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Géopolitique du Proche-Orient

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Personne à contacter Géopolitique du Proche-Orient

Message par Syfou Ven 5 Mar - 15:10

Le Proche-Orient est une région d'Asie et d'Afrique comprenant les pays du sud-est du bassin méditerranéen. On l'englobe souvent dans le Moyen-Orient. Un synonyme plus ancien est le Levant (là où le soleil se lève).

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Territoire

Il comprend généralement les pays suivants :

Cisjordanie
Égypte
Irak
Palestine (Israël)
Jordanie
Liban
Syrie
Territoires palestiniens

On y adjoint parfois par extension

les pays méditerranéens asiatiques et turc :
Azerbaïdjan
Chypre
Turquie
les pays du Maghreb, pour des raisons historiques ou de proximité culturelle :
Algérie
Maroc
Tunisie
les Anglo-saxons y ajoutent parfois des pays du Caucase :
Arménie
Géorgie
En fait, la région n'a pas de délimitation officielle.

Religions

Le Proche-Orient est le berceau des trois grandes religions monothéistes. De nos jours, l'islam est la religion de la majorité des habitants de cette partie du monde, à l'exception d'Israël dont la population est majoritairement juive et de Chypre principalement chrétienne. Dans la région, il existe d'importantes communautés chrétiennes, notamment au Liban et en Arménie.

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Personne à contacter Re: Géopolitique du Proche-Orient

Message par Syfou Ven 5 Mar - 15:17

Pourquoi les pays occidentaux, la Chine et la Russie craignent-ils la démocratisation en Iran?

En se référant aux prises de position officielles des dirigeants des états occidentaux (B. Obama, N. Sarkozy, G. Brown, A. Merkel, etc.) d’aucuns pensent que les gouvernements occidentaux soutiennent le mouvement démocratique actuel en Iran.

Qu’en est-il vraiment?


D’abord un rappel pour rafraichir la mémoire. La guerre pour «répandre la démocratie» au Moyen-Orient de Georges Bush s’est soldée par l’occupation violente et illégale de l’Irak, pays détenteur d’un des gisements les plus importants et les plus rentables au monde. Il s’agit bel et bien d’un hold up sur la richesse pétrolière d’un pays souverain. Pour des raisons analogues, l’Afghanistan, rempart de l’hégémonie mondiale de l’Occident, a été occupé.

Le pouvoir occupant a installé une démocratie de façade, aux mains des mafias et autres narcotrafiquants à la colombienne. Chaque jour, la violence colonialiste continue de tuer des dizaines de citoyens irakiens et afghans. La violence colonialiste s’est même déplacée au Pakistan où les drones et militaires américains massacrent les civils.

Pourtant, les populations des pays arabo-musulmans, «amis» de l’Occident, ont pris Georges Bush au mot et ont déclenché de timides mouvements démocratiques en Égypte et en Arabie saoudite. Ils ont été vite réprimés, au nom de la «lutte contre le terrorisme». Le calme (la dictature fasciste) règne comme avant dans les pays «amis», de Gibraltar au Golfe persique.

Pour la énième fois, les Américains- et leurs consorts européens- ont montré que, comme dans les années de plomb en Amérique Latine, le caractère dictatorial des régimes «amis» de l’Occident au Moyen-Orient est mieux adapté à leurs intérêts stratégiques.

En effet, l’introduction d’une dose de démocratie- qui ferait participer au gouvernement des éléments souvent critiques et incontrôlables - risque d’affaiblir la position dominante des États-Unis dans lesdits pays. L’exemple du Liban est devant nous. L’opposition mène la vie dure à la majorité, à la solde de l’Occident, qui est obligée de composer avec la minorité et ses amis syriens ou iraniens pour la composition du gouvernement. Le dernier gouvernement fut mis en place, quatre mois après la fin des élections législatives. Contrairement à Égypte, à l’Arabie saoudite ou à la Jordanie, la marge de manœuvre de l’Occident au Liban, est réduite.


Les Américains peuvent-ils avoir une position différente par rapport à la démocratie iranienne? Imaginons un instant la victoire de la démocratie en Iran, qui se traduirait par la naissance d’un pays disposant des libertés d’élection, de la presse, de réunion, etc. Dans un tel pays, les discriminations homme-femme, religieuses et ethniques céderaient le pas à l’entente entre tous les Iraniens (actuelles exigences de l’opposition Verte), disposant de droits égaux, participant, à travers leurs députés librement élus, à la vie sociale, économique et politique du pays.

En résumé, nous serions témoins de la naissance d’un Iran puissant, disposant de toutes ses ressources et richesses humaines, intellectuelles et naturelles, intelligemment mises à disposition de la nation et de son rayonnement mondial.

C’est en position de force qu’un tel pays ferait face à l’Occident pour faire triompher ses droits régionaux et internationaux. Un tel pays serait un exemple vivant pour les peuples des pays arabo-musulmans qui s’en inspireraient pour se libérer du joug des pouvoirs dictatoriaux, à la solde des Etats-Unis. Un tel pays ferait échouer les «théories» vaseuses, qui prétendent qu’il est impossible d’instaurer la démocratie dans un pays musulman.

Bref, les enjeux sont énormes et la démocratie naissante iranienne est en mesure d’ébranler la domination occidentale au Moyen-Orient. Les dirigeants occidentaux sont conscients qu’un Iran démocratique serait plus dur en affaires.

La précipitation des Occidentaux, de la Russie et de la Chine à reconnaître le président mal élu (Ahmadinejad) trahit leur volonté de souhaiter traiter avec un Iran dictatorial, donc faible, et prêt à des compromis, voire des compromissions. Il est à souligner que la puissance actuelle du mouvement démocratique empêche le gouvernement iranien d’aller loin dans ses compromis avec ses partenaires occidentaux, russes et chinois. Voici deux exemples.

L’annonce selon laquelle les avions russes Tupolev sont pilotés par des pilotes russes, échappant à la justice iranienne, a soulevé un tollé dans le pays. Le gouvernement a été accusé de capitulation; cela a rappelé les anciens traités humiliants qu’avaient signé les gouvernements iraniens faibles d’avant la révolution de 1979 et qui accordaient des droits particuliers aux puissances étrangères et à leurs ressortissants sur le sol iranien.

L’attitude du pouvoir dans le dossier nucléaire est observée à la loupe par l’opposition dont les critiques ont obligé le gouvernement d’Ahmadinejad à renoncer à céder l’uranium enrichi à l’Occident. L’adversaire d’Ahmadinejad lors de la dernière élection, Mir Hossein Moussavi, a même parlé de braderie par le pouvoir actuel, de dizaines d’années de travail de milliers de techniciens, d’ingénieurs et de savants iraniens.

Ahmadinejad représente l’aile la plus réactionnaire du clergé iranien et des Gardiens de la révolution (Pasdarans). Cette fraction de la bourgeoisie a écarté tous ses rivaux, accusés d’être à la solde des étrangers, et a mis la main sur la justice et sur tous les leviers du pouvoir politique, militaire et économique. Les journaux de l’opposition, qui n’ont pas encore été interdit, sont constamment menacés de fermeture. Les Iraniens ne sont pas dupes et qualifient le pouvoir actuel d’illégitime, de dictatorial, de menteur et de corrompu.

Ils voient beaucoup de similitude entre la politique intérieure du gouvernement d’Ahmadinejad et le pouvoir déchu du Chah d’Iran.

Trente et un ans après la victoire de la révolution du 11 février 1979, l’Iran se retrouve à la case départ.

Source: http://geopolitiquedumoyen-orient.blogspot.com/
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Personne à contacter Re: Géopolitique du Proche-Orient

Message par Syfou Ven 5 Mar - 15:26

Barack Obama sur la voie de Georges Bush

*Crime de guerre commis par les militaires occidentaux en Irak, en Afghanistan et au Pakistan.

* Le talon d’Achille de la résistance anticolonialiste au Moyen-Orient

Depuis la victoire de la révolution islamique d’Iran en 1979, la résistance anticolonialiste au Moyen-Orient est essentiellement d’obédience islamique. L’avantage de cette idéologie religieuse, basée sur la peur d’un Dieu tout puissant, récompensant le «bien» et châtiant le «mal» par le paradis ou par l’enfer, c’est sa facilité de compréhension par une population qui souffre de l’injustice sociale et du système despotique et corrompu d’un pouvoir politique souvent lié aux puissances occidentales.

Les révolutionnaires musulmans-nationalistes proposent un système social basé sur la charia, un corpus de lois médiévales, peut-être conformes au mode de vie Moyenâgeux, mais qui ne répondent plus aux nécessités et aux valeurs de progrès et d’égalité d’une époque moderne.

L’Homme s’efface devant Dieu dont les représentants auto-désignés imposent un ensemble de lois inhumaines (lapidation, coups de fouet, amputation des doigts et des mains, etc.) pour «résoudre» des problèmes que ces messieurs ne comprennent pas qu’ils sont d’ordre social. La tenue vestimentaire, inadaptée à l’époque moderne, est celle du Moyen-âge. Comment travailler dans une fabrique ou une entreprise industrielle en voile intégral, qui rabaisse la femme à l’état d’objet emballé, invisible à l’«œil interdit»?

Beaucoup d’intellectuels vivant dans un pays musulman acceptent difficilement la charia qui ne reconnaît aucun droit démocratique, aucune liberté, car non-conforme à l’islam. C’est le talon d’Achille des mouvements de résistance au Moyen-Orient qui n’arrivent pas à mobiliser l’ensemble de la couche intellectuelle et gestionnaire du pays, surtout pas les femmes instruites. Le même état d’esprit règne au sein des intellectuels européens de gauche qui rechignent à s’engager massivement pour soutenir une résistance anticolonialiste conduite par des musulmans, qualifiés d’«islamistes», donc médiévaux.

La Palestine qui déchaine toujours les passions occidentales fait exception. En effet, le soutien dont jouissait le Fatah laïc depuis la fin des années 1960, s’est reporté, en grande partie sur le Hamas.

Le manque d’audience des musulmans nationalistes auprès des couches instruites musulmanes ou laïques, réduit considérablement la capacité d’organisation du mouvement anticolonialiste.

Plus de trente ans après la victoire de la révolution islamique en Iran, des mouvements de résistance se développent un peu partout au Moyen-Orient, mais la victoire d’une deuxième révolution islamique ne semble pas pour demain. Ce d’autant plus que la répression qui frappe les Iraniens épris de démocratie, fait réfléchir plus d’un quant à la possibilité de construire une vraie démocratie sous un pouvoir islamique.

Privés du soutien efficace des couches instruites du pays, les musulmans nationalistes se battent (presque) seuls face aux colonialistes qui, vu les atrocités, voire les crimes de guerre, commis par leurs troupes et la corruption évidente de leurs laquais locaux, s’enlisent et se trouvent dans une impasse, en Irak et en Afghanistan. L’envoi de renforts militaires en Afghanistan «fait craindre une dérive vers le tout-militaire». La présence de 130 000 militaires occidentaux signifie-t-il autre chose?

L’impasse des colonialistes se manifeste par la construction de murs, de barrages, une sorte de «guerre de tranchées» version vingt et unième siècle. Comme en Palestine, Bagdad est truffé de check-points, qui fleurissent également en Afghanistan. Les ambassades américaines, même en Europe, sont transformées en bunkers. La zone verte à Bagdad, le mur de la honte autour d’Israël, la construction de nouvelles barrières à la frontière égypto-gazaouie et entre Israël et l’Egypte, sans parler des barrières de sécurité sur le Golan, d’une autre le long de la frontière libanaise, d’une autre encore le long de la frontière jordanienne, etc. Hormis des bâtiments déjà «sécurisés», de nouveaux murs vont sûrement fleurir en Afghanistan, autour ou dans Kaboul, etc. L’industrie de construction de murs a de beaux jours devant elle! Le mur de Berlin a fait place à des glacis colonialistes au Moyen-Orient.

Force est de constater que Barack Obama étend et intensifie sa guerre colonialiste au «Grand Moyen-Orient», des frontières chinoises jusqu’au détroit hautement stratégique de Bab el- Mandeb. En effet, après la Somalie, le Yémen est gagné à son tour par l’agitation révolutionnaire et anticolonialiste.

Le nord du Yémen est une zone d’une extrême pauvreté dont les habitants se révoltent contre le pouvoir central dictatorial, corrompu et clientéliste. Face à la révolte des miséreux, la seule solution- pourtant décriée- que connaissent l’Occident et ses laquais locaux (Arabie saoudite, et autres régimes arabes soi-disant modérés) est le bombardement des zones d’habitation qui fait de nombreuses victimes civiles et des milliers de déplacés.

A voir le nombre de pays engagés à côté des Etats-Unis, l’emploi du terme «guerre mondiale» contre les miséreux du Moyen-Orient, n’est pas exagéré. «La France entraîne des soldats somaliens à Djibouti». Djibouti, de son côté a instruit 500 soldats. Les Américains versent à chaque soldat 150 dollars par mois. Les armes sont distribuées par l’Union africaine. L’Ouganda a formé 600 soldats. Certains pays, notamment l’Allemagne, l’Autriche, la Hongrie, la Pologne et l’Espagne, souhaitent s’engager.

Pourtant, la plupart des militaires somaliens formés «disparaissent dans la nature une fois rentrés à Mogadiscio».

Tout l’Occident et ses laquais locaux africains sont inquiets de la progression de l’esprit anticolonialiste à l’est de l’Afrique. Après la Somalie et le Yémen à qui le tour? Pourquoi les Djiboutiens ne seraient-ils pas tentés de se révolter, à leur tour, contre le colonialisme français? La terre tremble, de plus en plus, sous les pieds des colonialistes.

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Personne à contacter Re: Géopolitique du Proche-Orient

Message par Sphinx Mar 30 Mar - 22:20

Turquie : le pouvoir de l'eau

La Turquie est un grand pays qui tire sa puissance de facteurs historiques et géopolitiques anciens. Elle reste l’héritière des empires seldjoukide et ottoman mais également de l’Empire byzantin que les Turcs ont soumis. Dans sa géographie actuelle, elle s’impose comme un acteur majeur du Moyen-Orient et une zone pivot entre l’Asie et l’Europe. Outre sa démographie (73 millions d’habitants), son développement économique (15ème économie mondiale) ou même sa puissance militaire (pays de l’OTAN), la Turquie détient un atout dans le grand jeu moyen-oriental : c’est le château d’eau de la région. L’eau, c’est véritablement le pétrole de la Turquie ! (publié simultanément sur AGS)

Géopolitique du Proche-Orient Barage10

L’eau manque déjà au Moyen-Orient et elle manquera de plus en plus. Le croissant fertile qui fut le siège de grandes civilisations antiques et le berceau des grandes religions monothéistes, est irrigué principalement par le Tigre et l’Euphrate dont les sources sont en Turquie. Le Tigre prend sa source en Anatolie orientale puis parcourt la Turquie sur 400 km, avant de poursuivre sa course vers le Golfe persique. La moitié de l’eau de ce fleuve provient de la Turquie. L’Euphrate qui provient également des Monts Taurus, est alimenté à plus de 90% par les eaux turques, sur environ 450 km de traversée de ce pays. Les deux fleuves se caractérisent par une irrégularité très forte du débit saisonnier, des crues très importantes et une diminution du débit d’amont en aval. Ces eaux sont stratégiques pour la Turquie, l’Iraq et la Syrie.
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Personne à contacter Re: Géopolitique du Proche-Orient

Message par Sphinx Mar 30 Mar - 22:31

De manière générale, l’eau manque cruellement au Moyen–Orient. Des stratégies alternatives ont été développées pour augmenter la ressource : dessalement, extraction des eaux fossiles, etc. Les ressources sont limitées et les besoins augmentent significativement. La croissance démographique est le premier facteur aggravant. Les populations turques, iraniennes ou syriennes ont doublé durant les 25 dernières années. La consommation des zones urbaines ne fait que s’amplifier. En effet, les comportements tendent à s’aligner sur ceux des pays européens. L’agriculture absorbe plus des trois quarts de l’eau potable. La concurrence entre les eaux urbaines et agricoles s’accroit et génère des tensions internes et externes. Aucune solution satisfaisante à moyen terme n’est envisageable car l’eau est un produit qui se transporte mal.

Au plan local, dans le bassin du Tigre et de l’Euphrate, la gestion de l’eau s’avère un facteur de différends transfrontaliers. L’exploitation hydraulique est ancienne. Au début du XXème siècle, la Turquie envisage de maîtriser ces fleuves. Entre les deux guerres, l’irrigation est développée et le barrage d’Hindiya sur l'Euphrate, construit de 1911 à 1913, est modernisé en 1927. Des aménagements équivalents sont réalisés sur le Tigre. La discorde débute évidemment avec le démembrement de l’empire Ottomans qui maîtrisait ces eaux jusqu’au Golfe persique et la « création » de la Syrie, sous mandat français et de l’Iraq, sous mandat britannique. D’autres projets ont été développés depuis.

Le projet de Güneydogu Anadolu Projesi (GAP) qui vise à l’aménagement de ces deux fleuves a entrainé des conflits qui auraient pu dégénérer en affrontement militaire. En 1989, la chasse syrienne avait descendu un avion turc à proximité du chantier de construction du barrage Atatürk ! Ce projet représente un enjeu national de prestige et de souveraineté vis-à-vis du Kurdistan. Il devrait permettre de doubler les terres irriguées de la Turquie. Le but est de construire 22 barrages et de stocker 110 milliards de m3. Pour illustrer le côté gigantesque, le remplissage du barrage Atatürk, à partir de 1992, a fait baisser le débit de l’Euphrate d’un quart. En 1992, M. Karman Inan, ministre turque de l’intérieur, lors de la mise en eau du barrage Atatürk, déclarait : « l'eau sera la ressource la plus importante au Proche-Orient dans les décennies à venir, et nous sommes les plus riches propriétaires de cette ressource dans la région. Ces fleuves sont là depuis des millions d'années. Nous voulons les utiliser pour apporter leurs bienfaits aux enfants de ce pays ». Tout était dit ou presque ! Cette situation pourrait empirer durant les prochaines années, en l’absence d’accord tripartite entre la Turquie, l’Iraq et la Syrie.

Selon Frédéric Lasserre, en 1990, la Syrie et la Turquie ont menacé d’en venir aux armes pour régler leur différend. De même, « lors de la crise d’octobre 1998, au cours de laquelle étaient entremêlées les questions du soutien syrien au PKK en Turquie et du partage des eaux de l’Euphrate, la Syrie a dû plier face aux menaces explicites d’Ankara ». Le GAP devrait permettre de produire de l’hydroélectricité et de développer le « Kurdistan turc » et ainsi, l’ancrer dans le destin national. La population kurde est répartie sur les territoires de la Turquie, de l’Iraq, de la Syrie, de l’Iran et de l’Arménie, depuis le traité de Lausanne de 1923. Il convient donc de coupler la problématique de l’eau et celle du Kurdistan turc : sous-développement, terrorisme, séparatisme, etc. L’eau est un moyen de gestion des kurdes de l’intérieur et de l’extérieur, comme la puissance militaire qui fait régner l’ordre à l’intérieur et intervient chaque fois que nécessaire à l’extérieur, notamment au Kurdistan iraquien comme en février 2008. Le smart power turc est simple, clair et efficace : la gestion de l’eau (soft power) et la pression militaire (hard power), le château d’eau et le château fort.

L’eau est donc un instrument de puissance qui alliée à la puissance militaire et politique turque lui permet de peser directement sur quelques pays de la région, notamment l’Iraq. Le « Kurdistan turc » qui n’a pas la chance d’avoir du pétrole, comme son frère iraquien, est lié à l’enjeu de l’eau. Cette gestion de l’eau permet de peser sur la politique iraquienne et syrienne, dans une moindre mesure. C’est un des principaux leviers pour limiter l’autonomie du Kurdistan iraquien. Rien n’empêche de penser qu’une entente avec l’autre puissance de la région, l’Iran, pourrait transformer l’Iraq en Etat tampon sous double influence. Cette question reste entière concernant l’intégration de la Turquie dans l’Union européenne (UE). En l’absence d’accord sur l’eau entre les pays du bassin du Tigre et de l’Euphrate, l’UE peut-elle réellement cautionner une politique turque qui vise à assurer son propre développement en risquant d’empêcher des populations voisines de produire leur nourriture et d’avoir un juste accès aux ressources hydrauliques ?

Sources :

La gestion de l'eau et son impact sur le droit international par Moussa Elimane Sall
Dispute autour du Tigre et de l'Euphrate par Christophe Rymarski
Site du GAP
Guerres de l’eau : paradigme des guerres du XXIe siècle ? Fréderic Lasserre
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Personne à contacter Re: Géopolitique du Proche-Orient

Message par Sphinx Mar 20 Juil - 21:33

Et si le régime Iranien tombait, quelles conséquences sur l’équilibre régional?

Au lendemain de la célébration de l’Achoura, durant laquelle l’opposition a massivement manifesté dans tous les quartiers de Téhéran mais aussi dans plusieurs villes d’Iran, le régime a répliqué trois jours plus tard, en organisant des manifestations pro-gouvernementales.

Cette action ne révèle t-elle pas une certaine faiblesse du régime qui n’arrive plus à contenir les peurs et est contraint de réagir face aux masses populaires qui déferlent dans les rues ? D’autant que celles-ci, tout comme la jeunesse et le monde étudiant, pouvaient paraître liés à ce même régime. Les violences de la journée sainte de l’Achoura ont montré la puissance des foules chiites qui ne craignent pas d’affronter la mort ; dorénavant fêtes et anniversaires peuvent devenir prétextes et supports du soulèvement. La crédibilité du régime s’en trouve gravement affectée.

Malgré ses sursauts afin affermir son autorité, la République Islamique d’Iran semble vivre ses dernières heures selon certains. Il est vrai que le rapport de force au sein de la société Iranienne peut se renverser à tout moment. Les divisions guettent de plus en plus les religieux de Qom (ville sainte) mais aussi les Pasdarans, véritable bras armé du régime.

Une des questions pertinentes qui peut dorénavant se poser est la gestion de l’après : l’après Ahmadinejad, l’après Khameiny.

Une révolution ? Elle est probable, mais pour quel avenir ? Quelles seraient les conséquences géopolitiques régionales ?

La possibilité d’un Proche et Moyen-Orient remodelé

Depuis la révolution islamiste qui a défait le Chah d’Iran en 1979, on peut dire que c’est l’équilibre mondial qui a vacillé. En effet, c’est depuis cette date que des conflits d’un genre nouveau sont apparus.

Le Moyen-Orient, à cette époque, était caractérisé par un Panarabisme : un nationalisme Arabe dont Nasser était l’étendard. Parallèlement, l’Iran faisait contrepoids avec un régime pro-occidental qui servait de fer de lance aux intérêts occidentaux dans la région. La révolution Islamique a inversé cette configuration. L’Iran s’est nettement radicalisé en devenant progressivement et paradoxalement le porte parole d’une cause arabe et Palestinienne instrumentalisées à des fins d’hégémonie régionale.

Malheureusement, la communauté Internationale et notamment le monde occidental, ont favorisé cette ascension et n’ont pris en compte que trop tardivement la menace que représentait un Islamisme d’Etat accompagnée d’une doctrine telle celle du Wilayat-el Faqih.

A contrario, si un tel régime se défaisait, c’est l’échiquier mondial qui serait remanié et le Proche et Moyen-Orient en particulier.

Quels seraient les changements ?

Dans la Péninsule Arabique, les tensions entre les Etats du Golfe et L’Iran sont fortes, notamment depuis la révélation du programme nucléaire Iranien.Les accrochages maritimes, que l’on peut expliquer par des frontières contestées de part et d’autre, sont nombreux.

Cependant, le risque majeur concerne la prolifération nucléaire mais aussi une course aux armements toujours plus vive. Les contrats en armement des Etats du Golfe ont nettement augmenté ces dernières années. Ces mêmes Etats recherchent la protection des grandes puissances comme en atteste l’ouverture de la Base militaire Française à Abu Dabhi en 2009.Les Etats de la péninsule Arabique sont rentrés pour l’heure dans une course au nucléaire civile qui préfigure peut-être un prolongement militaire.Ce contexte de course effrénée à la puissance militaire pourrait donc connaître un ralentissement avec un renversement du régime Iranien.

Si le régime des mollahs tombe, les conséquences d’une telle hypothèse auraient immédiatement des répercussions au Proche-Orient.

Il est évident que le Hezbollah Libanais bénéficie d’un soutien sans failles de la part de la République Islamique et ce depuis sa création (cf. « le Hezbollah au cœur du conflit»).

Les capacités militaires du Hezbollah ont atteint leur puissance actuelle grâce à l’approvisionnement de Téhéran via Damas, notamment depuis la guerre de l’été 2006 contre Israël lui permettant de largement dépasser les capacités militaires qui furent les siennes avant la guerre de 2006. La Résistance serait dotée de missiles pouvant atteindre Jérusalem, frappant ainsi Israël en son cœur et il ne s’agirait plus de quelques tirs de roquettes sur les localités du nord.

Cette situation est inacceptable pour l’Etat hébreu qui ne pourra pas longtemps tolérer une telle menace à ses frontières. Les pronostics vont bon train dans la région. L’engagement de Tsahal est d’autant plus probable qu’il lui faut redorer son blason face à la « défaite du vainqueur » essuyée en 2006 par l’armée israélienne.

De plus, depuis les récentes élections législatives au Liban et la formation du Gouvernement d’union nationale, l’arsenal militaire du Hezbollah à été légalisé et ainsi institutionnalisé tandis que de fait cet arsenal continue de concurrencer l’Etat et les FAL, laissant ainsi perdurer un Etat dans l’Etat.

Toujours dans l’hypothèse d’un renversement du régime des mollahs, il est vraisemblable que le soutien tant financier, militaire qu’idéologique de l’Iran envers le Hezbollah serait réduit voir suspendu.

Le Hezbollah serait conduit à se concentrer sur l’action politique stricto sensu parachevant sa mue politique ce qui entraînerait une nouvelle configuration de la politique libanaise.

Tout le système des alliances régionales serait remis en cause. Le socle idéologique de la «Oumma » et la prise de Jérusalem comme objectif servant de prétexte à un retour des Perses sur les rives de la Méditerranée n’existerait plus. L’alliance de circonstance avec la Syrie serait dépassée. Le régime Alaouite de Bachar Al Assad, naviguant depuis un certain temps entre un simulacre d’ouverture (dans laquelle la France s’est engouffrée) et un renforcement des liens et des accords militaires avec l’Iran, se verrait obligé de renégocier son statut de puissance régionale servant d’arrière base du Hezbollah libanais et du Hamas palestinien. La question du plateau du Golan reviendrait au centre des préoccupations syriennes laissant ainsi un espace possible à des négociations avec Israël sur cette délicate question.

Comment réagirait l’Etat Hébreu face à un tel changement de la donne régionale ?

Ce serait bien la principale menace pour Israël qui disparaîtrait à travers la chute des mollahs. De prime abord, Israël aurait toutes les raisons de se réjouir d’une telle hypothèse. En réalité, cette « évidence » est plus complexe. Israël s’est servi de la menace Iranienne pour repousser les négociations avec l’autorité palestinienne contrecarrant ainsi les plans de l’administration Obama : la question palestinienne apparaissant subsidiaire aux yeux des Israéliens face à la véritable menace que représentent le régime Iranien et son processus nucléaire.

L’Etat d’Israël se retrouverait dans une situation l’obligeant à de véritables négociations. Le veut-il et le peut-il vraiment ? L’actuel Gouvernement Israélien est-il prêt à un retour sur les frontières de 1967 et donc à la décolonisation de la Cisjordanie ? L’Etat hébreu est-il prêt à restituer à la Syrie le plateau du Golan, zone stratégique pour l’approvisionnement en eau ? Toutes ces questions resteront en suspend et émergeront à la faveur du jeu politique Israélien intérieur et de ses coalitions.

L’affaiblissement de l’ennemi extérieur ne serait-il pas la cause d’une turbulence intérieure dangereuse ? (cf. art précédant :« les antagonismes de la société Israélienne »)


La possibilité d’une prise de pouvoir par les Pasdarans

Toutes ces hypothèses s’inscrivent dans une conjoncture de renversement du régime actuel Iranien au profit d’un système démocratique et apaisé, axé sur le développement économique et social intérieur, une refonte des Institutions et une politique régionale moins conflictuelle.

Cependant, l’opposition Iranienne n’a pas de leader, les alternatives existent mais peinent à se faire entendre et semblent trop partisanes. Les Moudjahidin du peuple récemment retirés et contre l’avis Français de la liste européenne des groupes terroristes, bénéficient d’un levier financier important pour imposer leurs vues mais sont encore perçus par les Iraniens comme de véritables collaborateurs du régime Iraquien durant la guerre de 1980-1988. Les monarchistes, emmenés par le Prince Pahlavi, ont-ils de véritables relais en Iran et peuvent-ils rompre avec les images de violences des dernières années Palhavi, sachant que pour la majorité de la jeunesse il représente un passé révolu?

Une des hypothèses les plus probables est une prise du pouvoir des Pasdarans, véritable bras armé du régime actuel.

En effet, cette structure militaire détient actuellement une part importante de la puissance sur laquelle s’appuie le Guide, pourtant simultanément protégé et menacé par cette institution. Depuis le début de l’embargo, les Pasdarans ont amassé un véritable trésor de guerre. Les enjeux politiques et leurs intérêts financiers sont trop importants pour qu’ils n’interviennent pas dans les turbulences à venir. Mais leur politique actuelle se résume à des atermoiements qui trahissent leurs divisons quant à la politique à suivre ; ce qui pourrait compromettre leur prise de pouvoir ?

Toutes ces observations paraissent déboucher sur une conjoncture favorable au changement et pourtant le régime ne semble pas prêt de tomber, comment expliquer ce paradoxe ?

Le régime se resserre, il se contracte et se replie sur lui-même conduisant à une véritable répression tyrannique, l’absence de véritables leaders, malgré Moussavi et Karoubi, ne favorise pas l’opposition.

Néanmoins, les révolutions aboutissent dans une conjoncture souvent paradoxale et il faut se tenir au plus prés des faits à venir car le séisme est là.

L’horizon d’un nouveau régime et d’un nouvel ordre appelle une véritable prospective capable de faire face aux défis à venir, au regard d’un nouvel équilibre régional.

Les Etats arabes seraient les premiers rassurés par la chute du régime actuel qui les relègue au second plan, notamment une Egypte apeurée par les tentations islamistes de sa propre société, favorisées de surcroît par l’instauration du régime des mollahs, une Arabie saoudite rassurée par la possibilité d’asseoir son influence sur le monde Arabo-musulman. Cette vision reflète cependant une certaine naïveté de leur part.

La République islamique d’Iran et l’extension du chiisme sont aussi des prétextes à l’hégémonie Perse sur la région. Un nouveau régime n’effacerait pas ces ambitions de puissance mais redéfinirait peut être ses contours : la poursuite des ambitions nucléaires mais dans le cadre d’une légalité Internationale à même d’apaiser la communauté Internationale, un développement économique et social intérieurs et une politique régionale plus apaisée, posant ainsi le socle d’une véritable puissance régionale.

De Gaulle disait « les régimes nous savons ce que c’est : des choses qui passent. Mais les peuples ne passent pas ». Cette conclusion historique sera plus que jamais prophétique dans le cas de l’Iran.

Par:Jean-Baptiste BEAUCHARD
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Personne à contacter Re: Géopolitique du Proche-Orient

Message par Sphinx Mar 20 Juil - 22:21

Le Hamas face à l’aporie de son action politico-militaire

Le Hamas, depuis la guerre de 2009 contre Israël, connaît des difficultés grandissantes dans la bande de Gaza. Confronté à un embargo sans précédents, son économie est au bord de l’asphyxie. Par ailleurs Paralysé sur le plan politique, sa stratégie d’implantation d’un Islam politique au sein des territoires Palestiniens est à bout de souffle. A l’épreuve de ses propres échecs et contradictions, le Hamas participe largement au délitement de l’autorité palestinienne. Son isolement économique, politique et stratégique le décrédibilisent aux yeux de la population Gazaouite et rend son avenir incertain.

Dès lors, pourquoi le Hamas n’est-il pas parvenu à advenir au rang d’acteur politique à part entière ?

Pour comprendre ce phénomène, il est nécessaire de revenir sur l’émergence progressive et paradoxale du Hamas.

Le Hamas au cœur de « Gaza la Sulfureuse »

Le 31 décembre 1948, David Ben Gourion décide unilatéralement de mettre fin à la guerre d’indépendance contre les Etats Arabes. Il prend cette décision tandis que les dernières forces Arabes sont repliées dans ce qui est devenu la bande de Gaza. Son état-major s’oppose radicalement à son choix d’épargner les dernières troupes Arabes. Alors que la victoire Israélienne était déjà éclatante, le père fondateur de l’Etat d’Israël voulut éviter ainsi d’infliger une cuisante humiliation à ses adversaires, doctrine militaire chère à Carl Schmidt.

Ainsi naquit la bande de Gaza qui devint très vite un îlot Arabe de contestation en territoire occupé. Passées sous annexion Israélienne en 1967, les colonies s’y multiplient pour former le « Kush Kadif », ensemble de 17 colonies.

En 1987, au lendemain du début de la première Intifida, le Hamas est créé par six frères musulmans avec le soutien des Israéliens et notamment d’Ariel Sharon. Le Hamas apparaît alors comme un contre-pouvoir à l’ascension du nationalisme Arabe et notamment de l’OLP. L’aile militaire du Hamas, les brigades Ezzedine al-Qassam, sont créées en 1989. Durant les années 90, le Hamas du Cheik Yassine s’oppose de plus en plus au Fatah de Yasser Arafat. Le groupuscule Islamiste dénonce la corruption et la Gabegie du Fatah laïc. En 2001, le même Ariel Sharon qualifie Gaza de « bâton merdeux » et entreprend unilatéralement un désengagement, ce, non sans heurts avec les colons juifs, désengagement qui s’achèvera en 2005. En 2006, le Hamas remporte les premières élections législatives en raflant 74 sièges sur 132. Un an après, le mouvement Islamiste prend de force le pouvoir dans la bande de Gaza et ce malgré la formation d’un Gouvernement d’union nationale en vertu des accords de La Mecque du 8 Février 2007. Le 27 décembre 2008 commence la guerre de Gaza entre le Hamas et Tsahal.

C’est à travers cette succincte chronologie que l’on constate le basculement d’un mouvement religieux aux revendications sociales en un acteur politique.

L’échec de l’islam politique.

Le mouvement des frères Musulmans, à l’origine de la création du Hamas, est apparu en Egypte dans les années 20 donc bien avant la révolution islamique en Iran. Et pourtant, c’est l’instauration du régime des mollahs qui a bien servi de fer de lance à l’extension d’un Islam politique, notamment en territoires Palestiniens.

Néanmoins, le Hamas incarne une dynamique nationale territorialisée. L’objectif d’un tel mouvement est double : islamiser progressivement la société palestinienne et « libérer » le territoire occupé. En ce sens, le Hamas s’oppose au Djihad Salafiste transfrontaliers et à Al-Qaïda qui méprise le Hamas palestinien.

Certaines comparaisons (relatives) peuvent être faites entre le Hamas palestinien et la Hezbollah Libanais. Si ces deux mouvements ont émergé dans un contexte d’extension de l’Islam politique, c’est bien la situation militaire (occupation) et le chaos économique et social qui ont rendu la situation propice à de telles implantations. En effet, les deux mouvements se sont tout d’abord imposés comme des relais sociaux mais aussi comme des « résistants-terroristes ». En aucun cas il ne s’agissait d’unités politiques en tant que tel.


Le désengagement Israélien unilatéral du sud Liban en 2000 ainsi que le désengagement Israélien tout aussi unilatéral de la bande de Gaza en 2005 ont parachevé cette mutation progressive en un acteur politique correspondant aux catégories Aroniennes constitutives d’une unité politique. Ces désengagements ont crédibilisé politiquement l’articulation «résistance terrorisme ».

Cependant, le Hezbollah Libanais a manœuvré pour affermir son repositionnement politique. Le « parti de dieu » a su s’inscrire sur l’échiquier politique libanais en rentrant dans un processus électoral (non sans blocage institutionnel volontaire).

En effet, depuis la récente défaite du Hezbollah aux élections législatives libanaises de mai 2009, le parti Chiite a reconnu sa défaite et s’est ainsi intégré au jeu politique. Ainsi, on ne parle plus d’ennemis militaires ou idéologiques mais d’adversaires politiques. L’affrontement est réglé sur la scène intérieure, il évolue dans un cadre institué et reconnu par tous. En revanche, le Hamas refuse actuellement de signer la feuille de route Egyptienne parce qu’il ne veut pas aborder les prochaines élections en position de faiblesse. Ainsi, le Hamas, en refusant de s’inscrire dans le jeu politique tant que la conjoncture ne lui est pas favorable, sort du cadre politique et se cantonne à son rôle milicien. Le Hamas ne lâchera pas Gaza.

De plus, c’est bien la « résistance » face à Israël qui crédibilisait le Hamas aux yeux de la population Palestinienne. Or, depuis la guerre de 2008-2009 et la cinglante défaite du Hamas dans la bande de Gaza, le parti islamiste n’a plus les moyens de ses ambitions et entretient une sorte de statut quo et par là même une reconnaissance tacite d’Israël qui le délégitime eut égard à son statut de « résistant-térroriste ».

Selon des récentes sources (Jérusalem Post), Aziz Douik, Président du Conseil Législatif palestinien et leader du Hamas en Cisjordanie, aurait déclaré récemment : « le Hamas a accepté le droit d’Israël à exister et pourrait être prêt à rendre caduque sa charte qui appelle à la destruction d’Israël ». En effet, rédigée en 1988 la charte comprend 36 articles faisant force de loi mais sont tombés en désuétude. Ce serait donc un geste d’une valeur symbolique importante mais aussi et surtout, d’une portée politique considérable. En ce sens, que le Hamas s’alignerait sur la position du Fatah de Mahmoud Abbas et laisserait peut-être augurer un rapprochement possible entre les deux partis. Si cette déclaration se confirmait dans les actes, la stratégie d’isolement de la communauté internationale et d’emprisonnement de la part d’Israël aurait porté ses fruits.

Acculé, face à un chômage endémique de 80%, une économie asphyxiée par un embargo, et mis sous pression par une population en rupture, le Hamas pourrait montrer des signes d’ouverture et accepter la création d’un Etat Palestinien sur les frontières de 1967.

Le Hamas, au regard de son isolement et d’un avenir incertain montre quelques signes d’ouverture et pourrait revoir ses alliances régionales.

Une stratégie d’alliances à redéfinir

A l’épreuve d’un isolement international sans précédent, d’une pression militaire forte mais aussi d’un agacement profond de la population de la bande de Gaza qui vit dans la pénurie permanente, le Hamas n’a pas d’autres choix que de s’ouvrir pour sa propre survie.

Dans la continuité de sa politique étrangère depuis Sadate qui signa les accords de paix avec Israël en 1978, l’Egypte privilégie sa relation avec les Etats-Unis au détriment de la solidarité Arabe en projetant d’édifier un mur sous terrain à sa frontière avec la bande de Gaza. Ce projet ne manquera pas de couper définitivement la bande de Gaza de son dernier point de contact avec le monde extérieur. Hossni Moubarack, apeuré par les tentations islamistes des frères musulmans au sein même de sa société, presse ainsi le Hamas à se rapprocher avec le Fatah, afin de former un gouvernement d’union nationale. Un éventuel gouvernement d’union nationale embarrasserait Israël et les USA qui ne veulent pas voir la formation d’un tel gouvernement conduisant des ministres du Hamas au pouvoir.

Alors que le régime Iranien, principale source financière du Hamas, connaît des turbulences internes, son alliance avec le Hamas n’est plus pérenne et a conduit Khaled Mechaal, chef politique du Hamas, à un voyage le 5 janvier à Ryad pour rencontrer les dirigeants saoudiens et lever des fonds indispensables à la survie du Hamas. L’Arabie saoudite est disposée à une telle aide, mais impose deux conditions : un rapprochement avec le Fatah et la fin de l’alliance avec le régime Iranien, concurrent direct du royaume Wahabite .

Le Hamas, en mal de respectabilité sur la scène régionale et internationale, pourrait être poussé dans les mois à venir à redéfinir sa stratégie et ses alliances régionales.

Cependant, ce probable alignement sur la politique du Fatah (Gouvernement d’union nationale, reconnaissance d’Israël, fin de la charte fondatrice et création d’un Etat Palestinien sur les frontières de 1967) le menace tout autant que son propre isolement. Son statut de « résistant » fondateur de sa légitimité serait remis en cause.

Tout dépendra du rapport de force interne au Hamas, entre les pragmatiques et les radicaux…

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Message par Sphinx Dim 1 Aoû - 21:28

Quelle place pour la Russie au Proche-Orient ?

Happée par le conflit qui fait rage entre son président et son Premier ministre, la Russie est en train de laisser passer une chance historique de se déployer au Proche-Orient. Les élites russes n’ont pas su élaborer de stratégie dans cette région lorsqu’elles en avaient la possibilité et ne sont plus en mesure de la définir aujourd’hui. Pour Thierry Meyssan, Moscou est paralysé : il ne parvient pas à tirer pleinement parti de l’échec du « remodelage » états-unien, ni à répondre aux attentes que Vladimir Poutine a suscitées.

L’échec israélien face à la Résistance libanaise, à l’été 2006, a marqué la fin de l’hégémonie états-unienne au Proche-Orient. En quatre ans, la donne militaire, économique et diplomatique de la région a été entièrement renouvelée. Dans la période actuelle, le triangle Turquie-Syrie-Iran s’affirme comme leader, tandis que la Chine et la Russie étendent leur influence au fur et à mesure du retrait US. Cependant Moscou hésite à saisir toutes les opportunités qui s’offrent à lui d’abord parce que le Proche-Orient n’est pas sa priorité, ensuite parce qu’il n’y a pas de projet consensuel des élites russes pour cette région, et enfin parce que les conflits du Proche-Orient renvoient la Russie à des problèmes internes non résolus. Etat des lieux :

2001-2006 et le mythe du remodelage du « Proche-Orient élargi »

L’administration Bush avait su rassembler autour d’un projet grandiose le lobby pétrolier, le complexe militaro-industriel et le mouvement sioniste : dominer les champs pétroliers de la mer Caspienne à la Corne de l’Afrique en redessinant la carte politique sur la base de petits ethno-Etats. Délimitée non en fonction de sa population mais des richesses de son sous-sol, la zone a d’abord été nommée « Croissant de crise » par l’universitaire Bernard Lewis, puis a été désignée comme « Proche-Orient élargi » (Greater Middle East) par George W. Bush.

Washington n’a pas lésiné sur les moyens pour la « remodeler ». Des sommes gigantesques ont été englouties pour corrompre les élites locales afin qu’elles renoncent à leurs intérêts nationaux au profit d’intérêts personnels dans une économie globalisée. Surtout, une armada titanesque a été transportée en Afghanistan et en Irak pour prendre en tenaille l’Iran, principal acteur de la région à tenir tête à l’Empire. Déjà les projets cartographiés de l’état-major états-unien circulaient. On y voyait tous les Etats de la région, y compris les alliés de Washington, dépecés en multiples émirats, incapables de se défendre. Tandis que la Maison-Blanche imposait à l’Irak vaincu une partition en trois Etats fédérés (un kurde, un sunnite et un chiite).

Alors que rien ne semblait pouvoir arrêter ce processus de domination, le Pentagone confia à Israël le soin de détruire les fronts secondaires avant l’attaque de l’Iran. Il s’agissait d’éradiquer le Hezbollah libanais et de renverser le gouvernement syrien. Las ! Après avoir écrasé un tiers du Liban sous un tapis de bombes sans équivalent depuis la guerre du Vietnam, Israël était contraint de se retirer sans avoir atteint un seul de ses objectifs. Cette défaite a marqué le renversement du rapport de force.

Dans les mois qui suivirent, les généraux états-uniens se révoltèrent contre la Maison-Blanche. Ils ne maitrisaient toujours pas la situation en Irak et anticipaient avec effroi les difficultés d’une guerre contre un Etat bien armé et organisé, l’Iran, sur fond d’embrasement régional. Unis autour de l’amiral William Fallon et du vieux général Brent Scowcroft, ils firent alliance avec des politiciens réalistes qui s’opposaient à ce dangereux sur-déploiement militaire. Tous utilisèrent la Commission Baker-Hamilton pour influencer l’électorat états-unien jusqu’à renverser le secrétaire à la Défense Donald Rumsfeld et à imposer un des leurs pour lui succéder : Robert Gates. Par la suite, les mêmes personnalités hissèrent Barack Obama à la Maison-Blanche, pourvu qu’il conserve Robert Gates au Pentagone.

En réalité, l’état-major US n’a pas de stratégie de rechange après l’échec du « remodelage ». Il se préoccupe exclusivement de stabiliser ses positions. Les GI’s se sont retirés des grandes villes irakiennes et se sont repliés dans leurs bases. Ils ont laissé la gestion du pays aux Israéliens dans la partie kurde, aux Iraniens dans les parties arabes. Le département d’Etat a cessé ses cadeaux somptueux aux dirigeants de la région et semble de plus en plus avare en ces temps de crise économique. Les obligés d’hier se cherchent de nouveaux maîtres qui les nourrissent.

Seul Tel-Aviv pense que le repli états-unien n’est qu’une éclipse, et que le « remodelage » reprendra une fois la crise économique terminée.
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Message par Sphinx Dim 1 Aoû - 21:30

Quelle place pour la Russie au Proche-Orient ?

La formation du triangle Turquie-Syrie-Iran

Washington avait imaginé que le démantèlement de l’Irak serait contagieux. La guerre civile entre chiites et sunnites (la Fitna, selon l’expression arabe) aurait dû projeter l’Iran contre l’Arabie saoudite et diviser tout le monde arabo-musulman. La quasi-indépendance du Kurdistan irakien aurait dû sonner l’heure de la sécession kurde en Turquie, en Syrie et en Iran.

A contrario, la diminution de la pression états-unienne en Irak a scellé l’alliance des frères ennemis turcs, syriens et iraniens. Tous ont réalisé qu’ils devaient s’unir pour survivre et qu’unis, ils pouvaient exercer le leadership régional. En effet, à eux trois, ces Etats couvrent l’essentiel du champ politique régional. La Turquie, héritière de l’Empire ottoman, incarne le sunnisme politique. La Syrie, seul Etat baasiste depuis la destruction de l’Irak, incarne la laïcité. Enfin, l’Iran, depuis la révolution de Khomeini, incarne le chiisme politique.

En quelques mois, Ankara, Damas et Téhéran ont ouvert leurs frontières communes, diminué leurs droits de douane, et jeté les bases d’un marché commun. Cette ouverture a créé un appel d’air et une soudaine croissance économique. Du coup, elle rencontre un vrai soutien populaire, malgré le souvenir des querelles précédentes.

Cependant, chacun de ces Etats a son talon d’Achille par lequel non seulement les Etats-Unis et Israël, mais aussi certains de leurs voisins arabes, espèrent les blesser.

Le programme nucléaire iranien

Depuis plusieurs années, Tel-Aviv et Washington accusent l’Iran de violer ses obligations de signataire du Traité de non-prolifération et de poursuivre un programme nucléaire militaire secret. Du temps du Shah Reza Pahlevi, les mêmes capitales —plus Paris— avaient organisé un vaste programme pour doter l’Iran de la bombe atomique. Personne ne pensait à ce moment-là qu’un Iran nucléaire représenterait une menace stratégique, dans la mesure où ce pays n’a pas eu de comportement expansionniste au cours des derniers siècles. Une campagne de communication, fondée sur des informations volontairement falsifiées, a alors objecté que les actuels dirigeants iraniens seraient des fanatiques qui pourraient utiliser la bombe, s’ils en avaient une, de manière irrationnelle, donc dangereuse pour la paix mondiale.

Pourtant, les dirigeants iraniens affirment s’interdire de fabriquer, de stocker ou d’utiliser la bombe atomique, précisément pour des raisons idéologiques. Et ils sont crédibles sur ce point. Souvenons-nous de la guerre déclarée par l’Irak de Saddam Hussein contre l’Iran de Rouhollah Khomeini. Lorsque Bagdad lança des missiles sur les villes iraniennes, Téhéran lui répondit à l’identique. Les missiles en question étaient des projectiles non guidés, que l’on tirait dans une direction et à une certaine puissance, et qui tombaient à l’aveuglette. L’imam Khomeini intervint alors pour dénoncer l’usage de ces armes par son état-major. Selon lui, de bons musulmans ne pouvaient prendre le risque moral de tuer massivement des civils en ciblant des militaires. Il avait alors prohibé le tir de missiles sur des villes, ce qui déséquilibra les forces en présence, allongea la guerre, et ajouta des souffrances à son peuple. Aujourd’hui son successeur, le Guide suprême de la Révolution, Ali Khanenei, défend la même éthique à propos des armes nucléaires, et l’on ne voit pas très bien quelle faction de l’Etat pourrait passer outre son autorité et fabriquer secrètement une bombe atomique.

En réalité, l’Iran, depuis la fin de la guerre que lui livra l’Irak, a anticipé l’épuisement de ses réserves d’hydrocarbures. Il a voulu se doter d’une industrie nucléaire civile pour assurer son développement sur le long terme, et celui des autres Etats du tiers-monde. Pour ce faire, les Gardiens de la Révolution ont constitué un corps spécial de fonctionnaires dédié à la recherche scientifique et technique, organisé selon le modèle soviétique au sein de villes secrètes. Ces chercheurs travaillent également à d’autres programmes, notamment ceux d’armement conventionnel. L’Iran a ouvert toutes ses installations de production nucléaire aux inspecteurs de l’Agence internationale de l’Energie atomique (AIEA), mais refuse de leur ouvrir les centres de recherche d’armement conventionnel. On se retrouve donc dans une situation déjà vue : les inspecteurs de l’AIEA confirment qu’aucun indice ne permet d’accuser l’Iran, tandis que la CIA et le Mossad affirment sans apporter d’indice que l’Iran cache des activités illicites au sein de son vaste secteur de recherche scientifique. Cela ressemble à s’y méprendre à la campagne d’intoxication de l’administration Bush qui accusait les inspecteurs de l’ONU de ne pas faire correctement leur travail et d’ignorer les programmes d’armes de destruction massive de Saddam Hussein.

Aucun pays au monde n’ayant fait l’objet d’autant d’inspection de l’AIEA, il n’est pas sérieux de continuer à accuser l’Iran, mais cela n’érode pas la mauvaise foi de Washington et de Tel-Aviv. L’invention de cette prétendue menace est indispensable au complexe militaro industriel qui met en œuvre depuis des années le programme israélien de « bouclier anti-missile » avec les fonds des contribuables états-uniens. Sans menace iranienne, plus de budget !

Téhéran a mené deux opérations pour s’extraire du piège qu’on lui a tendu. Il a d’abord organisé une conférence internationale pour un monde dénucléarisé, au cours de laquelle il a —enfin !— expliqué sa position à ses principaux partenaires (17 avril). De plus, il a accepté la médiation du Brésil, dont le président Lula da Silva ambitionne de devenir secrétaire général de l’ONU. M. Lula a demandé à son homologue états-unien quelle mesure serait susceptible de rétablir la confiance. Par écrit, Barack Obama lui a répondu que le compromis conclu en novembre 2009 et jamais ratifié ferait l’affaire. Le président Lula est venu à Moscou s’assurer que son homologue russe était sur la même ligne. Le président Dmitry Medvedev lui a confirmé publiquement que de son point de vue aussi, le compromis de novembre suffirait à résoudre la crise. Le lendemain, 18 mai, M. Lula a signé avec son homologue iranien, Mahmoud Ahmadinejad, un document correspondant en tous points aux exigences états-uniennes et russe. Mais la Maison-Blanche et le Kremlin ont soudain fait volte face et, revenant sur leur position, ont dénoncé des garanties insuffisantes.
Il n’y a pourtant aucune différence significative entre le texte ratifié en mai 2010 et celui négocié en novembre 2009.

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Message par Sphinx Dim 1 Aoû - 21:34

Quelle place pour la Russie au Proche-Orient ?

Le passif de la Turquie

La Turquie a hérité d’un grand nombre de problèmes avec ses minorités et ses voisins qui ont été entretenus par les Etats-Unis pour la maintenir durant des décennies dans une situation de dépendance et de vassalité. Le professeur Ahmet Davutoğlu, théoricien du néo-ottomanisme et nouveau ministre des Affaires étrangères, a élaboré une politique extérieure qui vise d’abord à dégager la Turquie des interminables conflits où elle s’est embourbée, puis à multiplier ses alliances au travers de quantité d’institutions inter-gouvernementales.

Le différent avec la Syrie a été le premier réglé. Damas a cessé de jouer avec les Kurdes et a renoncé à ses prétentions irrédentistes sur la province du Hatay. En échange, Ankara a cédé sur la question du partage des eaux fluviales, l’a aidé à sortir de l’isolement diplomatique et a même organisé des négociations indirectes avec Tel-Aviv qui occupe le Golan syrien. En définitive, le président Bachar el-Assad a été reçu en Turquie (2004) et le président Abdullah Gül en Syrie (2009). Un Conseil de coopération stratégique a été mis en place entre les deux pays.
Concernant l’Irak, Ankara s’est opposé à l’invasion du pays par les Anglo-Saxons (2003). Il a fait interdiction aux Etats-Unis d’utiliser les bases de l’OTAN situées sur son territoire pour attaquer Bagdad, provoquant la colère de Washington et retardant la guerre. Lorsque les Anglo-Saxons passèrent formellement le pouvoir à des autochtones, Ankara favorisa le processus électoral et encouragea la minorité turkmène à y participer. Puis, la Turquie allégea le contrôle à la frontière et facilita le commerce bilatéral. Seule ombre persistante au tableau : si les relations avec le gouvernement national de Bagdad sont excellentes, celles avec le gouvernement régional kurde d’Erbil sont chaotiques. L’armée turque s’est même octroyée le droit de poursuite des séparatistes du PKK en territoire irakien —certes, avec l’aval et sous le contrôle du Pentagone—. Quoi qu’il en soit, un accord a été signé pour garantir l’exportation du pétrole irakien par le port turc de Ceyhan.
Ankara a pris une série d’initiatives pour mettre fin au conflit séculaire avec les Arméniens. Utilisant la « diplomatie du football », il a admis le massacre de 1915 (mais pas sa qualification de « génocide »), est parvenu à établir des relations diplomatiques avec Ierevan, et cherche une solution au conflit du Haut-Karabagh. Cependant, l’Arménie a suspendu la ratification de l’accord bipartite de Zurich.
Le passif est également très lourd avec la Grèce et Chypre. Le partage de la mer Egée n’est toujours pas clair et l’armée turque occupe le Nord de la République de Chypre. Là encore, Ankara a proposé diverses mesures pour rétablir la confiance, notamment la réouverture mutuelle des ports et aéroports. Néanmoins, les relations sont encore loin de la normalisation et, pour le moment, Ankara ne semble pas vouloir lâcher l’auto-proclamée République turque de Chypre du Nord.
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Message par Sphinx Dim 1 Aoû - 21:37

Quelle place pour la Russie au Proche-Orient ?

L’isolement diplomatique de la Syrie

Washington reproche à la Syrie de poursuivre la guerre contre Israël par intermédiaires interposés : les services iraniens, le Hezbollah libanais et le Hamas palestinien. Les Etats-Unis ont donc feint de considérer le président Bachar el-Assad comme commanditaire de l’assassinat de l’ancien Premier ministre libanais, Rafic Hariri, et ont mis en place un Tribunal pénal spécial en vu de le juger.
Avec une habileté surprenante, M. Assad, que l’on présentait comme un « fils-à-papa » incompétent, a su se tirer d’affaire sans rien lâcher, ni tirer un coup de feu. Les témoignages de ses accusateurs se sont dégonflés et Saad Hariri, le fils du défunt, a cessé de réclamer qu’on l’enchaîne pour venir lui rendre d’amicales visites à Damas. Plus personne ne veut financer le Tribunal spécial et il est possible que l’ONU le démantèle avant qu’il ait eu à siéger, à moins qu’il ne soit utilisé pour charger le Hezbollah.
Enfin, à Hillary Clinton qui lui enjoignait de rompre avec l’Iran et le Hezbollah, Bachard el-Assad a répondu en organisant un sommet impromptu avec Mahmoud Ahmadinejad et Hassan Nasrallah.

Et la Russie ?

L’affirmation du triangle Turquie-Syrie-Iran correspond au déclin de la puissance militaire d’Israël et des Etats-Unis. La nature ayant horreur du vide, l’espace vacant s’ouvre à d’autres puissances.

La Chine est devenue le principal partenaire commercial de l’Iran et s’appuie sur l’expertise des Gardiens de la Révolution pour écarter les embuches de la CIA en Afrique. En outre, elle apporte un soutien militaire aussi discret qu’efficace au Hezbollah (auquel elle a probablement livré des missiles sol-mer et des système de guidage résistant aux brouillages) et au Hamas (qui a ouvert une représentation à Pékin). Toutefois, elle se hasarde prudemment et lentement sur la scène proche-orientale et n’entend pas y jouer de rôle décisif.

Toutes les attentes se tournent donc vers Moscou, absent depuis la dislocation de l’Union soviétique. La Russie ambitionne de redevenir une puissance mondiale, mais hésite à s’engager avant d’avoir réglé ses problèmes dans l’ancien espace du Pacte de Varsovie. Surtout, les élites russes n’ont aucune politique à substituer au projet US de « remodelage » et bloquent sur le même problème que les Etats-Unis : le rapport de force régional ayant changé, il n’est plus possible de mener une politique d’équilibre entre Israéliens et arabes. Tout investissement dans la région implique, à plus ou moins long terme, une rupture avec le régime sioniste.

L’horloge moscovite s’est arrêtée en 1991, lors de la conférence de Madrid. Elle n’a pas assimilé que les accords d’Oslo (1993) et de Wadi Araba (1994) ont échoué à mettre en place la « solution à deux Etats ». Celle-ci est désormais irréalisable. La seule option pacifique possible est celle qui a été mise en œuvre en Afrique du Sud : abandon de l’apartheid et reconnaissance de la nationalité unique des juifs et des autochtones, instauration d’une vraie démocratie sur la base « un homme, une voix ». C’est déjà la position officielle de la Syrie et de l’Iran, ce sera à n’en pas douter bientôt celle de la Turquie.

La grande conférence diplomatique sur le Proche-Orient que le Kremlin souhaitait recevoir à Moscou en 2009, annoncée lors du sommet d’Annapolis et confirmée par des résolutions de l’ONU, n’a jamais eu lieu. Dans ce jeu, la Russie a passé son tour.

Les élites russes, qui continuent à jouir d’un grand prestige au Proche-Orient, ne fréquentent plus cette région et la rêvent plus qu’elles ne la comprennent. Dans les années 90, elles s’enthousiasmaient pour les théories romantiques de l’anthropologue Lev Goumilev et se trouvaient en phase avec la Turquie, seule autre nation à la fois européenne et asiatique. Puis, elles succombèrent au charisme du géopoliticien Alexandre Dugin, qui abhorrait le matérialisme occidental, pensait la Turquie contaminée par l’atlantisme, et s’extasiait devant l’ascétisme de la Révolution iranienne.

Cependant ces élans se sont brisés en Tchétchénie avant même de trouver un début de concrétisation. La Russie a affronté brutalement une forme d’extrémisme religieux, soutenue en sous-main par les Etats-Unis et alimenté par les services secrets turcs et saoudiens. Du coup, toute alliance avec un Etat musulman semblait compromise et périlleuse. Et lorsque la paix est revenue à Grozny, la Russie n’a pas su, ou n’a pas voulu, assumer son héritage colonial. Comme l’a analysé Geïdar Dzhemal, le président du Comité islamique de Russie, elle ne pouvait prétendre être une nation eurasiatique en feignant que rien ne se soit passé et en se considérant toujours comme un Etat orthodoxe protégeant de turbulents petits frères musulmans. Elle devait —elle doit toujours— se redéfinir en pensant à égalité orthodoxes et musulmans.

Plutôt que de repousser à demain la solution du problème des minorités, et à après-demain l’engagement au Proche-Orient, la Russie pourrait au contraire s’appuyer sur des partenaires extérieurs musulmans, en qualité de tiers de confiance, pour nouer le dialogue intérieur. Ainsi, la Syrie de Bachar el-Assad présente un modèle d’Etat post-socialiste en voie de démocratisation, qui a su préserver ses institutions laïques et laissé s’épanouir les grandes religions, et les différents courants de ces religions, y compris l’islam wahhabite le plus intransigeant, en préservant la paix sociale.

L’attrait économique

Pour le moment, les élites russes ignorent les mises en garde de leur ancien chef d’état-major, le général Leonid Ivahov, sur la nécessité d’alliances asiatiques et proche-orientales face à l’impérialisme états-unien. Elles préfèrent penser avec le politologue Gleb Pavlovski que les antagonismes géopolitiques se dissoudront dans la globalisation économique. Aussi abordent-elles le Proche-Orient d’abord comme un marché.

Le président Dmitry Medvedev vient d’entreprendre une tournée qui l’a conduit à Damas et à Ankara. Il a levé des obligations de visa, et ouvert le marché commun en constitution (Turquie, Syrie, Iran, + Liban) aux entreprises russes. Il a favorisé la vente d’un impressionnant arsenal aux uns et aux autres. Surtout, il a négocié des chantiers décennaux de construction de centrales électriques nucléaires. Enfin, il a exploité l’évolution stratégique de la Turquie pour qu’elle prenne en considération les besoins russes de transit d’hydrocarbures. Un pipe-line russe terrestre permettra de relier la Mer noire à la Méditerranée. Et Ankara pourrait se laisser tenter par le projet de gazoduc South Stream.

Les limites de l’engagement russe

Hors du champ économique, Moscou peine à s’affirmer. Les bases navales soviétiques en Syrie ont été remises en état et ouvertes à la flotte russe de Méditerranée, qui n’en fait qu’un usage limité, d’autant que la marine en mer Noire va être réduite. Tout se passe comme si Moscou gagnait du temps et repoussait à plus tard le problème israélien.

C’est que toute condamnation du colonialisme juif pourrait raviver des problèmes intérieurs. D’abord parce que d’une manière caricaturale et peu flatteuse, l’apartheid israélien renvoie au traitement des Tchétchènes. Ensuite parce que la Russie agit sous le poids d’un complexe historique, celui de l’antisémitisme. Vladimir Poutine a plusieurs fois tenté de tourner la page avec des gestes symboliques comme la nomination d’un rabbin aux armées, mais la Russie n’est toujours pas à l’aise avec ce sujet.

Pourtant l’attentisme n’est plus de mise : les dès sont déjà jetés. Il faut en tirer les conséquences. Israël a joué un rôle déterminant dans l’armement et la formation des troupes géorgiennes qui ont attaqué et tué des ressortissants russes en Ossétie du Sud. En échange, le ministre géorgien de la Défense Davit Kezerashvili, double national israélo-géorgien, avait loué deux bases militaires aériennes à Tsahal. De la sorte, les bombardiers israéliens se serait approchés de l’Iran et aurait pu le frapper. Moscou a stoïquement encaissé le coup, sans prendre de mesures de rétorsion à l’égard de Tel-Aviv.
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Message par Sphinx Dim 1 Aoû - 21:43

Quelle place pour la Russie au Proche-Orient ?

Géopolitique du Proche-Orient 1-216510

Le président de la Fédération de Russie, Dmitry Medvedev, discute du possible accueil de réfugiés israéliens ex-soviétiques avec le gouverneur de l’oblast autonome juif du Birodijan, Alexander Vinnikov (2 juillet 2010).

Cette absence de réaction étonne au Proche-Orient. Certes, Tel-Aviv dispose de nombreux relais dans les élites russes et n’a pas hésité à s’y créer des réseaux en offrant à des gens influents des facilités matérielles en Israël. Mais Moscou dispose de bien plus de relais en Israël avec un million d’ex-Soviétiques émigrés. Il pourrait mettre en lice une personnalité capable de jouer en Palestine occupée le rôle de Frederik de Klerk en Afrique du Sud : liquider l’apartheid et instaurer la démocratie au sein d’un Etat unique. Dans cette perspective, Dmitry Medevedev anticipe un exode d’Israéliens qui n’accepteraient pas la nouvelle donne. Il a donc bloqué la fusion annoncée du kraï de Khabarovsk et de l’oblast autonome juif du Birobidjan. Le président, issu d’une famille juive convertie à l’orthodoxie, envisage de réactiver cette unité administrative fondée par Staline en 1934 comme alternative à la création de l’Etat d’Israël. Ce qui fut, au sein de l’Union soviétique, une république juive pourrait accueillir des réfugiés. Ils seraient d’autant plus les bienvenus que la démographie russe est en chute libre.

En définitive, ce sont les atermoiements à propos du nucléaire iranien qui surprennent le plus. Il est vrai que les marchands iraniens n’ont cessé de contester les factures de la construction de la centrale de Busher. Il est également vrai que les Persans sont devenus susceptibles à force de subir les ingérences anglo-saxonnes dans leurs vies. Mais le Kremlin n’a cessé de souffler le chaud et le froid. Dmitry Medvedev discute avec les Occidentaux et les assure du soutien russe pour voter des sanctions au Conseil de sécurité. Tandis que Vladimir Poutine assure aux Iraniens que la Russie ne les laissera pas sans défense s’ils jouent le jeu de la transparence. Sur place, les responsables se demandent si les deux dirigeants se sont répartis les rôles selon les interlocuteurs et font ainsi monter les enchères. Ou si la Russie est paralysée par un conflit au sommet. C’est en réalité, semble t-il, ce qui se passe : le tandem Medvedev-Poutine s’est lentement dégradé et la relation entre les deux hommes a tourné brutalement à la guerre fratricide.

La diplomatie russe a laissé entendre aux Etats non alignés qu’une quatrième résolution du Conseil de sécurité condamnant l’Iran serait préférable à des sanctions unilatérales des Etats-Unis et de l’Union européenne. C’est faux : Washington et Bruxelles ne manqueront pas de s’appuyer sur la résolution de l’ONU pour justifier des sanctions unilatérales supplémentaires.

Le président Medvedev a déclaré, lors de sa conférence de presse conjointe avec son homologue brésilien le 14 mai, qu’il avait arrêté une position commune par téléphone avec le président Obama : dans le cas où l’Iran accepterait la proposition qui lui a été faite [en novembre 2009] d’enrichissement de son uranium à l’étranger, il n’y aurait plus de raison d’envisager des sanctions au Conseil de sécurité. Or, lorsque —contre toute attente— l’Iran a signé le Protocole de Téhéran avec le Brésil et la Turquie, Washington a fait volte face et Moscou lui a emboité le pas au mépris de la parole donnée.
Certes le représentant permanent de la Russie au Conseil de sécurité, Vitaly Churkin, a largement vidé de sa substance la résolution 1929 en écartant un embargo énergétique total, mais il l’a votée. A défaut d’être efficace, celle-ci est infamante, à la fois pour l’Iran, le Brésil, la Turquie et pour tous les Etats non-alignés qui soutiennent la démarche de Téhéran. Cette résolution a été d’autant plus mal perçue qu’elle contrevient aux termes du Traité de non-prolifération. Celui-ci garantit à chaque signataire le droit d’enrichir de l’uranium, tandis que la résolution onusienne l’interdit à l’Iran. Jusqu’à présent, la Russie apparaissait comme le gardien du droit international, ce n’est pas ici le cas. A tort ou à raison, les non-alignés en général et l’Iran en particulier ont interprété le vote russe comme la volonté d’une grande puissance d’empêcher les puissances émergentes d’atteindre l’indépendance énergétique nécessaire à leur développement économique. Il sera difficile de faire oublier ce faux pas.

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