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La Sécurité militaire au cœur du pouvoir

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Personne à contacter La Sécurité militaire au cœur du pouvoir

Message par Sphinx Sam 26 Sep - 15:07

Quarante ans de répression impunie en Algérie, 1962 - 2001

" La violence actuelle est entretenue par des forces qui n'ont pas intérêt que la société s'organise pour défendre ses droits, c'est une façon d'exercer l'hégémonie par le désordre, donc une atteinte au droit fondamental de l'homme de vivre en société. "
Hocine Zahouane

" Un militaire sans conscience politique n'est qu'un criminel en puissance ".
Thomas Sankara


La violence politique en Algérie n'a pas débuté, contrairement à ce qui est admis, au lendemain de l'indépendance, mais bel et bien durant la guerre de libération nationale. Les liquidations physiques et la terreur comme moyens de gestion politique avaient fait déjà leur apparition dans les camps de l'armée des frontières et au sein des maquis. De nombreux responsables politiques et militaires ont été assassinés par leurs propres frères (Abane Ramdane, Abdelmoumène, Abbas Laghrour, Ali Mellah, Abbas Lamouri, Cheriet Lazhari, Chihani Bachir, Abdelkrim Soufi, Hadj Ali, colonel Boucif, capitaine Yamani, capitaine Zoubir.....). D'autres responsables politiques seront menacés et éloignés des centres de décision alors que la guerre de libération avait besoin de tous. Et ceux qui avaient liquidé ces hommes libres seront les mêmes qui confisqueront l'indépendance en 1962. Et ce sont leurs reliques qui donneront l'ordre de tirer sur des enfants en octobre 88 et qui mèneront une guerre sans merci contre une grande partie de leur peuple à partir de 1992.

Benyoucef Ben Khedda, président du GPRA, en butte, avant et après l'indépendance, aux intrigues des imposteurs des frontières, les dénoncera clairement en août 1962 : " Certains officiers qui ont vécu à l'extérieur, n'ont pas connu la guerre révolutionnaire comme leurs frères du maquis, guerre basée essentiellement sur le peuple. Ces officiers qui sont restés, pendant la durée de la guerre, aux frontières tunisienne et marocaine, ont souvent tendance à ne compter que sur la force des armes. Cette conception dangereuse conduit à sous-estimer le rôle du peuple voire à le mépriser et crée le danger de voir naître une féodalité ou une caste militariste, telle qu'il en existe dans certains pays sous-développés, notamment en Amérique latine ".(1) Des paroles prophétiques qui deviendront réalité quelques années plus tard !

Insidieusement, silencieusement, se mettait en place une politique répressive pour museler un peuple en mal de liberté et réduire à néant toute velléité d'émancipation. La liberté de s'exprimer ou de s'organiser, assimilée à de la subversion, était devenue au nom de la "révolution ", HARAM ! (illicite)

La tristement célèbre sécurité militaire, formée à l'école du KGB (promotion "tapis rouge " des années 60), véritable colonne vertébrale du régime, constituera le fer de lance de cette répression pour réduire dès l'indépendance, un peuple qui venait de sortir d'une guerre coloniale particulièrement meurtrière, au silence absolu. Pendant des décennies, la seule évocation des deux lettres S.M suffisait à provoquer une peur panique chez nos concitoyens.
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Personne à contacter Re: La Sécurité militaire au cœur du pouvoir

Message par Sphinx Sam 26 Sep - 15:08

Dès l'indépendance et avant même que ne soient effacés de la mémoire des citoyens les tristement célèbres villas Sesini de Diar El Mahçoul, l'Eclair du Télemly, la Grande terrasse des Deux Moulins, de la Redoute et les fermes Améziane de Constantine, Bernabé de Boudouaou et Altairac d'El Harrach où étaient "questionnés " les hommes libres par les tortionnaires de Massu et de Bigeard, apparurent de nouveaux centres de supplices où cette fois-ci des algériens torturaient d'autres algériens alors que les plaies de la guerre de libération n'étaient pas encore cicatrisées et que les militaires coloniaux n'avaient pas encore évacué totalement le pays. D'anciennes cliniques désaffectées serviront de lieux de supplices (Bouzaréah, El Biar, Notre Dame d'Afrique... ). Les algériens apprendront à leurs dépens que la bête immonde n'avait pas quitté l'Algérie avec le départ des hordes coloniales.

Kidnappings, tortures, "disparitions ", séquestrations sans jugement et liquidations physiques seront les méthodes du nouveau pouvoir d'Alger pour gouverner. Certains "planqués " des frontières et d'anciens collaborateurs et autres indics "repentis " de l'armée coloniale se donnaient la main pour perpétuer les souffrances des hommes libres et dignes de ce pays. Triste fatalité !

Le système militaro-policier qui se mettait en place ne tolérait aucune opposition. D'abord par la force des armes puis par la terreur, ces aventuriers imposeront leur loi à la Nation au nom de la vaseuse "légitimité révolutionnaire ", une "légitimité " acquise dans les ténébreuses baraques d'Oujda et de Ghardimaou.

Le regretté Hocine Lahouel, vieille figure historique du Mouvement National me disait à sa libération en 1977, après une assignation à résidence qui a duré plus d'une année, non sans un certain humour caustique, à propos du colonel Boukharouba qui l'avait privé de liberté : " Même Dieu dans toute sa Grandeur et sa Perfection s'est créé, à travers Satan, un opposant. Boukharouba, quant à lui, plus que "parfait" n'admet pas d'opposants. "
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Message par Sphinx Sam 26 Sep - 15:08

Comme nous le verrons à travers les témoignages et la chronologie non exhaustive que nous présentons ci-dessous, les quatre décennies de règne et de pouvoir sans partage de l'oligarchie seront jalonnées d'actes de violence permanents de sa part pour faire taire toute velléité de contestation et de remise en cause par les citoyens de ce pouvoir illégitime. Ces témoignages, exposés dans leur tragique réalité, illustrent parfaitement l'ampleur de cette violence politique et de ce terrorisme d'Etat depuis l'indépendance. Comme nous le constaterons, aucune catégorie sociale ni tendance politique ne seront épargnées.

Cette répression aura connu au fil des décennies, une évolution graduelle, proportionnelle au degré d'impopularité et de rejet du régime par les citoyennes et citoyens.
Si durant les deux premières décennies, l'arrestation arbitraire, la torture et la liquidation physique touchaient de manière particulière des opposants ciblés (anciens maquisards de la guerre de libération que le régime n'avait pu recycler par la corruption, hommes politiques, hommes de religion ou très rares intellectuels), nous remarquerons que durant les années 80, la répression se fera à plus ou moins grande échelle (événements de Kabylie de 1980, arrestations de centaines de partisans de Ben Bella et d'islamistes, événements de Constantine et massacres d'octobre 1988). La dernière décennie sera, quant à elle, celle d'une véritable guerre contre une grande partie de la population avec de grands moyens. Un mélange de guerre spéciale à la Godart et Trinquier et de manipulations à la Béria.

Durant cette dernière décennie et malgré le climat de terreur imposé pour faire taire toute opposition et la guerre psychologique de grande envergure pour tromper l'opinion, des militantes et militants des droits de la personne humaine, dignes et courageux, ont pu faire parvenir au monde des centaines de témoignages de suppliciés et de longues listes de citoyens disparus ou exécutés sommairement.

C'était une vérité autre que celle que voulaient imposer les partisans de la guerre à huis-clos et qui mettait à nu le véritable visage de ceux qui prétendaient "sauver l'Algérie et la démocratie de la barbarie ". C'était la vérité de ceux qui œuvraient pour l'instauration d'un Etat de droit en Algérie, un Etat légitime garantissant les libertés de conscience et d'expression, les droits fondamentaux de la personne humaine ; l'Etat qu'espéraient les centaines de milliers de morts de la guerre de libération nationale, les "disparus" de l'après-indépendance, les enfants d'octobre 88 et toutes les victimes d'aujourd'hui.

Malgré tous les moyens internes utilisés et les complicités internationales inavouées, le délire totalitaire que voulait cacher cette guerre psychologique, n'a pu étouffer les voix de celles et de ceux qui se battaient pour faire connaître la véritable nature de cette sale guerre : celle d'une caste militaro-financière contre un peuple. Et les derniers événements vécus par certaines régions d'Algérie l'ont, encore une fois prouvé.
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Message par Sphinx Sam 26 Sep - 15:09

Ce que nous vivons depuis une décennie comme tragédie n'est que la continuité d'une politique initiée dès 1962. Gauchistes, berbéristes et islamistes n'ont servi que d'alibis à ce pouvoir sans foi ni loi pour imposer le silence et la pérennité du régime. Hier, il s'agissait de combattre les "fanatiques islamistes obscurantistes, terroristes à la solde de Khartoum et de Téhéran ", aujourd'hui il s'agit de combattre les "kabyles athées et sécessionnistes à la solde de la France ". A qui le tour demain ?
Une leçon à méditer pour ceux qui continuent à se tromper de cible !
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Message par Sphinx Sam 26 Sep - 15:09

Témoignages

Année 1963.
Kidnapping de Mohamed Boudiaf, membre fondateur du Front de libération Nationale et ministre d'Etat du GPRA par la police politique de Ben Bella et de Boukharouba. Extraits de son témoignage. (2)
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Personne à contacter Re: La Sécurité militaire au cœur du pouvoir

Message par Sphinx Sam 26 Sep - 15:10

L'aventure dont ce journal décrit le déroulement commence le vendredi 21 juin (1963), en plein midi. Je viens juste de quitter la maison pour une course, quand deux hommes m'accostent au pont d'Hydra, me demandant de me mettre à leur disposition au nom de la sécurité militaire. J'exige des papiers attestant leur qualité ; le plus âgé m'exhibe, précipitamment, non sans trembler quelque peu, une carte verte, établie au nom de S. Mohamed. A peine en ai-je pris connaissance que le second me prie, sur un ton bourru, de faire vite.

Il est bon, avant de passer à la suite, de donner le signalement de ces deux individus. S. Mohamed est un quinquagénaire, grisonnant, au teint olivâtre et à l'accent kabyle. Je l'ai déjà rencontré quelque part et, si mes souvenirs sont fidèles, sans toutefois que j'en sois sûr, il s'agirait de Oussemer Mohamed, ex-agent de la police des renseignements généraux. Il a fait des siennes lors des événements de mai 1945, particulièrement à Belcourt, contre les jeunes militants du PPA. Sur le tard, il a rejoint les rangs du FLN. Lors de l'arrestation mouvementée du 22 octobre 1956, il était encore membre de la DST. Le second policier, plus jeune, replet, aux gestes un peu brusques, est l'image du "militant " nouvelle vague, parfaitement imbu de son rôle et pénétré de son importance policière.

C'est sous la direction de ces deux "anges gardiens " que je suis amené à prendre place dans une 404 flambant neuf où deux autres passagers attendent : un jeune, plutôt fluet, au regard doux qui tient le volant et un quatrième, grand, brun, lunettes noires, impassible, assis à son côté. A son air important, on devine qu'il s'agit d'un "ponte ".

Sitôt installé sur la banquette arrière entre S. Mohamed et son premier acolyte, la voiture démarre en trombe, passe à la Colonne Voirol et prend le virage pour grimper le chemin Beaurepaire.

" Où allons-nous ? ". Pas de réponse.

On s'engouffre dans la "Clinique des Orangers", où le chauffeur, après avoir stoppé, quitte sa place pour venir se mettre à côté de moi, abandonnant le volant au "militant " qui jusque là était à ma droite. Marche arrière rapide et sortie de la clinique pour descendre cette fois le chemin Beaurepaire. Nous faisons le même chemin en sens inverse mais cette fois-ci nous dépassons le pont d'Hydra. Je reconnaîtrais facilement la villa fleurie où nous pénétrons. Mes ravisseurs, visiblement satisfaits de leur exploit, me conduisent sans plus attendre à une chambre du rez-de-chaussée.
Je demeure vingt-quatre heures dans cette pièce avec pour tout mobilier un fauteuil où je passe la nuit.
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Message par Sphinx Sam 26 Sep - 15:10

J'ai omis de signaler qu'à mon arrivée, j'ai été fouillé des pieds à la tête. Ayant entamé la grève de la faim, je me sens très fatigué et accepte le matin de monter au premier étage, sur les conseils d'un de mes gardes. Ils sont quatre, cinq, six, et cinq finalement qui se relaient jour et nuit, pour assurer ma surveillance. Tous sont armés de revolvers, et certains ne se gênent nullement pour le montrer.

Le va-et-vient continuel des gardes, dont certains avaient des mines patibulaires, me fait craindre que la première nuit ne se termine tragiquement. Kidnappé dans le plus grand secret, amené dans une villa inhabitée sans plus d'explication, je ne peux que trouver une allure macabre à toute cette aventure. L'atmosphère est propice et les conditions remplies pour une liquidation en douce.

A mes demandes d'explication sur les raisons de cette expédition mes gardes répondent invariablement qu'ils n'en savent pas plus que moi.

Durant quatre jours, le ventre creux, je demeure dans cette villa, cherchant désespérément à communiquer avec les villas voisines, sans résultats.

Le lundi 24 juin, à la tombée de la nuit, on m'embarque en voiture pour une autre destination. Au lieu de suivre l'itinéraire emprunté la première fois, on préfère zigzaguer pour déboucher enfin sur la grande route qui vient du Pont d'Hydra et continue tout droit.
La Colonne Voirol, chemin Beaurepaire, El Biar, Boulevard G. Clemenceau, Garde mobile, caserne Ali Khodja (ex-caserne d'Orléans), Barberousse, Boulevard de la Victoire : on échoue enfin au siège de la gendarmerie nationale. A ma descente de voiture, dans la cour plongée dans l'obscurité, le cérémonial est en place et je suis immédiatement entouré par une dizaine de gendarmes, mitraillette au poing, un peu curieux, un peu fébriles. Le colonel Bencherif est là et, sous sa direction, escorté de gendarmes diligents, j'ai droit à une chambre et un lit qui, selon ledit colonel, valent mieux que ceux de la Santé. Merci.

Mercredi 26. Réveil précipité à quatre heures du matin et départ par l'aérodrome de Chéraga où, à cinq heures, un hélicoptère prend l'air en direction d'Oued Nosron qu'il atteint à 7 h 20.(…)
(…) C'est tout simplement stupéfiant. On peut vraiment admirer la perspicacité de la sécurité militaire !
Aucune réponse à mes lettres, ce qui ne me laisse plus aucun doute sur le sérieux et la légalité de l'affaire.
Ce régime a peur de la clarté, comme les oiseaux de nuit qui ne peuvent voler que dans l'obscurité. (…)
(…) A Oued Nosron, toujours flanqués de nos gendarmes menés par le commandant Mohamed, adjoint de Bencherif, nous avons droit à une halte de deux heures. Ensuite, à bord de voitures légères, nous prenons la route, Sidi Bel Abbés, Saïda, Mecheria, Aïn Sefra et, à la tombée de la nuit, Béni Ounif. Une autre halte brève et, dans la nuit saharienne, nous voici à Colomb Béchar, complètement éreintés par un voyage de mille kilomètres sous une chaleur accablante.
Précipitamment, on nous introduit dans une chambre où quatre lits de camp, à moitié déglingués, nous attendent.
Des soldats, armés de mitraillettes nous gardent toutes portes et fenêtres closes (…).
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Message par Sphinx Sam 26 Sep - 15:11

Mohamed Boudiaf sera transféré ensuite sans explication à Tsabit, dans l'extrême Sud saharien. Après cinq mois de séquestration arbitraire et un mois de grève de la faim, il sera libéré et forcé à l'exil. Le régime en place l'effacera des tablettes de l'Histoire de l'Algérie durant près de trois décennies et ce, jusqu'à janvier 1992, lorsque des généraux putschistes feront appel à lui pour couvrir, de sa légitimité historique, la gravissime atteinte à la souveraineté populaire. Trompé par ses "amis ", il acceptera cette mission fatale qui lui coûtera la vie en juin 1992 lorsqu'un sous-officier du Groupe d'intervention spécial (GIS) l'assassinera à Annaba.
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Message par Sphinx Sam 26 Sep - 15:12

Année 1964.
Arrestation et déportation au Sahara de Ferhat Abbas, premier président du gouvernement provisoire (GPRA) durant la guerre de libération nationale et premier président de l'Assemblée nationale Constituante de l'Algérie indépendante. Il venait de démissionner de son poste de président de l'Assemblée quand Ben Bella décida de discuter de la Constitution dans un …. cinéma. Extraits de son témoignage (3)
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Message par Sphinx Sam 26 Sep - 15:12

Le 3 juillet 1964 à 21 heures, des policiers, tels des malfaiteurs, escaladèrent la clôture de ma villa à Kouba (Alger) et se présentèrent à ma porte, mitraillettes aux poings. J'étais couché. Mon épouse leur ouvrit la porte et fut saisie de frayeur devant ces hommes armés. Ces policiers, conduits par le commissaire central, feu Hamadèche, venaient pour m'arrêter et me conduire je ne sais où. Ils n'avaient aucun mandat d'arrêt. Je ne connaissais ni le commissaire, ni aucun de ces agents. J'ai donc refusé de les suivre.

Après une longue et pénible discussion, ils capitulèrent. Néanmoins, ils investirent la maison. Le lendemain, et jusqu'au 19 août, des policiers en armes et par groupes de quatre montèrent la garde, jour et nuit, autour de ma demeure.

Le 19 août, un inspecteur, accompagné de deux policiers, se présenta à 8 heures du matin pour m'informer que le commissaire central désirait me voir. Je les ai suivis. Je fus conduit d "abord dans un bâtiment sur les hauteurs de Saint-Eugène, aujourd'hui Bologhine, ensuite à El Biar, devant les locaux de la Sécurité générale. Une autre voiture m'emmena dans une villa, ancienne clinique désaffectée, où je fus enfermé jusqu'au 30 octobre.

Dès que j'eus quitté la maison, la police se mit à perquisitionner chez moi, au mépris de la loi. En fouillant, elle trouva une lettre que mon fils, étudiant de 19 ans, m'avait envoyé à Sétif où je me trouvais en avril 1964. Il me disait qu'un ami était venu m'avertir qu'il était question de mon arrestation et que je devais prendre mes précautions.

Je n'avais aucune précaution à prendre. Je n'étais mêlé ni de près ni de loin aux événements du jour et n'avais rien à cacher. En découvrant cette lettre, la police arrêta mon fils et l'emmena à l'ancienne clinique Roubi où il fut enfermé, laissant sa mère en pleurs et dans la désolation. (…).
(…) A El Biar, j'étais au secret. Mais j'ai su cependant que j'avais beaucoup de compagnons d'infortune : le président Farés, l'ancien ministre de la Justice Amar Bentoumi, le commandant Azzeddine, le commandant Larbi Berredjem de la Wilaya II, les frères de l'ancien ministre des PTT, Hassani, les députés Boualem Oussedik, Brahim Mezhoudi, etc.
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Message par Sphinx Sam 26 Sep - 15:13

Le samedi 31 octobre à 2 heures du matin, certains d'entre nous furent libérés. Le lieutenant chargé de notre surveillance nous informa que nous étions libérés. Nous nous préparâmes et des voitures nous emmenèrent sur une place d'El Biar où le directeur de la Sûreté nationale, Nadir Yadi, nous attendait. Celui-ci nous fit mettre les menottes, fit encadrer chacun de nous par deux policiers tandis que deux autres se relayaient au volant des voitures qui se dirigeaient vers le Sud oranais. Je dois dire que dès le départ du directeur de la Sûreté, et à peine avions-nous fait une centaine de mètres, que le policier responsable de ma voiture m'ôta les menottes. " Je n'admets pas, dit-il, qu'on mette des menottes à notre père et au père de notre indépendance ". (…)
(…) Nous arrivâmes à Béchar vers minuit. Nous fûmes conduits dans des pièces vides. Je réclamai un matelas et des couvertures. Le wali, Rachid Ali Pacha, me les fit porter. (…).
(…) Nous fûmes libérés, Bentoumi fin mai, et moi le 8 juin 1965. Ces événements se passèrent alors que Ben Bella détenait le pouvoir. Mais il ne devait pas le garder longtemps puisqu'il fut arrêté le 19 juin (…).
(…) En 1964, je fus arrêté parce que je ne voulais pas suivre Ben Bella dans son aventurisme et son gauchisme effréné. J'ai démissionné de la présidence de l'Assemblée nationale constituante dès le jour où la Constitution du pays fut discutée et adoptée en dehors de l'Assemblée que je présidais et des députés élus pour le faire. La discussion et l'adoption eurent pour cadre une salle de cinéma de la ville, "Le Majestic ". Là fut institutionnalisé le parti unique, à l'instar des démocraties populaires.
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Personne à contacter Re: La Sécurité militaire au cœur du pouvoir

Message par Sphinx Sam 26 Sep - 15:14

Année 1964.
Kidnapping et déportation au Sahara de Abderrahmane Farès, ancien président de l'Exécutif provisoire (organisme de transition après les accords d'Evian) et député de l'Assemblée nationale Constituante de l'Algérie indépendante. Extraits de son témoignage (4)
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Message par Sphinx Sam 26 Sep - 15:14

Le 7 juillet 1964, en quittant l'Assemblée nationale vers 19 heures, je trouvai à l'entrée de l'immeuble de la rue Michelet, où j'habitais, deux compatriotes habillés en civil qui m'attendaient.
- Monsieur le Président, me dirent-ils, le commissaire de police d'El Biar désire vous voir, il y a une communication urgente et confidentielle à vous faire.
- Puisque c'est urgent, allons-y tout de suite.
J'étais accompagné de mon neveu Abdallah et de mon chauffeur, qui étaient déjà dans la voiture. Arrivés à destination, je vis mes deux interlocuteurs entrer dans le commissariat pour en ressortir presque immédiatement et me dire :
- Monsieur le Président, venez avec nous, le rendez-vous est plus loin.
Je les suivis et ne tardai pas à m'apercevoir que notre destination n'était pas celle indiquée. A un moment donné, mes compagnons me dirent :
- Mettez votre veste sur votre tête, le lieu où nous allons est secret.
En souriant, je leur dis :
- Nous voilà revenus au temps de la cagoule.
- Nous ne sommes que des exécutants, me répondirent-ils.

Lorsque la voiture s'arrêta, ils me prirent par la main. Je n'enlevai la veste qu'à l'intérieur d'un immeuble genre villa. Je reconnus l'ancienne clinique du Dr Roubille. Mes compagnons disparurent aussitôt et je me trouvai en face d'un jeune djoundi mitraillette sur les genoux qui me prit ma serviette, que je n'ai plus revue, ma ceinture et mes lacets de souliers. Il me conduisit dans une pièce sans fenêtre où il n'y avait qu'une paillasse et une couverture.

Le soir, j'eus la visite d'un jeune garçon qui m'apporta une gamelle de soupe, un peu de pain et un verre d'eau. En me reconnaissant, il me dit : " Je vous apporterai demain matin un paquet de cigarettes et une boite d'allumettes " . Il tint sa promesse en m'apportant un breuvage appelé café.

Je n'eus droit pendant mon séjour qu'à une promenade, seul, d'une heure par jour, dans la cour de la clinique devenue prison. Le soir, j'entendais les cris poussés par les militants que l'on torturait. C'était horrible.
Un jour, en allant aux toilettes, je reconnus dans la cour de la clinique quelques amis. L'un d'eux Aït Chaâlal, qui devint par la suite ambassadeur d'Algérie à Bruxelles, en passant près de moi me chuchota en faisant allusion aux tortures subies : " Hier, c'était nous " (…)
M. Farès sera déporté à In Salah et ne sera libéré que le 7 juin 1965.
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Message par Sphinx Sam 26 Sep - 15:16

Année 1967.
4 janvier. Assassinat de Mohamed Khider, membre fondateur du FLN et ancien ministre d'Etat du GPRA. Témoignage de Hocine Aït Ahmed. Extraits. (5)
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Message par Sphinx Sam 26 Sep - 15:17

(…) Les tenants et les aboutissants de l'affaire Khider, assassiné à Madrid en janvier 1967 ne sont pas plus mystérieux. Là encore, le crime est signé. La police espagnole a fait également son boulot et comme la famille de Mohamed Khider s'était constituée partie civile, les autorités judiciaires étaient parvenues à des conclusions accablantes pour le pouvoir algérien. On sait que c'est devant son domicile, dans sa voiture, en présence de sa femme que le malheureux Khider a été criblé de balles. Le tueur est promptement identifié : il s'agit de Youcef Dakhmouche. Appartenant à la pègre, il était téléguidé par les services secrets algériens. Cette liaison, on ne cherchait même pas à la dissimuler puisque Dakhmouche était en rapport constant avec un certain Boukhalfa, l'honorable correspondant de la SM à Madrid et….attaché culturel à l'ambassade d'Algérie ! (…)

(…) Or, j'ai appris par la suite que, la veille de son assassinat, Khider envisageait de constituer un gouvernement en exil. Il avait consulté à cet effet Mohamed Lebjaoui et Krim Belkacem. Il ne s'en était pas ouvert à Mohamed Boudiaf ni à moi-même. Mais la perspective d'un regroupement, même partiel, de l'opposition, pouvait être interprétée comme une menace sérieuse par un Boumediène qui n'était au pouvoir que depuis moins de deux ans et éprouvait impérieusement le besoin de consolider son régime. De là à penser qu'il fallait éliminer Khider….
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Message par Sphinx Sam 26 Sep - 15:18

Année 1967.
Assassinat du colonel Saïd Abid, chef de la 1ère région militaire (Blida) et mise en place de l'Etat militaro-policier. Témoignage du colonel Zbiri, chef d'Etat-Major. Extraits (6).
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Message par Sphinx Sam 26 Sep - 15:18

(…) Le 14 (décembre), à 9 heures du soir, alors que je me trouve dans les environs de Blida, le commandant Saïd Abid, qui venait de refuser catégoriquement par téléphone à Boumediène d'engager une partie de ses unités contre celles qui marchaient sur Blida, est trouvé mort dans son bureau. La nouvelle, et la thèse officielle du suicide, ne seront divulguées que trois jours plus tard. Trois jours pendant lesquels des officiers fidèles à Boumédiene ; le commandant Chabou, le commandant Slimane Hoffman, le commandant Bencherif, commandant la gendarmerie, qui se trouvaient au PC de la 1ere région, continueront de donner des ordres en son nom. Il n'y aura pas de constat médico-légal. Le corps, contrairement aux traditions religieuses de l'Islam, sera placé dans un cercueil. Mais le père de Saïd Abid, qui est taleb, n'en veut pas et réclame l'ouverture : on constate que le corps porte les traces de deux balles dans la poitrine et d'une dans la tempe gauche, ce qui est beaucoup pour un suicide. …

On dit aussi qu'il a laissé une lettre manuscrite expliquant son geste : cette lettre ne sera jamais publiée. Dans ces conditions, il est bien difficile d'admettre la thèse du suicide et tout porte à croire que le commandant Saïd Abid a été bel et bien "liquidé ". Un autre de mes amis, le colonel Abbés, trouvera également la mort vingt-cinq jours plus tard, dans des conditions suspectes, entre Cherchell et Alger. (…)

(…) Les conséquences de la crise peuvent être ainsi évaluées : l'armée est meurtrie, divisée : cinq mille officiers et cadres de l'armée, autant de civils (assemblée, comité central, ministres) sont arrêtés (certains, ont depuis, été libérés) ; tous les téléphones officiels sont branchés sur les tables d'écoute, le courrier est surveillé ; la sécurité militaire est renforcée considérablement : elle double et surveille la sûreté nationale. L'appareil policier mis en place à l'occasion de la guerre contre le sionisme se tourne de plus en plus vers la répression intérieure. La police, ou plutôt les polices, se multiplient : des informateurs " contractuels " sont pris parmi les chômeurs ; un insupportable climat d'espionnite sévit dans la population. Les services spéciaux torturent comme au temps des paras. Il y avait dix mille gendarmes en 1967, il y en a quinze mille aujourd'hui. Les agents des différentes polices grenouillent en Europe. Les ambassades et les agences d'Air Algérie en sont truffées.

Dans l'armée, sur un budget de 650 millions de dinars, 110 millions sont consacrés à la sécurité militaire. Le "socialisme " de l'Algérie n'est plus qu'un mot qui couvre désormais une dictature policière. (…)
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Message par Sphinx Sam 26 Sep - 15:19

Année 1968.
Témoignage du commandant Bouregaâ Lakhdar, officier de l'armée de libération nationale (ALN), membre du commandement de la wilaya IV (Algérois), et chef de la fameuse katiba Zoubiria. Cet officier s'opposera à la prise du pouvoir par l'armée des frontières au lendemain de l'indépendance et refusera son recyclage par la corruption. Il fera alors l'objet d'un harcèlement permanent par le pouvoir au lendemain du coup d'Etat du 19 juin 1965 et plus particulièrement après l'échec du putsch du colonel Zbiri en 1967. Il sera kidnappé en 1968, incarcéré et torturé avant d'être condamné arbitrairement en 1969 à 30 années de réclusion par le tribunal "révolutionnaire" ( juridiction d'exception). Il sera gracié après 7 années de détention. (7)
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Message par Sphinx Sam 26 Sep - 15:20

" Je suis rentré chez moi et auprès de ma famille après un voyage en Europe….Et j'ai repris ma vie habituelle. Un jour et alors que je me promenais dans la rue Larbi Ben M'hidi, à Alger….mes pas m'emmenèrent au magasin de l'une de mes connaissances. Je m'apprêtais à rentrer au magasin quand une bande de civils m'encercla et m'attacha mes poignets, sous le regard des passants. Ces hommes me poussèrent vers une voiture noire de type Peugeot 403. Quelques instants plus tard, ils m'introduirent au commissariat de police situé à la rue Cavaignac….Je suis resté en ce lieu jusqu'à minuit. Des gardiens se relayaient pour me surveiller et chacun d'eux me regardait avec étonnement mais sans m'adresser la parole. Ils m'entraînèrent ensuite vers un grand bâtiment et me jetèrent dans une cellule sombre située au sous-sol….J'ai appris par la suite que dans ce bâtiment se trouvaient d'autres prisonniers accusés d'appartenir au mouvement de Krim Belkacem.

J'ai séjourné dans cette cellule un mois. J'ai connu toutes les variétés de torture physiques et psychologiques comme les bastonnades, les coups de pieds, la gégène appliquée sur les parties sensibles du corps…Ils jetaient de temps à autre sur ma tête et sur mon corps, de l'eau sale. Les méthodes de torture variaient avec les tortionnaires…. A chaque fois que je perdais connaissance, ils cessaient les supplices. …et reprenaient à nouveau dès que je me réveillais. Je ne me suis jamais imaginé qu'il y avait au sein des appareils chargés des interrogatoires, des esprits aussi chargés de haine contre l'être humain, comme ce que je venais de voir moi-même !

Je commençais au fil des jours et des mois à m'adapter psychologiquement et physiquement aux cauchemars de la torture quotidienne…. Au point où j'ai perdu toute sensibilité à la douleur et que s'est installé entre les tortionnaires et moi un dangereux défi : les tortionnaires ne pouvaient venir à bout de ma volonté, je criais de toutes de mes forces et moi, je ne pouvais ni mourir ni abandonner mes principes.

C'est ainsi que ce conflit a évolué vers l'impossible…. Je répétais à mes tortionnaires que tout ce que je connaissais comme secrets étaient connus par leurs appareils de sécurité. Ils comptaient sur la poursuite de la torture et sur le temps pour m'arracher ce que je savais comme informations et secrets, et ce jusqu'au 27 août 1968, date à laquelle ils me transférèrent, pratiquement paralysé, vers la prison de Sidi El Houari d'Oran…. Et à chaque fois que ma famille demandait de mes nouvelles, la police lui répondait qu'elle aussi, était à ma recherche pour m'arrêter….et que pour cette raison, il fallait que ma famille coopère pour me retrouver ! ! ! ! !

Je n'ai pas changé mes vêtements durant près de trois mois, mois faits d'incarcération et de torture. … Ils m'empêchèrent de laver mon linge….Au moment de me transférer de ma cellule d'Alger vers celle de Sidi El Houari d'Oran, ils m'attachèrent les poignets avec des menottes et me joignirent à d'autres détenus ligotés comme moi. Ils nous bandèrent les yeux. Il nous était impossible de savoir s'il faisait jour ou nuit. ….Puis ils nous parquèrent dans un camion sale, sans fenêtre ni aération d'où des odeurs nauséabondes se dégageaient. Ce maudit camion démarra de la capitale vers Oran, soit un trajet de 500 km dans un tel état. Notre surprise fut plus grande quand on entra à la prison de Sidi El Houari et quand les gardiens se mirent à ouvrir les portes, avec les bruits et les grincement des serrures. J'ai deviné, alors que j'avais les yeux bandés que la prison avait plusieurs portes. Les gardiens ne se contentèrent pas de nous garder à cet étage mais nous descendirent à travers des échelles spiralées, dans les profondeurs de la terre, pour nous enfermer dans des cellules individuelles. Cette prison était une citadelle qui donnait sur la mer. Construite par les espagnols lors de l'occupation de cette région, pour se protéger des résistants algériens, elle avait plusieurs passages et tunnels souterrains pour la cache d'armes. C'était aussi une prison terrifiante, avec son froid hivernal glacial, ses bestioles venimeuses, ses saletés et son visage hideux et d'enfer qui terrorisaient les esprits.
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Message par Sphinx Sam 26 Sep - 15:21

Les cellules se présentaient sous forme de puits, situées au bord des passages. De véritables monstres aux gueules béantes qui avalaient dans leurs ténèbres et chaque jour, des êtres humains, avec leur chair, leur sang et leurs esprits (…)
(…) Le gardien m'ôta le bandage que j'avais sur les yeux et me poussa avec la crosse de son arme dans la cellule. Je n'ai pas pu me contrôler et je suis tombé à terre. Je ne m'étais pas rendu compte que le niveau de la cellule était plus bas que celui de la porte. (…).

(…) Au matin du 27 septembre 1968 et aux environs de 19 heures, les geôliers ouvrirent la porte de ma tombe terrifiante et me lancèrent à haute voix : " rampes pour sortir de la cellule ". Je me suis mis effectivement à ramper et j'ai pu difficilement me hisser au niveau du passage où j'ai trouvé une armada de gardiens qui étaient en réalité des agents de la sécurité militaire, comme je l'ai su par la suite. Ils me jetèrent dans un véhicule pour prendre la direction de la capitale. Mais avant de nous rendre à la prison, les agents firent plusieurs tours dans les rues de la ville, alors que j'avais les yeux bandés, pour ne pas pouvoir reconnaître les lieux. J'ai failli vomir de faim, de fatigue et à force de tourner dans ces ténèbres. Et finalement la voiture qui dégageait de mauvaises odeurs s'arrêta et mes geôliers m'emmenèrent vers un nouveau cachot de pierres. …En entrant, le chef me dit : " Tu es maintenant entre des mains sûres. Tu es avec des agents de la sûreté nationale. Nous t'avons ramené vers la capitale pour poursuivre les investigations avec toi car le premier interrogatoire n'était pas concluant ".

C'est ainsi que commença une nouvelle étape avec les tortionnaires et l'interrogatoire. Des milliers de questions sortaient de leurs bouches jour et nuit, chacun prenant le relais de l'autre pour m'interroger. Puis c'était tout un groupe qui me questionnait en même temps. Les questions s'enchevêtraient (…)
(…) J'étais alors convaincu que ces tortionnaires étaient des malades mentaux, leur seul souci est de jouir des supplices qu'ils faisaient subir aux prisonniers. (…)
(…) Les tortionnaires contemplaient les séquelles de blessures sur mon corps contractées durant la grande guerre de libération, lorsque nous affrontions le féroce ennemi colonial, poitrines et pieds nus. Ils regardaient les cicatrices des orifices de balles, éteignaient dessus leurs mégots de cigarettes et les trituraient avec des barres métalliques chauffées, tout en s'interrogeant avec ironie : " s'agit-il vraiment de cicatrices de balles de l'ennemi ou de morsures de chiens ? ". Un autre ajoutait : " effectivement, il s'agit bien de séquelles de morsures ici ". Un troisième s'interrogeait : " est-ce que vraiment le moudjahid était courageux et affrontait les canons et les tirs de mitraillettes….Montres-nous ta bravoure ! " Et leurs ongles s'enfonçaient sauvagement dans mon corps, déchirant les cicatrices de mes anciennes plaies.
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Message par Sphinx Sam 26 Sep - 15:21

Mes tortionnaires ne désespéraient pas de me vaincre psychologiquement. Ils eurent recours à une nouvelle méthode qui leur permettait de se reposer un peu avant de reprendre d'autres séances d'interrogatoires. Ils attachaient mes poignets avec des menottes au plafond et me laissaient suspendu, les pieds pendants. Je restais dans cette position un bout de temps, au point de sentir mes os se désarticuler les uns des autres. Un tortionnaire me mettait un cours instant une chaise sous les pieds, permettant à mon corps de se soulager. Puis soudainement, il l'enlevait. Je me sentais alors plongeant dans un ravin profond (…).

(…) Alors que j'étais dans les ténèbres de ma cellule, j'ai entendu frapper à ma porte puis le bruit de clés et la voix du geôlier qui s'élevait en disant : " Prends tes affaires et soit prêt pour sortir. Tu viens d'être amnistié… le procureur t'attend… ". Je lui ai alors dit, tout en ramassant mes maigres affaires : " En quelle occasion, le pouvoir m'a amnistié ? ". Il me répondit d'une manière ferme pour éviter de prolonger la discussion avec moi : " Ne sais-tu pas que cette nuit est celle du 1er novembre 1968 ? ". Je sortis de la cellule vers la grande salle, mains et pieds enchaînés, avançant entre deux rangées de gardiens qui surveillaient les nombreuses cellules aux portes métalliques. ….Nous entendîmes des coups de feu et des youyous de femmes à l'extérieur. Les geôliers se mirent à me faire plusieurs tours puis me descendirent à travers des escaliers en pierre pour aboutir à un passage. Avant même de me mettre debout, un gardien me poussa vers une porte métallique et son collègue me surpris de derrière d'un violent coup de pied. J'ai failli tomber à terre et je me suis alors retrouvé dans une autre cellule… J'ai été accueilli par un vent froid et je commençais à connaître les contours de ma nouvelle cellule que m'avaient offerts mes geôliers en cette nuit grandiose du 1er novembre. …Je découvrais qu'il s'agissait d'un vaste WC construit pour les besoins de toute la prison ! ?

(…) J'étais profondément épuisé. Je ne pouvais supporter mon corps de par sa maigreur et les séquelles des plaies dues aux tortures, quand soudain vint se dresser devant moi, un gros rat, au regard perçant. J'ai essayé de le chasser avec mon broc, mais je craignais que ce dernier tombe dans la fosse. Puis avec un pan de mes vêtements, j'ai pu le faire reculer. Il disparut dans le trou de la fosse, poussant des cris de protestation probablement contre ma présence sur son territoire. Je fus rassuré momentanément de sa disparition. Il ne tarda pas à revenir avec une armée d'autres rats. J'ai reculé, effrayé, m'appuyant sur le mur, tout en puisant toutes les forces qui me restaient pour affronter les rats de la prison. Et je me suis souvenu que nous étions la nuit du 1er novembre ! Je me suis aussi souvenu de mon enfance dans mon village tranquille et paisible quand je pêchais avec mes proches, des poissons dans les oueds et les ruisseaux…. et chassais les oiseaux multicolores dans la forêt. Puis je me suis souvenu de ma tendre jeunesse quand je participais avec les héroïques moudjahidines à la chasse de l'ennemi et à leur poursuite en tous lieux sur notre vaste terre sacrée. Mais après toute cette époque riche en faits et en victoires, je me retrouve aujourd'hui prisonnier, entre quatre murs, dans les profondeurs de la terre……cerné par des rats, la nuit du 1er novembre ! ! ! ! (…).
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Message par Sphinx Sam 26 Sep - 15:22

Année 1970.
Octobre. Assassinat de Krim Belkacem, membre fondateur du FLN, ministre des Affaires Etrangères du GPRA et signataire des accords d'Evian. Témoignage de Hocine Aït Ahmed sur la mort de Krim et sur les techniques "d'approche " des opposants par la sinistre police politique (SM). Extraits. (5)
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Message par Sphinx Sam 26 Sep - 15:23

C'est dans sa chambre d'hôtel à Francfort que Krim Belkacem fut étranglé avec sa propre cravate. Il n'a été découvert qu'après plus de vingt-quatre heures par le personnel de l'établissement. A l'évidence, le forfait ne pouvait être perpétré que par un familier de la victime. La police allemande a fait son travail ; les tueurs lui avaient d'ailleurs facilité la tâche. N'avaient-ils pas laissé des documents compromettants dans une serviette abandonnée à la consigne de l'aéroport ? On a su ainsi qu'ils étaient au nombre de trois dont le commandant H'mida Aït Mesbah, chef du service opérationnel de la Sécurité Militaire (SM) et qui sera décoré….lors des cérémonies du trentième anniversaire de la révolution, le 1er novembre 1984 !

Je peux révéler aujourd'hui que le malheureux Krim était tombé dans un guet-apens. Voici les faits : la SM avait mis au point un scénario de coup d'Etat et lui avait proposé d'en prendre la tête. Pour les besoins de la cause, Aït Mesbah, qui connaissait bien Krim depuis la guerre, s'était converti à l'opposition. Tout était fin prêt pour la prise du pouvoir, avait-il expliqué à Krim. La proclamation annonçant la chute de Boumediene était même enregistrée. Un gouvernement était constitué : autour de Krim, président de la République, siégeait Aït Mesbah à l'Intérieur ; Mouloud Kaouane, personnage peu recommandable, écopait de la…Justice ; la Défense revenait au colonel Mohamed Salah Yahiaoui, mais on avait omis de le consulter….

C'est d'abord en France que le complot, c'est-à-dire l "assassinat de Krim, devait se dérouler. Il était question de faire disparaître le corps dans une villa louée à cette occasion en Provence. J'ai des raisons de penser que la police française en avait eu vent ; Krim s'est vu interdire de séjourner sur le territoire français sans autorisation préalable. Les préparatifs du coup d'Etat se sont transposés ailleurs et c'est ainsi que le rendez-vous fatal eut lieu à Francfort.

Comment Krim, qui n'était pas né de la dernière pluie a-t-il pu se faire avoir de la sorte ? La question se pose d'autant plus qu'il était expressément informé de la finalité réelle de la conspiration à laquelle il avait accepté de participer. Il était très précisément affranchi sur le rôle confié à Aït Mesbah. Là-dessus, je n'ai aucun doute pour la bonne raison que je l'ai moi-même mis en garde.

On comprendra sans mal que je ne puisse pas dévoiler mes sources. En revanche, je peux dire que c'est par le truchement d'un haut fonctionnaire suisse aujourd'hui à la retraite que je m'étais empressé de communiquer à Krim Belkacem ce que je savais de l'attentat qui se tramait contre lui, et cela plusieurs semaines avant son exécution. (…)

(…) Il convient d'ajouter toutefois que Krim n'était pas le seul visé. Environ un an avant que Krim soit "approché ", j'ai eu droit à la sollicitude des agents de la SM, déguisés en opposants purs et durs. Le piège dans lequel est tombé Krim était exactement identique à celui qui m'était tendu. A croire que la SM manque d'imagination…

Aït Mesbah, flanqué de deux compères, était venu en Suisse pour me proposer d'être la figure de proue du coup d'Etat avant d'être nommé président de la République. Bien entendu, il avait commencé par instruire le procès de Boumediene et de son régime ; il m'avait longuement expliqué comment le mécontentement dans le pays et l'armée avait atteint les limites de l'intolérable. Aït Mesbah ne dissimulait pas ses fonctions au sein de la SM. Mieux : c'est en tant que chef du service opérationnel disposant d'une force de frappe décisive qu'il m'entretenait. D'ailleurs, suprême habilité, il ne me demandait rien, sinon de donner mon assentiment à l'opération. En clair, il m'offrait le pouvoir sur un plateau d'argent.

J'ai décliné son offre en disant que j'étais par principe hostile à toute opération de ce genre. (…)
(…) Mais notre barbouze ne s'est pas estimé vaincu pour autant. Il est revenu obstinément à la charge, mais j'ai refusé tout aussi obstinément de le rencontrer. Il a continué à m'envoyer assidûment des rapports relatant ses efforts pour élargir l'implantation du FFS en Algérie. De guerre lasse, il a fini par lâcher prise. Plus exactement par changer de cible.

Toujours est-il que lorsque j'ai appris que le même individu avait pris langue avec Krim, j'ai éprouvé aussitôt les pires appréhensions, lesquelles, hélas, n'étaient pas infondées.
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Message par Sphinx Sam 26 Sep - 15:29

Année 1971.
diffusé en avril 1971 par le parti communiste algérien (Parti de l'avant-garde socialiste d'Algérie, PAGS) faisant état de tortures et de harcèlements de ses militants par le régime du colonel Boukharouba.



Extraits d'un tract diffusé :Un document sur la torture dans l'Algérie indépendante (1971)
voir le lien suivant:http://www.algeria-watch.de/farticle/docu/pags_torture.htm
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Message par Sphinx Sam 26 Sep - 15:32

Ce n'est pas la première fois que la famille de notre camarade Benzine est l'objet de ces méthodes ignobles : perquisition, arme au poing, en 1966 ; interrogatoires de Mme Benzine par la P.R.G. en mars dernier assortis de chantage à l'expulsion ; provocations, filatures, etc.…

Rappelons aussi qu'en janvier dernier les femmes de nos camarades Sadek Hadjerès et Boualem Khalfa ont fait l'objet de multiples menaces, proférés par téléphone, d'enlèvement de leurs enfants. De même le fils de notre camarade Bachir Hadj Ali a été enlevé, battu, séquestré et menacé d'être abattu en janvier également.
Ces faits montrent non seulement que la torture n'a pas reculé en Algérie, mais qu'elle s'est même aggravée au point que les tortionnaires s'attaquent aux familles de militants et torturent leurs enfants !

Les raisons en sont évidentes : aucune mesure n'a été prise pour juguler cette plaie qui demeure la honte de notre pays. Notre parti n'a cessé depuis des années de dénoncer la torture et les tortionnaires, les illégalités et les crimes contre la dignité de l'homme.

La publication de " L'Arbitraire " (récit de tortures subies par notre camarade Bachir Hadj Ali après son arrestation en septembre 1965) et des " Torturés d'El Harrach " (copies des plaintes déposées pour tortures par de nombreux militants de notre Parti arrêtés également à la même époque) n'ont pas arrêté la main des tortionnaires. Aucune plainte pour torture n'a jamais été instruite par les tribunaux. Les tortionnaires de 1965 sont toujours là. Certains ont bénéficié de promotions.

C'est le même Belhamza dénoncé dans le récit de Hadj Ali qui a torturé en juillet-août 1968 Nacer Djelloul et Djamal Labidi, membres du comité exécutif de l'Union Nationale des Etudiants Algériens, ainsi que Mohamed Téguia, ancien député, ancien officier de l'ALN et invalide de guerre. Ce dernier, atteint de graves troubles nerveux à la suite des tortures, fait l'objet encore de soins à l'heure actuelle.

On ne torture pas seulement à la Sécurité Militaire, mais dans tous les services de police, à la PRG (police politique), à la gendarmerie et même dans les commissariats. Que ce soit à Alger, à Oran, à Rouiba (en décembre 1967), à Constantine, à Sétif ou ailleurs, la plupart de nos camarades ou des étudiants arrêtés ont subi de graves sévices que nous avons dénoncés en leur temps. Dans la " Voix du Peuple " n° 35 du 7 juillet 1970 nous signalions le cas d'un ouvrier de Ain Témouchent, père de 7 enfants, torturé à mort parce que soupçonné de vol, alors que l'enquête a établi par la suite qu'il était innocent.

Les épouses et les jeunes filles ne sont pas à l'abri de méthodes encore plus ignobles. En 1968, dans les locaux de la " Sécurité Militaire " à Alger, les femmes de Nacer Djelloul et Djamel Labidi ont été menacées devant leurs maris d'être violées et on a poussé l'ignominie jusqu'à commencer à les déshabiller. En janvier des étudiantes ont été menacées d'être violées " de toutes les façons possibles " si elles ne parlaient pas. Et effectivement, un policier entrait dans le local d'interrogatoire et commençait à se déshabiller !
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