.

Mais ce n’est pas le fis qui avait décidé du scrutin uninominal à deux tours !

Non. C’est le fln, parce qu’il espérait qu’avec un scrutin uninominal à deux tours et le découpage qu’il avait concocté, il pouvait conserver une majorité suffisante pour gouverner. Ce fut un faux calcul. Rappelons-nous qu’à cette époque l’Assemblée ne comprenait qu’un seul parti. Tous les députés étaient membres du fln. Le pluralisme promis par Chadli après les événements de 1988 n’était pas encore appliqué dans les faits. Or, lorsque le gouvernement Ghozali avançait des propositions de modification de la loi électorale, il se heurtait au mur infranchissable de la direction du fln avec laquelle il était à couteaux tirés. Tout cela a joué en faveur du fis. Et le mode de scrutin lui a permis d’obtenir le 26 décembre 1991, date du premier tour, 184 ou 186 sièges sur 420, avec seulement 24% des voix exprimées des électeurs inscrits.

Chaque acteur ayant joué son jeu, on se retrouve dans une situation assez complexe. Le premier tour se déroule avec les résultats que vous avez rappelés et une décision est prise : celle d’interrompre les élections. Qui l’a prise ? Quels sont les acteurs qui sont intervenus ?

Ces questions sont en effet importantes. Lorsque les résultats tombent, le chef du gouvernement paraît complètement bouleversé. Les ministres ne le sont pas moins. C’est un séisme politique d’une ampleur jusque-là inconnue. Le surlendemain, en conseil du gouvernement, si certains - une minorité, il faut le dire - préfèrent par un prudent calcul attendre de voir d’où le vent souffle, d’autres s’expriment aussitôt et pensent qu’il n’est pas possible de continuer ce simulacre d’élections qui nous achemine vers une situation à l’iranienne. Les ministres sont décidés à y mettre un terme, mais ne savent comment procéder. Personnellement, je me situais dans cette ligne-là. Quelques rares intervenants ont laissé entendre, sans le dire expressément, qu’après tout on pouvait laisser le fis accéder au pouvoir, suivre les événements et réagir en conséquence. Mais ce n’était pas l’avis de la majorité. Il faut également rappeler qu’au niveau des syndicats, de certains partis politiques, d’une grande partie de la société civile, spécialement des organisations féminines, cela fut ressenti comme un véritable saut dans l’inconnu. En qualité de ministre des Droits de l’Homme, j’ai reçu dans mon bureau des responsables de sociétés féminines qui me suppliaient d’agir pour les sauver. Certaines se sont évanouies. Une autre implorait : «J’ai trois filles. Je ne peux vivre dans un pays qui deviendrait le Soudan ou l’Iran. Je n’ai nulle part où aller. Ne nous abandonnez pas !» Peu de jours après, des citoyens patriotes se sont retrouvés pour réfléchir à la manière de stopper la chute inéluctable dans la théocratie totalitaire. C’est alors que s’est créé en dehors du gouvernement le Comité national de sauvegarde de l’Algérie (cnsa). Il regroupait l’ugta, l’Organisation nationale des moudjahidine (onm), certains partis politiques (pas très puissants, parce qu’à l’époque il n’existait pas de parti qui compte en dehors du fln et du fis), d’autres personnalités parmi lesquelles de nombreux intellectuels, dirigeants d’associations, artistes, directeurs de journaux indépendants nouvellement fondés, entrepreneurs, etc...

Au niveau du gouvernement, il était difficile de prendre une décision apparemment anticonstitutionnelle et d’interrompre le processus électoral. Fallait-il demander à l’armée d’intervenir avec ses propres moyens ? Une telle mesure semblait impensable et d’ailleurs personne ne l’envisageait. Il a donc été décidé de créer un comité de réflexion regroupant deux militaires et deux civils. Le comité s’est aussitôt attaché à étudier la manière d’endiguer ce processus, tout en respectant la Constitution en vigueur. C’était vouloir résoudre la quadrature du cercle. Mais, le 4 janvier, l’Assemblée terminait sa législature et la nouvelle devait se réunir après le second tour des législatives. Une solution pouvait alors se dégager des dispositions de la Constitution. En effet, l’article 84 vise les cas de vacance de l’Assemblée et d’empêchement du président. Ses paragraphes 8 et 9 prévoient même la conjonction de vacance de l’Assemblée et de décès du président. Dans ce cas limite, le président du Conseil Constitutionnel assure l’intérim de la Présidence de la République pour une durée de quarante-cinq jours, au cours de laquelle les élections présidentielles sont organisées, préalablement à tout autre scrutin.
Dès lors, estime le comité de réflexion, la solution est trouvée : les élections législatives seraient régulièrement suspendues sous réserve que l’on constate l’état d’empêchement du président de la République et que le président du Conseil constitutionnel accepte l’intérim. Il fallait donc créer l’événement. Heureusement pour lui, le président de la République se portait très bien ; il n’était ni malade, ni dément. Il ne restait plus que la démission. Certaines personnes furent donc chargées d’aller lui exposer les solutions possibles.

Dans une première hypothèse, le second tour des élections se poursuivrait et le fis s’emparerait du pouvoir. Il allait alors indubitablement se venger de Chadli. N’oublions pas que le slogan du parti intégriste pendant ses grandes manifestations était : «La illaha ila Allah oua Chadli adou Allah» (il n’y a de divinité que Dieu et Chadli est l’ennemi de Dieu). Or, en théocratie, l’ennemi de Dieu doit être mis à mort. Un autre slogan développé par le fis dans les rues d’Alger au cours de ses nombreuses démonstrations de force était : «La ‘amal, la dirassa hatta tasquot er-riyassa» (pas de travail, pas d’études jusqu’à la disparition du président).La guerre civile était alors inévitable.
Dans une seconde hypothèse, le président démissionnerait, les élections législatives seraient interrompues, et l’on s’acheminerait légalement vers des élections présidentielles dans les quarante-cinq jours.




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Personne à contacter Re: Décennie noire ou en Algérie

Message par Syfou Mer 18 Aoû - 0:10

Quand vous dites «certaines personnes», c’est qui ?

En définitive une seule personne est allée voir le président : c’était Khaled Nezzar. Il l’a d’ailleurs écrit dans ses mémoires. C’est ainsi que Chadli, convaincu, décida le 9 janvier 1992 de démissionner, démission qui fut rendue publique le 11.

Vous n’avez pas parlé de l’armée

Mais on en parle beaucoup ces temps-ci, surtout dans les médias étrangers. Aussi et avant d’intervenir sur ce chapitre controversé, je voudrais d’abord me situer. Jusqu’au mois de juin 1991, je ne connaissais personne au sein de cette armée. J’avoue que j’étais loin de la porter dans mon coeur. Reportez-vous à ce que j’ai écrit dans L’Eté de la discorde. J’ai toujours jugé -- à tort ou à raison -- que la prise du pouvoir en 1962, suite à un rapport de force et non par consensus entre tous les dirigeants de la lutte pour l’indépendance, a embourbé le pays dans une crise politique dont il n’est pas encore complètement dégagé. Que l’état-major de l’armée des frontières, rebellé contre le Gouvernement provisoire de l’époque, ait fini par le disloquer, que les bataillons fidèles à cet état-major aient constitué le noyau dur de l’armée algérienne, que cette armée, après l’intermède de Ben Bella dont elle s’est vite débarrassé, ait pratiquement, à travers son chef, géré un pays où le pouvoir, le parti, le gouvernement et l’administration ne constituaient qu’une seule et même autorité... tout cela est incontestable. D’ailleurs, les qualificatifs «démocratique» et «populaire» dont la République s’est parée sous l’empire du parti unique et de la pensée unique, entre 1962 et 1988, étaient doublement mensongers, la démocratie n’étant qu’une façade et le peuple n’ayant que le droit d’applaudir aux injonctions du pouvoir. Durant cette période, l’armée, dont certains chefs formaient une toute-puissante oligarchie, s’est généralement comportée en privilégiée du système, surtout lorsque le chef de cette armée était à la fois président de la République, ministre de la Défense, Chef d’état-major, numéro 1 du Parti unique et que, les députés renvoyés dans leurs foyers, il légiférait par voie d’ordonnances. Evidemment tout le monde ne partage pas cette approche et certains cadres de l’armée moins que tout autre.

Il serait cependant mal venu de nier, comme il le serait aussi de contester certaines réalisations de ce régime autoritaire telles que le raffermissement de l’unité nationale, le respect, non sans crainte, du pouvoir central, une instruction de masse sinon de qualité et la dignité du pays préservée à l’intérieur de ses frontières et au dehors. Il serait injuste encore de minimiser les effets du retrait de l’anp du Comité Central du fln, comme la révolution des mentalités opérée après octobre 1988 et clairement exprimée dans le rapport des généraux au président Chadli en décembre 1990 où la hiérarchie se déclarait «républicaine et démocrate face aux dangers de l’intégrisme islamiste». En décembre 1991, sans l’armée, les démocrates ne pouvaient rien entreprendre avec quelque chance de succès. Ensuite l’armée n’a imposé ni au gouvernement ni aux civils la solution épargnant au pays le fatidique second tour. Elle semblait plutôt respectueuse des décisions prises au niveau politique. Quant au cnsa, comme je vous l’ai dit, il s’est créé spontanément, sous l’emprise des événements. Nombreux sont ceux en Europe qui ne veulent pas croire qu’à un moment donné une conjonction d’intérêts rapprocha les démocrates du cnsa des décideurs au sein de l’armée. Et pourtant, les choses se sont réellement passées ainsi. Pour ma part cependant, je dois souligner qu’à partir du moment où, dans les circonstances difficiles de fin 1991, j’ai approché certains officiers supérieurs, j’ai révisé mon jugement initia l: l’armée n’était plus celle de 1962.

Moi je veux bien le croire, mais après c’est l’armée qui a pris les choses en main. Quel a été le rôle de Nezzar dont on a tant parlé ?

En tant que ministre de la Défense et Chef d’état-major, il a joué un certain rôle. C’était normal. Mais il n’a pas imposé la voie à suivre. Voyez-vous, certaines idées préconçues collent aux militaires comme le parasite à son support. Je les ai partagées avec beaucoup, jusqu’à cette période dramatique de décembre 91-janvier 92. A l’occasion d’une visite, des journalistes de T.V. américaines m’ont affirmé : « Vos militaires sont des dictateurs et des traîneurs de sabre». Estimant cette réaction purement raciste, j’ai répliqué aussitôt : «Pourquoi donc un Chef d’état-major de pays comme l’Angleterre, la France ou les Etats-Unis d’Amérique se comporterait par nature en démocrate, tandis qu’un général algérien serait par essence fasciste et dictateur ? Pourquoi pensez-vous qu’un officier de l’armée américaine croit la démocratie indispensable à la gestion de notre société des XXème et XXIème siècles et que l’idée même ne peut pas effleurer l’esprit des militaires algériens ?» Aujourd’hui, au niveau de la direction de l’anp, nombre de responsables partagent, me semble-t-il, l’idée de primauté de la démocratie dans la gestion des affaires publiques. Dans les rangs de cette armée et à divers échelons, il existe sans doute des boutefeux, des candidats au putsch et des assoiffés de pouvoir, comme un peu partout ailleurs. Mais, je vous le répète : ceux que j’ai connus et côtoyés pendant cette période difficile ne m’ont pas paru animés de pareilles intentions.



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Personne à contacter Re: Décennie noire ou en Algérie

Message par Syfou Mer 18 Aoû - 0:18

Pour résumer, et sans déformer votre pensée, je l’espère, ce n’est pas l’armée qui a arrêté le processus électoral, c’est en fait une configuration complexe, avec des acteurs différents qui sont arrivés à un accord, et l’armée a joué son rôle.

Un rôle décisif certes. Le «comité des quatre», dont je vous ai parlé, a examiné le problème des jours durant pour trouver la sortie idoine. A aucun moment, les deux militaires n’ont imposé leur point de vue et si cela avait été, je n’aurais pas manqué de me retirer, comme l’aurait fait sans aucun doute mon ami Aboubakr Belkaïd, membre civil de ce comité et qui fut d’ailleurs, quelques mois plus tard, assassiné par les intégristes.

Et les militaires, c’étaient Nezzar et qui ?

Non, Nezzar n’y était pas. Le Comité comprenait deux généraux, mais pas Nezzar. Au bout de quelques jours, les civils ne savaient pas trop si les militaires étaient prêts à s’engager réellement. Alors, l’un des civils a lancé: «Si vous ne faites pas ce qu’il faut, nous, avec le cnsa, nous le ferons. Nous nous ferons «occire», c’est clair, mais nous irons jusqu’au bout. Alors, vous nous aiderez parce qu’il y va de votre intérêt de nous soutenir». Il convient ici de rappeler ce qui semble avoir été oublié: alors que les porte-parole du fis veulent faire croire aujourd’hui qu’ils ont été victimes d’un putsch, il faut souligner qu’il se produisit un mouvement populaire profond pour s’opposer à un intégrisme, qui, après deux ans de violences, donnait un avant-goût de la dictature qu’il se proposait d’instaurer.

A la réflexion, il est clair que la démocratie ne se limite pas à la formalité du scrutin. L’histoire est là pour nous l’enseigner. Quand Hitler est régulièrement arrivé au pouvoir en 1933, il avait déjà publié Mein Kampf. Si vous aviez été allemand avec vos idées, et si j’avais été allemand avec les miennes, nous nous serions opposés au Führer, même parvenu légalement au pouvoir. Et la postérité ne nous aurait pas condamnés. Or, dans ses diverses publications, le fis avait fait connaître son programme politique qui se résume à ceci : s’emparer du pouvoir par la voie des urnes et ensuite interdire toute élection, puisqu’il appliquerait la seule loi qui vaille, la loi de Dieu, dont il s’autodéclare le dépositaire et l’interprète exclusif. Il s’agit donc de savoir si la démocratie consiste uniquement à introduire un bulletin dans l’urne et à en appliquer mécaniquement le résultat. Or, pour l’intégrisme, la démocratie exprimée par l’élection est une invention de l’Occident athée et constitue une apostasie qu’il convient de combattre et d’éliminer à jamais. Si quelqu’un vous déclare : «Je considère la démocratie impie et, une fois au pouvoir, je l’abolirai», quelle sera votre position ? Ne convient-il pas de l’en empêcher ? Mais si vous estimez qu’au nom d’un démocratisme formaliste et finalement suicidaire, il faut se résigner au résultat des urnes, alors !...

Il y a une logique ?

Mais il ne faudrait pas que cette logique aboutisse en fin de compte à détruire ce qu’elle prétend sauver. Beaucoup y ont réfléchi. Devant le dilemme : interrompre le processus électoral, ce qui alors, aux yeux du monde, paraissait comme une atteinte au processus démocratique, ou laisser l’intégrisme rétrograde parvenir au pouvoir et en fin de compte assassiner la démocratie, le choix ne souffrait pas de doute pour nous.

Vous parlez du monde. Parlons de la France. Quelle était la position de la France ?

Apparemment, à l’époque, la France prétendait ne pas s’en mêler. Or, cette apparence voilait le sentiment réel de Mitterrand qui déclarait : «Il faut que l’Algérie renoue avec le processus démocratique», sous-entendu que la suspension des élections est attentatoire à la démocratie. Alors que nous vivions ces événements dramatiques sur le terrain, nous pensions que stopper le processus électoral, c’était précisément, sauver les chances de la démocratie future. Au demeurant, Mitterrand n’était pas seul à penser de la sorte. Ainsi lorsque Boudiaf m’a chargé d’expliquer à plusieurs gouvernements européens les raisons de l’interruption, beaucoup rétorquaient : pourquoi ne pas laisser le fis parvenir au pouvoir puisqu’il est majoritaire aujourd’hui et, aux prochaines élections, l’en exclure légalement par la voie des urnes ? C’était là, évidemment, une vue de l’esprit. En Iran, a-t-on pu jusqu’à présent mettre en minorité les ayatollahs et les obliger à céder la place ? Alors que les nazis ont accédé au pouvoir par la voie des urnes, en ont-ils été chassés par un bulletin de vote ? Quant aux talibans, croyez-vous qu’ils céderont aux résultats d’un scrutin contraire?

En France, cela a fait partie des multiples polémiques. On a dit que Mitterrand avait une position officielle et que, d’une manière plus discrète, il encourageait plutôt l’arrêt du processus électoral

Absolument pas. Il y eut peut-être des encouragements dans ce sens au niveau des hommes politiques français, mais du côté de l’Elysée l’on échafaudait sans doute d’autres projets.

Propos recueillis par Jean-Paul Chagnollaud
Note :
1. Ndlr : il est fait ici référence au 1er attentat contre le World trade center pour lequel le Cheikh Omar Abderrahman a été condamné, l’entretien ayant été enregistré bien avant le 11 septembre 2001.

http://confluences.ifrance.com/textes/40haroun.htm




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