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Géopolitique du Turkménistan

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Personne à contacter Géopolitique du Turkménistan

Message par Syfou Jeu 10 Mar - 22:31

Géopolitique sino-russo-turko-iranienne

Géopolitique du Turkménistan  Untitl30


L’inauguration du pipeline Dauletabad-Sarakhs-Khangiran, mercredi dernier, reliant la région iranienne du nord de la Caspienne au vaste champ gazier du Turkménistan n’a peut-être pas été remarquée dans la cacophonie des médias occidentaux, selon lesquels c’est « apocalypse now » pour le régime islamique à Téhéran.

Cet événement envoie des messages forts pour la sécurité régionale. En l’espace de trois semaines, le Turkménistan a confié la totalité de ses exportations de gaz à la Chine, à la Russie et à l’Iran. Ce pays n’a aucun besoin urgent des pipelines dont les Etats-Unis et l’Union Européenne ont fait la promotion. Percevons-nous les notes lointaines d’une symphonie russo-sino-iranienne ?

Le pipeline turkmène-iranien de 182 kilomètres démarre modestement avec le pompage de 8 milliards de mètres cubes (Mm3) de gaz turkmène. Mais sa capacité annuelle est de 20 Mm3 et cela répondrait aux besoins énergétiques de la région iranienne de la Caspienne et permettrait ainsi à l’Iran de libérer pour l’exportation sa propre production de gaz dans ses champs gaziers méridionaux. L’intérêt mutuel est parfait : Achgabat obtient un marché garanti auprès de son voisin ; le nord de l’Iran peut consommer sans crainte de pénuries hivernales ; Téhéran peut générer plus de surplus pour l’exportation ; le Turkménistan peut rechercher des routes de transit vers le marché mondial via l’Iran ; et l’Iran peut aspirer à tirer avantage de son emplacement géographique excellent, comme hub [nœud gazier] pour les exportations turkmènes.

Nous assistons à un nouveau modèle de coopération énergétique au niveau régional qui se passe des majors pétrolières. La Russie prend traditionnellement la tête. La Chine et l’Iran suivent l’exemple. La Russie, l’Iran et le Turkménistan détiennent respectivement la première, la deuxième et la quatrième réserves mondiales de gaz. Et la Chine sera le consommateur par excellence dans ce siècle. Cette affaire a des conséquences profondes pour la stratégie mondiale des Etats-Unis.

Le pipeline turkmène-iranien nargue la politique iranienne des Etats-Unis. Les Etats-Unis menacent l’Iran de nouvelles sanctions et prétend que Téhéran est de « plus en plus isolé ». Mais l’avion présidentiel de Mahmoud Ahmadinejad s’envole pour une tournée en Asie Centrale, il atterrit à Achgabat, où son homologue turkmène, Gurbanguly Berdymukhammedov, lui déroule le tapis rouge, et, un nouvel axe émerge. La diplomatie coercitive de Washington n’a pas marché. Le Turkménistan, avec un produit national brut de 18,3 milliards de dollars (env. 12,7 Mds €), a défié l’unique superpuissance (PNB US = 14.200 milliards de dollars) – et, pire encore, il s’arrange pour que cela ressemble à de la routine.

Il y a également des intrigues secondaires. Téhéran soutient avoir passé un accord avec Ankara pour transporter le gaz turkmène vers la Turquie via le pipeline existant de 2.577 km reliant Tabriz, au nord-ouest de l’Iran, à Ankara. En effet, l’orientation de la diplomatie turque en matière de politique étrangère est indépendante. La Turquie aspire également à être un hub pour les approvisionnements énergétiques de l’Europe. Il se pourrait bien que l’Europe soit en train de perdre la bataille pour établir un accès direct à la Caspienne.

Deuxièmement, la Russie ne semble pas perturbée par la Chine qui pompe l’énergie de l’Asie Centrale. Les besoins européens en matière d’importation énergétique depuis la Russie ont chuté et les pays producteurs d’Asie Centrale se tournent vers le marché chinois. Pour les Russes, les importations chinoises ne devraient pas priver la Russie d’énergie (pour sa consommation intérieure et ses exportations). La Russie a établi une présence suffisamment profonde dans le secteur de l’énergie en Asie Centrale et dans la Caspienne, pour s’assurer qu’elle n’est confrontée à aucune pénurie d’énergie.

Ce qui importe le plus pour la Russie est que son rôle dominant en tant que fournisseur d’énergie numéro un de l’Europe ne soit pas diminué. Tant que les pays d’Asie Centrale n’ont aucun besoin actuel pour de nouveaux pipelines trans-Caspienne, soutenus par les Etats-Unis, la Russie est satisfaite.

Durant sa récente visite à Achgabat, le président russe, Dimitri Medvedev, a normalisé les liens énergétiques russo-turkmènes. La restauration des liens avec le Turkménistan est un progrès majeur pour les deux pays. Un, une relation gelée est en train de se réchauffer à vitesse grand V, dans laquelle le Turkménistan maintiendra un approvisionnement annuel de 30 Mm3 à la Russie. Deux, pour citer Medvedev, « Pour la première fois de l’histoire des relations russo-turkmènes, les fournitures de gaz s’effectueront sur la base d’une formule de prix qui est absolument en ligne avec les conditions du marché du gaz européen ». Les commentateurs russes disent que Gazprom trouvera qu’il n’est pas profitable d’acheter le gaz turkmène et, si Moscou a choisi de payer un prix élevé, c’est avant tout à cause de sa détermination à ne pas laisser de gaz qui puisse être écoulé dans des pipelines alternatifs, par-dessus tout dans le projet Nabucco soutenu par les Etats-Unis.

Troisièmement, contrairement à la propagande occidentale, Achgabat ne considère pas le pipeline chinois comme un substitut à Gazprom. La politique de fixation des prix par la Russie assure qu’Achgabat voit Gazprom comme un client irremplaçable. Le prix à l’exportation du gaz devant être vendu à la Chine est toujours en cours de négociation et le prix convenu ne peut tout simplement pas s’aligner sur l’offre russe.

Quatrièmement, la Russie et le Turkménistan ont réitéré leur engagement au Pipeline Côtier de la Caspienne (qui courra le long de la côte est de la Caspienne en direction de la Russie) avec une capacité de 30 Mm3. Evidemment, la Russie espère collecter du gaz supplémentaire d’Asie Centrale et du Turkménistan (et du Kazakhstan).

Cinquièmement, Moscou et Achgabat ont convenu de construire ensemble un pipeline raccordant tout le gaz turkmène à un unique réseau afin que les pipelines conduisant vers la Russie, l’Iran et la Chine puissent pomper le gaz depuis tous les champs gaziers.

En effet, contre cette toile de fond qu’est l’intensification de la poussée des Etats-Unis en direction de l’Asie Centrale, la visite de Medvedev à Achgabat a un impact sur la sécurité régionale. Lors de la conférence de presse conjointe avec Medvedev, Berdymukhammedov a déclaré que les vues du Turkménistan et de la Russie sur le processus régional, en particulier en Asie Centrale et la région de la Caspienne, étaient généralement les mêmes. Il a souligné que les deux pays partageaient la vision que la sécurité de l’un ne peut être résolue aux dépens de l’autre. Medvedev a convenu qu’il y avait similarité ou unanimité entre les deux pays sur les questions liées à la sécurité, et il a confirmé qu’ils étaient prêts à travailler ensemble.

La diplomatie des pipelines des Etats-Unis dans la Caspienne, qui s’est efforcée de contourner la Russie, écarter la Chine et isoler l’Iran, a sombré. La Russie projette désormais de doubler sa consommation de gaz azerbaïdjanais, réduisant ainsi un peu plus la capacité des Occidentaux à retenir Bakou comme fournisseur pour Nabucco. En tandem avec la Russie, l’Iran apparaît également comme un consommateur de gaz azerbaïdjanais. En décembre, l’Azerbaïdjan a signé un accord pour livrer du gaz à l’Iran à travers le pipeline de 1.400 km Kazi-Magomed-Astara.

Le « tableau d’ensemble » est que les pipelines russes, South Stream et North Stream, qui fourniront du gaz à l’Europe du Nord et à l’Europe du Sud, ont atteint une vitesse irréversible. Les obstacles pour North Stream ont été levés, alors que le Danemark (en octobre), la Finlande et la Suède (en novembre), l’Allemagne (en Décembre) ont approuvé ce projet sur l’angle environnemental. La construction de ce pipeline commencera au printemps.

Ce pipeline de 12 milliards de dollars, construit conjointement par Gazprom, les Allemands E.ON Ruhrgas et BASF-Wintershall, ainsi que la firme de transport de gaz néerlandaise Gasunie, évite les routes de transit de l’ère soviétique, qui passaient par l’Ukraine, la Pologne et la Biélorussie, et suivra un itinéraire depuis le port de Vyborg au Nord-Ouest de la Russie vers le port allemand de Greifswald, le long d’une route longue de 1.220 km sous la Mer Baltique. Le premier tronçon de ce projet, qui aura une capacité de 27,5Mm3 par an, sera terminé l’année prochaine et sa capacité doublera d’ici 2012. North Stream affectera profondément la géopolitique de l’Eurasie, les équations transatlantiques et les liens de la Russie avec l’Europe.

Si l’on en doutait, 2009 s’est avérée être une année où la « guerre pour l’énergie » a pris de la vitesse. Le pipeline chinois inauguré par le Président Hu Jintao le 14 décembre, le terminal pétrolier près de la ville portuaire de Nakhodka dans l’extrême orient russe, inauguré par le Premier ministre Vladimir Poutine le 27 décembre (qui sera desservi par le pipeline gigantesque de 22 milliards de dollars depuis les nouveaux champs pétroliers en Sibérie orientale conduisant à la Chine et aux marchés de la zone Asie-Pacifique) et le pipeline iranien inauguré par Ahmadinejad le 6 janvier démontrent que la carte énergétique de l’Eurasie et de la Caspienne a été virtuellement redessinée.

L’année 2010 commence sur une nouvelle note fascinante: La Russie, la Chine et l’Iran coordonneront-ils leurs futurs mouvements ou harmoniseront-ils au moins leurs intérêts concurrentiels ?
L’Ambassadeur M K Bhadrakumar a servi en tant que diplomate de carrière dans les services extérieurs indiens pendant plus de 29 ans. Parmi ses affectations : l’Union Sovétique, la Corée du Sud, le Sri Lanka, l’Allemagne, l’Afghanistan, le Pakistan, l’Ouzbékistan, le Koweït et la Turquie.

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Personne à contacter Re: Géopolitique du Turkménistan

Message par Sphinx Dim 13 Mar - 14:32

La géopolitique des pipelines à un tournant capital - Le Turkménistan réserve ses fournitures de gaz à la Chine, la Russie et l’Iran

Géopolitique du Turkménistan  Asie_c10

En janvier dernier, l’inauguration du gazoduc Dauletabad-Sarakhs-Khangiran reliant le nord de l’Iran dans le bassin de la mer Caspienne aux gisements gaziers turkmènes est sans doute passée inaperçue dans la cacophonie médiatique occidentale, pour qui le régime islamique de Téhéran vit son Apocalypse Now.

L’événement est lourd de messages concernant la sécurité de la région. En l’espace de trois semaines, le Turkménistan a décidé d’attribuer la totalité de ses exportations de gaz à la Chine, la Russie et l’Iran : il est d’autant moins intéressé par les projets de tracés proposés par les États-Unis et l’Union Européenne. Entendons-nous au loin les notes d’une symphonie jouée de concert par la Russie, la Chine et l’Iran ?

Géopolitique du Turkménistan  Iran-a10

Ce gazoduc, long de 182 km, a beau démarrer modestement avec une capacité de 8 milliards de mètres cubes (8 G.m3) de gaz, sa capacité annuelle n’en est pas moins de 20 G.m3. Ce volume satisferait, en Iran, les besoins des habitants de la plaine côtière de la mer Caspienne et permettrait à Téhéran de réserver à l’exportation la production des puits gaziers exploités dans le sud de son territoire. Le contrat satisfait pleinement les deux parties : Achgabat s’assure un marché à ses portes ; le nord de l’Iran n’a plus à réduire sa consommation par crainte des pénuries en hiver et Téhéran peut donc affecter ses surplus à l’exportation. De plus, via l’Iran, le Turkménistan peut développer d’autres voies de transport vers le reste du monde. Aussi l’Iran peut-il espérer jouir pleinement des avantages de sa position géographique parfaite pour servir de terminal aux exportations gazières turkmènes.

Nous assistons à une redistribution des cartes de la coopération énergétique au niveau régional qui n’a que faire des « supermajors » du pétrole . Comme d’accoutumée, la Russie mène le jeu ; la Chine et l’Iran suivent l’exemple. La Russie, l’Iran et le Turkménistan occupent respectivement le premier, le second et le quatrième rang mondial pour ce qui est des réserves de gaz. Par ailleurs la Chine va s’imposer, au cours de ce siècle, le grand pays importateur par excellence. Tout cela a des conséquences capitales sur la stratégie globale des États-Unis.

Géopolitique du Turkménistan  Pipeli10

Le gazoduc construit par l’Iran et le Turkménistan fait fi de la politique américaine envers l’Iran. Les États-Unis menacent l’Iran de nouvelles sanctions et prétendent que « Téhéran se trouve de plus en plus isolé. » Mais l’on voit malgré tout Mahmoud Ahmadinejad parcourir l’Asie Centrale à bord de son jet présidentiel, être accueilli sur un tapis rouge à Achgabat par son homologue Gurbanguly Berdymukhammedov, et devant nos yeux émerge un nouvel axe économique. La diplomatie coercitive des États-Unis n’a pas porté ses fruits. Le Turkménistan, dont le produit national brut atteint 18,3 milliards de dollars, a bravé l’unique superpuissance (au PNB de 14,2 billions de dollars – 14,2.1012 ou 14 200 milliards). Pire encore, il a traité le dossier comme une affaire courante.

Ce drame comporte aussi ses ramifications. Pour commencer, Téhéran affirme avoir scellé un accord avec Ankara pour exporter le gaz turkmène vers la Turquie en passant par le gazoduc existant, long de 2 577 km, reliant Tabriz, dans le nord de l’Iran, et Ankara. On le voit, la Turquie mène sa politique étrangère de manière indépendante, aspirant elle aussi à devenir une plaque-tournante dans la distribution de gaz vers les marchés européens. L’Europe pourrait ainsi perdre la bataille qu’elle mène pour s’octroyer un accès direct aux réserves du bassin de la mer Caspienne.

Deuxièmement, la Russie ne semble pas s’inquiéter à l’idée que la Chine trouve des sources d’approvisionnement énergétique Asie Centrale. La demande européenne de gaz russe a chuté et les pays producteurs d’Asie Centrale s’installent sur le marché chinois. La Russie ne devrait connaître aucun problème d’approvisionnement particulier en conséquence des importations chinoises (que ce soit pour sa consommation intérieure ou pour ses exportations). Elle est suffisamment bien implantée sur le marché de l’énergie en Asie Centrale, et autour de la mer Caspienne, pour éviter toute pénurie d’énergie.

Ce qui importe plus que tout, pour la Russie, c’est de ne pas voir s’éroder son statut de premier fournisseur d’énergie vers l’Europe. Tant que les pays producteurs d’Asie Centrale ne manifestent aucune demande pressante pour la construction de nouveaux pipelines transcaspiens sous tutelle américaine, la Russie n’a rien à redire.

Au cours de sa récente visite à Achgabat, le Président russe Dmitri Medvedev a normalisé les relations entre la Russie et le Turkménistan au sujet des questions énergétiques. Ce resserrement des liens avec le Turkménistan constitue une avancée majeure pour les deux pays. Premièrement, le réchauffement significatif de leurs relations permet au Turkménistan de maintenir l’exportation vers la Russie d’un volume annuel de 30 G.m3 de gaz. Deuxièmement, pour citer Medvedev : « Pour la première fois dans l’histoire des relations qui unissent la Russie et le Turkménistan, la base de calcul de prix pour l’approvisionnement en gaz sera élaborée de manière absolument comparable à celle des marchés européens. » Certains commentateurs russes affirment que Gazprom ne tirera aucun profit à acheter le gaz turkmène et qu’en outre, si Moscou a accepté de payer le prix fort, c’est d’abord parce que le Kremlin est résolu à ne pas laisser un seul mètre cube de gaz à la disposition d’autres projets de gazoducs, et surtout pas le Nabucco, un projet soutenu par les États-Unis.

Troisièmement, et contrairement à ce que distille la propagande occidentale, Achgabat ne voit pas dans le gazoduc chinois une solution de remplacement à Gazprom. La politique des prix pratiquée par la Russie constitue une garantie que Gazprom demeure un client irremplaçable pour le Turkménistan. Les négociations sur le prix de vente du gaz attribué à la Chine se poursuivent, mais le tarif final ne pourra jamais concurrencer l’offre russe.

Quatrièmement, la Russie et le Turkménistan ont réitéré leur engagement pour développer le gazoduc transcaspien le long de la côte est de la mer Caspienne jusqu’à la Russie, dont la capacité atteindra 30 G.m3. A l’évidence, grâce aux réserves turkmènes (et kazakhs), la Russie espère centraliser de plus grandes quantités de gaz naturel en provenance d’Asie Centrale.

Cinquièmement, Moscou et Achgabat se sont également entendus pour construire conjointement un gazoduc est-ouest reliant tous les puits de gaz turkmènes à un même réseau afin de permettre l’acheminement de gaz vers la Russie, la Chine et l’Iran depuis n’importe quel gisement.

On le voit bien, dans le contexte d’intensification des avancées américaines en Asie Centrale, la visite de Medvedev à Achgabat n’est pas sans conséquences sur la sécurité de la région. Lors d’une conférence de presse commune avec Medvedev, Berdymukhammedov déclarait que Moscou et Achgabat partageaient une vision générale sur la situation de la zone, en particulier à propos de l’Asie Centrale et du bassin de la mer Caspienne. Il a également souligné le fait que les deux pays ne considèrent pas la sécurité de l’un sans envisager celle de l’autre. Medvedev confirmait quant à lui la similitude de leurs analyses, partagées unanimement, sur les sujets sécuritaires et leur volonté de travailler ensemble.

En cherchant à contourner la Russie, à laisser la Chine sur le bas-côté et à isoler l’Iran, la stratégie diplomatique de développement des pipelines mise en œuvre par les États-Unis dans la région de la mer Caspienne n’a pas fonctionné. La Russie prévoit à présent de doubler son importation de gaz en provenance d’Azerbaïdjan, entravant ainsi davantage les efforts occidentaux pour faire de Bakou un fournisseur du Nabucco. Aux côtés de la Russie, l’Iran émerge en tant qu’importateur de gaz azerbaïdjanais. En décembre, l’Azerbaïdjan signait un accord pour livrer du gaz à l’Iran via le gazoduc Kazi-Magomed-Astara qui s’étend sur 1 400 km.

Le moteur de ces développements est l’irrépressible élan pris par le South Stream et le North Stream russes, qui alimenteront en gaz l’Europe du Nord et du Sud. Les obstacles érigés contre le North Stream ont été levés après le feu vert, sur le plan environnemental, du Danemark (en octobre), de la Finlande, de la Suède (en novembre) et de l’Allemagne (en décembre). Les travaux de construction du gazoduc démarreront au printemps.

Gazprom, les industriels allemands E.ON Ruhrgas et BASF-Wintershall, et Gasunie, une entreprise néerlandaise de transport gazier, ont investi ensemble 12 milliards de dollars pour la construction du gazoduc North Stream, dont le parcours évite le tracé des voies de transit datant de l’époque soviétique traversant l’Ukraine, la Pologne et la Biélorussie. Long de 1 220 km, il part du port de Vyborg dans le nord-ouest de la Russie, passe sous la mer Baltique et débouche dans le port allemand de Greifswald. La capacité de 27,5 G.m3 (par an) sera atteinte l’année prochaine avec la mise en service d’un premier tronçon, avant de doubler en 2012. Le North Stream va profondément affecter la géopolitique de l’Eurasie, les équations transatlantiques et les liens entre la Russie et l’Europe.

De toute évidence, l’année 2009 a été une année historique dans la « guerre de l’énergie ». D’abord, l’inauguration du gazoduc chinois par le président Hu Jintao le 14 décembre, ensuite, celle du terminal pétrolier près du port de Nakhodka en Sibérie Orientale par le Premier Ministre Vladimir Poutine le 27 décembre (l’oléoduc qui le rejoint et qui relie les nouveaux gisements de la Sibérie Orientale à la Chine et aux nouveaux marchés asiatiques sur le Pacifique, pour un budget conséquent de 22 milliards de dollars), et enfin, celle du gazoduc iranien par Ahmadinejad le 6 janvier dernier. Subtilement, c’est presque toute la carte énergétique de l’Eurasie et de la région de la mer Caspienne qui s’est vue redessinée.

L’année 2010 démarre sur cette nouvelle interrogation fascinante : la Russie, la Chine et l’Iran vont-ils coordonner leurs prochaines actions ou, au moins, harmoniser leurs intérêts conflictuels ?

Source:*comite-valmy.org
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