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Impérialisme linguistique, culturel et de l’information

2 participants

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Personne à contacter Impérialisme linguistique, culturel et de l’information

Message par Daûphin_zz_47 Dim 20 Mar - 13:07

Impérialisme culturel

L'impérialisme culturel a pour but, dans un premier temps, de modifier les modes de vie pour les faire ressembler à celui de la culture dominante, c’est-à-dire l'assimilation de la population dominée, en imposant sa culture, son système éducatif, sa musique, son mode de pensée et de consommation.

On peut distinguer l'impérialisme culturel, la cause, de la domination culturelle, son effet. En effet, l'impérialisme culturel est une volonté basée sur une idéologie, le sentiment de supériorité de la culture dominante, et le mépris de la culture dominée.

Dans un contexte de mondialisation et d'internationalisation, pour d'aucun résultant en une guerre économique, l'impérialisme culturel se manifesterait par l'influence socioculturelle.

États-Unis

L'American way of life serait considéré aujourd'hui comme le mode de vie exerçant le plus sa domination culturelle sur le monde. Celui-ci se marquerait par plusieurs vecteurs, parmi lesquels la diffusion linguistique, l'informatique, la musique, le cinéma, et les marques.

la pratique de l'anglais dans le monde (artistique, économique, scientifique,..) ;
la suprématie dans le domaine de l'informatique (principaux fournisseurs de matériel informatique, de logiciels bureautiques, et de moteurs de recherche) ;
la musique anglo-saxonne ;
les films américains (Hollywood notamment) ont également une distribution mondiale prépondérante (près de la moitié des films à l'affiche en Europe sont américains et cette proportion monte jusqu'à 70–80 % en Allemagne et en Angleterre). Ils sont servis par les plus gros budgets, et ont souvent un succès plus important auprès du public. Les séries télévisées américaines sont aussi très diffusées. Une politique commerciale astucieuse, visant à rentabiliser la production grâce à sa diffusion aux États-Unis, permet ensuite de la proposer pour des prix compétitifs dans les autres pays ;
l'exportation de grandes marques reconnues mondialement : Coca-Cola, Levi's, McDonald's, Nike, Microsoft, Apple... Cette diffusion a participé à la diffusion d'un style de vie américain à travers le monde.

France

Les caractéristiques ci-dessus correspondraient également aux pratiques de la France, à travers son histoire :

Politique linguistique de la France ;
Impérialisme linguistique du français (chapitre) ;
Exception culturelle française.

URSS

L'URSS a exercé un fort impérialisme culturel sur les pays du bloc de l'Est pendant toute la période de la Guerre froide.

Impérialisme linguistique

L’impérialisme linguistique est pour Robert Philippson la domination culturelle au moyen de la langue. Ce phénomène est une partie du phénomène plus général d’impérialisme culturel qui englobe l’adoption des modes de vie, de l’éducation, de la musique, etc. d’un groupe linguistique par un autre. Il doit être distingué de la domination linguistique, la différence étant d’ordre idéologique : l’impérialisme linguistique est une volonté, la domination d’une langue est un état de fait, souvent la conséquence du précédent, mais pas systématiquement.

L’expression « impérialisme linguistique » a une faible notoriété. La définir est délicat. Bien que le phénomène puisse théoriquement concerner n’importe quelle langue, ceux qui utilisent ce terme de nos jours l’appliquent généralement à l’anglais.

L’impérialisme linguistique peut être le fait d’une puissance coloniale qui marginalise les langues locales, qui risquent alors de tomber en désuétude, voire de s’éteindre.

L’impérialisme linguistique est une menace pour la diversité linguistique et culturelle. L’Unesco estime que sur environ 6 000 langues parlées dans le monde, plus de 2 500 langues sont en danger.

L’impérialisme linguistique et la langue anglo-américaine

L’expansion de l’anglais dans les îles britanniques

À partir XIIe siècle, les souverains anglais pratiquent une politique d’expansion dans les îles Britanniques. D’abord à l’Ouest de l’Irlande, puis au Pays de Galles (conquis en 1282) et enfin en Écosse, dont la conquête subit plusieurs revers et n’est définitivement achevée qu’en 1707 par l’Acte d’union entre l’Angleterre et l’Écosse. Un État écossais a donc survécu plusieurs siècles aux côtés de son puissant voisin anglais. En Angleterre, le français décline, en grande partie à cause de la guerre contre la France. Ainsi, l’anglais est proclamé langue unique des tribunaux en 1362, bien que l’application soit en réalité bien plus lente. Henri IV d’Angleterre (1367-1413) est le premier souverain anglais à avoir l’anglais pour langue maternelle depuis la conquête normande. Dès lors la langue anglaise va gagner en prestige. Dans les territoires celtes conquis (Pays de Galles, façade Est de l’Irlande), l’administration se fait dans la langue du roi, la langue anglaise. Les nobles locaux, influencés par le pouvoir royal, s’anglicisent. Le petit peuple continue cependant à parler sa langue celtique (gallois, gaélique écossais ou irlandais). Au cours du XVIIIe siècle, le déclin des langues celtiques auprès du peuple s’accélère, du fait de l’immigration anglaise, du développement du commerce, de l’enseignement obligatoire. Les villes s’anglicisent, en particulier celles tournées vers l’Angleterre. Le XIXe siècle voit l’aboutissement du processus d’anglicisation, les langues celtiques sont désormais confinées aux zones maritimes isolées, loin des centres dynamiques. L’industrialisation (surtout en Écosse et au Pays de Galles), l’exode rural y ont beaucoup contribué. En Irlande, les principales victimes de la Grande Famine de 1846-48 sont les populations celtophones pauvres de l’ouest de l’île. La mort d’un million d’Irlandais et l’émigration d’1,6 million d’autres vers des pays anglophones précipitent le déclin de la langue gaélique. À la déclaration d’indépendance de la République d’Irlande en 1921, seulement 2% des Irlandais utilisent encore le gaélique. Le taux est à peu près le même pour le gaélique écossais. Aujourd’hui, les proportions de locuteurs gaéliques restent sensiblement les mêmes qu’au début du XXe siècle : la quasi-totalité des Celtes des îles britanniques parlent anglais. Pour résumer, les facteurs qui ont contribué à l’extinction des langues celtiques sont donc :

La conquête de ces territoires par l’Angleterre
L’imposition de la langue anglaise comme langue administrative unique (bureaucratie, enseignement, armée…)
L’empire colonial, au départ anglais, puis britannique, administré en anglais. Considéré comme riche, il attire les populations celtes qui y voient une échappatoire à leur condition économique. Leur immigration est encouragée par le gouvernement central ou les gouvernements anglo-saxons indépendants (États-Unis, Canada…).
L’activité économique et industrielle, qui repose sur la puissance du centre anglais et sur des notables anglophones. S’y oppose la pauvreté des celtes, souvent ruraux.
Le prestige culturel de la langue anglaise (au travers de la littérature, les journaux…), qui se nourrit de tous les éléments précédents.

Les éléments du débat

Du 26 au 30 juin 1961, le British Council a organisé à Cambridge une conférence anglo-américaine sur l'enseignement de l'anglais à l'étranger (Anglo-American Conference on English Teaching Abroad). À cette conférence, assistaient des représentants d'agences du gouvernement américain (United States Information Agency, ICA, et le Peace Corps) ainsi qu'un certain nombre d'académies des États-Unis. Du côté britannique, étaient représentées les disciplines universitaires de l'éducation, de la linguistique, et de l'anglais, ainsi que le Colonial Office, le Commonwealth Relations Office, le ministre de l'éducation, la BBC, et le British Council. Il y avait des observateurs de France et du Commonwealth Education Liaison Committee. Dans son rapport, la conférence a réaffirmé certaines propositions : que l'enseignement de l'anglais outremer devait se conformer totalement aux besoins linguistiques et éducatifs de l'économie, de la société et du développement humain du pays hôte, pour aboutir à l'objectif d'autosuffisance ; que l'aide anglo-américaine devait être planifiée avec la participation active du pays hôte.

Dans son ouvrage Linguistic imperialism, publié en 1992 chez Oxford University Press, Robert Phillipson, ancien professeur d’anglais à l’université de Roskilde au Danemark qui avait travaillé au British Council, reprend les termes d'un « rapport confidentiel » de cette conférence selon lesquels :

« L’anglais doit devenir la langue dominante remplaçant les autres langues et leurs visions du monde : chronologiquement, la langue maternelle sera étudiée la première, mais l’anglais est la langue qui par la vertu de son emploi et de ses fonctions deviendra la langue fondamentale. »
Robert Phillipson précisait que ce rapport aurait été écrit à l’usage interne du British Council et que, par conséquent, son contenu diffèrerait de celui des textes rendus publics. Ce rapport n’était pas destiné à une large diffusion. Le but du rapport était de démontrer que le champ de l’enseignement de l’anglais dans le monde était en train d’acquérir une respectabilité universitaire des deux côtés de l’Atlantique et méritait une augmentation des subventions gouvernementales. Ainsi que l’expliquait le rapport annuel du British Council pour 1960-1961 :

« Enseigner l’anglais au monde peut être presque considéré comme une extension de la tâche qui s’imposait à l’Amérique lorsqu’il s’agissait d’imposer l’anglais comme langue nationale commune à sa propre population d’immigrants. »
Toujours selon Robert Phillipson, il était nécessaire que les Britanniques et les Américains coordonnent leur implication dans le développement de l’enseignement de l’anglais au plan international.

L’ouvrage de Robert Philippson a popularisé l'expression impérialisme linguistique depuis le début des années 1990, particulièrement dans le domaine de la linguistique appliquée à l’anglais.

Sa théorie de l’impérialisme linguistique s’inscrit dans le cadre de la théorie de l'impérialisme de Johan Galtung et de la notion d’hégémonie culturelle d’Antonio Gramsci. Philippson critique la diffusion historique de l’anglais comme langue internationale et la manière dont elle continue à maintenir sa domination actuelle, en particulier dans un contexte post-colonial comme en Inde, au Pakistan, en Ouganda, au Zimbabwe, etc., mais également de plus en plus dans un contexte qu’il qualifie de « néo-colonial » en parlant de l’Europe continentale.

Le constat de Phillipson est que dans un pays dont l’anglais n’est pas la langue maternelle, cette langue devient souvent la langue des « élites ». Ceux qui peuvent le parler peuvent accéder à des postes à responsabilité dans les lieux de pouvoir et d’influence, comme aux Nations unies, à la Banque mondiale, à la Banque centrale européenne, etc. Les anglophones de naissance, une fois en poste, parviennent donc à prendre des décisions qui concernent ceux qui ne le sont pas, situation en contradiction apparente avec les prétentions démocratiques de ces mêmes personnes.

Claude Piron, ancien traducteur à l’Organisation des Nations unies et l’Organisation mondiale de la santé et psycholinguiste suisse, renforce ce constat en démontrant dans Le Défi des langues qu’une véritable maîtrise de l’anglais nécessite 10 000 heures d’apprentissage, soit l’équivalent de six années de travail. Ainsi l’utilisation de l’anglais pour des raisons pratiques comme seule langue des instances de l’Union européenne, ce qui est déjà le cas de la BCE ainsi que pour beaucoup de documents préparatoires aux décisions de la Commission européenne, risquerait d'enfreindre le principe de non-discrimination linguistique. Dans le cadre de l'élargissement de l'Union européenne de 2004, l'Assemblée nationale française a adopté pour cette raison une résolution sur la diversité linguistique dans l'Union européenne qui déclare notamment :

« La publication d'appels d'offres et d'annonces de recrutement dans la seule langue anglaise devrait être proscrite car contraire au principe de non-discrimination linguistique et considère qu'au minimum, ces publications devraient se faire dans un nombre restreint de langues officielles. »
Selon le Français Bernard Cassen :

« La puissance impériale américaine ne repose pas seulement sur des facteurs matériels (capacités militaires et scientifiques, production de biens et de services, contrôle des flux énergétiques et monétaires, etc.) : elle incorpore aussi et surtout la maîtrise des esprits, donc des référents et signes culturels, et tout particulièrement des signes linguistiques. »
Charles Krauthammer, un éditorialiste au Washington Post et l’un des idéologues les plus en vue de la nouvelle droite américaine, écrivait en 1999 : « Le fait est que, depuis Rome, aucun pays n’a été culturellement, économiquement, techniquement et militairement aussi dominant. » Il ajoutait: « L’Amérique enjambe le monde comme un colosse […]. Depuis que Rome détruisit Carthage, aucune autre grande puissance n’a atteint les sommets où nous sommes parvenus. ».

Un rapport de la CIA de 1997 mentionnait que les prochaines années seraient décisives pour imposer l’anglais comme unique langue internationale. Le rapport insiste sur le fait qu'il faut agir rapidement, avant que ne se déploient éventuellement « des réactions vraiment hostiles et nombreuses qui apparaissent et se développent partout contre les États-Unis, leur politique et l'américanisation de la planète ».

Inversement, des linguistes anglophones contestent l’idée que l’hégémonie linguistique de l’anglais serait le résultat d’une conspiration. Dans son ouvrage English as a global language (L’Anglais comme langue mondiale, Presses de l’université de Cambridge, non disponible en français), David Crystal, linguiste anglais, considère que l’anglais devrait être la langue de communication internationale, tout en gardant une sorte de multilinguisme. Les anglophones de naissance favorables au maintien de l’hégémonie actuelle de l’anglais se justifient en associant la notion d’impérialisme linguistique à une attitude de gauchiste qui chercherait à contester la diffusion historique de l’anglais. Les partisans modérés de la généralisation de l’anglais sont donc généralement des libéraux qui réfutent l’idée d’un impérialisme linguistique anglophone. David Crystal et Henry Widdowson ont été assimilés à cette catégorie.

Une frange de partisans plus extrémiste de l’impérialisme linguistique anglophone milite pour une langue et une culture uniques, ne retenant que la vision anglo-saxonne du monde, en droite ligne de la croyance religieuse que les Anglo-Saxons seraient le peuple choisi par Dieu pour coloniser l’Amérique du Nord et mener le monde vers la liberté. Dans ce contexte, la volonté d’imposer une langue unique au reste du monde est donc l’expression d’un choix divin.

Éric Denécé et Claude Revel placent la domination par la langue dans le contexte plus large de l'influence socioculturelle, dans laquelle le social learning, véritable formatage intellectuel des cadres et des décideurs d'un pays visé, tient aussi un rôle important comme élément de la guerre économique. Ainsi, en imposant leur vocabulaire et leur mode de pensée, les Américains remportent souvent la toute première bataille en matière commerciale.

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Personne à contacter Re: Impérialisme linguistique, culturel et de l’information

Message par Daûphin_zz_47 Dim 20 Mar - 13:15

Les conséquences

De plus en plus de voix s'élèvent pour dénoncer la marche forcée vers le « tout anglais », car ce développement marginalise le statut des autres langues nationales et régionales. Ce point de vue est particulièrement répandu dans l’Union européenne, où le multilinguisme officiel, censé être encouragé, n'empêche pas 69 % des Européens de juger que la langue anglaise est « la plus utile » (source).

La domination de l'anglais dans pratiquement tous les domaines de la vie internationale (politique, scientifique, commercial, financier, aéronautique et même militaire) relègue le multilinguisme parfait au rang des utopies. De plus, et cela ne date pas d'hier, la plupart des individus qui apprennent des langues étrangères le font plus par nécessité, sinon réelle, du moins ressentie, que pour le plaisir de la connaissance. Cela entraîne parfois des comportements irrationnels, comme en Corée, où des médecins gagnent 300 $ pour couper la petite peau qu'il y a sous la langue, prétendument parce que si les Coréens n’arrivaient pas à bien prononcer l'anglais, c'était à cause d'elle. On trouve un autre exemple de « nécessité ressentie » au Japon, où beaucoup de parents paient 50 $ américains par heure d’enseignement pour donner des leçons privées à des enfants de cinq ans (les parents payent aussi pour d'autres matières : notamment les mathématiques).

Alastair Pennycook souligne que la langue anglaise n'est pas une langue neutre, mais qu'elle reste marquée par le passé colonial de l'Empire britannique. Adrian Holliday indique qu'il existe des problèmes sociaux et politiques dans l'enseignement de la langue anglaise dans diverses parties du monde, et relève des injustices du fait que les anglophones de naissance cherchent à changer les cultures des étudiants et des professeurs qui n'ont pas l'anglais comme langue maternelle. Julian Edge se demande si l'enseignement de l'anglais à des locuteurs d'autres langues (TESOL) et la promotion de l'anglais à l'étranger ne font pas partie d'un âge d'empire (« age of empire »). Suresh Canagarajah décrit les stratégies employées par les professeurs et les étudiants en anglais, qui visent à utiliser la langue anglaise d'une manière qui sert leurs besoins tout en résistant subtilement à l'impérialisme linguistique.

Les facettes de l'impérialisme linguistique dans les grandes régions du monde

La langue anglaise a l'avantage d'avoir pour origine une combinaison de langues latines (notamment le latin et l’ancien français) et nordiques (langues germaniques cousines de l’allemand, puis vieux norrois), ce qui pourrait en faire la langue naturelle du rapprochement européen. Cependant, le nombre de locuteurs dans l'Union européenne dont la langue maternelle est l'anglais est de 65 millions, alors qu'il y a 90 millions de germanophones et 70 millions de francophones, et de plus, l'Allemagne et la France sont dans une position géographique plus centrale en Europe que le Royaume-Uni.

C'est donc la puissance économique du monde anglo-américain qui renforce la position dominante de la langue anglaise dans les institutions européennes. Éric Denécé et Claude Revel montrent en effet que les États-Unis ont depuis la chute du mur de Berlin une politique offensive de social learning dans les anciens pays communistes de l'Europe de l'Est, et que l'influence socioculturelle des États-Unis s'étend à l'ensemble du continent européen, à travers l'enseignement, la langue, et le cinéma. D'autre part, la position de domination de l'anglais pose des problèmes d'équité linguistique : le rapport Grin réalisé à la demande du Haut Conseil à l'évaluation de l'école français (2005) estime en effet à environ 17 milliards d'euros l'économie réalisée par le Royaume-Uni du fait que l'anglais est la langue prépondérante dans les institutions européennes.

Si l’on dépasse la vision purement européenne de l’impérialisme linguistique, la même problématique se pose sur d’autres continents, comme en Amérique latine ou en Afrique, où les langues des anciennes puissances coloniales (anglais, français, espagnol et portugais) jouent encore un rôle prépondérant, ce qui amène certains à parler d’un « impérialisme linguistique européen ».

Enfin, le développement du spanglish aux États-Unis, sous l’influence des immigrés latinos, est considéré par certains[Qui ?] comme une invasion linguistique.

Points de vue

« Il y va de l’intérêt économique et politique des États-Unis de veiller à ce que, si le monde adopte une langue commune, ce soit l’anglais et que, s’il s’oriente vers des normes communes en matière de communication, de sécurité et de qualité, ces normes soient américaines et que, si ses différentes parties sont reliées par la télévision, la radio et la musique, les programmes soient américains ; et que, si s’élaborent des valeurs communes, ce soient des valeurs dans lesquelles les Américains se reconnaissent. »

« L’important (…) n’est pas avant tout de savoir si l’anglais a, en certaines occasions, fonctionné comme une ouverture sur le progrès social et économique, mais qu’il a au moins autant représenté une attente, un espoir qu’une telle chose arrive. À l’intérieur de ce schéma de compréhension se sont développés différents mythes ; des mythes qui assimilent le futur de l’humanité, le développement, la modernisation, l’occidentalisation, la mondialisation - et l’usage de l’anglais. »

« N'importe quel regard sur le futur peut conforter dans l'idée que bientôt le monde entier parlera anglais. Beaucoup croient que l'anglais va devenir la langue mondiale à l'exclusion de toutes les autres. Mais cette idée, qui prend racine au XIXe siècle, est périmée. Bien sûr l'anglais va jouer un rôle important dans la construction du nouvel ordre linguistique mondial, mais son impact majeur sera de créer de nouvelles générations de locuteurs bilingues et multilingues dans le monde. » David Graddol, The Future of language, Science Magazine, 2004, repris dans Encyclopedia of Linguistics.

La discrimination linguistique sur l’anglais aujourd’hui

De nombreuses offres d’emploi des institutions européennes demandent aux candidats d’avoir l’anglais comme langue maternelle (english mother tongue ou english native speaker), éliminant ainsi les candidats ayant l’anglais comme langue d’étude, même à un excellent niveau. Ces faits sont en contradiction flagrante avec la déclaration universelle des droits de l'homme, qui précise :

« Chacun peut se prévaloir de tous les droits et de toutes les libertés proclamés dans la présente Déclaration, sans distinction aucune, notamment de race, de couleur, de sexe, de langue, de religion, d’opinion politique ou de toute autre opinion, d’origine nationale ou sociale, de fortune, de naissance ou de toute autre situation. »
Il en est de même pour de nombreuses organisations internationales.

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Personne à contacter Re: Impérialisme linguistique, culturel et de l’information

Message par Daûphin_zz_47 Dim 20 Mar - 13:48

L’impérialisme linguistique du français

L’anglais n’est pas la seule langue à s’être développée de manière impériale, au sens de la définition donnée ci-dessus. Tous les responsables d’État ont cherché à imposer l’usage de la langue qui facilitait au mieux la communication du groupe auquel ils appartenaient. Le français n’a pas échappé à la règle.

Historique

La langue franque a influencé les parlers romans à partir de la création du royaume franc, ce qui permet à la linguiste Henriette Walter de dire que le français est la langue romane « la plus germanique ».

En traversant la Manche, Guillaume le Conquérant emporte le normand (dialecte de langue d'oïl) de son époque sur un sol qui n’a jamais parlé majoritairement une langue romane. Le normand devient la langue des élites, et progressivement il influence la langue anglaise ; c’est la langue étrangère qui lui a transmis le plus de vocabulaire. Après que le normand eut perdu de son importance en Normandie au profit du français officiel, c’est ce dernier qui apportera de nombreux mots à l’anglais. On pourra ainsi trouver deux formes d’un même terme en anglais, l’une d’origine normande et l’autre d’origine française. L’anglais est ainsi la plus « française » des langues d’origine germanique.

En France, l’ordonnance de Villers-Cotterêts édictée en 1539 par François Ier, peut être interprétée comme une imposition de l’emploi du françois (devenu français) à la place du latin dans les actes de justice afin « que les arretz soient clers et entendibles » par le plus grand nombre, alors que cette langue n’est parlée que par une minorité cultivée. De nombreux juristes argumentent que cette ordonnance a en fait imposé les parlers locaux au détriment du latin et non le futur français classique.

À la Révolution française, la langue française devient un symbole national : pour l’unité de la nation, il faut une langue unique. « Le fédéralisme et la superstition parlent bas-breton » dit Barère au Comité de salut public en présentant son « rapport sur les idiomes ».

Lors de la création de la Belgique en 1830, le français est imposé comme seule langue officielle au détriment de la majorité flamande. Le néerlandais et surtout les dialectes flamands sont méprisés, surtout par la bourgeoisie flamande qui utilise alors le français. À ceci s'ajoute un mouvement de population de Belges francophones et de Français vers la ville de Bruxelles devenue majoritairement francophone depuis. Néerlandophone à 85% en 1830, elle ne l’est plus aujourd’hui qu’à 15%.
Lors de la création de l’Empire colonial français, le français traverse les mers et devient, dans un souci de cohérence, la langue obligatoirement enseignée dans toutes les colonies. Il est en priorité enseigné aux enfants de l’élite locale ou des chefs de tribus. Lors des indépendances, et surtout en Afrique subsaharienne, cette élite formée en français maintiendra la langue coloniale comme langue officielle.
Le service militaire et les guerres mondiales, et en particulier la première, ont mis en contact des soldats qui n'avaient pas la même langue maternelle et qui ont dû communiquer entre eux et avec leurs officiers en français.
En 1925, le ministre de l’Instruction publique annonce : « pour l’unité linguistique de la France, la langue bretonne doit disparaître ! ».
En 1972, Georges Pompidou, président de la République dit encore : « il n’y a pas de place pour les langues régionales dans une France destinée à marquer l’Europe de son sceau ».

Le français et les langues régionales aujourd'hui

Le français, longtemps langue des élites, a ainsi peu à peu pris la place des langues vernaculaires en France, avec une accélération du phénomène au XXe siècle grâce à la mise en place d’un système scolaire obligatoire qui ne transmet qu’une langue : le français. La télévision et la radio ont aussi lourdement contribué à l’unilinguisme francophone, en transmettant le français oral « parisien » dans tous les foyers. Les migrations interrégionales ont, elles aussi, joué un rôle important, car les habitants parlaient aux nouveaux arrivants dans la langue officielle.

Aujourd’hui la France, par le biais de l’article 2 de la Constitution (« La langue de la République est le français ») et la loi Toubon, s’interdit de financer les enseignements dans une autre langue, y compris celles traditionnellement parlées sur son territoire. Le déséquilibre est donc criant entre les moyens à disposition de la langue majoritaire et les langues minoritaires.

Le phénomène n’est pas propre au français. Aussi l’Union européenne adopte-t-elle en 1992 la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires qui consacre « le droit imprescriptible de pratiquer une langue régionale dans la vie privée et publique ». En 1999, la France la signe mais sans la ratifier, à cause de son aspect anticonstitutionnel. La ratification lie juridiquement l’État contractant, la signature est une simple reconnaissance des objectifs généraux de la charte ; il n’y a donc aucune évolution de la situation des langues minoritaires en France, si ce n’est un vieillissement des locuteurs qui devrait amener les plus fragiles d’entre elles à disparaître avant la fin du XXIe siècle, après une existence pour certaines plus que millénaire.

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Personne à contacter Re: Impérialisme linguistique, culturel et de l’information

Message par Daûphin_zz_47 Dim 20 Mar - 14:12

L’impérialisme linguistique d’autres langues

Le latin

Le latin est la langue diffusée par les Romains à travers leurs conquêtes militaires et qui s’impose (naturellement, car il n'y a aucune trace d'une volonté systématique d'extirpation par le pouvoir romain des langues des peuples soumis) comme langue administrative, juridique et commerciale dans tous les pays conquis. Sa généralisation est à l’origine des langues latines (le français, l’espagnol, le portugais, l’italien, les parlers occitans, le gallo, le roumain), entraînant la disparition des parlers gaulois. Aujourd’hui encore, cette langue domine dans certains domaines scientifiques (catalogages d’espèces, botanique), juridiques (nombre de mots techniques et d’expressions sont encore appris dans cette langue) et dans la religion catholique à la fois comme langue liturgique et comme langue de référence pour la tenue des conciles. Il y a actuellement un mouvement de plus en plus important du latin parlé comme langue de communication se manifestant, entre autres, par la création d'écoles comme Vivarium Novum en Italie, Schola Nova en Belgique, d'émissions radiophoniques comme Nuntii Latini en Finlande, de revues latines comme Melissa en Belgique et de congrès internationaux. À cette fin, près de soixante mille vocables ont été ajoutés à cette langue en deux siècles.

Le grec ancien

Avant la constitution de l’Empire romain, le grec ancien (ou « grec classique », différent du grec moderne), tenait en Europe et au Moyen-Orient le rôle de langue de communication privilégiée dans le commerce, la philosophie, les arts, les sciences. Il a gardé ce rôle principal avec une grande fixité de syntaxe et de vocabulaire dans toute la partie orientale de l'empire romain jusqu'à sa chute en 1453. Les racines lexicales de cette langue sont encore très utilisées aujourd’hui dans le domaine scientifique (médical notamment) et dans la constitution des mots nouveaux en français à consonance technique ou technologique (aérodrome, téléphone, téléphérique, bathyscaphe, etc.). S'il existe aujourd'hui de nombreuses langues dérivées du latin (et non des moindres en surface comme en nombre, comme l'espagnol ou le portugais), le grec n'a aucune descendance et est localisé à la zone qu'il occupait déjà du temps de Platon (et même moins puisqu'il a disparu de l'ancienne Ionie, de Sicile et d'Italie du Sud, la «Grande Grèce»; Marseille était encore considérée ville grecque du temps de César, et Naples du temps de Néron); et pourtant l'Empire byzantin, aussi grand et plus peuplé à l'origine que la partie latine de l'Empire romain, a duré 1 000 ans de plus !

Les langues ibériques : le portugais et le castillan

Le castillan est la langue diffusée en Amérique du Sud et en Amérique centrale au moment de la colonisation du continent américain à partir du XVIe siècle. Comme le portugais au Brésil, cette langue s’est imposée de fait aux populations d’origine. Cependant, cette imposition est moins le résultat d’une politique volontaire de disparition des langues autochtones que la conséquence d’un déséquilibre démographique lié à l’arrivée massive de colons des pays colonisateurs.

Le japonais

Plus récemment et sur un temps plus court, le japonais, pendant la Seconde Guerre mondiale, a été imposé dans certains pays occupés, notamment en Corée.

L'arabe

L’arabe, du fait de l’expansion territoriale au Moyen Âge et par la diffusion du Coran, s’est répandu dans toute l’Afrique du Nord et en Asie Mineure.
L’arabisation des berbérophones du Maroc, d’Algérie et de Libye rencontre une résistance des populations qui réclament des droits linguistiques. Il en est de même au Soudan, où l’arabe prend la place de l’anglais et des langues africaines parlées au sud.

Le turc

En Turquie, le kurde, parlé aussi principalement en Syrie, en Iran et en Irak, tente de se maintenir face au turc.

Le russe

En URSS, la diffusion du russe comme langue unificatrice n'a pas eu pour résultat la disparition des autres langues du pays, de sorte qu'encore aujourd'hui, « la vaste Russie regroupe à elle seule 43 langues (à statut officiel) sur son territoire. »

Le russe a été imposé par Staline dans les provinces non russophones de l’URSS, à partir des années 1930. Staline a progressivement mis fin à l’enseignement en langues locales, mis en place par les « idéalistes » communistes au début de la Révolution russe.

La progression du russe a aussi été favorisée par l’immigration de populations russophones, déplacées de gré ou de force aux confins de l’Union soviétique. Ainsi, dans certaines républiques comme le Kazakhstan, les autochtones se sont retrouvés en infériorité numérique face aux Russes. En Ukraine, en Moldavie ou en Biélorussie, les Russes constituent toujours une minorité non négligeable. Au Kazakhstan toujours, les brassages de populations liés au goulag ont favorisé l’imposition du russe. Le russe étant la langue de l’appareil étatique de l’URSS, il est de fait la langue de l’armée. Le régime communiste a mis fin au service militaire inégalitaire du tsarisme et a imposé la conscription de même durée pour toutes les ethnies. La langue russe est donc la seule langue de communication entre ces soldats issus de toutes les provinces du pays. Le russe est la langue indispensable pour accéder à l’université, travailler dans l’administration et accéder aux plus hautes responsabilités, ou même tout simplement pour lire un livre. Les langues locales sont donc fortement dévalorisées, « inondées » de mots russes.

Le système communiste a également imposé l’alphabet cyrillique à des langues autrefois exclusivement orales, surtout en Asie centrale, au détriment de l’alphabet latin ou arabe. Cela favorise l’apprentissage de la langue locale par les Russes tout autant que l’apprentissage du russe par les locaux. C’est un facteur d’assimilation assez efficace. Cette « cyrillisation » de l’alphabet a aussi été imposée aux Moldaves, qui parlent roumain et l'écrivaient en alphabet latin, cela dans la perspective de les séparer encore plus concrètement des Roumains et de favoriser ainsi leur appartenance soviétique. Cette politique linguistique a été très efficace, puisqu'en 1989, la grande majorité des populations non russes d’URSS parlaient le russe comme langue véhiculaire, voire comme langue maternelle.

L’impérialisme linguistique de l’URSS ne s’est pas arrêté aux frontières de l’URSS. Le russe a été imposé comme langue étrangère obligatoire aux pays membres du Pacte de Varsovie (RDA, Pologne, Hongrie, Tchécoslovaquie…), le plus souvent au détriment de l’anglais (assez peu, on l'apprenait avec soin en seconde langue et la diaspora américaine jouait en sa faveur), de l’allemand (en partie : l'Allemagne est proche et la tradition très forte) et surtout du français (partout quasiment liquidé, sauf en Roumanie, grâce à Ceausescu). Les cadres des partis communistes nationaux étaient presque tous formées à Moscou ou à Leningrad ; aussi leur niveau de russe se devait d’être assez élevé.

Le russe est donc la langue commune et imposée aux pays du bloc de l’Est dans les organisations interétatiques comme le Pacte de Varsovie ou le Kominform. Il souffre cependant d’un manque de popularité pour les populations qui le voient comme la « langue de l’occupant », et son apprentissage s’écroule dès la fin du communisme (mais beaucoup de peuples slaves, comme les Polonais, les Tchèques et les Serbes, le comprennent assez bien sans l'apprendre).

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Message par Sphinx Jeu 11 Aoû - 7:12

L’INFORMATION, NOUVELLE FORME D’IMPÉRIALISME?

Selon un récent article du New York Times, le département d’Etat américain dépensera 70 millions de dollars avant la fin de l’année en technologies de communication furtive pour permettre aux activistes de communiquer loin des dictateurs. Les prototypes comprennent une valise capable de fournir rapidement une couverture wifi gratuite à toute une région, des appareils bluetooth qui peuvent partager des données silencieusement, des logiciels qui protègent l’anonymat des utilisateurs chinois, des réseaux mobiles indépendants en Afghanistan, et des téléphones portables enterrés dans le sous-sol nord-coréen pour permettre des appels désespérés pour la « liberté ».

Ces outils sont déployés pour promouvoir les priorités d’une nation sur une autre. Dès lors, comment aborder l’impérialisme de l’information ? L’utilisation d’outils de communication en réseaux pour déstabiliser les régimes révèle une inclinaison pour des interventions numériques visant à provoquer des actions révolutionnaires, des campagnes de propagande qui font la célébrité de bloggeurs, et des codes secrets de guerre. Regardons les utilisations de l’information pour comprendre les tenants et les aboutissants de son impérialisme.

Alphabétisation numérique et révolution

En 2007, avec mon collègue Ramesh Srinivasan, nous avons étudié le rôle du département d’Etat américain et des organisations philanthropiques américaines dans la promotion de projets d’alphabétisation numérique comme le blogging pro-révolutionnaire au Kirghizstan. Cette alphabétisation numérique s’est transformée en culture de la communication qui a aidé une révolution nationale, la Révolution des tulipes de 2005. Le Printemps arabe a provoqué de nombreux débats au sujet du rôle des réseaux sociaux.

Impérialisme linguistique, culturel et de l’information  China10

Je ne souhaite pas contribuer à ce débat ici sans les données empiriques qui sont collectées en ce moment même par Srinivasan au Caire. Mais à la lumière de l’intervention des Etats-Unis sur le domaine de l’information, je m’interroge sur l’impact qu’ont eu en Tunisie, Syrie et Egypte les opérations d’alphabétisation numérique supportées par les Etats-Unis.

Bien entendu, les activistes à la base de la mobilisation qui ont mis leurs vies en danger sont plus importants que les entrepreneurs de la Silicon Valley ou les taupes du Département d’Etat, mais le rôle des intermédiaires soutenus par les Etats-Unis devrait intéresser les anthropologues et les activistes qui s’inquiètent de l’incarnation de l’impérialisme dans l’espace public de l’information.

Cyber-Célébrités

Quels sont les autres moyens pour le département d’Etat américain de promouvoir son agenda politique et l’utilisation d’Internet au niveau international ?

Je rentre tout juste de Netroots Nation 2011, l’événement clé de l’activisme Internet. Parmi les orateurs cette année, le pionnier de la levée de fonds en ligne, Howard Dean et l’avocat de la neutralité sur Internet, le sénateur Al Franken. J’ai assisté à un panel intitulé “Le Pintemps arabe : une étude de cas sur les nouveaux médias en tant que catalyseurs de changement” (“The Arab Spring: A Case Study for New Media as a Catalyst for Change”), qui rassemblé des bloggeurs irakiens, palestiniens, marocains et barheïnis.

Leurs histoires étaient captivantes et bien rodées. Une question m’intrigue : comment ont-ils pu s’offrir le voyage vers les Etats-Unis ? Je me demande s’ils n’ont pas été financés par le département d’Etat pour faire un tour de plusieurs villes et raconter leurs histoires d’activisme numérique pro-démocratie. Les institutions “pro-liberté” ont-elles quelque chose à gagner en rendant célèbres certains bloggeurs du Moyen-Orient ?

Je ne suis pas paranoïaque au point de penser que la nomenclature entourant la promotion de la “révolution Twitter” a été un moyen pour les compagnies de la Silicon Valley de se réclamer du printemps arabe, mais je pense vraiment que les États ont conscience du pouvoir de ces campagnes pour gagner les cœurs et les esprits. Ce tour des bloggeurs en est pleut être un exemple.

Le code est une arme

Pensez à Stuxnet, la première arme informatique médiatisée, implanté dans les infrastructures nucléaires et pétrolières iraniennes, en attente d’instructions pour plonger l’Iran dans le noir. Ou pire, créer une fusion nucléaire. Nul ne sait d’où vient Stuxnet mais Israël et les États-Unis sont les premiers suspects. Dimona est le centre de l’infrastructure “secrète” d’Israël et, selon un article du New York Times, l’efficacité de Stuxnet a été testée là-bas. Il est certain que la sécurité nationale et les aspirations impériales amènent au développement d’un Stuxnet 2.0. Après sa découverte, Stuxnet est sorti du secret pour devenir open-source. Si vous souhaitez créer un chaos mondial, vous pouvez télécharger et travailler dessus à partir d’ici. Cette vidéo montre également des hackers jouant avec le virus et le remodelant. Cela devrait inquiéter n’importe qui travaillant dans le domaine de la paix ou de la sécurité nationale.

Impérialisme linguistique, culturel et de l’information  Imperi10

Guérilla info-impérialiste ou promotion légitime de la démocratie ?

Le composant idéologique de l’impérialisme de l’information s’entendait dans le discours de la secrétaire d’État américaine, Hillary Clinton, où elle blâmait la Tunisie, l’Ouzbékistan, l’Égypte, l’Iran, l’Arabie Saoudite et le Vietnam pour les “piques menaçant la libre-circulation de l’information”. Le financement de ces réseaux parallèles et la promotion des voix dissidentes font partie de la stratégie américaine d’ouverture de ces pays pour favoriser l’émergence de la démocratie et d’autres libertés, comme la libre-entreprise. À l’inverse des remarques d’Hillary Clinton, le porte-parole du ministère des Affaires Étrangères chinois, Ma Zhaoxu, a défendu l’approche de la Chine. Un journal d’État chinois a étiqueté la citation de la secrétaire d’Etat américaine comme de l’“impérialisme de l’information”.

Il me semble que cette rhétorique et cette pratique de l’impérialisme de l’information appellent une étude anthropologique. Comme ces cas le prouvent, les institutions nationales déploient tout un ensemble de formules et de pratiques pour promouvoir leur programme. 70 millions de dollars ne représentent qu’une petite somme quand on les rapporte aux autres activités du département d’État. Ça ne paye même pas une cuvette de toilettes au Pentagone mais c’est quand même une ingérence publique dans l’autonomie d’autres nations. Maintenant, avec Internet dans une mallette, des cyber-célébrités révolutionnaires et des armes comme Stuxnet, l’impérialisme de l’information va bien au-delà du jargon menaçant et vaguement inspiré d’un bureaucrate chevronné.

En tant qu’universitaires et activistes, où nous situons-nous sur ces questions ? Comment le projet d’affirmer la souveraineté nationale ou ethnique est-il compliqué par l’euphorie autour du Web et de son rôle dans la promotion de la démocratie ? Le développement et l’usage de technologies de la communication relèvent-ils d’une guérilla info-impérialiste ou est-ce une forme intelligente et légitime de promotion de la démocratie ? Comment l’anthropologie peut-elle faire face à ces enjeux majeurs?


Illustrations : Flickr CC by-ncEric Constantineau – www.ericconstantineau.com

Traduction Marie Telling et Alexandre Marchand


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