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Syfou
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Post-it Analyse politique, stratégique et économique

Message par Syfou Mar 10 Aoû - 23:26

Edward W. Said : « La Question de Palestine »

Analyse politique, stratégique et économique  Edward10

Informer l’opinion américaine et occidentale sur la « réalité du traumatisme collectif national » du peuple palestinien. Permettre la compréhension d’une « situation pas très bien connue et certainement incorrectement appréhendée ».

Faire prendre conscience que la question de Palestine a été ignorée par les Sionistes et les Américains alors qu’elle constitue une « part concrète et importante de l’histoire ». Mettre en lumière le fait que la question juive en Europe chrétienne s’est résolue par la colonisation des terres palestiniennes par les Sionistes, contraignant les Palestiniens musulmans et chrétiens à quitter leur patrie pour devenir des réfugiés. Faire de la question de Palestine « un objet de discussion et de compréhension » afin de la sortir du gouffre de l’Histoire et de l’état d’isolement dans laquelle elle a été confinée.

Tels sont quelques uns des objectifs qui ont incité Edward W. Said à publier, en 1979, La Question de Palestine . Réédité en 1992, cet ouvrage de 383 pages vient d’être publié en langue française, aux Éditions Actes Sud.

A travers cet essai historique et politique, l’auteur qui se positionne comme Palestinien précise la nature de son intervention. Ni expertise. Ni ‘témoignage personnel. Mais un ouvrage basé sur des faits vécus et une certaine conception des droits de l’homme et sur les contradictions d’une expérience sociale. Par ailleurs, E. W. Said remet en cause la « neutralité du langage » des études politiques universitaires sur le Moyen-Orient qui légitiment le sionisme lequel reproduit à l’égard du peuple arabe palestinien les préjugés occidentaux à l’égard de l’Islam, du monde arabe et du Moyen-Orient. Cette attitude nous déshumanise, nous ravale au niveau d’une nuisance à peine tolérée, écrit-il dans son introduction.

La Palestine ou l’histoire d’un peuple « juridiquement absent »

La Palestine... Un territoire colonisé par l’État sioniste dont le peuple a été persécuté par l’Europe chrétienne durant la première moitié du 20e siècle. Un peuple ‘reconnu comme l’archétype de la victime de l’Histoire qui à son tour expulse, opprime, étouffe, tue, assassine... « Des victimes de l’Holocauste, persécutrices d’un autre peuple (...) devenu victime des victimes.
Les Palestinien(ne)s... Un peuple expulsé de son territoire, qui depuis plus de soixante années, date de la Naqba (catastrophe), subit la politique expansionniste, discriminatoire et éliminatoire de l’Etat d’Israël et son lot de conséquences tragiques : ‘la dépossession, la dispersion, la dépendance, l’exil et toutes les caractéristiques de l’existence fragmentée et déstructurée d’un peuple errant bafoué dans ses droits les plus élémentaires et dans son droit de vivre libre et digne sur sa terre.

Un territoire et un peuple désigné en termes de « réfugiés » ou « d’extrémistes », « incompris », ignorés », qui vivent une expérience unique dans la région du Moyen-Orient : la rencontre dramatique et traumatisante avec le sionisme. Un drame national et collectif qui met en évidence « une histoire politique d’une complexité inhabituelle et même sans précédent » dont la situation demeure entière, non résolue, apparemment incontrôlable, irréductible.

« Les Palestiniens dans le discours occidental »

Selon E. W. Said, la détermination des Palestinien(ne)s d’imposer l’Organisation de Libération de la Palestine (O.L.P.) comme l’authentique dirigeante du peuple palestinien a joué un rôle important dans la modification de la conscience occidentale vis-à-vis des droits palestiniens. Car de son point de vue,’ ils proposaient un programme clair (...) qui incarnait une nation en exil plutôt qu’il ne faisait partie d’un vague rassemblement d’individus et de petits groupes vivant ici et là. La mobilisation et le travail structuré des Palestiniens et des dirigeants politique ont ainsi permis à la cause palestinienne de gagner en visibilité, d’entrer dans le discours américain et d’obtenir la reconnaissance, l’adhésion et le soutien d’organisations internationales (O.N.U., la Ligue arabe....) ; d’organisations transnationales (Organisation de l’unité africaine, Le Vatican) ; d’organisations non gouvernementales...

Le terrorisme a-t-il porté préjudice à la lutte du peuple palestinien. ? Pour E. W. Said, les actions terroristes menées par des Palestiniens ont crée un amalgame entre le mouvement national palestinien et les actions politiques palestiniennes terroristes qui ont eu lieu dans un contexte défini et des circonstances bien particulières. En effet, devant la détermination acharnée d’Israël à accélérer le processus pour réduire, pour minimiser les palestiniens puis pour s’assurer de leur absence en tant que présence politique et humaine dans l’équation du Moyen-Orient, les Palestiniens ont répondu, à la fin des années 1960, et début des années 1970, par des assassinats, des détournements d’avions, des prises d’otages, des attentats. Cependant, l’auteur souligne le fait que les attaques punitives des Israéliens (terrorisme d’Etat) en guise de réponse aux actions terroristes sont plus importantes et ont causé plus de dommages aux Palestiniens. ‘Le nombre de Palestiniens tués, l’ampleur des pertes matérielles, les privations physiques, politiques, psychologiques, a très largement excédé les dommages infligés aux Israéliens par les Palestiniens, écrit-il. Puis il attire l’attention sur le caractère asymétrique de la situation des Palestiniens en mettant l’accent sur l’extraordinaire disproportion, ou asymétrie, entre, d’un côté, la situation des palestiniens en tant que peuple affligé, dépossédé et bafoué, et, de l’autre côté, Israël en tant « qu’État du peuple juif », instrument direct de la souffrance des palestiniens, -qui- est à la fois énorme et largement ignorée.

Ignorée, d’une part, par les présidents américains qui refusent de reconnaître la lutte des Palestiniens pour leurs droits alors qu’ils n’hésitent pas un seul instant à célébrer le combat des dissidents russes, afghans, chinois...

Et d’autre part, par des intellectuels engagés et d’ex-politiciens qui n’approuvent pas la politique d’Israël à l’égard des Palestiniens mais qui font preuve de manque de courage car ils n’osent pas exprimer leur opinion en public. La question de la trahison des clercs concerne également ces intellectuels israéliens et occidentaux juifs et non juifs qui s’enferment dans le silence, l’indifférence, l’ignorance. Leur non engagement est du point de vue d’E. W. Said une preuve de complicité et de lâcheté. Et inévitablement, cette attitude maintient le peuple palestinien dans sa souffrance et sa tragédie .

Les relations entre les États-Unis et les Palestiniens

La position des Etats-Unis à l’égard des Palestiniens est extrêmement importante pour deux raisons. D’une part, en leur qualité de « premier patron et allié stratégique » d’Israël. D’autre part, ils constituent ‘la seule force extérieure qui cherche à avoir un rôle au Moyen-Orient.

Le lobby sioniste, avec la complicité des gouvernements de la droite israélienne joue un rôle déterminant dans la politique américaine vis-à-vis du peuple palestinien. En 1988, sur injonction de ce lobby, le dirigeant de l’O.L.P., Yasser Arafat, a été empêché d’entrer sur le territoire américain par le Secrétaire d’Etat américain, Georges Shulz. L’amendement Grassley présenté au Congrès poursuivait trois objectifs : interdire à l’O.L.P. « toute rencontre » aux Etats-Unis ; supprimer la mission d’observation de l’O.L.P. à l’O.N.U. et fermer le bureau palestinien à Washington. Mais la cour du district refusa d’exécuter. En 1979, Andrew Young, l’ambassadeur américain aux Nations Unies fut contraint de démissionner après un contact informel avec le délégué palestinien à l’O.N.U., Zuhdi Terzi. Selon E. W. Said, cette attitude d’hostilité et d’exclusion à l’égard des Palestiniens a bien sa logique. Elle est ‘l’extension de la politique officielle israélienne, immuable et pourtant toujours plus violente. Pourtant, malgré cette interdiction de contact et de rencontre avec les dirigeants palestiniens, ces derniers ont, à maintes reprises, eu des contacts secrets avec les autorités américaines. En 1970, l’O.L.P. est intervenu en faveur des Américains à Beyrouth. La protection de l’ambassade américaine ainsi que l’évacuation des ressortissants américains par la mer ont été assurées par les Palestiniens (1976). En 1979, les trente américains tenus en otage à l’ambassade américaine de Téhéran ont été libérés grâce à l’intervention de Yasser Arafat.

Malgré le fait que la Palestine a toujours été une question « secondaire » aux State-Unis voire ‘une affaire de politique intérieure américaine, contrôlée depuis 1948 par le lobby israélien, la question de Palestine a commencé à émerger dans la conscience américaine grâce à trois facteurs.

Primo, l’influence des Palestiniens et des Arabes américains vivant aux États-Unis.

Secundo, les efforts de l’opinion indépendante ou libérale, des organisations et des militants représentant l’opposition anti-guerre et anti-impérialiste aux États-Unis.

Tertio, le rôle de Juifs américains et européens, d’opposants à la guerre en Israël, d’organisations et de groupes qui soutiennent « La Paix Maintenant ».

Yasser Arafat... l’Intifada...

Malgré l’exil, la dispersion, les lois répressives des certains pays arabes. En dépit de l’hostilité et de la politique éliminatoire d’Israël à l’égard des Palestiniens avec le soutien des Etats-Unis, le peuple palestinien a cependant pu s’unir autour d’une figure nationale et politique personnifiée par Yasser Arafat. E.W. Said le décrit comme un personnage ayant une sorte de double personnalité : l’une, l’indiscutable et immédiatement reconnaissable symbole de la Palestine, l’autre, le chef politique avec lauriers et privilèges, et aussi les inconvénients que cette sorte de personnalité suppose.

Les apports de cette figure politique à la cause nationale palestinienne durant les deux décennies de sa direction sont nombreux. Cet homme qui bénéficiait d’une grande popularité auprès de son peuple a permis l’instauration d’un système politique démocratique, contrairement aux pays arabes avoisinants. Il a conduit ses compatriotes vers une coexistence avec Israël et instauré des modes d’interaction qui ont facilité la communication avec son peuple. Il a été l’un des rares leaders des luttes nationales à empêcher le développement d’une violence sectaire ou interpalestinienne.

Si les apports de Yasser Arafat ont servi la cause du peuple palestinien, il semble néanmoins important de noter que durant son leadership, les Palestiniens n’ont pas cessé de perdre des terres en Cisjordanie, dans la bande de Gaza et à Jérusalem- Est. En 1982, lorsque les forces israéliennes ont envahi le Liban, les Palestiniens ont subi d’importantes pertes civiles et militaires, « terribles et lointaines retombées des accords de Camp David », écrit E.W. Said. Et tout en adoptant une posture des plus objectives, l’auteur propose de laisser à des experts le soin d’évaluer les années de leadership de cet homme qu’il décrit comme une figure tragique d’une extraordinaire trempe politique.

L’un des aspects de la vie palestinienne qui a servi de modèle aux dirigeants de l’O.L.P. concerne l’Intifada, c’est-à-dire « l’insurrection nationale palestinienne(...) contre l’injustice » qui a éclaté dans les territoires occupés. Ce modèle de lutte durable, relativement non violent, inventif, courageux et étonnement intelligent a influencé d’autres peuples, notamment dans les pays arabes, de l’Europe de l’Est, d’Afrique, d’Asie... Car là où les troupes israéliennes tirent sur les civils, les harcèlent et les maltraitent, les Palestiniens inventent des moyens pour contourner ou traverser les barrières. Là où les prescriptions d’une société encore largement patriarcale maintiennent les femmes dans la servitude, les palestiniens leur donne une nouvelle voix, une nouvelle autorité, un nouveau pouvoir..., écrit E.W. Said..

Deux facteurs ont cependant contribué à affaiblir l’Intifada.

Primo, la crise du Golfe qui a favorisé l’isolement arabe et international de l’O.L.P. et le dénuement des Palestiniens vivant au Golfe.

Secundo, Le quota des migrants russes vers Israël n’a pas été limité dans l’arrangement qui a été conclu entre les États-Unis et la Russie. Cet état de fait a encouragé la migration des Juifs russes en Israël en très grand nombre.

La Palestine... un devoir humain et humaniste

A la lecture de cet essai instructif, objectif, riche et enrichissant destiné à toute personne qui s’intéresse à la question de Palestine et/ou qui souhaite comprendre la problématique du peuple palestinien, un constat s’impose comme une évidence. Malgré la politique d’extermination d’un Etat qui s’est construit et qui continue de se construire sur la base du déni de la Palestine et des Palestiniens, le peuple palestinien arabe continue d’exister.

La Question de Palestine est un ouvrage incontournable car il propose une version objective et documentée du conflit israélo-palestinien et permet de comprendre la tragédie du peuple palestinien. Par ailleurs, il dévoile la réalité de l’Etat d’Israël et contribue à réajuster les représentations occidentales et autres de la réalité palestinienne et israélienne. C’est pourquoi, il mérite d’être recommandé, commenté, discuté voire diffusé et ce, afin de sortir la question de Palestine du cercle des spécialistes, des experts et des initiés.

Porter la lutte du peuple palestinien est un devoir. Notre devoir en tant que personnes humaines ! Car aucun être humain ne devrait être menacé de « transfert » hors de sa maison ou de sa terre ; aucun être humain ne devrait faire l’objet de discrimination parce qu’il n’appartient pas à telle ou telle religion ; aucun être humain, pour quelque raison que ce soit, ne devrait être dépouillé de sa terre, de son identité, de sa culture. Car les Palestiniens en leur qualité d’êtres humains et en tant que peuple, ont aussi droit à l’autodétermination, à leur terre, à leur patrie, à leur mémoire, à leur identité, à leur personnalité, à leurs oliviers, à leurs citronniers, à leurs maisons.

C’est indéniable ! Le peuple palestinien vit une des tragédies les plus honteuses du 20e et du 21e siècles. Gens d’ici et d’ailleurs, vous qui avez au coeur le souci de la justice, de la liberté et de l’égalité, n’est-il pas urgent de dire et d’agir afin de ne pas laisser se perpétuer l’extermination d’un peuple qui aspire à vivre libre sur les terres de sa partie, la Palestine ? Gens d’ici et d’ailleurs, n’est-il pas de notre devoir d’arrêter le cours d’une histoire tragique qui reproduit les atrocités et les traumatismes d’une époque que beaucoup qualifient comme une période sombre, très sombre de l’humanité ?


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Post-it Re: Analyse politique, stratégique et économique

Message par Syfou Mer 11 Aoû - 0:19

DEDICACES DU LIVRE ISLAM ET DIPLOMATIE : LA POLITIQUE AFRICAINE DU MAROC

Idrissa Seck est pour une autre approche dans l’enseignement confessionnel dans notre pays. Le maire de Thiès l’a fait savoir samedi au cours de la cérémonie de dédicaces de l’ouvrage intitulé : Islam et Démocratie : la politique africaine du Maroc, de l’universitaire Mbourois Bakary Sambe, chercheur et expert à la Fondation européenne pour la démocratie.

Idrissa Seck pour une autre approche dans l’enseignement confessionnel


Samedi, au cours de la cérémonie de dédicaces de l’ouvrage Islam et Démocratie : la politique africaine du Maroc, du chercheur Bakary Sambe, Idrissa Seck, le maire libéral de la ville de Thiès, «la plus arabisante du Sénégal», a commencé par rendre un hommage manifestement partisan aux «intellectuels arabisants» en affirmant avec force qu’une «telle élite doit être consultée sur les affaires de notre pays car (leur) savoir et (leur) savoir-faire sont indispensables à notre développement». Idris­sa Seck qui se réfère à la bonne et solide formation universitaire de ces cadres, dans tous les temples du savoir islamique de par le monde et leur emploi à l’extérieur, invite l’Etat à faire bénéficier le pays de telles compétences. En prenant exemple sur le spécialiste Bakary Sambe, le maire de Thiès a étendu son champ de réflexion aux autres intellectuels arabisants en insistant sur leur capacité à donner le meilleur d’eux-mê­mes à leur pays. Un domaine com­me la diplomatie, «en tant qu’art ou comme science», a été cité comme pouvant accueillir ces intellectuels arabisants afin de permettre à notre pays de «revivifier (nos) relations avec des pays partenaires traditionnels du Sénégal». Pour Idrissa Seck, ces intellectuels arabisants «constituent un immense espoir surtout à un moment où notre diplomatie devant se moderniser, a plus que besoin d’avis éclairés et constructifs dans la rationalisation de ses choix diplomatiques». M. Seck reste con­vain­cu que «l’implication accrue dans la conception et la conduite de notre diplomatie en direction du monde musulman», d’intellectuels arabisants comme Bakary Sambe «don­nerait plus d’éclat aux importantes rencontres internationales initiées par notre pays et éviterait que des prises de position insuffisamment éclairées viennent à froisser certains partenaires-clés du Sé­né­gal».
Par ailleurs, l’ancien Premier ministre qui se dit favorable à la lar­ge concertation que le président de la République a ouverte sur l’avenir des «daaras» (écoles coraniques) et leur modernisation et le recrutement d’enseignants en langue arabe, souhaite voir les pouvoirs publics aller plus loin en formalisant cet enseignement avec la création «d’une grande direction chargée du privé confessionnel, donnant toute sa place à l’enseignement privé mu­sulman aux côtés de ceux catholiques et protestants». Pour Idrissa Seck, «il y va de notre laïcité garantissant l’égal traitement de toutes les confessions qui doivent ainsi s’épanouir dans un cadre apaisé fait d’une harmonieuse cohabitation et de tolérance».

L’OUVRAGE EN QUESTION

Le Dr en Sciences politiques, Bakary Sambe, pénètre, dans cet essai, les relations internationales à travers le facteur religieux. Un facteur, selon lui, rarement pris en compte, à tort, par les chercheurs qui tentent d’étudier les enjeux des rapports entre l’Afrique subsaharienne et le monde arabe. Ces derniers se focalisent sur l’économie, la géopolitique ou leurs seuls intérêts stratégiques. Cette approche institutionnaliste des relations internationales néglige, à son avis, la place de l’individu, des groupes religieux, ainsi que l’efficacité politique des symboles permettant la mise en place de réseaux informels, alors que des confréries soufi, par exemple, s’imposent depuis toujours comme des acteurs incontournables dans la coopération entre le Maroc et le Sénégal.
L’irruption «des individus et des acteurs ordinaires» dans le champ des rapports internationaux a donc créé, selon l’auteur, une rivalité avec l’Etat, désormais fortement concurrencé de toutes parts dans son action, faisant même croire parfois à «une diplomatie parallèle dans bien des cas». Ce qui amène l’Etat, en tant qu’institution, à adapter ses stratégies face à cette nouvelle donne. Bien que forte de sa souveraineté, cet Etat tente, selon l’auteur, de ménager des acteurs internes aux relations et réseaux internationaux plus que performants, pouvant, très souvent, «lui garantir une onction religieuse, pour la légitimation de ses choix et orientations politiques». C’est ce jeu d’interaction mettant en scène des acteurs aux intérêts divergents ou complémentaires qui est au centre de cet ouvrage qui se propose d’analyser un tel fait en appuyant sur le cas du Maroc.
En plus, l’auteur revient sur la particularité de ce pays frère, le Maroc au sein du Maghreb et du monde arabe, «qui en fait un pays au carrefour de l’africanité, de la berbérité et de l’arabité, mais depuis toujours impliqué en Afrique sub-saharienne». L’ouvrage analyse les facteurs qui garantissent au Maroc, «un pays de ressourcement spirituel pour des millions d’Africains», «son prestige diplomatique» sur le continent qui est fondé, selon Bakary Sambe, sur «l’histoire et son modèle religieux».
Particularité de cette cérémonie de dédicaces : aucune critique assez osée n’a été faite sur le travail de l’intellectuel arabisant. Seul un proche du maire de la ville, l’enseignant en langue arabe, Cheikh Tidiane Djité, s’est permis de faire remarquer à l’auteur que nulle part dans son livre, il ne s’est référé au Livre Saint pour montrer combien la diplomatie était tenue en compte dans l’Islam. Cet enseignant renvoyait son collègue à l’histoire de l’arrivée du Prophète Mohamed (Psl) à la Mecque, qui n’a pu se réaliser que grâce à des négociations, tel que c’est écrit dans les versets 63 à 64 de la sourate «Al Imrane».

Par Birane GNING
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Post-it Re: Analyse politique, stratégique et économique

Message par Syfou Mer 11 Aoû - 23:54

SYNTHESE SUR LES FORAGES HYDRAULIQUES PROFONDS
DE LA ZONE FRONTALIERE ALGERO-MAROCAINE
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Post-it Re: Analyse politique, stratégique et économique

Message par Syfou Mer 11 Aoû - 23:57

L'impossible alliance?: France, Grande-Bretagne, et défense de l'Europe

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Post-it Re: Analyse politique, stratégique et économique

Message par Syfou Dim 15 Aoû - 22:56

La troisième guerre du golfe: analyse politique, stratégique et économique

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Post-it Re: Analyse politique, stratégique et économique

Message par Syfou Mar 17 Aoû - 2:49

Afghanistan, Irak, demain l’Iran : la vérité fait peur

Après la diffusion de documents par le jeune soldat -dont depuis on a appris qu’il se trouvait incarcéré dans une prison militaire au Koweit quand il a envoyé les dits documents- un certain nombre de questions demeurent, d’abord comment a-t-il pu faire ? Ensuite pourquoi, et enfin quelles conséquences. Sans pouvoir prétendre aujourd’hui à répondre à toutes ces interrogation, un certain nombre d’informations parvenues dans la seule journée du 30 juillet permettent d’éclairer le fait et surtout lui donner sa véritable dimension, celle d’une fuite en avant dans le mensonge pour aller toujours plus loin dans la folie, le pillage, la destruction… Tout en parant ceux qui accomplissent ces crimes des vertus démocratiques. Le jeune soldat est-il un traitre ou un héros et s’il n’était qu’un symptôme de ce que représente la guerre, celles d’aujourd’hui et celle de demain si nous n’y prenons garde...

Le jeune soldat a-t-il agi seul ? La guerre hors limite :

Le fait que ce soit le soldat Bradley Manning, de l’armée des Etats-Unis qui ait diffusé les documents a été découvert par le pirate informatique (hacker), Lamo. Le jeune soldat était déjà d’ailleurs incarcéré dans une prison militaire et Lamo qui l’a détecté pense de ce fait il a eu une aide technique… , Lamo, a été lui-même en prison en 2004 pour s’être introduit dans les systèmes informatiques du The New York Times, Microsoft et Lexis-Nexis avec l’intention, selon lui, de tester les défenses de ces entreprises. Cette note informative qui est parue aux Etats-unis et en Amérique latine témoigne du fait que nous sommes entrés dans un nouvel âge de la guerre, lequel ?

Dans mon blog, j’avais présenté un livre de deux stratèges chinois, La Guerre hors limites, Qiao Liang & Wang Xiangsui, Payot, Rivages, 2003. Ce livre est un remarquable ouvrage de stratégie rédigé par deux colonels de l’armée chinoise. Les auteurs nourrissent leur analyse d’une réflexion solide sur la Première guerre du Golfe, elle-même nourrie d’une excellente connaissance des auteurs classiques et contemporains de l’art stratégique.Le cœur de leur réflexion est simple : jusqu’à notre époque, les progrès dans l’art de la guerre reposaient toujours pour l’essentiel sur des progrès technologiques, et chaque guerre pouvait être qualifiée par sa technologie la plus récente (guerres d’artillerie, guerres aériennes, etc.). Avec toujours plus un déplacement du champ de bataille vers les population civile, initié par Hitler et qui a marqué toute la deuxième guerre mondiale et rapidement adopté par les Etats-Unis, Hiroshima, les nappes de bombes à partir des B 52. La Première guerre du Golfe, à cet égard, marque l’acmé de ce mouvement avec une mobilisation de l’électronique, de l’information, du traitement de l’information et de la domination aérienne sans précédent.

Mais, pensent les auteurs, ce mouvement est aujourd’hui achevé. Les technologies de la communication, l’imbrication des sociétés mondialisées sont telles que : de très nombreux facteurs peuvent désormais être utilisés comme arme de guerre ;
la combinaison des « armes » existantes ouvre de telles possibilités que tous les progrès à venir reposeront sur cet art de la combinaison.

Extrait :

« A l’époque de la synthèse des techniques et de la mondialisation (…) la relation entre armes et guerre a été réordonnée, tandis que l’apparition d’armes de nouvelles conception et surtout de nouvelles conceptions d’armes ont progressivement brouillé le visage de la guerre. Une seule attaque de « hacker » compte-t-elle pour un acte hostile ? L’emploi d’instruments financiers pour détruire l’économie d’un pays peut-elle être considérée comme une bataille ? La diffusion par CNN du cadavre d’un soldat américain exposé dans les rue de Mogadiscio a-t-elle ébranlé la détermination des Américains de se comporter comme le gendarme du monde, et modifié du même coup la situation stratégique mondiale ? »

Traduction, la guerre moderne mêle à la fois occupation aérienne et territoriale, information, culture, médias, manipulation psychologique, action économique, menace écologique… dans des combinaisons imprévues et sans cesse variable.

Les auteurs développent avec rigueur et conséquences ce postulat et présentent, de manière très convaincante ce qu’ils estiment être désormais la méthode essentielle du nouvelle Art de la guerre : « la combinaison hors limites ».

Cette guerre a déjà commencé, et les hackers en font partie intégrante, parce que quand il a été écrit internet était à un stade balbutiant mais désormais on doit y intégrer cet extraordinaire mais parfois repoussant amas de rumeurs, d’informations mais aussi de désinformation.

La guerre totalement asymétrique devient de simple police

j’ajouterai que l’extraordinaire est lié au nouvel ennemi que se sont fabriqués les puissances occidentales en suivant les Etats-Unis et de ce point de vue ce qui se passe en Afghanistan et en Irak est exemplaire. Déjà préfiguré par la déroute des armées Etatsuniennes en Somalie juste après la guerre du Golfe de 1991. Une armée d’une lourdeur inouïe conçue pour l’affrontement avec une autre grande puissance, une armée mercenaire avec une logistique démesurée se trouve confrontée à des rebelles et à une population qui ne peut plus supporter une telle occupation. Cette armée doit affronter un adversaire si asymétrique que sa mission en devient de simple police et elle ne sait faire régner que le chaos. Elle a de surcroît un étrange cahiers de charges : il ne doit y avoir aucun mort dans l’armée d’invasion.

Il faut encore ajouter le fait que l’armée devenue de métier, formée d’engagés et avec de plus en plus de mercenaires, n’est plus l’instrument du patriotisme mais le symptôme de sa crise, avec un maximum de jeunes chômeurs, voire de latinos cherchant un moyen de s’intégrer rapidement à la nationalité des Etats-Unis mais aussi d’autres pays occidentaux alors que comme en Arizona les frontières se ferment et l’immigration est de plus en plus délinquante. L’armée avec son complexe industrialo militaire générateurs d’immenses profits à un bout de la chaîne, puisque les guerres se chiffrent en milliard de dollars, la privatisation croissante de ses fonctions et une population recrutée sur la base de la crise est envoyée se battre contre des peuples de misérables dont elle ignore tout et finit par provoquer un sursaut patriotique de la part de l’adversaire.

C’est dans ce contexte qu’il faut apprécier une nouvelle intervenue également hier 30 juillet:2010 : ce jour-là, des dizaines d’habitants de Kaboul se sont insurgés et ont blessé trois policiers et ont mis le feu à deux véhicules de l’OTAN lors d’une manifestation populaire, après qu’un véhicule de l’Alliance Atlantique ait été impliqué ce vendredi dans un accident de circulation qui a coûté la vie à au moins quatre civils, avant de prendre la fuite. L’accident à eu lieu à trois heures de l’après-midi (heure locale)dans la zone résidentielle de Bebe Mahro -proche de l’aéroport de Kaboul- quand un car de tourisme avec six occupants à bord a explosé après un choc avec un véhicule de l’OTAN qui faisait partie d’un convoi, qui tentait de rentrer dans la rue principale. Les forces afghanes ont immédiatement fermé la zone mais un grand nombre d’habitants ont commencé à se regrouper sur les lieux de l’accident pour voir ce qui se passait, selon une information de l’agence afghane Pajhwok.

Quand ils ont su que le véhicule de l’OTAN était à l’origine du sinistre et avait pris la fuite, les habitants de la capitale ont commencé à jeter des pierres sur les véhicules alliés qui circulaient aux alentours et ont mis le feu à certains d’entre eux. Trois policiers ont été blessés par les jets de pierre.Finalement la police afghane a pu disperser la foule qui hurlait sa colère contre les troupes étrangères et le président afghan, Hamid Karzai.Lincident a donné lieu à une enquête par la police afghane et la Force Internationale d’Assistance pour la sécurité en Afghanistan (ISAF), il y a eu dans le véhicule civil quatre morts et deux blessés.

Cet incident est caractéristique de l’exaspération des populations, il ne s’agit plus seulement des zones rebelles mais bien du centre de la capitale, de sa zone résidentielle que l’on prétend pacifiée. Cette situation est à mettre en relation avec la manière dont les soldats nord-américains en Irak sont placés dans des zones lointaines pour les protéger de la population.

Quelle menace contre la sécurité nationale ?

Cet état de fait qui ne cesse de se reproduire nous incite à dire notre accord avec ce que déclarait le 29 juillet »la vérité fait peur : le reporter DAVE LINDORFF

« La réponse initiale de la Maison blanche à la sortie de 92,000 pages de rapports sans complaisance sur le terrain par les États-Unis force en Afghanistan pendant la période de 2004-2009 – qu’il s’agissait là d’ une menace à la sécurité nationale et aux vies des troupes américaines – était aussi prévisible que grotesque. Ces documents n’ont révélé rien de nouveau pour les ennemis de l’Amérique en Afghanistan ou le Pakistan. Les combattants Talibans savaient parfaitement que leurs missiles guidés par infrarouge avaient avec battu avec succès des hélicoptères américains. Ils n’ont révélé rien de nouveau pour le service secret du Pakistan, l’ISI. Les Pakistanais savaient qu’ils aidaient le Taliban avec leurs renseignements, la planification stratégique et des armes dans leur combat contre des forces américaines et le régime actuel de marionnettes à Kaboul. Ils n’ont rien révélé non plus à la population civile très patiente en Afghanistan non plus.Les Afghans savent que des forces américaines les ont visés aux points de contrôle, bombardant effrontément leurs maisons et villages dans des tentatives de frapper des supposés leaders Talibans ou Al Qaeda et dissimulant ces atrocités quand des hommes innocents, des femmes et des enfants sont les victimes.

Non, l’idée que la sortie de ces documents est une menace est un mensonge aussi énorme que celui des deux la dernière administration de Président George W. Bush et l’administration actuelle de Barack Obama ont lancé, les EU sont engagés dans « une bonne guerre, en essayant de battre »des terroristes »et établir un gouvernement démocratique en Afghanistan.C’est ce qui fait que la sortie des documents de WikiLeaks comme la sortie de ceux deDaniel Ellsberg et de Tony Russo du Pentagone jadis. Ce n’est pas tellement qu’il y ait des nouvelles informations explosives dans ces documents, quoiqu’il y en ait certains. C’est le fait qu’ils exposent au public américain la profondeur et l’étendue de la réalité du gouvernement et du Pentagone dans les guerres en question" counterpunch 29 juillet, traduit par danielle bleitrach

La révélation est pour nous peuples occidentaux qui acceptons que l’on mène de telles guerres en notre nom.

Le dernier symptôme de la profondeur de la crise : le suicide

Alors que le challenge est de zéro morts chez les soldats des puissances occidentales que l’on considère comme de la porcelaine fragile, un mal plus profond les ronge. Le taux de suicide chez les soldats dans l’armée des Etats-Unis dépasse pour la première celui des civils depuis la guerre du Viet-Nam, dit le New York Times du 30 juillet.

Un nouveau rapport du Pentagone met en évidence le chiffre record de 160 suicides pour les effectifs en service dans l’année qui intervient entre le 1 octobre 2008 et le 30 septembre 2009.

Le document met en cause la responsabilité du haut commandement pour ignorer les problèmes croissants de maladie mentale, de drogues et délits entre les soldats.

Selon le texte, un tiers des troupes prend au moins un médicament sur ordonnance et 14% ingère un quelconque type d’analgésique fort... selon le rapport, à peu près 20 de chaque 100 mille soldats se sont donnés la mort comparé le premier de 19 par chaque 100 mille citoyens à l’intérieur de la population civile.

Le suicide n’est pas un phénomène individuel expliquait Durkheim, il illustre en quelque sorte l’état réel des rapports sociaux et il mettait en évidence, le suicide anomique, celui où l’individu perd contact avec les autres comme d’ailleurs avec le sens de ses actes.

Cependant, le président Barack Obama a sanctionné ce jeudi une loi de financement de guerre qui octroie 37 milliards de dollars plus aux guerres de l’Afghanistan et de l’Irak. Il l’a fait avec le soutien massif des républicains et une faille de plus en plus manifeste dans la population qui l’a élu.

En France, si l’on excepte la position courageuse de Paul Quiles dans une tribune du monde, pour nos médias et nos hommes politiques nous ne serions pas concernés, le Monde Du 29 juillet accomplit même l’exploit d’attribuer la totalité de la catastrophe afghane au président Bush qui n’a pas assez envoyé de troupes, heureusement Obama le fait selon ce quotidien. L’erreur poursuit le « grand » quotidien du soir a été que Bush centre tout sur l’Irak.

Oui et avec les résultats que l’on voit qui ne valent pas mieux que ceux de l’Afghanistan.

Mais pour le Monde très représentatif du consensus droite gauche non seulement sur la guerre mais sur l’absence d’alternative à la société actuelle il s’agit de sauver le soldat Obama pour nous permettre de nous lancer tous dans l’assaut contre l’Iran. La fuite en avant du docteur Fol amour...

Par:Danielle Bleitrach
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Post-it Re: Analyse politique, stratégique et économique

Message par Syfou Sam 21 Aoû - 23:17

COMPRENDRE LE SOUTIEN
DES ETATS-UNIS ENVERS ISRAËL
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Post-it Re: Analyse politique, stratégique et économique

Message par Syfou Lun 23 Aoû - 1:32

La guerre israélienne est financée par l’Arabie saoudite

L’attaque israélienne contre Gaza, est une option préparée de longue date. La décision de l’activer a été prise en réponse aux nominations de l’administration Obama. Les changements stratégiques à Washington sont défavorables aux visées expansionnistes de Tel-Aviv. Israël a donc cherché à forcer la main de la nouvelle présidence états-unienne en la plaçant devant le fait accompli. Mais pour organiser son opération militaire, Israël a dû s’appuyer sur de nouveaux partenaires militaires, l’Arabie saoudite et l’Égype, qui constituent désormais un paradoxal axe sioniste musulman. Riyad finance les opérations, révèle Thierry Meyssan, tandis que Le Caire organise des paramilitaires.

Depuis le samedi 27 décembre 2008, à 11h30 (heure locale), les forces armées israéliennes ont lancé une offensive contre la bande de Gaza, d’abord aérienne, puis aussi terrestre à partir du 3 janvier 2009, 18h30 (heure locale).

Les autorités israéliennes déclarent viser exclusivement des sites du Hamas et prendre le maximum de précautions pour épargner les vies des civils. Dans la pratique, viser « des sites du Hamas » signifie détruire non pas seulement les sites de ce parti politique, mais aussi les logements de ses cadres et, surtout, tous les bâtiments officiels. En d’autres termes, l’opération actuelle vise à anéantir toute forme d’administration dans la bande de Gaza. Le général Dan Harel, chef d’état-major adjoint, a précisé : « Cette opération est différente des précédentes. Nous avons mis la barre très haut et nous allons dans cette direction. Nous ne frappons pas uniquement les terroristes et les lance-roquettes, mais aussi l’ensemble du gouvernement du Hamas. Nous visons des édifices officiels, les forces de sécurité, et nous faisons porter la responsabilité de tout ce qui se passe sur le Hamas et ne faisons aucune distinction entre ses différentes ramifications. »
Par ailleurs, « faire son possible pour épargner les vies des civils » ressort de la pure rhétorique et n’a aucune concrétisation possible : avec environ 3 900 habitants au kilomètre carré [1], la bande de Gaza est un des territoires à plus forte densité de population au monde. Il est matériellement impossible d’atteindre les cibles choisies sans détruire en même temps les habitations voisines.

Les autorités israéliennes affirment agir en légitime défense. Selon elles, des tirs de roquette ont repris contre l’État juif depuis la rupture unilatérale du cessez-le-feu par le Hamas, le 19 décembre 2008.
Or, le Hamas n’a pas rompu de trêve. Une trêve de six mois avait été conclue entre Israël et le Hamas par l’intermédiaire de l’Égypte. Israël s’était engagé à interrompre le blocus de la bande de Gaza ; l’Égypte s’était engagée à rouvrir le point de passage de Rafah ; et le Hamas s’était engagé à stopper les tirs de roquette contre Israël. Cependant, Israël et l’Égypte ne remplirent jamais leurs engagements. Le Hamas interrompit les tirs de roquettes durant des mois. Il les reprit en novembre à la suite d’une incursion israélienne meurtrière. Tirant le bilan de la duplicité de ses interlocuteurs, le Hamas a jugé inutile de renouveler un accord à sens unique.
Des tirs de roquette ont lieu depuis 2001 contre Israël. Prés de 2 500 tirs ont été recensés en 7 ans. Ils ont tué au total 14 Israéliens jusqu’au lancement de l’offensive. Ils n’ont fait aucune victime entre la fin de la trêve et la dernière attaque israélienne.
Or, la notion de légitime défense suppose une proportionnalité des moyens, ce qui n’est évidemment pas le cas. Tsahal a activé une soixantaine de bombardiers et au moins 20 000 hommes suréquipés face à des résistants armés de roquettes rudimentaires et d’adolescents munis de pierres.

Il est impossible d’estimer actuellement les dégâts matériels et humains. Au dixième jour de bombardements, les hôpitaux et services d’urgence ont dénombré 530 morts. Ce chiffre ne tient pas compte des victimes décédées avant l’arrivée des secours, dont les corps sont directement récupérés par les familles sans transiter par les services de santé. Les blessés se comptent par milliers. Faute de médicaments, ils ne pourront pas recevoir les soins nécessaires et seront pour la plupart handicapés à vie. Les destructions matérielles, quand à elles, sont considérables.

L’opération a été lancée au cours de la fête d’Hanoukka, un jour de shabbat. Elle a été dénommée « Plomb durci » par référence à une chanson d’Haïm Nahman Bialik que l’on entonne durant les huits jours d’Hanoukka. De la sorte, Israël, qui s’affirme comme « l’État juif », élève cette opération au rang de cause nationale et religieuse
Hanoukka commémore le miracle de l’huile : pour rendre grâce à Dieu, les juifs qui avaient repoussé les Grecs, allumèrent une lampe à huile dans le temple sans prendre le temps de se purifier ; mais alors que la lampe ne contenait de l’huile que pour une journée, elle brûla durant huit jours. En liant l’opération militaire actuelle au miracle de l’huile, les autorités israéliennes indiquent à leur population qu’il n’est pas impur de tuer des Palestinens.

La guerre israélienne a suscité des protestations dans le monde entier. Les manifestations les plus importantes ont eu lieu en Turquie, où elles ont rassemblé 700 000 personnes.
Le National Information Directorate, nouvel organe de propagande rattaché aux services du Premier ministre, a alors appelé les divers leaders israéliens à développer un autre argument. L’opération « Plomb durci » serait une bataille dans la « guerre mondiale au terrorisme » déclarée par les États-Unis et soutenue par le monde occidental. En effet, le Hamas est considéré comme une organisation terroriste par les États-Unis, même s’il ne l’est pas formellement par l’Union européenne. Le gouvernement israélien tente de relancer la thématique du « choc des civilisations » chère à l’administration Bush, alors que l’administration Obama qui entrera en fonction le 20 janvier a clairement annoncé qu’il l’abandonnerait.

Ce glissement rhétorique laisse entrevoir les motivations réelles de l’opération. Celles-ci sont à la fois à rechercher dans la nature de l’affrontement et dans la particularité de l’actuelle opération.
La logique du mouvement sioniste est de s’approprier cette terre en la nettoyant ethniquement ou, à défaut, d’y imposer un système d’apartheid. Les Palestiniens sont alors parqués dans des réserves, sur le modèle des bantoustans sud-africains ; actuellement la Cisjordanie d’une part, la bande de Gaza d’autre part. Tous les 5 à 10 ans, une importante opération militaire doit être déployée pour casser les velléités de résistance de cette population. De ce point de vue, l’opération « Plomb durci » n’est qu’un massacre de plus, perpétré par un État qui jouit d’une immunité totale depuis soixante ans.
Ainsi que l’a révélé Haaretz, le ministre de la Défense Ehud Barack n’a accepté la trêve de six mois que pour pousser les combattants du Hamas à sortir de l’ombre. Il a mis a profit cette période pour les cartographier dans le but de les anéantir dés que l’occasion se présenterait .

Le flou de la nouvelle administration US

Reste que cette opération prend place durant la période de transition de la présidence états-unienne. Depuis septembre 2008, les observateurs avisés prévoyaient que Barack Obama accèderait à la Maison-Blanche grâce au soutien d’une coalition hétéroclite comprenant le complexe écolo-financier, le mouvement sioniste, les généraux en révolte et les partisans de la Commission Baker-Hamilton. Pour ma part, j’avais annoncé ce résultat dès le mois de mai.

Or, cette coalition n’a pas de position définie sur le Proche-Orient. Les généraux en révolte et les partisans de la Commission Baker-Hamilton considèrent avec leur maître à penser, le général Brent Scowcroft, que les États-Unis ont surdéployé leurs armées et doivent impérativement limiter leurs objectifs et reconstituer leurs forces. Ils se sont opposés à une guerre contre l’Iran et ont au contraire affirmé la nécessité d’obtenir l’aide de Téhéran pour éviter la débâcle en Irak. Ils déplorent les tentatives de remodelage du Grand Moyen-Orient (c’est-à-dire de modification des frontières) et appellent à une période de stabilité. Certains d’entre eux vont même jusqu’à préconiser de faire basculer la Syrie et l’Iran dans le camp atlantique en contraignant Israël à restituer le Golan et à résoudre partiellement la question palestinienne. Ils proposent d’indemniser les États qui naturaliseraient les déplacés palestiniens et d’investir massivement dans les Territoires pour les rendre économiquement viables. Cette perspective signifie la fin du rêve d’expansion sioniste tout autant que la fin de certains régimes arabes soutenus jusque-là à bout de bras par Washington.
De leur côté, les sionistes états-uniens qui ont lancé Barack Obama en politique il y a seulement douze ans, auxquels se sont joints les Clinton, depuis qu’Hillary s’est convertie au sionisme chrétien et a adhéré à la Fellowhip Foundation, soutiennent la poursuite du projet d’apartheid. Dans la foulée de la lettre de George W. Bush à Ariel Sharon et de la conférence d’Annapolis, ils veulent achever la transformation des Territoires en bantoustans. Un ou deux États palestiniens seraient reconnus par les États-Unis et leurs alliés, mais ce ou ces États ne seraient pas souverains. Ils seraient privés d’armées, leur politique étrangère et leurs finances resteraient sous contrôle israélien. Si l’on parvenait à y éradiquer la Résistance, ils se fondraient à terme dans le paysage comme les réserves indiennes aux États-Unis.

Inquiets pour leur avenir commun, des délégations égyptienne, israélienne et saoudienne se sont réunies en Égypte en septembre et octobre 2008. Selon une source de la Résistance, à l’issue de ces négociations, il a été convenu qu’en cas d’évolution défavorable à Washington, Israël lancerait une vaste opération militaire à Gaza, financée par l’Arabie saoudite, tandis que l’Égypte ferait entrer des paramilitaires à Gaza. Si de nombreuses fois par le passé des gouvernements arabes ont laissé le champ libre à Israël, c’est la première fois qu’ils participent à la planification d’une guerre israélienne, constituant ainsi un axe sioniste musulman.

Informés en temps réel par le chef de cabinet Rahm Emanuel (double national israélo-US et officier de renseignement militaire israélien) des rapports de force au sein de l’équipe Obama, la troïka Israël-Égypte-Arabie saoudite a appris la répartition des fonctions.
Les postes importants au secrétariat d’État seront confiés à des protégés de Madeleine Albright et d’Hillary Clinton. Les deux secrétaires d’État adjoints, James Steinberg et Jacob Lew sont des sionistes convaincus. Le premier avait été un des rédacteurs du discours d’Obama à l’AIPAC.
Le Conseil national de sécurité échoit à des atlantistes inquiets que les provocations israéliennes débouchent sur une perturbation de l’approvisionnement énergétique de l’Occident, le général Jones et Tom Donilon. Jones, qui était chargé du suivi de la conférence d’Annapolis, a plusieurs fois exprimé son agacement face à la surenchère israélienne.
Le secrétariat à la Défense reste aux mains de Robert Gates, un ex-adjoint de Scowcroft et un membre de la Commission Baker Hamilton. Il s’apprête à remercier les collaborateurs dont il a hérité de Donald Rusmfeld et qu’il n’avait pu virer plus tôt comme il l’a déjà fait avec deux maniaques anti-Iraniens, le secrétaire à l’Air Force Michael Wynne et son chef d’état-major le général T. Michael Moseley. En outre, Gates a réussi à imposer son ami Léon Panetta, comme lui membre de la Commission Baker-Hamilton, à la tête de la CIA.
En résumé, la troïka peut toujours compter sur l’appui diplomatique des États-Unis, mais plus sur son aide militaire massive.

L’Égypte, l’Arabie saoudite et 10 000 paramilitaires arabes avec Israël


C’est là le point nouveau au Proche-Orient. Pour la première fois, une guerre israélienne n’est pas financée par les États-Unis, mais par l’Arabie saoudite. Riyad paye pour écraser le principal mouvement politique sunnite qu’il ne contrôle pas, le Hamas. La dynastie des Séoud sait qu’elle doit anéantir toute alternative sunnite au Proche-Orient pour se maintenir au pouvoir. C’est pourquoi elle a fait le choix du sionisme musulman. L’Égypte quand à elle craint une extension via les Frères musulmans de la révolte sociale.
La stratégie militaire reste cependant états-unienne, comme lors de la guerre de 2006 contre le Liban. Les bombardements ne sont pas conçus pour éliminer les combattants, ce qui je l’ai indiqué plus haut n’a pas de sens en milieu urbain, mais de paralyser la société palestinienne dans son ensemble. C’est l’application de la théorie des cinq cercles de John A. Warden III.

En définive, toujours selon Haaretz, Ehud Olmert, Ehud Barack et Tzipi Livni ont pris la décision de la guerre le 18 décembre, c’est-à-dire la veille de l’expiration de la trêve.
Le National Information Directorate a organisé une simulation, le 22 décembre, pour mettre au point les mensonges qui serviraient à justifier le massacre.
L’opération a débuté le 27 décembre de manière à éviter que la papauté puisse s’en mêler. Benoît XVI a néanmoins évoqué dans son message de Noël « un horizon qui semble redevenir sombre pour les Israéliens et les Palestiniens ».

Revenons-en au théâtre d’opération. L’aviation israélienne a préparé le terrain à une pénétration terrestre, laquelle ouvre la voie à des paramilitaires arabes. Selon nos informations, environ 10 000 hommes sont actuellement massés prés de Rafah. Entraînés en Égypte et en Jordanie, ils sont placés sous le commandement de l’ex-conseiller national de sécurité de Mahmoud Abbas, le général Mohammed Dahlan (l’homme qui organisa l’empoisonnement de Yasser Arafat pour le compte des Israéliens, selon des documents rendus publics il y a deux ans). Ils sont appelés à jouer le rôle qui avait été dévolu à la milice d’Elie Hobeika à Beyrouth lorsque les troupes d’Ariel Sharon encerclèrent les camps de réfugiés de Sabra et Chatila.

Cependant, la troïka sioniste hésite à lancer ses « chiens de guerre » tant que la situation militaire à l’intérieur de la bande de Gaza reste incertaine. Depuis deux ans, de nombreux résistants palestiniens ont été formés aux techniques de guérilla du Hezbollah. Bien qu’ils soient en théorie dépourvus des armes nécessaires à ce type de combat, on ignore quelles sont leurs capacités exactes. Une défaite au sol serait une catastrophe politique pour Israël après la défaite de son armée de terre au Liban, en 2006, et de ses instructeurs en Géorgie, en 2008. Il est toujous possible de retirer rapidement ses blindés de Gaza, il n’en sera pas de même pour retirer des paramilitaires arabes.

L’Union européenne a appelé à une trêve humanitaire. Israël a répondu que cela n’était pas nécessaire car il n’y avait pas de crise humanitaire nouvelle depuis le début des bombardements. Pour preuve de sa bonne foi, le soi-disant « État juif » a laissé pénétrer quelques centaines de camions d’aide alimentaire et médicale… pour 1 400 000 habitants.

Dans chacune des guerres qu’Israël a conduit en violation du droit international, une avant-scène diplomatique a été organisée pour lui permettre de gagner du temps, tandis que les Etats-Unis bloquent toute résolution du Conseil de sécurité. En 2006, c’était Romano Prodi et la conférence de Rome. Cette fois, c’est le président français, Nicolas Sarkozy, qui produit le divertissement. Il a annoncé qu’il consacrerait deux jours de son précieux temps pour régler un problème où les autres ont échoué depuis 60 ans. Ne laissant guère de doute sur sa partialité, M. Sarkozy a d’abord reçu à l’Élysée la ministre israélienne des Affaires étrangères, Tzipi Livni, et le leader sunnite saoudo-libanais Saad Hariri, et s’est entretenu par téléphone avec le président égyptien Hosni Moubarak, le président fantoche de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas, et le Premier ministre israélien Ehud Olmert.

Par Thierry Meyssan
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Post-it Re: Analyse politique, stratégique et économique

Message par Syfou Mar 24 Aoû - 1:31

Chronique diplomatique

ecrivain-sansfrontieres

Analyse politique, stratégique et économique  Photo-10

COTE D’IVOIRE, vers l’élection présidentielle de la Délivrance, de la Liberté et de la Libération totale.



En République de COTE D’IVOIRE :
La marche vers la Paix, la Délivrance, la Liberté et la Libération totale du territoire national, a par moments et par endroits, ressemblé, trait pour trait, à une marche de tortue ou à un Contrat de Dupes, à cause des très nombreux intérêts divergents des principaux Acteurs Actifs du Processus : le camp présidentiel, l’ex-rébellion, les conglomérats des patriotes et des partis politiques, la société civile et la population ivoirienne misérable et appauvrie.

La date de l’élection présidentielle ayant été, enfin et heureusement, fixée au dimanche 31 Octobre 2010,

Je vous fais part, dans cette Chronique, de mes préoccupations, au sujet des véritables enjeux de cette importante page de l’Histoire ivoirienne qui va se dérouler très bientôt.

Auparavant, permettez-moi de commenter quelques points de l’Actualité :

· Dans le Monde : de jour en jour, des phénomènes naturels nous étonnent et nous surprennent par leurs instabilités : à titres d’exemples, le Niger, le Pakistan, la Russie et la Centrafrique.

Au Niger : il y a seulement quelques jours, sévissait une sécheresse impitoyable avec un cortège macabre de famine….

En ce moment, c’est le phénomène inverse : de très fortes pluies dévastant tout sur leur passage obligeant presque dix mille(10.000) personnes à demander l’aide humanitaire !

Au Pakistan : C’est presque le déluge dans ce Pays. De fortes pluies ont semé partout des inondations mortelles : près de deux mille morts et quinze millions(15.000.000) de personnes sinistrées : ici encore je lance un appel urgent à l’aide et à la Solidarité internationales :

Je saisis cette occasion pour féliciter et dire merci à la République Française qui a déjà fait des Dons au Niger et au Pakistan.

En Russie : Un feu dévorant a détruit tout sur son passage ! Cet immense incendie, non content d’avoir brûlé la flore et consumé l’écologie, forêts et bêtes sauvages, il s’acharne sur les femmes et hommes avec près d’une centaine de morts !

Les nuages sont devenus d’épais brouillards de poussières et le transport aérien est profondément perturbé !

Même dans la Ville de Moscou, l’air est devenu suffocant, étouffant et un élément de mort !

Prions pour ce Pays et aidons-le également dans un Elan de Solidarité humanitaire internationale.

Sans oublié la République Centrafricaine également en proie à de graves inondations et dont les braves populations ont besoin de secours et d’aide.

· A présent, permettez-moi de revenir au sujet de cette Tribune, dans mon propre Pays, La République de COTE D’IVOIRE :

- Les Enjeux de l’Election présidentielle ivoirienne du 31 Octobre 2010 :

Les Ivoiriens, les Africains et Toute la Communauté internationale ont salué, noté et applaudi cette date !

La Balle est maintenant dans le Camp de la Commission Electorale Ivoirienne(CEI) et de Toutes les Plus Hautes Autorités de COTE D’IVOIRE : le Président de la République, le Premier Ministre et tout son Gouvernement, les Présidents des Partis d’Opposition, les Milices, les Patriotes, les Ex-Rebelles, les Militaires, les Religieux, la Société civile et toutes les Populations ivoiriennes :

A des degrés et responsabilités divers, ils seraient tous comptables ou complices, individuellement ou collectivement, des Morts atroces, des souffrances, de la misère, de la pauvreté et des humiliations mondiales qui sont infligées à la COTE D’IVOIRE : nous avons un Devoir de Pardon et non d’Oubli afin que plus personne ne recommence…

La COTE D’IVOIRE, serait-elle habitée par des Imbéciles qui ne pourraient pas s’entendre pour faire la Paix, organiser des élections justes et transparentes, penser et passer aux Choses sérieuses que sont l’Emploi des Jeunes, le Développement économique, la Bonne Gouvernance et la Prospérité ?

Heureusement que les Populations ivoiriennes et la Communauté internationale ont découvert le Jeu hideux et mortuaire de la Poignée d’ Acteurs Politiques Actifs Actuels : faire traîner indéfiniment cette période transitoire de ni paix ni guerre pour mieux piller l’Economie Nationale et s’enrichir personnellement sur les Dépouilles mortelles du Peuple ivoirien :

-C’est ça l’Indépendance et la Liberté dont on fête le Cinquantenaire ?

-C’est ça la Démocratie et la Bonne Gouvernance ?

-C’est ça le Socialisme ou le Capitalisme ?

-C’est ça l’Opposition Politique ?

-C’est ça le Patriotisme ?


Heureusement : Le Vaillant Peuple de COTE D’IVOIRE, Détenteur exclusif du vrai Pouvoir Démocratique, attend impatiemment les Urnes électorales pour sanctionner, dans la Paix et la Dignité, les uns et les autres : acteurs, auteurs co-auteurs, actifs ou passifs de la Déchéance Nationale Ivoirienne !

La Mort, la Souffrance, la Misère et la Pauvreté infligées au brave Peuple de COTE D’IVOIRE ne sauraient s’effacer comme l’écriture de la craie sur un tableau noir ! Oui au Pardon mais Non à jamais à l’Oubli !

En un mot comme en mille, le Peuple ivoirien en a ras-le-bol de toute sa Classe Politique Actuelle qui a assez joué avec Notre Passé, Notre Présent, Notre Avenir et Notre Destin Commun !

Tels sont, entre Autres Choses, les Enjeux de l’Election Présidentielle en COTE D’IVOIRE.

Pour parler le français ivoirien, Comme Monsieur ADAMA DAHICO, je dirais que Nous sommes très fâchés contre la Comédie Electorale Ivoirienne !

· Actuellement, dans mon Pays la République de COTE D’IVOIRE, il y a plusieurs types de populations et de jeunesses :

Sur vingt millions(20.000.000) d’habitants environ, presque dix millions(10.000.000) de personnes sont misérables et pauvres, ne pouvant même pas prendre un repas par jour, vivant avec moins de cinq cents(500)francs CFA par jour, soit à peine un(1) dollar US par personne et par jour !

Quelle tristesse et quelle pitié pour Notre Mère-Patrie, qui naguère faisait l’Honneur et la Fierté de toute l’Afrique !

Pour cause et raisons de la Guerre et de la Crise :

Egoïstement et méchamment, une poignée de personnes, estimée, selon des Experts, à moins de Cent Mille(100.000) habitants, ont pillé et détiennent toutes les Richesses du Pays : ceux-ci et celles-là, au Nord comme au Sud, vivent dans l’insolence, l’insouciance et la défiance des Pauvres Populations ivoiriennes et de la Communauté Internationale, presque prises en Otages par ces Prédateurs rebelles et ces Conglomérats de Milices, de soi-disant Patriotes violents(en tant qu’écrivain ivoirien, je suis également un Patriote mais éclairé !) et de Politiciens voraces des temps nouveaux !

Le Sage Président Félix HOUPHOUET-BOIGNY avait l’habitude de dire que « l’Homme qui a faim n’est pas un Homme libre… »

On peut ainsi affirmer que le vaillant Peuple de COTE D’IVOIRE est en état d’esclavage de la mort, de la souffrance, de la pauvreté, de la misère et de la dictature d’une poignée de ses propres Fils et Filles !

Est-ce le But, la Fin, la Finalité de l’Indépendance et de la Démocratie, de créer des Monstres sanguinaires adorant le dieu-argent et semant des temps de ténèbres en COTE D’IVOIRE et en Afrique ?

Le But, la Fin et la Finalité de l’Indépendance et de la Démocratie, ne sont-elles pas de semer la Liberté, la Paix, la Bonne Gouvernance, le développement économique et la Prospérité de toutes et de tous ?

Vivement que Dieu Notre Père et Créateur inspire Toutes et Tous les Ivoiriens y compris la Communauté Internationale en vue de l’Organisation rapide des Elections présidentielles ivoiriennes, pour la Délivrance, la Liberté et la Libération totale de la COTE D’IVOIRE.

La Vérité rougit seulement les yeux mais ne les casse jamais ! Tel est le label de ma Diplomatie Sans Frontières.

Paris, le 09 AOUT 2010.

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Post-it Re: Analyse politique, stratégique et économique

Message par Daûphin_zz_47 Ven 27 Aoû - 7:13

Diplomatie, Sarkozy sur la défensive

C’est un Nicolas Sarkozy sur la défensive qui a prononcé le traditionnel discours annuel de politique étrangère devant la Conférence des Ambassadeurs. Le Quai d’Orsay est en effet en crise. Il y a deux mois, deux anciens ministres des Affaires étrangères de bords politiques différents, Alain Jupé et Hubert Védrine, publiaient ensemble un article critiquant la diminution des moyens du Ministère des Affaires étrangères qui vient limiter les capacités d’influence de la France.

La veille de l’ouverture de la Conférence des Ambassadeurs, ce sont trois anciens secrétaires généraux du Ministère qui ont signé conjointement un texte allant dans le même sens. Le ministre Bernard Kouchner est pour sa part donné partant depuis plusieurs mois.

Nicolas Sarkozy est par ailleurs sous le feu des critiques pour sa politique à l’égard des Roms, et les déclarations de responsables gouvernementaux liant immigration et insécurité. L’ONU, la Commission européenne, le Pape, ont condamné cette position, très critiquée par ailleurs dans la presse internationale. On comprendra dès lors que Nicolas Sarkozy, contrairement à l’habitude, n’ait fait aucune référence aux Droits de l’homme dans son discours, alors qu’il a souvent répété qu’il en ferait l’axe majeur de sa diplomatie.

Il est également sur la défensive sur l’Afghanistan, où le débat commence à s’ouvrir en France sur la pertinence d’une présence militaire dans une guerre qui semble sans fin. Nicolas Sarkozy a fustigé les commentaires catastrophistes et réaffirmé que la France restera en Afghanistan aussi longtemps que nécessaire.

Il a commencé son discours par une référence à la lutte contre le terrorisme, qui reste selon lui une priorité majeure. Sur le Proche-Orient et l’Iran, il a réaffirmé les principes traditionnels de la France : l’Iran a le droit au nucléaire civil, mais tout doit être fait pour qu’il renonce à l’enrichissement ; une paix au Proche-Orient est possible et est dans l’intérêt des deux peuples.

Mais comment donner l’impression d’être en mouvement lorsqu’on est en difficulté sur la scène mondiale, et que les difficultés en politique intérieure s’amoncellent ? Comment montrer que la France et son président ont toujours un rôle moteur dans le monde ? Sarkozy l’a fait sur l’Europe en disant que l’idée d’un gouvernement économique européen, autrefois tabou sauf pour la France, est devenue désormais une réalité. Il a mis en avant le rôle de la France dans la sortie de crise qui avait agité la zone euro il y a un an.

C’est à travers le G20 que Nicolas Sarkozy peut espérer récupérer le plus de bénéfices politiques. Le 12 novembre, la France prendra la présidence du G20. Nicolas Sarkozy a répété que cet organisme était une création française. Il veut lui donner un nouveau souffle alors que la tentation peut être forte chez certains, le plus gros de la crise passé, de revenir aux comportements traditionnels qui risquent tout simplement de permettre les conditions de l’éclatement d’une nouvelle crise.

Nicolas Sarkozy propose de réformer le système monétaire international afin de mettre fin à l’instabilité des changes, qui fait peser une trop grande menace sur la croissance mondiale. Il propose de commencer par un séminaire entre les meilleurs spécialistes de la question, qui pourrait se tenir en Chine, reconnaissant à la fois l’émergence de ce pays et l’appelant à avoir un comportement responsable. Il met ouvertement en cause le rôle du dollar en déclarant qu’un « système monétaire international dominé par une seule monnaie n’est pas en adéquation avec un monde devenu multipolaire. »

Le deuxième chantier est celui de la volatilité des prix des matières premières, facteur d’instabilité économique mais également stratégique, comme on l’a vu avec les émeutes de la faim il y a quelques temps. Le troisième concerne la réforme de la gouvernance mondiale, dont le G20 deviendrait le principal forum pour les questions économiques et financières, en se dotant d’une structure plus permanente et qui pourrait réfléchir à la création d’une taxe sur les transactions financières.

En conclusion, et en s’écartant de la version écrite de ses discours, Nicolas Sarkozy déclare que : « Le rôle de la France est d’apporter de nouvelles idées et ce dont le monde a le plus besoin, ce sont des idées nouvelles. » Nicolas Sarkozy veut faire preuve de volontarisme et obtenir un bénéfice politique en montrant que la France et son président peuvent encore jouer un rôle pilote. Les idées de réformisme du système international sont en fait des positions traditionnelles françaises, de De Gaulle à Mitterrand. En se les réappropriant, et en y ajoutant son propre dynamisme, Nicolas Sarkozy espère que l’horizon international lui apportera une éclaircie politique qui lui est nécessaire, tant sur le plan interne qu’international.

http://www.affaires-strategiques.info/spip.php?article3802&var_mode=calcul
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Post-it Re: Analyse politique, stratégique et économique

Message par Syfou Dim 29 Aoû - 1:47

Guerre du Golfe et télévision : un mariage stratégique

Les guerres sont des moments particuliers de l’histoire, en ceci que chaque guerre ne ressemble pas à une autre, et révèle à un moment précis l’état des rapports entre les hommes à travers les valeurs au nom desquelles ils se confrontent et les camps auxquels ils appartiennent, à travers quels moyens et sous quels projets ils la mènent. Elle révèle un état du monde où elle se produit. Chaque guerre a sa propre histoire et ses propres motifs qui reflètent des façons différentes de penser le monde, de le faire. Les guerres mettent à rude épreuve en général le bon fonctionnement des démocraties, car elles portent en elles des enjeux de pouvoirs avec des buts militaires qui prennent le pas sur toutes contestations liées à l’exercice des libertés publiques. Les gouvernants et les états-majors savent bien, en conséquence, qu’aucune guerre ne peut éluder la question de la propagande qui va avec celle du poids de l’opinion publique. La guerre du Golfe est une référence de ce point de vue car elle a innové un nouveau modèle de conflit, en termes de géopolitique, de réponse militaire, et de gestion de son image. Elle s’est ainsi révélée être un véritable tournant dans l’histoire du monde contemporain. Elle schématise à sa façon l’évolution des rapports entre démocratie, pouvoirs et propagande à la fin du xxe siècle.

Guerre du Golfe : un bref rappel des faits (2 août 1990- 28 février 1991)

Début 1990, depuis plusieurs mois, une grave crise couve dans la région du Golfe au cœur de laquelle se trouve l’Irak1. L’Irak, l’un des principaux pays producteurs de pétrole, compte 17 millions d’habitants. C’est une puissance importante dans la région, moderne et laïque, au régime de parti unique, le parti Baas, qui se réclame du nationalisme et du socialisme arabe, et qui rejette tout confessionnalisme. Elle est sortie économiquement affaiblie de huit ans de guerre stérile contre son voisin l’Iran, soutenue dans cette entreprise par les États-Unis. Dans cette situation, Saddam Hussein, qui préside aux destinées de l’Irak depuis son arrivée au pouvoir en 1978, demande le règlement de son contentieux frontalier avec le Koweït, concernant la région de Roumaylah, la « 19e province irakienne » selon Bagdad, qui se trouve être un immense champ pétrolifère. À cette revendication s’ajoute celle d’un accès direct à la mer par la location par le Koweït des îles de Warba et de Bubiyan, ainsi que la question du règlement de la dette irakienne. Le Koweït, environ 1,96 million d’habitants, est un ancien protectorat établi par Londres sur un rayon de 64 km autour du port de la capitale Koweït-City. C’est un état indépendant depuis 1961, gouverné par une monarchie constitutionnelle. L’Irak n’a jamais reconnu son existence. Le Koweït est le premier producteur de pétrole du Moyen-Orient et le quatrième mondial. Il a une frontière commune avec l’Irak. La monarchie qui dirige le Koweït se sent en danger face à ces revendications venues d’un pays plus grand et plus peuplé qui jalouse sa rente pétrolière. Dans ce contexte, aucune négociation ne peut aboutir.

Dans la nuit du 2 août 1990, les troupes irakiennes franchissent la frontière du Koweït. Le 4 août, l’occupation est achevée. Saddam Hussein rebaptise Koweït-City « Kathima ». Dans les jours qui suivent, plus de 50 000 soldats américains ainsi que les Crap français (Commandos de reconnaissance et d’action en profondeur) se déploient en Arabie saoudite. Les avoirs bancaires irakiens sont gelés à la demande des autorités américaines. Le 29 novembre, sous la pression des États-Unis, après une période ponctuée de négociations avortées, de surenchères verbales de Saddam Hussein et d’une intransigeance croissante du président américain George Bush, le Conseil de sécurité des Nations unies adopte par 12 voix contre une et deux abstentions une résolution qui autorise le recours à la force contre l’Irak avec un ultimatum portant sur le retrait des troupes irakiennes du Koweït expirant le 15 janvier 1991. La volonté américaine d’en découdre et d’intervenir ainsi directement dans les affaires de la région reçoit la légitimité des Nations unies. Elle donne carte blanche aux nouveaux desseins de cette grande puissance qui reprend en quelque sorte l’initiative dans un monde marqué par la chute du mur de Berlin et l’effondrement de la puissance soviétique. Rapidement, 53 nations s’engagent dans ce qui va devenir une véritable croisade : 21 sont présentes sur le terrain au nombre desquelles les principales nations occidentales dont la France, au soutien sans faille pendant la totalité des événements. Le 17 janvier, l’offensive aérienne nommée « Bouclier du désert » est déclenchée. Elle sera suivie le 23 février par l’offensive terrestre appelée « Tempête du désert », alors que Bagdad devant la précipitation des événements et la violence de l’offensive aérienne vient d’accepter in extremis un nouveau plan de paix dont il ne sera pas tenu compte. Une coalition de 21 armées et 800 000 soldats sous les ordres du haut commandement américain entre en action dont 25 000 Français de la division Daguet. La plupart des états du Moyen-Orient, à quelques exceptions près telles l’Autorité palestinienne et la Jordanie, s’engagent aux côtés des États-Unis. Un choix d’intérêt qui justifie en apparence un peu plus la logique d’une croisade du bien contre le mal. Seule la démission le 19 janvier 1991 du ministre français de la Défense, Jean-Pierre Chevènement, fera entendre une voix discordante au sein des autorités françaises et de la coalition. Les motifs justifiants sa démission, exposés dans une lettre adressée à François Mitterrand alors président de la République, donnent une assez bonne lecture de la situation et de ses conséquences : « Je ne puis en conscience donner mon approbation à la manœuvre américaine dans laquelle la nôtre s’insère, non seulement pour des raisons de politique générale (…) mais pour des raisons intrinsèques au plan des opérations elles-mêmes (…) Il s’agit de minimiser le montant des pertes américaines au prix, s’il le faut, de pertes extrêmement élevées du côté irakien »2. Malgré une mobilisation importante de la rue contre la guerre en France avant son déclenchement, et une opinion publique que l’on dit défavorable à l’option militaire, aucune initiative sérieuse ne sera prise par le gouvernement français pour faire entendre à la coalition un autre point de vue que celui des armes ou mettre en cause la domination américaine sur le cours des événements. Pour justifier la participation militaire de la France, le président François Mitterrand expliquait qu’elle servirait à garantir sa place à la table des négociations et son rang sur la scène internationale. Mais, ni dans les discussions de Madrid d’octobre 1991, ni dans la définition de l’ordre régional dans le Golfe, Paris ne devait jouer un rôle significatif.

Le 28 février, à 5 heures du matin, George Bush, président des États-Unis, annonce la suspension des opérations militaires. L’Irak est à genoux. Au moins 100 000 Irakiens civils et militaires sont morts victimes de la guerre. Un des pays arabes les plus modernes a vu toutes ses infrastructures méthodiquement détruites. Les monarchies arabes alliées des États-Unis sortent renforcées de ce conflit alors que le seul pays laïque de la région a perdu pour longtemps tout rôle dans le concert des nations arabes. Les États-Unis s’installent durablement en Arabie saoudite en établissant ainsi une nouvelle base à une gouvernance mondiale dominée par la politique américaine.
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Post-it Re: Analyse politique, stratégique et économique

Message par Syfou Dim 29 Aoû - 1:49

Guerre et opinion publique : la domination de l’imageDe la guerre du Vietnam à la guerre du Golfe

Les guerres sont les cadres privilégiés de l’utilisation de la propagande et de la censure ; la guerre du Golfe n’a pas fait défaut à cette généralité. Pourtant cette affirmation n’est pas sans appeler l’argumentation, car elle se confronte au prédicat selon lequel démocratie et propagande s’excluent, dans une société française où l’État met en exergue de sa légitimité le régime démocratique républicain par opposition aux totalitarismes.

Le recours à la guerre est l’expression du passage de l’action diplomatique à la force ; il met fin à toute consultation des citoyens mis alors en situation de spectateurs et ce jusqu’à la réalisation des buts de guerre. La question qui devient alors centrale est celle de convaincre l’opinion publique du bien-fondé de ce choix, de la faire adhérer à l’événement ou d’obtenir au moins sa « mise en veille ». Précisément, l’expérience négative de la guerre du Vietnam (1960-1975) devait servir d’enseignement, se traduisant lors de la guerre du Golfe par un recadrage de l’information par les militaires. Lors de la guerre du Vietnam, les images des bombardements au napalm, les 60 000 soldats américains tués, les centaines de milliers de morts civils et Viêtcongs ont traumatisé l’opinion publique occidentale et fait du conflit vietnamien une « sale guerre ». L’Amérique avait perdu cette guerre tout d’abord auprès de son opinion publique et de l’opinion publique mondiale. C’est le syndrome « Vietnam War ». « Plus jamais de Vietnam ! » déclarait le président George Bush au Congrès américain ou dans les réunions publiques pendant la préparation de la campagne militaire dans le Golfe. La question de la maîtrise par les commanditaires de la guerre de l’image de la guerre devenait une condition essentielle à sa réalisation. La place donnée aux médias télévisuels dans la guerre du Golfe était la réponse au risque que faisait peser l’opinion publique sur les buts militaires et politiques de la guerre, sur l’action et le moral des troupes. La vie démocratique en France donnant à l’opinion publique un rôle important n’autorisait pas que soit décrétée une pure censure officielle de la guerre qui aurait été rejetée avec un effet prévisible de mouvements de rue. Cette situation imposait de nouvelles règles à la façon d’informer des médias en termes de contrôle de la couverture de l’événement comme de mise en scène de celui-ci. À l’image de la coalition, le climat de pensée unique partagée de la droite à la gauche gouvernementale sur la bienfaisance de la guerre (Michel Rocard, P.S., était Premier ministre) invitait les médias télévisuels, naturellement portés à rapporter le point de vue des milieux officiels, à entrer dans le jeu selon une connivence qui ne s’est pas démentie durant la guerre.

La télévision a le plus souvent une action d’agitation et de filtre. Elle joue un rôle d’information sous le signe des « idées dominantes », un rôle pédagogique et d’explication en faveur de leur influence, mais ne justifie en général qu’indirectement les systèmes d’idées qui sont le propre d’une lecture orientée de la réalité. Elle n’est pas toujours, pour autant, qu’une caisse de résonance, mais peut aussi être mise à contribution pour orienter le téléspectateur.

Du message télévisuel mis sous tutelle de l’État avec la télévision gaullienne 3, à son « ouverture » à la privatisation depuis 1982, on aurait pu s’attendre à la naissance d’une véritable concurrence entre chaînes publiques et chaînes privées en matière d’information, et pas seulement en matière de scoop. La guerre du Golfe qui était l’occasion pour elles de montrer leurs différences n’a fait que renforcer ce sentiment qu’elles sont réglées sensiblement sur la même « longueur d’onde », qu’elles restent solidaires d’une fonction qui est celle de la « voix de la France », au sens que donne à cette expression l’influence du pouvoir politique. En matière d’information pendant la guerre, elles se sont retrouvées sur la même ligne éditoriale, et finalement sur un même mode d’interprétation du monde, la différence dans l’emballage ne changeant rien au fond. La guerre du Golfe a donné aux médias audiovisuels une place nouvelle dans la société française à la mesure d’une promotion sans précédent de l’image télévisuelle qui a servi depuis d’autres conflits du même type. La télévision a connu à cette occasion un élargissement de ses attributs en matière d’information en termes de dispositif par son intégration directe à une action globale, politique et militaire.

Cette évolution de la télévision est venue à point nommé reposer la question de l’antinomie déclarée par les milieux officiels entre démocratie et propagande, comme un fait acquis découlant de l’histoire 4. Une antinomie dont la reconnaissance est censée garantir la qualité de l’information sur laquelle le citoyen fonde encore aujourd’hui dans notre pays son opinion. Il se trouve que la guerre du Golfe est venue très sérieusement ébranler ce postulat et nous en proposer une relecture critique.
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Post-it Re: Analyse politique, stratégique et économique

Message par Syfou Dim 29 Aoû - 1:52

Bien « vendre la guerre » aux opinions publiques

Thomas Hervé 5 parle d’un véritable parallèle entre propagande de guerre et marketing, par le « War marketing ». En effet, les noms efficaces trouvés pour illustrer la guerre, si bien « vendus » aux opinions publiques, ne sont pas le produit du hasard : par exemple, on ne parle plus de bombardements mais de « frappes chirurgicales », de bavures mais de « dégâts collatéraux ». Le mot « désert », qui implique la quasi-absence de vie humaine, utilisé dans les deux noms des opérations structurant la campagne militaire, « Bouclier du désert » et « Tempête du désert », fait appel à l’idée selon laquelle ces opérations ne feraient pas de blessés ni de morts. Ces noms ont été repris et commentés par les médias lors des actions auxquelles ils correspondaient dans cet état d’esprit. L’efficacité dans la formulation tient dans un fait simple, le recours à des professionnels de la communication. Daniel Verpeaux, P.D.G. de Grayling France et anciennement président de Hill & Knowlton France, deux sociétés spécialisées dans les relations publiques et le lobbying, révèle : « Comme pour les campagnes commerciales, toutes les grandes organisations gouvernementales font appel à plusieurs agences-conseils extérieures qui sont mises en concurrence pour trouver les noms des opérations. » Thomas Hervé précise encore ce point de vue : « Un document très officiel circule au Pentagone. Le “Propaganda Planning Process” est une véritable “copie stratégie” publicitaire publiée depuis 1979 par The Army Headquarter Washington DC. Toute la procédure à suivre pour manipuler l’opinion y est soigneusement consignée : définition des cibles et des missions à atteindre, organisation de pré-tests et de post-tests pour évaluer la perception des opérations militaires envisagées ou accomplies. C’est de la stratégie de marque. »

Les chaînes de télévision se défendent d’avoir participé dans le cadre de la guerre du Golfe à la moindre propagande, bien au contraire. L’absence d’un travail de retour de la télé sur elle-même, sur son rôle dans ce domaine, laisse entendre qu’elle aurait rendu compte des événements en toute bonne foi. Elle aurait fait en somme un simple travail d’information, celui de son cahier des charges. Mais précisément, cette position élude la dimension médiatique essentielle et particulière donnée à cette guerre. Pourquoi ? Parce qu’elle fut justement un enjeu d’instrumentalisation politique et militaire de premier plan. Au cours de l’émission « Le point sur la table » de TF1 diffusée le 14 mars 1991, Jean-Claude Guillebeaud, président de l’association Reporters sans Frontières, dressait un premier bilan des contrefaçons médiatiques de la guerre, à partir des résultats d’une enquête en cours menée sur ce sujet par des écoles de journalisme : « Je crois pouvoir dire à ce stade de dépouillement de notre travail, que le mensonge et la fausse information ont été colossaux. J’ai même l’impression, mais c’est une impression personnelle, que ce sera l’un des plus grands mensonges médiatiques de ces vingt dernières années. (…) La marée noire d’un million et demi de tonnes de pétrole annoncée par le général Schwarzkopf le 26 janvier, fausse. Il y a eu probablement 4 marées noires dont au moins trois sont le fait des alliés, (…) la ligne Maginot – irakienne – fausse, (…) l’armée irakienne qui était la 4e armée du monde, c’est la 11e, le pilote torturé, rappelez-vous cette scène bouleversante (…) d’après ses déclarations après sa libération, il s’est blessé en s’éjectant de son avion… » Selon un sondage BVA-Paris Match réalisé pendant le conflit, 68 % des Français confiaient regarder plus la télévision à cause des événements, ce qui donne une idée de l’impact de ces « mensonges médiatiques » destinés à renforcer la légitimité de l’intervention militaire.

Une stratégie devait voir le jour à l’intention de l’opinion publique pour répondre à cette situation par une action psychologique anticipant sur les attitudes mentales des citoyens. La guerre ne pouvait être menée à bien sans la dynamique positive d’un mot d’ordre : la défense d’une « juste cause ». Elle devait ainsi épouser un caractère moral, investi par les valeurs universelles d’une mission de justice sous le signe des règles de droit qu’elle était censée rétablir. Le New York Times dans son éditorial du 16 janvier donnait déjà le ton : « Le message des bombardiers et des missiles américains est un message juste au service d’objectifs honorables »6. Il s’agissait alors d’une « guerre pour la morale », une guerre humanitaire menée contre Saddam Hussein pour le bien du peuple irakien lui-même, chacun pouvant s’y identifier à travers de belles valeurs, la fin justifiant ainsi les moyens. Mais une guerre morale devait réunir certaines conditions pour être convaincante :

– le préalable d’une dramatisation qui pouvait justifier l’emploi des grands moyens, et spécialement le recours aux armes.

– la garantie technique d’une sophistication des armes dont le caractère de haute précision était censé limiter les victimes humaines, crédibilisant le concept de « guerre propre ». Qui dit guerre efficace dit guerre rapide, cette performance des armes promettait donc aussi une « guerre éclair » conjurant la crainte du bourbier d’un nouveau Vietnam. L’intervention de la FAR (Force d’action rapide française) dont l’engagement dans le conflit fut largement médiatisé, allait dans ce sens, autant en termes de moyens que d’image. « Guerre propre » et « guerre éclair » étaient deux conditions impératives à l’image d’une « guerre moderne », c’est-à-dire acceptable aux yeux des citoyens.

– l’impression d’un contrôle sur le déroulement des opérations par les citoyens grâce à la faculté technique de la télévision de faire vivre la guerre en « temps réel », créant le sentiment d’une guerre collectivement, voire « démocratiquement » contrôlée.
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Post-it Re: Analyse politique, stratégique et économique

Message par Syfou Dim 29 Aoû - 1:59

Guerre et propagande : une stratégie globale

Dès que le choix de la guerre pointe à l’horizon, l’opinion publique est invitée à servir la patrie par son absence, et à accepter la censure militaire comme la garantie de sa propre sécurité, celle justement de sa liberté. L’uniforme devient par ce truchement, le temps d’une guerre, seul représentant de la nation derrière lequel tous doivent faire corps. Entre la communauté des citoyens ramenés à l’état de spectateurs et l’armée qui en est alors la véritable essence, entre le front et l’arrière, la solidarité doit être assurée par une médiation. Ce fut tout le rôle de la télévision que de remplir cette fonction de cohésion. Comme le définit P. Bourdieu, « le porte-parole s’approprie non seulement la parole du groupe des profanes, c’est-à-dire la plupart du temps, son silence, mais aussi la force même du groupe, qu’il contribue à produire en lui prêtant une parole reconnue (…). La force des idées qu’il propose se mesure (…) à la force de mobilisation qu’elles enferment, c’est-à-dire à la force du groupe qui les reconnaît, fut-ce par le silence ou l’absence de démenti »

La mise en scène d’un scandale : l’étape de la dénonciation

Toutes les performances possibles de l’image télévisuelle ont été exploitées dans cette guerre. Tous les atouts techniques ont été sollicités, qu’ils aient été d’ordre technologique ou de mise en intrigue des images et des faits. La guerre fait appel à la persuasion des masses. Il y a un climat socio-affectif que crée la situation de guerre et que prend en charge la propagande. La conscience est prise facilement en otage par l’émotion. La propagande a souvent recours à la mise en jeu de l’émotion car elle annihile la capacité critique, met la conscience en retard sur l’événement. La montée en puissance de l’émotion fait prévaloir la justification de l’action sur la conscience de ses conséquences. La conscience, elle, fait intervenir la mémoire pour prévenir le risque de la reproduction d’une situation déjà évaluée comme mauvaise ou dangereuse. C’est cette capacité qui est particulièrement visée par la technique de la propagande. La propagande définit la norme informationnelle de la guerre pour tout simplement empêcher de penser autrement.

Ce que souligne tout ceci, c’est qu’« il n’y a plus de distinction », selon Thomas Hervé, « entre l’influence exercée sur les opinions publiques en territoire allié ou ennemi ». « Une guerre psychologique »9habituellement réservée au camp adverse se voit étendue aux civils du même camp, complément nécessaire à l’amortissement d’une violence intrinsèque de la guerre. Depuis la Seconde Guerre mondiale avec son cortège d’horreurs, la guerre ne pouvant être aux yeux de l’opinion publique que l’instrument d’une oppression, il fallait alors convaincre de son absolue nécessité.

La propagande doit démêler la réalité des faits, et en donner une représentation claire, prédéterminée. Il s’agit donc d’un système d’interprétation des événements. La première étape de la propagande est celle qui vise au ralliement à la cause. Elle opère dans le sens de celui-ci en prétendant dénoncer un scandale, où s’oppose le bien et le mal. L’ennemi doit apparaître comme l’auteur d’une transgression révélée au grand jour. Pour cela, rien ne remplace l’effet d’exagération et d’implication émotionnelle que représente le procédé de dramatisation. « Quelle est l’aptitude de Saddam Hussein à faire le mal ? » interrogeait de façon suggestive le 17 janvier, premier jour des bombardements, un journaliste vedette de la chaîne américaine NBC, réseau de télévision appartenant à General Electric, un des fournisseurs d’armes du Pentagone . On préparait déjà les esprits à passer de l’exigence de la libération du Koweït, seul motif de l’intervention militaire selon les résolutions de l’ONU, à la volonté américaine de faire du régime de Saddam Hussein la cible principale de la guerre. Cette résolution inflexible des États-Unis, facilement perceptible dès le début de la crise, n’a-t-elle rien à voir avec un déficit d’information de l’opinion ? Celui concernant précisément les entretiens entre M. Saddam Hussein et l’ambassadrice américaine, April Glaspie, au cours desquels, selon la transcription publiée par Bagdad, cette dernière aurait affirmé que les États-Unis étaient indifférents à la querelle Irak-Koweït, considérée comme un problème interne au monde arabe ? Une information qui, si elle avait alors été confirmée, aurait joué un rôle décisif dans la décision irakienne d’envahir le Koweït, en changeant totalement l’interprétation de ce fait aux yeux du monde. « Sept mois plus tard, Mme Glaspie affirmait que cette transcription avait été maquillée. Mais que faisaient les médias pendant cette période ? » Ce que le général Gallois n’hésite pas à désigner comme un « traquenard » .

Dramatisation

Lors de l’émission « Le droit de savoir » sur TF1 le 9 novembre 1990, en pleine préparation des esprits à l’éventualité de la guerre, 20 jours avant l’ultimatum lancé par l’ONU, Patrick Poivre d’Arvor, animateur de l’émission, présentait un sujet autour du thème : « L’Irak a-t-elle la bombe ? » Un mystérieux ingénieur irakien, présenté sur le plateau en ombre chinoise, par crainte de représailles, affirme en voix off : « Saddam Hussein a accéléré la course à la bombe. » On apprend que cet ingénieur irakien réfugié à Genève a fui Bagdad le mois dernier, il était chargé de coordonner le travail des atomistes brésiliens, Tchèques et chinois. Pour l’anonymat, c’est raté : on se demande immédiatement comment cette précision peut cadrer avec la mise en scène de l’ingénieur à l’image, en dehors d’exigences essentiellement médiatiques, visant une dramatisation inscrite dans la continuité du sujet. En incrustation sur l’écran, on peut lire « Exclusif octobre 1990 ». Il parle : « Saddam Hussein nous avait ordonné d’être prêts pour le mois de juin. Nous avions pris du retard, mais quand je suis parti, tout était prêt. » Le journaliste : « Quand estimez-vous que l’Irak aura la bombe atomique ? » Lui : « L’Irak a la bombe, ce n’est pas une estimation, c’est une certitude. » L’ingénieur supposé disparaîtra ensuite. Suivait dans l’émission une interview tapageuse de Saddam Hussein, du 9 juillet 1990, qui prétendait détenir la bombe et « les moyens de détruire la moitié d’Israël au cas où… » Le tour est joué, Saddam Hussein est transformé de petit dictateur ambitieux en véritable péril pour le monde. N’était-ce pas précisément l’existence de cette interview qui avait suggéré l’idée de cette mise en scène ? Aucune autre source ne confirmera sérieusement cette affirmation. Depuis, aucune des missions de contrôle des experts de la commission des Nations unies pour le désarmement (UNSCOM) n’a proposé d’éléments tangibles en sa faveur. En attendant, le mal était fait et la dramatisation créée par la surestimation du danger que représentait l’Irak allait bien participer à justifier la logique de guerre et ses horreurs.

« George Bush va jusqu’à comparer la menace représentée par le président Saddam Hussein à celle de l’Allemagne nazie » lit-on dans les colonnes de L’Express fin août 1990 . George Bush (…) compare de nouveau le régime à celui de Hitler et innove en l’accusant de « crime contre l’humanité »14 en octobre. Cette affirmation s’appuyait sur les informations diabolisant l’homme fort de l’Irak dont celle ci : lors de l’invasion du Koweït, une infirmière échappée de l’enfer de Koweït-City dans la nuit du 2 août 1990 faisait le récit de la barbarie irakienne, décrivant des soldats débranchant les couveuses artificielles dans la maternité d’un hôpital et jetant violemment les nouveau-nés sur le carrelage. Une information qui allait frapper les esprits pour jouer un rôle important sur l’évolution du sentiment de l’opinion publique française (et internationale) à l’égard de l’engagement de nos troupes. Dans Le Nouvel Observateur du 27 juillet-2 août 1995 , l’infirmière devait livrer après les événements et la victoire des forces alliées sur Saddam Hussein « qu’elle ne s’était pas évadée de Koweït-City, qu’elle n’était pas infirmière, qu’elle vivait à l’époque en Amérique du Nord avec son père, ambassadeur du Koweït ». L’information avait été pourtant sans sourciller reprise par les télévisions, et parmi elles, les chaînes françaises et la source polluée n’avait fait l’objet d’aucune vérification. Elle justifiait son attitude au nom de l’intérêt de son pays. En salissant l’Irak par son assimilation au régime nazi, on créait une aversion et même une répulsion dans l’opinion publique qui éclaboussait les pacifistes, d’autant plus , comme le précise Yves Vargas, « que les communistes français (…) sont alors les principaux opposants à la guerre colonialiste qui se prépare, et qu’ils furent, aussi, les principaux résistants au nazisme, avec les gaullistes dont beaucoup s’opposèrent également à cette aventure meurtrière ».

L’usage détourné de l’image d’archive a trouvé dans l’émission des amoureux de la mer, Thalassa, 16 jours avant l’entrée en guerre, sa plus belle illustration (FR3, 20 heures, le 1/02/91). Pour imager la responsabilité meurtrière de Saddam qui aurait volontairement provoqué la « marée noire du siècle », selon des informations données par l’État-major américain et reprises sur le plateau par les commentateurs de l’émission, on voit défiler un montage où apparaît un cormoran pris dans le mazout irakien, se débattant désespérément, à bout de force… Une image d’archive en réalité, reprise d’une marée noire bien française, le cormoran était breton, et passa pendant plusieurs semaines aux journaux télévisés pour faire « malgré lui des faux témoignages » comme devait le formuler Jean-Claude Guillebeaud .Il n’est pas difficile de comprendre qu’il a joué un rôle symbolique très important.

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Post-it Re: Analyse politique, stratégique et économique

Message par Syfou Dim 29 Aoû - 2:02

Lire la suite sur :

http://chrhc.revues.org/index1708.html

Résumé

La guerre du Golfe a été l’objet de l’expérimentation d’un nouveau modèle de guerre, inscrit dans la logique d’un monde se réorganisant autour de la puissance américaine, après la fin de la guerre froide. L’image télévisuelle prit une part décisive dans la stratégie globale visant les buts de ce modèle. On y retrouve tous les ingrédients de la communication moderne alliés aux vieilles méthodes de la propagande. La démocratie n’en est pas sortie indemne, la télévision non plus. L’expérience montre tout l’intérêt du rôle de l’historien qui réhabilite l’événement comme élément du passé tombé dans la connaissance.
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Post-it Re: Analyse politique, stratégique et économique

Message par Syfou Lun 30 Aoû - 2:09

La non-violence est-elle possible ?

« L’idée ne nous viendrait pas que la souris est clémente parce qu’elle se laisse dévorer par le chat », disait Gandhi, qui inspira à Martin Luther King et Nelson Mandela deux formes de combat divergentes. Sylvie Laurent s’interroge sur les limites de la non-violence, qui ne fut jamais pour le Mahatma qu’une forme particulière de la lutte.

Analyse politique, stratégique et économique  Untitl24

Faut-il choisir entre Gandhi et Lénine pour obtenir la libération d’un peuple opprimé ? Dans sa Théorie de la violence , le philosophe marxiste George Labica soutenait que les anciennes distinctions entre violence légitime et violence illégitime avaient été durablement perverties par la centralité du terrorisme dans nos systèmes de représentation de la guerre contemporaine. Il dénonçait alors la célébration mièvre et systématique de la paix, symbolisée par des prix Nobel iniques, et l’exhortation unanime à « civiliser les mœurs ». L’insupportable colonialisme moderne rendait selon lui impossible une théorie de la non-violence. Pourtant, il faut se souvenir que la non-violence n’est pas un refus du conflit. Le philosophe marxiste pèche sans doute par manichéisme : une troisième voie a bel et bien existé entre Gandhi et Lénine.

L’Afrique du Sud qui fut, l’espace de quelques semaines, l’objet d’une attention vive à l’occasion de la coupe du monde de football, offre l’exemple d’un extraordinaire laboratoire de libération nationale, dont Nelson Mandela est la figure tutélaire et l’incarnation. Le père de la nation sud-africaine rejoignit en effet, dès sa libération en 1990, le panthéon des saints laïcs aux côtés de Gandhi et de Martin Luther King Jr. L’Indien, l’Américain et le Sud-Africain sont résolus à sortir les peuples de couleur du bas-côté de l’histoire. Mais à la différence d’Ho Chi Minh ou de Ben Bella, ils sont célébrés ici comme des hommes de paix. Ils sont aujourd’hui des mythes romantiques, rassemblés hâtivement sous l’adjectif « non-violents » dont on tend à oublier la radicalité . Si la fraternité fondamentale des trois combats contre l’oppression blanche est indéniable, elle est loin de constituer un ensemble cohérent, une école de la lutte par la non-violence et la désobéissance civile : à la différence de Martin Luther King Jr, Mandela ne fut jamais vraiment un partisan de la non-violence. L’entremêlement de la pensée du mahatma avec celles des deux prix Nobel de la paix est pourtant l’un des aspects les plus passionnants de l’histoire de la lutte contre la domination coloniale. Ils ne se sont jamais formellement rencontrés mais ils sont indirectement des compagnons de lutte : si Johannesburg fit Mandela, ce fut avant cela la ville dans laquelle Gandhi élabora sa philosophie politique et initia les Indiens d’Afrique du Sud à un combat pour l’émancipation, qui fut l’antichambre de la lutte pour l’indépendance de l’Inde. Par delà l’Atlantique, il fut entendu lorsqu’il qualifia la ségrégation raciale des Afro-Américains de « négation de la civilisation ». La parole de Gandhi, sa morale et son éthique, furent non seulement initiatrice du combat de Mandela en Afrique du Sud mais inspiratrice du combat de Martin Luther King aux États-Unis. Un regard croisé sur le combat du pasteur noir dans les États-Unis de la ségrégation et celui du résistant xhosa face au régime d’Apartheid permet de comprendre comment deux lecteurs de Gandhi, deux combattants pour les droits des Noirs face au racisme institutionnalisé, ont pris deux routes résolument différentes : au moment où le pasteur King organise la marche de Selma et érige la non-violence en impératif sacré, Mandela appelle à prendre les armes. Non pas résigné mais convaincu. Sa lecture du Mahatma et des prédécesseurs de ce dernier nourrit, comme pour Luther King, une pensée révolutionnaire de la société. Cette dernière eut raison de leur idéal de paix à tous les deux, de façon tragique pour l’un, sur un mode épique pour le second.

Aux sources de la non-violence, les lectures de Gandhi

Analyse politique, stratégique et économique  Untitl25

C’est au philosophe américain Henri David Thoreau que l’on doit la première théorisation de la résistance passive, définie dans son ouvrage de 1849 Civil Disobedience. Seule la responsabilité individuelle peut, selon lui, guider le destin des hommes, qui ne doivent en aucun cas de soumettre à l’autorité d’un gouvernement civil. La loi n’est alors qu’une forme de violence qui se prétend légitime. L’État de droit est un oxymore. Emprisonné pour avoir refusé d’honorer ses impôts, il perpétua l’esprit de sédition des pères fondateurs, porteurs des « droits imprescriptibles » de l’homo americanus. Thoreau, qui écrivit : « sous un gouvernement qui emprisonne injustement, la place de l’homme juste est aussi en prison », a influencé de nombreux penseurs de la non-violence qui ont vu en lui le père d’une contre-société libertaire et néanmoins harmonieuse. Penseur anti-démocratique (à l’inverse de Tocqueville dont il est le contemporain, il dénonce le règne délétère de la majorité aux États-Unis), objecteur de conscience, l’auteur de Walden ne relie pas son discours politique à une pensée collective de l’émancipation. Sa révolte est individuelle mais il admire ceux qui, tel John Brown, terroriste anti-esclavagiste, tentent de renverser l’oppresseur. Il ne disqualifie pas la violence révolutionnaire. Dans un essai consacré à John Brown, il écrit : « Il n’accordait aucune valeur à sa vie terrestre comparée à son idéal. Il n’a jamais reconnu les lois iniques mais leur a résisté, conformément à ses principes. Pour une fois, nous voici arrachés à la poussiéreuse vulgarité de la vie politique et transportés dans le royaume de la vérité et de l’humanité. Jamais aucun homme en Amérique n’a combattu avec autant de persistance, autant d’efficacité pour la dignité de la nature humaine. Car il se savait homme, égal à n’importe quel gouvernant. En ce sens, il était plus américain que nous tous. »
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Post-it Re: Analyse politique, stratégique et économique

Message par Syfou Lun 30 Aoû - 2:16

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Pourtant, lorsque le jeune Gandhi découvre les ouvrages de Thoreau, vraisemblablement lors de son propre emprisonnement en 1908, il retrouve des échos de son propre combat. Ironie de l’histoire, c’est également pour avoir refusé de payer l’impôt (celui que le gouvernement sud-africain imposait aux Indiens) qu’il fut emprisonné. Il étudie donc avec passion les textes de Thoreau dont il retrouve avec surprise des intertextes qui lui sont familiers : le penseur de Nouvelle Angleterre avait lu les textes sacrés de l’Inde (dont la Bhagavad-Gita, texte majeur du corpus hindou) et se disait même yogi .

Mais le concept de désobéissance civile, s’il signifie « résistance passive » par l’isolement du reste du monde, ne correspond pas à l’idéal de lutte du jeune Mohandas Gandhi qui défend alors les droits des milliers de travailleurs immigrés indiens soumis la politique de plus en plus humiliante des autorités sud-africaines, qui fichent et entravent leurs populations de couleur. Pendant vingt ans, de Durban à Johannesburg, l’avocat indien lutte afin non seulement de libérer la diaspora en terre africaine dont il est le représentant, mais également pour organiser de concert la résistance tactique et spirituelle de l’Inde face à la couronne britannique. De ses deux théâtres, il comprend que le soulèvement armé, pas plus que la simple résistance passive à la Thoreau, ne répondent aux exigences patriotiques indiennes. Leur statut minoritaire en Afrique du Sud rend illusoire la lutte armée et le recours au terrorisme menace de les soumettre à une terrible répression. Mais le repli sur son jardin individuel est une posture qu’il ne peut admettre ; il reproche à la « résistance passive » des dissidents de n’être finalement qu’une forme de faiblesse. C’est donc faute de mieux que Gandhi lance la campagne éponyme de 1908 sous le non de « désobéissance civile », ce qui lui vaut – suivant le commandement de Thoreau – l’un de ses nombreux séjours en prison. Mais il veut que les Indiens soient pleinement intégrés à la vie sociale et même qu’ils témoignent de leur loyauté patriotique envers la couronne d’Angleterre. La priorité de Gandhi ne fut pas le refus irréductible de recourir aux armes, même s’il s’agit de témoigner de son allégeance à l’oppresseur ; il porta d’ailleurs l’uniforme de l’armée britannique lors de la guerre des Boers de 1899-1902.

Bien qu’initié à la pensée chrétienne et à son principe d’amour inconditionnel du prochain par Léon Tolstoï, avec lequel il entretint une relation épistolaire , Gandhi refuse d’abdiquer l’usage de la force. Ainsi se comprend le passage célèbre dans lequel il explique : « J’aimerais mieux que l’Inde défendît son honneur par la force des armes plutôt que de la voir assister lâchement et sans se défendre à sa propre défaite… Mais je n’en crois pas moins que la non-violence est infiniment supérieure à la violence et que la clémence est autrement plus noble que le châtiment. [...] L’idée ne nous viendrait pas que la souris est clémente parce qu’elle se laisse dévorer par le chat ».

Alors que Tolstoï l’invite, dans sa « Lettre à un Hindou » de 1909, au nom de l’Amour de l’homme, à ne jamais considérer que la violence est un recours et que « la non‑résistance meurtrit l’altruisme autant que l’égoïsme », Gandhi s’emploie à définir par un mot sanskrit, Satyagraha, les modalités d’une lutte séculière résolue contre l’occupation de l’Inde et l’assujettissement des immigrés indiens en Afrique du Sud. Étymologiquement le terme signifie l’étreinte (graha) de la vérité (Satya). Il a néanmoins retenu de son ami russe, qui lui a fait lire « Le sermon sur la montagne », que la violence est avant tout métaphorique, qu’elle correspond comme le Jihad de ses compatriotes musulmans à une guerre en soi . Marqué par la figure du Christ, en qui il voit un combattant, il écrivit : « Jésus n’a pas prêché une nouvelle religion, mais une nouvelle vie » (What Jesus means to me ). En défendant la vérité non pas en faisant souffrir l’adversaire, mais en souffrant soi-même, Gandhi soutient que l’on ne renonce en aucun cas à l’usage de la force, mais milite pour une « force de l’âme » qui épargne les corps : « La non-violence ne consiste pas à renoncer à toute lutte réelle contre le mal. La non-violence telle que je la conçois est au contraire contre le mal une lutte plus active et plus réelle que la loi du talion, dont la nature même a pour effet de développer la perversité » .

Romain Rolland, qui fut l’un des premiers à faire connaître l’œuvre de Gandhi en France par sa biographie de 1924, s’engage dans la lutte pacifiste et anticoloniale avec pour conviction gandhienne qu’« il faut aimer la vérité plus que soi-même et les autres plus que la vérité. » (Jean-Christophe, chapitre 28). Rolland, prix Nobel de la paix et grand lecteur de Tolstoï lui aussi, traduit à sa façon la théorie de la non-violence que Gandhi. Chaque homme doit se consacrer à trouver sa vérité, ce qui suppose le renoncement à ses pulsions maléfiques, à sa haine d’autrui et à son désir de nuire. Il doit parvenir à l’Ahimsa, la négation du ressentiment au profit d’un respect absolu de toute forme de vie et d’une empathie pour autrui. Guerre de chaque instant contre soi-même, cette éthique de vie exige l’effacement de soi et le renoncement au désir. Dans Lettres à l’Ashram, il écrit : « On n’arrive à l’état parfait que lorsque l’esprit, le corps, la parole sont convenablement coordonnés. Mais il y a toujours une lutte mentale intense ». À la différence du commandement évangélique, il ne s’agit pas d’aimer son ennemi et de lui tendre la joue qu’il n’a pas encore giflée. Le Satyagraha n’autorise pas même la notion d’ennemi. Elle ne peut être que l’arme des forts, ceux qui résistent à leur soif de haine, à leur volonté d’en découdre. Il faut pouvoir avoir recours à la violence mais être capable d’une abnégation telle qu’on accorde à autrui le bénéfice de sa propre vérité. La lutte contre l’oppresseur coûta la vie de milliers d’Indiens comme lors du massacre d’Amritsar en 1919 par les Britanniques. Pourtant, plus que jamais après cette date, Gandhi impose la non-violence et la non-coopération, le refus de respecter la loi coloniale et de payer les impôts de la discrimination. Mais jeter, de rage, une pierre au soldat de sa majesté est inadmissible. « La non-violence est mon premier article de foi. C’est aussi le dernier article de mon credo. » La maîtrise de la violence en soi et la quête de perfection se sont traduites par un pas supplémentaire dans le dénuement : il troque le costume occidental pour des oripeaux traditionnels.

La lutte non-violente contre l’oppression coloniale telle que définie par Gandhi n’est donc pas synonyme d’un amour universel inné et viscéral porté à la nature humaine. S’il refuse de répondre à la violence par la violence, il rejoint Freud dans sa conviction que la haine de la violence en soi-même s’apparente à une forme d’auto-asservissement, tant son instinct ne l’y porte guère . Née de l’incarcération dans les geôles de Johannesburg, la démarche insurrectionnelle prônée par l’homme au rouet est à la fois accessible à tous (vieillards, femmes, enfants) et requiert en même temps une soumission héroïque à la non-violence. « Désobéir ne saurait être une justification en soi de l’action : au contraire, si elle en est une étape, elle n’a de valeur que par l’exemple d’obéissance donnée par ailleurs… ». Cette dernière exige « que ses militants soient préparés à supporter la violence de la répression qui ne manque pas de se déployer lors des manifestations ou des actions symboliques : d’abord les coups, les arrestations et les emprisonnements, quand ce n’est pas la mort elle-même, mais la répression a encore un autre visage : elle rend impossibles la vie professionnelle et la vie familiale, elle fait peser une pression quotidienne sur les foyers, sans que des actions soient en cours. D’où cette nécessité de préparation, d’endurance ». Il n’est ainsi guère surprenant que Martin Luther King Jr. et Nelson Mandela aient fait leur sa parole, qui donnèrent tous deux leur vie à la libération de leur peuple respectif.
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Post-it Re: Analyse politique, stratégique et économique

Message par Syfou Lun 30 Aoû - 2:19

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Martin Luther King, l’agapè du peuple noir

Si les États sudistes des États-Unis d’après-guerre ne sont pas à proprement parler régis par une politique d’Apartheid telle que Gandhi puis Mandela l’ont subie en Afrique du Sud , la ségrégation raciale imposée par les lois Jim Crow rapproche les Noirs américains du statut de peuple colonisé. Dès le début du XXe siècle d’ailleurs, W.E.B. Du Bois, théoricien de la condition noire étatsunienne, a tenté d’inscrire leur émancipation dans le cadre plus vaste de la libération des peuples de couleur face aux impérialismes européens. L’histoire de la lutte de libération des Afro-américains fut, depuis les premières révoltes du XVIIe siècle, marquée par la violence, et de Nat Turner à Marcus Garvey ou Malcolm X, l’insurrection armée apparait comme une option privilégiée. Si Gandhi mesure la fin à l’aune des moyens de son action (“As the means, so the end” ), Malcom X soutient qu’il faut que la liberté vienne aux Noirs « by any means necessary », quels qu’en soient les moyens.

À cette tradition séculière s’oppose l’Église chrétienne afro-américaine qui fut, pour les esclaves puis pour les citoyens de second ordre de l’Amérique, le lieu de la parole libérée et de la promesse de sortie d’Égypte. Premier espace de la libération, l’Église noire a d’emblée proposé une théologie de la libération qui, prenant les Hébreux et Jésus comme héros, contienne la violence des millions de Noirs soumis au joug raciste de l’Alabama ou de la Géorgie. L’Église noire, avec sa liturgie et ses rituels propres, prophétise une révolution politique, spirituelle et sociale. Mais en attendant ce jour, seule la prière est une arme acceptable.

Pasteur, Martin Luther King Jr. est bien sûr avant tout un théologien de l’amour chrétien qui interdit de faire à autrui ce que l’on ne voudrait pas subir soi-même. Mais il ne fut jamais dogmatique et sa conversion à la non-violence date en réalité, comme il le dit dans son autobiographie, de l’expérience politique qu’il vécut en 1955-56, lorsqu’il organisa le boycott par les Noirs des bus de Montgomery en réponse à l’arrestation de Rosa Parks, coupable d’avoir refusé de céder sa place à un Blanc dans un bus. C’est en constatant l’efficacité de cette modalité du combat (le pupitre et la rue) qu’il formule ensuite sa théologie de la résistance passive. Lecteur de Thoreau bien sûr, il refuse le principe d’obéissance à des lois injustes. Mais profondément convaincu que les hommes sont, littéralement, à l’image de Dieu, c’est-à-dire ontologiquement libres, il invite ses fidèles non pas à l’amour du prochain mais à l’Agapè, mot grec qu’il lui préfère. Agapè signifie en effet l’abandon de soi, il est l’amour dénué du désir d’être aimé en retour. King réfute l’amour du beau (eros) et l’amour réciproque (philia) pour changer le monde car seule l’agapè est source de rédemption . Tous les hommes ne sont pas aimables, mais tous méritent la reconnaissance en ce qu’ils sont les membres d’une même communauté humaine, promis à un même destin. Du grand théologien d’origine allemande Reinhold Niebuhr, qu’il a longtemps étudié, il retient l’idée d’une nature humaine duale, capable du bien comme du mal, mais il se refuse à l’individualisme résigné que prône ce dernier. Socialiste militant, éducateur et contempteur des crimes américains, Niebuhr est en effet convaincu que le péché est la marque même de l’âme humaine. Luther King, humaniste impénitent, veut réconcilier la morale individuelle des Écritures avec la révolution collective d’ici-bas. Il se sépare du credo de l’Église noire qui comprend métaphoriquement la libération. Le recours au pouvoir politique est une évidence pour ce partisan de la liberté.

Sa découverte de l’œuvre de Gandhi constitua à cet égard une avancée considérable vers la réconciliation du christianisme avec le réformisme social. Dans son autobiographie, il rappelle qu’il s’apprêtait à renoncer au pacifisme chrétien lorsqu’il comprit la force du message de Gandhi et sa pertinence pour l’émancipation des Noirs américains. C’est lors de ses études de théologie qu’il entend pour la première fois parler de la Satyagraha mais en 1950, le sermon prononcé par Mordecai Johnson, président de l’université noire d’Howard qui rentrait d’Inde, le convainc définitivement de la force de Gandhi. Il voit en lui, non sans humour, « le plus grand Chrétien du monde moderne ». À la chaire, il cite la marche du sel menée par Gandhi en 1928 comme le modèle dont les Noirs doivent s’inspirer. En 1959, de retour aux États-Unis après un pèlerinage en Inde, il écrit : « Alors que les jours passaient, la doctrine chrétienne de l’amour du prochain, mise en œuvre par la méthode non-violente enseignée par Gandhi, devenait l’une des armes de libération les plus redoutables dont disposaient les Noirs […] la philosophie de la non-violence de Gandhi est la seule méthode moralement et concrètement valable pour les peuples opprimés qui se battent pour leur liberté » .

Avec la Satyagraha, King déploie la morale judéo-chrétienne dans le champ profane d’une éthique de l’émancipation collective. Identifiant les Noirs à de nouveaux Intouchables, il modifie donc sensiblement la doctrine chrétienne en engageant les Noirs à la désobéissance civile active, aux sit-in et occupations en masse de lieux publics. Une certaine forme de « coercition » est encouragée et dans le sillage de Gandhi, il refuse la passivité et l’inaction. Plus influencé par la pensée marxiste que le maître indien, il rejette néanmoins toute forme de violence commise volontairement sur autrui, au nom même de son combat. Il s’imprègne de la rhétorique pacifiste des militants blancs. Pour lui, le matérialisme, le militarisme, le racisme et la violence ont partie liée, et King voyait en cette dernière une pathologie américaine. En refusant le sacrifice de soi et la souffrance d’un tel renoncement, le militant qui verse dans la violence participe du narcissisme d’une société rongée par le consumérisme et la satisfaction immédiate de ses désirs. Il fait donc sien l’idéal gandhien d’A-himsa, l’action désintéressée mais lui ajoute un anticapitalisme virulent. Lecteur critique de Marx, il ne peut concevoir une société sans Dieu car pour lui, il ne saurait y avoir de fraternité séculière et de négation de l’individualité. Admirateur lui aussi de l’œuvre de Léon Tolstoï, il tempère : « il est vrai qu’aujourd’hui certains pacifistes sont des anarchistes, qui s’inspirent de Tolstoï. Mais je ne vais pas aussi loin. Je crois en l’utilisation intelligente de la force de police… »

La décennie de combat pour les droits civiques fut marquée par un geste : simplement s’asseoir, au comptoir des établissements qui ne tolèrent les Noirs qu’à la plonge (la chaîne Woolworth par exemple et le célèbre sit-in de 1960) ou dans les rues des dizaines de villes du Sud, comme à Nashville (Tennessee) devant les commerces « for Whites only » ou dans le pénitencier de Jackson (Mississippi). Pourtant, les partisans les plus convaincus de la technique non-violente au sein de la SCNC (Southern Christian Leadership Coalition) qui a porté King à sa tête, réclament que l’on revienne à la lettre de la philosophie de Gandhi : le sit-in est pour eux une modalité de la coercition, une forme de violence. King prend pourtant la décision de soutenir le mouvement et participe lui-même à un sit-in à Atlanta, ce qui lui valut une condamnation aux travaux forcés en 1960, annulée par un John Kennedy alors en campagne présidentielle. Les raisons de cette relecture des impératifs gandhiens est bien sûr liée à la différence des situations nationales et King s’en explique dans un entretien de 1957 : entre violence et non-violence, il existe un espace pour la contestation certes non-violente mais irrespectueuse de l’ordre public. En 1963, alors que les luttes s’intensifient au Sud et que King doit contenir la pression croissante exercée par ceux, des étudiants sceptiques aux militants du black power, qui appellent à abandonner la doctrine de la non-violence, il organise sciemment la provocation en violant l’interdiction de manifester dans les rues de Birmingham. Non seulement il ne craint pas le déchaînement de violence de ses adversaires mais il la souhaite.

Son aggiornamento stratégique est également lié aux progrès technologiques. L’entrée de la télévision dans les foyers américains joua en effet un rôle déterminant dans l’issue de la campagne des droits civiques, qu’il s’agisse du vote par la Cour suprême de la déségrégation des gares reliant les États entre eux, ou les votes de 1964 et 65 accordant les droits civiques. La non-violence trouve désormais une alliée : l’image de la violence. Martin Luther King le savait et c’était une part essentielle de sa stratégie : jouant de la culpabilité de l’oppresseur et conscient que les États du Nord ne pouvaient tolérer des manifestations aussi criantes de leurs contradictions démocratiques, il use de la non-violence comme d’une rhétorique toute chrétienne et se montre alors fin sémioticien : plus l’ennemi est publiquement cruel, plus la cause apparaît juste. Gandhi avait déjà théorisé cette dialectique, nommée Tapaysa, consistant à subir la souffrance imposée par l’adversaire afin de gagner son respect et peut-être sa sympathie. Mais désormais, il existe un troisième œil, celui de l’écran de télévision, qui fut une arme redoutable et décisive dans la lutte menée par les défenseurs de la justice raciale . La foule raciste et hargneuse du Sud apparaît subitement sur les écrans comme une horde ensauvagée. Les images de femmes et de jeunes hommes noirs désarmés, balayés par les karchers à incendie et les bergers allemands furieux de la police de Bull Connor à Birmingham en 1963 embarrassent le pays tout entier, à commencer par la Maison Blanche. De plus, si la liste est longue des crimes tolérés commis au Sud contre ceux qui réclamaient l’égale dignité des Noirs, l’entrée de la violence dans l’espace médiatique provoque désormais l’opprobre public. Depuis les assassinats d’Emmet Till et Medgar Evers, l’explosion criminelle de l’église de Birmingham qui causa la mort de quatre petites filles jusqu’aux passages à tabac des « Freedom Riders » venus prêter main forte aux militants des droits civiques, l’image de l’injustice est une violence faite au confort du téléspectateur et le force malgré lui à l’empathie avec les marcheurs pacifistes.

L’historiographie autant que les héritiers de King saluent le bilan de l’action non-violente et le courage de King, qui maintint son refus de voir les Noirs porter le moindre coup à leurs bourreaux. Son refus intraitable de la violence, même mâtinée d’une désobéissance civile « participante », en fait un héritier et un passeur exemplaire de la doctrine gandhienne. La popularité de son principal adversaire, Malcolm X, témoigne néanmoins de l’amertume de ceux qui pensent que la non-violence pratiquée par le leader de la SCNC n’était que naïveté, voire compromission avec le pouvoir blanc. L’assassinat de King lui-même en 1968, qui déclencha des émeutes violentes et à bien des égards suicidaires parmi des Noirs toujours discriminés, eut raison de son idéal. Malcolm X réclamait un infléchissement de la doctrine de King comme ce dernier avait amendé celle de Gandhi : « si la non-violence signifie continuer à reporter sine die la résolution de la question noire pour prix du refus de la violence », dit-il, « alors oui, je suis pour la violence ; la non-violence me va si elle marche » .

C’est mot pour mot ce que déclara Nelson Mandela lorsqu’il entra en dissidence. De façon surprenante, il paraphrasa également Malcolm X lors de son procès de 1967 lorsqu’il affirma qu’il lutterait pour la libération des Noirs « par tous les moyens nécessaires ».
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Post-it Re: Analyse politique, stratégique et économique

Message par Syfou Lun 30 Aoû - 2:33

Suite...

Mandela, de Fanon à Gandhi

Les vingt ans de combat menés par Gandhi en Afrique du Sud et le parallélisme (voire la collaboration) entre Indiens et Africains dans leur lutte contre l’oppression anglo-néérlandaise ont profondément influencé les grandes voix de l’ANC. Albert Luthuli, son premier président, était un Chrétien convaincu mais, plus encore, il vivait sa théologie de la libération au travers de la Satyagraha et de son impératif non-violent. Pour cet éducateur zulu, qui reçoit le prix Nobel de la paix en 1961, « le chemin vers la liberté passe par la Croix ». Comme Martin Luther King à la même époque, il cherche à réconcilier les dominés et les dominants en organisant une désobéissance civile pacifiste : dès 1919, prenant modèle sur les Indiens, une grande marche est organisée pour protester contre l’obligation de porter le laissez-passer que les autorités d’Apartheid imposent aux Noirs. Mais c’est la grande « campagne de défiance contre des lois injustes » de 1952 organisée conjointement par l’ANC et le South African Indian Congress qui marqua le début de cette forme de lutte. Jusqu’à sa mort en 1967, Albert Luthuli fut le président de l’ANC ; en harmonie avec les membres indiens de la direction – en particulier l’un des fils spirituels de Gandhi en Afrique du Sud, Nana Sita –, il tente de maintenir la ligne de la non-violence : boycotts et manifestations pacifistes sont l’essentiel de l’action de libération.

Mais la jeune garde de l’ANC, en particulier Mandela, doute dès l’origine de la validité des méthodes non-violentes pour faire face à l’arbitraire du pouvoir. L’historiographie officielle suggère que c’est après le terrible massacre de Sharpeville en 1960 que l’ANC renonce à l’impératif de non-violence en créant sa branche armée l’année suivante, Umkhonto we Sizwe (lance de la nation) dont Mandela prend la tête. Mais entre les lignes de l’autobiographie de ce dernier se dessine une autre histoire. Dès 1954 en effet, il haranguait la foule de Sophiatown, dont les habitations vont être détruites, proclamant « que le temps de la résistance passive était terminé, que la non violence était une stratégie vaine et qu’elle ne renverserait jamais une minorité blanche prête à maintenir son pouvoir à n’importe quel prix […], que la violence était la seule arme qui détruirait l’Apartheid et que nous devions être prêts, dans un avenir proche, à l’employer ». Recadré par son mentor, Albert Luthuli, il revint sur son emportement : « J’ai accepté la critique et ensuite j’ai fidèlement défendu la politique de non-violence en public. Mais au fond de moi, je savais que la non-violence n’était pas la réponse. » (p. 194)

À la jeunesse de Mandela, qui explique en partie son impatience à voir enfin reculer l’adversaire, s’ajoute une analyse critique de la position de Gandhi dans le contexte sud-africain. À la différence de Luthuli, Desmond Tutu plus tard ou King aux États-Unis, la pensée de Mandela n’a pas été forgée par le christianisme et ses exigences morales. Marqué par son éducation toute britannique, il est bien davantage préoccupé par la question de la compatibilité entre légalisme et efficacité de son combat. « S’inquiéter de l’éthique de son action n’a de sens que lorsque l’on a le choix », écrira plus tard Saul Alinsky . Si Mandela est aussi marqué par la pensée indienne, toujours très prégnante parmi les élites nationalistes, il ne croit pas ou plus dans l’efficacité de la seule désobéissance civile et craint de voir la masse du peuple se détourner d’un parti jugé attentiste. Dès 1952 et ses premiers entretiens avec Albert Luthuli, il milite pour le passage à la lutte armée : « La résistance passive non-violente est efficace tant que notre adversaire adhère aux mêmes règles que nous. Mais si la manifestation pacifique ne rencontre que la violence, son efficacité prend fin. Pour moi, la non-violence n’était pas un principe moral mais une stratégie. Il n’y a aucune bonté morale à utiliser une arme inefficace » (p. 193).

Pendant la décennie qui précède son incarcération (1952-1964), il cherche à convaincre les caciques du parti ; il persuade petit à petit. L’évolution de la situation plaide en sa faveur. L’extrême brutalité de la répression policière et l’impossibilité de négocier un assouplissement des lois scélérates avec un gouvernement qui se prévaut du droit pour enfermer, torturer et déplacer des milliers d’hommes, change en effet le paradigme pacifiste. La non-violence et la désobéissance civile sont théoriquement pertinentes dans la mesure où l’État oppresseur reconnaît et respecte un minimum de règles juridiques concernant les droits de la personne et qu’elle souscrit à l’idée de principes universels : c’est au nom de la charte des droits que les nationalistes indiens ont interpellé les autorités britanniques et au nom de la constitution des États-Unis que le docteur King a condamné la ségrégation. Or l’Afrique du Sud ne reconnaît, dans ses textes fondateurs, que les droits de la minorité blanche appelée à se maintenir à la tête du pays. C’est au nom de lois légalement votées (« Population Registration Act » en 1950, « Bantu Authorities Act » en 1951, « Public Safety Act and the Criminal Law Amendment Act » en 1953, etc.) que la politique d’Apartheid est appliquée. C’est sur le double prétexte du respect des lois et de la lutte contre la sédition communiste que le gouvernement afrikaner a emprisonné et assassiné des dizaines de militants des droits des Noirs. Ainsi, à la différence de la Grande-Bretagne qui imposa à Jan Smuts de libérer Gandhi, ou de Washington qui fit de même avec Martin Luther King [28], l’Afrique du Sud ne se soucia ni de la pression des tenants du droit ni d’ailleurs de l’opprobre international (comme en témoignèrent leur impassibilité face à l’attribution par la communauté internationale d’un deuxième prix Nobel de la paix pour une figure de la lutte anti-Apartheid en 1985, et leur résistance malgré un embargo économique de plus de deux décennies).

Dans les quelques années qui précèdent son incarcération, Mandela parvient à avoir raison du pacifisme déterminé de la frange communiste de l’ANC, en particulier de Moses Kotane, premier secrétaire du parti, et de celui de la minorité indienne. Le représentant de cette dernière, J. N. Singh, se résigne amèrement : « la non-violence ne nous a pas mal servis, c’est nous qui l’avons mal servie ». Mandela lui répond « que c’était bien la non-violence qui ne nous avait pas servis, car elle n’avait rien fait pour arrêter la violence de l’État ». Lorsqu’en mars 1960 le gouvernement écrase dans le sang la manifestation pacifique organisée par le Congrès Pan Africain et l’ANC à Sharpeville et Langa, Mandela parle désormais au nom de toute l’organisation lorsqu’il déclare le chapitre de la non-violence officiellement clos.

Il revient aux historiens et aux citoyens de s’interroger sur le caractère inéluctable ou non de cette décision. On pourrait avancer qu’au même moment, les militants de la campagne pour les droits civiques aux États-Unis subissaient également, à leur échelle, des représailles policières sanglantes. Mais ils avaient non seulement la loi de leur côté et les agents fédéraux pour l’appliquer le cas échéant, mais aussi les journalistes et leurs caméras pour les soutenir. Une telle logique fut strictement inapplicable en Afrique du Sud, non parce que les Blancs racistes contrôlaient les images diffusées mais parce que la télévision y fut interdite jusqu’en 1976. Au nom de la préservation morale, calviniste, pieuse et endogamique de la société blanche, les gouvernements conservateurs avaient banni la machine diabolique des foyers sud-africains . Le ministre des communications d’alors, Albert Hertzog, craignait l’intrusion de l’universalisme occidental et conspuait un outil destiné selon lui à « saper le moral de l’homme blanc ». L’année de l’autorisation de la télévision, qui de toute façon resta inaccessible à la population noire misérable, est celle des émeutes de Soweto. Les images furent de fait ravageuses pour le gouvernement en place .

Martin Luther King lui-même apporte son soutien à l’ANC après 1961 car, convient-il, cette dernière n’a plus d’autre alternative. Lors de nombreux sermons des années soixante, il a d’ailleurs appelé publiquement à soutenir le combat de Nelson Mandela et de l’ANC, exhortant même avant l’heure à un boycott économique de l’Afrique du Sud. L’admiration est réciproque : lorsque Nelson Mandela reçoit son prix Nobel en 1993, c’est à Martin Luther King qu’il rend hommage de la façon la plus appuyée, le citant à deux reprises.

Car en réalité, les actions violentes du MK (abréviation de Umkhonto we Sizwe) sont dirigées contre des infrastructures et non contre les hommes. Le pouvoir de nuisance (disruption) auquel aspirent les militants nationalistes demeure dans l’ensemble non-violent : grève générale, blocage des écoles et des entreprises furent la forme principale que prit la lutte anti-apartheid. Néanmoins, la révolution rhétorique consiste dans le brouillage de la frontière, désormais envisageable, entre « violence » et « non violence » et c’est sans doute ce pragmatisme que Mandela a apporté . Les historiens ont ainsi souligné la porosité entre deux mondes et leur « complémentarité » : beaucoup de « pacifistes » étaient officiellement membres d’organisations apolitiques le jour et informateurs de l’armée des ombres la nuit. Par ailleurs, du jet de pierre à la police au meurtre rituel des « traîtres » , la violence n’est jamais absente des luttes de rue. Les courants radicaux qui, comme aux États-Unis, mettent en demeure les chefs officiels du mouvement de libération de durcir leur position, ont de plus une influence considérable. En effet, il fallut à l’ANC contenir la haine et ses potentialité insurrectionnelles au sein de la jeunesse des townships et dans le même temps ne pas s’aliéner les nouvelles générations de militants. Depuis sa cellule, Mandela y parvient en refusant chaque demande du gouvernement de renoncer à la violence pour prix de sa libération. Les actions de guérilla qu’il ordonne ont un effet cathartique. Il reste symboliquement le chef d’une lutte armée, quand bien même cela lui aliène le soutien de la Croix Rouge internationale.

De même que King et Malcolm X ont entretenu une relation complexe de défiance et néanmoins d’interaction mutuelle, Mandela s’est instruit de la parole du principal chef du mouvement du « Black Power » sud-africain, Steve Biko, assassiné par la police en 1977 . Ce dernier est fondamental pour comprendre l’évolution de la théorie de la violence (ou de la non-violence) dans le mouvement anti-colonial sud africain. Lecteur des penseurs afro-américains W.E.B. DuBois, Marcus Garvey ou Alain Locke, il soutient que la fierté recouvrée par les Noirs, le refus de baisser la tête face au Blanc, sont la condition première de leur désaliénation mentale. Il emprunte aux Black Panthers le slogan « Black is beautiful » afin de produire dans l’esprit des Noirs eux-mêmes une prise de conscience de leur liberté fondamentale. S’il fut un lecteur attentif de Gandhi, essayant un compromis d’équilibriste entre sa pensée non-violente et le radicalisme inhérent à la « Black Consciousness », il suit le même cheminement que Mandela en n’écartant la violence que si les circonstances le permettent. D’une certaine façon, il donne un contenu théorique à l’intuition politique de Mandela, tout entier versé dans l’action avant son arrestation. Biko a élaboré une pensée et une éthique de la libération distinguant notamment la phase de « libération psychologique » qui doit précéder la « libération physique ». La violence doit être évitée mais il ne saurait être question pour lui de supporter sans réagir les agressions physiques de l’ennemi. Il accorde un droit fondamental à la contre-violence aux étudiants qu’il rassemble dans le SASO (South African Students Organisation). De la même manière que Martin Luther King Jr. s’est séparé de la vieille garde pacifiste au contact des étudiants radicaux du SNCC , Mandela conforte son évolution dogmatique à l’écoute des rapports que lui font ses informateurs de la parole du mouvement de la « Black Consciousness ». Dans un même mouvement, Mandela lutte contre l’exclusivisme racial prôné par ces derniers qui veulent exclure les Blancs progressistes du combat.


Par la médiation de Biko, Mandela se rapproche d’un autre théoricien de la révolte, car il emprunte les deux principes fondamentaux défendus par Steve Biko, l’émancipation mentale du colonisé et le pouvoir salvateur de la violence, à Franz Fanon . Pour ce dernier, l’expérience de la lutte est fondamentale pour le colonisé afin qu’il se libère de son oppression intime et parvienne à sa propre conscience. Il s’agit selon ses mots de le « détoxifier » ou de se désintoxiquer l’esprit. Or, seule la violence permet de purifier l’esprit du colonisé et elle seule peut faire plier l’oppresseur. L’année même où Mandela lance sa première opération de guérilla armée, Frantz Fanon écrit, comme pour lui faire écho : « Le colonialisme n’est pas une machine à penser, n’est pas un corps doué de raison. Il est la violence à l’état de nature et ne peut s’incliner que devant une plus grande violence. »

Pour Fanon comme pour Mandela la véritable libération des opprimés vient de leur éducation et pour le Français, un épisode de violence révolutionnaire est instructif pour le peuple. Mandela pense qu’elle détourne la violence de la jeunesse et qu’elle est compatible avec le principe de résistance passive, mais que la seconde ne peut se substituer à la première. Si Fanon ne recule guère devant l’idée que la lutte armée doit supposer la mort des ennemis, il se défie de la violence anarchique et excessive qui naîtrait de l’absence d’instruction du peuple. La haine ne peut motiver la libération. Le combattant pour la liberté doit s’en prémunir absolument. Gandhi, Mandela et Fanon se retrouvent sur ce point . Mandela, comme Fanon, a trouvé auprès des nationalistes algériens en guerre le soutien logistique et idéologique qui lui aurait permis d’accentuer la lutte armée s’il était resté libre. Il y apprit le maniement des explosifs et la direction militaire des hommes (photo 4). La pensée de Fanon, médecin et intellectuel, Algérien d’adoption et maître à penser des militants noirs aux États-Unis, est donc parvenue jusqu’à Mandela grâce à l’internationalisme révolutionnaire de Steve Biko. De sa prison, que Mandela transforme en « université » en rendant l’étude obligatoire, il réconcilie Tolstoï, dont le roman Guerre et paix est son livre de chevet, et Fanon dont il entend les échos, même s’il ne l’a sans dout pas lu. Des années après sa libération, revenant sur une vie de combat et de réflexion, il lui semble qu’en réalité il n’a jamais quitté Gandhi.
Conclusion
En 1999, Nelson Mandela reçoit des mains de la petite-fille de Mohandas Gandhi le prix Gandhi/Luther King de la non-violence. Jamais en effet un homme n’a autant incarné la rectitude gandhienne que le Mandela emprisonné, mais plus encore libéré. En 1990, après des siècles de violence et d’humiliation, Mandela est parvenu à préserver son pays de la guerre civile et du bain de sang. Appelant à la réconciliation et au pardon, dont il confie la liturgie à l’archevêque Desmond Tutu , il ne cesse de citer Gandhi afin de montrer au monde qu’il est possible d’instaurer une démocratie pacifiste après des siècles de tyrannie raciste, et que la libération des peuples colonisés n’implique pas forcément le règne anarchique ou l’autocratie. Il ne renie pas pour autant ses convictions de jeunesse, pas plus qu’il ne désavoue son ancienne épouse, Winnie, lorsque cette dernière est poursuivie pour des crimes commis pour la cause. De façon plus remarquable encore, écrivant d’une certaine façon sa légende, il suggère qu’au fond Gandhi ne l’aurait pas désavoué. Dans un texte hommage à celui qu’il appelle « le guerrier sacré » , Nelson Mandela minimise leurs divergences sur la question de la non-violence : « Nous avons tous les deux souffert de l’oppression coloniale et nous avons tout deux mobilisé nos peuples contre des gouvernements qui ne respectaient pas notre liberté […] Je me suis éloigné de lui mais […] lui-même n’a jamais complètement désavoué la violence. Violence et non-violence ne sont pas mutuellement exclusives… ». Plus encore, précédant nombre d’universitaires postcoloniaux dans le rapprochement, il ajoute, non sans audace, que Gandhi a annoncé Franz Fanon et le nationalisme noir aux États-Unis comme en Afrique du Sud. Que Nelson Mandela, qui incarna l’un puis l’autre, veuille les réconcilier en établissant une telle parenté, est la confirmation de sa conviction profonde, que l’on peut retrouver dans les propos de l’anthropologue Françoise Héritier : « sans idéaux, il n’y a ni libération ni résistance aux pires formes de la violence, surtout pas de résistance collective ; et cependant, il ne peut y avoir aucune garantie concernant le ’bon usage’ ou le ’mauvais usage’ des idéaux. Disons mieux, il y a certainement des degrés dans la violence qui accompagne la formulation et la mise en œuvre des idéaux, mais pas de degré zéro. Il n’y a donc pas de non-violence. »

Par:Sylvie Laurent
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Post-it Re: Analyse politique, stratégique et économique

Message par Syfou Jeu 2 Sep - 2:24

Le drone adore l'austérité budgétaire

Si la loi de Moore s'applique superbement à l'électronique civile (des performances accrues pour des coûts moins élevés), c'est quasiment tout l'inverse pour l'électronique militaire plutôt sujette à la loi d'Augustine. Ceci pour des motifs de sécurité matérielle et logicielle, de compétitivité technologique et très souvent d'indépendance dans la R&D militech, d'où une hausse chronique des coûts des matériels militaires.

Analyse politique, stratégique et économique  Jetpil10

La preuve flagrante par la Royal Navy qui, confrontée à de sévères coupes budgétaires, renoncera très probablement à l'achat de chasseurs F-35 version VSTOL (décollage-atterrissage vertical) au profit d'une version marine plus classique, et envisage sérieusement d'emprunter des F/A-18 Hornet et des convertibles V-22 Osprey made in America pour ses porte-avions.
En Europe et en Amérique, les cordons de la bourse étatique ne sont prêts pas de se desserrer. Selon The Economist, cette rigueur budgétaire tous azimuts est d'autant plus propice à l'inexorable émergence des drones :

But the fighter is an endangered species. One threat comes from success: in Iraq and Afghanistan, Western forces have been uncontested in the air, if not on the ground, so sophisticated fighters seem less relevant. Another comes from technology: the advance of robotic warfare may, at some point, make the pilot in the cockpit redundant. The aircraft that American field commanders most clamour for is not the F-22 but helicopters and the Predator, an unmanned drone able to stay aloft for a day. The fighter pilot seems to be losing his dash. Farewell Tom Cruise in “Top Gun”. Goodbye Biggles, the British adventure-book hero. In their place, welcome the faceless drone operator sitting in a windowless container in the Nevada desert [...]
Getting the pilot out of the cockpit, he says, is the best way to keep prices down. He claims the cost of an Avenger is about a tenth of a new “hyper-expensive” manned jet. The future, he reckons, lies in cheaper, expendable drones that can swarm or spread out as circumstance requires. [...]
Mr Blue’s critics argue that drones only fill a niche. Pilotless planes require more people on the ground, are slow and vulnerable, and hungry for satellite bandwidth. “If your data links are jammed, do you really want to be without an air force?” asks Steve O’Brien of Lockheed Martin. Developing drones able to fight autonomously in high-end combat will make them much more expensive and much less expendable.

Toutefois, le fameux dogfight dans les airs a également été relégué aux oubliettes, notamment depuis la guerre du Vietnam. Aura-t-on encore besoin de nombreux Maverick & Goose quand l'immense majorité des opérations d'attaque au sol et d'appui aérien seront supervisées et « télé-opérées » ? Qu'en est-il de la volonté croissante des états-majors de l'OTAN en particulier) à réduire la boucle tactique ?

À l'ère des TIC et de la robotique, réduire les coûts et la boucle tactique = Homo Sapiens, dégage !

The Economist : Defence spending in a time of austerity

Source:Charles Bwele
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Post-it Re: Analyse politique, stratégique et économique

Message par Syfou Mer 8 Sep - 0:53

L’expert des organisations terroristes au Maghreb Mohamed Dharif à Echorouk : « Les Occidentaux voient dans le Sahel un nouvel Irak et un nouvel Afghanistan »

Analyse politique, stratégique et économique  04_kha10

Pour ce spécialiste dans les questions du terrorisme et professeur à Université des sciences politiques de Mohammedia au Maroc «l'objectif du Groupe salafiste pour la prédication et le combat, à travers les enlèvements d’otages Occidentaux, implique une dimension stratégique à savoir : s’asseoir à la table des négociations avec les gouvernements occidentaux».

Dans un entretien réalisé par téléphone, Dr. Dharif estime que malgré l'importance de l'aspect financier, le groupe "salafiste" veut par-dessus tout se faire médiatiser. Son activité privilégie essentiellement l’enlèvement d’occidentaux pour leur fort retentissement dans les médias. Il considère que «quand des pays comme l'Espagne, la France, l'Allemagne et la Suisse négocient avec le groupe salafiste pour la libération de leurs ressortissants enlevés, il lui apportent tout simplement une reconnaissance implicite."

Il rappellera que le porte-parole du groupe salafiste avait souligné que l’offensive française opérés, il y a quelques semaines, sur certaines positions sur le territoire mauritanien était encore dans tous les esprits. De même qu’il rappellera les négociations avec du groupe terroriste avec le gouvernement français dans une affaire précédente notamment s’agissant de libérer l’otage Pierre Camet. L’accord prévoyait que le gouvernement de Bamako libèrerait en échange quatre hommes recherchés par la justice algérienne et mauritanienne. Le professeur de l'université de Mohammedia estime que le groupe salafiste avait marqué des points à la suite de ses négociations avec Paris. En premier lieu l’accès à une forte rançon. Ensuite, des membres du GSPC ont été acquittés à la suite d’un jugement qui fera jurisprudence. Un précédent dangereux d’après lui. Et cela sans compter cette reconnaissance implicite d’une organisation terroriste à travers les négociations. Il craint, ainsi, que l'évolution actuelle au Sahel ne permette à l'organisation terroriste de se renforcer et gagner encore plus de points. De même qu’il s’interrogera sur le rôle joué par Mustapha Ould el imam Chafaï d’origine mauritanienne actuellement conseiller du président burkinabé. Concernant la libération des otages espagnols à la suite de négociations avec le conseiller d’un chef d’Etat, ceci constitue assurément pour le groupe terroriste une avancée majeure et un coup dur pour la Mauritanie qui, elle avait refusé préalablement le dialogue avant d’élargir Omar Sahraoui condamné à 12 ans de prison, au Mali.

L’expert estime que les gouvernements occidentaux sont responsables des problèmes qui affectent la région. Les grandes puissances cherchent, selon lui, à imposer obstinément un nouvel ordre dans la région utilisant à cette fin le prétexte de guerre contre le terrorisme et du danger qu’il représente pour la sécurité de l’Europe et de l’Amérique. L’expert y voit la volonté délibérée d’affaiblir les gouvernements en place au détriment du groupe terroriste qu’il veulent promouvoir tel un épouvantail menaçant la stabilité mondiale. Pour lui, l'objectif est clair : il consiste à justifier leur présence dans la région. Comme région cela s'est passé et se passe encore dans en Irak, en Afghanistan, et au Yémen. Ils tentent de rééditer ce scénario même en dehors de la région du sahel, dans des pays la Côte-d'Ivoire et le Nigeria qui sont en proie actuellement à l'agitation et à des troubles .
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Post-it Re: Analyse politique, stratégique et économique

Message par Syfou Ven 8 Oct - 0:31

Qui aidera l’Iran : existe-t-il une faille dans le régime des sanctions ?

Le régime des sanctions établies par le Conseil de sécurité de l’ONU à l’égard de l’Iran rend particulièrement difficile l’accès de ce pays à l’armement moderne. L’adhésion de la Russie à ces sanctions par le décret du président Dmitri Medvedev du 22 septembre pour l’interdiction d’approvisionnement en armes de l’Iran fait penser à un ‘’ embargo total sur les armes ‘’ à l’égard la république islamique. À quel point cet embargo est-il strict, et quelles sont les options de l’Iran pour le contourner ?

Par Ilia Kramnik, RIA Novosti

Les options de la république islamique

L’Iran est, sans aucun doute, l’un des plus puissants États militaires au Proche et Moyen-Orient. La puissance de l’Iran est définie par une série de facteurs. Entre autres, son territoire vaste et riche en ressources naturelles, la population croissante, l’absence de passé colonial, ainsi que la tradition culturelle développée qui a permis de faire venir facilement les technologies militaires et industrielles européennes.

L’Iran est également l’un des plus puissants États islamiques. Son potentiel militaire et politique est majoritairement considéré comme supérieur par rapport au Pakistan qui possède l’arme nucléaire. L’Iran dépasse largement les pays du golfe Persique et de la péninsule Arabique de par son potentiel militaire. Aucun de ces pays n’égale l’Iran en termes de population et de développement industriel.

L’industrie militaire de l’Iran est particulièrement développée. Les autorités du pays aspirent à devenir indépendants des approvisionnements militaires étrangers. Toutefois, l’Iran n’est pas un pays capable d’assurer son autosuffisance militaire. Ses capacités sont légèrement supérieures, par exemple, au Pakistan mais sont insuffisantes pour son existence autonome. Or, la menace de conflits armés avec les pays du golfe Persique et les États-Unis oblige l’Iran à maintenir sa puissance militaire à un niveau élevée, ce qui serait impossible sans les approvisionnements en provenance de l’étranger. La Chine est l’un des principaux partenaires militaro-techniques historiques de l’Iran. La coopération avec la Chine s’est particulièrement accrue après la révolution de 1979, lorsque la coopération avec l’Occident et l’URSS était devenue impossible.

Les technologies en échange du pétrole

La Chine a commencé à approvisionner l’Iran en équipements et en armes pour toutes les forces armées confondues, ainsi qu’en technologies et en licences pour la fabrication. Quant à la Corée du Nord, elle a fourni à l’Iran une quantité importante d’informations techniques et des modèles finis de missiles balistiques, que ce soit de sa propre fabrication ou de production soviétique. Cette aide ainsi que celle de la Chine a permis à l’Iran d’affronter sur un pied d’égalité l’Irak, qui étant inférieur en termes de personnel avait un avantage considérable en termes de modernité des équipements militaires.

Dans les années 90, la coopération entre l’Iran et la Chine s’est poursuivie : la Chine avait besoin d’un fournisseur de pétrole indépendant et l’Iran souhaitait obtenir l’accès aux technologies militaires plus ou moins modernes. Après s’être remis de la guerre, l’Iran s’est penché sur la question d’une perspective à long terme du développement de l’industrie militaire nationale et, compte tenu du niveau élevé de son développement industriel, est progressivement passé des achats d’équipements à l’achat de technologies. De plus, l’Iran s’est mis à coopérer avec la Russie et avec les pays de l’ex-URSS, ce qui lui a permis d’avoir accès à plusieurs technologies militaires modernes. Cependant, la Chine demeurait son partenaire principal, bien qu’à la fin des années 90, la coopération directe dans le secteur militaire entre l’Iran et la Chine ait commencé à se réduire, à mesure de l’amélioration des relations entre la Chine et les États-Unis.

A cette époque, l’Iran résout principalement les problèmes de fabrication d’armes par ses propres moyens, en élaborant la production des systèmes de plus en plus modernes, généralement copiés sur les modèles étrangers. Toutefois, il est difficile de reproduire à l’identique certains types d’armement, en particulier, en ce qui concerne les systèmes de défense antiaérienne et les avions. Mais l’Iran trouve l’issue par la coopération accrue avec la Chine dans le domaine de développement technologique, qui remplaçait progressivement les approvisionnements en armement. L’Iran s’approvisionne activement en installations et technologies capables d’accroître le potentiel industriel et scientifique du pays. Téhéran a réussi à acheter à la Chine un équipement spécifique pour ce secteur. En particulier, cela concerne les appareils à rayons X destinés à la vérification de la qualité d’assemblage des moteurs de missiles, les outillages de haute précision pour la fabrication des pièces pour les plateformes gyrostabilisées, utilisées dans les armes guidées, des systèmes mobiles de contrôle télémétrique des missiles, d’autres composantes et équipements.

Dans les conditions de restriction des ventes d’armement, la création des entreprises conjointes est devenue la nouvelle priorité de la coopération militaro-technique entre la Chine et l’Iran. Ces entreprises sont chargées des livraisons en Iran des dispositifs ‘’ presque prohibés ‘’, des équipements et de documentation technique, ainsi que de coopération intellectuelle : les autorités iraniennes ont conclu plusieurs accords avec les universités chinoises. Les accords prévoient la formation du personnel iranien par les universités dans plusieurs spécialités et à plusieurs niveaux pour travailler ensuite sur les installations iraniennes.

Dans ce domaine, la coopération irano-chinoise est restreinte par les capacités techniques des sociétés chinoises incapables de fournir certaines technologies et matériaux modernes. Cependant, ces capacités sont suffisantes, par exemple, pour la création des nouveaux modèles de missiles, ce qui serait très difficile pour l’Iran sans la coopération avec la Chine.

Ces dix dernières années, la coopération technologique avec la Chine a permis à l’Iran de lancer la production en série de son propre complexe de défense antiaérienne à courte portée, copié sur le modèle chinois HQ-7, et de perfectionner les systèmes existants d’anciennes générations. Plusieurs sources affirment que l’Iran est ‘’ à deux doigts ‘’ de la création de sa propre version du système de défense antiaérienne S-300 (une fois de plus, grâce à l’étude minutieuse de la version chinoise de ce système HQ-9/FT-2000). Quoi qu’il en soit, les systèmes de lancement, très ressemblants à HQ-9, ont été présentés lors des défilés militaires en l’Iran. Les spécialistes sont partagés à savoir si c’était des maquettes ou des installations de combat réelles.

Quelle sera la suite des événements ?

Il est évident que la coopération irano-chinoise dans le domaine militaro-technique se poursuivra à l’avenir : les deux partenaires ont besoin l’un de l’autre. Et si l’Iran a besoin d’équipements militaire modernes, la Chine a tout autant besoin des sources de matières premières. Les axes principaux de la coopération se présentent comme suit : Les livraisons directes de grandes quantités d’armement en Iran en provenance de Chine n’auront probablement pas lieu. Malgré l’indépendance ostentatoire de sa politique étrangère, la Chine ne souhaite pas détériorer ses relations avec l’UE et les États-Unis. Toutefois, la situation pourrait changer en cas de l’aggravation des relations entre la Chine et l’Occident. Selon certains spécialistes, les livraisons secrètes de certains modèles et des petites quantités d’équipements militaires pour la recherche et la production sont déjà en cours.

Cela ne serait pas surprenant de voir les ingénieurs chinois fournir de l’aide à l’Iran pour lancer sa propre production d’avions de combat Azaraksh et Saegheh, élaborés par l’industrie iranienne sur le modèle du chasseur américain F-5, ainsi que pour la modernisation des appareils existants. On fait remarquer la présence de spécialistes chinois sur la base aérienne Mekhrabad (Téhéran) chargés de l’entretien des avions américains.

La coopération entre les deux pays devrait également se développer dans le secteur naval. L’Iran devrait au moins poursuivre la production sous licence des vedettes et des missiles chinois. Il convient de noter qu’au cours de ces dernières années, l’Iran tente de renforcer sa présence dans les eaux du golfe Persique en élaborant activement les nouveaux types d’armes navales, telles que les roquettes et les torpilles téléguidées, ainsi que les dispositifs d’artillerie. Compte tenu de la situation dans le golfe, les plans de l’Iran ne pourraient se réaliser que grâce à la livraison ou à la fabrication d’une quantité relativement importante de bateaux bien armés. En outre, la Chine pourrait participer à la modernisation des avions iraniens anti-sous-marins P-3F Orion.

http://www.armees.com/Qui-aidera-l-Iran-existe-t-il-une,33934.html
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Post-it Re: Analyse politique, stratégique et économique

Message par Syfou Mer 27 Oct - 0:45

Grèves : explications de la spécificité franco-française

Les grèves à répétition tiennent à une collusion spécifiquement française entre le pouvoir politique et les groupes d'intérêt. Elles disparaîtront avec cette collusion.

Pourquoi ces grèves ? Il n’est pas un Français qui ne se soit posé la question. Les réponses varient selon les individus. L’un blâme l’absence de dialogue, l’autre l’injustice, un troisième une exception française héritée de la Révolution. Aucune n’est vraiment satisfaisante. Dans un excellent article, Raymond Boudon l’attribue à l’effet Olson, c’est-à-dire à l’accaparement du pouvoir par des groupes d’influence. Cette tyrannie des minorités est d’autant plus forte en France que "l’exécutif jouit d’un pouvoir démesuré". Les politiques sont élaborées "à partir de compromis passés entre le pouvoir politique et divers groupes d’influence". La réforme des retraites en est l’exemple même.

Interrogé, le spectateur impartial, cher à Adam Smith, se prononcerait pour une retraite à points, mais rejetée par la CGT celle-ci n’est pas retenue par le pouvoir. Frustrés, des Français descendent dans la rue alors que d’autres fustigent le manque de courage des autorités politiques. Avec un cynisme achevé que n’aurait pas renié Staline, la CGT se range du coté des manifestants pour leur montrer sa détermination à les défendre. Les choses peuvent-elles en rester là ? Sommes-nous condamnés à vivre dans ce que Michel Crozier appela "La société bloquée" ? Des sociologues, des économistes et des politiciens pensent qu’il nous faut évoluer. Cette nécessité nous est imposée de l’extérieur : la mondialisation a radicalement modifié les règles du jeu politique et l’appartenance à la zone euro nous impose des contraintes auxquelles nous ne pouvons nous soustraire. Le cocon politique français, c’est-à-dire cette connivence entre pouvoir politique et groupes d’intérêt, est dépassé. La solution réside, nous dit Raymond Boudon à juste titre, dans "un approfondissement de la démocratie parce qu’elle amplifie le rôle du spectateur impartial et neutralise ainsi la tyrannie des minorités actives". Pour le comprendre, arrêtons-nous quelques instants sur ces groupes d’intérêt puis voyons comment la mondialisation fait évoluer le jeu politique.

Le cocon français

Qui sont ces gens qui monopolisent le pouvoir ? Ils sont connus. Ce sont les corpsards, les syndicats, les loges, etc. Leur pouvoir a été maintes fois dénoncé sans que rien ne change.2 A quoi tient-il ? A plusieurs choses. La première et la plus naturelle est leur succès jusque dans les années 90. Le rebond de la France après la Seconde Guerre mondiale était inespéré. Il est dû aux options du Conseil national de la Résistance et à des visionnaires comme Jean Monnet et Robert Schuman. Le retour du général de Gaulle conforta la monopolisation du pouvoir par l’oligarchie. C’est l’heure du renouveau, de l’indépendance nationale, des champions nationaux dont la direction est confiée aux ingénieurs des mines et aux inspecteurs des finances. S’instaure alors une entente tacite entre directions des grands groupes et syndicats pour assurer la paix – c’est le dialogue social. Les crises pétrolières mettent fin aux Trente Glorieuses mais la France n’en souffre pas trop si ce n’est que son endettement décolle. Observateur attentif, Ezra Suleiman surpris par cette performance la met au compte de l’oligarchie.

La seconde raison qui se rattache à la première, tient à cet antagonisme Etat–marché si typiquement français qui veut que l’Etat soit bon par nature et le marché suspect. Il y aurait beaucoup à dire sur cette fixation qui transforme l’Etat en un père de famille pour mieux gommer ses défaillances : guerres de décolonisation, dévaluations à répétition, déficit de la Sécurité sociale, endettement toujours plus grand, état de nos prisons ou atteintes répétées aux libertés individuelles qui provoquent l’ire de l’Europe, etc. A l’inverse, le marché, c’est-à-dire le libéralisme qualifié un peu vite d’anglo-saxon – manière discrète de le discréditer alors que les Français ont contribué à son élaboration et que la Révolution est d’essence libérale – le marché donc est accablé de tous les maux. Il ne produit rien qui vaille, selon ses détracteurs, alors qu’il est le créateur de la richesse nationale dont ils se nourrissent. Les Français leur emboîte le pas. C’est ainsi que les grutiers de Marseille sont en grève, sciant la branche sur laquelle ils sont assis puisque le trafic se détourne progressivement et définitivement vers Gênes et Barcelone. Il y a là une incongruité difficile à saisir si ce n’est que l’objectif de dirigeants de la CGT n’est pas la défense des intérêts des travailleurs mais l’établissement d’un système politique autoritaire dont ils seront les premiers bénéficiaires.

Karl Marx nous l’a dit : la Révolution française est inachevée. C’est la troisième raison de la longévité de l’oligarchie française. La haute administration s’est glissée dans les oripeaux de l’aristocratie. Elle s’est affranchie des lois. Ghislaine Ottenheimer nous le rappelle : aucun inspecteur des finances n’a jamais été condamné si ce n’est Jean-Yves Haberer encore s’agit-il là d’une combinaison d’évènements exceptionnelle : un ministre des finances, ancien expert-comptable de son état, Jean Arthuis, qui tient le prévenu pour responsable de la déconfiture du Crédit Lyonnais et un président de la République, Jacques Chirac, ancien conseiller d’Etat, qui n’éprouve guère de sympathie pour le corps d’origine du dit prévenu. Autre exemple : Daniel Bouton, ancien PDG de la Société Générale, inspecteur des finances, peut s’estimer satisfait. Après l’affaire de la fraude à la TVA, il sort à nouveau vainqueur dans l’affaire Kerviel. Mais qui est dupe de cette parodie de justice ? Que l’ancien trader soit coupable, personne n’en doute. Qu’il soit le seul, personne ne le croit. De deux choses l’une : ou la direction générale couvrait ses activités et elle est co-responsable ou elle les ignorait et elle est coupable de négligence. Quel dirigeant d’entreprise agroalimentaire dont les produits contiendraient de la salmonelle échapperait à la justice au motif que son directeur des achats s’est montré négligent ? Qui s’est ému du suicide du chauffeur de Marc Blondel, ancien patron de FO ? Qui a oublié l’apostrophe de Georgina Dufoix dans l’affaire du sang contaminé : "responsable mais pas coupable". L’histoire retiendra que seul Edmond Hervé, maire de Rennes, fut condamné. "Selon que vous serez puissant ou misérable, les jugements de cour vous rendront blanc ou noir".

Une ère nouvelle

La chute du mur de Berlin et l’adoption de "l’économie de marché socialiste" par le XIVème Congrès du Parti communiste chinois annoncent la globalisation et, avec la création de l’euro, sonnent le glas de "l’exception française", mythe inventé par l’oligarchie ou, la nomenklatura, pour reprendre le mot d’Alexandre Wickham et de Sophie Coignard, pour justifier son pouvoir. Mythe est le mot juste car il renvoie à l’Union soviétique dont la France serait un clonage (souvenez-vous, on nous disait dans les années 1980 que : "la France était une Union soviétique qui avait réussi"). Or nous dit Hannah Arendt, un tel régime (soviétique) tire sa légitimité d’une grossière propagande faite de mensonges et de contrevérités présentés comme des faits incontestables. L’économiste Christian Saint-Etienne ne dit pas autre chose de la France dans son livre : "L’Etat mensonger" ou l’historien Jacques Marseille dans le sien : "Le Grand gaspillage – les vrais comptes de l’Etat" ? Le modèle français, pur produit de la nomenklatura, est à bout de souffle. Il est inadapté au 21ème siècle où le succès repose sur l’initiative, la rapidité d’action, l’écoute de ses interlocuteurs, etc. Adapté à l’hexagone, ce modèle flotte dans le monde globalisé d’aujourd’hui comme un mannequin dans des vêtements trop larges. Le très vanté dialogue social se fait sur le dos des entreprises qui ne votent ni ne manifestent, mais s’acharnent à compenser le coût par des gains de productivité. La mondialisation leur donne une alternative : délocaliser. D’où les cris d’orfraie poussés par l’oligarchie devant ce crime de lèse-majesté.

On assiste alors médusé à ce spectacle irréel d’une France qui se fait la championne d’un modèle économique et social dépassé quand le monde se globalise. La retraite à soixante ans et les 35 heures dont Martine Aubry nous promettaient qu’elles seraient adoptées par les économies avancées sont des mesures des années 60 qui coûtent chers et mettent la France en infraction de ses engagements européens. Sans la maîtrise de sa politique monétaire et bientôt de sa politique budgétaire, avec un euro lui imposant un taux de change fixe à l’intérieur de la zone et flexible à l’extérieur, sa liberté d’action est réduite. En juin 1940, les Allemands ont envahi la France avec leurs panzers. En 2015 (ou plus tôt, la date reste à définir), ils reviendront avec leurs calculettes et leurs ordinateurs pour expliquer aux Français comment gérer leur pays à moins qu’ils ne choisissent de s’en détacher pour se tourner vers l’Est, la Russie – terre traditionnelle d’expansion – la Chine, l’Inde, etc.

Le lien qui unit les peuples à leurs dirigeants repose sur une entente tacite : les règles qui régissent leurs rapports doivent être équitables. Dans la pratique, les peuples sont prêts à supporter beaucoup d’entorses à ce principe si leur quotidien est assuré. Ainsi, l’empire soviétique, foncièrement inique, assurait-il au peuple russe le gîte et le couvert. Ruiné par l’expédition afghane et la guerre des étoiles, il s’écroula tout aussi brutalement et pour la même raison que son prédécesseur : son incapacité à nourrir la population. En sommes-nous là ? Non, mais les récentes comparaisons dans la presse avec juin 40 en dit long sur l’inquiétude de certains. Daniel Cohen-Bendit, ce révolutionnaire honni jadis qui aujourd’hui fait figure de réformateur respectable, note que "dans les années 60, nous estimions que le future nous appartenait et nous voulions avoir notre mot à dire. Aujourd’hui, les jeunes ont peur du futur." Dans un récent article, les économistes Patrick Artus et Jean-Hervé Lorenzi remarquaient que la France était le pays de l’OCDE qui avait le plus régressé au plan industriel, "de la fin des années 1990 à aujourd’hui, la production industrielle a reculé de 10%, l’emploi industriel de 20%, la part de la France dans le commerce mondial est passé de 6,5% à 3,7%, le nombre d’entreprises exportatrices de 110.000 à 91.000 (contre 245.000 en Allemagne et 200.000 en Italie." Si, comme le pense Ezra Suleiman, le succès de la France de 1945 à 1990 est à mettre au crédit de l’oligarchie, son échec depuis cette date doit lui être imputé.

Dès lors faut-il s’étonner que certains s’alarment ? La France tombe, nous dit Nicolas Baverez. La France se décompose s’inquiète Thierry Desjardins. La France va-t-elle disparaître, demande Jean-Claude Barreau. Ces réflexions ne sont pas liées à la crise économique actuelle. Elles la précèdent de plusieurs années (dans l’ordre des ouvrages cités : 2003, 2002, 1997). Il ne s’agit pas de vues circonstancielles mais d’analyses de l’inadaptation de la France aux défis de la mondialisation. Devant ces menaces, certains sont tentés par le repli sur soi, le retour en arrière, le passéisme. Le général Bigeard "crie sa vérité", Jacques Julliard pleure sur "le malheur français" et Eric Zemmour s’attendrie sur la "mélancolie française". On croit entendre Jules Méline, ministre de la IIIème République, prôner le retour aux champs pour mieux oublier la défaite de 1870 !

Approfondir la démocratie

Les Romains conquirent le cœur de leur empire naissant en une cinquantaine d’années. A la question que Polybe, l’historien grec, se posait de savoir ce qui expliquait leur extraordinaire succès, il répondit : la constitution de la jeune république. Par elle, les destinées de Rome et du peuple étaient liées. Cette communauté d’intérêts, c’est-à-dire ces droits et ces devoirs qui lient un peuple à la nation, assurait son succès. Il en va de même des Etats-Unis. John Adams et Thomas Jefferson, les deux principaux rédacteurs de la constitution américaine, s’attachèrent à concilier deux objectifs en apparence contradictoire : créer un Etat fédéral fort capable de protéger les treize colonies des convoitises européennes, et défendre le citoyen contre ce même Etat susceptible d’abuser de son pouvoir. Ils y parvinrent par l’application de deux principes : le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes et la séparation des pouvoirs.

Lorsque de Gaulle demanda à Michel Debré de rédiger la Constitution de la Vème République, il souhaitait un instrument à sa mesure lui permettant d’asseoir son autorité pour restaurer le prestige de la France. Par son éducation et son expérience, il connaissait deux formes d’organisation : l’Eglise et l’armée, l’une et l’autre autoritaire et hiérarchisée. L’influence de ces deux modèles sur la constitution est patente. On y retrouve une concentration des pouvoirs entre les mains du président. Son texte contredit ses principes fondateurs. Alors qu’elle déclare être un gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple (art. 2), les nominations aux emplois civils et militaires qu’elle autorise au Président de la République, directement ou indirectement, excèdent celles du Président des Etats-Unis. Elle renforce ainsi la nature technocratique du pouvoir.

De Gaulle n’ignorait pas que pour assurer la grandeur du pays, il lui fallait l’adhésion profonde des Français, mais militaire dans l’âme, obsédé par le prestige de la France il retint entre ses mains une partie du pouvoir qui appartenait au peuple pour le confier à la nomenklatura. Il n’atteint donc que partiellement son but. Le prestige de la France fut restauré mais pas sa puissance. La communauté d’intérêts est imparfaite. L’équilibre entre droits et devoirs n’est pas atteint. En conséquence, le dynamisme des Français, c’est-à-dire leur capacité à s’investir quel que soit leur domaine d’activité en souffre. Ils sont frustrés et la France reste très en deçà de son potentiel dans tous les domaines : scientifique, culturel, militaire, économique, etc. Ainsi, sommes-nous toujours restés derrière l’Allemagne. La régionalisation mise en place progressivement à partir de 1972 et formalisée par l’élection au suffrage universel direct des conseillers régionaux à compter de mars 1986 a quelque peu desserré l’étau mais n’a pas fondamentalement changé la constitution. Les réformes Raffarin et Fillon sont des demi-mesures votées presque à regret par la droite et rejetée par la gauche.

L’avenir est dans un projet à construire et non dans un illusoire retour sur le passé. Et pour cela, cessons "d’emmerder les Français", comme le conseille Thierry Desjardins, oublions "l’illusion jacobine", comme nous le demande Edouard Balladur. "Approfondissons la démocratie", comme nous le conseille Raymond Boudon. Libérons les forces vives de la nation. Brisons les chaînes qui entravent l’action. Supprimons les Grands Corps d’Etat, comme l’ont suggéré plusieurs corpsards et non des moindres. Exigeons des hauts fonctionnaires qu’ils prêtent serment à la République. Otons le pouvoir à une nomenklatura illégitime qui étouffe la France. Desserrons l’étau dans lequel elle enferme les citoyens pour mieux les contrôler. Equilibrons les pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire. Donnons à la France une structure fédérale – facteur de dynamisme comme le montre les exemples américain, canadien ou allemand. Répartissons les pouvoirs sur trois échelons : central, régional et communal. Faisons plein usage du droit à l’expérimentation. Prenons nos destinés en mains. Alors, peut-être ces grèves qui font du tort à la France cesseront-elles ?

Jean-Luc Baslé

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Post-it Re: Analyse politique, stratégique et économique

Message par Sphinx Mar 7 Déc - 14:15

interview

Réflexion(s) sur la Palestine avec Alain Gresh

Invité aujourd’hui par la librairie Grangier puis par le cinéma l’Eldorado à Dijon, Alain Gresh, directeur-adjoint du Monde diplomatique et spécialiste du Proche-Orient, s’exprimera sur la question palestinienne. Interview.

Quel sera l’objet de votre intervention ?

« C’est expliquer pourquoi ce conflit — qui est finalement un conflit local, même s’il dure depuis très longtemps et dans un pays où il n’y a pas de pétrole, où il y a un nombre de morts relativement limité si on le compare à l’Irak ou au Darfour — suscite tant de passion et de quoi il est emblématique. Et il me semble qu’il est emblématique parce qu’il est le dernier conflit colonial, issu de la décolonisation, ou de la non-décolonisation. De ce point de vue, il soulève un peu partout le débat sur ce qu’a été le colonialisme, sur son importance, comment tirer le bilan de cette période coloniale qui est si sensible partout – on le voit en France avec l’Algérie. »

La France a-t-elle encore un rôle à jouer au Proche-Orient comme elle l’a fait par le passé ?

« La France a effectivement joué un rôle important, on l’oublie aujourd’hui. Il n’y aurait pas eu les négociations d’Oslo sans la France ; il faut rappeler que la France a ouvert, du temps de la présidence de Valéry Giscard d’Estaing, un bureau de l’OLP à Paris, une délégation de la Palestine. La France et d’autres pays ont invité Yasser Arafat, à une époque où, pour Israël et d’autres, c’était un terroriste. En fait, ces contacts ont permis de montrer qu’il n’y aurait pas de solutions au conflit sans négociations avec l’OLP et Etat palestinien. Mais il faut dire aujourd’hui qu’elle et l’Europe sont assez absentes du terrain ; on laisse le champ libre aux Etats-Unis totalement. »

Propos recueillis par Emmanuel Hasle

Info Lire l’intégralité de l’interview sur :
www.bienpublic.com

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Post-it Re: Analyse politique, stratégique et économique

Message par Syfou Lun 20 Déc - 1:37

Analyse : Laurent Gbagbo et les armées internationales en Côte d'Ivoire

Ainsi donc Laurent Gbagbo a osé le faire ? Demander le départ de l’Armée Française de la Côte d’Ivoire !? Quand on connait l’extrême manque de courage des acteurs politiques Africains en général (l’actuel Président Gabonais de la Commission de l’Union Africaine en est un exemple), nombreux sont ceux qui pensent qu’il s’agit là d’un baroud d’honneur ou d’un coup de poker qui pourrait déverrouiller l’étau françafricain autour de nos pays. L’avenir le dira mais à mon humble avis le départ des troupes françaises et onusiennes du sol ivoirien n’est pas la bonne manière de poser le problème, même si M. Gbagbo a mille raisons de se méfier de l’ONU et de la France.

Précisément, la présence de l’Armée Française en Afrique francophone est si ancienne qu’elle a toujours suscité des controverses au Tchad, à Djibouti, au Gabon, en Centrafrique, au Rwanda et ailleurs. Elle correspond à l’ancienne doctrine d’endigment du Communisme qui a vu l’Occident confier à Paris un rôle de gendarme du « Monde Libre » en terre africaine.

Les temps ont changé depuis la fin de la Guerre Froide et l’Afrique est devenue le théâtre d’une Guerre Mondiale pour les ressources minières qui ne dit pas son nom : des Grands-Lacs au Maghreb et de la Corne de l’Afrique à toute l’Afrique de l’ouest peut-être. En attendant l’Afrique Centrale ?

UNE GUERRE MONDIALE AFRICAINE POUR LES MATIÈRES PREMIÈRES ?

Selon une opinion généralement admise, l’Afrique constitue un « scandale géologique » qui est la cause première de nos malheurs. On y trouve d’immenses ressources minières sans comparaison aux yeux des multinationales et des États puissants, comme le pétrole, le fer ou l’or pour ne citer que ces richesses.

De toute évidence, l’Afrique est donc « utile » pour l’économie mondiale mais pas les Africains eux-mêmes. Pas encore !? Nous fournissons au monde une bonne partie de son « carburant » pourtant, les populations locales en Afrique ne profitent aucunement de cette manne tombée du ciel et sont souvent obligés d’émigrer pour des raisons sociopolitiques. Oui, pour nombre d’Africains l’émigration vers l’Occident est devenue la seule solution pour une vie à peu-près normale même au péril de leurs vies. D’ailleurs, la France, l’Europe et les USA s’en inquiètent à grand bruit régulièrement même si ce phénomène, en réalité, concerne surtout l’intérieur du continent Africain : Africains de l’ouest vers des pays au fort PNB comme le Gabon (mais c’est un leurre), travailleurs du Burkina Faso ou du Libéria vers la Côte d’Ivoire …etc.

La misère sans nom de la majorité des Peuples Africains tranche avec l’abondance de nos matières premières. Le reste du monde sait bien que le sol africain abrite plus de 30 % des réserves minérales de la planète. Cette moyenne déjà impressionnante, cache en fait des pics : 80 % des ressources du monde en coltan, un minerai qui sert notamment à la fabrication des téléphones portables, sont en Afrique, 90 % du platine, 50 % du diamant, 40 % de l’or. De quoi aiguiser les convoitises, attiser les conflits et tuer des présidents incontrôlables comme Laurent Gbagbo

Certains n’hésitent pas à évoquer le terme d’extermination passive des Africains qui ne mériteraient pas leurs richesses au vu de leur sous-humanité. Voici les bases du racisme géopolitique global posées !

DES ARMÉES ÉTRANGÈRES EN AFRIQUE POUR QUI ?
ET POURQUOI FAIRE
?

Le 6e Commandement Militaire Américain en Afrique (Africom) est installé à Stuttgart, en Allemagne. Il est entièrement dédié à l’Afrique exception faite de l’Égypte et matérialise le retour direct des USA après le traumatisme de l’opération « Restore Hope » en Somalie en 1992. Face à l’inefficacité de l’Union Africaine et particulièrement de la Commission Africaine, incapable de créer une force continentale de paix, la multiplication des partenariats militaires avec Washington conduit peu-à-peu (départ des Forces Françaises ou onusiennes de Côte d’Ivoire ou pas) à une « américanisation » de la « sécurité africaine ». On comprend d’autant plus l’empressement des Président Obama et Sarkozy de voir partir Laurent Gbagbo au profit d’Alassane Ouattara.

« Africom » se concentre dans trois régions principales : le Sahel (et revoilà la Côte d’Ivoire non loin), la Corne de l’Afrique dans l’Océan Indien, qui accueille l’unique base militaire permanente américaine en Afrique, de près de deux mille hommes, à Djibouti (L’Armée Française n’arrive plus à endiguer toute seule la fragmentation de la terreur antioccidentale) et de plus en plus, le Golfe de Guinée – qui devrait fournir plus de 25 % du pétrole américain d’ici à 2020. De l’Angola à la Guinée Conakry en passant par la Côte d’Ivoire ou le Gabon, ce sont d’énormes intérêts qui sont en jeux et c’est à se demander si Laurent Gbagbo ne va pas finir comme Jonas Savimbi qui a été éliminé sitôt qu’on a plus eu besoin de lui pour déstabiliser le pouvoir procommuniste de Luanda, après la chute du Mur de Berlin en 1989.

AL QAÏDA AU MAGHREB ET DEMAIN EN AFRIQUE
SUB-SAHARIENNE


Laurent Gbagbo demande le départ de l’Armée Française et des troupes onusiennes de son pays comme moyen de pression sans doute. Du moins peut-on l’espérer pour sa propre intégrité physique. Mais si par malheur, il venait à subir le sort de l’angolais Jonas Savimbi, c’est-à-dire un assassinat ciblé pour des raisons géopolitiques, sa mort n’empêchera pas Al Qaïda au Maghreb de recruter jusqu’au Cameroun ou de se financer même au Gabon.

Je ne peux pas imaginer que Laurent Gbagbo ignore que le Sahel (donc, entre autre le Burkina Faso de Blaise Compaoré son ennemi intime) fait l’objet d’un partenariat transsaharien de lutte contre-terrorisme faisant appel à une logique de sous-traitance militaire des combats, visible lors de la participation indirecte des Américains en 2004 à une opération de quatre pays contre le Groupe Salafiste pour la Prédication et le Combat (GSPC) algérien.

Hillary Clinton a confirmé que l’islamisme radical était devenu pour les États-Unis un nouvel ennemi idéologique et militaire, et ce jusqu’en Afrique. Le 14 janvier 2009, devant la Commission des affaires étrangères du Sénat américain, elle a notamment déclaré : « En Afrique, les objectifs en matière de politique étrangère de l’administration Obama sont enracinés dans des intérêts sécuritaires, politiques, économiques et humanitaires … ».

Faire partir l’Armée Française qui est une partie intégrante d’Africom … est le nouveau projet du chrétien Laurent Gbagbo dans le bras de fer politique qui l’oppose au musulman modéré Alassane Ouattara (et donc susceptible de s’inscrire dans la logique américaine contre les Salafistes ou Al Qaïda au Maghreb). Mais pour la remplacer par quoi ?

Le chef de l’État libyen Mouammar Kadhafi a dit récemment que l’Union Africaine devrait se doter d’une armée de près d’un million d’hommes. Encore un écran de fumée, car, tant que nous n’aurons pas des États forts dignes de ce nom, l’Union Africaine et notre capacité à sécuriser notre continent seront une plaisanterie de mauvais goût.

Chaque Africain peut légitimement se demander à quoi servent les troupes françaises ou onusiennes en Afrique : à sécuriser l’accès aux immenses ressources minières ? Quid alors de l’enrichissement des Africains eux-mêmes ? Défendre l’Occident d’Al Qaïda ? Certains alliés des Occidentaux financent le terrorisme en cachette ! En réalité, nous restons dans le même débat : il est intenable pour la Communauté internationale de continuer à faire en sorte que le continent qui autant de jeunes et de matières premières croule sous une pauvreté inacceptable au XXIe siècle. Aucune armée au monde n’empêchera dans les trente prochaines années les jeunes Africains de tout faire pour avoir une vie meilleure.

Bruno Ben MOUBAMBA

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