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Géopolitique du Moyen-Orient

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Personne à contacter Géopolitique du Moyen-Orient

Message par Sphinx Dim 28 Mar - 22:34

Le grand marchandage régional

►Qui sont les gagnants et les perdants?

►Le sort de la Palestine se joue-t-il en Afghanistan ?




Comme nous l’avons écrit dans la précédente analyse (Analyse 3 (2010)), l’Iran et les Etats-Unis négocient en ce moment même le partage des zones d’influence au Moyen-Orient. Pourquoi ces négociations? Après la conquête militaire, vient l’ère de la «conquête des cœurs et des esprits» selon la terminologie employée par les colonialistes. Depuis la nuit des temps, ils s’emploient à appliquer la méthode bien rodée de «diviser pour mieux régner». Grâce à la complicité de l’Iran, cette méthode à donné des résultats en Irak. Pourquoi pas en Afghanistan où, pour s’armer et financer, les résistants dépendent des voisins, de leur largesse et de leurs voies de communication. Le pouvoir Pakistanais- du moins une partie, le pouvoir pakistanais étant divisé- est en train de combattre les résistants qu’il soutenait auparavant.

En ce qui concerne l’Iran, suite à ses désaccords avec l’Occident, il serait logique qu’il soutienne des fractions de la résistance afghane qu’il pourrait armer, loger, former et même financer. Pourrait-il en être autrement, lorsque des centaines de milliers de militaires ennemis, arrivés des quatre coins du monde, équipés de technologie la plus avancée et armés jusqu’aux dents, encerclent hermétiquement l’Iran?

L’administration Bush, à l’initiative de la conquête de l’Irak et de l’Afghanistan, s’est rendu compte qu’elle ne pouvait pas gérer ses conquêtes à coup de fusil. Selon les chiffres officiels, plus de 4000 militaires américains ont perdu la vie en Irak. Par ailleurs, selon certaine estimation, le coup financier de la guerre a atteint près de 7000 milliards de dollars. Le responsable du désastre irakien fut vite identifié: la politique «unilatéraliste» de Georges Bush. A la surprise générale, la secrétaire américaine à la défense de l’époque, Condoleezza Rice, a annoncé mardi 27 février 2007, la tenue d’une conférence internationale destinée à discuter des moyens de garantir la stabilité politique de l’Irak. L’Iran et la Syrie étaient, en quelque sorte, les vedettes de cette conférence (Communiqué 23 du 4 mars 2007).

Le 27 février 2007 marque le début d’un virage qui a conduit à l’abandon de ladite politique et le début de la politique «multilatéraliste» poursuivie par Barack Obama.


Nous ne sommes pas en mesure de connaître les détails du donnant-donnant entre les Etats-Unis d’une part et l’Iran et la Syrie d’autre part. Toujours est-il que le calme relatif qui règne en Irak ne serait pas possible sans l’aide de l’Iran et de la Syrie.
Le même phénomène se répète actuellement en Afghanistan, où la guerre colonialiste engloutit une somme colossale du budget américain. Par Hamid Karzaï interposé, les Etats-Unis sollicitent l’aide de l’Iran pour affaiblir l’insurrection afghane. Le 10 mars, Ahmadinejad s’est rendu en Afghanistan. Là encore, il est difficile de connaître les détails du donnant- donnant américano-iraniens. Mais, Ahmadinejad a obtenu deux promesses : primo, l’Afghanistan ne sera pas utilisé comme base de lancement d’une agression contre l’Iran et, secundo, en cas de l’arrêt de l’insurrection, l’armée américaine quittera la région.

Douze jours plus tard, le 22 mars 2010, Hamid Karzaï a rencontré «une délégation du Hezb-e-Islam, le second mouvement d’insurgés islamistes après les talibans, dirigé par Gulbuddin Hekmatyar» (Le Monde du 24 mars 2010), soutenu par l’Iran.
Tout porte à croire que l’administration Obama a tourné définitivement la page de la politique «unilatéraliste» de George Bush. En effet, consciente du rôle incontournable du Pakistan en Afghanistan, l’administration Obama commence à choyer les dirigeants pakistanais que l’administration Bush avait délaissés au profit de l’Inde.

Toujours à la date du 22 mars, une délégation de haut niveau, composée du général Kayani, le chef de l’état major de l’armée pakistanaise, et du général Shuja Pasha, chef des services secrets (ISI) «dont les liens historiques avec les talibans afghans sont notoires», s’est rendue à Washington, pour une semaine de «dialogue stratégique» (Le Monde du 25 mars 2010).

L’Inde, la force de frappe de la politique unilatéraliste de Georges Bush en Asie du sud, est l’un des perdants «des grandes manœuvres militaires et diplomatiques autour d’une sortie de crise en Afghanistan».
Après l’Irak, le Liban sud et l’Afghanistan, les pourparlers se concentrent actuellement sur la Palestine. En échange des services rendus en Irak et en Afghanistan, l’Iran et la Syrie ont-ils obtenu des «compensations» en Palestine? La présence d’une délégation de haut rang du Hamas à Téhéran, la détérioration des relations américano-israéliennes et la prise de position récente de la Turquie et les pays arabo-musulmans du Moyen-Orient sur Jérusalem, laisse ouvert la porte ouverte à certaines hypothèses. Il n’est pas faux de dire que le sort de la Palestine se joue en Afghanistan, pièce maitresse de la domination planétaire des États-Unis.

Une chose est sûre : la politique «unilatéraliste» pratiquée encore par Israël n’arrange plus les intérêts des États-Unis. En effet, selon le secrétaire à la défense, Robert Gates, l’absence de progrès dans le processus de paix «sape les intérêts américains en matière de sécurité nationale». (Laurent Zecchini- Le Monde du 27 mars 2010).

Israël sera le deuxième perdant «des grandes manœuvres militaires et diplomatiques autour d’une sortie de crise en Afghanistan». C’est très dur pour les faucons de l’AIPAC et de l’extrême droite israélienne au pouvoir de perdre le statut de «Grande puissance» régionale au Moyen-Orient. Le changement de l’attitude israélienne dépendra de celle de l’AIPAC.

En attendant, les tensions montent d’un cran en Israël et au Moyen-Orient. Israël négociera âprement son alignement sur les positions américaines. Sera-t-il tenté par livrer un baroud d’honneur, en déclenchant une nouvelle guerre au Moyen-Orient?

De leur côté, les Américains continuent d’exercer des pressions sur l’Iran, sans vouloir l’étouffer définitivement. La «sécurité nationale» des Etats-Unis a besoin d’un Iran puissant, en mesure d’agir en Irak, en Afghanistan et au Moyen-Orient, en faveur des intérêts américains. A quand le rétablissement de relations diplomatiques entre l’Iran et les Etats-Unis?

Paix et Justice au Moyen-Orient
STRASBOURG, le 28 mars 2010
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Personne à contacter Re: Géopolitique du Moyen-Orient

Message par Sphinx Mar 30 Mar - 21:58

Iran, numérique et géopolitique

L'Iran va lancer un câble de télécommunications sous-marin dans le Golfe persique, selon Mohammad Baqer Zohourifar, Directeur général des infrastructures de télécommunications iraniennes. Un programme de connexion au réseau mondial de fibres est en cours d'exécution. Le prochain objectif est de connecter l'Iran à la Turquie et à l'Arménie. Les flux numériques deviennent de plus en plus stratégiques. Le passage des câbles devient un enjeu de puissance et de développement, tant le numérique irrigue notre vie. Une géopolitique des flux numériques dans le cyberespace reste sans doute à écrire, notamment dans les régions crisogènes et en développement.

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Personne à contacter Re: Géopolitique du Moyen-Orient

Message par Syfou Ven 14 Mai - 16:12

À quoi joue la Russie au Moyen-Orient?


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Moscou mise sur l'ambiguïté permanente pour faire des affaires et rester une puissance.

«La Russie et les Etats-Unis n'ont jamais été aussi unanimes à l'égard de l'Iran qu'aujourd'hui». Au Moyen-Orient, la guerre froide serait-elle belle et bien finie? A Washington, on se réjouit, en cœur avec le sous-secrétaire d'Etat américain Daniel Russell, de la nouvelle rigueur avec laquelle les Russes abordent la question du nucléaire iranien. Le 27 avril à Oslo, le président Medvedev et le Premier ministre norvégien Jens Stoltenberg, signaient une déclaration commune exhortant l'Iran à d'avantage de «responsabilité» et à plus d'efforts en vue de «rétablir la confiance de la communauté internationale».

Même si en réalité la Russie n'ait jamais véritablement soutenu le programme militaire nucléaire iranien (elle ne s'est jamais opposée franchement aux sanctions de l'ONU, voire, elle les a votées), cette clarté vis-à-vis de l'Iran est nouvelle et survient après plusieurs années de hauts et de bas troublants dans les relations entre les deux pays.

Voilà en fait plusieurs années que la Russie déploie au Moyen-Orient une tactique déroutante. Elle s'engage dans des tractations de missiles et autres armements avec Syriens et Iraniens, tout en acceptant les sanctions du Conseil de sécurité onusien envers ces derniers. Dans le même temps qu'elle développe des industries de haute technologie et des programmes (certes limités) de coopérations militaires avec Israël, elle reçoit une délégation du Hamas dans sa capitale. Tout en nouant des liens nouveaux avec les alliés traditionnels des Etats-Unis, Israël, Turquie ou Arabie Saoudite, elle n'oublie pas de garder un bon contact avec ses anciens amis syriens, irakiens, iraniens. A quoi joue la Russie au Moyen-Orient?

Depuis l'arrivée au pouvoir de Vladimir Poutine, président de la Fédération de Russie de 2000 à 2008, Moscou veut retrouver une place de grande puissance internationale. Pour assouvir son désir, le Kremlin use de plusieurs stratégies. Au Moyen-Orient, zone de lutte d'influences avérée, Moscou a d'abord un pouvoir de nuisance.

Il serait tentant de parler d'une Russie qui ne serait qu'une «puissance de nuisance», ambiance Guerre froide, lorsque l'on entend les discours aux accents anti-occidentaux auxquels se livrent volontiers les leaders du Kremlin. Une Russie autoritaire, qui part en guerre de façon unilatérale contre son voisin géorgien en 2008, qui maltraite chez elle les droits de l'Homme et qui parle gentiment à l'Iran. Il y a pourtant des choses qui ont changé, depuis l'époque soviétique. On ne peut pas limiter la Russie à sa rhétorique anti-Ouest.

Bien sûr, les administrations russes, comme les élites américaines d'ailleurs, ont été éduquées avec un lexique de Guerre froide. Mais trois nouveaux facteurs permettent de comprendre la complexité de la présence russe au Moyen-Orient.

Tout d'abord, la question de l'intégrité territoriale de la Russie d'aujourd'hui. Le prestige de Vladimir Poutine repose d'abord sur la politique (violente à tout le moins) qu'il a menée en Tchétchénie. Sa légitimité vient de ce qu'il semble avoir vaincu les sécessionnistes du Caucase du Nord.

Alors que le PCUS était à peu près sûr de tenir son Empire, la Russie d'aujourd'hui, qui n'en est plus sûre du tout, concentre tout son intérêt sur son voisinage immédiat (l'Ukraine et la Biélorussie, l'Asie Centrale, le Caucase du Sud - Géorgie) et sur ses républiques dissidentes (Tchétchénie), au détriment de la géopolitique plus lointaine, Moyen-Orient compris. Et quand elle s'occupe du monde musulman et du Moyen-Orient en particulier, elle prend en compte les problèmes domestiques qu'elle rencontre avec son propre Islam, l'Islam russe, ou celui de ses voisins.

La tactique de Poutine au Moyen-Orient consiste à faire reculer le soutien moral et matériel que les pays musulmans ont longtemps apporté à la lutte tchétchène. Ce qui est incroyable, c'est qu'il y est à peu près parvenu. Cela par deux moyens : tout d'abord, en caressant les associations musulmanes russes, en les finançant de sorte à les rendre plus loyales et moins accessibles aux arguments et aux propagandes venues des organismes religieux étrangers.

Deuxième moyen: se faire bien voir dans ces pays musulmans qui compatissent avec les Tchétchènes. Plus difficile. Convaincre le monde musulman de l'amitié russe pour l'Islam au point de pouvoir être finalement accepté comme membre de l'Organisation de la Conférence Islamique en 2003 ne fut pas chose aisée. En effet, depuis les attentats du 11 septembre, la Russie avait adopté le discours bushiste selon lequel l'Occident devait se lancer dans une grande guerre anti-terroriste (anti-islamiste), qui passait d'ailleurs par l'écrasement des terroristes tchétchènes. Résultat : les critiques occidentales sur la guerre en Tchétchénie s'étaient largement tues d'une part. Les pays musulmans étaient furieux d'autre part. C'est alors que la solution tombe du ciel, incarnée en la forme de la bérézina américaine en Irak. Les pays musulmans se concentrent alors sur Bagdad, Grozny se marginalise. Surtout, c'est l'occasion pour les Russes d'user d'une rhétorique anti-occidentale (anti-américaine) pour améliorer leurs relations avec le monde musulman. Contre l'hégémonie américaine ! Contre la volonté occidentale d'importer partout et à sa façon sa sacro-sainte démocratie ! Et la Russie de se présenter comme cet Empire eurasiatique fort d'une large population musulmane depuis des siècles, seul capable d'éviter un choc des civilisations en servant de pont entre les valeurs occidentales et orientales.

Deuxième clé de la politique russe au Moyen-Orient : l'économie. L'argent n'est plus tabou, bien au contraire. Les affaires n'avaient pas leur place dans la politique soviétique de grandeur internationale et l'URSS prêtaient à ses alliés des armes à crédit. Les Russes d'aujourd'hui, à l'inverse, et comme le disait le premier ministre Ivanov en 2008, « n'exportent plus d'idéologie ; ils n'exportent que du capital » ! Que les contrats portent sur l'armement, le nucléaire ou l'énergie, ils sont devenus la principale source de tensions entre la Russie et ses partenaires (méfiants mais néanmoins avérés) européens et américains.

En venant au pouvoir, Vladimir Poutine a affirmé que la Russie retrouverait son rang de grande puissance grâce à l'économie. La géo-économie devait en conséquence primer sur la géo-politique. Vus avec ces lunettes, les pays du Moyen-Orient sanctionnés et boycottés par les Occidentaux apparaissent avant tout comme des marchés pour la Russie.

En même temps, pas question de se priver de faire des affaires avec les pays anciennement «ennemis» de l'Union Soviétique. Israël, par exemple. La visite de Poutine à Jerusalem en 2005 fut la première du genre ; elle engagea une période de rapprochement discret mais non moins véritable. De nouveaux liens noués par trois cordes différentes. D'abord, une coopération anti-terroriste, voire des coopérations dans la production d'armes. Deuxième corde : le million de juifs (ou non-juifs) russes qui habitent en Israël - a noter que les troupes de choc russes de Tsahal, envoyées dans les territoires palestiniens, puisent largement dans le réservoir ex-soviétique. Troisièmement, le commerce, notamment dans le domaine de la haute technologie, indispensable à la diversification de l'économie russe, qui se repose largement sur ses lauriers énergétiques.

D'autres coopérations se développent avec de traditionnels alliés des Américains, la Turquie ou encore les pays du Golfe. En 2007, après avoir fustigé violemment l'unilatéralisme américain lors de la Conférence sur la sécurité de Munich, Poutine se rend en Arabie Saoudite et au Qatar. Il discute avec ce dernier d'une éventuelle OPEC du gaz, ce qui n'est guère réaliste, dans la mesure où les contrats gaziers sont de très long terme et rendent difficile la mise au point de stratégies ad hoc. En revanche, cela permet de faire peur à tout le monde, et surtout aux Européens.

Troisième clé à ne pas perdre de vue : la guerre froide est tout de même bien terminée et la Russie n'est plus socialiste. L'idéologie anti-occidentale n'est donc plus l'axe de la politique étrangère russe, ce qui lui permet d'adapter sa stratégie moyen-orientale en fonction des circonstances.

Le durcissement anti-occidental qui teinte les discours russes depuis 2002, 2003, est ainsi largement le fruit du soutien apporté par les Etats-Unis et l'Europe aux rebellions qui ont eu lieu dans le voisinage proche de la Russie. Révolutions colorées en Ukraine et en Géorgie, élargissement de l'OTAN... Le Kremlin se sent isolé et entouré de forces malveillantes (comme au temps de l'Union Soviétique, pour le coup). Dans ce cadre, des réminiscences de l'esprit de la guerre froide se font sentir. Au Moyen-Orient, scène par excellence du fameux jeu à somme nulle (lorsque l'un des deux camps gagne un point, l'autre en perd forcément un), la Russie prend plaisir à faire peur et à montrer son pouvoir de nuisance. Juste après la crise géorgienne à l'été 2008, et alors qu'elle se sent menacée par les réactions occidentales, Moscou reçoit le président syrien Bashar El-Assad et médiatise l'offre que lui fait celui-ci d'accueillir sur son territoire un système de défense anti-missiles russe. Et par ailleurs, le Kremlin distille l'idée qu'il est suffisamment proche de l'Iran pour lui vendre des missiles S-300.

En réalité, cette agitation de grand méchant reste un costume. D'une part parce que la Russie, comme on l'a vu, ne souhaite surtout pas se couper de ses contacts lucratifs avec les pays du Moyen-Orient pro-occidentaux. D'autre part, parce que les relations de la Russie avec les pays « anti-occidentaux » du Moyen-Orient ne sont pas si tendres. Par exemple avec l'Iran. La réalité est que les deux pays se méfient fort l'un de l'autre. Les Russes estiment que l'Iran suit une politique économique opportuniste et que lorsque viendra le jour où il se rapprochera des Etats-Unis, il abandonnera ses contrats russes.

Les Iraniens, eux, comme le souligne notamment l'expert Roland Dannreuther, chef du département de relations internationales de l'université britannique de Westminster, soupçonnent la Russie de profiter perfidement du statu quo qui l'isole pour affaiblir en toute conscience un puissant partenaire énergétique.

Finalement, la Russie au Moyen-Orient tente de maintenir un équilibre entre ses relations avec des pays qui se combattent. Elle est l'amie de tout le monde, l'idéologie n'a plus sa place dans ses options de politique étrangère. Alors que l'administration Bush appelait de ses vœux une grande révolution moyen-orientale, la Russie se délecte d'un statu quo général.

Cela fait d'elle, au fond, un acteur intéressant et complexe pour qui espère une approche multilatérale de la résolution des conflits dans cette région.

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Personne à contacter Re: Géopolitique du Moyen-Orient

Message par Sphinx Dim 16 Mai - 22:54

Basculement stratégique au Proche-Orient

L’échec du remodelage du Grand Moyen-Orient a laissé le champ libre à une nouvelle alliance, celle du triangle Téhéran-Damas-Ankara. La nature ayant horreur du vide, Moscou comble l’espace laissé vacant par Washington. Le vent a tourné et il souffle fort. En quelques mois, c’est tout l’équilibre régional qui a été bouleversé.

Géopolitique du Moyen-Orient 1-173310
La nouvelle donne au Proche-Orient :
le triangle Turquie-Iran-Syrie (de gauche à droite, les
présidents Gül, Ahmadinejad et Assad).


L’équilibre du Proche-Orient a été entièrement modifié au cours des derniers mois. Tout d’abord, les capacités et les positions de plusieurs acteurs ont changé.
Les forces armées israéliennes, qui avaient enchaîné victoire sur victoire durant des décennies, ne sont plus capables de maîtriser le terrain. Au cours de leur offensive contre le Liban (2006), puis contre Gaza (2008), elle ont montré qu’elles ont accru leur puissance de destruction, mais qu’elles ne parviennent plus à atteindre les objectifs qu’elles se fixent, en l’occurrence détruire le Hezbollah et le Hamas.
En outre, leur arsenal, alimenté autant que de besoin par les Etats-Unis, ne garantit plus leur domination. Leurs chars sont devenus vulnérables aux RPG russes, alors qu’ils formaient l’outil central de leur blitzkrieg. Leur marine est menacée par les missiles sol-mer livrés par la Chine au Hezbollah et désormais dotés des système anti-brouillage qui leur manquaient en 2006. Enfin, leur domination aérienne ne résistera pas longtemps à la prolifération des S-300 russes, en cours de livraison dans la région.
La quasi-indépendance du Kurdistan irakien organisée par les Etats-Unis, le développement économique de ce quasi-Etat sous tutelle israélienne, et le soutien trop visible des USA aux séparatistes kurdes du PKK ont contraint les militaires turcs à un revirement complet. L’Alliance atlantique n’apparaît plus comme la garante de l’intégrité territoriale turque et Israël devient un ennemi.
Si Ankara veille à ménager Washington, le ton n’a cessé de monter avec Tel-Aviv depuis l’algarade opposant Recip Erdogan à Shimon Peres lors du Forum de Davos, à l’incident diplomatique relatif à la série télévisée La Vallée des loups.
Le chaos irakien et la création du quasi-Etat du Kurdistan ont contraint les Etats riverains à se concerter pour se protéger de la contamination. D’autant que Washington a tenté de les déstabiliser tous pour les tenir à l’écart du jeu irakien. Ainsi les Etats-Unis et Israël ont soutenu en sous-main les séparatistes kurdes de Turquie (PKK), ceux d’Iran (Pejak) et ceux de Syrie.
Par conséquent, l’axe Iran-Syrie a fait place à un triangle Iran-Syrie-Turquie. Celui-ci dispose d’une légitimité historique sans équivalent.
Depuis la Révolution islamique, l’Iran est le chef de file des chiites. Après la destruction du Baas irakien par Paul Bremmer, la Syrie est devenue le leader incontesté du camp laïque. Enfin, la Turquie, héritière du califat, est le berceau du sunnisme. A eux trois, ces Etats couvrent la presque totalité du champ politique proche-oriental.
Cette alliance clos le chapitre du Divide et Impera (diviser pour régner), que les puissances coloniales avaient su appliquer pour dominer cette très vaste région. Elle met particulièrement un point final à la Fitna, c’est-à-dire à la guerre civile musulmane entre sunnites et chiites. Déjà le roi Abdallah d’Arabie saoudite avait invité le président iranien Ahmadinejad à faire avec lui le pèlerinage à La Mecque, dont il est le gardien. Mais la Turquie est l’héritière des Ottomans, et à ce titre incarne le sunnisme historique.
De plus, pour Ankara, ce nouveau triangle élargit enfin un horizon bouché par les interminables atermoiements de l’Union européenne.
La dé-baasisation de l’Irak, c’est-à-dire la chasse ouverte contre les anciens cadres administratifs du pays, a provoqué un exode massif. En six ans, plus d’un million d’Irakiens ont été accueillis en Syrie. Cette hospitalité arabe inclut l’accès gratuit sans contrepartie aux établissements scolaires et universitaires ainsi qu’à l’ensemble du système de santé. Dans un premier temps, cette ample vague migratoire a provoqué une grave crise économique dans le pays, mais une fois digérée, elle lui apporte des cadres très qualifiés et une nouveau dynamisme.
Les troubles organisés par les Etats-Unis au Yémen ont contraint la famille royale saoudienne à soutenir la politique du roi Abdhallah d’apaisement avec la Syrie et l’Iran. Par voie de conséquence, le clan libano-saoudien Hariri a été prié de se réconcilier avec le président Bachar el-Assad et de reconnaître la légitimité de l’armement de la Résistance libanaise.
Du coup, le résultat ambigüe des élections législatives truquées —gagnées en voix par la coalition conduite par le général Aoun et le Hezbollah, mais gagnées en sièges par la coalition pro-US formée autour du clan Hariri et de l’extrême-droite chrétienne— a changé de signification et ouvert la voie à un gouvernement d’union nationale. Tandis que des chefs de guerre comme le socialiste Walid Jumblatt opéraient un virage à 180° pour s’aligner sur le sens du vent.
Cependant, cette évolution est fragile, Washington ayant peut-être la possibilité de déstabiliser la nouvelle troïka.
Quoi qu’il en soit, plusieurs tentatives de renversement de Bachar el-Assad par des généraux corrompus ont été éventées avant même qu’ils ne puissent passer à l’acte.
Les multiples attentats orchestrés par la CIA dans les provinces non-persanes d’Iran n’ont pas donné le signal de révoltes séparatistes. Tandis que la révolution colorée, organisée par la CIA et le MI6 à l’occasion de l’élection présidentielle, a été noyée par une marée humaine. Aux quelques dizaines de milliers de contestataires des quartiers nord de Téhéran a répondu une manifestation monstre de 5 millions de personnes.
Enfin, Washington semble dans l’incapacité d’user une nouvelle fois du Gladio pour instaurer une dictature militaire en Turquie. D’une part parce que la nouvelle génération de généraux turcs n’est plus arc-boutée au kémalisme et d’autre part parce que le gouvernement démocrate-musulman de l’AKP s’est appliqué à démanteler l’Ergenekon (version actuelle du Gladio turc).
Washington et Tel-Aviv peuvent aussi monter des dossiers mensongers pour justifier d’actions militaires.
Ainsi ont-ils laissé entendre depuis 2007 qu’Israël aurait découvert et bombardé un centre de recherche militaire nucléaire en Syrie et que l’Iran conduirait un vaste programme de même nature. Plus récemment, les mêmes puissances ont accusé la Syrie d’avoir fait entrer des Scud au Liban.
Toutefois ces imputations ne résistent pas plus à l’analyses que celles délivrées par le secrétaire d’Etat Colin Powell au Conseil de sécurité des Nations Unies à propos des prétendues armes de destruction massive irakiennes. Les diverses inspections de l’AIEA n’ont mit en évidence que des activités civiles, et la force de maintien de la paix des nations Unies au Liban a démenti la présence de Scud dans le pays.
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Personne à contacter Re: Géopolitique du Moyen-Orient

Message par Sphinx Dim 16 Mai - 22:58

Le 23 février 2010, Bachar el-Assad répond aux injonctions d’Hillary Clinton

et défie Barack Obama en recevant Hassan Nasrallah et Mahmoud Ahmadinejad.


Géopolitique du Moyen-Orient 1-173210

L’entrée en scène de la Russie

La perte d’influence des Etats-Unis est si palpable que le général David Petraeus, commandant en chef du Central Command a sonné l’alarme à Washington. A ses yeux, le jeu joué par les Israéliens non seulement en Palestine, mais surtout en Irak, a plombé les projets états-uniens dans la région.

Plus encore, l’enlisement des GI’s en Irak et en Afghanistan en fait des otages de la Turquie, de la Syrie et de l’Iran, seuls en mesure d’apaiser les populations révoltées.
Dans une complète inversion des rôles, l’allié stratégique du Pentagone est devenu un boulet, tandis que ses ennemis régionaux sont ses boucliers.
Prenant acte de l’échec du remodelage US du Grand Moyen-Orient, Moscou s’est repositionné sur la scène régionale lors du voyage du président Dmitry Medvedev à Damas et Ankara.
Concernant les conflits avec Israël, la Russie a réaffirmé que le règlement politique devait être fondé sur les résolutions pertinentes de l’ONU (incluant l’inaliénable droit au retour des Palestiniens) et les principes de la conférence de Madrid (restitution des territoires occupés, dont Jérusalem-Est et le Golan syrien, en échange d’un Traité de paix).
En outre, Dmitry Medvedev a confirmé la préférence russe pour la solution à deux Etats. Compte tenu de la présence d’un million d’ex-Soviétiques en Israël, Moscou veut prévenir un exode prévisible en cas de chute du régime sioniste. Dans cette perspective, il a souhaité une réconciliation entre le Fatah et le Hamas, et a rencontré Khaled Mechaal, le leader politique de la Résistance palestinienne, alors même que celui-ci est qualifié de « terroriste » par les Etats-Unis. Il s’agit bien d’un pas décisif de la Russie : le président Medevedev avait refusé par trois fois de recevoir M. Mechaal de passage à Moscou, il a cette fois eu une entrevue avec lui, et qui plus est à Damas. A cette occasion, le président russe a souligné l’urgence croissante de la situation humanitaire à Gaza et déploré le désintérêt de Washington à résoudre ce drame.
Enfin, faisant allusion aux menaces israéliennes de bombarder les convois d’armes passant de Syrie au Liban, il a mis en garde Tel-Aviv contre une escalade de la tension.
La Russie soutient le rapprochement politique et économique en cours entre l’Iran, la Syrie et la Turquie. Les trois Etats leaders au Proche-Orient sont entrés dans une phase d’intense coopération. En quelques mois, ils ont ouvert leurs frontières et libéralisé leurs échanges à marche forcée. Leurs économies bloquées par les années de guerre ont été soudainement ventilées. La Russie entend ne pas rester à l’écart de cette nouvelle zone de prospérité. Immédiatement, Ankara et Moscou ont abrogé la nécessité de visas pour leurs ressortissants. Ainsi un Turc peut entrer sans formalité en Russie alors qu’il n’y est toujours pas autorisé ni aux USA, ni dans l’Union européenne, bien que la Turquie soit membre de l’OTAN et candidate à l’UE.
Moscou a créé des instances permanentes de concertation à haut niveau, aux plans diplomatique et économique, avec Damas et avec Ankara, qui contrastent avec la politique des Etats-Unis.
En début d’année, la secrétaire d’Etat US, Hillary Clinton, avait sommé la Syrie de prendre ses distances avec la Résistance. Pour toute réponse le président Bashar el-Assad s’était immédiatement affiché aux côtés de son homologue iranien Mahmoud Ahmadinejad et du secrétaire général du Hezbollah Hassan Nasrallah et avait signé un document ironiquement qualifé de « Traité de distance réduite ». La rencontre avait été improvisée de sorte que Khaled Mechaal n’avait pas eu le temps de s’y rendre, mais le Hamas était associé à la démarche.
Mettant ses menaces à exécution, le président Barack Obama a répliqué en reconduisant pour deux ans des sanctions économiques contre la Syrie.
Rosatom et Atomstroyexport, qui terminent la construction d’une centrale nucléaire civile en Iran (Bushehr) et sont en discussion pour de nouvelles, en construiront une autre en Turquie pour 20 milliards de dollars. Elle devrait être inaugurée dans sept ans. Un projet similaire est à l’étude en Syrie. Le manque d’électricité, dans une région qui a souffert des bombardements israéliens, est le principal handicap au développement économique. Du point de vue proche-oriental l’empressement russe à construire ces centrales n’est pas tant imputable à un appétit commercial qu’à une volonté de donner aux peuples concernés le moyen d’accélérer le développement économique que les Occidentaux leur ont si longtemps interdit.
En outre Stroitransgaz et Gazprom vont assurer le transit du gaz syrien vers le Liban, Beyrouth étant empêché par son voisin israélien d’exploiter ses importantes réserves off shore.
Au plan militaire, la Russie a pris livraison de sa nouvelle base navale en Syrie. Celle-ci lui permettra de rétablir l’équilibre en Méditerranée dont elle est plus ou moins absent depuis la dissolution de l’URSS. Elle a également confirmé la prochaine livraison de missiles S-300 à Téhéran afin de protéger l’Iran des menaces de bombardement états-uniennes et israéliennes.
Tout en stigmatisant les provocations iraniennes, les diplomates russes ont répété qu’ils ne croient pas aux accusations occidentales à propos de prétendus programmes nucléaires militaires iranien ou syrien. Alors que le protocole des Etats riverains de la Caspienne ne prévoit qu’une fourniture d’armes à l’Iran si celui-ci était attaqué, le président Medvedev a évoqué une possible intervention directe de la Russie et mis en garde les Etats-Unis contre une guerre en Iran qui dégénérerait en Troisième Guerre mondiale. Sur ce fondement, il a apporté son soutient au projet de dénucléarisation de la région, c’est-à-dire de démantèlement de l’arsenal nucléaire israélien. L’affaire vient d’être portée devant l’AIEA.
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Message par Sphinx Dim 16 Mai - 23:06

Géopolitique du Moyen-Orient 1-173410
En octobre 2009, la Turquie et l’Arménie établissent —enfin— des relations diplomatiques. L’espace caucasien s’ouvre pour Ankara (de gauche à droite les présidents turc et arménien, Gül et Sargsyan).

Moscou attache une importance particulière à aider la Turquie à régler ses contentieux séculaires avec la Grèce et l’Arménie, incluant les conflits de Chypre et du Haut-Karabagh. De la sorte, Ankara pourrait s’éloigner définitivement de Tel-Aviv et de Washington et reprendre sa complète indépendance. Des pas importants, mais insuffisants, ont été accomplis par le président Abdullah Gül vis-à-vis d’Erevan. Passant outre 95 ans de haine, la Turquie et l’Arménie ont établi des relations diplomatiques. D’autres avancées devraient suivre vis-à-vis d’Athènes avec la bénédiction du patriarche orthodoxe Cyril Ier de Moscou. De ce point de vue, la visite de Recip Erdogan en Grèce est un événement historique qui relance le processus de réconciliation en Mer Egée, amorcé dans les années 30 et interrompu par la Seconde Guerre mondiale.

Géopolitique du Moyen-Orient 1-173510
Les présidents russe et turc, Dmitry Medvedev et Abdullah Gul. Les ennemis de la Guerre froide deviennent partenaires pour stabiliser « le Proche-Orient et le Caucase ».

Bouleversant la stratégie US en Mer Noire et dans la Caspienne, Ankara a accepté un gigantesque investissement russe pour la construction d’un pipe-line reliant Samsun à Ceyhan. Il devrait permettre d’acheminer le pétrole russe de la Mer Noire vers la Méditerranée sans avoir à emprunter les détroits, impropres au transit de matières polluantes. Identiquement, Ankara étudie sa possible participation au projet de gazoduc russe South Stream. Si celle-ci devait être confirmée, elle rendrait inutile le projet concurrent des Etats-Unis et de l’Union européenne, Nabucco.
En définitive, le soutien russe garantit la pérennité du triangle Téhéran-Damas-Ankara face à l’hostilité des Etats-Unis et de l’Union européenne. L’équilibre stratégique du Proche-Orient vient de basculer. L’onde de choc pourrait se propager au Caucase.

Par:Thierry Meyssan
Analyste politique français, président-fondateur du Réseau Voltaire et de la conférence Axis for Peace. Il publie chaque semaine des chroniques de politique étrangère dans la presse arabe et russe.
Dernier ouvrage publié : L’Effroyable imposture 2, éd. JP Bertand (2007) http://www.voltairenet.org/article165394.html
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Message par Sphinx Ven 9 Juil - 22:39

Pourquoi Tel-Aviv a besoin de Damas

Face à une nouvelle donne géostratégique défavorable, de hauts responsables de l’appareil sécuritaire israélien réclament la reprise des pourparlers avec la Syrie.

Certaines personnalités israéliennes influentes commencent à presser le gouvernement de Benyamin Netanyahou de faire la paix avec la Syrie, quitte à en payer le prix : la restitution du Golan à Damas. Dernier épisode en date de cette campagne, l’interview donnée par le général de réserve Uri Saguy, 66 ans, au quotidien Yediot Aharonot, le 11 juin. « Je crois qu’un accord politique avec la Syrie est un impératif national et militaire de la plus haute importance », a-t-il notamment déclaré.

De tous les hauts responsables civils et militaires, Saguy est celui qui connaît le mieux le dossier syrien. Il s’est battu sur le plateau du Golan en 1967 et en 1973, et fut blessé à deux reprises. Il dirigea successivement l’unité d’élite Golani, le département des opérations de l’état-major pendant la guerre du Liban en 1982, le commandement Sud et, entre 1991 et 1995, les services de renseignements militaires. Il a conseillé plusieurs Premiers ministres sur le dossier syrien et conduit les négociations directes avec Damas il y a dix ans. Il appelle aujourd’hui à la reprise de ces discussions. Et reproche à Ehoud Barak de n’avoir pas fait la paix avec la Syrie quand il en a eu l’occasion, en 2000, alors qu’il était Premier ministre – il avait alors fait machine arrière, « manquant une occasion historique ».

Pour Saguy, Israël doit au préalable clamer haut et fort sa volonté de revenir aux frontières du 4 juin 1967, conformément à la promesse orale faite en 1994 par Itzhak Rabin aux États-Unis, avant d’être assassiné par un extrémiste juif en novembre 1995. Il avait bien sûr conditionné le retrait complet du Golan à la satisfaction des demandes israéliennes en matière de sécurité, de frontières, d’exploitation des ressources en eau et de normalisation des relations entre les deux pays. Mais Rabin a délibérément tardé à honorer sa promesse jusqu’à ce qu’il soit trop tard, tandis qu’Ehoud Barak a manqué de courage quand il a été confronté à cette décision cruciale. À la question de savoir si Netanyahou peut faire la paix avec la Syrie, Saguy répond qu’il ignore ses intentions, mais qu’« il en a la capacité, personnellement et politiquement. À lui de décider que c’est son objectif. La situation politique est on ne peut plus propice. Le ministre de la Défense [Ehoud Barak] est derrière lui et l’opposition soutiendra un accord s’il est raisonnable. »

Les dirigeants israéliens, estime Saguy, doivent comprendre qu’un accord avec la Syrie est vital pour le pays. Israël ne peut pas se reposer uniquement sur sa force militaire. Si une autre guerre éclatait, il est probable qu’Israël la remporterait, mais, ensuite, on « reprendrait les discussions au même point ». « Ne pas se résoudre à négocier est en soi une décision, analyse-t-il. Et cela accroît naturellement les risques d’une confrontation militaire. » Le message de Saguy est clair : « Nous devons avoir des entretiens secrets avec la Syrie afin de nous assurer qu’il est possible de relancer les négociations. »

Le rival iranien

Pourquoi un militaire israélien aussi expérimenté que Saguy réclame-t-il la paix avec la Syrie ? D’autres membres haut placés de l’appareil sécuritaire partageraient ses positions, comme le chef d’état-major, Gabi Ashkenazi, le patron du Shin Bet, Yuval Diskin, ou encore le chef du Mossad, Meir Dagan. Tous sont préoccupés par la dégradation de l’image d’Israël dans le monde, y compris aux États-Unis. Dagan aurait même déclaré lors d’un Conseil des ministres que l’État hébreu ne représentait plus un atout pour l’Amérique, mais un fardeau.

L’objectif stratégique immédiat de Tel-Aviv est d’amener la Syrie à prendre ses distances avec l’Iran, que nombre d’Israéliens considèrent comme un rival régional et une menace majeure pour leur sécurité. Or si la Syrie est neutralisée par un traité de paix, alors l’axe Téhéran-Damas-Hezbollah s’effondrerait et l’hégémonie régionale israélienne serait rétablie. Car le fait que la Turquie ait rejoint l’Iran et la Syrie dans un partenariat de facto inquiète au plus haut point l’État hébreu.

L’autre grand objectif d’Israël est de contrecarrer les ambitions et l’activisme des Palestiniens. Si Damas signait une paix séparée avec Tel-Aviv, les Palestiniens en seraient grandement affaiblis. Et devraient accepter les miettes – des petits bantoustans en Cisjordanie – qu’Israël daignerait leur laisser. Enfin, privé du soutien syrien, le Hamas, à Gaza, pourrait être affaibli par la poursuite du blocus. Tels semblent être les calculs d’Israël.

Rabin l’avait promis

L’ancien président syrien Hafez al-Assad était prêt à faire la paix – avec Rabin au milieu des années 1990, avec Barak en 2000 –, car Yasser Arafat, le leader palestinien, avait lui-même signé un accord séparé avec Israël en 1993, à Oslo. Mais les accords d’Oslo sont morts. Les efforts des États-Unis pour trouver un règlement au conflit israélo-palestinien n’ont à ce jour pas abouti. Et rien ne semble pouvoir tempérer l’appétit d’Israël pour Jérusalem-Est et les territoires de Cisjordanie. Pendant ce temps, les Palestiniens réclament leurs droits avec de plus en plus d’insistance, avec le soutien croissant de la communauté internationale.

Dans ces conditions, le président Bachar al-Assad sera-t-il disposé à conclure une paix séparée si Israël accepte de se retirer du Golan ? Il a répondu très clairement à cette question dans un entretien accordé le 25 mai au journal italien La Repubblica  : « Si Israël restitue le Golan, nous ne pourrons pas dire non. Mais seul un accord global incluant les Palestiniens garantira une paix réelle… Un accord limité à la Syrie et à Israël ne résoudra pas la question palestinienne. Ce ne serait alors pas la paix mais la trêve. » À l’évidence, le président syrien n’est pas très optimiste quant aux chances de paix : « Cela n’arrivera pas dans un futur proche. Pour le moment, Israël n’est pas prêt pour un accord. […] La société israélienne penche beaucoup trop à droite. […] Tout le monde sait que ces pourparlers [menés par George Mitchell, l’envoyé spécial des États-Unis] ne mèneront nulle part. Les Arabes le savent, les Palestiniens aussi et même les Américains. »

En attendant, le président Bachar se console avec ce qu’il appelle « un accord entre les puissances du Moyen-Orient pour remodeler l’ordre régional ». C’est « une toute nouvelle donne géostratégique qui rassemble la Syrie, la Turquie, l’Iran et la Russie, réunis par des politiques, des infrastructures et des intérêts communs ». Et c’est précisément cette nouvelle donne géostratégique, défavorable à l’État hébreu, qui pousse vraisemblablement Uri Saguy et d’autres personnalités israéliennes à plaider pour un accord de paix avec la Syrie, même au prix d’un retrait du Golan.

Par Patrick Seale

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Message par Rémi Mar 20 Juil - 2:22

Très instructives ces analyses sur le rapprochement entre syriens, turcs, et iraniens ; la diplomatie russe, la marginalisation de l'allié israelien, et la nouvelle stratégie partenariale des Usa.

Les israeliens, par la nature de leur régime politique qui favorise les formations minoritaires, par la sociologie issue de l'immigration, et l'évolution de la société deviennent plus religieux, donc intransigeants, que laics et pragmatiques. Soutenu par leur principal lobby, l' AIPAC, aux USA, ils ne semblent pas concevoir qu'ils doivent faire des concessions pour rester un partenaire interessant pour leur principal allié.

Il est donc logique face au coût de leur effort de guerre, que les USA se tournent vers des relais mieux situés géographiquement, et plus conséquents en termes de superficie et de population pour résorber les difficultés et surtout ne mettent pas tous leurs attentes sur ce petit pays surarmé mais isolé sur la scène moyen orientale.

Ceci est de la Realpolitik, les israeliens doivent être assez réalistes pour considerer que la population etatsunienne évolue vers une marginalisation des WASP et que ce qui est réel deviendra dans dix ou vingt ans une évidence pour la majorité et ses dirigeants : les USA NE DOIVENT RIEN A ISRAEL. Il leur faudra composer avec "l'ennemi palestinien" a moins de s'acculer vers la guerre préventive ou défensive dans 10 ou 15 ans avec de bien moindres chances qu'en 1967 ou 1973

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Message par Syfou Jeu 29 Juil - 21:59

Sommet sur le Liban entre l’Arabie Saoudite et la Syrie

Géopolitique du Moyen-Orient Assad_10

Le roi saoudien Abdallah et le président syrien Bachar El-Assad se rencontrent ce jeudi à Damas pour discuter d’un certain nombre de sujets. Celui qui retient le plus l’attention est certainement le cas libanais. Cinq ans après l’assassinat du premier ministre pro-occidental Rafic Hariri, une enquête internationale est toujours en cours pour traduire en justice les coupables. Or, très certainement, des membres du parti Hezbollah, à l’époque soutenu par le régime syrien et considéré par les occidentaux comme un « Hamas bis », ont coopéré et agi pour perpétrer cet assassinat. Ainsi, la Syrie craint véritablement d’en être également accusée, de facto.

Mais que cette rencontre peut apparaitre paradoxale, tant les politiques internationales de deux pays ont pu être contradictoires (et le sont encore aujourd’hui sur certains sujets) ! Alors que l’Arabie Saoudite est l’un des plus fidèles alliés des Etats-Unis, le régime d’El-Assad a fait un temps partie de « l’axe du mal » bushien, notamment après avoir été accusée du meurtre d’Hariri, sunnite, très proche des intérêts saoudiens. D’ailleurs, peu après cet assassinant, la « Révolution des cèdres » éclata, fondée sur une coalition pro américaine et saoudienne, entrainant le retrait des troupes syriennes du pays (une première depuis 27 ans). Autant dire qu’une telle rencontre aurait difficilement pu être possible cinq ans auparavant.

Cette enquête internationale pourrait donc bien rendre le Hezbollah entièrement responsable de cette attaque. Néanmoins, comme le Hamas en Palestine, il possède un grand rôle dans la vie politique libanaise, participant au gouvernement d’unité nationale et étant surtout le principal parti d’opposition. Pas facile donc de mettre en prison ses responsables, notamment Hassan Nasrallah, qui a d’ores et déjà considéré le tribunal international chargé du cas Hariri de « complot israélien ». Une accusation de ce parti chiite pourrait relancer la lutte fratricide entre plusieurs communautés libanaises, notamment avec les sunnites, comme en 2008, quand Beyrouth avait été à feu et à sang.

La Syrie est donc au cœur de toutes les préoccupations. A-t-elle vraiment vendu des missiles Scud au Hezbollah ? Jusqu’à quel point soutient-elle vraiment l’Iran ? Elle pourrait se racheter une conduite si elle encourage les Palestiniens à reprendre des discussions de paix directes avec Israël, comme le souhaitent les Etats-Unis. Reste que son statut dans la région reste trouble : antisémite, pro-iranien ?

Source:
Par Alexandre LIEBERMANN
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Message par Rémi Ven 30 Juil - 0:47

Je trouve assez artificiel le rapprochement entre la Syrie et l'Arabie Saoudite, certainement un effort de cette dernière de dissocier la Syrie de l'Iran, et une tentative de la Syrie d'élargir sa reconnaissance internationale.

Par leur situation géographique, leurs ressources et leur démographie, ces deux états n'ont pas les mêmes interêts; plutôt enclavée, la Syrie existe en démontrant son pôuvoir de nuisance, alors que le travail de stabilisation caractérise plutôt la diplomatie saoudienne.

Peut être est-ce un manque de moyens, mais je ne comprends pas pourquoi l'Egypte est si peu audible !

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Message par Syfou Jeu 2 Sep - 3:20

Les vents de la guerre au Levant et au Moyen-Orient (1/3)

Les cas Hariri et AMIA

Par Horacio Calderon
Adapté par Gilles


(Horacio CALDERON est un expert du Moyen Orient et un spécialiste de la lutte anti-terroriste. Il consacre actuellement ses efforts à l’étude, le suivi et la dénonciation du terrorisme mondial et régional, du trafic de drogue et de la criminalité transnationale organisée.)

Introduction

Ce document est principalement axé sur trois casus belli qui pourraient contribuer à ouvrir une nouvelle stratégie dans la lutte contre l’intégrisme sectaire libanais ou encore pour une vaste guerre sur plusieurs fronts simultanés au Levant et au Moyen-Orient.

D’abord et surtout – en raison de la fragilité du centre de gravité dans une région volcanique comme le Levant - , un acte d’accusation qui doit concerner l’assassinat du politicien et ancien premier ministre Rafiq Hariri.

Ensuite, les attentats contre l’ambassade d’Israël et de Centre Juif AMIA de Buenos Aires effectués respectivement en 1992 et 1994.

Enfin, la condamnation de plusieurs membres d’une cellule terroriste qui se préparaient à lancer une attaque contre l’aéroport John Fitzgerald Kennedy (JFK), situé dans le Queens, à New York.

Ce document comprend également une analyse approfondie sur les manœuvres géopolitiques extrêmement complexes et fascinantes dirigées par l’Arabie Saoudite dont l’objectif est de rompre l’alliance stratégique existant entre l’Iran, le Hezbollah et la Syrie.

Le Levant et le Moyen Orient sont interconnectés par des conflits très sensibles qui en créant une situation évolutive, changeante et critique font que la tension monte et que les vents de la guerre commencent à souffler.

Les derniers évènements régionaux qui se sont concentrés sur les programmes iraniens de missiles nucléaires et balistiques ont retardés ce communiqué qui sera périodiquement mis à jour.

Tenue de rencontres inhabituelles à Damas et à Beyrouth

Le roi saoudien Abdallah ben Abdul Aziz Al-Saud a effectué une seconde visite exceptionnelle en Syrie depuis qu’il a été couronné en 2005 à la mort de son demi-frère Fahd. C’était un geste royal très inhabituel à cause des rivalités de longue date entre l’Arabie Saoudite et le Syrie, pas uniquement dues à cause des affaires libanaises mais aussi à cause des autres principaux enjeux régionaux géopolitiques.

Le roi Abdallah et le président syrien Bashar Al-Assad se sont envolés ensemble pour Beyrouth le 30 juillet, ce après avoir tenu plusieurs réunions à Damas principalement axées sur le nouveau potentiel de lutte inter-confessionnelles libanaises entre les principaux alliés sunnites et chiites.

Le président syrien a effectué sa première visite au Liban depuis que son gouvernement a été accusé d’être derrière l’assassinat de l’ancien Premier Ministre libanais Rafiq Hariri qui a été tué par l’explosion d’une bombe massive le 14 février 2005.

La Syrie – un pays gouverné depuis des décennies par le clan Assad qui appartient à la secte de la minorité alaouite – est l’un des acteurs étatiques les plus importants de la crise actuelle. Tout retournement géopolitique syrien contre l’Iran et/ou le Hezbollah pourrait aider à remodeler la carte de l’arène du Moyen Orient pour les décennies à venir.

Les réunions mentionnées ci-dessus se sont tenues à Beyrouth en présence de plusieurs chefs d’Etat et dirigées par le roi saoudien et le président syrien. En outre, étaient présents le président libanais chrétien maronite Michel Slimane et le premier ministre sunnite Saad Al-Hariri, parmi d’autres très importantes personnalités politiques.

Les sommets à Damas et à Beyrouth visaient apparemment à apaiser les tensions et à bloquer tout élément déclencheur d’une nouvelle guerre au Levant. Nonobstant, il y a plusieurs questions qui pourraient rester hors de contrôle de l’ensemble des parties concernées. La principale porte sur le verdict sur l’assassinat de l’ancien premier ministre libanais Rafiq Hariri, qui pourrait être prochainement publié par le Tribunal spécial pour le Liban (TSL). Selon des fuites d’informations, tous les éléments de preuves recueillis pointent le Hezbollah comme responsable de ce tragique attentat à la bombe.

L’assassinat de M. Hariri et le Tribunal Spécial pour le Liban (TSL)

Le 13 décembre 2005, le gouvernement du Liban a demandé à l’Organisation des Nations Unies de créer un tribunal pour juger tous les responsables présumés de l’attentat qui a tué Rafiq Hariri et 22 autres personnes.

Conformément à la résolution 1664 du Conseil (2006), l’Organisation des Nations Unies et la République libanaise ont négocié un accord portant sur la création du Tribunal spécial pour le Liban (TSL).

Enfin, le Tribunal spécial pour le Liban (TSL) a été créé le 10 juin 2007 par la résolution 1757 du Conseil de Sécurité des Nations Unies (CSNU).

La mission du TSL est très spécifique et ses objectifs ont été officiellement déclarés comme suit :

« Le mandat du Tribunal spécial pour le Liban est de poursuivre les personnes responsables de l’attentats du 14 février 2005 qui a entraîné la mort de l’ancien Premier Ministre Rafiq Hariri et tué blessé d’autres personnes. La compétence du Tribunal pourra être prolongée au-delà de l’attentat du 14 février 2005 si le tribunal conclut que les autres attentats terroristes survenus au Liban entre le 1er octobre 2004 et le 14 février 2005 sont connectés, en conformité avec les principes de la justice pénale et sont de nature et de gravité similaires à l’attentat du 14 février 2005. Cette connexion comprend, mais n’est pas limité à une seule combinaison, les éléments suivants : l’intention criminelle (le mobile), le but derrière les attentats, la nature des victimes ciblées, le modèle des attentats (modus operandi) et les auteurs. Les crimes qui ont eu lieu après le 12 décembre 2005 peuvent être admissibles à être inclus dans la compétence du Tribunal en vertu des mêmes critères s’il en est décidé ainsi par le gouvernement de la République libanaise et l’Organisation des Nations Unies et avec le consentement du Conseil de sécurité. »

Par un mandat officiel de la juridiction des Etats du 13 décembre 2005, le gouvernement libanais a demandé à l’organisation des Nations unies de créer un tribunal à caractère international pour juger tous ceux qui sont présumés responsables de l’attentat de Beyrouth du 24 février qui a tué l’ancien Premier ministre libanais Rafiq Hariri et 22 autres personnes. Aussi les Nations Unies et la République libanaise, conformément à la résolution 1664/2006 ont négocié un accord sur la création du Tribunal spécial pour la Liban. D’ailleurs, à la suite de la résolution 1757/2007 du 30 mai 2007, il prend effet le 10 juin 2007.

Le complot contre Rafiq Hariri

Il existe quelques risques en ce qui concerne le volcan qui pourrait éclater au Liban quand le TSL accusera finalement des membres de haut-rang du Hezbollah dans le cadre de l’assassinat de Rafiq Hariri. L’acte d’accusation pourrait inclure les noms de Moughniyed , de son lieutenant Mustafa Badr Al-Din, ainsi que de Abd Al Majd Ghamlush et Hadj Salim, parmi d’autres suspects.

Selon des sources en provenance du Liban et de la Syrie, ni Badr Al-Din, ni les autres personnes mentionnées ne sont dans ces pays en ce moment. Comme cela s’est produit dans le cas de l’AMIA, il est très probable que les personnes soupçonnées soient bien vivantes, mais très loin du Liban et probablement cachées en Iran.

Il est très important de tenir compte du fait que le leader politique tué était conscient de la menace qui pesait contre sa vie. D’ailleurs, il était bien protégé par des gardes du corps hautement qualifiés et plusieurs mesures de sécurité sophistiquées.

La plupart des détails horribles qui ont émergés au cours des dernières années en ce qui concerne l’assassinat d’Hariri pourraient rivaliser avec les thrillers populaires hollywoodiens portant sur la corruption, le pouvoir et criminalité au Levant tels Syriana, Body of Lies, etc. Comme il est apparu à première vue, durant les premiers stades de l’enquête pénale et, selon de nombreux experts, le fonctionnement criminel très complexe qui a tué Rafiq Hariri n’aurait pas pu se développer sans une étroite collaboration entre les services de renseignement syrien (Mukhabarat) et libanais qui étaient très liés à cette époque.

Nonobstant, il est fort probable que le Tribunal accusera les principaux membres du Hezbollah pour l’assassinat de Rafiq Hariri, la Syrie se déchargeant de toutes les accusations en laissant l’organisation terroriste libanaise dans une situation très difficile.

La Syrie a été accusée et expulsée du Liban en raison de son haut profil de connexion avec le crime politique mentionné. Quelques mois après l’assassinat de Rafiq Hariri, la Syrie a notifié à l’Organisation des Nations Unies qu’elle avait retiré toutes ses troupes, ses équipements militaires et ses services de renseignement du Liban.

Mais de nombreux évènements ont eu lieu par la suite quand l’habile Syrie a commencé à couper tous les liens entre le meurtre d’Hariri et son gouvernement. Parmi plusieurs autres faits suspects est le « suicide » du général de brigade Ghazi Kanan, l’un des principaux membres du clan Assad au Liban pendant vingt ans.

Les sources syriennes affirment que Khanan a agi seul indépendamment de son gouvernement, ce qui est impensable, à moins que ce ne soit une blague, en raison du contrôle serré sur les responsables les plus éminents des services de renseignement. Il pourrait avoir été tué ou poussé à se suicider mais sa disparition a été très pratique pour couper le maillon clé de la participation présumée syrienne dans le complot visant à tuer Rafiq Hariri. Le même président Bachir Al Assad avait menacé Hariri de lui briser le Liban sur la tête s’il n’avait pas de certitude de la poursuite de la présidence d’Emile Lahoud. Al-Assad était tout à fait certain que M. Hariri appartenait au complot – avec la France et l’Arabie Saoudite- pour séparer le Liban de la Syrie.

Un autre « lien » manquant pourrait être la fin du commandant mégaterroriste Imad Moughniyed qui a également été tué par une bombe après avoir été remis à ses assassins sur un plateau d’argent. Cette opération très complexe n’aurait pas pu être exécutée sans la complicité et la coopération de plusieurs services de renseignement étrangers, y compris un secteur du Mukhabarat syrien dirigé par les membres de la famille présidentielle.

D’ailleurs, si les auteurs potentiellement accusés de l’assassinat de Rafiq Hariri se sauvent en Iran et sont cachés par ce pays – comme cela s’est produit dans le cas le l’AMIA- ce sera mission impossible de s’attendre à toute forme de coopération de ce pays. Les principaux individus iraniens accusés d’avoir ordonné et planifié l’attaque terroriste qui a tué 85 personnes à Buenos Aires le 18 juillet 1994 sont maintenant membres de haut rang du Conseil des ministres, du Conseil des Gardiens de la révolution et aussi conseillers du premier cercle du chef suprême Ali Khamenei.

Le 17 mars 1992, une camionnette conduite par un kamikaze a percuté l’ambassade israélienne à Buenos Aires. Le terroriste a tué 29 personnes et en a blessé plus de 200 autres, la plupart d’entre-elles étaient des citoyens argentins, y compris le prêtre Juan Carlos Brumana, décédé dans l’église catholique Admirabilis Mater, située face à l’ambassade. Cette église et un bâtiment scolaire ont subi des dommages étendus et graves.
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Message par Syfou Jeu 2 Sep - 3:34

Les vents de la guerre au Levant et au Moyen-Orient (2/3)

Les répercussions avant l’acte d’accusation du TSL

Hassan Nasrallah, le Secrétaire général du Hezbollah, a déjà déclaré en 2009 : « Nous devons faire un nouvel examen dans l’affaire de l’assassinat de l’ancien Premier ministre martyr Rafiq Hariri, et du Tribunal spécial pour le Liban ». Il était à ce moment là probablement au courant que la Syrie avait « nettoyé » tous ses liens avec le crime et laissait le Hezbollah seul –juridiquement parlant – devant l’acte d’accusation du TSL.

Des sources citées par Al-Hayat précisent que Hussein Khalil – un adjoint politique de Nasrallah – a souligné à Saad Hariri que le Hezbollah n’acceptera pas les accusations dans la participation à l’assassinat de son père, « c’est pourquoi il a mis en garde contre toute forme de complot ». Et YaLibnan dit que Saad Hariri a été bouleversé par la façon dont Nasrallah s’est adressé à lui durant son discours.

Le TSL n’a pas encore publié l’acte d’accusation dans l’affaire Hariri mais Nasrallah a déjà farouchement rejeté toute implication dans le meurtre accusant Israël de l’assassinat. Bien-sûr, Nasrallah s’attend à une immense vague de protestations de la part du Hezbollah et de lui-même sur la version officielle de l’acte d’accusation à venir. Si le TSL accuse enfin et comme prévu de hauts membres du Hezbollah il en résultera probablement de graves conséquences pour l’organisation terroriste à l’échelon national, régional et mondial.

En dépit de ses objections contre le TSL au cours des dernières années, le Hezbollah a approuvé la constitution du tribunal dans l’affaire Hariri qui il siégeait au Conseil des ministres libanais. Par conséquent, il n’est pas acceptable que Nasrallah et ses principaux lieutenants aient désormais l’intention d’ignorer les résultats de l’enquête du TSL, même s’ils estiment que le Hezbollah a été abandonné, si ce n’est trahi, par le gouvernement syrien.

Une nouvelle fois, la Syrie se présente comme presque immaculée. Reconnaissons ses compétences pour couper tous liens qui l’auraient reliée à l’assassinat d’Hariri.

Les sommets de Damas et de Beyrouth doivent être considérés comme des étapes dans un projet global de politique et de diplomatie extraordinaires visant à éviter de nouvelles luttes sectaires interlibanaises. Des combats ont eu lieu en mai 2008 lorsque l’organisation terroriste chiite Hezbollah a attaqué et pris des zones sunnites dans Beyrouth Ouest, qui étaient contrôlées par les partisans de Saad Hariri, appuyés par l’Arabie Saoudite.

Le roi Abdallah, le président Assad et les autres chefs d’Etat pourraient avoir recommandé à Saad Hariri – le Premier ministre libanais et fils de l’homme assassiné – d’éviter toute mise en œuvre de l’arrêt du TSL contre le Hezbollah. Sinon, selon certaines sources, le Hezbollah tirerait profit de ce nouveau prétexte pour encore agresser les quartiers sunnites de Beyrouth ou même provoquer une nouvelle guerre contre Israël.

Comme le champion poids lourd de l’hypocrisie ne semble pas avoir de limite, le président syrien Bachar Al-Assad a déclaré que : « son pays soutiendrait l’organisation shiite dans tous les cas » et a ajouté que « la Syrie considère que le Hezbollah n’a jamais franchi la ligne à ne pas dépasser ». Cette déclaration du président Assad adressée au TSL ressemble à un message d’un parrain mafieux. Nonobstant, il pourrait permettre d’imposer son propre tempo sur les opérations liées aux négociations en cours avec l’Arabie Saoudite contre l’Iran et le Hezbollah.

Selon des rumeurs confirmées, les rencontres de Beyrouth pourraient avoir abouti à un pacte entre les trois parties concernées, à l’exception du Hezbollah. Si l’accord secret existe vraiment, il est susceptible de restreindre la mise en œuvre du futur arrêt du TSL contre le Hezbollah. En outre, il pourrait avoir été conclu dans le but de restreindre ou de suspendre purement et simplement sine die toutes les mesures juridiques destinées à punir les individus accusés, les institutions, etc …

Bien que quelques-uns des chefs d’Etats et des dirigeants mentionnés sont peut-être en attente de nouveaux évènements, cela pourrait créer d’autres types de scénarios autres que ceux qu’ils voulaient justement éviter à la suite de l’acte d’accusation du TSL … Oui, et la guerre en est l’un des plus probables – qui peuvent apparaître à tout instant – en commençant par une attaque israélienne sur les sites nucléaires iraniens. Si tel était le cas, il serait rationnel de penser que le roi Abdallah et ses principaux partenaires ont décidé de consacrer tous leurs efforts pour retarder l’annonce du TSL. Ou alors de soustraire ou de retarder la mise en œuvre de toute mesure exécutoire forcée contre le Hezbollah en territoire libanais.

Mais il n’existe aucune raison théorique ou pratique visant à réduire cette analyse à seulement deux scénarios en fonction des menaces ; ce qui pourrait également être interconnecté est : une lutte inter-sectaires et / ou une guerre entre le Hezbollah, Israël et peut-être d’autres acteurs étatiques ou non étatiques.

Afin d’évaluer la situation réelle, doit être également pris en compte la nature très complexe de certains des principaux conflits qui sous-tendent sur la scène du Moyen-Orient.

Le vrai jeu au Levant et dans le Moyen-Orient

Syrie, Arabie saoudite et opération géopolitique complexe.

La tournée du monarque saoudien à Damas et à Beyrouth semble faire partie d’un jeu sensible d’échecs géopolitiques dont le prix principal pourrait être le point de rupture du vieil axe stratégique entre la Syrie, l’Iran et le Hezbollah.

Le roi Abdallah apparait depuis un certain temps sur un trône agité et instable, il doit conduire une manœuvre géopolitique extrêmement complexe et sophistiquée dont le principal objectif est de briser l’entente entre l’Iran, le Hezbollah et la Syrie. Ce trident géopolitique du Moyen-Orient ne menace pas seulement le royaume saoudien mais aussi l’ensemble des Etats de Golfe Persique et d’autres Etats. Ainsi, le voyage du roi avait pour but de préparer le terrain pour mener une discrète guerre diplomatique afin d’isoler et affaiblir l’Iran – le centre de gravité de cet axe – dans la mesure du possible.

La Syrie est le talon d’Achille de cette entente en raison de son rôle historique de pont stratégique entre l’Iran et les bastions du Hezbollah.

Par ailleurs, les stratèges syriens ont sans doute la crainte que tout mouvement suspect ne soit détecté par l’Iran, ce qui pourrait déclencher des campagnes de déstabilisation et d’autres actions secrètes contre le régime. En outre, le Mukhabarat syrien doit être conscients que l’Iran et ses mandataires possèdent des cellules à l’intérieur du pays et du gouvernement, qui pourraient être activées à tout moment.

Il ne fait aucun doute que l’historique régional de la Syrie fait que ses ambitions ne se limitent pas strictement aux revendications concernant la restitution des hauteurs du Golan qui ont été saisies par Israël au cours de la « Guerre des six jours » de 1967. Ses ambitions ont un nom : le Liban.

Le déclassement ou la rupture de l’alliance syrienne avec l’Iran a un prix, même un prix énorme. Pour un autre prix, encore plus grand …

Un demi-tour syrien contre l’Iran et le Hezbollah a un coût politique et géopolitique plus élevé que certains acteurs non étatiques dans le monde comme aux Etats Unis pensent être : le patronage intégral du Liban. Une difficile et complexe opération de « troc » certainement, mais nous devons nous rappeler que tout est négociable dans les souks politiques de l’arène du Moyen-Orient.

La Syrie pourrait être disposée à discuter avec Israël des conditions concernant le Golan. Nonobstant, le Liban sert de tampon à la Syrie, comme un impératif géopolitique mais aussi une question de sécurité nationale et de survie économique. Le territoire libanais possède des obstacles naturels stratégiques comme la chaîne de montagnes orientales du Liban et d’autres vallées alpines dont la Syrie a besoin pour sécuriser le noyau vital de son propre territoire, qui ne possède pas de défenses naturelles géographiques. En ce qui concerne les questions économiques, d’autres remarquables « trésors » sont les ports libanais nécessaires à la Syrie pour s’insérer dans l’économie mondiale. D’ailleurs sa main-d’œuvre sans emploi pourrait être facilement absorbée par le Liban, atténuant ainsi le taux élevé de chômage syrien.

Bien que cette évaluation s’inscrive au-delà de la souveraineté libanaise, il est utile de reconnaitre que la Syrie sans le Liban pourrait être aussi faible que la Russie dans sa zone géopolitique tampon.

Israël considère la Syrie comme un ennemi prévisible qui a respecté pendant des décennies une paix de facto tout en contrôlant la frontière du Liban-Sud et agissant comme une force stabilisatrice en même temps. Pour cette raison, Israël ne soulèverait probablement pas d’objections majeures à un futur parrainage syrien du Liban. A l’heure actuelle, Israël estime sans doute que la Syrie pourrait neutraliser et peut-être détruire l’aile militaire du Hezbollah et donc influer sur le résultat politique d’après guerre par le contrôle de l’activité iranienne par procuration actuelle.

En outre, Israël est vraiment inquiet au sujet de tout changement en Syrie qui pourrait reproduire un scénario irakien national et régional chaotique.

Le prix demandé à être potentiellement versé à la Syrie, si toutes les parties concernées concluent cette affaire, n’est pas aussi élevé que certains acteurs étatiques régionaux ne le pensent. Cependant, de nombreux gouvernements comme les Etats-Unis, la France et le Royaume-Uni se demandent si l’accord machiavélique prévu vaut vraiment le prix s’il comporte comme butin de guerre le Liban. Néanmoins, tous ces acteurs sont conscients du fait que le patronage du Liban par la Syrie est une condition sine qua none pour toute transaction avec le président Al-Assad. Si cela ne se fait pas, ils devront trouver un autre moyen pour désarmer le Hezbollah par la force et mettre ce dangereux levier hors des mains iraniennes.

En ce qui concerne les forces palestiniennes – même unies, ce qui est peu probable – elles n’ont aucune chance de menacer la sécurité stratégique nationale israélienne à l’heure actuelle et sans doute pour longtemps encore.

De nouvelles négociations de paix entre Israël et l’autorité palestinienne auront lieu à Washington DC le 2 septembre 2010. Malheureusement, il est fort probable que ce nouvel évènement ne se termine par aucun résultat remarquable. Si Israël et le gouvernement palestinien tiennent des pourparlers directs, c’est qu’ils sont pressés par le président Obama. Bien sûr, il en a besoin et veut montrer autre chose que sa rhétorique vide de sens en ce qui concerne la « résurrection » d’un processus de paix mort. Les deux parties ont été incapables de refuser une telle invitation parce qu’elles ont besoin de soigner leurs relations avec l’administration Obama qui est aussi dangereuse qu’une lame à double tranchant dans les mains d’un enfant.

D’ailleurs, ni l’Egypte, ni la Jordanie ne veulent avoir un Etat palestinien souverain en Cisjordanie et/ou dans la bande de Gaza menaçant leurs régimes laïques.

La Syrie ne fait pas exception à cette règle car elle n’a jamais abandonné son rêve de reconstruire l’ancienne « Grande Syrie » qui comprenait les territoires israéliens et palestiniens actuels, entre autres régions. Par conséquent, et pour un tas de raisons, les palestiniens ne peuvent pas compter sur la Syrie pour soutenir toute initiative réelle de construction d’un Etat.

La Syrie ne fait pas vraiment confiance à l’Arabie saoudite et à Israël et donc est très attentive à toute négociation entre eux pour des actions futures qui menaceraient les intérêts de sécurité nationaux et régionaux de l’Iran.

Nonobstant, une collusion entre les services secrets syriens, Israël, l’Arabie saoudite et d’autres pays a été évidente sur une longue période. Sa manifestation principale étant l’assassinat d’Imad Moughniyed, commandant militaire du Hezbollah, qui a été tué par une bombe explosant dans un quartier très sécurisé de Damas.

Une cible de cette valeur ne peut pas avoir été abattue sans la complicité de hauts responsables syriens et une coopération étroite entre une paire de pays au minimum. « Les traîtres syriens ont aidé à assassiner mon mari » a crié sa veuve, en ajoutant : « le refus syrien de laisser les enquêteurs iraniens faire leur travail est une preuve de la complicité de Damas dans l’assassinat de mon mari ». Après ses déclarations, la veuve de Moughniyed a été mise de toute urgence dans un vol en direction de Téhéran afin d’éviter tout embarras et autres problèmes entre les syriens, les iraniens et le Hezbollah lui-même.

Il existe une autre raison importante qui aura probablement une influence dans toute décision syrienne de rompre son alliance avec l’Iran et de neutraliser sinon de détruire le Hezbollah : les dirigeants syriens alaouites soupçonnent qu’un Hezbollah plus fort – soutenu par l’Iran – pourrait décider de renverser son régime dans une tentative de le remplacer par une élite plus pro-iranienne. En outre, la secte alaouite – dont de nombreux principes sont tenus secrets et connus que par quelques hauts dirigeants – est considérée comme hétérodoxe par la secte à majorité chiite des « duodécimains » qui comprend les principaux dirigeants iraniens, des religieux irakiens et le leadership du Hezbollah.

Les syriens sont toujours en alerte par rapport à ce danger et ont travaillé longtemps pour le neutraliser. Aider à désarmer le Hezbollah pourrait donc leur apporter un bénéfice « interne » supplémentaire.

Par: Horacio Calderon

Adapté par Gilles

Pour aschkel.info et lessakele.




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Message par Syfou Mar 21 Sep - 0:57

Un ex-chef de la CIA : la guerre prochaine sera décisive et changera la région

Selon l’ex-chef de la Cia, Jeffrey White, la prochaine guerre entre l’entité sioniste et le Hezbollah ne ressemblera en rien à la guerre de 2006, impliquera plusieurs pays, et sera un évènement peut-être décisif qui aboutira à un changement de la donne dans toute la région.

White s’exprimait lors d’une séance d’études, durant laquelle il a expliqué les conclusions de son rapport élaboré pour le compte de l’Institut des études pour le Proche-Orient à Washington, proche du lobby sioniste, intitulé : « les possibilités de guerre avec le Hezbollah, et le positionnement de ses alliés contre Israël ».

« Le théâtre des actions de guerre s’étendra sur 40 milles carrés, (l’équivalent de 64 milles Km2), englobant les territoires libanais, palestiniens et syriens, …, et au cours desquelles les deux antagonistes utiliseront les moyens les plus offensifs, en comparaison avec les affrontements précédents » avance cet expert militaire, assurant qu’elle impliquera tous les pays qui vont y participer, et ouvrira des fronts aériens, terrestres et maritimes. « Israël tentera de s’accaparer le plus de territoires, de bases et de régions stratégiques possibles », a-t-il envisagé.

White s’attend de plus à une concentration des combats entre le nord de la Palestine occupée et le sud du Liban, en plus de « théâtres secondaires » ailleurs. « Le Hezbollah tentera de contrer avec férocité une attaque israélienne terrestre, alors que l’état hébreux essaiera de parvenir jusqu’au fleuve du Litani, voire encore plus en profondeur, là où sont concentrés les missiles », prévoit-il.

Estimant que la guerre ne peut être tranchée que par une invasion israélienne terrestre, White s’attend à ce que l’armée israélienne malgré sa disposition à combattre dans les rues et les régions habitées, au lieu des espaces naturels, va essuyer des pertes considérables durant la prochaine guerre, et à ce que le Hezbollah tente d’absorber l’assaut israélien terrestre, sans pour autant reculer, « ce qui selon lui montre que la guerre au sud sera décisive ».

Employant le terme « qu’Israël allait brûler les herbes du Liban au lieu de les arracher » White dit croire que l’entité sioniste allait détruire les infrastructures libanaises pour imputer au gouvernement libanais la responsabilité des actions du Hezbollah ». En contrepartie, il s’attend à ce que le Hezbollah lance quotidiennement des salves de 500 à 600 missiles, difficiles à contrer, vu qu’il a en sa possession des armes plus perfectionnés qu’en 2006 ». « Ce qui est certes beaucoup de feu sur Israël » déplore-t-il. Comme aboutissement White perçoit trois scénarios de cette guerre : « un fin décisive que seule Israël peut réaliser, en mettant fin au danger du Hezbollah armé, et en dictant ses propres conditions pour mettre fin à la guerre ». Quant aux deuxième et troisième scénarios, la fatigue des combattants et la solution imposée, il en découlerait selon White « une situation de chaos similaire à celle qui a suivi les guerres de 1973 et 2006, et durant laquelle les antagonistes se prépareraient à une autre prochaine guerre ».

Source : almanar.com.lb
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