Opposition politique au Niger

OPPOSITION POLITIQUE ARN: Les concertations stratégiques se poursuivent...

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Les concertations politiques se poursuivent au sein de l’opposition politique ARN. Le vendredi 27 mai dernier, le patron politique de l’ARN Tandja Mamadou tenait une réunion de concertation avec son principal allié le président de la CDS Mahamane Ousmane.

La réunion se tenait au domicile du président de la CDS. L’ancien Président de la République était accompagné à cette rencontre avec d’autres responsables de l’opposition notamment le chef de file de l’opposition Seïni Oumarou, président du MNSD.

Au cours de cette rencontre qui a duré plusieurs heures dans l’après-midi du vendredi, les chefs politiques de l’opposition devaient discuter des différentes questions liées au dernier processus électoral ainsi que les rapports avec la majorité politique. Les différentes rencontres avec le Président de la République, les échanges de vue ainsi que les premières appréciations de l’action gouvernementale conduite par le gouvernement de Issoufou Mahamadou devaient être aussi au menu des discussions entre les patrons de l’opposition politique. Quelle attitude adopter avec la majorité politique actuelle ? Faut-il appuyer sur l’accélérateur ou faut-il encore prolonger les délais de grâce ? Sans doute les questions autour de ces différentes stratégies étaient aussi à l’ordre du jour de la rencontre.

Pour l’instant, toutefois, l’heure semble encore à la diplomatie et aux petits réglages au sein de l’opposition. Il y a deux semaines, le Président de la République Issoufou Mahamadou rendait visite à l’ancien Président de la République Tandja Mamadou, quelques jours après sa sortie de la prison civile de Kollo où il était détenu pendant près de 7 mois. Par la suite, Tandja Mamadou allait être reçu en audience au palais présidentiel par le chef de l’Etat Issoufou Mahamadou. Signe d’une politique de décrispation décrété par le nouveau locataire du palais présidentiel, une escorte officielle sera donnée à Tandja Mamadou lors de sa visite au palais présidentiel. A ce ballet diplomatique entre chefs de fronts politiques, il faut aussi noter cette autre visite de courtoisie ou de bons offices rendue par le colonel à la retraite Tandja Mamadou à son chef militaire et ancien Président de la République le Général Ali Chaïbou.

Quel est l’enjeu politique lié à ce chassé-croisé diplomatique ? Il faut dire que pour cette dernière visite chez le Général Ali Chaïbou après plusieurs années de froid dans leurs rapports, Tandja Mamadou a voulu rattraper un gros retard dans ses relations avec l’ancien chef politique du MNSD. Ali Chaïbou et Tandja Mamadou sont, en effet, les premiers hauts responsables du MNSD encore parti-Etat. Il y a eu par la suite des situations difficiles entre les deux personnalités quand le MNSD a fait sa mutation pour devenir le MNSD-Nassara au cours d’un congrès chaud qui a vu l’élection de Tandja Mamadou à la tête du parti alors que Ali Chaibou se retirait de la vie politique. Depuis, sous la direction de Tandja Mamadou, le MNSD semblait avoir rudement tourné la page Ali Chaïbou, et les rapports entre les deux personnalités, Tandja Mamadou et Ali Chaïbou semblaient s’être considérablement distendus.

Il faut toutefois annoncer que la dernière rencontre entre les deux personnalités remonte à courant 2009 quand Ali Chaïbou a tenté de dissuader Tandja Mamadou dans son projet de rallonge constitutionnelle, démarche qui s’est soldée par un fiasco total. Aussi, la visite de l’ancien Président Tandja Mamadou chez Ali Chaïbou revêtait un double aspect : elle avait un caractère de visite de courtoisie à un ancien camarade d’armes et un ancien chef politique. Mais elle avait aussi ce sens de diplomatie de réchauffement des relations dans la perspective de remobiliser tous les courants politiques du parti et redonner toute son envergure à un MNSD-Nassara qui a enregistré un retentissant crash dans ses anciens fiefs de Niamey et Tillabéry.

Audience au palais présidentiel entre le Président de la République Issoufou Mahamadou et le chef de file de l’opposition Seïni Oumarou au mois d’avril, rencontres aller et retour entre Issoufou Mahamadou et Tandja Mamadou, ici il faut surtout dire que le Président de la République veut réussir le tour de force d’insuffler un climat de relations apaisées et étendre son champ de sympathie jusque dans les rangs d’une opposition dans laquelle il compte de très farouches adversaires. En ses débuts de prise de main de l’appareil de l’Etat et où les choses se présentent non sans quelques difficultés, le chef de l’exécutif Issoufou Mahamadou sait qu’il doit se ménager une bonne longueur des délais de grâce.

Dès sa prise de fonction il l’a indiqué, le pays sort d’une situation politique et économique très difficile et a besoin d’un consensus total des différents courants politiques pour le remettre sur pied. Un peu comme si le Président de la République voulait ouvrir une sorte de courte transition à travers un gouvernement d’union nationale lorsqu’il a invité l’opposition à participer au gouvernement. A défaut de cette large ouverture politique en direction de l’opposition, le Président de la République veut pour l’instant conduire une sorte de diplomatie active en direction des chefs de l’ARN.

Concertations sous surveillance de Hama Amadou et Mahamane Ousmane.

Quid de Mahamane Ousmane et Hama Amadou dans ce large processus de concertations stratégiques du côté de la majorité comme de l’opposition politique ? S’il n’y a encore rien de très officiel de ce côté, il apparaît cependant très clair que la majorité politique ne peut rien attendre du côté du parti de Mahamane Ousmane, et si Seïni Oumarou manifeste le moindre assouplissement de ses rapports avec la majorité politique, alors il va avoir des explications très difficiles avec l’aile radicale de l’opposition, une frange du MNSD et surtout la CDS de Mahamane Ousmane. Dans les rangs de l’opposition, on n’évoque déjà cette affaire de détournement des fonds de la campagne de l’ARN. Dans la campagne du second tour des élections présidentielles, Mahamane Ousmane a offert un montant de 250 millions de francs à Seïni Oumarou. Dans l’entourage de certains responsables MNSD et aussi de la CDS, on parle de mauvaise utilisation des ressources financières de la campagne et l’on hésite plus à parler de détournement.

Cette affaire constituerait très probablement un instrument de représailles entre les mains des ultras de l’opposition qui se recrutent notamment dans la section MNSD de Maradi de Ali Sabo et aussi dans l’entourage de Mahamane Ousmane. Si le principal adversaire de la CDS reste le PNDS, du côté de la majorité la formation politique de Hama Amadou reste l’ennemi historique du MNSD de Seïni Oumarou. A ce sujet, les choses sont très claires, Hama Amadou ne sera jamais favorable à un apaisement avec le MNSD de Seïni Oumarou qu’il voudrait écraser par tous les moyens. Le patron du MODENLumana ne s’est jamais guéri de la perte du MNSD que Seïni Oumarou lui a arraché, et cette souffrance a été renforcée par la cuisante défaite de Lumana face au MNSD qui lui a enlevé le rang de 2ème force politique.

PNDS-CDS d’un côté, Lumana-MNSD de l’autre, la bataille reste permanente et à l’intérieur du jeu politique si le chef de l’Etat Issoufou Mahamadou et le chef de file de l’opposition Seïni Oumarou, et aussi dans une certaine mesure Tandja Mamadou peuvent engager des rencontres de bons offices, il faut dire que tout cela se passera sous haute surveillance de part et d’autre de Hama Amadou et de Mahamane Ousmane.

par Ibrahim Elhadj dit Hima Roue de l’Histoire

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