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Conflit entre l'armée birmane et l' armée pour l'indépendance kachin, KIA
algeriedrs :: Zones de conflits dans le monde :: Conflits, tensions, guerre et terrorisme :: Crises, tensions, troubles et guerres civiles
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Conflit entre l'armée birmane et l' armée pour l'indépendance kachin, KIA
Une guerre à haut risque
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En juin, un cessez-le-feu vieux de dix-sept ans entre l'Armée pour l'indépendance du Kachin (KIA), bras armé de l'ethnie kachin, et le gouvernement birman a été rompu. Dans cette nouvelle guerre qui embrase le nord de la Birmanie [ou Myanmar], 8 000 combattants de la KIA font face à certaines des plus redoutables divisions d'infanterie de l'armée birmane, qui compte au total 400 000 hommes. Sur plusieurs fronts, dans les montagnes et jusque dans les villes des basses terres, les affrontements sont rudes, et les enjeux considérables.
De 1994 à 2011, tant qu'a duré le cessez-le-feu, le gouvernement chinois a fait preuve d'un grand enthousiasme pour la prospection minière, le développement des infrastructures et les possibilités commerciales qui se présentaient dans l'extrême nord de la Birmanie. D'où des investissements conséquents. Les affaires se sont mises à prospérer dans tous les secteurs, les mines d'or et de jade, les exploitations forestières, la construction de barrages. Le tout sous le regard prudent de l'Inde, qui a invoqué sa politique d'"orientation à l'Est" dans l'espoir de récupérer sa part du marché.
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Le cessez-le-feu avec la KIA a entraîné un développement économique sans précédent dans un calme politique relatif. Mais il a également cristallisé l'éternel ressentiment des Kachins face au chauvinisme ethnique birman. Aujourd'hui, c'en est fait de l'optimisme quant aux perspectives immédiates de la région. Cette guerre, sur un territoire qui jouxte la Chine et l'Inde, a vu la KIA et les forces birmanes échanger des coups terribles. Le vieil accord de cessez-le-feu étant désormais noyé dans le sang et les larmes, il faut s'attendre à une longue campagne d'embuscades et d'usure. Au cours des cinq dernières semaines, des bases ont été bombardées, des édifices publics attaqués, et des dizaines de soldats sont morts. Plus de 20 000 réfugiés kachins ont fui vers la frontière sino-birmane pour échapper aux combats.
Les chefs militaires birmans, tentant de déployer hommes et matériel dans les zones tenues par la KIA, se sont heurtés à des ponts coupés et à des infrastructures sabotées. Des commandos de la KIA ont par ailleurs pénétré en profondeur sur les arrières gouvernementaux pour s'en prendre à des objectifs sensibles, y compris la voie ferrée Nord-Sud. Bien sûr, le gouvernement accuse la KIA d'avoir déclenché les hostilités.
La cause immédiate est un litige à propos de la sécurité d'un projet hydroélectrique chinois. Mais ce qui exaspère en réalité les militaires birmans, c'est que tout au long de ces années, ils ne sont pas parvenus à convaincre la KIA de se transformer en "Force de gardes-frontières". Avec un tel arrangement, la KIA aurait dû accepter de passer sous commandement birman, ce qui l'aurait progressivement condamnée en tant que force capable de défendre la fierté de la minorité ethnique.
La KIA a fait savoir qu'elle n'accepterait un nouveau cessez-le-feu que s'il était orchestré et garanti par une tierce partie. C'est parmi les voisins du pays qu'il faut chercher les médiateurs potentiels : la Chine et l'Inde. Si les hostilités s'aggravent, le flot des réfugiés vers la Chine va enfler, et les intérêts commerciaux substantiels de Pékin dans le nord de la Birmanie se trouveront menacés. L'instabilité de la région aura également des conséquences pour le gouvernement indien.
Dans le nord-est de l'Inde, les autorités connaissent chaque jour des troubles. Des dizaines de mouvements de résistance, généralement liés à des minorités ethniques, remettent en cause la légitimité du pouvoir indien. A l'apogée des activités de la KIA, avant le cessez-le-feu, New Delhi accusait régulièrement ces groupes de coopérer avec les Kachin de l'autre côté de la frontière. Ces canaux transfrontaliers s'étaient taris durant les années plus paisibles qui avaient suivi la cessation des hostilités. Les autorités indiennes ne tiennent évidemment pas à ce que l'on revienne à cette sinistre époque, mais leur capacité à imposer une trêve reste faible.
Dans le même temps, la reprise des combats est une fois de plus la preuve de l'impuissance des timides représentants de l'Asean [Association des nations de l'Asie du Sud-Est]. Au fil des ans, ils ont montré qu'ils ne cherchaient pas sérieusement à s'occuper des conflits ethniques qui perdurent en Birmanie. Le non-interventionnisme, pilier sacré du régionalisme en Asie du Sud-Est, permet aux guerres de s'éterniser sans solution. Par conséquent, au lieu de faire dépendre leur survie de la médiation internationale, les dirigeants kachins dénoncent l'absence de bonne volonté du gouvernement birman. Ils en ont assez d'accepter les humiliations sans broncher. Et la violente riposte des Kachin fait des émules, d'autres ethnies dans toute la Birmanie, déçues des résultats de leurs propres accords de cessez-le-feu, étant dorénavant aussi sur le pied de guerre.
Le paysage ethnique morcelé de la Birmanie se trouve une fois de plus bouleversé. Le cessez-le-feu avec la KIA, qui avait été synonyme de sécurité et d'une grande prospérité pour le nord du pays et pour la région dans son ensemble, a été jeté aux oubliettes de l'Histoire. Il faudra trouver une solution régionale à cette nouvelle guerre kachin - située juste entre la Chine et l'Inde - si l'on veut aboutir à une cessation rapide et durable des hostilités. Malheureusement, on en est encore loin. Au lieu de cela, un conflit oublié vient de se rallumer, dans un coin perdu entre les deux superpuissances émergeantes d'Asie.
http://www.courrierinternational.com/article/2011/07/22/une-guerre-a-haut-risque
Depuis cinq semaines, l'armée birmane et la minorité kachin s'affrontent dans le nord hautement stratégique du pays. Un conflit que l'Inde et la Chine voisines ne peuvent se permettre d'ignorer.
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- Spoiler:
- Lieutenants de l'Armée pour l'indépendance du Kachin (KIA)
Voir la Galerie photo de Ryan Libre:http://ryanlibre.com/KIA/index.htm
En juin, un cessez-le-feu vieux de dix-sept ans entre l'Armée pour l'indépendance du Kachin (KIA), bras armé de l'ethnie kachin, et le gouvernement birman a été rompu. Dans cette nouvelle guerre qui embrase le nord de la Birmanie [ou Myanmar], 8 000 combattants de la KIA font face à certaines des plus redoutables divisions d'infanterie de l'armée birmane, qui compte au total 400 000 hommes. Sur plusieurs fronts, dans les montagnes et jusque dans les villes des basses terres, les affrontements sont rudes, et les enjeux considérables.
De 1994 à 2011, tant qu'a duré le cessez-le-feu, le gouvernement chinois a fait preuve d'un grand enthousiasme pour la prospection minière, le développement des infrastructures et les possibilités commerciales qui se présentaient dans l'extrême nord de la Birmanie. D'où des investissements conséquents. Les affaires se sont mises à prospérer dans tous les secteurs, les mines d'or et de jade, les exploitations forestières, la construction de barrages. Le tout sous le regard prudent de l'Inde, qui a invoqué sa politique d'"orientation à l'Est" dans l'espoir de récupérer sa part du marché.
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Le cessez-le-feu avec la KIA a entraîné un développement économique sans précédent dans un calme politique relatif. Mais il a également cristallisé l'éternel ressentiment des Kachins face au chauvinisme ethnique birman. Aujourd'hui, c'en est fait de l'optimisme quant aux perspectives immédiates de la région. Cette guerre, sur un territoire qui jouxte la Chine et l'Inde, a vu la KIA et les forces birmanes échanger des coups terribles. Le vieil accord de cessez-le-feu étant désormais noyé dans le sang et les larmes, il faut s'attendre à une longue campagne d'embuscades et d'usure. Au cours des cinq dernières semaines, des bases ont été bombardées, des édifices publics attaqués, et des dizaines de soldats sont morts. Plus de 20 000 réfugiés kachins ont fui vers la frontière sino-birmane pour échapper aux combats.
Les chefs militaires birmans, tentant de déployer hommes et matériel dans les zones tenues par la KIA, se sont heurtés à des ponts coupés et à des infrastructures sabotées. Des commandos de la KIA ont par ailleurs pénétré en profondeur sur les arrières gouvernementaux pour s'en prendre à des objectifs sensibles, y compris la voie ferrée Nord-Sud. Bien sûr, le gouvernement accuse la KIA d'avoir déclenché les hostilités.
La cause immédiate est un litige à propos de la sécurité d'un projet hydroélectrique chinois. Mais ce qui exaspère en réalité les militaires birmans, c'est que tout au long de ces années, ils ne sont pas parvenus à convaincre la KIA de se transformer en "Force de gardes-frontières". Avec un tel arrangement, la KIA aurait dû accepter de passer sous commandement birman, ce qui l'aurait progressivement condamnée en tant que force capable de défendre la fierté de la minorité ethnique.
La KIA a fait savoir qu'elle n'accepterait un nouveau cessez-le-feu que s'il était orchestré et garanti par une tierce partie. C'est parmi les voisins du pays qu'il faut chercher les médiateurs potentiels : la Chine et l'Inde. Si les hostilités s'aggravent, le flot des réfugiés vers la Chine va enfler, et les intérêts commerciaux substantiels de Pékin dans le nord de la Birmanie se trouveront menacés. L'instabilité de la région aura également des conséquences pour le gouvernement indien.
Dans le nord-est de l'Inde, les autorités connaissent chaque jour des troubles. Des dizaines de mouvements de résistance, généralement liés à des minorités ethniques, remettent en cause la légitimité du pouvoir indien. A l'apogée des activités de la KIA, avant le cessez-le-feu, New Delhi accusait régulièrement ces groupes de coopérer avec les Kachin de l'autre côté de la frontière. Ces canaux transfrontaliers s'étaient taris durant les années plus paisibles qui avaient suivi la cessation des hostilités. Les autorités indiennes ne tiennent évidemment pas à ce que l'on revienne à cette sinistre époque, mais leur capacité à imposer une trêve reste faible.
Dans le même temps, la reprise des combats est une fois de plus la preuve de l'impuissance des timides représentants de l'Asean [Association des nations de l'Asie du Sud-Est]. Au fil des ans, ils ont montré qu'ils ne cherchaient pas sérieusement à s'occuper des conflits ethniques qui perdurent en Birmanie. Le non-interventionnisme, pilier sacré du régionalisme en Asie du Sud-Est, permet aux guerres de s'éterniser sans solution. Par conséquent, au lieu de faire dépendre leur survie de la médiation internationale, les dirigeants kachins dénoncent l'absence de bonne volonté du gouvernement birman. Ils en ont assez d'accepter les humiliations sans broncher. Et la violente riposte des Kachin fait des émules, d'autres ethnies dans toute la Birmanie, déçues des résultats de leurs propres accords de cessez-le-feu, étant dorénavant aussi sur le pied de guerre.
Le paysage ethnique morcelé de la Birmanie se trouve une fois de plus bouleversé. Le cessez-le-feu avec la KIA, qui avait été synonyme de sécurité et d'une grande prospérité pour le nord du pays et pour la région dans son ensemble, a été jeté aux oubliettes de l'Histoire. Il faudra trouver une solution régionale à cette nouvelle guerre kachin - située juste entre la Chine et l'Inde - si l'on veut aboutir à une cessation rapide et durable des hostilités. Malheureusement, on en est encore loin. Au lieu de cela, un conflit oublié vient de se rallumer, dans un coin perdu entre les deux superpuissances émergeantes d'Asie.
http://www.courrierinternational.com/article/2011/07/22/une-guerre-a-haut-risque
Daûphin_zz_47- Adm
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